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Lénine 4
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Échec des journées de juillet Journées de juillet 1917.

En juin, Lénine assiste au premier congrès panrusse des Soviets où il prend la parole, dénonçant avec virulence le gouvernement provisoire et annonçant que les bolcheviks sont prêts à prendre le pouvoir immédiatement. Les congressistes votent cependant la confiance au gouvernement provisoire et repoussent la résolution des bolcheviks qui exigeait le transfert immédiat du pouvoir aux soviets. Les bolcheviks continuent d'entretenir l'agitation politique ; l'accumulation des problèmes économiques et militaires de la Russie joue contre le gouvernement provisoire de coalition. Le maintien de la Russie dans le conflit contribue notamment à rendre le gouvernement impopulaire. À la fin du mois de juin, après le désastre de la contre-offensive décidée sur le front de l'Est par le ministre de la guerre Aleksandr Kerenski, leur propagande auprès des ouvriers et des soldats s'intensifie. Lénine, fatigué, part se reposer fin juin en Finlande : le 4 juillet, il est informé par un émissaire du comité central que les manifestations contre le gouvernement provisoire ont dégénéré au point de tourner à l'insurrection, ce qui pourrait conduire à des mesures draconiennes contre les bolcheviks. Revenu à Petrograd, Lénine lance des appels au calme, mais le gouvernement est décidé à en finir avec les menées des révolutionnaires : Kerenski fait diffuser des documents accusant Lénine d'être un traître et un agent allemand. En compagnie de Zinoviev, Lénine doit à nouveau quitter la capitale pour échapper à l'arrestation. Kamenev, Trotski, Lounatcharski et Alexandra Kollontaï sont arrêtés. La fuite de Lénine cause une certaine controverse au sein des bolcheviks, dont certains prônaient sa reddition ; les accusations de trahison au profit de l'Allemagne convainquent cependant Lénine de ne pas risquer de tomber entre les mains des autorités. Kerenski prend la tête d'un nouveau gouvernement et, assailli par les critiques du Soviet de Petrograd qui juge les arrestations superflues, ne met pas à exécution son projet de révéler l'affaire des fonds allemands dont a bénéficié Lénine.
À la fin du mois de juillet, les bolcheviks se réorganisent lors de leur 6e congrès : Staline parle au nom de Lénine - absent car caché en banlieue de la capitale - et prône l'affrontement avec le gouvernement provisoire, la période pacifique de la révolution étant terminée. Le slogan tout le pouvoir aux soviets disparaît, remplacé par un mot d'ordre appelant à la dictature révolutionnaire des ouvriers et des paysans. Le secret de sa cachette ayant été éventé, Lénine se réfugie en Finlande. Il profite de son éloignement forcé pour rédiger L'État et la Révolution, un traité marxiste dans lequel il expose son point de vue sur le processus révolutionnaire et aborde la question - non détaillée par Marx et Engels - des formes que doivent prendre l'État et le gouvernement sous la dictature du prolétariat. Au passage, il revient sur la nécessité, pour le Parti, d'adopter un nouveau nom - celui de bolcheviks, né lors du congrès de 1903, étant purement accidentel- qui pourrait être Parti communiste, en gardant entre parenthèses la mention bolchevik. Dans ce livre, qui restera inachevé du fait de la Révolution d'Octobre, Lénine présente de manière schématique le processus historique qu'il déduit de sa lecture des œuvres de Marx et d'Engels, et selon lequel la société passera tout d'abord par la phase inférieure » de la société communiste, c'est-à-dire celle de la dictature du prolétariat : le renversement du capitalisme par le biais d'une révolution violente aboutira à cette première phrase, dite du socialisme ou plus précisément du collectivisme économique, durant laquelle l'État prendra possession des moyens de production. Durant la dictature du prolétariat, qui aidera à consolider la révolution - Lénine ne précise pas la durée de cette phase - l'État subsistera sous la forme d'un État prolétarien. Le stade du socialisme impliquera le maintien d'une certaine inégalité sociale, mais progressivement la société évoluera vers l'égalité absolue, pour atteindre finalement la phase supérieure, soit celle du communisme intégral, qui correspondra à une société sans classes où la propriété privée n'aura plus de raison d'être ; l'État, devenu inutile, disparaîtra alors de lui-même. Les éventuels excès commis par certaines personnes seront réprimés par le peuple, qui exercera la répression en lieu et place de l'ancien appareil d'État.
