| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Afficher/Cacher la colonne
Accueil >> newbb >> Hervé Bazin [Les Forums - Histoire de la Littérature]

Parcourir ce sujet :   1 Utilisateur(s) anonymes





Hervé Bazin
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9501
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3167 / 56493
Hors Ligne

Le 17 Février 1996 meurt à 84 ans le grand écrivain Français

HERVÉ BAZIN



CITATIONS :

- " Il est significatif que le statut de la femme demeure à peu prés inchangé là où les religions sont encore puissantes. Partout ailleurs, il est remis en question. ( Ce que je crois . 1977 ) "

- " Mais plutôt que d'enseignement, c'est d'éducation qui manque aujourd'hui la jeunesse " ( Ce que je crois -1977 )

- " Où peut-on être mieux qu'au sein d'une famille ? .... Partout ailleurs ! "

ENFANCE ET ADOLESCENCE :

Hervé Bazin de son véritable nom Jean-Pierre Hervé Bazin est né le 17 avril 1911 à Angers dans une famille bourgeoise profondément catholique.

Son grand Père Ferdinand-Jacques Hervé, juriste brillant, avocat puis professeur de droit, écrit sous le pseudonyme de Charles Saint Martin et il ajouta à son nom de famille Hervé, celui de son épouse Marie-Claire Bazin.

Il est le petit neveu de René Bazin, journaliste, romancier et académicien.

Son père, Jacques Hervé Bazin docteur en droit, est avocat et enseignera pendant plusieurs années à l' université catholique de Hanoï en Indochine.

Sa mère, Paule Guilloteaux, femme séche et autoritaire, petite fille de banquier et fille de Jean Guilloteaux, député puis sénateur du Morbihan - c'est lui qui organisera le mariage de sa fille âgée de 18 ans, fraîchement sortie du pensionnat religieux de Vannes, avec Jean-Pierre Hervé Bazin, impressionné par le prestige de cette famille - en contrepartie, elle apporte une immense dot.

Pendant l'absence de leurs parents en Asie, deux des trois enfants sont élevés par leur grand mère, au décés de celle-ci, les parents reviennent en France, en descendant du train, leur mère les gifle sans ménagement ne supportant pas les gestes d'affection qu'ils ont envers elle et leur ordonne de porter les valises.

Jean-Pierre Hervé Bazin passe son enfance à Marans dans le Maine et Loire et s'oppose à cette mère, acariâtre et autoritaire. Dominé par sa femme, le père reste indifférent à la maltraitance de l'enfant et préfère passer ses journées à collectionner les insectes.

En 1940, il a 19 ans, il emprunte la voiture de son père, a un accident de voiture et devient en partie amnésique, il est condamné à une longue hospitalisation - ce qui le conduira plus tard, en 1954, à parcourir la France avec un photographe Jean-Philippe Charbonnier pour dénoncer en janvier 1955, dans la revue
"Réalités ", l'état lamentable des établissements psychiatriques -.

Il fugue plusieurs fois pendant son adolescence, refuse de passer ses examens à la faculté catholique de droit d'Angers et à 20 ans il rompt avec sa famille pour s'inscrire à la faculté de lettres de la Sorbonne. Toute sa vie il restera marqué par les souvenirs douloureux de son enfance dus aux rapports conflictuels avec sa mère.

DEBUT LITTERAIRE:

Parallèlement à ses études à la Sorbonne, il exerce divers petits métiers, écrit de la poésie pendant une quinzaine d'années, sans grand succès, devient journaliste littéraire, interview Aragon, Paul Claudel, Paul Fort, Paul Valéry.... crée une revue poétique en 1946 " la Coquille ", mais Paul Valéry lui conseille de se consacrer à la prose malgré l'obtention du prix Apolinaire pour " Jour " en 1947 et " A la poursuite d'Iris " en 1948;

Il publie la même année " Vipère au poing " un roman largement autobiographique tiré de son enfance malheureuse, ce premier roman, suivi de beaucoup d'autres, obtint un succès considérable et rata de peu le prix Goncourt, Colette, alors présidente, s'y opposant formellement.

POLITIQUE

Hervé Bazin - pseudonyme imposé par Grasset - choisit d'être un homme libre, avec une sensibilité de gauche, il fut lié au " Mouvement pour la Paix " proche du parti communiste, peut être aussi pour contrer sa famille qui est de droite , bourgeoise et conservatrice, il refuse d'être considéré comme un auteur engagé, il revendique le fait " d' écrire pour alerter " et jeta toujours un regard attentif sur les évolutions de la société en France et dans le monde.

