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Accueil >> newbb >> Marc-Antoine Charpentier [Les Forums - Le coin des Musiciens]

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Marc-Antoine Charpentier
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Marc -Antoine Charpentier

nous quitte le 24 Février 1704


Aujourd'hui tout le monde connait Marc-Antoine Charpentier. Je dis bien tout le monde en effet, l'oeuvre de ce magnifique musicien était tombé en oubli, lorsqu'en 1953 l'ouverture orchestrale du Te Deum sert d'indicatif à l' Eurovision. C'est Carl de Nys qui nous fit redécouvrir ce brillant Te Deum, celui-ci devint également l'hymne du Tournoi des six nations. Depuis cette année 1953 la musique de Charpentier est liée à l'histoire de l'Europe. La firme naissante Erato avait accepté d'en assurer l'enregistrement

Surnommé "le phénix de France" par ses contemporains, il est le plus grand maître de la musique sacrée, notamment dans le petit motet du 17ème siècle. La richesse de son écriture est sans égale.
Charpentier est le seul à pouvoir s’opposer à Lully dans les diverses et complexes disciplines du théâtre et de l'Opéra.


Une enfance Parisienne

Marc-Antoine Charpentier est né en 1643, dans le "diocèse de Paris", ce qui correspond à la région de l'actuelle Île-de-France, sans que nous connaissions toutefois l'endroit exact. La famille Charpentier était originaire de Meaux depuis plusieurs générations. Son arrière-grand-père Denis y était "maître mégissier", son grand-père Louis "huissier sergent royal" et son oncle Pierre "prêtre grand chapelain de la cathédrale". En revanche, c'est à Paris que son père Louis Charpentier poursuit une carrière de "maître écrivain", métier consistant à établir des documents officiels pour le Parlement ou le Châtelet, ou encore pour un particulier haut placé.
Rien donc ne semblait destiner Marc-Antoine à la musique. Il passe son enfance et son adolescence à Paris, dans le quartier Saint-Séverin où sa famille s'installe peu après sa naissance. Marc-Antoine a deux frères dont l'un, Armand-Jean, embrassera la même profession que son père, et trois sœurs, Étiennette, "maîtresse lingère", Marie, religieuse à Port-Royal de Paris, enfin Élisabeth qui épouse en 1662 Jean-Édouard, un "maître de danse et joueur d'instruments" avec lequel le compositeur a pu entretenir des relations professionnelles privilégiées. Mais où et avec qui Marc-Antoine apprit-il les rudiments de la musique ? Nous l'ignorons toujours. Il aurait accompli sa scolarité auprès des Jésuites.
Voyage à Rome 1665
Âgé d'une vingtaine d'années, Charpentier part à Rome où il demeure trois ans. En 1665-1666, il se rend à Rome. Aucun document ne peut appuyer l'idée répandu, qu'il s'y rend pour étudier la peinture.
Selon le "Mercure Galant" de 1681, il étudie au Collegium Germanicum auprès de Giacomo Carissimi (1605-1674), un maître de la mise en musique des histoires pieuses, Giacomo Carissimi, est reconnu comme le plus grand musicien romain de l'époque, fameux pour ses histoires sacrées ou oratorios, auprès de lui il apprit le contrepoint, la polyphonie, le dialogue à deux chœurs, le style et la forme des histoires sacrées, dont Carissimi était le créateur. Charpentier retiendra la leçon puisqu'il composera de nombreuses histoires sacrées en latin et sera d'ailleurs le seul Français de cette période à s'être