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Annie Besant 1
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Le 20 septembre 1933 à Madras meurt à 85 ans Annie Besant

née Wood le 1er octobre 1847 à Londres, conférencière, féministe, libre-penseuse, socialiste et théosophe britannique, qui prit part à la lutte ouvrière avant de diriger la Société théosophique, puis de lutter pour l'indépendance de l'Inde.
Issue d'une famille anglo-irlandaise et orpheline de père à cinq ans, elle fut éduquée de façon privée par une dame charitable. Elle fit de nombreuses lectures philosophiques qui développèrent ses questionnements métaphysiques et spirituels. Elle prit aussi conscience, à la même époque, de la condition ouvrière. Jeune femme de la classe moyenne victorienne, elle n'avait alors pas d'autre avenir que le mariage. En décembre 1867, elle épousa Frank Besant, un pasteur anglican. Le mariage fut malheureux. Après avoir eu deux enfants, le couple se sépara en 1873.
Excellente oratrice, Annie Besant commença une carrière politique en faisant des tournées de conférences sur le féminisme, la libre-pensée et le sécularisme. Elle travailla alors aux côtés de Charles Bradlaugh avec qui elle publia en 1877 une brochure présentant des méthodes de limitation des naissances. Ils furent jugés et condamnés à six mois de prison pour obscénité. L'appel fut suspensif et le verdict fut cassé pour vice de forme. Elle perdit cependant la garde de sa fille qu'elle avait obtenue lors de la séparation avec son mari.
Elle profita de la modification des statuts du University College de Londres pour y entamer des études scientifiques brillantes. Elle en fut cependant exclue en 1883 du fait de sa réputation et de ses activités politiques et ne put terminer sa troisième année de baccalauréat. En parallèle, elle dispensa des cours publics d'éducation populaire dans le Hall of Science de South Kensington.
Annie Besant s'intéressa à la pensée socialiste dès le début des années 1880 et adhéra à la Fabian Society en 1885. Elle devint rapidement membre du comité directeur. Elle s'engagea alors dans la lutte sociale. Elle était présente lors du Bloody Sunday du 13 novembre 1887 : cette manifestation pacifique dispersée par la force protestait contre la politique du gouvernement en Irlande ainsi que contre les conditions misérables de travail et de vie des milieux populaires. Elle organisa ensuite la grève victorieuse des allumettières de l'entreprise Bryant and May dans l'East End de Londres à l'été 1888. Elle fut élue de ce quartier populaire au London School Board où elle réussit à faire adopter le concept de repas gratuits pour les enfants pauvres dans les écoles de la capitale.
En 1889, William Thomas Stead, rédacteur en chef de la Pall Mall Gazette, lui demanda d'écrire un compte-rendu de l'ouvrage d'Helena Blavatsky, la Doctrine Secrète, qui lui fit découvrir la théosophie. Elle y trouva les réponses à ses interrogations métaphysiques et spirituelles et s'y convertit rapidement. Elle devint une des dirigeantes de la société théosophique. En 1893, elle partit s'installer en Inde où était basée la société. Là, elle adopta et éduqua Krishnamurti pour qui elle devint une mère spirituelle. Elle prit la direction de la Société théosophique en 1907 et l'assuma jusqu'à sa mort en 1933.
En Inde, elle s'engagea pour l'auto-détermination, puis l'indépendance du pays, par des articles, des discours et des activités éducatrices. Elle mécontenta le pouvoir britannique qui l'assigna à résidence en 1917 mais dut la relâcher rapidement sous la pression de l'opinion publique indienne. La même année, Annie Besant fut élue présidente du Parti du Congrès. Elle s'effaça peu à peu face à Gandhi et consacra les dernières années de sa vie à la théosophie.

En bref

Entrée en contact avec la Fabian Society, elle milita pour l'athéisme et écrivit dans les Fabian Essays 1889. Puis, établie en Inde, elle se convertit à la théosophie et dirigea la Société de théosophie de 1907 à sa mort. Elle présida l'Indian National Congress en 1917. Elle devint la protectrice de Krishnamurti.
Un peu plus tard, en 1889, l'Anglaise Annie Besant 1847-1933, femme de pasteur, qui avait été gagnée au socialisme matérialiste, se convertit au théosophisme en lisant La Doctrine secrète de H. P. B. Elle fait la connaissance de l'auteur et devient rapidement un des chefs de la Société théosophique. Puis elle part pour les Indes en 1893, y répand l'enseignement de H. P. B. et d'Olcott, en développant, parallèlement, l'instruction publique dans ce pays. Annie Besant connaît là-bas un succès personnel certain, mais seulement dans les milieux anglais ou anglophiles, aidée dans son œuvre par C. W. Leadbeater, dont la pensée fantaisiste s'exprime de manière assez spéciale en ce qui concerne l'éducation des jeunes gens. Malgré cela, la Société théosophique continue son essor. En 1909, A. Besant et Leadbeater essaient de persuader un jeune hindou, Krishnamurti Jiddu , qu'il est une réincarnation de grands maîtres passés. En 1929, ce jeune homme aura fini par désavouer ses instructeurs et par prendre définitivement ses distances avec la Société théosophique.
Après sa conversion, Annie Besant a oublié le matérialisme, mais elle n'a pas abandonné son rêve de contribuer à l'émancipation des femmes. Invitée à Paris en 1902 dans la loge mère du Droit humain, première obédience mixte de la franc-maçonnerie fondée en 1893 par Georges Martin et Maria Deraisme, elle fonde la même année à Londres la loge numéro 6 Human Duty, origine de la fédération britannique du Droit humain. Une loge unie des Théosophes est fondée en 1909, entreprise sérieuse, vouée à l'étude ainsi qu'à la propagation d'une théosophie authentique. Cela n'empêche pas l'Autrichien Rudolf Steiner 1861-1925, membre de la Société théosophique, mais qui reproche à celle-ci son antichristianisme, de se détacher de la Société théosophique en 1913. À Paris, l'édifice Adyar, square Rapp, est aujourd'hui à la fois un lieu accueillant où des conférenciers d'obédiences intellectuelles fort diverses peuvent venir s'exprimer et un siège où diverses branches de la Société théosophique se montrent actives.
Isis dévoilée 1877, de H. P. B., suggère le programme doctrinal de la Société théosophique, en une profusion de symboles et d'images. La Doctrine secrète, 1888, son ouvrage le plus fascinant et sans doute le plus lu, se présente comme une compilation d'éléments syncrétiques auxquels elle a su donner une dimension vraiment originale. Elle déclare exposer la Tradition primordiale ; mais, bien entendu, il ne s'agit pas là d'un enseignement reflétant la théosophie judéo-chrétienne ou musulmane. Une certaine idée, occidentalisée, du bouddhisme, un intérêt marqué pour les phénomènes psychiques, une érudition fantaisiste et peu sûre, ainsi qu'un enseignement « réincarnationniste » ne suffisent pas cependant à constituer une doctrine homogène. Si trop d'éléments disparates ont souvent rebuté les lecteurs, l'attrait que cette œuvre ne cesse légitimement de susciter a inspiré des peintres, des romanciers et des philosophes. Les rapports de la Société théosophique avec le scoutisme sont certains (A. Besant fut la protectrice des scouts du monde entier. Voilà qui témoigne, parmi d'autres choses, d'un ardent esprit de propagande, trait particulièrement occidental qui apparente l'histoire de la Société à celle de nombreuses sectes protestantes, surtout anglo-saxonnes, avec lesquelles cette dernière n'a pas manqué d'entretenir des rapports suivis. Depuis lors, elle est devenue, en tant que société, à la fois plus universelle et plus indépendante, et tout porte à croire que la Doctrine secrète continuera sa carrière d'inspiratrice. Antoine Faivre

