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Baron Haussman
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Le 27 mars 1809 naît Georges Eugène Haussmann,

à Paris où il est mort le 11 janvier 1891 à 81 ans, haut fonctionnaire, a été préfet de la Seine du 23 juin 1853 au 5 janvier 1870.
À ce titre, il a dirigé les transformations de Paris sous le Second Empire en approfondissant le vaste plan de rénovation établi par la commission Siméon qui vise à poursuivre les travaux engagés par ses prédécesseurs à la préfecture de la Seine Rambuteau et Berger. Député du 14 octobre 1877 au 27 octobre 1881, Sénateur du Second Empire du 9 juin 1857 au 4 septembre 1870, Préfet de la Seine du 23 juin 1853 au 5 janvier 1870, son prédécesseur est Jean-Jacques Berger, et son successeur Henri Chevreau. Sa conjointe est Octavie de Laharpe ses enfants : Valentine Haussmann et Marie-Henriette Haussmann

En bref

Préfet de la Seine sous le second Empire, l’administrateur français Georges Eugène Haussmann, mena à bien une politique de grands travaux qui allait transformer en profondeur l’urbanisme de Paris. Son nom reste lié (on parle d’« haussmannisme », d’« haussmannisation ») à l’ouverture de nombreuses percées – création de voies nouvelles –, à l’aménagement de parcs et de squares, à la mise en place d’un réseau d’égouts et à l’alimentation de la capitale en eau de source.
Il est né à Paris le 27 mars 1809, d’une famille originaire d’Alsace et protestante. Il est le petit-fils d'un membre de la Convention et, par sa mère, celui d’un général d’Empire. Après des études de droit, il devient fonctionnaire, et occupe le poste de secrétaire général de la préfecture de la Vienne en 1831. Suivront à partir de 1833 un grand nombre de postes : sous-préfet à Yssingeaux (Haute-Loire), à Nérac (Lot-et-Garonne), à Saint-Girons (Ariège), à Blaye (Gironde), conseiller de préfecture à Bordeaux, préfet du Var, de l’Yonne, et finalement de la Gironde en 1852. Haussmann y montrera son autorité et sa fidélité au bonapartisme. Il sait à la fois gérer l’administration, trouver des financements, contrôler les élus locaux, maintenir l’ordre et s’intéresse déjà aux routes et aux embellissements urbains. Préfet de la Seine : Georges Eugène Haussmann est nommé préfet de la Seine, le 23 juin 1853, sur les conseils de Victor Fialin de Persigny, ministre de l’Intérieur. Une commission des Embellissements chargée de la transformation de Paris, présidée par le comte Henri Siméon, se réunit pour la première fois le 16 août suivant. Haussmann en fait partie.
Dès avant 1853, Napoléon III avait dessiné un « plan colorié » de Paris, représentant par des traits de couleurs différentes l’ordre d’urgence des voies nouvelles à ouvrir. Il était affiché dans son bureau des Tuileries, et Haussmann le vit lors de sa première entrevue avec l’empereur.
À partir d’un plan d’ensemble des percées à entreprendre à Paris décrit par l’empereur lui-même dans une lettre adressée à la commission Siméon, celle-ci a élaboré un plan rendu en octobre 1853. Ce plan, s’il n’a pas été suivi à la lettre, a servi de base au plan des percées dites « haussmanniennes ».
Aux origines des Grands Travaux de Paris : L’idée d’un plan d’ensemble appartient à Louis-Napoléon. Sensible aux problèmes sociaux, il avait lu et rencontré un certain nombre d’auteurs qui, dès le début des années 1840, avaient constaté l’encombrement du centre de Paris (notamment du fait de la présence des Halles) et le déplacement de la population vers les quartiers nord-ouest, l’actuel IXe arrondissement. Devant l’échec de la loi du 16 septembre 1807 sur les plans d'alignement des villes, les servitudes mettant des décennies à être mises en œuvre, il fallait recourir à de larges percées, à l’ouverture de voies entièrement nouvelles dans le centre.
Ces théoriciens des années 1840 sont des architectes comme Edme Grillon ou Théodore Jacoubet, des ingénieurs comme Victor Considérant, ou Perreymond (Edmond Perrey), des notables comme Hippolyte Meynadier ou Jacques-Séraphin Lanquetin, président de la Commission municipale. La plupart d’entre eux se réunissent en commissions officieuses (celle Ernest de Chabrol-Chaméane en 1839) ou officielle (celle du comte Antoine d’Argout en 1840), qui proposent des percées dans les nouveaux quartiers, notamment rive gauche.
À la fin des années 1840, les projets se font plus précis. Les notables des faubourgs Saint-Denis et Saint-Martin, commissionnent l’ingénieur Alfred Cadet de Chambine pour rédiger un projet de voie à ouvrir entre les deux faubourgs, dans l’axe de la nouvelle gare de l’Est, jusqu’aux Grands Boulevards. Le projet est reçu favorablement par Louis-Napoléon ; les banquiers Ardoin soumettent au préfet Jean-Jacques Berger une proposition d’expropriation et d’ouverture d’une nouvelle voie. Ce sera le boulevard de Strasbourg. Pour la rue des Écoles, un projet de l’architecte A. Portret est repris par le futur empereur, après qu’il a visité la Montagne Sainte-Geneviève. Ainsi Napoléon s’est forgé une doctrine pour un « plan d’ensemble », préconisé par les frères Lazare, rédacteurs de la Revue municipale.
Deux percées, le boulevard de Strasbourg et la rue des Écoles, ayant été réalisées, en 1852, avant même l’arrivée de Haussmann à Paris, le problème s’est posé de l’attribution de la paternité du projet « haussmannien ».

