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Accueil >> newbb >> Pierre Drieu La Rochelle [Les Forums - Histoire de la Littérature]

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Pierre Drieu La Rochelle
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Le 3 janvier 1893 naît Pierre Drieu la Rochelle

dans le Xe arrondissement de Paris et mort par suicide dans la même ville le 15 mars 1945, écrivain français de roman, essai, journal. Ses Œuvres principales sont Le Feu follet en 1931, La Comédie de Charleroi en 1934, Gilles en 1939.
Ancien combattant de la Grande guerre, romancier, essayiste et journaliste, dandy et séducteur, européiste avant la lettre, socialisant puis fascisant, il fut de toutes les aventures littéraires et politiques de la première moitié du XXe siècle et s'engagea en faveur de la Collaboration durant l'Occupation de la France par l'Allemagne nazie. Directeur de La Nouvelle Revue française à la demande de Gaston Gallimard, en remplacement de Jean Paulhan qui devient son assistant et son ami, Drieu sauve la vie de plusieurs écrivains prisonniers parmi lesquels Jean-Paul Sartre, dont il aurait facilité la libération selon Gilles et Jean-Robert Ragache, et Jean Paulhan, qu'il aide à s'enfuir. Très séduisant, Drieu connaît auprès des femmes un mal-être qui se manifeste par une sorte d'impuissance à trouver du plaisir. Louis Aragon n'est pas insensible à son charme, malgré leurs opinons politiques qui deviendront opposées par la suite. Il crée même un personnage ayant les caractéristiques de Drieu : Aurélien, qui a la même ambiguïté et qui incarne d'une certaine manière le mal du siècle romantique. Il est, comme le dit Maurizio Serra dans Les Frères séparés, Drieu la Rochelle, Aragon, Malraux, face à l'Histoire, un égaré. Les œuvres de Drieu ont pour thèmes la décadence d'une certaine bourgeoisie, l'expérience de la séduction et l'engagement dans le siècle, tout en alternant l'illusion lyrique avec une lucidité désespérée, portée aux comportements suicidaires. Le Feu Follet 1931, La Comédie de Charleroi 1934 et surtout Gilles 1939 sont généralement considérés comme ses œuvres majeures.

En bref

De l'entre-deux-guerres français, des fastes et misères de sa bourgeoisie, aucun témoin plus intéressant que cet écrivain admirablement intelligent et doué, mais rongé, dès sa naissance, d'une sorte de maladie de vivre incurable qui lui fit entreprendre une série d'expériences promises invariablement à l'échec et le conduisit au suicide.
Né à Paris en 1893 de parents qui ne s'étaient jamais aimés et qui se déchirèrent sans avoir le courage de divorcer, Drieu a raconté dans Rêveuse bourgeoisie (1937), un de ses romans les plus accomplis, tout ce qu'il avait vu de ses yeux d'enfant, l'horreur du spectacle quotidien de l'adultère, de la jalousie, des disputes et des tracas d'argent – et sans doute faut-il voir dans cette traumatisante initiation l'origine de son désenchantement. Drieu, dans son Récit secret, fait remonter à l'âge de sept ans sa première tentative de suicide. Décollé pour ainsi dire de lui-même et cherchant à combler cette béance dans toutes les aventures que lui présentait son siècle, le voilà, sous les apparences viriles qu'il se voulait donner, en réalité la proie des moindres vents, illusions et duperies en cours (y compris les voitures, les comtesses, l'argent, les boîtes).
Il partit pour la guerre de 1914 – où il fut blessé deux fois – avec l'élan du faible qui cherche à se prouver qu'il existe, mais découvrit bientôt l'immense duperie de ce massacre. « Quelle ressemblance entre mes rêves d'enfance où j'étais un chef, un homme libre qui commande et qui ne risque son sang que dans une grande action, et cette réalité de mon état civil qui m'appelait, veau marqué entre dix millions de veaux et de bœufs ? » Dans cette phrase, tirée de La Comédie de Charleroi (1934), tenue en général pour son chef-d'œuvre, on trouve tout Drieu : un homme à la fois trop lucide pour ne pas découvrir ses erreurs et trop inconsistant, ou trop blessé, pour ne pas éprouver le besoin de se travestir en chef, en héros.
Outre la littérature, Drieu s'est donné à deux passions : les femmes, la politique. Marié deux fois, deux fois démarié, nouant et dénouant d'incessantes liaisons, « homme couvert de femmes » selon un de ses titres, il savait à quoi s'en tenir sur sa réputation de don Juan, et il est probable qu'elle ne lui a servi qu'à se désoler davantage sur sa fondamentale impuissance à s'attacher un être, quel qu'il soit. « Pas d'argent, pas d'amis, pas de femme, pas d'enfants, pas de dieu, pas de métier », notait-il dans Le Jeune Européen (1927), un de ses textes où il est le plus difficile de faire la part de l'autobiographie et de l'invention. Peu de livres comme ceux de Drieu reflètent aussi étroitement la destinée de leur auteur : encore doit-on se souvenir que, suivant la pente où l'entraînait son masochisme, il ne prêtait à ses héros que les traits les moins fameux, les plus déplaisants de lui-même.
Cette remarque vaut particulièrement pour Gilles (1939), le grand roman autobiographique où Drieu a raconté, avec le minimum de transposition, plusieurs de ses aventures féminines. Gilles, amateur de prostituées comme tous les hommes marqués précocement par une dissociation entre l'amour et la sexualité, fuit les femmes de son milieu, à moins qu'elles ne satisfassent aux deux conditions suivantes : qu'elles aient de l'argent, beaucoup d'argent, et qu'elles appartiennent à un autre homme. Tant il est vrai que la femme riche mariée est la maîtresse idéale pour un amant faible, doutant de soi et ennemi secret du sexe antagoniste. Certes, il faut faire la part, dans le programme de Gilles, de la provocation cynique. Mais il ne s'agit pas seulement d'un programme : Gilles revendique comme un choix le destin que sa nature lui impose. Hochet aux mains des femmes de luxe, il ne se délecte que plus amèrement de sa radicale insuffisance.