Maître spirituel indien qui fut mis en vedette, dans sa jeunesse, par la Société théosophique, Krishnamurti Jiddu était né dans une famille de brahmanes. Il y fut remarqué par un membre influent de ce mouvement, Charles Webster Leadbeater, et initié en janvier 1910, puis adopté par la présidente de l'organisation, Annie Besant, comme devant être le Messie, la réincarnation de Jésus ou d'autres grands maîtres du passé et la manifestation même du seigneur Maitreya, le Buddha futur. En 1911, Annie Besant fonda l'ordre de l'Étoile d'Orient, qui était chargé d'entourer le jeune prophète et dont les membres vouaient à celui-ci une véritable adoration. De 1912 à 1920, Krishnamurti séjourna en Grande-Bretagne, hébergé par des adeptes de la Société théosophique. C'est en août 1922, en Californie, qu'il connut les débuts de ce qu'il a appelé son processus : le jeune homme, qui donnait des signes d'extase, faisait l'expérience de la compassion universelle, comme lien absolu avec le monde. Peu à peu, au cours de ses conférences dans différents pays, il en vint à se détacher du mouvement d'Annie Besant, au nom de la liberté du changement intérieur dans la vérité propre à chacun. Il prononça en 1929 la dissolution de l'ordre de l'Étoile d'Orient, puis démissionna de la Société théosophique, déclarant alors : « Dès l'instant où vous suivez quelqu'un, vous cessez de suivre la vérité.

Sa vie

Annie Besant, issue d'une famille anglo-irlandaiseN 2 de la classe moyenne, est née à Londres le 1er octobre 1847. Son père, William Burton Persse Wood appartenait à une bonne famille du Devon. Matthew Wood, grand-oncle d'Annie, fut Sheriff et Lord Maire de la City puis Membre du Parlement pour cette même City à partir de 1817. Il est resté célèbre pour avoir pris la défense de la reine Caroline lors de son procès en divorce puis du duc de Kent, le père de la reine Victoria qui lui accorda le titre de baronnet. Ses fils firent aussi des carrières couronnées de succès dans l'Église anglicane, l'armée, la justice, les finances et au Parlement. Le grand-père d'Annie par contre était issu de la branche cadette moins fortunée. Il se maria avec une Irlandaise et s'installa à Galway où naquit le père d'Annie.
Le père d'Annie, William Wood fit des études de médecine au Trinity College de Dublin et épousa lui aussi une Irlandaise, Emily Morris. Touchés indirectement par la famine des années 1840, le couple quitta l'Irlande pour Londres où William Wood abandonna la profession de médecin pour un emploi de secrétaire dans la City. Installés dans le quartier de St. John's Wood, ils eurent trois enfants : Henry, Annie et Alfred
Le père d'Annie mourut alors qu'elle avait cinq ans. S'il avait abandonné la pratique de la médecine, il accompagnait parfois ses amis médecins. Il se blessa au doigt en disséquant une personne morte de tuberculose osseuse et contracta lui aussi la maladie dont il finit par mourir en 1852. Quelques mois plus tard, Alfred, le plus jeune des enfants
William Wood laissa sa famille sans ressources. Celle-ci partit d'abord pour un quartier bien moins huppé que celui où elle avait jusque là habité : Richmond Terrace, à Clapham, banlieue de Londres au sud de la Tamise où était déjà installé le reste la famille irlandaise. Une des dernières volontés de William Wood était que son fils Henry fît du droit. Pour la respecter, Emily Wood s'installa bientôt à Harrow, où se trouve la célèbre public school du même nom. Elle voulait que son fils pût y entrer en bénéficiant des frais d'inscription réduits pour les habitants de la ville. Elle y ouvrit une pension pour les élèves de l'école à l'automne 1855 afin de gagner sa vie. L'année suivante, Annie fut confiée à Ellen Marryat, sœur de Frederick Marryat et tante de Florence Marryat. Cette vieille fille de 41 ans fortunée et charitable se chargerait de son éducation, en même temps que celle d'une de ses nièces, Amy Marryat. Annie Besant dans son autobiographie raconte qu'elle eut le cœur brisé de quitter sa mère pour aller s'installer dans le Dorset, à Fern Hill près de Charmouth. Elle reconnaissait aussi tout ce qu'elle devait à Ellen Marryat qui lui donna une solide éducation. Elle apprit ainsi la géographie, le latin et diverses langues étrangères dont le français et l'allemand. Miss Marryat avait une conception de l'enseignement assez différente de ce qui se faisait à l'époque : elle ne croyait pas en l'apprentissage par cœur ; elle préférait que ses élèves apprissent par elles-mêmes. Ainsi, elles devaient exprimer leurs propres pensées dans les compositions qui leur étaient données. L'éducation religieuse était cependant très fortement présente, Miss Marryat étant très marquée par le courant évangélique, mais cela convenait à Annie qui était alors très pieuse et très curieuse des Écritures.
En 1861, Ellen Marryat décida de voyager à travers l'Europe avec Annie alors âgée de treize ans, son neveu et une nouvelle protégée Emma Mann nièce du principal de Harrow et de Arthur Penrhyn Stanley. Ils passèrent plusieurs mois à Bonn puis s'installèrent à Paris pour sept mois où aux leçons quotidiennes s'ajoutèrent les visites des musées et églises. Annie y découvrit le catholicisme et principalement ses messes qui lui plurent beaucoup plus que l'évangélisme austère auquel elle était habituée. Elle pensa se convertir avant de se rapprocher du courant High Church au sein de l'anglicanisme. Celui-ci, dit parfois anglo-catholicisme, était très proche des rites catholiques. Au printemps 1862, elle reçut cependant sa confirmation anglicane de l'évêque anglican de l'Ohio, alors à Paris. Elle raconte qu'elle se sentit à cette occasion comme touchée par le Saint-Esprit. De retour en Angleterre, Miss Marryat entreprit de donner de plus en plus de latitude intellectuelle à sa pupille avant de lui permettre de retourner chez sa mère, à Harrow, à quinze ans et demi.
Là, elle poursuivit son éducation grâce à la bibliothèque de la public school tout en ayant une vie sociale un peu plus développée. Elle continua à lire des ouvrages en français et en allemand et lut aussi Homère, Dante ou Platon. Elle accepta des invitations à des parties de croquet et à des bals, où elle rencontra les amis de son frère. Elle aurait plu à un certain nombre d'entre eux, mais elle était alors plus intéressée par la religion que par les garçons. Elle se rapprocha de plus en plus du catholicisme, se mit à se signer et à communier toutes les semaines et tenta même l'auto-flagellation. Cependant, elle ne se convertit pas, préférant toujours le Mouvement d'Oxford (autre nom du mouvement High Church. Elle décida aussi, comme le lui avait enseigné Ellen Marryat, d'aller voir par elle-même aux sources. Elle étudia alors les écrits des Pères de l'Église, principalement Origène, saint Jean Chrysostome et saint Augustin. Elle y découvrit les concepts, acceptés ou condamnés, de transmigration des âmes, d'accès à Dieu par la connaissance, des vertus du célibat, de la magie, du pouvoir des images et des idoles, de la signification des nombres ou des incantations. Elle découvrit par ailleurs la mythologie grecque, mais aussi la magie chaldéenne, le brahmanisme, le culte d'Isis et Hermès Trismégiste. À Pâques 1866, la ferveur chrétienne d'Annie atteignit un paroxysme. Elle parcourut en esprit les stations du chemin de Croix. Afin de mieux comprendre la Semaine sainte, elle entreprit de comparer les différentes versions des Évangiles et fut alors surprise par les incohérences du texte. Elle rejeta cependant ses doutes. Ce fut dans cet état d'esprit qu'elle rencontra son futur mar.