Sa vie

Né à Paris le 27 mars 1809 au 53 rue du Faubourg-du-Roule, dans le quartier Beaujon dans une maison qu'il démolit sans le moindre état d'âme, il est le fils de Nicolas-Valentin Haussmann (1787-1876), protestant, commissaire des guerres et intendant militaire de Napoléon Ier et d'Ève-Marie-Henriette-Caroline Dentzel, fille du général et député de la Convention Georges Frédéric Dentzel, baron d'Empire, et le petit-fils de Nicolas Haussmann 1759-1847, député de l'Assemblée Législative et de la Convention, administrateur du département de Seine-et-Oise, commissaire aux armées.
Il fait ses études au lycée Condorcet à Paris, puis il entame un cursus de droit tout en étant élève au conservatoire de musique de Paris.
Le 21 mai 1831 il est nommé Secrétaire Général de la préfecture de la Vienne à Poitiers puis le 15 juin 1832 sous-préfet d'Yssingeaux, en Haute-Loire.
Il fut successivement sous-préfet de Lot-et-Garonne à Nérac le 9 octobre 1832, de l'Ariège à Saint-Girons le 19 février 1840, de la Gironde à Blaye le 23 novembre 1841, puis préfet du Var à Draguignan le 24 janvier 1849, de l'Yonne 15 mai 1850, et de la Gironde en novembre 1851.
En poste à Blaye, il fréquente la bourgeoisie bordelaise, au sein de laquelle il rencontre Octavie de Laharpe avec laquelle il se marie le 17 octobre 1838 à Bordeaux. Elle est protestante comme lui et lui a donné deux filles : Henriette, qui épousa en 1860 Camille Dollfus, homme politique, et Valentine, qui épousa en 1865 le vicomte Maurice Pernety, chef de cabinet du préfet de la Seine, puis, après son divorce 1891, Georges Renouard 1843-1897, le fils de Jules Renouard. Il a une autre fille, Eugénie née en 1859, de sa relation avec l'actrice Francine Cellier 1839-1891, et descendance notamment dans la famille du baron Marcel Bich.
Sous l'administration d'Haussmann, les travaux et projets girondins ont été importants. De nombreuses lignes de chemin de fer ont été construites ainsi que des usines à Bègles. Les travaux de défense de la Pointe de Grave ont été finalisés. Au niveau social, il a mis en place un système d'allocations aux filles mères indigentes pour les aider à élever leur enfant et encouragé l'installation de bureaux de bienfaisance. À Bordeaux, de nombreuses voies ont été percées, l'éclairage au gaz et l'adduction d'eau se sont améliorés : projet de construction de trois fontaines monumentales.
Présenté à Napoléon III par Victor de Persigny, ministre de l'Intérieur, il devient préfet de la Seine le 22 juin 1853, succédant ainsi à Jean-Jacques Berger, jusqu'en janvier 1870. En 1857, il devient sénateur et 20 ans plus tard, député de la Corse.
Le 29 juin 1853, l'Empereur lui confie la mission d'assainir et embellir Paris.