Sa vie

Son père, avocat, est issu d'une vieille famille normande, sa mère Eugénie-Marie Lefèvre est la fille d'un architecte. Installée dans la Cité Malesherbes, la famille est déchirée par les problèmes conjugaux et les questions financières. Il est le neveu de l'artiste et poète Maurice Dumont.
Le père est retourné chez sa vieille maîtresse après avoir dilapidé la dot de sa femme. Le père de madame est le seul refuge affectif de l'enfant.
Nourri par la lecture de Stendhal et de Barrès notamment, il a très tôt le goût de l'écriture. Il entre à l'École libre des sciences politiques et se destine à une carrière dans la diplomatie. Contre toute attente, il échoue à l'examen de sortie et songe à se suicider.
Le garçon a beaucoup de mal à comprendre les dreyfusards et antidreyfusards, et l'antisémitisme virulent de sa grand-mère Lefèvre le fait douter. Il a douze ans lorsqu'éclate le scandale des fiches du général André : le conservatisme de sa famille s'exprime alors très ouvertement.

Le combattant de la Grande guerre

Il est mobilisé dès le début de la Première Guerre mondiale et vit son expérience au front sur un mode nietzschéen il a emporté le Zarathoustra avec lui. Blessé à trois reprises, il s'inspirera de cette expérience pour ses premiers textes comme Fond de cantine et, plus tard, La Comédie de Charleroi, recueil de nouvelles publié en 1934.
Il épouse en 1917 la sœur d'un condisciple d'origine juive, Colette Jéramec 1896-1970, dont il divorcera en 1925. Dans ses carnets d’étudiant, il avait écrit : Deux êtres que je passerai ma vie à découvrir : la femme et le Juif.
D'abord attiré par le pacifisme, il se mêle aux surréalistes dans les années 1920 lorsque sa femme Colette lui présente Louis Aragon avec lequel il se brouillera en 1925 pour une femme. Il inspirera plus tard à Aragon le personnage d'Aurélien. Son admiration pour Aragon le tient à l'écart de toute tentation d'adhésion à l'Action française. Selon Dominique Desanti, ce n'est que beaucoup plus tard que Drieu sera tenté par les théories nationalistes.

