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Invention de la radio et du transistor
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Naissance de "notre" radio transistor


Le 23 Décembre 1900 Réginald Fessenden Communique par radio. Sa voix se transmet à distance et cette première voix sera suivie de milliards d'autres.

La radio est née, qui enfantera la télévision, et les communications.
Puis le 23 décembre 1947 fonctionne le premier transistor qui enfantera lui, la radio sans fils, les radars, et toutes les systèmes qui se nourrissent de sa technique.
L'impact sur notre monde humain est capital et nous n'en avons pas encore saisi toutes les conséquences et les influences sur notre vision du monde .
Nous pouvons en revanche, déjà constater que la mondialisation aurait été impossible sans l'existence de ce lien technique qui fait de Shangaï, New Delhi ou Djakarta la banlieue de Paris, Londres ou Mexico.
Nous voici nourris par ce cordon ombilical relié par les airs et les satellites.
Notre monde communique de toutes parts, il se nourrit de son, de musique, d' image, d' informations, de jeu, de nouvelle, en masse et en temps réel.
Puis des connaissances ont suivies et voici notre planète devenue plus petite, les distances sont réduites, l'habitant de Mongolie, sous sa yourte, entend les nouvelles venues de Lima, du japon, d'Europe, de Sydney.Nous voici tous voisins, tous en possession d'une source de renseignements infinie, nous partageons l'art le savoir, la connaissance accumulée depuis des millénaires dans toutes les parties du monde.
Bien sûr ce formidable bouleversement que nous offre la science a ses détracteurs, ces opposants qui s'inquiètent et nous invitent à refuser le changement ou pour les plus modérés, à réfléchir, mais il faut remarquer que leurs critiques lorsqu'ils les formulent et qu'ils nous les font parvenir, c'est toujours par le truchement du procédé, de la technique qu'ils dénoncent.


Première étape

Reginald Fessenden Le 23 décembre 1900, transmet la voix humaine de Cobb Island près de Washington, D.C., pour la première fois de l'histoire.
C'est en faisant un essai de modulation d'une onde à haute fréquence avec un micro qu'il envoie ce message à son collaborateur :
"Un, deux, trois, quatre ! Neige-t-il où vous êtes M. Thiessen? S'il en est ainsi, rappelez-moi par téléphone."
M. Thiessen ne tarda pas à rappeler Fessenden pour confirmer qu'il avait bien reçu son message sur son récepteur radio.
La radio, la transmission par modulation d'amplitude (AM) de son et voix était née, et ce, un an avant la transmission télégraphique transatlantique si célèbre de Marconi.

Fesseden sa vie
Il passe une partie de son enfance en Ontario.
Âgé de 14 ans, il entre à la Bishop's College School de Lennoxville, Québec pour y étudier les mathématiques.
Il suit également des cours à l'Université Bishop sur le même campus. Il se joint ensuite à l'équipe du laboratoire de Thomas Edison, puis travaille chez Westinghouse et dans deux universités américaines2.
Le 23 décembre 1900, il transmet la voix humaine de Cobb Island près de Washington, D.C., pour la première fois de l'histoire.
C'est en faisant un essai de modulation d'une onde à haute fréquence avec un micro qu'il envoie ce message à son collaborateur : « Un, deux, trois, quatre ! Neige-t-il où vous êtes M. Thiessen? S'il en est ainsi, rappelez-moi par téléphone. » M. Thiessen ne tarda pas à rappeler Fessenden pour confirmer qu'il avait bien reçu son message sur son récepteur radio. La radio, la transmission par modulation d'amplitude (AM) de son et voix était née, et ce, un an avant la transmission télégraphique transatlantique si célèbre de Marconi.
En 1902, il décide de former sa propre entreprise.
Il établit le principe de l'hétérodyne, technique toujours employée dans les récepteurs radios AM et FM. Il établit également un moyen de communiquer des messages vocaux à des navires en mer, alors qu'il réussit la liaison avec des vaisseaux de la United Fruit alors qu'il est à l'emploi de la société National Electric Signaling2.
En 1906, il réalise deux autres avancées dans le développement de la radio.
En janvier 1906, il réussit la première transmission transatlantique bidirectionnelle, à savoir, un échange de messages en code Morse entre Brant Rock (Massachusetts) et Machrihanish (Écosse). Et, le 24 décembre 1906, en présence d'une petite équipe technique, de sa femme et de sa secrétaire, il réalise la première émission radio de voix et musique, soit la première radio transmission publique2 ou radiodiffusion, à partir de Brant Rock.
Son programme comprend un bref discours, un enregistrement musical du Largo de Haendel, une chanson de Noël, Sainte nuit, jouée au violon, et une brève lecture biblique. Cette émission fut entendue surtout par des opérateurs de radio sur des navires dans l'océan Atlantique.
Ayant demandé à ses auditeurs de lui écrire après leur avoir souhaité un Joyeux Noël, il apprit que cette émission avait été captée à plus de 800 km, à Norfolk en Virginie2.

