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Annie Besant 2
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William Morris.

Dans ses premières années, la Fabian Society n’avait pas encore de stratégie propre et hésitait dans sa définition du socialisme du marxisme des « époux » Marx-Aveling au refus du capitalisme de William Morris en passant par les idées d'Hyndman. Annie Besant participa à la formulation de la pensée socialiste fabienne, avec par exemple sa participation à l'ouvrage Fabian Essays in Socialism 1888 ouvrage fondateur du socialisme britannique. Elle écrivit le chapitre Industry under Socialism L'industrie sous le socialisme. Elle joua aussi un rôle dans l’engagement des Fabiens dans le jeu politique parlementaire.
Annie Besant était influencée par la pensée évolutionniste de Darwin et Spencer et la pensée positiviste d'Auguste Comte. Pour elle les sociétés passaient de la barbarie au féodalisme puis à l'âge industriel. L'étape suivante dans l'évolution était le socialisme, caractérisé par l'association coopérative et la fraternité. De l'évolutionnisme, elle retenait la survie du plus apte mais elle refusait le darwinisme social qu'elle appliquait à la structure économique et sociale. Ainsi, le capitalisme, système le moins efficace serait appelé à disparaître, remplacé par le socialisme. Dans ce mode de production socialiste, l'État jouerait un rôle primordial avec des grandes entreprises étatiques ou municipales concurrentes des entreprises capitalistes et avec une protection sociale pour les plus démunis. La transformation de la société se ferait selon elle de façon graduelle grâce à des lois qui corrigeraient d'abord les excès les plus dévastateurs du capitalisme avant d'accentuer le rôle de l'État dans la régénération économique, sociale, physique mais aussi morale de la société. Cette évolution graduelle ferait qu'il n'y aurait jamais de moment précis où la société passerait de l'individualisme au socialisme. Elle considérait donc que la révolution serait plutôt un obstacle à cette évolution. Cependant, une centralisation étatique n'était pas son objectif : elle préférait organiser les travailleurs en petites structures exploitations agricoles ou ateliers industriels où ils ne travailleraient plus que huit heures par jour.
De même, Annie Besant fut à l'origine de l'implication des Fabiens dans le jeu parlementaire. Elle tenta sans succès, en juin 1886, de rassembler les divers groupes de réflexion de gauche et d'extrême gauche radicaux, socialistes, réformateurs, athées, etc. autour d'une base d'action commune en vue de leur représentation au parlement britannique. À l'automne, au sein de la Fabian Society, elle créa la Fabian Parliamentary League avec George Bernard Shaw, Hubert Bland et Sidney Olivier. La League vantait les succès de la social-démocratie continentale et annonçait son intention de s'impliquer dans les élections locales et législatives. En 1888, la League réintégra la Fabian Society qui s'était finalement rangé à l'idée d'une action parlementaire et avait donc infléchi sa route sous l'action d'Annie Besant.

Sidney Webb.

Elle fut élue membre du comité directeur de la Fabian Society le 19 mars 1886 : elle avait gravi les échelons dans le socialisme aussi rapidement que dans le sécularisme. Pour se préparer à un rôle politique plus vaste, la Fabian society organisa à l'été 1887 le Charing Cross Parliament, sorte de Shadow cabinet qui simulait ce que pourrait être un gouvernement social-démocrate : Sidney Webb avait par exemple le portefeuille de l'économie et Annie Besant celui de l'intérieur.
Elle milita aussi au sein de la société pour que celle-ci dépassât son cadre uniquement londonien et s'élargît socialement et géographiquement avec la création de branches locales en province. Ainsi, elle fut très active lors de la tournée de conférences fabiennes en 1890 dans le Lancashire ce fut son dernier grand engagement fabien. L'idée, avec les Essays et les branches locales de la société, était de fonder un véritable parti politique.
L'intense activité déployée par Annie Besant en 1886 direction de Our Corner, codirection du National Reformer, tournées de conférences pour la National Secular Society et pour les Fabiens, cours au Hall of Science, poursuite de ses études, écriture et diffusion de pamphlets, etc. la laissa épuisée : elle souffrait d'érysipèle et de diverses affections qui mettaient des semaines à se soigner. Son engagement socialiste était de moins en moins bien accepté au sein du sécularisme. Elle finit par démissionner de la direction du National Reformer en octobre 1887.

Bloody Sunday 1887

L'agitation sociale se faisait de plus en plus forte au Royaume-Uni en 1887, aussi bien à propos de la condition ouvrière que sur la question irlandaise. Our Corner s'en faisait l'écho régulièrement. Depuis quelques années déjà, la répression policière touchait les rassemblements socialistes. Pour aider juridiquement les militants arrêtés et traduits en justice, Annie Besant fonda avec William Morris la Socialist Defense League en octobre 1887 : elle leur évita ainsi souvent les travaux forcés. Dès le 15 octobre, elle participa à des meetings quotidiens défendant la liberté de parole et réclamant une amélioration de la condition ouvrière, aux côtés d'autres orateurs comme Morris ou Shaw sur Trafalgar Square, lieu de manifestation populaire symbolique car à la frontière sociale entre l'East End et le West End de Londres. L'affluence du public finit par bloquer une grande partie de la place. Le 8 novembre, celle-ci fut interdite au public, alors qu'un grand rassemblement avait été prévu pour le dimanche suivant, principalement pour protester contre les conditions d'incarcération de William O'Brien ainsi que contre l'exécution des anarchistes accusés du massacre de Haymarket Square à Chicago. Jusqu'au vendredi 11 novembre, Annie Besant tenta s'obtenir l'autorisation du Home Secretary Henry Matthews, sans succès. Le samedi, il fut décidé de manifester sur Trafalgar Square dimanche après dimanche.

13 novembre : Bloody Sunday

Le dimanche 13 novembre 1887, plusieurs cortèges se dirigèrent vers Trafalgar Square depuis diverses directions. Annie Besant en dirigeait un. Sur Shaftesbury Avenue, la police chargea en distribuant des coups de matraques. Le cortège d'Annie Besant se dispersa en désordre, Shaw disparaissant dans la foule. Annie Besant se précipita vers Trafalgar Square où les manifestants étaient encerclés par les forces de police. Elle tenta, en vain, de dresser une barricade. Elle décida alors de se faire arrêter. Après avoir poussé sur le cordon de police en déclarant être une des oratrices prévues, elle se vit déclarer par un officier que pousser n'était d'un point de vue technique pas un délit et lui enjoignit de circuler. Elle quitta donc la place pour le Hall of Science de Kensington où Shaw faisait ce soir-là une conférence sur le socialisme pratique. Pendant ce temps, la dispersion violente de ce rassemblement pacifique par la police montée se poursuivit. Elle est depuis connue sous le nom de « Bloody Sunday ». Elle fit deux morts et cent-cinquante blessés. Il y eut aussi trois-cents arrestations. La Metropolitan Radical Federation qui regroupait toutes les formations londoniennes de gauche renonça, à l'initiative de Shaw, à organiser une nouvelle manifestation le 20 novembre..

