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Accueil >> newbb >> Défi du 05/09/2015 [Les Forums - Défis et concours]

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Re: Défi du 05/09/2015
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Cher Jacques,

En voilà un joli conte (et non un compte) modernisé. Elle est maligne la Mère Grand, faut plus lui raconter des bobards.

Et le talon rouge ? Il a récupéré ses billes j'espère...

Merci pour cette rapidité de participation et ce rouge omniprésent.

Bises

Couscous

Posté le : 06/09/2015 17:23
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Re: Défi du 05/09/2015
Modérateur
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Hello !
Autant Iste a dégainé tôt, autant moi, je réponds tard.
Voici ma participation !


La vie sans rouge




Armand était d’ordinaire un homme charmant, mais de temps en temps –peut-être deux à trois fois par an - il avait des sortes d’effrayantes sautes d’humeur. Quand ça lui arrivait, il se montrait si mauvais, si hargneux, si méchant, il vociférait si fort que même Nosferatu s’était tu dans ses enfers et l’exhortait de fermer sa gueule. L’an dernier il avait failli perdre son job et cette année, il avait failli perdre sa femme.
Après une mémorable dispute sur un parking de supermarché dont s’étaient rendus témoins les quinze employés et cent huit clients , Hélène, l’épouse d’Armand lui avait lancé cet ultimatum

- Mon bonhomme. Soit tu soignes ta colèrite aiguë, soit je te quitte.

Armand avait de sincère regret à présent que la crise était passée. Il fit le tour des médecins, psychologues, psychiatres, psychanalystes, comportementalistes assermentés… Tous proposaient des thérapies sérieuses, mais horriblement longues et demandant une réelle implication de soi. Or Armand ne se sentait pas malade, se confronter à la réalité et découvrir qu’il souffrait d’un trouble bipolaire, d’une profonde névrose ou d’un traumatisme d’enfance ne le tentait absolument pas. Non, il avait juste besoin de sauver son mariage.

C’est là qu’il fit appelle à Ramona.

Ramona était l’amie d’un ami et elle pratiquait ce qu’elle nommait la « calmothérapie », un truc babacoolistique importé de je ne sais quel endroit branché d’outre-manche. Ça puait le charlatanisme à plein nez, mais au moins, cela demandait peu d’investissement en temps, et sur le plan émotion (« deux séances tout au plus et ça sera régler », avait promis Ramona). En plus, sans trop jouer sur les mots, Hélène avait exigé que son cher et tendre se « soigne » et non qu’il « guérisse ».
- Bon ! Commença Ramona quant elle l’eut installé en tailleur sur de sympathiques tapis persans dans un salon cosy d’inspiration tibétaine, nous allons tenter de déterminer le fait déclencheur de toutes ces crises. Il va falloir me raconter chaque épisode dans le moindre détail.
Pendant presque 4 heures, Armand fit l’inventaire minutieux de ses perdes de contrôle, depuis la maternelle, alors que la directrice d’école avait douloureusement badigeonné son genou d’éosine et s’était retrouvée l’avant bras mordu à sang, jusqu’à sa dernière crise avec sa femme alors qu’elle avait filé en douce au coiffeur de la galerie marchande pour se faire teindre le cheveu en roux au lieu de l’aider à faire la queue à la caisse du supermarché, en passant par le très embarrassant savon monumental qu’il avait passé à son patron parce que ce maladroit avait malencontreusement renversé sa soupe à la tomate sur la belle chemise blanche d’Armand...
Ramona avait médité quelques instant ce grand déballage, puis avait rendu son verdict sans appel :
- Cas classique d’allergie à la couleur rouge ! Avait-elle conclu.
Armand avait d’abord ri. Avait failli même se moquer… Et puis il avait vite passé en revue toutes ses mésaventures à l’aulne de cette information nouvelle. Il avait également reconnu en son for intérieur que la couleur rouge vif l’alarmait, la vue du sang le hérissait, le pourpre l’angoissait et le carmin l’exaspérait… Oui ! Tout collait ! Il était allergique à la couleur rouge !
A partir de ce moment, Armand porta presque continuellement des verres teintés afin de voir la vie en jaune, bleu ou rose bonbon. Ayant aboli la couleur honnie, Armand pensait en avoir défini avec son petit problème technique de pétage de plombs somme toute assez gérable. Il avait pris conscience, aussi, qu’il s’était interdit de faire plein de choses juste parce que le rouge y était présent ou évoqué : séjourner à Londres car tous les bus étaient monumentalement incarnats, visiter la Place Rouge à Moscou ou encore se promener sur la croisette (à cause du tapis rouge…). Qu’à cela ne tienne, il emmena Hélène en longue lune de miel dans tous ces endroits magnifiques qui lui étaient autrefois défendus.