Mariage malheureux

Annie Wood rencontra Frank Besant à l'église de Clapham dont dépendait sa famille et où il officiait provisoirement à Noël 1865 puis à nouveau à Pâques 1866. Sa mère, jugeant que le jeune pasteur pouvait être un prétendant convenable pour sa fille, l'invita à passer une semaine durant l'été avec elles. Annie discuta de longs moments avec lui. Cependant, alors qu'il considérait que lors de ces discussions il lui faisait la cour, Annie, elle, n'en avait pas même l'idée. Aussi, fut-elle complètement surprise lorsqu'il la demanda en mariage à la fin de la semaine. Elle ne sut quoi répondre et il prit son silence pour une réponse positive. Il considérait aussi qu'il devait épouser Annie car les longs moments qu'il avait passés seul avec elle pouvaient compromettre l'honneur de la jeune fille. Fils d'un marchand de vin et frère de l'écrivain Walter Besant, Frank Besant avait 25 ans et était alors instituteur à Clapham où en tant que futur pasteur anglican, il remplaçait parfois des pasteurs responsables de cure afin d'arrondir ses fins de mois. Issu d'une famille très anglicane, il avait fait ses études dans des établissements profondément anglicans eux-aussi King's College de Londres et Emmanuel College à Cambridge. Il se spécialisa en mathématiques et dès sa sortie de l'université, il retourna dans son ancienne grammar school enseigner les mathématiques tout en espérant être rapidement ordonné prêtre. Il était très timide et par conséquent considéré comme très cassant.
La demande en mariage, réitérée à Londres, fut acceptée par la mère d'Annie puisqu'elle l'avait plus ou moins suscitée. La jeune femme accepta elle aussi, mais en conçut du ressentiment contre sa mère. Annie passa la fin de l'été à voyager en Suisse avec la famille de William Prowting Roberts. Cet avocat s'était engagé dans la cause chartiste puis pour la défense des conditions de travail et de vie des mineurs et des classes populaires urbaines en général. Il fit découvrir la question ouvrière à Annie lors de leurs conversations. Elle conçut alors que ce dont les classes populaires avaient besoin n'était ni la pitié ni la charité, mais la justice. Lorsqu'elle rendit visite aux Roberts, à l'été 1867, à Manchester, peu de temps avant son mariage, elle assista aux manifestations autour du procès puis de la condamnation à mort des membres de l'Irish Republican Brotherhood. Ces expériences, d'une foule en colère et de ce qu'elle considéra comme un verdict injuste, la marquèrent pour le reste de sa vie.
À l'automne 1866, Annie essaya de rompre ses fiançailles. Sa mère l'en dissuada avec deux arguments principaux : en tant que femme de pasteur, Annie serait en position idéale pour faire le bien et de toute façon, elle n'avait pas réellement d'autre perspective que le mariage. Elle l'accepta finalement. De plus, Frank venait d'être ordonné prêtre. Il était devenu, selon les mots d'Annie, un être semi-angélique qui pouvait répondre aux aspirations spirituelles de la jeune femme alors : il serait son époux terrestre comme Jésus était pour elle son époux céleste.
Le 21 décembre 1867, Annie Wood épousa Frank Besant à St Leonards-on-Sea où s'était installée sa mère, près d'HastingsN 5. La nuit de noces fut une abomination pour la jeune femme qui n'avait aucune idée de ce qui se passerait. Elle la ressentit comme un véritable viol et n'en retira que du dégoût et de la peur.

Autorité victorienne du mari

Le couple s'installa à Cheltenham en janvier 1868. Frank Besant avait obtenu un poste d'enseignant de mathématiques au Cheltenham college, une public school et Annie s'occupa d'une pension pour les élèves, comme sa mère l'avait fait à Harrow. Elle eut du mal à s'intégrer dans le groupe des épouses d'enseignants : elles ne faisaient que « parler de domestiques et de bébés . De plus, toute l'école était Low Church alors qu'elle était, elle, High Church Annie Besant avait une impression de plus en plus forte d'isolement intellectuel. En réalité, certaines de ces femmes et de leurs filles étaient au moins aussi éduquées qu'elle, voire se battaient pour le droit à l'éducation des femmes. Il semblerait que son mariage ait eu une influence défavorable sur son moral et son état d'esprit16,18.
La pension ne l'intéressait guère et elle se montra peu douée pour la gestion de la maison (tâches ménagères et domesticité). Il semblerait qu'elle ait laissé faire son mari (très autoritaire) afin de ne pas tout à fait devenir une « femme au foyer ». Elle passait ses journées à s'ennuyer, d'autant plus que l'étiquette ne lui permettait pas de sortir seule. Les relations de couple étaient très tendues. En février 1870, selon un affidavit de 1878, Frank la frappa en lui hurlant de rentrer chez sa mère.
Annie Besant se tourna à nouveau vers la lecture puis vers l'écriture : des pamphlets religieux que son mari appréciait peu car ils étaient trop High Church ; un livre sur la spiritualité qui semble avoir été accepté mais ne fut finalement jamais édité ; un roman qui fut rejeté car trop politique et une nouvelle qui fut publiée dans le Family Herald, un magazine d'informations domestiques. Elle gagna alors 30 shillingsN 6, les premiers revenus de sa vie. Ils furent immédiatement récupérés par son époux. La loi disposait en effet que les revenus de la femme appartenaient à son mari, son « propriétaire comme se mit alors à dire Annie. Elle déclara qu'elle n'avait pas besoin de cet argent, mais qu'elle fut choquée d'apprendre qu'il n'était pas à elle du tout.
Elle eut avec lui deux enfants : Arthur Digby, né le 16 janvier 1869 et Mabel Emily, née le 28 août 1870. Elle souffrit beaucoup durant ses grossesses. La seconde fut même plus difficile que la première, car elle arriva très vite alors qu'elle était à peine remise de la première. Elle s'occupa elle-même de ses enfants : le couple ne pouvait se permettre une nourrice. Il semblerait que la violente dispute de février 1870 fût liée à une demande d'Annie de ne plus avoir d'autres enfants, pour des raisons matérielles. La seule véritable contraception pour un pasteur anglican était l'abstinence ; or, il semblerait que Frank ait pris très à cœur de forcer son épouse à l'accomplissement du devoir conjugal. Elle se remit difficilement de son second accouchement, tandis que les disputes se faisaient de plus en plus régulières et de plus en plus violentes. Dans l'affidavit de 1878, elle l'accusa de cruauté ; il expliqua que son attitude à elle justifiait sa conduite à lui.
En 1871, Mabel tomba très gravement malade. Annie Besant s'épuisa à la soigner puis fit une dépression. Elle perdit alors la foi face aux épreuves et injustices que lui envoyait Dieu. Dans les mois qui suivirent, son mari essaya de la lui faire retrouver, luttant contre ce qu'il appelait ses doutes et lui présentant un autre pasteur anglican de Cheltenham qui lui servirait de guide spirituel. Celui-ci ne put rien faire : les solutions anglicanes, comme le Repentir, qu'il proposait n'avaient plus aucun écho en Annie qui désirait alors trouver une autre voie d'accès à la connaissance de Dieu. Pour lutter contre sa dépression et distraire son esprit de ses angoisses existentielles, son médecin lui suggéra de lire des ouvrages de science, d'anatomie et de physiologie. Finalement, pour lui changer définitivement les esprits, Frank quitta son poste d'enseignant à Cheltenham College pour prendre une cure qu'un cousin de sa femme, William Wood, lui avait obtenue à Sibsey, un tout petit village dispersé, d'un millier d'habitants, dans le Lincolnshire. Dans ce petit village, sans vie sociale, Annie était plus libre que dans la ville de Cheltenham et pouvait sortir sans risquer de se compromettre.