Conséquences

Annie Besant entreprit d'aider ceux qui avaient été arrêtés et étaient jugés. L'argument principal qu'elle avança pour leur défense était qu'ils ne faisaient ce jour-là qu'exercer leur droit à la liberté de pensée et d'expression : elle poursuivait donc la lutte de ses premiers engagements. Elle créa le 18 novembre avec le journaliste W. T. Stead la Law and Liberty League dans ce but. Ils furent rejoints par Henry Hyndman, William Morris, John Burns, Stewart Headlam, Charles Bradlaugh, mais aussi Richard Pankhurst ou Jacob Bright. Une des premières actions d'Annie Besant au sein de cette ligue fut d'organiser les funérailles grandioses d'Alfred Linnell, mort des blessures reçues durant le Bloody Sunday. Elle soutint aussi moralement et financièrement les épouses de militants emprisonnés Robert Bontine Cunninghame Graham ou John Burns par exemple.
Les relations entre Annie Besant et Charles Bradlaugh s'étaient déjà dégradées lorsqu'elle s'était engagée dans le socialisme. Bloody Sunday accentua le ressentiment de la part de Bradlaugh. Il lui en voulut d'avoir suggéré qu'il aurait pu faire partie des orateurs le 13 novembre. Il insistait sur le fait que cela lui avait nui auprès de ses collègues députés aux Communes et qu'il était ainsi moins efficace pour la cause des militants emprisonnés.
Annie Besant et W. T. Stead fondèrent à la même occasion le journal The Link, l'organe de la LLL, afin de protester contre les injustices sociales en général. Elle suggéra de créer localement des cercles de vigilance, liés à la LLL, afin de surveiller les policiers et les propriétaires et de protéger les pauvres et la liberté d'expression. Une quarantaine d'organisations de gauche participa au congrès fondateur de ces cercles. Cependant, ils amenèrent plus ou moins l'échec de la LLL car leur fonctionnement semblait un peu trop proche de celui d'une société secrète, du type Fenian Brotherhood. Dès janvier 1888, le journal Justice de Hyndman s'en désolidarisa. Ensuite, Bradlaugh ou le Fabien Graham Wallas refusèrent d'y participer. Le journal The Link poursuivit et son existence et son combat. Le journal avait des rubriques régulières comme « The People's Pillory » où le gouvernement, et surtout le Home Secretary, jugé responsable du Bloody Sunday, étaient en permanence remis en cause. Le journal servit aussi de relais aux revendications populaires des deux îles britanniques, en offrant par exemple une plate-forme régulière à Michael Davitt2,86,89,94,95. Durant les premiers mois de 1888, elle essaya, au nom de la liberté d'expression, d'organiser de nouvelles manifestations sur Trafalgar Square toujours interdit. Elle ne fut cependant pas suivie par ses alliés de gauche et ostensiblement ignorée par les forces de l'ordre. À l'été, elle réussit malgré tout à organiser ce qu'elle appelait des « conversazione démocratiques, tous les après-midi, de 16 h à 17 h. Les manifestants se contentaient de se promener en discutant et à chaque quart d'heure, ils chantaient des slogans pour l'Irlande, la réforme agraire ou la liberté d'expression avant de reprendre promenade et conversations. L'efficacité en était cependant limitée.
Les événements de Trafalgar Square firent radicalement évoluer Annie Besant, à l'inverse même de ses collègues fabiens. Alors que Shaw, Bland ou Webb prirent peur et abandonnèrent tout discours révolutionnaire, elle, au contraire se rapprocha de la Social Democratic Federation de Hyndman, dont elle avait pourtant jusque là critiqué la rhétorique révolutionnaire. En août 1888, elle finit même par y adhérer et sa première contribution à Justice parut le 1er septembre. En juillet 1889, elle participa à Paris, comme déléguée de la SDF, aux débats qui menèrent à la création de l'Internationale ouvrière. Son discours, en français, très remarqué, lui valut d'être élue vice-présidente de la dernière journée.

Grève des allumettières de Bryant & May

Grève des ouvrières des manufactures d’allumettes à Londres en 1888.
Le 15 juin 1888, Annie Besant, alertée lors d'une réunion de la Société fabienne par une militante socialiste, Clementina Black, découvrit à cette occasion les conditions de travail déplorables de ce qui était alors la plus importante fabrique d'allumettes de Londres, Bryant & May. Après avoir visité la manufacture, révoltée par la situation imposée aux ouvrières, elle publia le 23 juin 1888 dans The Link un article retentissant sur l'« esclavage blanc à Londres White Slavery in London. Annie Besant y dénonçait les conditions de travail des ouvrières : des adolescentes qui travaillaient de 6 h 30 à 18 h pour quatre shillings par semaine soit moins que le loyer d'une seule pièce et qui ne mangeaient que du pain beurré trempé dans du thé. Du reste, les salaires étaient souvent amputés à cause des nombreuses amendes imposées par la direction pour pieds ou vêtements sales par exemple. Enfin, les gaz du phosphore blanc utilisé pour fabriqué les allumettes leur pourrissaient les dents et les gencives. Annie Besant voulait faire comprendre à ses lecteurs et aux actionnaires de ce genre d'entreprises les conditions de vie de jeunes filles qui avaient l'âge de leurs propres enfants alors qu'eux touchaient des dividendes monstrueux. Une liste d'actionnaires fut publiée, pointant les personnes respectables tels des pasteurs qui s'enrichissaient de cette façon. Elle concluait en appelant au boycott des produits de l'entreprise et réclama avec d'autres l'emploi du phosphore rouge, moins dangereux pour la santé des ouvrières. Les propriétaires de Bryant & May déclarèrent dans le Daily Telegraph que l'article n'était qu'un tissu de mensonges et d'inventions et licencièrent les ouvrières qui avaient parlé à Annie Besant. Ils exigèrent ensuite des autres qu'elles signent un texte qui dénonçait les mensonges de l'article et disait qu'elles étaient très heureuses dans leur travail. Elles refusèrent. Quant à Annie Besant, elle demanda publiquement pourquoi la direction de l'usine ne l'attaquait pas en diffamation. Le 26 juin, avec Burrows et un autre membre de la SDF, John Williams, elle distribua des copies des articles à la sortie de l'usine.
Le 2 juillet 1888, Annie Besant participa à un meeting de protestation des allumettières. Le 5 juillet, l'agitation crût et les ouvrières qui avaient cessé le travail défilèrent dans les rues du quartier depuis l'usine. Une nouvelle réunion eut lieu le samedi 8 juillet : 1 400 ouvrières votèrent une résolution déclarant que l'article d'Annie Besant disait la vérité, demandant l'intervention du gouvernement et la création d'un syndicat. La grève fut décidée pour le 11 juillet. En l'absence de syndicat alors quasiment réservé aux hommes, il n'y avait pas de caisse de grève. Annie Besant, Herbert Burrows et la SDF apportèrent leur soutien direct au mouvement tandis que les Fabiens apportaient une aide financière. En six heures, 700 £ furent réunies. Les journaux se divisèrent : The Times soutint la thèse des patrons tandis que les autres crurent l'article d'Annie Besant et les témoignages des ouvrières, d'autant plus que la direction ne pouvait prouver que ces affirmations étaient fausses. Charles Bradlaugh suscita un débat au Parlement sur cette question ; il y fit même recevoir une délégation des grévistes. Devant le mouvement d'opinion publique, la direction de Bryant & May finit par céder. Le 17 juillet, une délégation d'ouvrières, menée par Besant et Burrows rencontra des représentants de l'entreprise. Les jeunes filles licenciées furent réembauchées ; les conditions de travail s'améliorèrent ; les salaires furent augmentés et les amendes supprimées. Un syndicat fut même créé dans l'entreprise, Annie Besant en fut élue Secrétaire et Burrows trésorier.
Cette grève et son issue heureuse ne furent pas sans retentissement dans le pays et constituèrent de fait une étape importante dans l'histoire sociale du Royaume-Uni, dans la mesure où il s'agit du premier mouvement social mené par des personnes situées au plus bas de l'échelle sociale britannique : des travailleuses sans qualification106. Grâce à cette grève victorieuse, de nombreux ouvriers et ouvrières de l'East End se tournèrent vers Annie Besant, pour l'amélioration de leurs conditions de vie et de travail : ouvriers des usines et sweatshops, fabricants de chaîne, conducteurs de tramways, peintres en bâtiment, employés de magasins, etc. Elle fut essentielle dans la grande vague de syndicalisation qui traversa le Royaume-Uni à la fin des années 1880, dite New Unionis.
Élue locale