Plaque commémorative du gouvernement canadien à Austin, au Québec, près du lieu de naissance de Fessenden.
La tombe de Fessenden aux Bermudes.



Deuxième étape ( le transitor)

Le transistor bipolaire a été inventé en deux temps: L'histoire retient que J. Bardeen et WH. Brattain des Bell's lab ont inventé le transistor à pointes. Ce dispositif a fonctionné pour la première fois le 23 décembre 1947. Il s'agissait d'un dispositif assez rustique, lent et instable. Il dérive directement des diodes à pointes au germanium qui ont longtemps été utilisées pour détecter les signaux RADAR. L'histoire dit que ces chercheurs effectuaient une mesure du champ de potentiel dans un semi-conducteur autour d'une pointe (certainement pour comprendre le comportement des diodes à pointes) lorsqu'un effet amplificateur est apparu quand la distance entre les deux pointes de mesure devenait très faible (une fraction de mm). En fait, la pointe de la diode produisait l'équivalent d'une petite zone dopée entourant sa zone de contact. Après diverses manipulations pour mettre en évidence cet effet, ils en sont arrivés à réaliser le premier transistor en utilisant du germanium monocristallin. Ses pointes étaient en or distantes de 5/100 mm. Les Bell's lab n'ont rendue public la découverte qu'en juin 1948. Le nom des électrodes des transistors bipolaires (base, émetteur, collecteur) vient de cette époque.

Brevets notables
Vers 1947.


La théorie des semi-conducteurs s'était développée à partir des travaux théoriques de Brilloulin.
Le transistor à effet de champ

Le transistor à effet de champ a été inventé en 1925-1928 par JE. Lilienfeld. Un brevet a été déposé, mais aucune réalisation n'a été possible avant les années 60. Tous les chercheurs qui ont participé à la saga du transistor cherchaient d'abord à réaliser ce type de composant qu'ils considéraient comme des triodes à l'état solide (d'ou le nom de grille pour l'électrode de commande). Toutes ces tentatives aboutissaient sur des échecs.
Pour commencer, il faut rappeler qu'il existe deux grandes familles de transistors:

- Les transistors bipolaires constitués d'une fine couche de semi-conducteur dopé d'un type entre deux zones de type opposé (par exemple NPN). La grande majorité des transistors présentés comme des composants isolés sont de cette famille.

- Les transistors à effet de champ qui se présentent comme de petites capacités dans laquelle l'une des armatures est en semi-conducteur dopé. L'application d'une tension sur l'autre armature change localement les caractéristiques du semi-conducteur ce qui permet le passage du courant. La quasi-totalité des transistors des circuits complexes (par exemple ceux des microprocesseurs) est de ce type.



Historique:

L'invention de l'effet transistor se situe dans un contexte qui trouve ses racines dans les début de la radioélectricité et dans la téléphonie. Depuis 1936 les Bell's lab cherchaient à remplacer les commutateurs électromécaniques des centraux téléphoniques par des dispositifs statiques plus fiables. D'autre part, la seconde guerre mondiale à provoqué un développement rapide des semi-conducteurs (germanium) pour réaliser les diodes de détection des RADAR.