La transformation de Paris

Napoléon III remet au baron Haussmann le décret d'annexion à Paris des communes suburbaines 1860

Avenue de la Grande-Armée

Au milieu du XIXe siècle, Paris se présente à peu près sous le même aspect qu'au Moyen Âge : les rues y sont encore sombres, étroites et insalubres.
Lors de son exil en Angleterre 1846-1848, Louis-Napoléon Bonaparte fut fortement impressionné par les quartiers ouest de Londres ; la reconstruction de la capitale anglaise à la suite du grand incendie de 1666 avait fait de cette ville une référence pour l'hygiène et l'urbanisme moderne. L'Empereur voulait faire de Paris une ville aussi prestigieuse que Londres : tel fut le point de départ de l'action du nouveau préfet.
L'idée maîtresse de ces énormes travaux urbains était de permettre un meilleur écoulement des flux d'une part des hommes et des marchandises pour une meilleure efficacité économique, d'autre part de l'air et de l'eau, en adéquation avec les théories hygiénistes héritées des Lumières et qui sont alors en plein essor, notamment en réaction à l'épidémie de choléra de 1832. Cette campagne fut intitulée Paris embellie, Paris agrandie, Paris assainie.
Un autre objectif, politiquement moins défendu, était de prévenir d'éventuels soulèvements populaires, fréquents à Paris : après la Révolution de 1789, le peuple s'est soulevé notamment en juillet 1830 et en juin 1848. En assainissant le centre de Paris, Haussmann a déstructuré les foyers de contestation : parce qu'éparpillée dans les nouveaux quartiers, il était plus difficile à la classe ouvrière de lancer une insurrection.
Par ailleurs, Haussmann écrit à Napoléon III qu'il faut accepter dans une juste mesure la cherté des loyers et des vivres … comme un auxiliaire utile pour défendre Paris contre l'invasion des ouvriers de la province.
Haussmann a l'obsession de la ligne droite, ce que l'on a appelé le culte de l'axe au XIXe siècle; pour cela, il est prêt à amputer des espaces comme le jardin du Luxembourg mais aussi à démolir certains bâtiments comme le marché des Innocents ou l'église Saint-Benoît-le-Bétourné.
En dix-huit ans, des boulevards et avenues sont percés de la place du Trône actuelle place de la Nation à la place de l'Étoile, de la gare de l'Est à l'Observatoire. Les Champs-Élysées sont aménagés.
Dans le but d'améliorer l'hygiène, par une meilleure qualité de l'air, suivant les recommandations de son prédécesseur le préfet Rambuteau, il aménage un certain nombre de parcs et jardins : ainsi sont créés un square pour chacun des quatre-vingt quartiers de Paris, ainsi que le parc Montsouris et le parc des Buttes-Chaumont.
D'autres espaces déjà existants sont aménagés. Ainsi les bois de Vincennes et de Boulogne deviennent des lieux prisés pour la promenade. Il transforme aussi la place Saint-Michel et sa fontaine, dont la saleté l'avait marqué lorsque, étudiant, il y passait pour se rendre à l'École de droit.
Des règlements imposent des normes très strictes quant au gabarit et à l'ordonnancement des maisons. L'immeuble de rapport et l'hôtel particulier s'imposent comme modèles de référence. Les immeubles se ressemblent tous : c'est l'esthétique du rationnel.
Afin de mettre en valeur les monuments nouveaux ou anciens, il met en scène de vastes perspectives sous forme d'avenues ou de vastes places. L'exemple le plus représentatif est la place de l'Étoile, dont le réaménagement est confié à Hittorff.
Haussmann fait aussi construire ou reconstruire des ponts sur la Seine ainsi que de nouvelles églises, comme Saint-Augustin ou la Trinité.
Il crée en parallèle, avec l'ingénieur Belgrand, des circuits d'adduction d'eau et un réseau moderne d'égouts, puis lance la construction de théâtres théâtre de la Ville et théâtre du Châtelet, ainsi que deux gares Gare de Lyon et Gare de l'Est. Il fait construire les abattoirs de la Villette afin de fermer les abattoirs présents dans la ville.
En 1859, Haussmann décide d'étendre la ville de Paris jusqu'aux fortifications de l'enceinte de Thiers. Onze communes limitrophes de Paris sont totalement supprimées et leurs territoires absorbés par la ville entièrement (Belleville , Grenelle, Vaugirard, La Villette ou en grande partie Auteuil, Passy, Batignolles-Monceau, Bercy, La Chapelle, Charonne, Montmartre. La capitale annexe également une partie du territoire de treize autres communes compris dans l'enceinte. Dans le même temps, il procède à l'aménagement du Parc des Princes de Boulogne-Billancourt, dans le cadre d'une vaste opération immobilière sous l'égide du duc de Morny.
La transformation de la capitale a un coût très élevé puisque Napoléon III souscrit un prêt de 250 millions de francs-or en 1865, et un autre de 260 millions de francs en 1869, en tout, 25 milliards d'euros d'aujourd'hui. En plus de cela, la banque d'affaires des Pereire investit 400 millions de francs jusqu'en 1867 dans des bons de délégation, créés par un décret impérial de 1858. Ces bons de délégation sont des gages sur la valeur des terrains acquis puis revendus par la Ville : la spéculation a donc aidé le financement des travaux parisiens.
On estime que les travaux du baron Haussmann ont modifié Paris à 60 % : 18 000 maisons ont été démolies entre 1852 et 1868 dont 4349 avant l'extension des limites de Paris en 1860 , à comparer au parc de 30 770 maisons recensées en 1851 dans le Paris avant annexion des communes limitrophes.