L'ami des dadaïstes et des surréalistes

L'épisode de son adhésion au mouvement Dada en compagnie de Louis Aragon, compagnon de route, avec qui il est alors ami, est très mal connu du grand public7. Il assiste aux réunions chaque fois que ses conquêtes féminines lui en laissent l'occasion. En juin 1921, Maurice Martin du Gard brosse un portrait de Drieu qui sait faire une grâce de sa muflerie, dont la tendresse sérieuse est gênante, et qui a une allure de somnambule extralucide. Martin du Gard est fasciné par ce garçon qu'il emmène dans les bars et les boîtes de nuit. Mais Drieu prouve qu'il n'est pas le dilettante que l'on croit.
Lors du procès de Maurice Barrès, il est présent le vendredi 13 mai 1921 dans la salle des Sociétés savantes louée par les Dadas rue Serpente. Une sorte de procès de Barrès est organisé avec André Breton déguisé en président du tribunal, tandis qu'Aragon joue les avocats et Georges Ribemont-Dessaignes le procureur. Très vite, la pagaille éclate dans la salle où Tristan Tzara chante en roumain, le futuriste Giuseppe Ungaretti proteste en vain. Lorsque André Breton lui demande s'il a été voir Barrès, Drieu répond que oui ; pourtant, il refuse la condamnation demandée par Breton. Après les premières réponses évasives de Drieu, un jeu de questions-réponses s'instaure entre Drieu et Breton. Celui qui régnait déjà sur les dadas surréalistes lui dédicace son livre Clair de terre avec cette phrase : À Pierre Drieu la Rochelle. Mais où est Pierre Drieu la Rochelle ?.
Drieu assiste aussi aux réunions du groupe Littérature, une revue à laquelle le jeune auteur collabore. Il est encore au théâtre de l'Œuvre lorsque Breton apparaît sur scène en homme-sandwich avec le Manifeste DaDa et des vers de Picabia. Toutes ces pantalonnades à but littéraire laissent Drieu amer. Il écrit dans son journal que le statut d'écrivain qu'on lui prête est une imposture puisqu'il n'a publié aucun livre.

Le jeune Européen

Pour se connaître et se décrire, Drieu confie à Mauriac son projet d'écrire un livre intitulé Histoire de mon corps. Le projet n'aboutira pas, mais l'aspect autobiographique se retrouvera dans État civil en 1921. Il se fait connaître, en 1922, par un essai remarqué sur l'affaiblissement de la France après la Grande guerre, Mesure de la France. Sans se départir complètement d'un nationalisme classique, il y apparaît comme occidentaliste et philosémite : Je te vois tirant et mourant derrière le tas de briques ; jeune Juif, comme tu donnes bien ton sang à notre patrie.
Il publie en 1925 son premier roman, L'Homme couvert de femmes, qui comporte une forte part d'autobiographie. Sur le plan politique, il esquisse l'année suivante dans La Revue hebdomadaire le programme pour une Jeune Droite qui se veut au-dessus des partis, républicaine et démocratique, Car les hommes ne doivent pas compter sur un homme pour se tirer d'affaire, … il faut que l'élite en France se sauve d'elle-même. Elle se veut aussi anti-militariste, déiste mais anticléricale, unie, mais ennemie de l'intolérance. Ce programme et le mot droite ne choquent pas son ami André Malraux.
Malraux et Drieu se retrouvent souvent chez leur ami commun Daniel Halévy, auquel Drieu avait consacré en 1923 un éloge de son livre sur Vauban. Malraux a déjà publié dans la NRF La Tentation de l'Occident qui semble répondre au jeune européen et à l'ensemble des textes publiés sous le titre Genève ou Moscou, que Drieu publie en 1927 dans les Cahiers verts Grasset dirigés depuis 1921 par Daniel Halévy. En gros, Malraux et Drieu ont une profonde communauté de dessein, même si les divergences politiques restent sous-jacentes. Ce n'est qu'à partir de 1934 que Drieu saura que l'esprit de Genève est perdu. Il croira alors que le socialisme européen ne peut arriver que par le fascisme. Cependant, il mettra un certain temps à abandonner l'idée de regrouper les jeunes gauches qu'il a conçue avec Gaston Bergery, mais qui ne débouche sur rien de concret.
Malgré les avances des membres de l'Action française qui invitent Drieu à se joindre à eux, le jeune écrivain reste en retrait, d'autant qu'Aragon, avec lequel il va bientôt se brouiller pour une question de femme, le prévient : Tu sais que je tiens les gens de l'action française pour des crapules.
Drieu est dans une position impossible, contradictoire, entre l'Action française dont les idées l'attirent d'une certaine manière, le socialisme de Léon Blum, et le conservatisme moderniste de Joseph Caillaux.
En 1924, Drieu est encore très lié avec les surréalistes. À Guéthary où il a loué une maison, séjournent ensemble, ou successivement : Philippe Soupault, Paul Éluard, Aragon, Jacques Rigaut, André Breton, Roger Vitrac, René Crevel, Robert Desnos, Max Ernst. Bien que Drieu ne partage pas leurs opinions, il accueille tout le monde.