Les matériaux semi-conducteurs

Les matériaux semi-conducteurs sont progressivement apparus avec la radio-électricité. D'abord la galène, puis l'oxyde de cuivre, le sélénium et enfin le germanium. Ces matériaux étaient poly-cristallins et étaient utilisés pour réaliser des détecteurs et des redresseurs. Les propriétés curieuses, et même versatiles, de ces matériaux ont interpellé les chercheurs. Les effets semi-conducteurs ne sont apparus qu'avec la mise au point de techniques de purification extrême. Il faut en effet obtenir une pureté de 10-12 pour pouvoir réaliser un transistor. Les premiers matériaux semi-conducteurs modernes (silicium dopé de type N et P) ont été réalisés par S. Ohl, JH. Scaff et HC. Theurer aux Bell's lab au début de 1940 sous la direction de WH. Brattain. Des jonctions PN furent ensuite réalisées et la technique de fabrication des monocristaux par tirage fut mise au point vovenait du contrôle de l'état de l'interface entre l'isolant de grille et le semi-conducteur du canal. Ce problème ne fut vraiment résolu qu'en fin 1959 par MM. Attala, D. Kahng et E. Labate par l'utilisation de l'oxyde thermique de silicium.
Je me souviens d'avoir vu un transistor à effet de champ annulaire, appelé "Tecnetron" (inventé au CNET par Tezner) dans une exposition à cette époque.


Le premier transistor (bipolaire) et son brevet


Sa version de production

Il faut mentionner qu'un chercheur Allemand Herbert F. Mataré avait remarqué en 1943 une "interférence" entre les deux pointes d'une duodiode destinée à diminuer le bruit de détection d'une onde radar. Embauché en France, après la guerre, par Westinghouse, il met au point un transistor à pointes, appelé transistron en juin 1948. Cette réalisation, indépendante des travaux des laboratoires Bell, s'est appuyée sur les travaux d'un autre Allemand, Heinrich Welker, également embauché par Westinghouse. Celui-ci a réussit à obtenir des mono-cristaux de germanium de qualité suffisante. Ce dispositif, beaucoup plus fiable que celui des laboratoires Bell, sera breveté en août 1948 et produit à grande échelle en France par Westinghouse.


Le transistron

Des variantes axiales du transistor à pointes oscillaient déjà à 300Mhz en fin 1952.

Le transistor à jonctions à été inventé (théoriquement!) un peu plus tard, par W. Shockley des Bell's lab qui essayait aussi, depuis 1936, de réaliser un transistor à effet de champ. Ce chercheur a déposé en 1948 un brevet sur un transistor mixte avec une pointe et une jonction, ce qui montre la progression de ses idées. Il a proposé le principe du transistor à jonction en 1949. Le premier prototype a été réalisé par les Bell's lab en avril 1950 (ou juillet 51!). Le 25 septembre 1951 des licences ont été proposées à la vente pour un prix de 25 000$. Les premiers transistors à jonctions industriels, dits "alliés", ont été fabriqués en posant deux gouttes d'indium de part et d'autre d'une fine plaquette de germanium monocristalin. A 600°C, l'indium diffusait dans le germanium en changeant son type. Il fallait que les deux zones diffusées soient très proches, sans qu'elles se touchent. Un transistor de ce type, appelé OC71 a été largement commercialisé par Philips, Mullard, National, Siemens, Valvo… à partir de 1954. Ce transistor se présentait comme un petit tube de verre peint en noir de 2 cm de long (avec un bout arrondi) et de 5mm de diamètre. Il était rempli de graisse au silicone dans laquelle se trouvait le transistor tenu par ses connexions. Ce dispositif était lent et très sensible à la température. La performance de ce type de transistor est directement liée à l'épaisseur de sa base. Les tenants des tubes riaient devant ces objets qui n'étaient vus alors comme des curiosités sans intérêt! Je possède un ouvrage, support du cours d'électronique de Sup Elec, de 1953 qui ne mentionne même pas les transistors!


Le transistor OC71

Les évolutions techniques qui ont amené aux transistors modernes et aux circuits intégrés sont apparues à la fin des années 50:

- utilisation du silicium en 1954 par Texas Instrument qui a permis d'obtenir une beaucoup plus grande stabilité en température

- utilisation de la technologie MESA (1957 Texas Instrument), puis PLANAR (1958 Fairchild) qui a ouvert la porte aux circuits intégrés.

L'utilisation industrielle des transistors a démarré, et s'est rapidement développée, dès le début des années 60, entraînant l'abandon rapide des tubes.