Cet écrit de Lénine suscite par la suite les critiques de marxistes comme Kautsky et Martov, qui arguent que Marx n'a pas non plus exclu un processus de révolution non-violente et n'a utilisé que rarement le concept de dictature du prolétariat dont Lénine fait un grand usage, apparemment sans réaliser que ce système se traduirait inévitablement par l'oppression d'une partie de la population par une autre. L'État et la Révolution est parfois présenté par la suite, comme le signe d'une pensée libertaire et démocratique chez Lénine ; certains de ses partisans présentent l'ouvrage comme le couronnement de sa pensée, tandis que des jugements critiques y voient un pamphlet simpliste et improbable. Cependant, dans cet écrit où l'ensemble des jugements sont portés à l'aune de la lutte des classes, Lénine se positionne radicalement à l'encontre de la démocratie parlementaire et ignore aussi bien la notion de pluralisme politique, que la nécessité d'institutions capables de défendre les libertés dont il prône l'application.

La révolution d'octobre Révolution d'Octobre.

Fin août, la tentative de putsch du général Kornilov, commandant en chef de l'armée russe, souligne à la fois la fragilité du gouvernement de Kerenski et la capacité de réaction des partis de gauche bolcheviks mais aussi mencheviks et S-R, qui se sont mobilisés contre les menées de Kornilov. Les bolcheviks sortent grands vainqueurs de l'affaire, dans laquelle ils ne jouent qu'un rôle mineur mais qui consacre leur retour sur la scène politique. Les mois qui séparent l'échec du coup de force de Kornilov de l'arrivée au pouvoir des bolcheviks sont marqués par une décomposition accélérée de l'autorité politique sur fond de crise économique ; le discours des bolcheviks progresse rapidement au sein des Soviets - notamment les comités d'usine et les comités de quartier dans la capitale - ainsi que chez les soldats - qui souhaitent cesser de se battre et revenir au pays pour partager les terres - et chez les ouvriers. Lénine, depuis sa retraite de Finlande, considère que, du fait du vide institutionnel en Russie, le pouvoir est à portée de main.
Se conformant aux instructions envoyées par Lénine, les bolcheviks prennent le contrôle des instances de pouvoir dans la capitale et en province. Une motion bolchevik appelant à la constitution d'un gouvernement sans participation bourgeoise obtient la majorité au Soviet de Petrograd ; le comité exécutif à majorité menchevik/S-R est mis en minorité et Trotski, sorti de prison depuis peu, est élu président du Soviet. La majorité est également conquise à Moscou. D'abord prudent dans ses écrits, Lénine - à qui sa sœur Maria sert de messagère - passe à des propositions plus radicales et envoie au Comité central plusieurs directives qui prônent de prendre rapidement le pouvoir. Il souligne la menace que font peser les troupes allemandes sur la capitale et assure que la situation militaire risque de donner à Kerenski les moyens d'écraser les bolcheviks. En outre, l'impatience de Lénine est principalement motivée par l'approche du scrutin, plusieurs fois repoussé et désormais prévu en novembre, en vue d'élire une assemblée constituante. Une fois l'assemblée élue, un nouveau centre de pouvoir risque d'empêcher les bolcheviks de revendiquer pour eux seuls le statut de représentants du peuple. Alors que la majorité des bolcheviks sont d'accord pour participer à la Conférence démocratique destinée à former un pré-parlement avant l'élection de l'assemblée constituante, Lénine envoie un message exigeant que le lieu de la conférence soit assiégé et ses participants jetés en prison ; sa directive surprend le Comité central, qui s'abstient de la suivre. Au sein du CC, Kamenev est notamment en désaccord avec Lénine ; il considère que les conditions pour instaurer le socialisme en Russie ne sont pas remplies et prône une coalition de tous les partis socialistes. Cette option est un temps compromise par l'échec de la Conférence démocratique, mais Kamenev compte sur une prise du pouvoir par le biais d'un vote du Congrès des Soviets, qui se traduirait très probablement par un gouvernement de coalition socialiste, dont il pourrait apparaître comme une figure dominante157. Afin de prendre de vitesse la formation de l'assemblée constituante, les bolcheviks font annoncer pour la fin octobre le second congrès des Soviets, dont ils manipulent la préparation afin d'y être majoritaires au sein des délégués. Lénine veut au contraire que les bolcheviks prennent le pouvoir avant le congrès des Soviets qui amènerait à un partage du pouvoir avec les autres partis socialistes et risquerait de marginaliser Lénine au profit de Kamenev ; il insiste dans ses lettres sur la nécessité d'un coup de force immédiat.