L'homme couvert de femmes

Dès 1925, Drieu mène une vie mondaine sans répit. Il fréquente les salons avec sa maîtresse, la comtesse Isabel Datonote 4 et il multiplie les conquêtes féminines. Il assiste d'abord aux dîners NRF auxquels il se rend avec sa maîtresse. Mais en février 1929, il rencontre chez elle la femme de lettres argentine Victoria Ocampo, avec laquelle il a une courte liaison. Ils entretiendront par la suite une longue correspondance en dépit de leurs divergences idéologiques.
Marié deux fois, il divorce aussi deux fois : son mariage d'intérêt contracté en 1917 avec Colette Jéramec, qu'il n'appréciait déjà plus, prend fin en 1925 il la fera néanmoins libérer du camp de Drancy en 1943 ainsi que le fils et le frère de celle-ci, et sa seconde union en 1927 avec la fille d'un banquier Polonais ruiné, Olesia Sienkiewicz 1904-2002, se solde par une séparation dès 1929 et un second divorce en 1933. Au milieu des années 1930, il deviendra l'amant de Christiane Renault, l'épouse de l'industriel Louis Renault, et évoquera cette liaison de manière romancée dans Béloukia. Mais cette soif de séduction cache un problème sexuel et psychologique dont on a peu parlé18, et sur lequel Pierre Assouline donne quelques pistes de réflexion à la lecture des Notes pour un roman sur la sexualité publié chez Gallimard L’homme que l’on disait couvert de femmes était hanté par l’impuissance, le contact charnel, la souillure féminine, les dangers des débordements sensuels, les caresses, la fellation et une homosexualité difficilement refoulée. Agité de tourments du même ordre, Cesare Pavese se donna la mort, lui aussi, mais non sans laisser, lui, un chef d’œuvre intitulé Le Métier de vivre. Parmi ses conquêtes se trouve Suzanne Tezenas qui eut une liaison avec Nicolas de Staël.
Entre 1929 et 1931, toujours en compagnie d'une de ses maîtresses, Drieu assiste aux dîners de la NRF tantôt chez Paulhan, tantôt chez Arland, et il se retrouve avec le gratin du monde littéraire, notamment André Malraux, Jean Guéhenno, François Mauriac, Georges Bernanos et bien d'autres dont les idées ne vont pas développer le fascisme de Drieu, qui n'est d'ailleurs toujours pas très évident.

L'intellectuel qui se cherche

Avant le tournant de 1934, il cultive encore des idées républicaines et progressistes. En 1931, il se moque vigoureusement des théories racistes. La même année, il expose une appréciation positive d'André Gide, plus discrètement, plus profondément, plus raisonnablement français que nos francophiles de France, un philosophe au sens socratique du mot, ou un honnête homme. En juin 1933, Bernard Lecache le salue parmi les personnalités qui, au côté de la LICA, mènent le combat contre l’antisémitisme et le fascisme.
Après un voyage en Argentine, le 6 janvier 1934, où il est accueilli chaleureusement par Jorge Luis Borges, Drieu peut mesurer l'importance de sa réputation littéraire, notamment celle du Feu follet. Tandis qu'en France la critique est mesurée, à Buenos Aires les articles abondent. Avec son ami Emmanuel Berl et Gaston Bergery, il a l'idée d'un parti qui unirait les jeunes gauches, plus toniques que les socialistes, moins inféodés que les communistes. Drieu mettra longtemps à abandonner tous ces groupes. Il participe à des rassemblements du Mouvement pour l'antifascisme, rassemblement dit Amsterdam-Pleyel auquel assistent également des membres de l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires dont Aragon et Malraux sont des membres assidus. À cette époque les hommes de sa génération cherchaient de droite et de gauche un apaisement à leur mauvaise conscience. Bernanos venait de prendre position ouvertement en faveur de l'Espagne républicainenote 5. Ceux du groupe de Drieu et de Bertrand de Jouvenel cherchent à construire une mythologie complexe et irréaliste noblesse, chevalerie, amour courtois…. Il développera plus tard 1941 ces idées dans Notes pour comprendre le siècle, les conversations avec Emmanuel Berl, Bertrand de Jouvenel, Gaston Bergery, Emmanuel d'Astier de La Vigerie.
En 1933, ses amis, Malraux surtout, tentent d'intéresser Drieu au combat contre Hitler qui vient de prendre le pouvoir. L'incendie du Reichstag alimente la légende des terroristes communistes alors que ce sont les SA sections d'assaut qui ont propagé l'incendie allumé par van der Lubbe. Drieu, déjà fasciné par les démonstrations de force hitlériennes, ne s'intéresse pas à ces manipulations de l'opinion.