Les circuits intégrés

Un circuit intégré consiste en la réunion de tous les composants d'un montage sur la même pastille de silicium.
Le premier circuit intégré fut réalisé chez Texas Instrument le 12 septembre 1958 par Jack Kilby. A la même époque, Robert Noyce a aussi réalisé un circuit intégré chez Fairchild. Au début des années 70 sont apparus les premiers circuits intégrés à transistors à effet de champ (MOS). D'abord à grille métallique (PMOS grille alu) qui étaient assez lents!. Cette technologie s'est ensuite améliorée (passage au NMOS, puis au CMOS au début des années 80). La vitesse des transistors MOS s'est accrue au point de supplanter celle des transistors bipolaires dans les années 80.

Le premier circuit intégré de J. Kilby.

La caractéristique fondamentale d'un circuit intégré est la finesse de son dessin qui conditionne la taille de ses transistors et celle de ses connexions. Plus c'est petit, plus c'est rapide! Tout simplement parce que les capacités parasites sont plus petites. La taille actuelle des plus petits motifs est de 65nm, en constante diminution. Elle devrait être aux alentours de 25 nm en 2010.


Le nombre des transistors des circuits complexes augmente exponentiellement depuis le début des circuits intégrés (loi de Moore). La complexité des circuits actuels atteint 100 000 transistors. Elle devrait continuer à croître à ce rythme jusque, au moins, vers 2010.

Bibliographie:

G. Moore, Cramming more components onto integrated circuits, Electronics Vol 38 n° 8, 19 avril 1965

W. Shockley, The path of Junction Transistor, IEEE Transaction on Electron Devices, (reprise de 1976) nov 1984

M. Cand, E. Demoulin, J-L. Lardy, P. Senn, Conception des circuits intégrés MOS, Eyrolles 1986

F. Nebeker, The Electric Century, IEEE Spectrum, june 2000

C. Rumelhard, Les transistors, comment ça marche, Séminaire: L'électronique dans la société contemporaine, Musée du CNAM, 28 avril 2006

C. Rumelhard, Un transistor Français? Séminaire: L'électronique dans la société contemporaine, Musée du CNAM, 14 décembre 2007

A l'emploi de la société National Electric Signaling2.
En 1906, il réalise deux autres avancées dans le développement de la radio. En janvier 1906, il réussit la première transmission transatlantique bidirectionnelle, à savoir, un échange de messages en code Morse entre Brant Rock (Massachusetts) et Machrihanish (Écosse). Et, le 24 décembre 1906, en présence d'une petite équipe technique, de sa femme et de sa secrétaire, il réalise la première émission radio de voix et musique, soit la première radio transmission publique2 ou radiodiffusion, à partir de Brant Rock. Son programme comprend un bref discours, un enregistrement musical du Largo de Haendel, une chanson de Noël, Sainte nuit, jouée au violon, et une brève lecture biblique. Cette émission fut entendue surtout par des opérateurs de radio sur des navires dans l'océan Atlantique. Ayant demandé à ses auditeurs de lui écrire après leur avoir souhaité un Joyeux Noël, il apprit que cette émission avait été captée à plus de 800 km, à Norfolk en Virginie2.
Brevets notables







Histoire des postes à transistors en France




Si nous étudions l'évolution du public de la radio, entre 1956, date de l'apparition du premier poste à transistors français, et le début des années 1970, période pendant laquelle plus de deux tiers des ménages s'équipent nous constatons une fois de plus l'impact puissant sur le quotidien de français, dans toutes les couches de la société.
Le composant transistor révolutionne l'électronique du XXe siècle, il devient rapidement un produit de grande consommation, et par là même bouleverse le mode d'écoute de la radio.
Le transistor (contraction des termes Transconductance Resistor) connaît un tel essor que le composant et le poste se confondent dans le langage familier.
Grâce à lui, le poste de radio devient mobile et léger, tandis que les postes à lampe, en dépit de certains modèles portatifs, sont lourds et volumineux.
Le poste à transistors présente un avantage comparatif considérable : il fonctionne très longtemps avec le même jeu de piles, sans avoir besoin d'électricité, tandis que les récepteurs à lampe consomment beaucoup d'énergie. Ces appareils à transistors n'accèdent qu'aux moyennes et grandes ondes et seulement en 1961 à la modulation de fréquence.
L'objet de cette étude soulève de nombreuses interrogations, puisque nous avons affaire à un domaine mettant en jeu à la fois la production d'un objet radiophonique et sa réception par le public.