Le 15 septembre du calendrier julien 28 septembre du calendrier grégorien, le comité central engage la discussion sur deux lettres intitulées Les bolcheviks doivent prendre le pouvoir et Le marxisme et l'insurrection envoyées par Lénine depuis sa retraire de Finlande : toujours marqués par l'échec des journées de juillet, les dirigeants bolcheviks désapprouvent ces appels à la prise du pouvoir. Deux semaines plus tard, Lénine revient à la charge en publiant dans le journal du Parti un article intitulé Le crise est mûre, où il affirme qu'attendre le congrès des Soviets serait une idiotie et une trahison. Exaspéré de ne pas voir ses instructions suivies - le Comité central refuse même une première fois de le laisser rentrer à Petrograd, Lénine finit par quitter incognito la Finlande pour revenir en Russie : rasé, grimé et coiffé d'une perruque, il arrive dans la capitale le 7 octobre 20 octobre du calendrier grégorien.
Trois jours après le retour de Lénine, les membres du Comité central se réunissent dans l'appartement du menchevik de gauche Nicolas Soukhanov dont l'épouse est une militante bolchevik : au bout de dix heures de discussions, et en partie grâce à l'appui de Sverdlov, qui assure qu'un complot militaire est en train d'être fomenté, Lénine parvient à retourner son auditoire et fait voter le principe d'une insurrection armée. Sur douze personnes présentes, seules deux Kamenev et Zinoviev votent contre ; la majorité se rallie à Lénine, notamment sur la foi des rumeurs qui prétendent que Kerenski est prêt à abandonner la capitale aux troupes allemandes.
Les propositions de Lénine continuent cependant de susciter la réticence de certains ; lors d'une réunion tenue six jours plus tard en présence de représentants de l'organisation militaire des bolcheviks, du Soviet de Pétrograd et des organisations de travailleurs, divers participants mettent en garde contre les risques d'une insurrection, dont le secret, médiocrement gardé, fuite rapidement dans la presse des mencheviks. Kamenev confirme lui-même la rumeur quand, à la grande fureur de Lénine, il publie dans le journal de Maxime Gorki un article condamnant le principe d'un soulèvement armé des bolcheviks. Kerenski, de son côté, pense bénéficier du soutien de la troupe, des mencheviks et des socialistes révolutionnaires. Mais, le 21 octobre 3 novembre, la garnison se rallie au Comité militaire révolutionnaire que Trotski a créé au début du mois au sein du Soviet de Petrograd. Le coup d'État des bolcheviks est lancé le trois jours plus tard, à la veille du congrès des Soviets. Les Gardes rouges, détachements armés des bolcheviks, s'assurent le contrôle des points stratégiques de la ville et, au matin du 25 octobre 7 novembre, quelques heures avant l'ouverture du congrès, Lénine fait publier un communiqué du Comité militaire révolutionnaire annonçant la destitution du gouvernement provisoire et convoquant dans la foulée le Soviet de Petrograd pour constituer un pouvoir soviétique : en agissant avant que ne s'ouvre le congrès, Lénine attribue le pouvoir à un comité militaire qui ne dépend en rien du pouvoir des Soviets, et exclut dans les faits tout partage du pouvoir avec les autres organisations socialistes. Dans l'après-midi, Lénine, toujours glabre et méconnaissable, fait sa première apparition publique depuis plusieurs mois lors de la session du Soviet de Petrograd, durant laquelle il proclame que la révolution des ouvriers et des paysans est désormais réalisée. Le Palais d'Hiver, où se sont réfugiés les membres du gouvernement, tombe dans la nuit. Entretemps, protestant contre le fait que les bolcheviks aient réalisé un coup de force avant toute décision du Soviet, les mencheviks et le Bund quittent le congrès. Martov et ses amis, qui cherchaient à constituer un gouvernement de coalition, sont réduits à l'impuissance et quittent eux aussi la salle, laissant le champ libre à Lénine et Trotski. Le congrès vote ensuite un texte rédigé par Lénine, qui attribue tout le pouvoir aux Soviets, donnant à l'insurrection des bolcheviks les apparences de la légitimité.