Le socialiste fasciste

Dans les semaines qui suivent les manifestations du 6 février 1934, il va à Berlin avec son ami Bertrand de Jouvenel, lequel est très engagé dans une amitié franco-allemande, et il souhaite une renaissance nationale et sociale. Drieu est invité par le cercle du Sohlberg ; l'homme qui l'accueille, Otto Abetz, admire ses écrits et lui demande une conférence. À la suite de son voyage à Berlin, Drieu cherche à faire admettre le fascisme à ses amis de la gauche, mais il est violemment rejeté. Une succession de scandales ont contribué à rendre l'atmosphère étouffante : l'affaire Marthe Hanau la banquière des années folles 1928, suivie de l'affaire Stavisky. Les manifestations se sont succédé jusqu'au 6 février 1934. Les jeunes rêveurs Gilles et Aurélien qui faisaient partie de la personnalité de Drieu disparaissent. Drieu se tourne vers les mouvements d'anciens combattants et il se déclare à la fois socialiste et fasciste, voyant dans ce syncrétisme idéologique une solution à ses propres contradictions et un remède à ce qu'il regarde comme la décadence occidentale.
En octobre 1934, il publie l'essai Socialisme fasciste, et se place dans la lignée du premier socialisme français, celui de Saint-Simon, Proudhon et Charles Fourier. Ces textes sont échelonnés de 1933 à 1934. Tout cela le conduit à adhérer en 1936 au Parti populaire français, fondé par Jacques Doriot, et à devenir, jusqu'à sa rupture avec le PPF au début de 1939, éditorialiste de la publication du mouvement, L'Émancipation nationale. Parallèlement, il écrit ses deux romans les plus importants, Rêveuse bourgeoisie et Gilles. Il est membre du Comité de direction de l'Association du Foyer de l’Abbaye de Royaumont. Mais au moment même où les totalitarismes s'affermissent, Drieu imagine que peu à peu, l'État totalitaire se disloque32. Il ne voit plus aucune différence entre mussolinisme, hitlérisme, et stalinisme. Selon Dominique Desanti :
« tout le Drieu de la défaite et de l'Occupation se trouve inclus dans Socialisme fasciste.
Dès 1934, Drieu sait qu'il n'y a pas de salut pour ceux de son espèce :
Nous autres, les conciliateurs, les faiseurs de nœuds, il y a des balles pour nous aussi, et tant d'injures que c'en est une plénitude.
Julien Benda, auteur de La Trahison des clercs, applaudit la noblesse d'âme de Drieu, contredisant ainsi les idées qu'il expose dans son livre.

Le directeur de la NRF

De 1925 à juin 1940, Jean Paulhan dirige la NRF, principale revue littéraire d'Europe, signant un certain nombre d'articles sous le pseudonyme de Jean Guérin. Mais en 1940, les éditons Gallimard sont mises sous scellés, des livres à l'index : il y a trop de juifs, trop de communistes, trop de francs-maçons selon les autorités allemandes. Otto Abetz, ambassadeur allemand ami de Pierre Drieu La Rochelle, propose à Jean Paulhan de continuer à diriger la revue, ce que Paulhan refuse, vu le nombre d'écrivains écartés. Cependant il accepte de collaborer avec Drieu qui sera directeur à sa place. Drieu voit dans la NRF un pis aller. Il prend la direction de la revue avec un contrat confortable et l'assurance de l'appui de Paulhan. Le dandy aux idées nationales socialistes » dresse la liste des écrivains prisonniers, dont Sartre fait partie, et obtient leur libération. Paul Léautaud découvre avec effarement que Paulhan éprouve une vive sympathie pour Drieu qu'il décrit à Gaston Gallimard comme un garçon plutôt timide, très droit, très franc. Il était déjà antisémite avant la guerre. Il n'y aura plus aucun juif dans la revue dit Paulhan. Paulhan se dit anti-pacifiste, anti-démocrate, anti-républicain et il n'a aucun goût pour le libéralisme. Curieusement en ces premiers mois, Paulhan futur fondateur de Lettres Françaises revue clandestine, avec Aragon, semble plus proche de Drieu que des communistes. Le goût du paradoxe chez Paulhan va loin, Drieu le trouve surréaliste.
En attendant, les deux hommes doivent se battre pour former un comité d'écrivains : Louis Aragon refuse de participer, Paul Claudel demande que soit d'abord évincé ce putois de Montherlant… Et pour couronner le tout, Paulhan est dénoncé à la Gestapo : il devra s'enfuir avec l'aide de Drieu. Toutefois, sa réflexion sur le fascisme de Drieu est assez nuancée. Il lui écrit :
J'en conclus que s'il se révélait, du jour au lendemain, une France, - jusqu'ici secrète par force- mais spartiate, mais militaire, mais disciplinée, vous cesseriez aussitôt d'être collaborationniste. Puisque vous ne le restez que faute de cette France-là. Si cette France se prépare, à vrai dire, je n'en sais trop rien. Amicalement