attaché au genre avec autant d'assiduité. Ses premières pièces dans ce domaine se ressentent du style de son aîné italien, tant dans les thèmes traités (Abraham, Le Jugement dernier, Le Jugement de Salomon) que dans l'écriture proprement dite (Judith H.391). Mais on trouve d'autres influences romaines dans l'œuvre de Charpentier, comme celles de Bonifazio Graziani ou de Francesco Foggia. Charpentier est aussi manifestement impressionné par les grandes compositions polychorales que l'on pouvait entendre dans les principales églises de Rome. Ses nombreux motets à double chœur et surtout sa Messe à quatre chœurs H.4, exemple absolument unique en France, en font foi. Comme il fit pour le célèbre Jephté de Carissimi, il recopia avec application la Missa mirabiles elationes Maris sexdecimus vocibus de Francesco Beretta.
À Rome, Charpentier rencontre aussi un de ses compatriotes, Charles Coypeau d'Assoucy qui dresse du compositeur un portrait peu flatteur, mais de toute évidence inspiré par le dépit d'être, quelques années plus tard, dédaigné par Molière. Un "original" qui "a les ventricules du cerveau bien endommagés", un "fol à plaindre" qui a "eu dans Rome besoin de son pain et de sa pitié", voici en quels termes d'Assoucy décrit son rival dans ses Rimes redoublées. On aurait besoin d'autres témoignages sur la personnalité de Charpentier pour contrebalancer ces évidentes calomnies. Malheureusement, la discrétion qu'il observa toute sa vie n'en a guère suscités.
De retour à Paris, Charpentier fréquente les milieux italianisants de la capitale, qui se rencontraient à Saint André des arts chez l’abbé Mathieu. C’est là qu’il eut sans doute loisir de diffuser les œuvres de son maître.
1670 Chez Melle De Guise
Après son séjour en Italie, Charpentier revient à Paris à la fin des années 1660. Il s'installe chez Marie de Lorraine, princesse de Joinville, duchesse de Joyeuse et duchesse de Guise, dans son grand hôtel de la rue du Chaume. Marie de Lorraine, dite Mademoiselle de Guise, était la petite-fille d'Henri de Guise, surnommé "le Balafré", l'organisateur de la Ligue assassiné sur l'ordre du roi Henri III. Avec un tel passé, on peut comprendre que, même des générations après, les relations de Mademoiselle de Guise avec la cour n'étaient guère évidentes. Charpentier a-t-il pâti de ces ancestrales rivalités, en étant tenu à l'écart des grands postes si convoités de la Musique de Louis XIV? De même que le roi néanmoins, Mademoiselle de Guise adore la musique et a à cœur d'entretenir dans son hôtel un ensemble de musiciens et de chanteurs d'une telle qualité que, selon le Mercure galant, "celle de plusieurs grands souverains n'en approche pas". Outre Charpentier qui compose et qui chante en voix de haute-contre, on y trouve le flûtiste et théoricien Étienne Loulié, le chanteur (et futur graveur) Henri de Baussen, ainsi que Anne Jacquet, surnommée Mademoiselle Manon, sœur aînée d'Élisabeth Jacquet de La Guerre. Charpentier est aussi au service d'Élisabeth d'Orléans (dite Madame de Guise). Charpentier offre à ses deux protectrices et à leur entourage œuvres sacrées (Litanies de la Vierge à six voix et deux dessus de violes H.83, Bonum est confiteri Domino H.195, Cæcilia Virgo et Martyr H.394, H.413, H.415...) et profanes (Actéon H.481, Les Arts florissants H.487, La Couronne de fleurs H.486, La Descente d'Orphée aux enfers H.488...).