L'engagement politique d'Annie Besant prit un tour nouveau quand elle décida de se faire élire. Le Royaume-Uni fonctionnait alors avec un suffrage masculin, mais, le London School Board, l'institution, créée par l’Elementary Education Act de 1870, qui s'occupait de l'enseignement élémentaire à Londres, avait accordé le droit de vote et de se présenter aux femmes. Elle se présenta pour la circonscription de Tower Hamlets dans l'East End en 1889. Un de ses objectifs était de mettre en place des repas gratuits pour les enfants des quartiers pauvres qui ainsi mangeraient au moins une fois par jour puisque l'école était obligatoire depuis 1880. Lors de la campagne électorale, elle ne cacha pas ses convictions socialistes, insistant sur le fait que l'éducation était un facteur d'égalité. Ses adversaires l'attaquèrent sur le fait qu'elle était contre l'éducation religieuse obligatoire. Elle fut cependant élue.
Pendant les trois ans de son mandat au London School Board, Annie Besant siégea dans les principaux comités, comme celui sur le travail des enfants. Elle milita pour la mise en place d'une éducation laïque. Elle obtint les repas gratuits qui grâce à la London Schools’ Dinner Association nourrit à la fin de 1889 36 000 enfants pauvres. Elle lança aussi l'idée de services médicaux dans les écoles. Enfin, elle obtint que les contrats que passaient le London School Board fussent avec des entreprises qui respectaient les droits syndicaux et qui payaient des salaires décents le minimum syndical. Le London County Council adopta cette politique peu de temps après. C'était en fait obtenir un soutien des institutions publiques aux trades-unions.
Son engagement et ses activités politiques lui coûtèrent temps et argent, au point qu'elle finit par renoncer à la direction et la publication de The Link et Our Corner.

Théosophie

Annie Besant avait depuis son enfance des interrogations spirituelles. Les réponses des Églises établies ne l'avaient pas satisfaite. Elle avait surtout des difficultés à en accepter les dogmes, comme l'idée d'un châtiment éternel sans rédemption possible, ou les dérives hypocrites et le patriarcat. Cependant, elle avait aussi du mal à concevoir une morale qui ne serait qu'une règle de conduite sans réel fondement. De même, elle commençait à considérer que si l'athéisme lui avait apporté la paix en supprimant un Dieu injuste, il n'était cependant pas la réponse à ses questionnements. Les liens noués entre W. T. Stead et Annie Besant au moment du Bloody Sunday avaient eu pour celle-ci une autre conséquence. Le journaliste avait le même genre d'interrogations spirituelles qu'elle. Il avait même créé une Église destinée à régénérer le christianisme.
En 1889, William Thomas Stead demanda à Annie Besant de préparer pour la Pall Mall Gazette un compte-rendu de la Doctrine Secrète d'Helena Blavatsky appelée souvent Madame Blavatsky. Elle en fut émerveillée : elle avait trouvé la réponse à toutes les interrogations métaphysiques et spirituelles qui la taraudaient depuis l'enfance. La théosophie, inspirée des sagesses orientales, considère que toutes les religions ne sont que des variations d'une Sagesse universelle première. Elle sembla à Annie Besant être la Vérité qu'elle avait toujours cherchée. Elle rencontra Madame Blavatsky et fut impressionnée malgré elle par la culture de cette femme de plus de cent kilos qui ne se déplaçait plus qu'en fauteuil roulant. Elle lut les diverses critiques adressées à la théosophie et à Madame Blavatsky : elle n'y vit pas plus que les critiques qui lui avaient été adressées à elle tout au long de sa carrière. Elle se déclara donc ouvertement théosophe et devint membre de la Société théosophique.
Ses amis qui devinrent rapidement ses anciens amis en furent horrifiés : Charles Bradlaugh le premier, même s'ils s'étaient déjà éloignés lorqu'Annie Besant était devenue socialiste, mais aussi George Bernard Shaw. Ils considéraient qu'ils perdaient une des plus ardentes militantes de la libre-pensée et de la réforme sociale. Elle quitta en effet d'abord la National Secular Society puis la Fabian Society puis le London School Board et enfin la Social Democratic Federation. Malgré tout, elle n'abandonna pas la lutte politique pour autant : dans son tout premier article théosophe Practical Work for Theosophists, elle suggérait aux membres de la société d'acheter des actions des entreprises qui exploitaient leurs ouvriers afin d'en prendre le contrôle et de les réformer. Elle fonda dès 1891 une ligue des ouvriers théosophes. Elle consacra ses conférences à la théosophie dont elle devint rapidement une des principales animatrices et pour laquelle elle transforma sa maison pour en faire un lieu de réunion.
En 1890, ses deux enfants, Digby vingt-et-un ans et Mabel dix-neuf ans la rejoignirent, comme elle l'espérait, dès qu'ils se trouvèrent en âge de pouvoir décider de leur sort, hors de l'autorité paternelle.
En 1891, lorsque Madame Blavatsky décéda, Annie Besant prit la direction de la Société théosophique pour l'Europe et l'Inde. En 1893, après avoir participé au Parlement mondial des religions lors de l'Exposition universelle de Chicago, elle s'installa en Inde. Elle déclara y avoir trouvé sa patrie spirituelle et prit l'habitude de s'habiller à l'indienne. Cependant, elle y trouva la société théosophique en pleine tourmente. De nombreux scandales avaient été en effet révélés par la presse : usage de faux ou mœurs de certains membres. Elle se battit alors pour rétablir la réputation de sa société. En 1907, elle en devint la présidente, succédant au colonel Henry Steel Olcott et fut réélue à ce poste jusqu'à sa mort. Elle établit le centre de la société à Adyar, près de Chennai. Elle y découvrit Krishnamurti en 1909. Elle voyait en lui le futur guide spirituel World Teacher et participa à son éducation. S'il renonça à la théosophie en 1929, il ne renia ni sa mère adoptive, ni son rôle spirituel.