L'influence en province

Haussmann a su aussi propager son savoir-faire dans les différentes régions françaises sous le Second Empire et le début de la Troisième République. Les villes les plus influencées sont Rouen qui a vu détruites plus de cinq cents maisons et deux églises au cours de sa transformation, Dijon, Angers, Lille, Toulouse, Avignon, Montpellier, Toulon, Lyon, Nîmes et Marseille qui est l'une des villes dont la physionomie a le plus changé. La ville d'Alger, alors colonie française, a également été profondément remaniée à cette époque. Hors de France, plusieurs capitales : Bruxelles, Rome, Barcelonne, Madrid et Stockholm s'inspirent de ses idées avec l'ambition de devenir un nouveau Paris Ch page 25. Il est intervenu aussi à Istambul et au Caire.

La part personnelle de Haussmann dans les Grands Travaux

Quel rôle Georges Eugène Haussmann a-t-il joué pour que l’on parle d’« hausmannisme » et d’« haussmanisation », dès 1868 ? Bien qu’il ait reconnu la part de Napoléon III dans l’ouverture de voies nouvelles (plus de 70), il a revendiqué la paternité des Grands Travaux, et cela même quand leur financement a été remis en cause par « Les comptes fantastiques d’Haussmann », titre d’un article de Jules Ferry publié en 1868 dans le journal Le Temps, et quand il a été remercié en 1870.
Au sens strict et juridique du terme, le préfet est chargé des enquêtes d’utilité publique pour les expropriations préalables aux percements. La décision de décréter l’ouverture d’une voie nouvelle revient au ministre de l’Intérieur. Mais il est deux domaines dans lesquels Haussmann a excellé, du moins initialement : le financement des travaux et la réorganisation des services municipaux. Sous la préfecture de Rambuteau et de Berger, dans les années 1840, le principe était de ne dépenser pour les travaux que l’excédent budgétaire. Selon l’idée initiale des « dépenses productives » formulée par Persigny, Haussmann a décidé que cet excédent ne servirait qu’à couvrir les intérêts d’emprunts qui seraient remboursés par la plus-value des terrains désenclavés par les percées. Haussmann a donc imaginé successivement trois systèmes : l’emprunt (75 millions de francs en 1855, 140 en 1860, 250 en 1865), la vente de bons de la Caisse des travaux de Paris servant à l’achat de terrains et les « bons de délégation » (servant à subventionner les entrepreneurs concessionnaires). La Ville finance le remboursement de ses emprunts réels par des emprunts déguisés ; c’est le système dénoncé par Jules Ferry.
Haussmann découvre à la tête des services techniques de la Ville des ingénieurs en chef des Ponts-et-Chaussées à son avis peu compétents, et surtout insuffisamment soumis à ses ordres. Il choisit de mettre en place des services provisoirement parallèles, confiés à des ingénieurs en lesquels il a confiance, qu’il a connus dans ses préfectures successives, comme Eugène Belgrand (dans l’Yonne) ou Adolphe Alphand (à Bordeaux). Belgrand créera un système d’alimentation en eau de source de la capitale, captée dans la Vanne et la Dhuys et conduite par des aqueducs à la romaine. Il mettra également en place un chantier d'assainissement aboutissant à l’établissement d’un réseau moderne d’égout. Alphand a supervisé le système végétal haussmannien. Quantitativement, on n’aura jamais autant planté d’arbres, semé de pelouses, aménagé de parcs et de jardins dans Paris : deux « bois » (de Boulogne et de Vincennes), trois « parcs » (Monceau, les Buttes Chaumont et Montsouris), deux jardins, dix-neuf squares, d’innombrables places et avenues plantées, dont notamment l’avenue Foch, le boulevard Richard-Lenoir ou l’avenue de l’Observatoire.