Peu après minuit, deux heures après l'arrestation des ministres du gouvernement provisoire, le Soviet ratifie deux décrets préparés par Lénine. Le Décret sur la paix invite « tous les peuples et leurs gouvernements » à négocier en vue d'une juste paix démocratique, le but du texte - que les Alliés refuseront de prendre en compte - étant de susciter dans l'opinion internationale suffisamment de remous pour contraindre les gouvernements à rechercher la paix, tout en se plaçant délibérément dans la perspective d'une révolution européenne. Le second texte, le Décret sur la terre, légitime l'appropriation, effectuée depuis l'été par les paysans, des terres cultivables ayant appartenu aux grands propriétaires ou à la couronne, voire aux paysans aisés : ce deuxième décret, qui s'inspire nettement du programme des socialistes révolutionnaires, permet aux bolcheviks de s'assurer, au moins pour un temps, le soutien de la paysannerie. Après la ratification des décrets, un nouveau gouvernement, le Conseil des commissaires du peuple ou Sovnarkom, est constitué, sous la présidence de Lénine.

Victoire des bolcheviks, naissance du communiste international

Mise en place du régime soviétique Affirmation du pouvoir bolchevik
Le premier Conseil des commissaires du peuple ne compte que des bolcheviks,conformément à la volonté de Lénine de ne pas partager le pouvoir avec les autres formations révolutionnaires Le nouveau comité exécutif du Soviet de Petrograd, dans lequel les mencheviks et les S-R refusent de siéger, est composé de bolcheviks et de socialistes révolutionnaires de gauche162. Lénine aurait, selon les dires de Trotski, proposé dans un premier temps que la présidence du Sovnarkom soit confiée à ce dernier, eu égard à son rôle décisif dans la prise du pouvoir ; Trotski aurait cependant refusé, arguant de la légitimité révolutionnaire de Lénine.