Il a soutenu les époux Rosenberg durant leur procès.

MARIAGES:

Marié quatre fois, il eut 7 enfants.
Il épousa Odette Danigo en 1934, un fils naquit de cette union
En 1945 il épousa Jacqueline Dussolier, 4 enfants naissent.
En 1967 c'est Monique Serre-Gray qui lui donne un enfant.
et enfin en 1988, sa dernière épouse, Odile L'Hermitte lui donne un fils, Il a 75 ans.

PARTICIPATIONS ET DISTINCTIONS:

IL est, pour la critique littéraire, le " romancier de la famille " ses thèmes de prédilections étant l'éducation, la famille, la justice, la paix , il dépeint avec justesse les moeurs de la France et de la bourgeoisie étouffante et conformiste, il est sensible aux mutations de son époque dont ses romans se font les herméneutes.

Une cinquantaine de romans jalonnent son parcours littéraire, généralement inspirés par son enfance ou pris dans la vie
courante de l' époque. Ses oeuvres très psychologiques, sont toujours étudiées dans les écoles, collèges et lycées.

En 1957, il obtint le grand prix littéraire de Monaco, le prix Lénine en 1980, il est nommé grand officier de la légion d' honneur.

Malgré à sa fonction de critique littéraire, un recueil de nouvelles en 1963 " Chapeau bas "ainsi qu'un essai consacré à la réforme de l'orthographe : "Plumons l'oiseau " en 1966, il publie un roman presque chaque année.

Membre de l'académie Goncourt en 1958 , il en devient président en 1973 et y restera jusqu'à sa mort, il dynamisa l'institution notamment en participant à la création du Prix Goncourt des Lycéens.

En 1950, il participe avec d’autres écrivains comme Marcelle Auclair, Jacques Audiberti, Émile Danoën, Maurice Druon et André Maurois, au numéro de la
revue La Nouvelle équipe française de Lucie Faure, intitulé « L’Amour est à réinventer ».

Hervé Bazin toujours attaché à sa province angevine, où il situe bon nombre de ses romans, à l'instar de Mauriac, il est l'un des auteurs les plus lus de la deuxième moitié du XX éme siècle, il fût un grand romancier dans la continuité de Balzac et des grands réalistes du XXI ème siécle. Sa modernité tient à son attention de la vie quotidienne et aux problèmes de la famille.

Ses oeuvres sont rééditées régulièrement.

DECÉS :

Il passe les dernières années de sa vie à Cunault sur les bords de la Loire; Il y décéde suite à un accident cérébral.
Suivant son désir, il est incinéré à Cunault et ses cendres sont dispersées sur La Maine. Une pierre tombale est dressée au cimetière de son village.


Bibliographie de Hervé Bazin

Hervé Bazin a écrit les oeuvres suivantes:

A la poursuite d'Iris, poèmes, 1948
Vipère au poing, roman autobiographique, 1948
La Tête contre les murs, roman, écrit d'août 1948 à février 1949, publié en 1949
La Mort du petit cheval, roman autobiographique, suite de "Vipère au poing", écrit de décembre 1949 à août 1950, publié en 1950
Le bureau des mariages, nouvelles, 1951
Lève-toi et marche, roman, écrit en 1951, publié en 1952
Humeurs, poèmes, 1953
Contre vents et marées, 1953
L'Huile sur le feu, roman, écrit d'oct. 1953 à février 1954, publié en 1954
Qui j'ose aimer, roman, écrit de novembre 1955 à oct. 1956, publié en 1956
La Fin des asiles, essai/enquête, 1959
Au nom du fils, roman, écrit d'avril 1959 à septembre 1960, publié en 1960
Chapeau bas, nouvelles, 1963 : Chapeau bas, Bouc émissaire, La hotte, M. le conseiller du cœur, Souvenirs d'un amnésique, Mansarde à louer, La Clope
Plumons l'oiseau, essai, 1966
Le Matrimoine, roman, écrit en 1966, publié en 1967
Les Bienheureux de La Désolation, récit / enquête, 1970, sur l'évacuation des habitants de l'île de Tristan da Cunha suivant une éruption volcanique en 1961, leur malaise au sein de la société de consommation britannique où l'on tentait de les intégrer, puis leur volonté inébranlable de retourner vivre sur leur île, l'un des lieux les plus durs de la planète.
Cri de la chouette, roman autobiographique (suite de Vipère au poing et de La Mort du petit cheval), écrit en 1971, publié en 1972
Madame Ex, roman, écrit en 1974, publié en 1975
Traits, 1976
Ce que je crois, 1977
Un feu dévore un autre feu, 1978
L'Église verte, roman, 1981
Qui est le prince?, 1981
Abécédaire, 1984
Le Démon de minuit, 1988
L'École des pères, roman, 1991
Le grand méchant doux, 1992
Oeuvre poétique, 1992
Le Neuvième jour, 1994