L'apparition du transistor

En 1956, l'introduction du premier poste à transistors français sur le marché, le " Solistor de Clarville," est saluée par la presse spécialisée comme une innovation technologique majeure tendant à révolutionner les habitudes d'écoute ; mais il n'a que peu d'impact. Ainsi, il se révèle un cuisant échec commercial et technique :
Et bien que sa commercialisation soit initialement prévue en juin 1956, les détaillants ne sont livrés que fin août à hauteur de 820 unités dont seulement 620 écoulés auprès du grand public parmi lesquels 160 sont retournés pour divers défauts
Même si, dès 1957, la plupart des constructeurs produisent des radiorécepteurs équipés de transistors, cette gamme se compose généralement d'un modèle unique, tandis que celle des postes à lampes est déjà large et variée .
De plus, les constructeurs ne mesurent pas le véritable potentiel du marché des postes à transistors.
Précisément, une étude de marché stigmatise l'aspect résolument familial du poste de radio en révélant que "'unique demande est celle du remplacement des radiorécepteurs existants".
Par ailleurs, on remarque que les statistiques de ventes de récepteurs de radiodiffusion sont ventilées en 1956 et 1957 en quatre catégories, dont celle des "postes portatifs à piles et piles secteurs" qui regroupe à la fois les postes portatifs à lampes et les postes à transistors .
Par conséquent, à ses débuts, le poste à transistors est perçu par l'industrie comme simple concurrent des postes portatifs à lampe.
Il faut attendre 1959 pour que la catégorie des postes à transistors soit distinguée dans les statistiques officielles de vente.
En effet, à partir de cette date, le poste à transistors trouve enfin sa place sur le marché français.
À la fin de la décennie, sa production supplante de manière foudroyante tant la production de récepteurs de télévision (+461% contre +80% entre 1958 et 1961) que celle des postes classiques à lampes.

La part des postes à transistors dans la production totale explose, passant de 20% en 1958, à plus de 50% en 1959, 77% en 1960, pour atteindre 90% en 1961.
Malgré cette évolution spectaculaire de sa production, la France peine à rattraper son retard par rapport aux autres pays occidentaux : en 1957 comme en 1960, elle se place en sixième position des pays producteurs de postes de radiodiffusion.
À titre de comparaison, la tendance est encore plus lourde en ce qui concerne la production de téléviseurs en 1957, puisque la France n'est qu'en huitième position, se plaçant juste derrière le Canada et l'Italie.
La comparaison avec les pays européens révèle que ce retard est particulièrement accentué par rapport à l'Allemagne fédérale qui produit deux fois plus de radiorécepteurs que la France (3,3 millions d'unités contre 1,5 en 1958).
Par ailleurs, l'ouverture du Marché commun, accordant une baisse de 10% des tarifs douaniers, permet aux postes allemands de fixer des prix très compétitifs sur le marché français : ces derniers sont ainsi 20% à 40% moins chers que les postes français sur leur marché intérieur, ce qui leur permet d'arriver en France à des prix à peine supérieurs.
Cette brusque inondation du marché en 1959/1960 de la production française s'explique en partie par une amélioration technologique et par une tentative de limitation des importations de postes à transistors, particulièrement celles en provenance d'Allemagne.
Si l'on se penche plus spécifiquement sur les ventes de postes à transistors en France, on constate que son évolution suit exactement celle de sa production. En effet, au cours des années 1956 et 1957, les ventes de "postes portatifs à piles et piles secteurs " représentent respectivement 11% et 14% des ventes globales de radiorécepteurs.
Les postes à transistors connaissent un faible succès en raison non seulement de leur manque de fiabilité technique, d'une musicalité moyenne et d'une sensibilité réduite, mais également en raison de leur prix de vente.
En effet, leur prix est en moyenne plus élevé de 20% par rapport aux postes radio traditionnels. De plus, en 1958, plusieurs mesures fiscales dégradent cette situation : l'augmentation de la TVA sur les produits de luxe (dont le poste de radio fait partie) est portée à 27,5% et celle de la taxe radiophonique à 7,5%, mesures entraînant une hausse globale des prix de 16,5% .
Mais, dès l'année suivante, les effets bénéfiques de la concentration de la production font brusquement grimper les ventes des postes à transistors : 11% du volume des radiorécepteurs en 1958, mais plus de la moitié des ventes en 1959 et presque les trois-quarts en 1960.
Ainsi, après un lent démarrage de 1956 à 1958, la production et les ventes de postes à transistors explosent en 1959 et 1960. Ce « boom des transistors » est certes spectaculaire, mais il convient de le tempérer à la lumière des données relatives à l'équipement des ménages français au début des années 1960.
D'un marché de renouvellement au marché du pluri-équipement