L’œuvre accomplie

Si le boulevard de Strasbourg (et, d’une certaine manière, ses prolongements : les boulevards de Sébastopol et Saint-Michel), la rue des Écoles et la rue de Rivoli (continuée en 1848) ne peuvent pas être attribués à Haussmann, les autres se sont faits sous sa conduite, notamment le boulevard Saint-Germain. Il jugeait la rue des Écoles située trop haut dans la montée de la rive gauche, et obtint, contre l’avis de l’empereur, d’ouvrir le boulevard Saint-Germain sur le pont de Sully et que celui-ci ne soit pas perpendiculaire à la Seine. À ces « traversées », il faut rajouter les avenues Foch, Voltaire ou Daumesnil, les boulevards Barbès, Gambetta ou Raspail. Parmi les nombreuses percées, il faut d’abord compter celles qui désenclavent les gares ferroviaires, celles-ci étant, pour Napoléon III, les « véritables portes » de la capitale : le boulevard de Strasbourg, la rue de Rennes, la rue Auber, le boulevard Magenta, le boulevard Diderot ou le boulevard Saint-Marcel. De même nature sont les diagonales comme l’achèvement de la rue La Fayette (commencée sous Charles X), l’avenue de l’Opéra ou la rue Turbigo. Il y a enfin les rocades, les rues des Pyrénées, de Tolbiac, d’Alésia, de Vouillé ou de la Convention.
Contrairement aux étroites rues d’origine médiévale, toutes ces percées sont strictement rectilignes, à l’instar de la rue Rambuteau ouverte sous la monarchie de Juillet (1845), mais à l’exception du boulevard Saint-Germain, qui s’oriente vers le nord à ses deux extrémités pour former le symétrique des Grands Boulevards par rapport à la rue de Rivoli, nouvel axe est-ouest de la capitale. Alors que la rue Rambuteau mesure treize mètres de largeur, et les voies plus anciennes quelquefois bien moins, les percées dites haussmanniennes font vingt ou même trente mètres, l’avenue Foch parvenant à plus de cent mètres.
Pour la procédure du percement, la Ville (ou un concessionnaire) exproprie les terrains nécessaires et, après la démolition des maisons, revend les parcelles nouvellement découpées (c’est une sorte de lotissement linéaire), après avoir effectué un nivellement et un alignement. Lors de la vente aux particuliers et à des constructeurs d’immeubles, Haussmann impose un cahier des charges, qui fixe la nature des matériaux pour la façade (de la pierre de taille ou du calcaire de Château-Gaillard ou de La Roche-Guyon pour les rues principales), et précise que les maisons, dans chaque îlot, doivent avoir « les mêmes hauteurs d’étage et les mêmes lignes principales de façade », « avec balcons, corniches et moulures ». Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’existe aucun règlement plus précis caractérisant l’immeuble « haussmannien » (qu’il aurait été difficile de faire voter), mais seulement des prescriptions surveillées par les architectes voyers de la Ville.
Un autre volet de l’œuvre du second Empire auquel Haussmann a activement participé est l’annexion de communes périphériques de Paris. L’agrandissement de la capitale est naturellement suggéré par le faubourg compris entre les limites administratives (le mur des Fermiers généraux) et l’enceinte fortifiée édifiée par Thiers de 1841 à 1844. Il s’agit de faire entrer dans Paris non seulement des jardins maraîchers et des villages (comme Belleville ou Vaugirard), mais aussi des espaces urbains composés de lotissements (Beaugrenelle, la plaine de Passy, les Batignolles) et des zones industrielles. Il s’agit aussi d’intégrer des banlieues qui échappent à l’octroi. La loi d’annexion, votée le 26 mai 1859, prendra effet le 1er janvier 1860.
Les communes ou parties de communes annexées profiteront de la nouvelle voirie, de l’alimentation en eau, d’églises nouvelles, de mairies, d’écoles, de marchés, etc. La capitale est redécoupée en vingt arrondissements, chacun étant doté d’une mairie. Certaines ayant été édifiées sous la monarchie de Juillet et d’autres sous la IIIe République, seules cinq mairies datent de la période haussmannienne, celle des Ier (J.-I. Hittorff, architecte, 1855-1860), IIIe (V. Calliat, 1864-1867), IVe A.-N. Bailly, 1862-1867, XIe E.-F. Gancel, 1862-1865, XIIIe (P.-E. Bonnet, 1867-1877) et XXe (C. Salleron, 1867-1877) arrondissements.
L’œuvre architecturale du second Empire a été considérable. Nous n’évoquerons que l’Hôtel-Dieu (E.-J. Gilbert, 1864-1876), qui a entraîné l’arasement de presque la moitié de l’île de la Cité, les Halles centrales (V. Baltard et F. Callet, 1854-1874) et, du même Baltard, l’église Saint-Augustin (1860-1871).