L'égaré désabusé

À partir de 1943, Drieu la Rochelle, revenu de ses illusions qu'il expose d'abord dans L'Homme à cheval - une fable sur les rapports entre l'artiste et le pouvoir - puis dans Les Chiens de paille - où il se représente sous les traits d'un ancien anarchiste nommé Constant -, tourne ses préoccupations vers l'histoire des religions, en particulier les spiritualités orientales. Dans un ultime geste de provocation, il adhère pourtant de nouveau au PPF, tout en confiant à son journal secret son admiration pour le stalinisme qu'il compare au catholicisme. Dans ce même journal, il n'évoque pas certains aspects de sa vie privée comme le fait qu'il soit devenu, à la demande de Josette Clotis, la compagne d'André Malraux, le parrain d'un de leurs deux enfants.
À la Libération, il refuse l'exil ainsi que les cachettes que certains de ses amis, parmi lesquels André Malraux, lui proposent. Il tente de se suicider le 11 août 1944 avec du luminal, puis fait une seconde tentative quatre jours plus tard en s'ouvrant les veines. Après deux suicides manqués, il se donne la mort rue Saint-Ferdinand à Paris le 15 mars 1945 en avalant du gardénal qui est à l'instar du luminal une forme de phénobarbital. Lucien Combelle a été l'un des derniers témoins de son suicide. Drieu est enterré dans le vieux cimetière de Neuilly-sur-Seine.

Drieu et la politique

Raté sexuel, Drieu, s'en étonnera-t-on ? a cherché dans la politique l'ordinaire consolation des mous. Incapable de s'attacher virilement une femme, il se donna fémininement à un parti, le parti qui lui paraissait le plus fort, le plus mâle. C'est après le 6 février 1934 qu'il passa définitivement au fascisme, après avoir hésité longtemps entre le fascisme et le communisme. Le fascisme, il le pratiqua comme un sport, comme un alcool, comme une sorte de remède magique à ses propres contradictions. Il ne souhaita le triomphe de l'homme totalitaire que parce qu'il se sentait lui-même mortellement divisé. Après la défaite de 1940, il se rallia, comme on sait, à la collaboration franco-allemande, mais ce qu'on sait moins, c'est la déception, le dégoût que lui inspirèrent bientôt Hitler, la politique pétainiste, son propre rôle. Directeur de la Nouvelle Revue française sous l'Occupation, il usa de son crédit pour sauver de la mort plusieurs résistants de ses amis. Trop lucide pour ne pas voir la catastrophe vers laquelle il courait, mais dédaignant par élégance de virer de bord quand il eût été encore temps, épris désormais de son seul désastre, il s'empoisonna, au lendemain de la Libération, moins pour échapper à la honte d'un procès que parce que, depuis toujours, le suicide était la seule manière de coïncider avec lui-même.
Décevant et fascinant, fascinant malgré lui et décevant par sa faute, ployant comme une tige trop frêle sous l'abondance même de ses dons, Drieu laisse des livres qui ne sont qu'à moitié réussis. Son chef-d'œuvre, avec La Comédie de Charleroi, est sans doute L'Intermède romain, longue nouvelle (publiée à titre posthume dans les Histoires déplaisantes, 1964) qui tient des mémoires, de l'essai et de la fiction, et place Drieu dans la lignée de Constant, de Baudelaire, des anxieux sauvés par l'analyse, beaucoup plus que dans celle des « chefs », Nietzsche ou Malraux. Indolent, relâché, comme dédaigneux de se parfaire, le style n'en est pas moins d'un grand écrivain. C'est dans cette nouvelle, récit d'une liaison où il se donne, bien entendu, le vilain rôle, qu'il se définit, pour marquer sa froideur, son dandysme en amour, non pas « cœur de pierre » mais « cœur de lièvre ». Un beau lièvre, qui aura vécu et qui sera mort pour rien, sinon pour la volupté de se surprendre en mal, de s'humilier. On réédite ses livres et on continue de publier ses ouvrages posthumes : nul doute que le personnage et son œuvre n'attirent sans cesse de nouveaux fidèles, séduits par le mystère d'un homme qui s'est si mal aimé. Dominique Fernandez

Postérité

Ses œuvres ont été éditées dans la bibliothèque de la Pléiade en avril 2012. Malgré sa réputation sulfureuse qui alimentait les clichés faciles et qui a suscité dans la presse des articles outrés Un collabo au Panthéon, titre un article de Marianne, tandis que d'autres sont plus nuancés, Philippe Sollers se demande s'il faut craindre une réhabilitation de Drieu la Rochelle avec cette édition : ... Faut-il craindre, avec cette Pléiade, on ne sait quelle réhabilitation qui favoriserait le fascisme en France ? Des imbéciles automatiques ne manqueront pas de le dire, mais, à s’en tenir là, on est dans Pavlov, et on sait bien que le silence et la censure ne font qu’aggraver les fantasmes.