1672 La comédie française

En 1672, sur un coup de force Lully obtient une forme de monopole sur la musique de théâtre ce qui consomme sa rupture avec Molière qui choisit Charpentier comme musicien pour assurer la partie musicale de ses comédies-ballets.
Le 8 juillet, le théâtre du Palais Royal reprend La Comtesse d'Escarbagnas et Le Mariage forcé avec une nouvelle musique de Charpentier.
Le 30 août suit une reprise des Fâcheux dont la musique est perdue, tout comme celle de Psyché. Mais c'est avec une nouvelle pièce de Molière, Le Malade imaginaire, créée le 10 février 1673 que le musicien peut donner la pleine mesure de son talent.
Malheureusement, Molière meurt à la quatrième représentation, ce qui met une fin prématurée à la collaboration des deux artistes. Par ailleurs, le compositeur est victime de lettres patentes émanant de Lully à l'encontre de la troupe de Molière; il doit ainsi réviser la partition de son Malade imaginaire afin de se conformer aux restrictions du nombre de chanteurs et d'instrumentistes autorisé par le surintendant de la Musique du roi sur les scènes autres que celle de l'Académie royale de musique.
Charpentier continue cependant de travailler pour la Troupe du roi nommée à partir de 1682 Comédie-Française; il compose la musique de pièces à machines : Circé, L'Inconnu dont les auteurs sont Thomas Corneille, pour la pièce et Jean Donneau de Visé, pour les intermèdes.
En 1682, pour la reprise d'Andromède de Pierre Corneille, il écrit une nouvelle musique de scène. Malgré les difficultés croissantes imposées par la toute-puissance de Lully, Charpentier poursuit son activité à la Comédie-Française avec Le Triomphe des dames de Thomas Corneille, une reprise du Sicilien de Molière
Les Fous divertissants de Raymond Poisson, La Pierre philosophale de Thomas Corneille, Jean Donneau de Visé), Endimion en 1681, des reprises de La Noce de village de Brécourt, de Psyché de Molière et du Rendez-vous des Tuileries de Baron, Angélique et Médor de Dancourt, Vénus et Adonis de Donneau de Visé), enfin une reprise du Malade imaginaire à Paris, puis à Versailles en janvier 1686.


Les couvents 1680


Au cours des années 1680, des couvents de religieuses comme l'Abbaye-aux-Bois ou Port-Royal de Paris commandent des pièces à Charpentier.
À cette époque, il existe deux couvents du nom de Port-Royal, l'un dans la vallée de Chevreuse, l'autre dans le faubourg Saint-Jacques à Paris. Pendant vingt ans, les deux maisons coexistent pour ne se séparer qu'en 1668, après la soumission par Louis XIV du Formulaire condamnant les cinq propositions extraites de l'Augustinus de Jansenius. Les religieuses qui acceptent de signer restent à Paris et le couvent du faubourg Saint-Jacques rompt dès lors ses liens avec le jansénisme. Les manuscrits de Charpentier contiennent plusieurs pièces désignées "Pour le Port-Royal" : Messe H.5, Pange lingua H.62, Magnificat H.81, Dixit Dominus H.226, Laudate Dominum H.227.
Après quatre siècles d'existence dans le diocèse de Noyon, l'Abbaye-aux-Bois, d'obédience cistercienne, est transférée en 1665 à Paris rue de Sèvres, à la place du couvent des Annonciades des Dix Vertus.
Sous la protection de la famille d'Orléans, le couvent ne reçoit que des personnes de qualité et les arts, théâtre et musique y tiennent une place de choix.
En 1683, il postule une place de sous-maître de musique à la Chapelle royale, mais la maladie ne lui permet pas de concourir jusqu'au bout. La possibilité d'obtenir une charge à la cour ne se présentera plus.
Il est gratifié d’une pension, et aura des commandes occasionnelles, comme pour le décès de la reine Marie-Thérèse, ou en 1687, pour fêter le rétablissement de la santé du roi : Le Te Deum, (et un et un Exaudia), "à deux chœurs de musique", est une commande de l'Académie de peinture et de sculpture, pour être joué à l'église des Prêtres de l'Oratoire de la rue Saint-Honoré pour "rendre grâces à Dieu du rétablissement de la santé du roi ".
Pour la semaine sainte de 1680, Charpentier compose un important cycle de leçons de ténèbres et de répons qui est chanté à l'Abbaye-aux-Bois.