Le poste de radio est un équipement déjà ancien dans les foyers : "en 1954, 7 ménages sur 10 sont équipés d'un appareil de radio tandis qu'un ménage sur 100 seulement possède une télévision ". L'industrie de la radio est un marché de renouvellement :
" les autres appareils électroménagers ne sont possédés qu'à raison d'une unité par ménage, la plupart des ménages, près de 9 ménages sur 10, parmi ceux qui en possèdent, en sont encore à leur premier appareil alors qu'un ménage sur deux a déjà eu l'occasion de changer au moins une fois d'appareil de radio " . Afin de s'interroger plus précisément sur ce marché de renouvellement, le tableau ci-dessus présente la répartition de chaque type de récepteurs suivant l'année d'achat du plus récent dans l'équipement des ménages en 1961, pour un parc de radiorécepteurs global évalué à 13 225 000 unités.

On voit clairement l'explosion des ventes des transistors : plus de la moitié des ménages disposant en 1961 d'un transistor l'ont acquis depuis moins d'un an.
À l'inverse, la majorité des récepteurs fonctionnant sur le secteur ont été achetés depuis plus de sept ans.
Reste donc toujours une forte prégnance du poste radio à lampe dans l'ensemble du parc radiorécepteur, alors que seuls 15% des ménages sont équipés d'un transistor.
De plus, à la même époque, près de 5% des ménages possèdent au moins deux appareils radio, au lieu de 2% trois ans auparavant . Ces statistiques nous permettent de constater que le multi-équipement n'est pas encore très développé en France, contrairement aux États-Unis .
Il faut attendre la fin de la décennie pour que l'équipement soit multiplié par trois :
"en 1971, 37,6% des foyers équipés en radio possèdent au moins deux appareils pour un parc global constitué à 66% de transistors". Le transistor est à ce point entré dans les mœurs que beaucoup de foyers ne se contentent plus d'un seul récepteur.
L'achat d'un transistor , en plus d'un poste ancien, modifie la place de l'objet radiophonique dans la vie quotidienne de chaque foyer, alors que, au cœur des Trente Glorieuses, le pouvoir d'achat ne cesse de croître .
Ce développement atteint son apogée dix ans plus tard ; en 1983, le parc récepteur radio dépasse les 50 millions, soit presque un poste par Français. Ainsi, au début des années 1960, on compte des radios dans tous les foyers et le marché se développe désormais par le multi-équipement des ménages. Quelles sont les conséquences de cette mutation sur le public de la radio ?
Le transistor vise un nouveau public

La période marque, on le sait, l'avènement d'une nouvelle classe d'âge d'auditeurs : " les jeunes" .
Prenons l'exemple d'une station populaire : Europe n°1. Celle-ci oriente son discours promotionnel vers la jeunesse, en créant, en 1959, une émission quotidienne Salut les Copains .
Il ne s'agit pas ici de refaire l'histoire de cette émission, mais plutôt de dégager les signes d'émergence d'une nouvelle classe d'âge.
L'écoute jeune , on le sait, fut largement celle de la musique yé-yé , version acclimatée du rock'n roll. Selon un article de Nord Eclair , 66% des adultes écoutent des variétés et des chansons ; 82% des jeunes des émissions yé-yé .
Les premiers restent plus traditionnellement attachés à des programmes d'informations (65% contre 23% pour les jeunes), et de théâtre (24% contre 19% pour les jeunes).
La radio est le média de masse le plus présent dans la vie quotidienne des jeunes : une enquête de l'IFOP en 1966 le confirme en positionnant la radio comme premier média des 15-20 ans .
Mais dans quelle mesure le transistor accélère-t-il la segmentation du public de la radio ?
Toujours dans cette même enquête sur les 15 à 20 ans, on constate que 46% des jeunes possèdent un poste personnel, surtout ceux dont les parents sont cadres supérieurs, professions libérales ou industriels (64%), suivis mais d'assez loin (46%), par les fils de cadres moyens et employés, c'est-à -dire les catégories parmi lesquelles se rencontre le plus grand nombre d'étudiants .
Cette étude montre que l'enracinement est massif :pratiquement la moitié des jeunes possèdent un poste personnel, certes surtout dans les catégories sociales les plus favorisées.
Ce constat doit être restitué dans l'amélioration globale de l'habitat des Français, qui permet à une partie des jeunes d'avoir leur chambre.
Ainsi, on peut dire que la mutation technique de la radio opérée par le transistor, influe sur l'avènement d'une nouvelle classe d'âge d'auditeurs, dans un contexte où les aspects démographiques, socio-économiques et culturels jouent bien entendu un rôle important.
Plus globalement, quelles ont pu être les répercussions du transistor en termes de modes d'écoute du public ?
Vers une individualisation de l'écoute ou un changement du mode d'écoute ?