FILMS :

- " Vipère au poing " , publié en 1948 à connu deux adaptations cinématographiques, une pour la télévision en 1970 réalisée par Pierre Cardinal, avec Alice Sapritch et un film de cinéma réalisé en 2004 par Philippe de Broca - qui décéda quelques jours après la sortie du film - avec comme acteurs principaux Catherine Frot et Jacques Villeret

- " La tête contre le mur " adaptation du roman publié en 1949 qui raconte la vie dans un hôpital psychiatrique, a été réalisé en 1959 par Georges Franju, avec Jean- Pierre Mocky co-adaptateur et Jean-Charles Pichon, auteur des dialogues, sur une musique de Maurice Jarre. Avec comme acteurs principaux, Pierre Brasseur , Anouk Aimée , Paul Meurisse et Charles Aznavour.


MANUSCRITS:

En 1955, l'ors d'un déménagement, Hervé Bazin confie ses manuscrits et sa correspondance aux archives
municipales de la ville de Nancy. Aprés sa mort, ses six premiers enfants demande la vente de ce fonds à L' hôtel
Drouot en 2004 . Sa dernière épouse Odile Hervé Bazin , accompagnée de son fils de 10 ans, s'y oppose.

La bibliothèque universitaire d' Angers, soutenue par les collectivités locales réussit à préempter ce patrimoine, soit
22 manuscrits, environ 9000 lettres.Il manque le manuscrit de " Vipère au poing" vendu par Hervé Bazin dans les années 1980 et celui des " Bienheureux de la désolation" , recueilli par son fils le jour de la vente.


Querelles de famille autour des archives d'Hervé Bazin
Par Monique Raux
In Le Monde du 18/06/2004

NANCY
de notre correspondante
Huit ans après la mort d'Hervé Bazin, décédé à 85 ans en février 1996, ses archives se trouvent projetées au coeur d'une querelle de famille, de celles qui forment la trame des romans de l'auteur de Vipère au poing. Ces lettres et manuscrits déposés aux archives municipales de Nancy selon la volonté de l'auteur vont être rendus à ses héritiers. Ainsi en a décidé la première chambre du tribunal de grande instance d'Angers, saisie par une partie de la famille. C'est en 1995 que l'écrivain a confié à la ville de Nancy tous ses manuscrits, tapuscrits - à l'exception de Vipère au poing, qui a disparu-, ainsi que 1518 correspondances privées.
Michèle Maubeuge, attachée culturelle à la ville, devenue au fil des ans, une amie d'Hervé Bazin, se souvient de la visite effectuée à Angers un jour de novembre. «Nous étions là. parmi ses objets familiers. Sur son bureau, il y avait deux machines à écrire. La vieille Underwood, qu'il avait troquée en 1945contre une bouteille de cognac à un soldat américain, dont les touches devenaient de plus en plus duresmais sur laquelle il avait tapé tous ses manuscrits, sauf le dernier, et une Olivetti plus récente Il y avait aussi son buste en bronze. Et, dans un grand meuble en chêne des années 1950, tout son courrier, classé par ordre alphabétique ainsi que ses manuscrits.»
Michèle Maubeuge explique qu'Hervé Bazin, qui fut président de l'Académie Goncourt, avait apprécié le soin avait lequel Nancy, dépositaire des archives de l'académie, les avait traitées, numérisées, valorisées et mises à la disposition des chercheurs. Il était soucieux de ce qu'iladviendrait, après lui, de ses archives personnelles, qui prenaient une place folle chez lui, et craignait leur dispersion. Parmi les lettres, Il yen avait du général de Gaulle, des échanges épistolaires avec Francois Nourrissier, Louis Jouvet, Jean-Paul Sartre, Jean Giono, Bernard ClaveL Il conservait même les bristols. «ll y avait aussi ses notes, ses travaux préparatoires et des grands plans en couleurs. Ainsi, il savait ce que tel personnage, placé à tel endroit du jardin, voyait exactement», précise-t-elle.