1683 Charpentier à la cour

En avril 1683, Charpentier, ambitionnant une reconnaissance à sa mesure, se présente au concours du recrutement des sous-maîtres de musique de la Chapelle royale. Par malchance, il tombe malade et ne peut aller jusqu'au bout des épreuves.
C'est sûrement une grande déception et l'occasion d'obtenir un poste à la cour ne se représentera plus.
C’est dans son hôtel du Marais, à Paris, ainsi qu’à Saint-Germain chez le Dauphin, que Louis XIV eut l’occasion d’entendre les œuvres de ce musicien, jusque-là tenu en marge de l’art officiel représenté par Lully. Le roi fut émerveillé par l’art de Charpentier; aussi lui fit-il verser une pension lorsque la maladie l’empêcha, en 1683, de concourir pour l’obtention d’une des quatre charges de sous-maître de la chambre royale; et l’on exécuta ses œuvres à Versailles.
Charpentier est ensuite sollicité, à diverses occasions, à prendre part au cérémonial royal ou princier, ce qui montre que Louis XIV le tenait en haute estime.
Quelques mois après le concours de la Chapelle royale, le 30 juillet 1683, la reine de France Marie-Thérèse meurt. Pour célébrer sa mémoire, Charpentier est invité à écrire trois superbes pièces : une sorte de grande histoire sacrée In obitum augustissimæ nec non piissimæ Gallorum Reginæ Lamentum suivi d'un De profundis H.189, et un petit motet Luctus de morte augustissimæ Mariæ Theresiæ reginæ Galliæ .
Le compositeur est encore musicalement présent auprès de la famille royale pour fêter la guérison de la fistule de Louis XIV : en février 1687, il reçoit en effet une commande de l'Académie de peinture et de sculpture pour faire jouer dans l'église des Prêtres de l'Oratoire de la rue Saint-Honoré un Te Deum et un Exaudiat "à deux chœurs de musique" de sa composition afin de "rendre grâces à Dieu du rétablissement de la santé du roi" voir la Gazette de France, du 15 février 1687.
Au début des années 1680, Charpentier est chargé d'écrire la musique pour les offices religieux du Dauphin lorsque ce dernier ne pouvait se rendre à ceux du roi. Rendant visite à son fils, le roi a le loisir d'apprécier les compositions de Charpentier, comme en ce jour d'avril 1681 où, arrivant à Saint-Cloud, il "congédia toute sa Musique, et voulut entendre celle de Monseigneur le Dauphin jusqu'à son retour à Saint-Germain.
Elle a tous les jours chanté à la messe des motets de Mr Charpentier, et Sa Majesté n'en a point voulu entendre d'autres, quoiqu'on lui en eût proposé" Mercure galant, en avril 1681.
Les œuvres composées pour le Dauphin sont essentiellement des petits motets sur des textes de psaumes pour deux voix féminines et une basse, accompagnées parfois par des flûtes, chantées et jouées par des musiciens du roi, les sœurs et frères Pièche.
C'est encore pour ces mêmes interprètes que Charpentier conçut Les Plaisirs de Versailles en hommage à la cour de Louis XIV, nouvellement établie à Versailles.
En 1684, Charpentier est maître de musique chez les jésuites de Saint-Paul Saint-Louis et il fait représenter régulièrement ses tragédies sacrées chez ceux du collège de Clermont pour lesquels il écrivit la plupart de ses œuvres religieuses. Au faîte de la renommée, il reçut des commandes de l’Académie française, de l’Académie royale de sculpture et de peinture, ainsi que de l’abbaye de Port-Royal.


1688 Musicien des jésuites

À la mort de Mademoiselle de Guise en 1688, Charpentier est employé par les Jésuites dans leurs établissements parisiens.
Il devient maître de musique du collège de Clermont, aujourd'hui Louis-le-Grand, rue Saint-Jacques, puis de l'église Saint-Louis, rue Saint-Antoine. Il écrit aussi des pièces probablement chantées au noviciat.
En 1692, il est appelé à donner des cours de composition à un royal élève, Philippe d'Orléans


1693 Médée à l'Opéra

Durant la période où il travaille chez les Jésuites, Charpentier, alors âgé de cinquante ans, fait représenter à l'Académie royale de musique Médée, son unique tragédie en musique.
Le livret est de Thomas Corneille que le musicien avait connu au théâtre français une vingtaine d'années auparavant.
La première de Médée a lieu le 4 décembre 1693, puis l'ouvrage ne connaît que "neuf ou dix représentations" auxquelles assistèrent le dauphin qui "y est déjà venu deux fois" et le duc de Chartres qui "l'a vu quatre fois" voir Mercure galant, décembre 1693. Médée n'eut donc qu'un succès d'estime et ne fut jamais repris à l'Académie royale.