Le mythe Haussmann

Il court sur Haussmann et la période haussmannienne beaucoup de légendes et de contre-vérités. La plus importante est celle qui porte sur les objectifs stratégiques des percées : elles auraient été tracées pour permettre les charges de cavalerie et pour utiliser l’artillerie contre les émeutiers. Cette hypothèse avancée autrefois par certains historiens ne repose sur aucun fondement, excepté pour le boulevard Richard-Lenoir (le couvrement du canal Saint-Martin) et pour le boulevard Voltaire. Dans le premier cas, le canal servait de retranchement aux ouvriers en révolte dans le faubourg Saint-Antoine. Dans le second, le boulevard permet de relier les casernes d’infanterie du Château-d’Eau (place de la République) et de cavalerie de Vincennes.
Une autre légende laisse penser que les ouvriers chassés du centre par les démolitions haussmanniennes se seraient réfugiés dans les arrondissements périphériques. Des études historiques publiées dans les années 2010 nous apprennent que les artisans, pour ne pas perdre leur clientèle, se sont entassés dans le centre, et que la périphérie a été peuplée d’ouvriers provenant des provinces.
Haussmann est souvent présenté comme urbaniste ou comme architecte. S’il a assumé des tâches administratives et mené des opérations financières, il n’a pas à proprement parler dessiné le nouveau plan de Paris qu’on lui attribue. D’ailleurs Haussmann dit, explicitement, que c’est l’architecte Eugène Deschamps qui est l’auteur du « plan de Paris » (1852-1853), c’est-à-dire qui en a tracé concrètement les percées. De la même manière, il est abusif de parler d’immeuble « haussmannien ». Il n’a pas inventé l’immeuble avec enfilade de pièces de réception en façade et des pièces de service sur cour. Il s’agit ici de la version bourgeoise de l’appartement des hôtels particuliers de l’Ancien Régime mise en œuvre sous la monarchie de Juillet. Certains des premiers immeubles construits rue de Rivoli dès 1852 ont d’ailleurs une allure éminemment « haussmannienne ». Si ce modèle d’immeubles s’est diffusé ensuite, c’est par une sorte de consensus entre les architectes et par sa visibilité via les recueils et les revues. Haussmann partageait simplement ce modèle.
C’est à contrecœur que Napoléon III renvoie son préfet, le 6 janvier 1870, à cause des abus financiers et de l’opposition politique qui le vise. Haussmann occupe différents postes dans les affaires, voyage en Italie et en Turquie, réside à Paris et au château de Cestas en Gironde, est élu député de la Corse en 1877. En tant que membre de l’Académie des beaux-arts, il se prononce contre la démolition du palais des Tuileries en 1879. Haussmann rédige ses Mémoires en trois volumes (publiés de 1890 à 1893) et meurt le 11 janvier 1891. Pierre Pinon