Rupture

À Sibsey, elle remplit ses fonctions de femme de pasteur en rendant des visites caritatives aux pauvres et aux malades. À nouveau, elle fut confrontée à la misère populaire renforcée alors par de mauvaises récoltes sans que le propriétaire (absent) ait baissé les loyers. De plus, les ouvriers agricoles qui prenaient contact avec les syndicats perdaient définitivement toute possibilité de trouver à s'employer. Dans son Autobiographie, Annie Besant dit qu'elle apprit beaucoup politiquement à ce moment-là. Elle se posa à nouveau la question de sa foi. Elle se remit à lire de la théologie et découvrit les ouvrages de Matthew Arnold et son idée de morale comme religion. Ces lectures déplurent à son époux qui se remit, lui, à la frapper, au point qu'en juin 1872, elle s'enfuit chez sa mère à Londres.
Là, elle alla écouter les prêches de Charles Voysey, un pasteur anglican qui venait d'être condamné pour hérésie par le Privy Council. Il refusait les idées de péché originel et de châtiment éternel ainsi que la divinité du Christ et le Repentir. Il déclarait aussi que la Bible n'était pas la parole divine. Après avoir quitté l'Église anglicane, il fonda une Église théiste. Annie se lia d'amitié avec lui. Voysey lui présenta diverses personnalités libres-penseurs de Londres, comme l'éditeur Thomas Scott qui publiait des pamphlets rationalistes ou républicains, l'indianiste John Muir, le réformateur socialiste Charles Bray ou l'évêque du Natal John William Colenso, défenseur de la cause des Zoulous. Lorsque Frank l'apprit, sa colère ne fit que croître.
Le fait que la femme d'un pasteur ait perdu la foi posait un gros problème social. Elle fit une dernière tentative et réussit à rencontrer Edward Bouverie Pusey, un des maîtres à penser du mouvement d'Oxford. Mais, personnalité intransigeante, Pusey se heurta de front avec elle et lui dit : No, no, you have read too much already; you must pray, you must pray. Non, non, vous avez déjà trop lu ; vous devez prier maintenant, vous devez prier.
Elle retourna à Sibsey à l'automne. Les époux s'installèrent dans deux pièces séparées de la maison. Elle reprit ses activités caritatives durant l'hiver : la région était en proie à une épidémie de typhoïde et Annie Besant, par sa dévotion aux malades, gagna le respect des villageois malgré le caractère choquant pour eux de son attitude à l'église. En effet, elle quittait l'office quand celui-ci évoquait des aspects de l'anglicanisme auxquels elle ne croyait plus, comme la communion. Elle s'enfermait parfois seule dans l'église vide et y prêchait. Les mots lui venant naturellement et sans effort, elle comprit alors qu'elle était douée pour les discours. Elle publia deux pamphlets avec pour seul nom d'auteur épouse d'un ecclésiastique. Cela irrita fortement son époux, notamment parce qu'ils étaient préfacés par Voysey : Frank Besant craignait en lui étant associé, même via sa femme, de se voir retirer sa cure. Il aurait été encouragé en ce sens par son frère aîné qui lui avait peur de perdre la protection de ses propres employeurs.
Le 20 juillet 1873, elle quitta Sibsey et son mari. La famille Besant lui fit savoir que la rupture était définitive. Elle entrait en marge de la société victorienne. Elle s'installa à Londres chez son frère et sa mère. Là, elle fit une nouvelle dépression nerveuse. En septembre, Frank Besant vint faire un scandale qui poussa Henry Wood à entamer une procédure de séparation entre sa sœur et son beau-frère car un divorce était hors de question pour le pasteur Frank Besant. La séparation fut prononcée le 25 octobre 1873. Elle divisait la garde des enfants : Mabel à Annie et Digby à Frank. Ce dernier avait d'abord refusé l'arrangement, mais céda finalement lorsqu'on menaça de révéler son attitude vis-à-vis de sa femme : la cruauté était une cause de divorce acceptée. Il consentit également à lui verser une pension, soit le quart de son revenu. Après avoir quitté son mari, Annie dut quitter aussi le domicile de son frère, dans la mesure où il exigeait lui aussi qu'elle rompît tout contact avec Voysey. Restant mariée, Annie Besant conserva son nom de femme mariée comme la loi l'y obligeait, elle en changea simplement la prononciation.

Féministe et socialiste Difficultés matérielles

Sans revenu, Annie Besant dut chercher du travail d'autant plus que ses relations lui fermèrent leur porte, en raison du scandale moral et religieux qu'elle avait causé. Après diverses tentatives infructueuses, elle fut accueillie finalement par un couple américain installé à Londres, Ellen et Moncure Daniel Conway. Ce dernier avait été un ardent défenseur de Voysey et se sentait en partie responsable de la situation d'Annie Besant. Elle travailla un temps avec lui, l'aidant en traduisant des ouvrages allemands dont il avait besoin pour la rédaction d'un des siens. Puis, elle fut engagée comme gouvernante chez un pasteur de Folkestone. En avril 1874, sa mère Emily Wood, tomba gravement malade et Annie se rendit à ses côtés pour l'assister dans ses derniers instants. Sur son lit de mort, sa mère tenta de la faire revenir dans le giron de l'Église anglicane et de lui faire à nouveau accepter la communion. Elle accepta la communion, administrée aux deux femmes par Arthur Penrhyn Stanley, les autres pasteurs appelés ayant refusé.
Après le décès de sa mère, pour payer le loyer de ses deux pièces sur Colby Road, Annie Besant écrivit de nombreux pamphlets pour l'éditeur Thomas Scott. Elle signa de son nom de femme mariée et s'y déclarait théiste. Elle passait ses journées à travailler dans la reading room » de la British Library. Elle prit aussi contact avec la National Secular Society de Charles Bradlaugh avec qui elle se lia d'amitié. Elle évolua alors vers l'athéisme. Le 25 août 1874, malgré l'opposition de son mari, elle donna sa première conférence, intitulée « The Political Status of Women .