1698 La sainte -Chapelle


Le 28 juin 1698, Charpentier est nommé maître de musique des enfants de la Sainte-Chapelle du Palais, l'une des institutions les plus importantes de la capitale avec Notre-Dame de Paris, il remplace Chaperon comme maître de musique de la Sainte-Chapelle, bien qu’il n’ait pas été prêtre; il occupera ce poste jusqu’à sa mort.
La Sainte-Chapelle se trouvait située dans l'enceinte de ce qui fut jadis le Palais du roi, puis du Parlement, devenu depuis la Révolution le Palais de justice.
Charpentier était logé dans la maison de la maîtrise et ses fonctions consistaient à participer à tous les offices du lieu. Il lui incombait également de composer la musique des grandes cérémonies, d'enseigner aux enfants le solfège, le plain-chant, la technique vocale, le chant sur le livre et peut-être la composition.
Choisis pour leur sérieux et leurs qualités vocales, les enfants entraient à la Sainte-Chapelle vers l'âge de sept ou huit ans jusqu'à la mue de leur voix.
L'ensemble de la maîtrise, enfants et adultes, atteignait environ vingt-cinq personnes auxquelles s'adjoignaient pour les cérémonies " extraordinaires " des musiciens extérieurs.
Pour Charpentier, cette dernière période est celle des chefs-d'œuvre avec la messe Assumpta est Maria l'histoire sacrée Judicium Salomonis et le Motet pour l'offertoire de la Messe Rouge destiné à célébrer la rentrée annuelle du Parlement.
C'est dans sa maison de la Sainte-Chapelle, qu'à sept heures du matin du 24 février 1704, Charpentier, âgé de soixante ans, s'éteint.


L'Oeuvre monumentale

Charpentier laisse une œuvre monumentale dans laquelle il manifeste une égale maîtrise dans l'art de la composition. En effet, il sait être grave et profond dans sa musique religieuse, émouvant ou léger dans sa musique de scène.
Tout aussi à son aise dans les petites que dans les grandes formes, il excelle dans la disposition en double chœur, voire en triple ou en quadruple chœur et son écriture contrapuntique est admirable.
La musique de Charpentier tire essentiellement sa substance et sa singularité du mélange des styles français et italien auquel elle emprunte de nombreux éléments tels que la richesse mélodique, l'usage dramatique du silence et de la modulation, le goût du chromatisme et des dissonances.
La musique de Charpentier joue des modulations, des mélodies amples, dont le relief souligne les contrastes verbaux. Avec Orphée descendant aux Enfers (1683), Charpentier donna un caractère profane à ses cantates et des formes spécifiques que reprirent ses successeurs, Nicolas Bernier (1665-1734), claveciniste, organiste et maître de musique à la Sainte-Chapelle à Paris, auteur de motets et de nombreuses cantates profanes, et André Campra. Son opéra Médée (1693) est d'une grande richesse harmonique.
Dans ses nombreuses compositions religieuses, Te Deum, Magnificat, douze messes, vingt-huit Leçons de ténèbres, de nombreux hymnes, psaumes, antiennes, répons, litanies, Charpentier s'attache particulièrement à exprimer musicalement les nuances subtiles du texte sacré, ce qui rend sa musique très riche.
Critiqué pour son aspect italianisant, en particulier par Le Cerf de La Viéville qui fait une Comparaison de la musique italienne et de la musique française, qui qualifie ses œuvres de "pitoyables" et son style de "dur, sec et guindé à l'excès", l'art de Charpentier trouve quelques fidèles défenseurs comme Sébastien de Brossard qui sut en reconnaître la beauté : "C'est de ce commerce qu'il eut avec l'Italie dans sa jeunesse que quelques Français trop puristes ou, pour mieux dire, jaloux de la bonté de sa musique ont pris fort mal à propos l'occasion de lui reprocher son goût italien ; car on peut dire sans le flatter qu'il n'en a pris que le bon, ses ouvrages le témoignent assez".
Comme s'exprimait avec lucidité Charpentier : "bon parmi les bons et ignare parmi les ignares" !
Charpentier fut étroitement dépendant du pouvoir sans partage de Lully, et sa vie de compositeur se situe au coeur des querelles et rivalités qui opposèrent les tenants de la musique française à ceux de l'art italien.
Dans ce contexte, l'originalité de Charpentier fut sans doute d'opérer dans sa musique une synthèse entre les éléments italianisants chers à son temps et un véritable style français.
C'est un musicien raffiné, qui se distingue notamment par la diversité, et parfois l'audace, de l'instrumentation.
Son oeuvre est considérable, d'une très grande richesse, d'une variété de formes et de techniques à bien des égards novatrices.
Maître dans l'art de la musique religieuse, il en aborde avec bonheur tous les aspects (psaumes et cantiques, motets, noëls, messes).
Avec ses "histoires sacrées " (Filis Prodigus, Caecilia Virgo et Martyr, Le Reniement de Saint-Pierre...), il est considéré comme le créateur de l'oratorio moderne.
Il ne néglige cependant pas la musique profane, comme l'attestent ses créations pour le théâtre et la part prépondérante qui lui est attribuable dans le développement de la cantate en France (Orphée, 1683).