Honneurs et critiques

L'activité d'Haussmann au service de la transformation de Paris lui a permis d'accéder à la fonction de sénateur en 1857, de membre de l'Académie des beaux-arts en 1867 et de chevalier de la Légion d'honneur en 1847, puis grand officier en 1856 et enfin grand-croix en 1862.
Son titre de baron a été contesté. Comme il l'explique dans ses Mémoires, il a utilisé ce titre après son élévation au Sénat en 1857, en vertu d'un décret de Napoléon Ier qui accordait ce titre à tous les sénateurs mais ce décret était tombé en désuétude depuis la Restauration.
Il aurait refusé, d'une boutade, le titre de duc proposé par Napoléon III cf. section Autour du baron Haussmann. Le Dictionnaire du Second Empire, observe toutefois qu'Haussmann a utilisé ce titre en se fondant de manière abusive sur l'absence de descendance mâle de son grand-père maternel, Georges Frédéric, baron Dentzel dont la baronnat accordé en 1808 par Napoléon était tombé en déshérence.
Son œuvre n'en reste pas moins contestée à cause des sacrifices qu'elle a entraînés ; en outre, les méthodes employées ne s'encombrent pas des principes démocratiques. Les manœuvres financières sont bien souvent spéculatives et douteuses, ce qui nourrit le récit d'Émile Zola dans son roman La Curée.
Par ailleurs, la bulle spéculative immobilière entraînée par ses travaux, qui ont eu leur pendant à Berlin et Vienne a nourri la bulle financière qui s'est achevée par le krach de 1873.
Les lois d'expropriation ont entraîné plus tard de nombreuses contestations et poussé à la faillite de nombreux petits propriétaires qui ont vu leurs biens détruits. En parallèle, les nouveaux règlements imposent des constructions d'un niveau de standing élevé, excluant de facto les classes les moins aisées de la société parisienne.
Cette période de travaux a vu la recrudescence du paludisme dans Paris en occasionnant des creusements importants et de longue durée. Les flaques, mares et autres points d'eau croupissante perduraient longtemps, engendrant une pullulation d'anophèles au milieu d'une grande concentration d'humains. De plus, un grand nombre d’ouvriers venaient de régions infectées et étaient porteurs du plasmodium.
Une partie de la population manifeste son mécontentement en même temps que son opposition au pouvoir. En 1867, Haussmann est interpellé par le député Ernest Picard. Les débats houleux que le personnage suscite au Parlement entraînent un contrôle plus strict des travaux, qu'il avait habilement évité jusque-là.
Jules Ferry rédige la même année une brochure malicieusement intitulée : Les Comptes fantastiques d'Haussmann, par allusion aux Contes fantastiques d'Hoffmann : selon lui, l'haussmannisation parisienne aurait coûté 1 500 millions de francs, ce qui est loin des 500 millions annoncés ; on l'accusa également, à tort, d'enrichissement personnel.
Napoléon III a proposé à trois reprises à Haussmann d'entrer au gouvernement, comme ministre de l'Intérieur, de l'Agriculture et des Travaux Publics, mais le seul titre qu'il est susceptible d'accepter est celui de ministre de Paris, que lui refuse l'Empereur. Cependant, à partir de 1860, le préfet de la Seine assiste au Conseil des ministres.
Haussmann est destitué par le cabinet d'Émile Ollivier le 5 janvier 1870, quelques mois avant la chute de Napoléon III. Son successeur fut Léon Say, mais Belgrand et surtout Alphand conservèrent un rôle prépondérant et poursuivirent son œuvre.
Après s'être retiré pendant quelques années à Cestas près de Bordeaux, Haussmann revint à la vie publique en devenant député bonapartiste de la Corse de 1877 à 1881. Il est écarté de la vie publique en 1885 et en 1890, il perd successivement sa fille ainée et sa femme. Il consacra la fin de sa vie à la rédaction de ses Mémoires 1890-1891, un document important pour l'histoire de l'urbanisme de Paris.
Haussmann, mort le 11 janvier 1891, est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris.
Tombe de Georges Eugène Haussmann cimetière du Père Lachaise, division 4
Autour du baron Haussman
Ernest Renan rapporte que Haussmann aurait fait disparaître une île entière en Bretagne, l'Île-Grande face à Pleumeur-Bodou, pour obtenir la pierre nécessaire à ses travaux. L'écrivain exagère, car l'île est toujours habitée mais il y reste d'imposantes carrières datant de l'époque des travaux haussmanniens.
Haussmann raconte dans ses Mémoires que Napoléon III voulait donner son nom à la partie du boulevard de Sébastopol qui s'étendait sur la rive gauche actuel boulevard Saint-Michel. Le préfet refusa en feignant la modestie. En réalité il espérait, et obtint en fin de compte, que son nom soit attribué à un boulevard dont l'idée lui revenait plus directement et au bord duquel il était né dans une maison qu'il dut d'ailleurs détruire : c'est l'actuel boulevard Haussmann.
Afin de montrer son peu d'attachement aux titres officiels, il rapporte dans ses Mémoires le dialogue suivant, où un interlocuteur lui suggérait qu'il pourrait être nommé duc de la Dhuis, en référence aux travaux d'Haussmann par lesquels l'eau de cette rivière était venue alimenter Paris. Haussmann objecta :
« De la Dhuis ? Mais, duc, ce ne serait pas assez.
— Que voulez-vous donc être ?… Prince ?
— Non ; mais il faudrait me faire aqueduc, et ce titre ne figure pas dans la nomenclature nobiliaire.
L'adjectif haussmannien fait référence à la méthode d'urbanisme par destruction d'anciens quartiers, et la construction d'artères larges et rectilignes que constitue l'urbanisme d'Haussmann.