Autonomie de l'Inde Lutte ancienne

L'intérêt d'Annie Besant pour la cause indienne était ancien. Dès septembre 1875, elle avait lancé, avec Charles Bradlaugh une grande pétition contre le voyage du Prince de Galles dans la région. Pour elle, il s'agissait d'une manœuvre politique de Benjamin Disraeli pour faire avancer la cause de l'Empire. Annie Besant considérait alors que la Monarchie et l'Empire étaient deux institutions encombrantes et coûteuses : le Parlement vota en effet un budget de £42 000 pour cette tournée princière. Les 100 000 signatures de la pétition furent regroupées sur un long rouleau de plus d'un kilomètre et demi de long. Il fut présenté aux Communes, qui n'en tint pas compte. Durant le voyage, le Prince fut reçu somptueusement alors qu'une partie du pays mourait de faim. Au retour de son fils, Victoria fut proclamée Impératrice des Indes, au grand dam d'Annie Besant
En 1879, Annie Besant démontra encore son opposition à l'impérialisme tel qu'il se développait alors en publiant son long article A Plea for the Weak Against the Strong (Plaidoyer pour les faibles contre les forts dans le National Reformer. Elle y reprenait les arguments des libéraux de Gladstone contre la politique coloniale de Disraeli et des conservateurs. Elle y ajoutait cependant ses propres arguments humanistes évoquant les villages incendiés au nom de la pacification et de la civilisation. Elle dénonçait les ambitions purement matérialistes ayant poussé à la conquête de l'Inde. Elle rappelait que si la mission civilisatrice se voulait réelle, alors elle devait apporter les idéaux démocratiques britanniques et l'éducation afin d'amener la région à l'autonomie. Ce pamphlet se vendit à plusieurs milliers d'exemplaires.
Lorsque Gandhi faisait ses études de droit à Londres, il s'intéressa à nouveau à sa culture, grâce à ses amis théosophes. À cette occasion, il rencontra pour la première fois Annie Besant qui venait d'adhérer à la société théosophique. Enfin, Charles Bradlaugh exprima tout au long de sa carrière politique son soutien à la cause indienne, au point qu'il fut surnommé Member for India. Il s'y était même rendu en 1889 pour assister aux réunions du Congrès national indien, à un moment où Annie Besant travaillait encore avec lui. Dans son cortège funèbre en 1891 se trouvait aussi Gandhi.

Renouveau intellectuel de l'Inde

En 1893, Annie Besant se rendit pour la première fois en Inde, en lien avec la société théosophique. Celle-ci était déjà critique de la situation politique de la région. Selon Madame Blavatsky, l'Inde védique était la source de toute sagesse et spiritualité. Cependant, pour elle et les théosophes, l'hindouisme tel qu'il se pratiquait alors s'était éloigné de sa pureté originelle, en grande partie à cause de la colonisation britannique qui avait importé individualisme et matérialisme. Dès lors, se développa une réflexion pour chercher à restaurer l'Inde à elle-même. A. O. Hume ou A. P. Sinnett, Anglo-Indiens réformateurs, étaient membres de la société théosophique qui attira aussi des intellectuels indiens. Dès son premier séjour en Inde, Annie Besant s'exprima dans le même sens. Pour elle, l'Inde est la mère de la spiritualité, le berceau des civilisations. Elle renversa alors le fardeau de l'homme blanc cher à Rudyard Kipling : pour elle, l'Inde avait le devoir de sauver le monde occidental du matérialisme en y portant le flambeau de la spiritualité. Pour Annie Besant aussi, le joug politique, économique et moral du Royaume-Uni sur la région était néfaste. Elle considérait que l'attitude britannique était en train de briser l'Inde.
En 1895, Annie Besant s'installa définitivement en Inde et adopta le mode de vie traditionnel et le sari, considérant qu'il était absurde de s'habiller à l'occidentale. Elle ne porta plus dorénavant en Inde qu'un sari blanc, couleur du deuil afin de rendre hommage aux souffrances de la population indienne. Dès cette année-là, préfigurant Gandhi, elle suggéra aussi de préférer les produits locaux à ceux importés, afin de soutenir l'activité économique indienne. Ces différents gestes la mirent définitivement en marge de la communauté anglo-indienne qui depuis la révolte des cipayes s'était repliée sur elle-même dans des quartiers réservés où elle vivait dans la méfiance de la population locale. De leur côté, les théosophes considéraient tous les Indiens comme des égaux. La société théosophique accueillait toutes les dénominations religieuses du sous-continent, sans distinguer entre hindous, musulmans, chrétiens ou sikhs. Annie Besant souhaitait aussi une unité spirituelle de l'Inde, alors même que les autorités britanniques jouaient sur les divisions religieuses pour asseoir leur domination.
Pour Annie Besant, la première étape de ce renouveau passait par l'éducation, et d'abord celle des élites sociales et des castes supérieures en qui elle voyait un exemple pour l'ensemble de la population. L'idée était aussi de détacher les classes supérieures du Royaume-Uni qui menait une politique pour se les gagner. Annie Besant rejetait cependant l'éducation à l'occidentale qui ne pouvait mener qu'au matérialisme, préférant les principes théosophes d'autonomie et de développement harmonieux adapté au rythme de chaque enfant. Dans ce but, elle créa le Central Hindu College en 1898, un lycée de garçons, avec l'aide du Maharaja de Bénarès, Prabhu Narayan Singh, qui fournit les terrains et de la haute société indienne qui participa au financement. Jusqu'en 1904, seuls les dons des Indiens étaient acceptés. L'établissement compta parmi ses généreux donateurs Motilal Nehru et parmi ses élèves son fils Jawaharlal Nehru. Les frais d'inscription étaient très faibles. Les enseignants étaient indiens ou anglo-indiens et souvent théosophes dans ce cas. Annie Besant elle-même y donna des conférences. Le lycée proposait des cours de mathématiques, sciences, logique, anglais, sanskrit, histoire et enfin étude comparée des religions. D'ailleurs, à partir de 1908, l'établissement fut aussi ouvert aux élèves qui n'étaient pas hindous.
Suite à la partition du Bengale en 1905, le mouvement Swadeshi connut un renouveau. En 1908, pour lutter contre la montée de cette opposition, les autorités britanniques interdirent aux élèves et étudiants indiens de se mêler de politique. En réaction, Annie Besant organisa au Central Hindu College un parlement sur le modèle du parlement britannique. Elle poursuivait en cela deux buts. Elle désirait faire discuter le jeunes Indiens de problèmes politiques, économiques et sociaux dans des formes démocratiques et constitutionnelles. Il y a cependant ici une ambiguïté intrinsèque dans la démarche d'Annie Besant : pour amener l'Inde au renouveau intellectuel et politique, elle lui proposait le Royaume-Uni, le colonisateur, comme modèle politique. Malgré tout, des militants indiens dont elle était très proche, comme Womesh Chunder Bonnerjee, Mahadev Govind Ranade ou Gopal Krishna Gokhale, partageaient ce point de vue. En organisant ce parlement, elle voulait aussi détourner les jeunes Indiens de la tentation d'une dérive violente, à laquelle elle les considérait peu préparés. Son refus du recours à l'action violente reposait sur ses souvenirs douloureux du Bloody Sunday de 1887. Afin de trouver un lieu d'expression aux volontés d'action de la jeunesse indienne, elle créa cette même année 1908 Sons and Daughters of India Fils et Filles de l'Inde qui organisait des actions caritatives et éducatives.
En 1911, Annie Besant se rapprocha de Madan Mohan Malaviya en vue de fonder l'université hindoue de Bénarès. Après un vote favorable du parlement britannique, l'établissement fut fondé en 1916 et le Central Hindu College y fut intégré. En 1913, avec le même Malaviya, elle réussit à ouvrir aux jeunes Indiens le scoutisme, alors réservé aux seuls Anglo-Indiens. La même année, elle mit sur pied le Theosophical Education Trust in India Fondation théosophique pour l'éducation en Inde qui créa ensuite une trentaine d'établissements scolaires, du primaire au lycée. Elle fonda aussi la Central Hindu Girls’ School, un lycée de filles, en 1904. Elle milita pour les droits sociaux des Indiens, mais aussi des Indiennes.