Une collection unique de manuscrits

Privé des honneurs que lui aurait offerts une carrière à la cour, la diversité de ses postes parisiens permit toutefois à Charpentier de concevoir une œuvre extrêmement variée, couvrant à peu près tous les genres profanes et sacrés de son temps et formant un corpus de plus de 550 pièces.
Très peu de partitions (Médée, airs) furent publiées de son vivant.
L'essentiel est conservé en manuscrits autographes appelés Mélanges formant 28 volumes et qui constituent l'un des plus beaux ensembles de manuscrits autographes musicaux de tous les temps. Ces manuscrits nous renseignent d'abord sur la manière dont Charpentier considérait sa création.
Tout au long de sa carrière, il prit grand soin de copier ses compositions dans de grands cahiers qu'il divisa en deux séries numérotées, l'une en chiffres arabes (de 1 à 75), l'autre en chiffres romains (de I à LXXIV). Certains manuscrits (autographes et non autographes) échappent à cette collection et d'autres sont perdus (environ un quart de l'œuvre).
À la mort de Charpentier, ce précieux legs se trouve entre les mains de ses neveux Jacques Édouard et Jacques-François Mathas.
Le premier est libraire et publie en 1709 un recueil de petits motets qu'il dédie au duc d'Orléans, mais ne poursuivra pas l'entreprise, apparemment faute de succès.
En 1727, il s'enquiert donc de vendre l'ensemble des manuscrits à la Bibliothèque royale pour la somme de 300 livres. C'est ainsi que la quasi-totalité de l'œuvre de Charpentier se trouve aujourd'hui au Département de la musique de la Bibliothèque nationale de France.


Les écrits théoriques

Vers 1692-1693, Charpentier donne des leçons de composition à Philippe de Chartres, très féru de musique comme son oncle Louis XIV. Pour parfaire son enseignement, le musicien lui offre un petit traité manuscrit intitulé Règles de composition où sont notamment répertoriés les caractères des modes : do majeur "Gai et guerrier", do mineur "Obscur et triste", ré majeur "Joyeux et très guerrier", ré mineur "Grave et dévot", etc. Les Règles de composition sont conservées avec un Abrégé des règles de l'accompagnement.
À ces deux ouvrages, on doit ajouter les Remarques sur les Messes à 16 parties d'Italie que Charpentier consigna après la copie de la Missa mirabiles elationes Maris sexdecimus vocibus de Beretta.