Å’uvres

Pierre Drieu la Rochelle
Sauf précision contraire, les œuvres de Drieu la Rochelle ont été publiées par Gallimard, à Paris
Interrogation, 1917. recueil de 17 poèmes ; réédition à La Finestra éditrice, Lavis.
Fond de cantine, 1920. recueil de 25 poèmes
État civil, 1921. récit autobiographique
La Valise vide 1921; nouvelle, contenue dans Plainte contre inconnu
Mesure de la France, préface de Daniel Halevy ; Grasset, coll. Les Cahiers verts, 1922. essai
Plainte contre inconnu, 1924. recueil de 4 nouvelles
L'Homme couvert de femmes, 1925. roman
La Suite dans les idées, 1927. essai
Le Jeune Européen, 1927. essai
Genève ou Moscou, 1928. essai
Blèche, 1928. roman
Une femme à sa fenêtre, 1929. roman
L'Europe contre les patries 1931. essa ; réédition à La Finestra éditrice, Lavis
Le Feu follet 1931, réédité en 1964 avec un court texte inédit retrouvé après sa mort : Adieu à Gonzague. roman
Drôle de voyage, 1933. roman
Journal d'un homme trompé 1934. recueil de 12 nouvelles
La Comédie de Charleroi 1934. recueil de 6 nouvelles
Socialisme fasciste, 1934. essai
Béloukia, 1936. roman
Doriot ou la Vie d'un ouvrier français, Éditions du PPF, Saint-Denis, 1936. essai
Avec Doriot, 1937. essai
Rêveuse bourgeoisie, 1937. roman
Gilles, 1939 roman, censuré, la version intégrale paraît en 1942.
Ne plus attendre, Grasset, Paris, 1941. essai
Notes pour comprendre le siècle, 1941. essai
L'Homme à cheval, 1943. roman
Chroniques politiques 1934-1943, 1943. essai, chroniques
Charlotte Corday. Le chef., 1944 théâtre
Les Chiens de paille, 1944 roman, pilonné, reparaît en 1964.
Réédition sous coffret de Une femme à sa fenêtre, Le Feu Follet, suivi de Adieu à Gonzague et de la Valise vide , et Drôle de voyage suivi de La Voix, édité par le Grand Livre du mois 1999

Publications posthumes

Mémoires de Dirk Raspe, 1944
roman inachevé, publié en 1966
Le Français d'Europe, Balzac, 1944
essai, pilonné, réimprimé en 1994
Récit secret, suivi de Journal 1944-1945, et d'Exorde, 1951.
Histoires déplaisantes, 1963
recueil de cinq nouvelles
Sur les écrivains, 1964
essais critiques réunis, préfacés et annotés par Frédéric Grover
Journal. 1939-1945. Publié en 1992 chez Gallimard.
Texte fourni par son frère Jean, mort en 1986
Révolution nationale, Éditions de l'Homme libre, 2004.
articles parus dans Révolution nationale, faisant suite à ceux publiés dans Le Français d'Europe
Notes pour un roman sur la sexualité, suivi de Parc Monceau, Gallimard, 2008.
Textes Politiques 1919-1945, Éditions Krisis, 2009
présentation par Julien Hervier, édition établie et annotée par Jean-Baptiste Bruneau
Lettres d'un amour défunt : Correspondance 1929-1945, Bartillat, 2009,
correspondance avec Victoria Ocampo. Prix Sévigné 201045
Romans, récits, nouvelles, édité par Jean-François Louette, Hélène Baty-Delalande, Julien Hervier et Nathalie Piégay-Gros, Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 2012, 1936 pages
Le Jeune Européen et autres textes de jeunesse 1917-1927, Bartillat, 2016,
À paraître le 7 janvier 2016