Engagement séculariste.

Charles Bradlaugh lui proposa alors de contribuer, pour une guinéeN 11 par semaine, au National Reformer, l'hebdomadaire de la société séculariste National Secular Society) qu'il avait fondée en 1866. Ce travail et ce salaire lui assuraient non seulement une indépendance financière, mais aussi le début de la carrière intellectuelle qu'elle envisageait. Le 30 août 1874, elle adopta pour son premier article le pseudonyme qu'elle utiliserait dorénavant : Ajax. Elle écrivit sur de nombreux sujets. Elle couvrit par exemple en octobre 1874, la campagne électorale pour une élection législative partielle à Northampton à laquelle se présentait Bradlaugh. Ses articles décrivaient la misère ouvrière de la ville. Dans d'autres, elle attaquait les membres des clergés opposés à la libre-pensée ou les hommes politiques opposés aux réformes. Elle continua également à prononcer des conférences, tâche qu'elle considérait comme essentielle à son travail de propagande pour la libre-pensée et la réforme sociale. Elle y était annoncée en tant que célèbre Ajax.
Au début de l'année 1875, elle publia un nouveau pamphlet : On the Nature and Existence of God De la Nature et de l'existence de Dieu. Elle y écrivait que nul n'avait jamais encore eu de preuves de l'existence d'un dieu. Elle critiquait aussi les prêtres et les religions qui n'étaient capables selon elle de ne produire que des dégâts et du désespoir. Elle y considérait que la morale devait être séparée de la religion et ne venir que de la réflexion et l'expérience. Elle rejetait la prière à Dieu mais considérait qu'admirer la grandeur, la beauté et l'ordre du monde était une sorte de prière34. Annie Besant considérait l'athéisme non seulement comme une libération du joug de la religion, mais aussi comme une véritable morale. Elle craignait en effet que celle-ci ne disparût avec la religion car, au moins en Occident, la morale n'était fondée que sur la Bible. Elle souhaitait donc la mise en place d'une morale fondée sur la science et donc conforme aux exigences de la Nature. Afin d'y parvenir, elle s'intéressa alors à la philosophie positiviste d'Auguste Comte.
La même année, elle fit une tournée de conférences à travers le Royaume-Uni pour la National Secular Society. Elle appréciait de plus en plus parler en public, chose pour laquelle elle se révélait aussi de plus en plus douée. Elle fut cependant attaquée verbalement par des spectateurs à Leicester, qui lui reprochèrent ses liens avec Bradlaugh. Les critiques reposaient sur un compte-rendu favorable écrit par ce dernier dans le National Reformer à propos de l'ouvrage Physical, Sexual and Natural Religion de George Drysdale qui défendait l'amour libre en considérant que tous les organes du corps devaient être régulièrement exercés pour rester en bonne santé. Bradlaugh fut alors la cible de nombreuses critiques qui rejaillirent sur Annie Besant, une femme dont le statut marital et sexuel n'était pas clair pour ses adversaires. De plus, Bradlaugh était séparé de sa femme. S'il semble qu'Annie Besant ait pu avoir une certaine attirance pour Bradlaugh, celui-ci avait alors une relation stable avec une vicomtesse française, Mme Mina de Brimont-Brissac souvent citée dans ses lettres, alors qu'Annie Besant en est absente. Cependant, la réputation d'Annie Besant en souffrit. Cette situation, ajoutée à son athéisme, poussa Frank Besant à refuser de rendre à sa mère sa fille Mabel, âgée de cinq ans, dont elle avait pourtant la garde à la fin de son séjour chez lui pendant l'été. Elle tenta d'aller la reprendre à Sibsey avec l'aide de Bradlaugh, sans effet. Elle menaça ensuite son mari d'un procès et retrouva sa fille
À nouveau, elle tenta de fuir ses problèmes personnels en se réfugiant dans le travail. Elle se lança alors dans la rédaction de longs articles pour le National Reformer sur la Révolution française qu'elle considérait comme le deuxième plus important événement de l'histoire humaine, après la naissance du Christ. Au printemps 1876, elle entreprit avec Bradlaugh une longue tournée de conférences sur la libre-pensée durant laquelle le public et les journaux la considérèrent comme la plus venimeuse » des deux. Un fort mouvement se développa alors pour l'empêcher de continuer à parler. Cette opposition issue des milieux religieux) était très organisée, ce qui indique que la campagne menée par les libre-penseurs avait de l'effet : les opposants se rendaient au préalable dans les villes où Annie Besant devait parler pour préparer les attaques du public, toujours centrées autour de Physical, Sexual and Natural Religion et pouvant aller jusqu'à la violence physique.
Entre la pension que lui versait son mari, son salaire au National Reformer, les profits générés par ses conférences ainsi que, semble-t-il, une aide financière de la part de la branche aisée de la famille Wood qui désirait que la petite Mabel ne vécût pas dans la pauvreté, Annie Besant réussit à retourner dans le quartier de son enfance St. John's Wood où elle loua, avec sa tante maternelle, une maison avec jardin et écurie où elle logeait une jument.
Au printemps 1876 toujours, Annie Besant participa à la campagne républicaine contre la liste civile de la famille royale en cherchant à recueillir le maximum de signatures finalement un peu moins de 103 000 pour une pétition la dénonçant. Elle attaqua ensuite dans ses articles et ses pamphlets la politique extérieure, principalement concernant la Question d'Orient, de Benjamin Disraeli, le Premier ministre conservateur. Au contraire, elle vantait les mérites de son adversaire libéral, William Gladstone. Celui-ci l'en remercia chaudement.