La musique sacrée :

Messes, Motets, histoires sacrées, l'opéra biblique, David et Jonathas.
Pendant tout le XVIIe et une grande partie du XVIIIe siècle, la messe chantée en France est restée à l'écart des courants stylistiques affectant les autres formes de musique profane et sacrée. La plupart des messes que l'on pouvait entendre à Paris et en province sous le règne de Louis XIV étaient soit en plain-chant, soit en style polyphonique ancien, écrites parfois depuis plusieurs décennies et adaptées au goût du jour par des accompagnements instrumentaux.
Aussi les onze messes vocales en style concertant laissées par Charpentier prennent-elles un relief particulier et revêtent même un éclat tout à fait exceptionnel. La variété apportée par les effectifs, la destination liturgique et l'écriture ne l'est pas moins : double chœur , Messe à 8 voix et 8 violons et flûtes H.3 et même quadruple chœur , Messe à quatre chœurs H.4, messes pour les défunts, Messe pour les trépassés H.2, Messe des morts à 4 voix H.7, Messe des morts à 4 voix et symphonie H.10, monodie et faux-bourdon, Messe pour le Port Royal H.5, parodie, Messe de minuit H.9.


La musique profane :

les intermèdes, les divertissements, la tragédie en musique, les airs et les cantates
Dans les comédies-ballets écrites en collaboration avec Molière, Charpentier montre de grandes dispositions pour la musique de théâtre, notamment dans les scènes comiques de caractère grotesque :"La la la bonjour !" du Mariage forcé H.494, ou mêlant le parlé et le chanté , dans le premier et troisième intermèdes du Malade imaginaire H.495.
Dans les pièces à machines comme Circé H.496 ou Andromède H.504, la présence de la musique, danses, chansons et chœurs, qui s'insère entre et dans les actes récités est très importante même si elle n'était estimée alors que comme un "ornement", alors que la première place revenait aux décors et aux machineries extraordinaires qui faisaient le succès de ces œuvres.
Ainsi Pierre Corneille considérait que sa "pièce n'est faite que pour les yeux", alors que les machines "en font le nœud et le dénouement, et y sont si nécessaires que vous n'en sauriez retrancher aucune que vous ne fassiez tomber tout l'édifice".


La musique instrumentale

Étant chanteur, Charpentier composa relativement peu d'œuvres instrumentales, mais certaines relèvent d'une rare originalité, en particulier dans le domaine de la musique sacrée où de telles compositions , symphonies pour un reposoir, antiennes, offertes... sont quasiment inexistantes chez les musiciens contemporains. L'exemple le plus étonnant demeure la Messe pour plusieurs instruments au lieu des orgues dans laquelle les instruments, flûtes, hautbois, cromorne sont choisis en raison de leur propriété à reproduire les divers registres de l'orgue français de l'époque. Mais ce sont les Noëls sur les instruments qui recueillent la faveur des interprètes actuels.
Comme dans le domaine de la cantate, Charpentier peut être considéré comme le tout premier compositeur français à avoir signé une sonate avec sa Sonate pour 2 flûtes allemandes, 2 dessus de violon, une basse de viole, une basse de violon à 5 cordes, un clavecin et un théorbe H.548 qui date du milieu des années 1680.


La renaissance de Charpentier

Très vite après sa mort, Charpentier sombre dans un oubli quasi total. Les raisons d'un tel silence semblent venir tout autant de l'homme dont l'existence modeste se déroula en marge de la puissante cour que du créateur. En effet, l'œuvre de Charpentier ne suit pas toujours les canons de l'esthétique française de l'époque et ne connut pas l'audience qu'elle méritait, ainsi que le compositeur s'en plaint dans son épitaphe.
Trois siècles plus tard, il semble bien que Charpentier a pris une juste revanche sur les frustrations subies, que ce soit dans les déboires qu'il rencontra au cours de sa carrière ou suite aux critiques parfois violentes que son œuvre occasionna. En effet, il est actuellement le compositeur français de l'époque baroque le plus présent au disque et au concert, et intéresse aussi bien les professionnels que les amateurs. Depuis les années 1950, son œuvre monumentale a été enregistrée pour plus de la moitié. Cette diffusion, tout à fait exceptionnelle, a permis de reconsidérer la place de Charpentier dans le paysage musical occidental. Pourtant, malgré d'importantes études, l'homme garde toujours son mystère.