VENTE AUX Enchères

Cependant, Hervé Bazin n'a pas voulu signer les papiers officiels qui faisaient de Nancy la propriétaire de ces archives. «Il craignait que cela ne soit mis dans l'actif de la succession et avait peur que ses héritiers n'aient pas les moyens de payer. En dépit de son succès, il n'avait pas amassé de fortune. Il venait très souvent en aide aux gens, à ses proches. Il donnait », insiste-t-elle. Les héritiers- ses anciennes femmes et ses enfants-, sa dernière épouse, désireuse de respecter la volonté de son mari, ont exigé la restitution du fonds.
Le tribunal d'Angers leur a donné raison, en février. «Il est constant que le fonds Hervé Bazin est détenu par la mairie de Nancy à la suite d'un dépôt effectué par Hervé Bazin lui-même de son vivant le 9 décembre 1995», rappellent les magistrats. «Toutefois, ajoutent-ils, une donation ou une volonté testamentaire ne se présume pas et doit être expressément exprimée par l'auteur lui-même.» Les juges concluent donc que le témoignage rapporté par un tiers selon lequel l'écrivain craignait une dispersion de son travail d'homme de lettres après sa mort «si sincère soit-il, ne saurait établir la réalité de l'intention libérale de M. Hervé Bazinou d'un legs de ses archives non dépourvues d'une valeur économique de par sa notoriété».
Un notaire est chargé par la famille de vendre aux enchères le fonds et de faire le partage des gains. Auparavant, avec l'accord des héritiers, Nancy a quand même pu numériser tous les documents afin de les tenir à disposition des chercheurs travaillant sur l'oeuvre d'Hervé Bazin.




TEMOIGNAGES :

Témoignage dans lequel Françoise Chandernagor évoque avec émotion, peu de temps après le décès dHervé Bazin, la simplicité et la sincérité de lécrivain.
« … Jusquà ma récente élection à lAcadémie Goncourt, je ne lavais rencontré quune seule fois, il y a sept ou huit ans, lors dun court voyage à Moscou. Cest lui qui était venu vers moi, mavait parlé avec bienveillance de mes derniers livres et mavait encouragée à un moment où javais besoin de lêtre. Comment cet homme que je ne connaissais pas, qui était pour moi une de ces étoiles lointaines vers lesquelles on nose pas même lever les yeux, comment ce « confrère » avait-il senti quun tel geste de lui, en un tel instant, me serait précieux ? Je ne sais pas, mais je sais que jai immédiatement éprouvé, pour sa simplicité et sa générosité, ma reconnaissance infinie ».

Mais aussi son rôle à lAcadémie Goncourt
« Puis, il y eu, en mai dernier, ce coup de fil si inattendu : il me proposait dentrer à lAcadémie Goncourt, et je nignore pas que cest à lui et à François Nourissier que je dois dy figurer aujourdhui. A partir de ce jour, je crois avoir encore rencontré votre mari trois ou quatre fois ; cest peu, certes, pour connaître un homme, mais jai été frappée par sa vivacité desprit, son habileté diplomatique (il en faut dans cette assemblée !), sa malice, et cette jeunesse, cet appétit qui le tenait. Il présidait nos débats comme le chat guette la souris : immobile, silencieux, presque lointain, mais lil aux aguets, et tout à coup, au moment décisif, le « coup de patte » - la phrase qui fait mouche, la décision qui lève les derrières hésitations… Dans ce rôle, je sentais quil samusait. »


Madame Odile Hervé Bazin, sa dernière épouse, a eu l'amabilité, pour " Le Dévorant ", de confier, son sentiment sur l'homme qu'elle nous propose de découvrir.


Ce n’est pas simple d’évoquer un être disparu. Peur de le trahir, de ne pas transmettre au plus juste ce que lui ressentait et aurait eu envie d’exprimer. Hervé Bazin l’a lui-même écrit à propos des biographies : « L’embêtant, dans le genre, c’est que les morts n’aient plus le droit de réponse. »

Qui était Hervé Bazin ? Comment s’est-il construit à partir d’une enfance compliquée ? Un récent colloque, organisé par l’Université d’Angers où sont déposées toutes ses archives, s’intitulait : Hervé Bazin. Connu et inconnu. Ce titre me semble bien refléter une réalité.