ouvrages biographiques

Pierre Andreu, Drieu, témoin et visionnaire, Grasset, coll. Les Cahiers verts, Paris, 1952.
Pierre Andreu et Frédéric Grover, Drieu la Rochelle, Hachette, Paris, 1979 ; réédition à la Table ronde, Paris, 1989.
René Ballet, Deux hommes dans le tournant : Roger Vailland et Drieu La Rochelle, Les Cahiers Roger Vailland, 1994.
Marie Balvet, Itinéraire d'un intellectuel vers le fascisme : Drieu La Rochelle, PUF, coll. Perspectives critiques, Paris, 1984.
Jean-Baptiste Bruneau, Le cas Drieu. Drieu la Rochelle entre écriture et engagements. Débats, représentations et interprétations de 1917 à nos jours, Paris, Eurédit, 2011
Cahier de l'Herne spécial Drieu la Rochelle, collectif, Éditions de l'Herne, Paris, 1982.
Dominique Desanti, Drieu La Rochelle ou le séducteur mystifié, Paris, Groupe Flammarion,‎ 1978, 476 p. réédition 1992 sous le titre Drieu La Rochelle, du dandy au nazi.
Pierre du Bois de Dunilac, Drieu La Rochelle. Une vie, Cahiers d'histoire contemporaine, Lausanne, 1978.
Pierre du Bois de Dunilac, « Des causes et de la nature de l'engagement politique de l'écrivain Pierre Drieu La Rochelle », Cadmos cahiers trimestriels de l'Institut universitaire d'études européennes de Genève et du Centre européen de la culture, 1978, p. 39-63.
Dominique Fernandez, Ramon : mon père ce collabo, Paris, Le Livre de poche,‎ 2010, 768
Bernard Frank, La Panoplie littéraire, Julliard, 1958 ; Flammarion, 1980.
Frédéric Grover, Drieu la Rochelle, Gallimard, coll. « Idées », Paris, 1979.
(en) Frédéric J. Grover, Drieu la Rochelle and the fiction of testimony, Berkeley, University of California Press,‎ 1958, 275
Jean Bastier, Pierre Drieu la Rochelle, Soldat de la Grande Guerre 1914-1918, Albatros, 1989.
Arnaud Guyot-Jeannin, Drieu la Rochelle, antimoderne et européen, éd. Remi Perrin, Paris, 1999.
Julien Hervier, Deux individus contre l'histoire : Drieu la Rochelle et Ernst Jünger, Klincksieck, Paris, 1990.
Solange Lebovici, Le Sang et l'Encre : Pierre Drieu la Rochelle, une psychobiographie, Rodopi, Amsterdam, 1994.
Jacques Lecarme, Drieu la Rochelle ou le bal des maudits, PUF, "Perspectives critiques", 2001.
Bernard-Henri Lévy, Les Aventures de la liberté, Grasset, 1991 (deuxième partie : Le temps du mépris.
Jean-Louis Loubet Del Bayle, L'illusion politique au XXe siècle. Des écrivains témoins de leur temps, Economica, Paris, 1999.
Victoria Ocampo, Drieu, préface de Julien Hervier, Paris, Bartillat, Paris, 2
Reck (rima D.), Drieu La Rochelle and the picture gallery novel. French modernism in the interwar years ; Baton rouge, Louisiana State U.P., 1990.
Jacques Cantier, Pierre Drieu la Rochelle, éditions Perrin, collection Biographies, 2011, 315 pages.

Dictionnaires de référence

Dictionnaire des littératures de langues française, vol. 3, t. I, Paris, Bordas,‎ 1984
Dictionnaire des auteurs, vol. 4, t. II, Paris, Laffont-Bompiani,‎ 1000
Dictionnaire des œuvres, vol. 6, t. II, Paris, Laffont-Bompiani,‎ 1990
Dictionnaire des œuvres, vol. 6, t. II, Paris, Laffont-Bompiani,‎1990
Dictionnaire des œuvres, vol. 6, t. I, Paris, Laffont-Bompiani,‎ 1990
Dictionnaire des œuvres, vol. 6, t. II, Paris, Laffont-Bompiani,‎ 1990
Dictionnaire des œuvres, vol. 6, t. III, Paris, Laffont-Bompiani,‎ 1990
Dictionnaire des œuvres, vol. 6, t. V, Paris, Laffont-Bompiani,‎ 1990

Adaptations cinématographiques

Le Feu follet de Louis Malle, 1963.
Une femme à sa fenêtre de Pierre Granier-Deferre, 1976.
La Voix de Pierre Granier-Deferre, 1992.
Oslo, 31 août de Joachim Trier, 2012 inspiré du Feu follet



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Posté le : 04/01/2016 18:10

Edité par Loriane sur 05-01-2016 18:47:11
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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