Bibliographie

Page de titre des Mémoires d'Haussmann, chez Victor Havard, 1890.
Delpont Hubert, Sanchez-Calzadilla Hervé-Yves, Haussmann d'Albret, le sous-préfet de Nérac 1832-1840 le notable landais 1840-1891, Nérac, 1993, 370 p.
« Haussmann Georges Eugène, baron, dans Robert et Cougny, Dictionnaire des parlementaires français,‎ 1889
Le Paris d'Haussmann, Patrice de Moncan & Claude Heurteux; éd. Du Mecene 2002; coll. La ville retrouvée ;
Le Paris d'Haussmann, Patrice de Moncan ; Les Éditions du Mécène 2009; coll. Paris d'hier et d'aujourd'hui ;
Transformation und Embellissement von Paris in der Karikatur: Zur Umwandlung der französischen Hauptstadt im Zweiten Kaiserreich durch den Baron Haussmann, Rosemarie Gerken; éd. Olms, Georg 1997
Les Mémoires d'Haussmann, Françoise Choay ; éd. Seuil 2000; coll. Philosophie Générale ;
Haussmann le grand, Georges Valance ; éd. Flammarion 2000; coll. Grandes biographies ;
Haussmann au crible, Nicolas Chaudun ; éditions des Syrtes 2000; coll. Biographies ;
Mémoires du baron Haussmann, Georges Eugène Haussmann ; éd. Adamant Media Corporation 2001
Mémoires du baron Haussmann : Tome 3 : Grands travaux de Paris, Georges Eugène Haussmann ; éd. Adamant Media Corporation 2001;
Haussmann - La gloire du Second Empire, Jean des Cars, éd. Perrin 2008
Haussmann, Georges-Eugène, préfet-baron de la Seine, Nicolas Chaudun; éd. Actes Sud ; 2009
Atlas du Paris haussmannien. La ville en héritage du Second Empire à nos jours, Pierre Pinon ; éd. Parigramme ; 2002
Paris Haussmann. Le pari d'Haussmann, Pierre Pinon & Jean des Cars, éd. Picard 1999
Pierre Pinon, Paris pour Mémoire : Le livre noir des destructions haussmanniennes, Paris, Parigramme,‎ 2012, 664 p.
Joseph Valynseele, Haussmann : Sa famille et sa descendance, Paris, Christian,‎ 1982, 115 p.
Georges-Eugène Haussmann, Monique Rauzy, collection Figures de l'Histoire, Hatier, 2002
P. Casselle éd., Commission des embellissements de Paris : rapport à l'empereur Napoléon III rédigé par le comte Henri Siméon décembre 1853, Paris : Rotonde de la Villette, 2000, 205 p.


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Posté le : 26/03/2016 17:33

Edité par Loriane sur 27-03-2016 19:02:07
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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