En effet, si l’écrivain s’est livré sans mesure, quitte à prendre des coups, il n’en est pas de même pour l’homme. Secret et pudique, exigeant vis-à-vis de lui-même, extrêmement attentif aux autres, observateur pointu de tout ce qui l’entourait et des idées du siècle. Je l’ai souvent entendu dire « qu’un écrivain fait son miel de tout. »

Revenons à l’enfance d’Hervé Bazin. Il aurait pu en sortir détruit. « J’ai été si longtemps réprouvé que je m’étonne toujours d’être distingué par qui que ce soit : j’ai l’impression qu’il se moque ou qu’il n’est pas très futé » constatait Hervé Bazin à l’âge mûr et déjà célèbre, traduit en plus de quarante langues. Sentiment de doute, toujours, mais aussi formidable combativité et féroce goût pour la vie. Rien de passif chez lui, rien de tiède. Écrire, donc être au monde, était un besoin viscéral « pour témoigner, pour alerter, pour célébrer aussi. » Revanche de l’enfant repoussé ?

Les lecteurs, fidèles depuis 1948, ne s’y trompent pas. Ils sentent l’exigence qui animait l’écrivain, son désir de les toucher, de leur apporter quelque chose, de trouver la phrase la plus juste.

Son écriture forte et limpide, qui fait mouche, est le résultat d’un travail acharné. Chaque livre avançait dans la douleur et l’incertitude. Mais laissons-lui la parole : « Vous le savez, je considère avec étonnement et modestie une carrière que durant des années rien n’annonçait. Je sais ma chance et je trouve normales certaines rancunes comme certaines résistances de la part des gens qui ne comprennent pas toujours que ce qu’on a été ne préjuge pas de ce qu’on devient. Ne pas se trahir, ne pas se laisser récupérer, c’est un souci. Mais il en est d’autres : surmonter ses contradictions, ses fureurs, ses partis pris, vivre son âge, se remettre en question au nom même d’une réussite toujours relative, toujours provisoire où finit par dominer le sentiment d’avoir à la mériter davantage et d’assumer la responsabilité que comporte une large audience. »
Hervé Bazin, un écrivain engagé (combats au service de la paix dès 1954, de la littérature – son action à l’Académie Goncourt de 1958 à 1996, à la Société des gens de Lettres… –, de l’enfance maltraitée, de la libération de la femme…). Un homme à redécouvrir.

Odile Hervé-Bazin


Chronique pour son anniversaire...

Hervé Bazin, ci-dessous photographié en compagnie de sa mère en 1956 dans une librairie à Angers, est né le 17 avril 1911 - et non pas 1918 comme l'a fait croire l'éditeur de Vipère au poing qui le trouvait trop âgé pour la sortie de son premier roman après guerre. Jean-Pierre H-Bazin de son vrai prénom aurait eu 100 ans ce dimanche s'il n'était pas décédé le 17 février 1996, quelques jours après François Mitterrand!


En marge du manuscrit d'Acte de Probité, nouvelle du début des années cinquante, l'écrivain dessinait volontiers.

Lorsqu'il dressait le plan d'un roman, Hervé Bazin écrivait et illustrait son propos à l'aide de schémas, crobards, tableaux, comme ici en débutant La tête contre les murs, l'un de ses plus beaux textes inspiré par son propre séjour dans un Hôpital psychiatrique proche d'Angers.

En fait, Hervé Bazin m'a expliqué lors de notre dernière rencontre peu avant sa mort qu'il cherchait toujours à se représenter trés exactement ses personnages et à comprendre le mieux possible les sujets auquels il consacrait ses livres. La science, l'espace, la vie, la médecine, la paternité et la maternité, la famille faisaient partie de ses passions comme la littérature et la musique.

Ce que je retiens de cet immense bonhomme, à la fois en tant qu'auteur parmi mes préférés depuis l'adolescence et comme homme, avec qui la discussion devenait un vrai échange et était trés agréable, c'est son sens inné du contact avec autrui et un goût immodéré pour la découverte du monde, dont il n'hésitait pas à dénoncer les travers les plus intimes comme ceux de la société en général.

Mais il parlait surtout beaucoup du quotidien de monsieur et madame tout le monde, comme dans "il n'arrive jamais rien", une histoire courte qui se passe dans l'ouest, dans son Segréen d'enfance, qui parle de l'ennui d'un couple et du refus d'en sortir. Tout le contraire de cet esprit voyageur, curieux, enjoué, écologiste avant l'heure et dont les romans ont fait le tour du monde en plus de quarante langues différentes!
Happy Birthday Hervé Bazin