Limitation des naissances Le procès Knowlton

Bradlaugh et Besant créèrent le 20 janvier 1877 une maison d'édition Freethought Publishing Company, destinée spécifiquement à rééditer The Fruits of Philosophy, un pamphlet écrit en 1832 par Charles Knowlton. Ce médecin américain y justifiait le contrôle des naissances et, surtout, décrivait des méthodes pour y parvenir. L'ouvrage avait été condamné aux États-Unis pour indécence, mais son succès était resté constant au Royaume-Uni. Il semblerait que Bradlaugh et Besant aient désiré un procès afin d'en faire une tribune pour la cause néo-malthusienne. La première réédition parut le 23 mars 1877, ils vendirent cinq cents exemplaires en vingt minutes. Même après le début du scandale et la campagne de presse contre l'ouvrage, ils continuèrent à le vendre en grand nombre, principalement dans les milieux pauvres, mais aussi à des épo
Bradlaugh et Besant en firent livrer directement au tribunal et à la police. La semaine suivante, ils se rendirent au poste de police pour demander pourquoi ils n'avaient pas encore été inquiétés40,43. Le 7 avril 1877, ils furent finalement arrêtés. Les deux éditeurs étaient accusés de corrompre la jeunesse en l'incitant à des pratiques indécentes, obscènes, contre nature et immorales »44. Bradlaugh qui maîtrisait le droit décida de se défendre lui-même. Annie Besant décida de l'imiter. Ses amis, Bradlaugh compris, tentèrent de l'en dissuader : cela ne serait pas convenable pour une lady et son mari risquerait d'utiliser les débats contre elle3,45. Elle prépara sa défense en comparant les Fruits of Philosophy avec des textes médicaux et les écrits d'auteurs, comme John Stuart Mill, qui s'accordaient avec Malthus sur la nécessité de limiter la croissance de la population, mais sans entrer dans les détails techniques.
L'accusation fut conduite par le Solicitor General, le numéro 2 de la justice britannique, Hardinge Giffard. Selon le ministère public, l'ouvrage, défendant la contraception, incitait à l'amour libre, à l'abandon de la chasteté et donc à la fin de la civilisation. Annie Besant se défendit en déclarant que c'était calomnier les femmes de Grande-Bretagne de considérer que la seule raison pour laquelle elles seraient chastes était la peur de la maternité. Elle ajouta que les femmes qui désiraient avoir une sexualité hors mariage étaient déjà suffisamment dépravées et n'avaient pas besoin des Fruits of Philosophy. Il s'agissait ici pour elle de bien marquer sa désapprobation de la prostitution. Elle devint la première femme à publiquement défendre le contrôle des naissances en insistant sur le fait qu'une information sur celui-ci (dans le cadre du mariage donc) était nécessaire. Elle cita les témoignages qu'elle avait reçus de femmes mariées qui vivaient dans l'angoisse de leur prochaine grossesse durant laquelle elle risquaient leur vie. Elle évoqua les quartiers misérables peuplés d'enfants mourant de faim. Elle récusa l'accusation d'« obscénité », déclarant qu'il n'y avait pas eu intention de nuire, élément essentiel dans ce type d'accusation. Elle insista enfin sur le fait que les ouvrages médicaux, comme le livre de Knowlton, devaient nécessairement être exclus d'accusation d'obscénité. Elle ne demandait que le droit de rendre public le débat sur la limitation de la population. En tant que mère d'une petite fille, elle ne voulait pas, dit-elle, que celle-ci restât trop longtemps ignorante des fonctions des organes sexuels, peut-être ici inspirée par sa propre expérience malheureuse. Elle termina sa défense en demandant au jury de ne pas l'envoyer en prison, au milieu de femmes perdues dont le simple contact serait pour elle une souffrance. Ici encore, il s'agissait de condamner la prostitution.
Finalement, le jury, très partagé, déclara le livre condamnable, mais exonéra les accusés de toute volonté de nuire. Le verdict fut mis en délibéré. Le lendemain même, Besant et Bradlaugh tinrent une conférence au cours de laquelle ils vendirent ouvertement les Fruits of Philosophy. Aussi, lorsque la sentence fut prononcée, le juge se montra plus sévère que prévu. Ils furent condamnés à six mois de prison et 200 d'amende avec interdiction de continuer à vendre le livre. La sentence fut suspendue en attendant que la Court of Error équivalent de la Cour de Cassation ait statué sur un vice de forme : on n'avait pas notifié aux accusés les passages obscènes qui étaient la cause du procès le juge avait déclaré que tout le livre était obscène et avait refusé de le lire.
Finalement, en janvier 1878, la Court of Error cassa le verdict. Le ministère public décida de ne pas relancer de procédure. De même, Besant et Bradlaugh retirèrent discrètement l'ouvrage du catalogue de la Freethought Publishing Company et le remplacèrent par l'ouvrage qu'Annie Besant avait entre temps rédigé : Law of Population. Le procès eut cependant pour conséquence ultime une scission dans la National Secular Society. Ceux qui considéraient que Besant et Bradlaugh étaient allés trop loin quittèrent le mouvement pour fonder la British Secular Society.

Poursuite de la lutte

Annie Besant persista dans son engagement pour la limitation des naissances. Elle adhéra ainsi à la Ligue malthusienne dont elle devint rapidement Secrétaire. Elle publia en octobre 1877 un essai sur ce sujet : Law of Population: Its Consequences, and Its Bearing upon Human Conduct and Morals, dont elle vendit 40 000 exemplaires en trois ans. Un de ses arguments était la situation en Inde. L'augmentation de la population, due à une amélioration des conditions de vie, n'était pas contrôlée et les famines se multipliaient. Au passage, elle rappelait que l'année des pires famines (1876) avec 500 000 morts était aussi l'année où Disraeli avait proclamé Victoria Impératrice des Indes ; la politique était donc toujours présente. Elle décrivait ensuite très clairement des techniques anticonceptionnellesN 14 tout en condamnant l'avortement criminel selon elle et le célibat non-naturel.
La relation professionnelle entre Annie Besant et Charles Bradlaugh devint plus étroite à cette époque. Ils habitaient dans le même quartier et passaient leur journée à travailler dans le bureau d'Annie Besant, dînaient souvent ensemble mais Bradlaugh rentrait chez lui tous les soirs. Leur proximité cependant permettait, d'autant plus qu'ils s'étaient rendus célèbres par le « procès Knowlton », le développement d'une campagne de commérages. Tous leurs amis, comme Moncure Daniel Conway, témoignèrent plus tard que leur relation avait toujours été chaste. Il semblerait par ailleurs que son expérience maritale malheureuse ait définitivement dégoûté Annie Besant de toute vie sexuelle.
Annie Besant continuait aussi ses tournées de conférences où elle était accueillie en héroïne et quasiment adulée. Ainsi, à Northampton le 4 août 1877, une jeune femme lui baisa le bas de la robe. Son public, de plus en plus nombreux, était aussi de plus en plus divers politiquement et socialement. Elle élargit alors son discours : en plus du sécularisme et de la limitation des naissances, elle se déclarait opposée à l'impérialisme et partisane de la paix, de la justice sociale et de la fraternité.