Quelques jours après la prise du pouvoir, l'idée de former un nouveau gouvernement de coalition englobant des mencheviks et des S-R semble prévaloir, malgré l'hostilité de Lénine. Un groupe, composé de Zinoviev, Kamenev, Rykov et Noguine, négocie avec les autres socialistes en envisageant d'exclure Lénine et Trotski de la coalition ; Zinoviev, Kamenev et leurs alliés dénoncent notamment les tentatives de Lénine pour faire échouer les négociations, ainsi que son comportement à l'égard des autres socialistes. Dès le 27 octobre, en effet, Lénine fait fermer les journaux d'opposition ; il légalise cette mesure en faisant adopter un décret qui donne aux bolcheviks le monopole de l'information dont le contrôle de la radio et du télégraphe et donne le droit aux autorités de fermer tout journal qui sème le trouble en publiant des nouvelles volontairement erronée. Kamenev - que Lénine fait condamner par le Comité central pour activités anti-marxistes - Zinoviev et plusieurs de leurs amis démissionnent du CC pour protester contre ce manquement aux promesses sur la liberté de la presse. Ils sont cependant rapidement réintégrés, et la question de la coalition oubliée, Lénine ayant réussi à imposer ses vues et à affirmer son autorité personnelle sur le Parti. D'emblée, Lénine envisage de soutenir la révolution par des mesures terroristes : dans l'article Comment organiser l'émulation ?, rédigé en décembre 1917, il appelle les masses à poursuivre un but unique : épurer la terre russe de tous les insectes nuisibles, des puces les filous, des punaises les riches, etc. ... Ici, on mettra en prison une dizaine de riches, une douzaine de filous, une demi-douzaine d'ouvriers qui tirent au flanc .... Là, on les enverra nettoyer les latrines. Ailleurs, on les munira, au sortir du cachot, d'une carte jaune afin que le peuple entier puisse surveiller ces gens nuisibles jusqu'à ce qu'ils soient corrigés. Ou encore on fusillera sur place un individu sur dix coupables de parasitisme.
Dans les jours qui suivent leur coup de force, le pouvoir des bolcheviks apparaît encore très instable. Des combats se poursuivent en effet à Moscou, où la prise du pouvoir est moins aisée qu'à Petrograd, et ils sont confrontés à une grève des fonctionnaires, qui refusent de se soumettre au nouveau gouvernement. Plusieurs semaines sont nécessaires pour briser la réticence de la bureaucratie, progressivement mise au pas via l'arrestation des meneurs de la grève et la nomination de commissaires politiques pour superviser les fonctionnaires ; les hauts fonctionnaires récalcitrants sont remplacés par des militants bolcheviks, ou par des fonctionnaires subalternes sympathisants de la révolution et promus pour l'occasion. Les combats à Moscou tournent à l'avantage des bolcheviks, et la tentative de Kerenski pour monter une contre-offensive échoue totalement. Les premières semaines de pouvoir des bolcheviks s'accompagnent également d'un dessaisissement du Soviet de Petrograd, auquel Lénine n'entend pas laisser de pouvoir réel. Le Sovnarkom prive rapidement les délégués soviétiques d'influence en s'arrogeant le droit de gouverner par décret en cas d'urgence et le Soviet se réunit de moins en moins fréquemment, alors que le gouvernement de Lénine se réunit plusieurs fois par jour.
Le lendemain de la révolution d'Octobre, Lénine annonce que le nouveau régime sera fondé sur le principe du contrôle ouvrier : les modalités de celui-ci sont fixées par décret fin novembre ; dans chaque ville est créé un Conseil du contrôle ouvrier, subordonné au Soviet local. Le Conseil national du contrôle ouvrier prévu par le décret est cependant, d'emblée, subordonné au Conseil suprême de l'économie nationale, qui dessaisit les ouvriers de tout pouvoir de contrôle réel. À la mi-décembre 1917, le Sovnarkom commence à nationaliser les entreprises industrielles. Un ensemble de décrets sont pris dans les mois qui suivent pour modifier la société russe : entre autres décisions, l'Église et l'État sont séparés, le divorce facilité et l'État-civil laïcisé. Au moment de la révolution d'Octobre, durant une absence de Lénine, la peine de mort a par ailleurs été abolie, au grand déplaisir du dirigeant bolchevik qui la juge indispensable dans le contexte de la Russie.