Å’uvres

Opéras

Les Amours d'Acis et de Galatée, perdu (1678)
Les Arts florissants, H. 487 (1685-1686)
La Descente d'Orphée aux enfers, H. 488 (1686-1687)
David et Jonathas (1688)
Le Jugement de Pâris (1690)
Médée, H. 491 (1693-1694), sur un poème de Thomas Corneille
Philomèle, perdu (1694)

Pastorales

Les Plaisirs de Versailles (1680)
Actéon, H. 481 (1684)
La Couronne de fleurs, H. 486 (1685)
La Fête de Ruel, H. 485 (1685)
Il faut rire et chanter : la dispute des bergers (1685)
Le Retour du printemps
Cupido perfido dentral mio cor
Petite pastorale (Églogue) de bergers
Amor vince ogni cosa

Musique de scène

(à ne pas confondre avec la tragédie en musique)
Circé (1675)
Andromède (1682)

Comédies

Idylle sur le retour de la santé du roi (1686-1687)
Les Amours de Vénus et d'Adonis (1670)
Le Médecin malgré lui (1672)
Le Fâcheux (1672)
L'Inconnu (1675)

Comédies-ballets pour Molière

La Comtesse d'Escarbagnas (1672)
Le Mariage forcé, H. 494 (1672)
Le Malade imaginaire (1673)
Interludes[modifier]
Le Triomphe des dames (1676)
La Pierre philosophale (1681)
Endymion (1681)

Pièces instrumentales

Noëls pour les instruments, H.531
Noëls sur les instruments, H.534
Préludes et Ouvertures
Sonate, H.548
Concert pour quatre parties de violes, H.545
Messe pour plusieurs instruments au lieu des orgues, H.513

Musique religieuse

Te Deum4
Quatre Miserere
Miserere, H.219
Dix Magnificat
Pour le sacrement
Pour le saint sacrement au reposoir, H.346
Pour la seconde fois que le saint sacrement vient au même reposoir, H.372
Hymnes
Proses
Onze messes :
Messe, H.1
Messe pour les Trépassés, H.2
Messe à 8 voix et 8 violons et flûtes, H.3
Messe à quatre chœurs, H.4
Messe pour le Port Royal, H.5
Messe de Monsieur de Mauroy, H.6
Messe des morts à quatre voix, H. 7-7a
Messe pour le samedi de Pâques, H.8
Messe de Minuit pour Noël, H.9
Messe des morts à 4 voix et symphonie, H.10
Missa assumpta est Maria, H.11 (1702)

Motets

Motet pour une longue offrande (anciennement Motet pour l'offertoire de la messe rouge), H.434
Oratorios
Caecilia, Virgo et Martyr, H.413
Filius prodigus, H.399
Oratorio de Noël, H.414
Judicium Salomonis, H.422
Le Reniement de St Pierre, H.424
Vêpres
Vêpres pour Saint-Louis
Vêpres solennelles
Psaumes
Leçons des Ténèbres
Les neuf repons pour le mercredi saint, H.111-119



http://youtu.be/ohDqL6pjpjY Te Deum Cochereau à Notre Dame

http://youtu.be/JniEFjOwvmc Te Deum Allégro
http://youtu.be/JkpWyOKbyK8 Te Deum H 146 parlement de musique

http://youtu.be/_8bPO8LvxBM CHARPENTIER - ACTÉON - CHRISTIE.wmv
Caballerito de Arratia·

http://youtu.be/VRKKyTZ-L_M Messe de minuit
http://youtu.be/WjNNl66JlEs marche de triomphe et trompette


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Posté le : 24/02/2013 14:50
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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