Perte de la garde de sa fille

Les conférences, les publications, le procès et les rumeurs autour de la relation entre Annie Besant et Charles Bradlaugh, offrirent à Frank Besant le prétexte pour demander en mai 1878 devant la justice à récupérer la garde de sa fille Mabel. Besant et Bradlaugh décidèrent à nouveau d'utiliser le procès pour faire avancer la cause des femmes et celle de la libre-pensée. Par ailleurs, les décisions de justice seraient importantes car le procès était le premier depuis la nouvelle loi 1873 concernant la garde des enfants : elles feraient donc jurisprudence. Le procès fut donc confié à George Jessel, le Master of the Rolls. Dès le début, celui-ci se montra hostile à Annie Besant : il considérait qu'il était impropre pour une lady de se défendre elle-même et surtout, il n'appréciait pas la publicité qu'elle voulait donner au procès.
Le débat porta principalement sur la question de son attitude vis-à-vis de la religion puis sur sa capacité à élever une jeune fille, à la lumière du procès Knowlton puis de Law of Population. Annie Besant se défendit en affirmant qu'elle n'avait jamais eu l'intention d'expliquer les moyens de limiter les naissances à une enfant et que si elle avait fait excuser sa fille des cours de religion à l'école et ne lui avait pas fait encore lire la Bible, c'était qu'elle voulait qu'elle fût en âge d'en comprendre la signification. Elle fit remarquer aussi l'ambiguïté de la loi : si elle n'avait pas été mariée à Frank Besant, les enfants seraient uniquement à elle ; mais comme elle était mariée, les enfants appartenaient à leur père. Elle conclut en disant qu'une femme mariée perdait ses droits de mère, alors que la maîtresse d'un homme les conservait5.
Le juge Jessel statua entre autres que, après comme avant la loi de 1873, le père avait légalement la garde de ses enfants ; qu'Annie Besant avait non seulement choisi d'ignorer la religion, mais de rendre ce choix public ; que priver Mabel de toute éducation religieuse était répréhensible et détestable ; qu'enfin, le contenu du livre « obscène », The Fruits of Philosophy reflétait la personnalité réelle d'Annie Besant, qu'aucune femme digne de se nom ne saurait fréquenter ; en conséquence, il retirait immédiatement Mabel de la garde de sa mère. Au-delà du verdict légal, il y avait là une condamnation sociale faisant d'Annie Besant un paria : aucune femme digne de ce nom ne saurait la fréquenter.
Mabel fut immédiatement retirée à sa mère. Frank Besant obtint même une injonction interdisant à son épouse de l'approcher. Elle fit une nouvelle dépression nerveuse et passa plusieurs semaines alitée avec de la fièvre, parfois délirante. Lorsqu'elle fut remise, elle se lança à nouveau à corps perdu dans le travail. Elle prépara ainsi en 1879 un long article pour le National Reformer sur les nécessaires réformes politiques en Inde et Afghanistan. Elle y proposait d'amener rapidement l'Inde au self-government. Elle reprit les mêmes idées lors de son discours inaugural en tant que Présidente de l'Indian National Congress en 1917. Elle décida aussi de s'inscrire au University College de Londres qui venait de changer ses statuts et d'autoriser les femmes, pour y faire son droit afin de mieux défendre ses intérêts et ceux des femmes à l'avis..
Annie Besant perdit son procès en appel l'année suivante. Ce fut à cette occasion que l'affidavit concernant la violence de son mari fut rédigé. Il ne nia pas mais n'admit pas non plus les accusations. Annie Besant ne retrouva pas la garde de sa fille. Elle obtint un droit de visite, mais dans des conditions telles qu'elle ne réussit pas à voir ses enfants pendant les dix années qui suivirent. Ils ne virent pas non plus beaucoup leur père qui les plaça en pension. Enfin, elle n'obtint pas non plus le divorce et resta mariée à Frank Besant jusqu'à la mort de celui-ci en 1917.

Étudiante et éducatrice

Afin de réussir l'examen d'entrée au University College de Londres, Annie Besant dut prendre des cours particuliers pour se remettre à niveau. Son tuteur en sciences, ainsi que celui des filles de Charles Bradlaugh, Hypatia et Alice, qui avaient décidé d'accompagner à l'université l'amie de leur père, fut Edward Aveling. Rapidement, il lui fit partager sa passion pour les sciences et elle abandonna son projet d'étudier le droit pour s'y consacrer. L'influence était réciproque : Aveling insista toute sa vie sur la profonde admiration respectueuse qu'il avait pour Annie Besant. Ainsi, alors qu'il écrivait déjà pour le National Reformer, sous un pseudonyme, il décida, influencé par son élève, à partir de juillet 1879 de signer de son propre nom ses articles et de se déclarer ouvertement séculariste. Il devint bientôt un des principaux orateurs lors des conférences de la National Secular Society et en mai 1880, il en fut élu vice-président. L'engagement séculariste d'Aveling lui causa des difficultés au King's College de Londres où il enseignait la botanique. La Freethought Publishing Company de Besant et Bradlaugh l'engagèrent au Hall of Science South Kensington, où la NSS organisait un programme d'éducation populaire. Annie Besant, ainsi que les sœurs Bradlaugh, étudièrent et enseignèrent au Hall of Science avec Aveling Annie Besant enseignait la physiologie, Hypatia Bradlaugh les mathématiques et sa sœur Alice le français. En parallèle, les trois femmes, admises sans problème au University College, s'y distinguèrent immédiatement, recevant des First Class Honours l'équivalent de mentions Très Bien. Annie Besant excella ainsi en chimie, mathématiques, mécanique, botanique, biologie et physiologie animale. Cependant, afin de ne pas choquer les généreux donateurs, l'université se garda de faire apparaître le nom d'Annie Besant sur les listes affichées des admis.
Les résultats des cours dispensés au furent tels qu'en 1881, le Parlement britannique leur accorda un financement pour la poursuite de l'œuvre éducatrice, malgré l'opposition de certains députés, en raison du sécularisme des enseignants.

Poursuite de la défense de la liberté de pensée

Le 10 février 1880, Besant et Bradlaugh organisèrent une conférence sur la réforme agraire avec Edward Aveling, Stewart Headlam, Joseph Arch ainsi que de nombreux représentants des trades-unions. La discussion s'élargit rapidement aux conditions de vie des classes populaires rurales et urbaines puis à la nécessité de justice sociale en général. L'idée avancée dans les jours précédant la conférence était de redistribuer les immenses jardins de la noblesse et de faire du pays une nation de petits propriétaires exploitants. Cependant, Besant et Bradlaugh se firent déborder d'abord par le London Trades Council qui réclamait la nationalisation des terres puis par la Irish Land League de Michael Davitt, un Fénien de l'Irish Republican Brotherhood, qui dans son discours critiqua très violemment la Chambre des Communes. La conférence décida finalement de créer une Land League, au programme modéré, présidée par Bradlaugh qui y voyait surtout un instrument pour son élection au Parlement. Annie Besant en fut élue vice-présidente. En mars, lors des élections législatives, Charles Bradlaugh fut élu pour Northampton.