Le nouveau régime entreprend également de redéfinir les rapports entre les nationalités de l'ex-empire russe. Le Sovnarkom, où Staline occupe le poste de commissaire aux nationalités tente de mettre en œuvre les conceptions de Lénine, qui vise une unité socialiste des nations : en novembre 1917, la Déclaration des droits des peuples de Russie affirme le principe de l'autodétermination des peuples et de l'union volontaire et honnêtes des peuples de Russie, tous proclamés égaux. Le texte pose, sans y apporter de réponse, la question de l'organisation du nouvel État, dont on ne sait encore s'il doit être centralisé ou fédéral. En janvier 1918, la Déclaration des droits des masses laborieuses et exploitées, adoptée par le 3e congrès des Soviets, stipule que toutes les nations pourront décider si et sur quelles bases elles rejoindront les institutions fédérales soviétiques : le principe fédéral, que Lénine avait jusqu'alors repoussé, s'impose dans les faits pour éviter la désintégration de l'ex-empire, où se manifestent de nombreuses volontés d'indépendance. L'union des peuples au sein de l'État soviétique est décidée par le biais du congrès des Soviets de chaque nationalité ; Lénine conçoit la fédération comme une étape transitoire avant la révolution mondiale, le but devant être, à ses yeux, le dépassement des différences nationales en vue d'une union internationale des travailleurs au sein du mouvement révolutionnaire. Les espoirs de Lénine d'une union volontaire des peuples à la faveur de l'autodétermination ne se réalisent cependant pas : l'ancien empire se disloque rapidement, les indépendantismes tirant souvent profit des diverses interventions étrangères. Les différentes puissances européennes appuient en effet les indépendances locales, afin notamment de se protéger de la contagion bolchévique en constituant un glacis territorial aux frontières de la Russie. La Pologne se trouve en état d'indépendance de fait ; la Finlande emprunte également cette voix de même, grâce au soutien des Allemands, que les trois Pays baltes Lettonie, Estonie, Lituanie et l'Ukraine ; la Géorgie où les mencheviks locaux prennent le pouvoir proclame elle aussi son indépendance, tout comme les autres territoires du Caucase et des peuples comme les Kazakhs et les Kirghizes
En Russie même, les bolcheviks tirent profit d'un double processus, qui leur permet d'affermir progressivement leur maîtrise de l'État : tandis qu'ils centralisent les leviers du pouvoir exécutif, la délégation du pouvoir local aux Soviets, comités de soldats et organisations ouvrières contribue à démanteler les anciennes structures sociales. Durant six mois, les campagnes russes vivent une expérience unique de pouvoir paysan sur fond de redistribution des terres, la paysannerie étant confortée par le décret. Sur le front, l'action des comités de soldats, encouragés par les bolcheviks, vise à empêcher les officiers de l'ancienne armée tsariste d'agir contre le nouveau régime. Le 5 décembre, le Comité militaire révolutionnaire est dissous et remplacé par la Tchéka, nouvel organisme chargé de la sécurité, dirigé par Félix Dzerjinski.
Les bolcheviks avaient, durant les mois précédant la révolution d'octobre, reproché au gouvernement provisoire de repousser l'élection d'une Assemblée constituante chargée de mettre en place les nouvelles institutions. Lénine, malgré son peu d'estime pour la démocratie électorale, honore la promesse de son parti et le scrutin est convoqué : l'élection de novembre se solde cependant par une nette victoire des socialistes révolutionnaires, qui restent le parti le plus populaire au sein de la paysannerie. Les bolcheviks et leurs alliés socialistes révolutionnaires de gauche envisagent dès lors de dissoudre l'assemblée. Lénine rédige en décembre ses Thèses sur l'Assemblée constituante, dans lesquelles il affirme que, les intérêts de la révolution étant supérieurs à ceux de l'Assemblée, celle-ci doit se soumettre au gouvernement révolutionnaire ou bien disparaître. Le gouvernement commence par réduire une partie des opposants au silence : les principaux dirigeants du Parti constitutionnel démocratique sont arrêtés et décrétés ennemis du peuple : le parti est interdit, sort qui est par la suite celui de l'ensemble des autres formations politiques. L'Assemblée constituante se réunit finalement le 18 janvier 5 janvier du calendrier julien 1918 ; quelques heures avant, les troupes des bolcheviks dispersent à coups de feu une manifestation qui protestait contre les menaces de coup de force, causant une dizaine de morts. L'Assemblée élit à sa présidence le S-R Viktor Tchernov, contre la S-R de gauche Maria Spiridonova que soutenaient les bolcheviks, et entreprend d'annuler les décrets d'octobre. Dès le lendemain, la constituante est déclarée dissoute et son bâtiment fermé par les Gardes rouges. Le Conseil des commissaires du peuples restreint ensuite les attributions du Congrès des Soviets et crée, comme organe permanent des Soviets, un Præsidium entièrement contrôlé par les bolcheviks : le pouvoir par en bas des Soviets cesse dès lors d'exister. Les bolcheviks, qui assimilent la volonté de leur parti à la conscience populaire, sont désormais libres de décider seuls de la forme des institutions futures.