VIPERE AU POING

Sa première œuvre pose crûment les relations d’une mère et de son fils. Jean Rezeau, surnommé Brasse-Bouillon, a une mère qui ne l’aime pas. Lui et son frère l’ont surnommée Folcoche, contraction de « folle » et « cochonne ». La haine monte entre Folcoche et Brasse-Bouillon jusqu’à la tentative d’assassinat. Le roman s’achève sur une proclamation de Jean qui déclare que, vipère au poing, il chassera tous ceux qui tenteront de violer son indépendance. Dans le climat pudibond de l’après-guerre, ce roman fait scandale. Le public se passionne pour ces « Atrides en gilet de flanelle » (M. Nadeau).
Bazin retrouve Folcoche dans deux autres romans : La Mort du petit cheval (1950) et Le Cri de la chouette (1972). Dans ce dernier roman, Brasse-Bouillon a quarante-huit ans. Il est père de famille. Surgit Folcoche qui tente de semer la zizanie et se prend de passion pour Salomé, fille d’un premier mariage de l’actuelle femme de Jean. Mais Folcoche n’est pas faite pour l’amour : elle en meurt sous le regard de son fils, d’où toute haine a désormais disparu.
Entre-temps, Bazin a publié La Tête contre les murs (1949), qui met en scène l’univers des hôpitaux psychiatriques, Lève-toi et marche (1952), l’histoire d’une paralytique, et L’Huile sur le feu (1954) qui conte les relations dramatiques d’une adolescente et de son père incendiaire. Avec Qui j’ose aimer (1956), Hervé Bazin retrouve le climat familial qui lui est propre : il s’agit cette fois d’inceste entre une fille et son beau-père. Au nom du fils (1960), en revanche, chante les joies de la paternité même si le père mis en scène n’est, dans la réalité, que le beau-père de ses enfants. On pourrait estimer que ce dernier roman marque la fin du trajet d’Hervé Bazin : il est parti de la haine filiale pour aboutir à l’amour paternel. Il continue cependant son exploration de l’univers de la famille avec Le Matrimoine (1967) ou Madame Ex (1975) ; il fait une incursion du côté du roman d’idées avec Les Bienheureux de la désolation (1970) et de l’essai avec Ce que je crois (1977). Il publie également des nouvelles (Le Grand Méchant Doux, 1992) et — nostalgie de sa jeunesse ; — rassemble son Œuvre poétique (1992).


La Tête contre les murs

Arthur Gérane est un jeune homme désoeuvré, fainéant, petit malfrat en devenir qui s'entend bien avec sa soeur mais mal avec son père, juge d'instruction. Le jour où il revient à la maison familiale, c'est au milieu de la nuit, pour le voler. Impliqué dans un accident avec la voiture paternelle qu'il vient de dérober, il se retrouve, sur les conseils d'un ami de son père, interné dans un asile psychiatrique. C'est le début d'une longue itinérance dans les services de santé mentale du pays.

Biographie rédigée par Grenouille



Nécrologie
http://youtu.be/v9bAkWwwXZQ

Vipère au poing

http://www.youtube.com/watch?v=JmWUPA ... 20NdZyQ5EZZFEQHP0qD8qSM7C

http://www.youtube.com/watch?v=JmWUPA ... 20NdZyQ5EZZFEQHP0qD8qSM7C


Attacher un fichier:



jpg  securedownload (5).jpg (27.84 KB)
3_5120bc8732bd2.jpg 400X534 px

jpg  securedownload (3).jpg (113.71 KB)
3_5120bcbaadeb6.jpg 598X449 px

jpg  securedownload (4).jpg (105.64 KB)
3_5120bccdbae12.jpg 598X449 px

jpg  securedownload (1).jpg (103.34 KB)
3_5120bcde41994.jpg 499X410 px

jpg  175.jpg (48.74 KB)
3_5120bcedf0b4b.jpg 358X570 px

jpg  format-exception-indique-vipere-herve-bazin-img.jpg (190.21 KB)
3_5120bcfe1ed22.jpg 570X760 px

jpg  cri-de-la-chouette.jpg (40.76 KB)
3_5120bd0ebec95.jpg 300X300 px

jpg  4745213413_e1fd4fb912.jpg (119.92 KB)
3_5120bd24168ca.jpg 330X500 px

jpg  securedownload (2).jpg (109.96 KB)
3_5120bd4228841.jpg 499X413 px

jpg  securedownload.jpg (76.26 KB)
3_5120bd581d076.jpg 480X482 px

Posté le : 17/02/2013 12:22
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer



 Haut   Précédent   Suivant




[Recherche avancée]


Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
43 Personne(s) en ligne (16 Personne(s) connectée(s) sur Les Forums)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 43

Plus ...