Annie Besant — années 1880


Cependant, un problème se posa dès l'ouverture de la session. Tous les nouveaux Membres du Parlement devaient prêter serment d'allégeance à la Couronne et ce serment comprenait les mots : So help me God avec l'aide de Dieu. Le Speaker, Henry Brand déclara qu'un tel serment par un athée déclaré ne pouvait avoir de valeur. Lorsque le Speaker annonça à Bradlaugh qu'il ne serait pas autorisé à prêter serment, celui-ci refusa de quitter la Chambre des Communes, arguant qu'on ne pouvait empêcher un élu de siéger. Il fut immédiatement arrêté et enfermé dans la tour de Big Ben. Annie Besant édita alors dans l'urgence une édition spéciale du National Reformer et un tract (Law Breakers and Law Makers) demandant que la volonté populaire, surtout celle des électeurs de Northampton, fût respectée, sans succès. En mars 1881, Bradlaugh fut finalement démis de son siège par la justice, immédiatement réélu par sa circonscription et les incidents à la chambre se répétèrent. Régulièrement, les rumeurs à propos de la relation entre Bradlaugh et Besant, ainsi que l'immoralité supposée de celle-ci, étaient utilisées contre Bradlaugh élu ou candidat. Un meeting de soutien fut organisé sur Trafalgar Square le 2 août 1881. Annie Besant s'y adressa à une foule estimée à 15 000 personnes. Le lendemain, accompagné d'une foule de supporters qui venait présenter des pétitions en sa faveur, Bradlaugh tenta de prêter serment. L'entrée aux Communes lui fut refusée par la force. Annie Besant fut empêchée par la force d'accéder aux galeries du public. La foule dans le Lobby commença à gronder menaçant de forcer le passage. Annie Besant réussit à la retenir. Finalement, Bradlaugh, après trois nouvelles victoires électorales, et une réforme du fonctionnement parlementaire, réussit enfin à siéger en 1886.
Pendant les démêlés politiques et judiciaires de Bradlaugh, dans lesquels elle ne pouvait intervenir, Annie Besant continua le travail en faveur de la libre-pensée. En août 1880, elle se rendit à Bruxelles, au premier congrès de l'Internationale de Libre-pensée dont elle fut élue vice-présidente. Elle rencontra à cette occasion le penseur allemand Friedrich Büchner, un moniste. Il avançait que tout sur les plans matériel et spirituel découlait d'une seule source, la matière. Ces idées rejoignaient les réflexions d'Annie Besant qui cherchait toujours une spiritualité qui lui convint. Büchner et Besant se lièrent rapidement d'amitié : ils correspondirent pendant de nombreuses années et Annie Besant entreprit de traduire en anglais les ouvrages de Büchner, principalement Mind in Animals puis Force and Matter.

Thomas Henry Huxley

Au printemps 1883, Annie Besant ne put renouveler son inscription au University College, en raison de la mauvaise influence qu'elle était supposée avoir sur ces condisciples. Même Thomas Henry Huxley, un de ses tuteurs, déclara ne pas être opposé à son exclusion, non sur des bases religieuses il était lui-même incroyant, mais pour des raisons morales : la libre-pensée ne signifiait pas l'amour libre. Miss Rosa Morison, la Lady Superintendent le signifia à Annie Besant en lui rappelant les mots de George Jessel, qui était aussi Fellow du College, qu'« aucune femme digne de ce nom ne saurait la fréquenter. Alice Bradlaugh fut elle aussi exclue alors. Edward Aveling lança une pétition au sein de l'université pour défendre les deux femmes ; il fit aussi une campagne de presse, sans succès. Cette exclusion en entraîna d'autres : les adversaires des lois concernant les maladies contagieuses »N 19 lui annoncèrent qu'ils n'avaient pas besoin de son soutien ; le Secrétaire du jardin botanique de Regent's Park lui en refusa l'accès, à part à l'aube. Ses proches subirent aussi des attaques : Aveling perdit son poste d'enseignant au London Hospital. Stuart Headlam perdit sa cure et n'en retrouva plus.

Socialiste Premiers contacts

Comme de nombreux autres partisans de Gladstone et des libéraux dans les années 1870, Annie Besant fut déçue par leur politique une fois au gouvernement, principalement en matière sociale et en Irlande. Dès 1881, Henry Hyndman fonda la Democratic Federation. Hyndman, converti au marxisme, était un grand admirateur d'Annie Besant qui avait, selon lui, su se détacher de la religion et des préjugés contre les femmes. Bradlaugh, de son côté, considérait les socialistes comme des concurrents et décida de les affronter sur le plan intellectuel en les invitant à écrire dans le National Reformer, à venir parler lors des réunions du mouvement ou à venir enseigner au Hall of Science. Il espérait ainsi prouver leurs erreurs grâce à la qualité de ses collaborateurs, dont Annie Besant, qui fut donc en contact très tôt avec la pensée socialiste.
L'inverse se produisit. La National Secular Society servit même de tremplin au marxisme. Edward Aveling fut un des premiers convertis dès 1884. Annie Besant essaya alors de le convaincre de revenir à la libre-pensée. Il semblerait qu'elle ait désapprouvé le concept marxiste de révolution violente. Bradlaugh, dans son opposition au socialisme, était un ardent défenseur de la réforme. Il condamnait la lutte des classes qu'il considérait comme un fratricide.
La personnalité d'Edward Aveling envenima les premières relations difficiles entre les marxistes d'un côté et Besant et Bradlaugh de l'autre. Aveling commença à fréquenter avec assiduité Eleanor Marx. Annie Besant essaya de prévenir la jeune femme : Aveling était un séducteur, déjà marié, à qui on ne pouvait faire confiance. Eleanor Marx considéra que ce n'était que de la jalousie. Bradlaugh se serait aussi brouillé avec Aveling en lui demandant de ne plus fréquenter la fille de Marx. Par ailleurs, Aveling passait son temps à emprunter de l'argent, à la National Secular Society, au National Reformer et à tous ses proches, sans jamais rembourser. En 1884, il fut exclu de la National Secular Society, dont il était vice-président, en raison de ses emprunts réguliers, mais cela se fit juste au moment où il devenait membre du comité exécutif de la Social Democratic Federation qui venait d'ajouter «social à son nom. La National Secular Society essaya alors de prévenir la Social Democratic Federation des travers d'Aveling, sans succès.

Conversion lente

Annie Besant, tout en restant dans la pensée réformatrice de Bradlaugh, multiplia les discours et articles de plus en plus sociaux, et considérait que la dénonciation du capitalisme par Hyndman faisait sens. À l'automne 1884, elle prépara une série d'articles suggérant aux libres-penseurs de se rapprocher des socialistes avec qui ils avaient des points communs
La même année, elle lança le magazine Our Corner dont elle était à la fois propriétaire et rédacteur en chef. Elle désirait élargir l'éventail des articles publiés : non seulement politiques et sociaux, mais aussi culturels et artistiques. Elle le publiait depuis sa nouvelle adresse, une grande maison dans St. John's Wood, le quartier de son enfance. Elle y logeait aussi ses collaborateurs désargentés. Le magazine avait un objectif d'éducation populaire mais servait aussi à aider de jeunes auteurs impécunieux à gagner de l'argent : George Bernard Shaw, qui y publia ses premiers romans, disait que Our Corner avait l'étrange habitude de payer ses auteurs. Shaw, qui avait adhéré à la Fabian society en mai 1884, présenta à Annie les idées socialistes de ce groupe, moins révolutionnaire que la SDF, moins virulente que la SDF envers Bradlaugh, mais en même temps proche des idées des radicaux.

Fabienne

Elle adhéra à la Fabian Society le 19 juin 1885, un an et demi après la fondation de celle-ci. De nombreux détracteurs d'Annie Besant alors et ensuite considéraient que son adhésion était surtout due à l'influence de George Bernard Shaw. Ce dernier le suggéra même dans ses Mémoires, mais les sources de l'époque prouvent que ce ne fut pas le cas. Ce type d'affirmation fait partie du discours misogyne autour d'Annie Besant qui la décrit comme incapable de la moindre pensée autonome et toujours influencée par les hommes qu'elle fréquentait. Son évolution politique et intellectuelle est bien plus cohérente et individuelle, et en même temps caractéristique de son époque. Il est cependant vrai que ce fut Shaw qui présenta Annie Besant à la société fabienne. Cette conversion au socialisme l'éloigna de Bradlaugh.

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Posté le : 19/09/2015 10:02
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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