All-India Home Rule League

Drapeau de la All-India Home Rule League.
La partition du Bengale de 1905 constitua un tournant pour Annie Besant. Son action se fit alors plus politique. La voie de l'éducation ne lui parut plus suffisante. Elle s'éloigna alors de Gopal Krishna Gokhale pour se rapprocher de Bal Gangadhar Tilak, un des théoriciens et animateurs du mouvement Swadeshi, ainsi que des deux autres membres du triumvirat Lal Bal Pal : Bipin Chandra Pal et Lala Lajpat Rai. Elle considérait que le gouvernement britannique n'avait pas tenu ses promesses à l'Inde et lui conseillait de commencer à traiter les Indiens comme des égaux faute de quoi il verrait le pays lui échapper. Elle ne critiquait pas l'idée de l'Empire britannique ou de la présence britannique en Inde. Elle suggérait d'en revoir le fonctionnement, principalement via l'auto-détermination. Elle se heurta là à l'opposition de certains théosophes. Ses idées politiques et sociales étaient diffusées à travers les journaux New India et Commonwealth. Un de ses premiers actes ouvertement politiques qui marqua les esprits fut la lettre ouverte qu'elle écrivit en janvier 1910 au gouverneur général des Indes, le comte de Minto. Elle y dénonçait le racisme des fonctionnaires britanniques suite à l'agression d'un ancien élève du CHC et demandait l'autonomie de l'Inde. Lord Minto réagit en plaçant le CHC sous surveillance et en retardant la création de l'université hindoue de Bénarès. Cependant, la réputation d'Annie Besant auprès des indépendantistes indiens était définitivement faite.
Entre 1905 et 1915, elle publia nombre de textes réclamant le droit à l'auto-détermination du pays, regroupés en 1917 dans The Birth of a New India. Elle y suggérait une nouvelle organisation de l'Empire britannique en une fédération de nations autonomes dans Federation d'avril 1914 disposant chacune du Home Rule, à l'image de l'IrlandeN 25. Cette fédération serait présidée par le souverain britannique qui n'aurait qu'un rôle symbolique et un parlement où chacune des nations de la fédération serait représentée à égalité. Sa vision de l'Inde autonome fut précisée en 1915 dans Indian Self-Government. Annie Besant envisageait une pyramide d'assemblées. La base serait l'assemblée du panchayat villageois ou du quartier urbain ; au-dessus, une assemblée de district regroupant plusieurs panchayats ou quartiers s'occuperait des questions d'éducation, de santé et de production ; l'assemblée provinciale disposerait du budget ; l'assemblée au niveau national se chargerait de la défense, des chemins de fer et de la poste. L'Inde serait enfin intégrée dans la fédération impériale. Chaque niveau serait mis en place graduellement, en commençant immédiatement par celui des panchayats ; le district devant être mis sur pied après la guerre. Cependant, le système électoral envisagé était compliqué et élitiste. L'assemblée de panchayat ou de quartier serait élue dans le cadre d'un suffrage quasiment universel pères et mères de famille, âgés de plus de 21 ans. Au-dessus, les assemblées seraient élues par un collège constitué des membres des assemblées de l'échelon inférieur et d'électeurs et électrices disposant d'un niveau d'éducation suffisant et de plus en plus élevé avec le niveau des assemblées. Cette approche lui fut beaucoup reprochée. Il y aurait ici l'expression de la différence entre égalité et fraternité élément de base de la théosophie : dans la fraternité, les grands frères et grandes sœurs sont responsables des plus jeunes qu'ils doivent aider à grandir. Dans l'Inde britannique, ceux qui étaient éduqués devaient donc guider les moins éduqués vers les moyens de leur autonomie.

Bal Gangadhar Tilak.

En 1913, elle adhéra au Congrès national indien. Les conférences qu'elle donna en septembre et octobre à Madras furent ensuite regroupées sous le titre Wake Up India. Elle y critiquait, ainsi que dans son journal New India l'année suivante, l'inaction du Congrès national indien, dominé par les modérés qui se contentaient de voter les mêmes résolutions tous les ans et se coupaient ainsi de plus en plus de la population. La mort de Ghokale en 1915 permit le retour au sein du Congrès national indien des extrémistes, dont Tilak qui sortait de prison. Ils devaient malgré tout prêter serment d'agir par des moyens strictement constitutionnels. Annie Besant et Tilak unifièrent à l'automne 1915 les divers mouvements qui réclamaient le Home Rule au sein de la All-India Home Rule League. Au début de la Première Guerre mondiale, Annie Besant avait en effet déclaré que l'Inde pouvait aider le Royaume-Uni mais ne devait pas cesser de réclamer le Home Rule. La direction de la section britannique de la ligue fut confiée à George Lansbury.
La ligue avait divers buts : l'autonomie de l'Inde, l'éducation politique de la population ainsi que redonner confiance au peuple pour le sortir de son inaction. À l'automne 1916, Tilak et Annie Besant parcoururent le sous-continent pour recruter, aussi bien hindous que musulmans ainsi que modérés ou extrémistes. La campagne fut un succès, à l'image de la pétition en faveur de la ligue qui reçut alors 700 000 signatures. Si elle comptait 60 000 adhérents, l'impact de la ligue était plus vaste, comme Ghandi le reconnaissait : Annie Besant a fait du Home Rule le mantra de tous les foyers.
Annie Besant avait aussi réussi à fonder une alliance entre la All-India Home Rule League et la All-India Muslim League de Muhammad Ali Jinnah. Aussi, lorsque le Congrès national indien se tint en décembre 1916 à Lucknow, où était basée la Ligue musulmane, un accord fut signé entre les deux organisations. Le pacte de Lucknow stipulait qu'elles exigeraient conjointement, dès la fin du conflit mondial, des concessions du gouvernement britannique pour plus d'autonomie pour la population indienne, tout en protégeant la place des musulmans. Depuis plusieurs années déjàN 26, Annie Besant avait critiqué les divisions religieuses qui jouaient en faveur des Britanniques, qui eux-mêmes en jouaient pour asseoir leur pouvoir. Le Congrès à Lucknow fut une grande victoire pour Annie Besant et Tilak.