La paix de Brest-Litovsk Traité de Brest-Litovsk.

La principale urgence pour le nouveau régime demeure, fin 1917 - début 1918, la guerre qui continue contre les armées des Empires centraux. Un armistice temporaire est conclu et des pourparlers entre le gouvernement bolchevik, l'Empire allemand, l'Autriche-Hongrie et l'Empire ottoman, s'engagent à Brest-Litovsk. La direction des bolcheviks est divisée sur la ligne à adopter lors des négociations pour aboutir à la paix : Lénine penche pour la signature immédiate d'une paix séparée pour « sauver la révolution, tandis que Boukharine refuse un tel traité et préconise une guerre révolutionnaire, dont il pense qu'elle pourra susciter un soulèvement du prolétariat européen. Trotski, commissaire aux affaires étrangères, propose de proclamer que la Russie se retire du conflit, sans pour autant signer la paix. Lénine, opposé à cette solution, la préfère cependant à celle de Boukharine. Le 10 février, Trotski met fin aux pourparlers, en annonçant la fin de l'état de guerre. Conformément aux craintes de Lénine, les Empires centraux relancent alors l'offensive : Lénine propose de demander une paix immédiate, mais son option est rejetée à une voix de majorité par le Comité central. Le prolétariat allemand, dont Trotski préconisait d'attendre la réaction, ne se soulève pas ; devant la rapidité de l'avance des troupes ennemies, Lénine réussit finalement à faire adopter sa ligne par le CC. Le traité de Brest-Litovsk est signé le 3 mars, contraignant la Russie à retirer ses troupes de l'Ukraine tenue par les indépendantistes et d'abandonner toute prétention sur la Finlande et les Pays baltes. Lénine, comme Boukharine, continue de viser la révolution à l'échelle mondiale ; il considère néanmoins cette paix comme indispensable pour éviter l'écrasement de la Russie soviétique, qui n'a pas encore les moyens de se défendre militairement. Le régime soviétique, sauvé du désastre, peut prendre plusieurs décisions : lors d'un congrès extraordinaire, les bolcheviks adoptent le nom de Parti communiste de Russie bolchevik ; Lénine craignant que les empires centraux ne reprennent tout de même leur avance, le siège du gouvernement est transféré de Petrograd à Moscou, où le Sovnarkom est installé au Kremlin. Lénine lui-même s'installe dans l'ancien bâtiment du Sénat, en compagnie de son épouse et de sa sœur Maria. La paix de Brest-Litovsk, si elle apporte au gouvernement révolutionnaire le répit qu'escomptait Lénine, vaut cependant à ce dernier d'être attaqué par la ligne des communistes de gauche » réunis autour de la revue Kommunist, dirigée notamment par Boukharine. Les socialistes révolutionnaires de gauche, hostiles au traité, cessent également toute coopération avec les bolcheviks.
Dans le courant de l'année 1918, la proclamation, avec le soutien de la Russie soviétique, d'un gouvernement socialiste en Finlande, paraît confirmer les idées de Lénine : après l'autodétermination du pays, l'autodétermination des travailleurs montrera que les ouvriers sont capables de décider seuls de leur destin et de rejoindre le camp révolutionnaire. Mais les espoirs de Lénine sont rapidement déçus ; la défaite des Gardes rouges finlandais au cours de la guerre civile de 1918 met fin à l'expérience et la Finlande reste en dehors du champ d'influence de la Russie soviétique

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Posté le : 07/11/2015 22:28
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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