Les observateurs de la période s'entendent pour dire que l'on passe d'une écoute collective à une écoute individuelle.
Fait significatif, pour la première fois en 1963, les instituts de sondage prennent en compte, dans la mesure de l'audience, l'écoute individuelle et non plus l'écoute par foyer.
Il s'agit là d'un lent processus qui s'amorce tout juste, s'épanouissant essentiellement lors de la décennie suivante.
En effet, dans un sondage de 1961, 16% seulement des personnes interrogées déclarent avoir la maîtrise exclusive des émissions sélectionnées.
On peut alors en déduire qu'une large majorité des Français se réunit encore pour écouter la radio. De plus, comment peut-on alors parler d'écoute individuelle lorsque seulement 2% à 5% des ménages possèdent plus d'un récepteur en 1961 ?
On constate néanmoins une diversification des habitudes d'écoute, tant au niveau des plages horaires que des lieux. En effet, avant l'apparition du transistor, les statisticiens s'accordent à reconnaître que le taux d'écoute maximum se situe aux heures de repas, au moment où la famille se réunit : « les Français déjeunent donc volontiers en musique ou en écoutant leur émission préférée autour d'un poste radio à lampes, souvent volumineux .
Depuis l'introduction du transistor, les habitudes d'écoute et les taux d'audience sont bousculés ; en dehors des repas, on constate une augmentation significative de l'audience aux moments habituellement « creux » de la matinée et de l'après-midi.
À cet égard, la transistorisation de l'autoradio est un facteur important dans l'évolution de l'audience.
En effet, si l'apparition de l'autoradio date du début des années 1950, le transistor transforme profondément ce type de récepteur, et facilite son installation et son utilisation, grâce à un encombrement réduit et à une plus longue autonomie.
La croissance des ventes d'autoradios est particulièrement impressionnante : en 1971, 14,8% des foyers et 25,9% des automobilistes en sont équipés soit une augmentation de 250% depuis 1964 .
Comme le rapporte cette même étude, les autoradios à transistors transforment la structure de l'audience, en faisant des heures du matin, particulièrement entre 7h et 8h30, la tranche horaire de plus forte audience.
On observe également une augmentation des taux d'audience en été, période d'écoute traditionnellement faible à l'époque du poste à lampes : au mois d'août, la part des Français à l'écoute de la radio n'est inférieure que de 9% au taux d'écoute moyen annuel et on estime d'ailleurs que 83,6% des ménages campeurs-caravaniers ont un transistor.
Les publicités d'un constructeur de l'époque sont révélatrices : elles mettent en scène des estivants bronzant sur la plage, tout en écoutant la radio avec un transistor ou déjeunant dans la nature avec leur transistor.
On note à cet égard que près de la moitié des transistors sont utilisés hors du foyer : dans une enquête effectuée pour la Correspondance de la publicité, 55% des personnes interrogées déclarent utiliser leur transistor en vacances, et 38% en week-end ou dans leur maison de campagne. Les lieux d'écoute de la radio s'étendent à l'extérieur du domicile, le transistor accompagnant l'auditeur dans son automobile comme dans ses loisirs.
Au total, ces quelques éléments de réflexion attirent l'attention sur la mutation d'un marché et les effets d'une nouvelle technique dans le comportement du public de la radio. Ils confirment le rôle central du transistor dans la transformation de l'écoute et conduisent à s'interroger sur les changements sociopolitiques que le transistor a induit en période de crise (guerre d'Algérie, mai 68) ou en des temps plus ordinaires.






http://youtu.be/X19iZ4CyJf0 buggles
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Posté le : 23/12/2012 14:00
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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