Congrès national indien.

Annie Besant devint alors très populaire en Inde, beaucoup moins en Grande-Bretagne. Le nouveau gouverneur-général, Lord Chelmsford la fit d'abord surveiller, puis interdire de séjour à Bombay et dans les provinces du centre. Il désirait aussi l'empêcher de s'exprimer par voie de presse. Finalement, il fut décidé de l'interner. Le motif invoqué, dans le cadre du Defence of India Act 1915, était la publication de textes considérés comme séditieux, car nationalistes indiens dans son journal New India. Comme elle était âgée de soixante-dix ans, elle fut assignée à résidence à Ooty le 15 juin 1917. Elle s'y installa avec George Arundale et B. P. Wadia, leader ouvrier de Madras et rédacteur en chef de New India. Elle fit immédiatement flotter au dessus de sa résidence le drapeau de la All-India Home Rule League
Sa mise en résidence surveillée souleva une immense protestation en Inde. Elle reçut le soutien de Motilal et Jawaharlal Nehru, de Gandhi et de Jinnah. Un nouveau boycott des produits britanniques fut organisé. En métropole, les socialistes protestèrent. En août, le nouveau Secrétaire d'État à l'Inde Edwin Samuel Montagu évoqua la mise en place graduelle d'institutions autonomes. Maintenir Annie Besant en résidence surveillée ne se justifiait plus, à partir du moment où le gouvernement proposait quasiment la même chose qu'elle. Elle fut libérée le 17 septembre. Sur le chemin du retour, elle fut ovationnée par la foule qui chantait Vande Mataram. Malgré l'avertissement de Lord Chelmsford qui lui demandait de se réfréner, elle reprit immédiatement ses activités politiques. Le 26 décembre 1917, elle fut acclamée par 300 000 personnes rassemblées à Kolkata au moment du Congrès national indien. Elle en fut élue présidente (pour un an, comme tous les présidents du mouvement, la première femme à ce poste. Lord Chelmsford déclara peu après : personne parmi ceux qui ont fait l'expérience des conséquences de la mise en résidence surveillée de Mrs Besant ne refera une telle erreur.
Le discours inaugural que prononça alors Annie Besant The Case for India, Plaidoyer pour l'Inde constatait que les Britanniques avaient échoué dans l'éducation, la santé ou la prospérité de l'Inde. Elle suggérait donc de laisser les Indiens « travailler pour leur propre pays. Si elle reconnaissait être née en Grande-Bretagne, elle avait choisi l'Inde et espérait être le symbole de l'union entre les deux. Gandhi la considéra alors comme un des plus puissants leaders d'opinion. En 1918, elle soutint les grèves dans les filatures de Madras et aida les ouvriers à créer le premier syndicat indien : le Madras Textile Workers’ Union.
Lors de sa tournée en Inde en 1917-1918, Edwin Montague la rencontra. À son retour en métropole, le projet de réforme institutionnelle qu'il proposa suggérait une administration démocratique locale et des « mesures de responsabilisation au niveau provincial. Il n'évoquait cependant pas du tout le Home Rule. De plus, la Commission Rowlatt qui travailla lors des grèves et l'épidémie de grippe espagnole conclut à la nécessité de prolonger l'état d'urgence en Inde. La loi sur le gouvernement de l'Inde de 1919 ne suivit pas les recommandations de Montague et donc Annie Besant, mais plutôt des suggestions de la Commission Rowlatt. En parallèle, la loi Rowlatt sur l'ordre public fut promulguée : elle n'était quasiment qu'une prolongation du Defence of India Act de 1915.

Effacement devant Gandhi

La loi Rowlatt fut un tournant politique pour la lutte pour l'indépendance de l'Inde et pour Annie Besant. Gandhi commença en effet à s'affirmer, en proposant ses moyens spécifiques de lutte : la satyagraha désobéissance civique et la résistance passive ahimsa. Les relations entre le deux personnalités furent complexes. D'un côté, elle conféra le titre, à l'image de la pensée théosophe, de mahatma à Gandhi ; de l'autre, elle condamna les diverses actions de Gandhi, qu'elle considérait à terme comme dangereuses. Son expérience politique lui avait en effet fait adopter comme principe de ne pas envoyer de manifestants là où ils couraient le risque de perdre la vie. Les incidents liés à la grève générale organisée à Delhi en avril 1919 : attaques des non-grévistes par les grévistes et intervention de l'armée qui tua plusieurs manifestants, lui firent écrire un article où elle expliquait before a riot becomes unmanageable brickbats must inevitably be answered by bullets avant qu'une émeute ne devienne incontrôlable, les fusils ne peuvent que répondre aux pierres. Cette phrase est ambiguë : le must peut se comprendre comme une certitude désabusée vis-à-vis de l'attitude des autorités britanniques qui répondraient à coup sûr par la force ou, comme certains de ses adversaires dans le mouvement indépendantiste commencèrent à le suggérer un soutien d'Annie Besant à la répression par les autorités britanniques qui doivent répondre par la force.
Le problème pour Annie Besant fut que cette polémique se déclencha au moment du massacre d'Amritsar. Alors qu'elle s'était prononcé sur les émeutes de Delhi, ses adversaires entretinrent la confusion, suggérant que son brickbats and bullets, comme la phrase fut surnommée, s'appliquait à Amritsar. Sa popularité connut alors un fort déclin. Un an et demi après son triomphe au Congrès national indien, elle dut laisser la direction de la All-India Home Rule League à Gandhi. En décembre 1919, le Congrès national indien réuni à Amritsar sous la présidence de Motilal Nehru adopta définitivement les tactiques prônées par Gandhi. Prédisant un bain de sang, Annie Besant démissionna du Congrés en août 1920, au moment où était lancée la première satyagraha. Elle ne participa qu'aux congrès de 1924 à Belgaum et 1928 à Calcutta. En même temps, malgré son amour pour le pays et sa popularité, il lui était devenu évident qu'une vieille femme blanche n'était pas la meilleure personne pour incarner la population indienne. Même si elle avait été une des premières inspiratrices du mouvement d'indépendance, elle ne pouvait continuer à en être une des chefs de file. Elle continua à participer dans l'ombre aux différents mouvements, comme celui de la non-coopération.