- Votre compte est vraiment dans le rouge, Armand ! Passez me voir, on va trouver une solution…

Monsieur Aboulie, son conseiller financier et ami de longue date avait laissé ce message comminatoire sur le répondeur et Armand le consulta avec un frisson d’inquiétude de retour de son voyage à Bâton Rouge (Louisiane). La banque allait fermer dans trente minutes. Ni une, ni deux, Armand attrapa le dossier qu’il consacrait à ses papiers de banque et fila jusqu’à l’agence. Irrité par le premier feu rouge qu’il croisa, il se rendit compte avec stupeur qu’il avait oublié ses lunettes de soleil. Tant pis, pensa-t-il. Monsieur Aboulie était un homme très placide. Pas grand risque qu’ils en viennent aux mains…
La petite dame de l’accueil le fit patienter dix minutes et l’orienta vers le bureau du directeur de l’agence.

- J’aimerais voir monsieur Aboulie, il est mon conseiller depuis vingt ans. J’ai un grave problème de découvert. Je me suis vraiment emballé ces derniers temps…

- Monsieur Aboulie ne travaille plus ici ! Son laxisme envers ses clients préférés lui a valu un blâme et le transfert dans une autre agence. Je suis monsieur Lareau-Tulle, directeur. Répondit un petit homme sec et peu engageant.

Comme l’homme l’invitait à entrer, Armand pénétra dans le bureau avec réticence. Il expliqua sa situation en s’efforçant de rester calme et serein, mais déjà un exemplaire du code des assurances posé en évidence sur le bureau de l’homme l’énervait prodigieusement à cause de sa couverture outrancièrement vermillonne…
Ce soir là, Hélène fit l’expérience fort humiliante de venir chercher son mari au commissariat du centre ville.

- On m’a expliqué que tu avais « explosé les rotules » de monsieur Lareau-Tulle. Murmura-t-elle d’un ton pincé tandis qu’elle le ramenait à la maison.

- Tu ne vas pas me quitter, dis ? Demanda Armand tout penaud. Tu sais bien… C’est à cause de ma phobie du rouge…

- Tâche de ne plus jamais oublier tes lunettes ! Hurla-t-elle. Et j’ai bien dit JAMAIS !

Armand jura un bon million de fois.


Posté le : 11/09/2015 20:29
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Re: Défi du 05/09/2015
Modérateur
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21/03/2013 20:08
De Belgique
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Chère Emma,

Ton gars ne serait-il pas du signe astrologique du taureau pour réagir de la sorte à la couleur rouge ?
En tout cas, la parade des lunettes de soleil colorées est bien maligne. Je me souviens que, petite, on m'avait offert des lunettes bleues. Que j'aimais les porter et voir un ciel d'été alors que les nuages cachaient le soleil.

Sa femme ne lui en tiendra pas rigueur et c'est tant mieux ! Le nom du banquier m'a bien fait rire.

Merci.

Bises

Couscous


Posté le : 13/09/2015 08:38
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Il vole à moi un vieux cahier
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Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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