Lutte pour l'Inde au Royaume-Uni

Les liens politiques qu'Annie Besant avait tissés dans les années 1880-1890 avec les libéraux et les socialistes purent lui servir pour faire avancer la cause de l'Inde à partir du moment où ses amis politiques avaient accédé aux hautes fonctions. Dès 1918, lorsque les femmes obtinrent des droits politiques au Royaume-Uni, le Parti travailliste proposa à Annie Besant de se présenter au parlement britannique pour les élections législatives de décembre 1918. Elle accepta, mais les autorités britanniques interceptèrent son télégramme qui n'arriva pas à destination, l'empêchant de se présenter. Elle revint cependant au Royaume-Uni en 1919. Elle adhéra alors au Parti Labour en juillet. Elle assista à toutes les réunions de la commission parlementaire qui discutait sur le futur statut de l'Inde. Elle fit un important discours devant 6 000 personnes dans le Royal Albert Hall. Elle y dénonçait la violente répression en Inde. Elle demandait l'autodétermination mais aussi que le modèle occidental ne fût pas imposé aux futures institutions indiennes qui devraient être aussi inspirées des traditions locales. Elle réclamait que le droit de vote fût accordé aux femmes indiennes.
Après l'emprisonnement de Gandhi en 1922, Annie Besant revint sur le devant de la scène. Elle put s'y maintenir même après sa libération pour raison de santé en 1924 car, pour l'obtenir, il avait dû renoncer à l'action politique. Dans son journal New India, Annie Besant publia un long article demandant aux militants nationalistes de s'atteler à la rédaction d'une constitution pour l'Inde. Le moment était à nouveau propice. Les travaillistes étaient au pouvoir : le Premier ministre Ramsay MacDonald avait lui aussi participé au Bloody Sunday de 1887 et le ministre chargé de l'Inde Sidney Olivier avait participé à la grève des allumettières en 1888. De plus, Olivier n'acceptait pas les revendications d'indépendance totale de Gandhi ; cependant, il trouvait aussi que ce qu'Annie Besant demandait allait trop loin.
Dans un premier temps, l'appel d'Annie Besant à la rédaction en Inde d'une constitution pour l'Inde ne rencontra que peu d'enthousiasme. Elle tenta alors une nouvelle démarche et proposa une convention nationale multipartite en avril 1925 à Cawnpore. Cette Indian National Convention fut une réussite. Elle rédigea le Commonwealth of India Bill un projet de self-government pour l'Inde qui deviendrait un dominion ; le vice-roi garderait le temps de la transition l'armée, la marine et la politique étrangère. Le projet prévoyait aussi la garantie des libertés individuelles et l'égalité des sexes. Annie Besant se rendit au Royaume-Uni pour soutenir ce projet. Il reçut le soutien de Sidney Olivier, mais, le gouvernement tomba avant que le projet pût être proposé au parlement. George Lansbury qui avait conservé son siège le soumit malgré tout aux Communes : il fut rejeté en première lecture par la majorité conservatrice.
Elle fut invitée en 1928 à participer à la Commission Nehru multipartite et multireligieuse qui prenait le contre-pied de la Commission Simon, composée exclusivement de blancs. Les deux commissions avaient pour but de réfléchir à l'évolution de l'Inde depuis la loi sur le gouvernement de l'Inde de 1919. Le rapport Nehru suggérait aussi la transformation de l'Inde en dominion. Il proposait les libertés individuelles et l'égalité des sexes. Il refusait l'idée de religion officielle ou de collèges électoraux séparés en fonction de la religion. L'organisation du futur pays se ferait selon des critères linguistiques pour le respect des minorités. Annie Besant retourna alors en Grande-Bretagne pour défendre ce projet et faire une tournée de conférences. Cependant, dans le même temps, Gandhi avait fait son retour en politique. Au Congrès national indien de Lahore en 1929, présidé par Nehru, il fit adopter l'idée d'indépendance totale proclamée officiellement le 26 janvier 1930. Les rapports Nehru et Simon furent discutés lors de tables-rondes en 1930-1932. Au final, la loi sur le gouvernement de l'Inde de 1935 ne s'inspirerait que du rapport Simon. En 1931, devant la montée des tensions, principalement ethniques, Annie Besant constata l'impossibilité d'une constitution pour l'Inde et en prédit la partition. Elle fit la même année une ultime tentative de conciliation avec la All-India Humanitarian Conference pour apaiser les tensions. Cette initiative lui valut d'être présentée pour le prix Nobel de la paix.

Franc-maçon

Annie Besant fut l'une des fondatrices en 1893 de l'ordre maçonnique The Order of Universal Co-Freemasonry, lié à l'Ordre maçonnique mixte international le Droit humain de Maria Deraismes. Ce fut d'ailleurs, en uniforme de maçon, qu'elle participa à la manifestation des femmes suffragistes au moment des cérémonies de couronnement de George V le 17 juin 1911.

Décès

Annie Besant mourut le 20 septembre 1933 à Adyar. Son corps, recouvert d'un drapeau indien, fut brûlé sur un bûcher, selon la tradition hindoue. Elle avait demandé que son bûcher fut installé au bord du Gange à Kashi, le nom donné à Bénarès dans les Rig-Véda. Si ce souhait ne put être exaucé, par contre ses cendres furent dispersées en partie dans le Gange et en partie dans le jardin de la société théosophique d'Adyar. La bourse de Bombay n'ouvrit pas le jour des funérailles, en hommage à Annie Besant

Œuvres d'Annie Besant Ouvrages politiques

On the Deity of Jesus of Nazareth, by the Wife of a Beneficed Clergyman., Thomas Scott, 1872.
The Political Status of Women., 1874.
The True Basis of Morality., Charles Watts, 1874.
Auguste Comte; his Philosophy, his Religion and his Sociology., Charles Watts, 1875.
The Legalisation of Female Slavery in England., édité par Annie Besant et Charles Bradlaugh, 1876.
« Landlords, Tenant Farmers, and Labourers » in The National Reformer, 1877.
The Law Of Population: its Consequences and its Bearing upon Human Conduct and Morals. Freethought Publishing C°, 1877.
In the High Court of Justice, Queen's Bench Division, June 18th, 1877: The Queen V. Charles Bradlaugh and Annie Besant. Specially Reported. High Court of Justice, King's Bench Division 1877., Cornell University, 2009.
My Path to Atheism., Freethought Publishing C°, Londres, 1877.
English Republicanism., Freethought Publishing Company, Londres, 1878.
England, India and Afghanistan, Freethought Publishing Company, Londres, 1878.
Marriage, As It Was, As It Is, And As It Should Be: A Plea For Reform, 1878.
The Story of Afghanistan ; or, Why the Tory Government Gags the Indian Press. A Plea for the Weak against the Strong, 1879.
The Transvaal, 1881.
Coercion in Ireland and its Results. A Plea for Justice, 1882.
Egypt, 1882.
Force no Remedy, 1882.
The Atheistic Platform. V. The Story of Sudan, 1884.
Autobiographical Sketches., Freethought Publishing C°, Londres, 1885.
Woman's Position according to the Bible., édité par A. Besant et Ch. Bradlaugh, 1885.
Why I Am a Socialist., édité par A. Besant & Ch. Bradlaugh, 1886.
Modern Socialism., Freethought Publishing C°, Londres, 1886.
England’s Jubilee Gift to Ireland, 1887.
Is Socialism Sound? Verbatim Report Of A Four Nights' Debate Between Annie Besant And G. W. Foote (1887), Kessinger Publishing, 2009. Is Boycotting Moral ?, Our Corner, 1er avril 1888, vol. XI, Freethought Publishing Company, Londres, 1888.
The Organization of Society: Industry under Socialism, in Bernard Shaw ed., Fabian Essays in Socialism 1889, New York : The Humboldt Publishing Co., 1891.
Wake up, India: a Plea for Social Reform., Theosophical Publishing House, 1913.
War Articles and Notes., Theosophical Publishing Society, 1915.
The Case for India The Presidential Address Delivered by Annie Besant at the Thirty-Second Indian National Congress Held at Calcutta 26 December 1917
Britain’s Place The Great Plan Four Lectures delivered at the North Indian Convention, T.S., held at Varanasi, September, 1920 and in London in 1921., Theosophical Publishing House, Adyar, 1920.
India, Bond or Free ?, Putnam’s, 1926.

Ouvrages spirituels et théosophiques

Why I became a Theosophist 1889, Freethought Publishing C°, Londres. Trad. fr. : Pourquoi je suis devenue théosophe, Publications théosophiques, 1911
The Seven Principles of Man 1892, édition revue et corrigée, Theosophical Publishing Society, Londres, 1909.
A Study in Karma. 1892, Theosophical Publishing House, Adyar, 1912. Trad. : Réincarnation. Karma, Adyar, 1996 5° éd., 188 p.
An Autobiography 1893 T. Fisher Unwin, Londres.
Vers le Temple 1895, trad., Adyar, 170 p. Cinq conférences à Londres : la purification, l'entraînement mental, la construction du caractère, l'alchimie spirituelle.
Man and his Bodies 1896, Theosophical Publishing House, Londres & Madras. Trad. : L'homme et ses corps, Adyar, 158 p., Adyar 1994, 158 p.
The Riddle of Life: and How Theosophy answers It (1897), Theosophical Publishing House, Adyar, 1911.
The Ancient Wisdom 1897, Theosophical Publishing House, Adyar, 1911. Trad. : La sagesse antique. Exposé sommaire de l'enseignement théosophique, Adyar, 2008 14° éd. 307
Evolution of life and form 1898. Trad. : L'évolution de la vie et de la forme, Éditions théosophiques, 1948, 172 p.
Thought Power 1901. Trad. fr. : Le pouvoir de la pensée, sa maîtrise et sa culture
Thought Forms 1901 en collaboration avec Chatles D. Leadbeater. Theosophical Publishing House, Adyar, 1911. Trad. : Les formes-pensées, Adyar, 2000 6° éd., 78 p.
The Laws of the Higher Life 1902. Trad. : Les lois de la vie supérieure. Une conscience élargie, la loi du devoir, la loi du sacrifice.
The Pedigree of Man 1903. Trad. : La Généalogie de l'Homme. La première "race", la deuxième race, la race Lémurienne, la race Atlante, la race Aryenne.
Esoteric Christianity or the Lesser Mysteries 1905, Theosophical Publishing Society, Londres & Benares, 1905 2nd ed.. Trad. : Le christianisme ésotérique ou les Mystères mineurs, Adyar, 1969, 292 p.
Bhagavad Gita; or, The Lord’s Song Traduction 1905, The Theosophical Publishing House.
Death and after 1906. Trad. fr. : La mort et l'au-delà
Study in Consciousness - A contribution to the science of psychology vers 1907, Theosophical Publishing House, Madras. Trad. : Étude sur la conscience, Adyar, 2003, 356
Introduction to Yoga. Lectures delivered at the 32nd Anniversary of the Theosophical Society held at Benares, on Dec. 27th, 28th, 29th, and 30th, 1907., Theosophical Publishing House, Adyar, 1908. Trad. : Introduction au Yoga, Adyar, 158 p.
Australian Lectures 1908
Buddhist Popular Lectures 1908, Theosophist Off
Man's Life in This and Other Worlds 1913, Theosophical Publishing House, Adyar. Trad. : La vie occulte de l'homme, Adyar, 2005, 89 p.
The Masters and the Way to Them 1912. Trad. : Les Maîtres, Publications Théosophiques, 1917
Man: Whence, How and Whither: a Record of Clairvoyant Investigation (en collaboration avec C. D. Leadbeater 1913, Theosophical Publishing House, 1925.
« Theosophy and Social Reform 1914, in Annie Besant et al., Theosophical Ideals and the Immediate Future, Theosophical Publishing Society, Londres, 1914.
The Basis of Morality 1915, Theosophical Publishing House, Adyar.
The Bearing of Religious Ideals on Social Reconstruction 1916, Theosophical Publishing House.
The Ancient Indian Ideal of Duty 1917, Theosophical Publishing House.
Occult Chemistry: Clairvoyant Observations on the Chemical Elements 1919 en collaboration avec Charles W. Leadbeater, édition révisée par A.P. Sinnett, Theosophical Publishing House, Londres. Trad. : La chimie occulte, Adyar, 2004, 362 p.
The Doctrine of the Heart (1920). Trad. : La doctrine du cœur. extraits de lettres indiennes adressées à Annie Besant par des amis hindous), Adyar, 2004, 80 p.
Civilisation’s Deadlocks and the Keys (1924), Theosophical Publishing House.
The Coming of the World Teacher 1925, Theosophical Publishing House.
Talks on the Path of Occultism: A Commentary on “At the Feet of the Master,” “The Voice of the Silence" and “Light on the Path." Written in collaboration with Charles Leadbeater. Trad. fr. : La voie de l'occultiste, Adyar, 1927-1928.
T. I : Commentaires sur "Aux pieds du maître", 351 p. voir Alcyone/Krishnamurti, Aux pieds du maître, 1910
T. II : Commentaires sur "La voie du silence", 304 p. voir Helena Petrovna Blavatsky, "La voie du silence". Fragments choisis du "Livre des préceptes d'or", 1889.
T. III : Commentaires sur "La lumière sur le sentier" voir Mabel Collins, Lumière sur le sentier, 1885, 336 p., Adyar, 1927-1928.
Principles of Education 1932, Theosophical Publishing House.
Old Memories and Letters 1936, Theosophical Publishing House, Adyar.




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Posté le : 19/09/2015 10:01

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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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