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Jules Verne 1
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Le 24 Mars 1905 meurt à Amiens, Jules Verne


Écrivain français auteur de 62 romans et 18 nouvelles, plus spécialement consacrés à des récits d'aventures et de science-fiction ou d'anticipation.

Le 8 février 1828, à midi, Jules Verne voit le jour à Nantes, au 4 de la rue Olivier-de-Clisson dans le quartier de l'île Feydeau, au domicile de sa grand-mère maternelle, Sophie Marie Adelaïde-Julienne Allotte de la Fuÿe (née Guillochet de La Perrière, entre les deux bras de la Loire. Il est le premier enfant de Pierre Verne et de Sophie Allote de la Fuÿe, mariés depuis un an. Son père est avoué. La famille Verne est vouée à la magistrature, haute bourgeoisie de robe, selon l'expression de l'époque. Quant à sa mère, elle descend d’une famille Nantaise d’origine écossaise qui compte de nombreux armateurs et navigateurs. En 1829, naît son frère Paul avec qui il restera lié toute sa vie. Puis quelques années plus tard viendront Anne (1837), Mathilde (1839) et Marie (1842). Le jeune ménage est installé dans un premier temps dans la maison des beaux-parents sur l’île Feydeau, puis déménage rapidement au 2, quai Jean-Bart. Les premières promenades des deux frères sont pour le port que l’on aperçoit de la fenêtre de leur appartement.

Le port de Nantes n’est plus le port actif qu’il était à la période des négriers et du commerce avec les Indes et Haïti. Il accueille désormais les cap-horniers, dont les pêcheurs de baleine, très actifs occupent toute une partie du port. C’est d’eux dont Jules Verne s’inspira pour décrire certains de personnages comme Ned Land, harponneur de baleine dans Vingt mille lieues sous les mers.

"Je revois cette Loire, dont une lieue de ponts relie chaque bras multiples, ses quais encombrés de cargaisons sous l'ombrage des grands ormes et que la double voie de chemin de fer, les tramways ne sillonnaient pas encore. des navires sont à quai sur deux ou trois rangs. D'autres remontent ou redescendent le fleuve. (...) Que de souvenirs ils me rappellent. En imagination je grimpais dans leurs haubans, je me hissais dans leur hune, je me cramponnais à la pomme de leurs mâts."

Jules et son frère qui deviendra plus tard officier de marine sont attirés et fascinés par ce monde de l’aventure. Dans les greniers de la maison familiale, ils découvrent des trésors : papiers, objets étranges, pacotilles, vieux uniformes, lunettes, sextants… Leur oncle Prudent qui deviendra oncle Prudent, un des protagonistes de Robur le Conquérant les abonde de récits de voyages qui nourrissent leur imagination. Toute sa vie, Jules Verne aimera la mer, la navigation, la géographie, les sciences naturelle, parce qu’il en aura été imprégné toute son enfance.

A 5 ans, on l’envoie chez Mme Sabin, la veuve d'un capitaine au long cours disparu en mer qui tient un cours pour enfant. L’éducation religieuse est au programme, comme l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul. Jules fait de l’escrime et apprend le piano. Il partage avec son père la passion de la musique et gardera d’une éducation autoritaire le respect des valeurs morales. A neuf ans, Jules et Paul entrent au petit séminaire Saint Donatien.

Robinson suisse, de J.D. Wyss (1812), grand classique de la littérature enfantine raconte l'histoire de la famille Robinson, qui s'échoue sur une île déserte. Seuls rescapés de la catastrophe, ils vont devoir apprendre à vivre seuls, loin de la civilisation, avec quelques rares objets qu'ils ont réussis à rapporter du bateau. Jules s’abreuve de romans d’aventure. Il lit Le Dernier des Mohicans de J. F. Cooper et Robinson Crusoe de D. Defoe. Mais au héros solitaire de Defoe, il préfère le Robinson suisse de J. D. Wyss (1812), un grand classique de la littérature enfantine qui jette une famille entière sur une île déserte. Toute cette littérature lui donne des envies de voyage.

Les affaires de l’avoué Pierre Verne marchent bien. La famille déménage dans un grand appartement, 6 rue Jean-Jacques. De plus, elle acquiert une propriété à Chantenay, un bourg encore retiré de Nantes où la famille passe six mois de l’année entre Pâques et la Toussaint.

"De ma chambrette, je voyais le fleuve se dérouler sur une étendue de deux à trois lieues, entre les prairies qu’il inonde de ses grandes crues pendant l’hiver. (...) Ah! cette Loire, si l’on ne peut la comparer à l’Hudson, au Mississipi, au Saint Laurent, elle n’en est pas moins un des grands fleuves de la France. Sans doute, ce ne serait qu’une humble rivière en Amérique! Mais l’Amérique, ce n’est point un état, c’est un continent tout entier!

Cependant, à voir passer tant de navires, le besoin de naviguer me dévorait. Je connaissais déjà les termes de marine, et je comprenais assez les manœuvres pour les suivre dans les romans maritimes de Fenimore Cooper, que je ne puis me lasser de relire avec admiration. L’œil à l’oculaire d’un petit télescope j’observais les navires, prêts à virer, larguant leurs focs et bordant leurs brigantines, changeant derrière puis devant. Mais, mon frère et moi, nous n’avions pas encore tâté de la navigation, même fluviale!... Cela vint enfin."

C’est là qu’au cours de l’été 1839, Jules alors âgé de 11 ans aurait fait une fugue. Le garçon a appris qu’un trois-mâts, nommé La Coralie appareille pour les Indes. Il se fait engager comme mousse à la place d’un de ses camarades avec le projet d'en ramener un collier de corail pour sa cousine Caroline. Rattrapé à Paimbœuf par son père, la correction est particulièrement sévère et Jules promet à sa mère de "ne plus voyager qu’en rêve". L'anecdote rapportée par les biographes familiaux tient certainement de la légende, mais elle démontre de la fascination du jeune garçon pour la mer et les voyages.

En 1840, les deux frères entrent au lycée. Jules n’est pas un élève brillant. Ses professeurs et ses proches garderont surtout le souvenir d’un garçon plein de vivacité et de gaieté, toujours prêt à organiser des distractions physiques comme spirituelles qui pourtant cache une grande sensibilité. Toute sa vie, il donnera de lui une apparence froide et réservée, tandis qu’au fond, il est plein de malice et de moquerie. Nombreux sont les personnages de ses romans qui seront marqués par cette dualité caractérielle : une personnalité principale refoulée et une apparence froide et rigide.

On peut noter un autre centre d’intérêt déjà présent à cette époque : les machines. Au dire de ses camarades de classe, Jules couvrait ses cahiers de dessins, de schémas représentant des machines imaginaires et invraisemblables.

Depuis des années, Jules faisait une cours discrète, mais assidue à sa cousine germaine Caroline Tronson qui avait son âge. Cette dernière rompt le charme en se mariant. Jules a 19 ans. Il doit penser à son avenir. Son père le destine à prendre sa succession, et c’est donc sans grand enthousiasme qu’il entame des études de droit à Nantes. Il étudie seul à la bibliothèque de la ville et grâce aux conseils de son père. Il se sent seul. Son frère Paul, le cadet, libre de choisir sa voie veut devenir navigateur et s’engage sur un bateau de commerce. Jules pour oublier écrit des pièces de théâtre, tout en suivant consciencieusement ses études. Pour sa troisième année de droit, Jules convainc son père de l’envoyer à Paris.

Désormais installé à Paris, Jules Verne continue d'étudier le droit avec application, tout en couvant des ambitions plus littéraires. Il écrit, il écrit et il lit beaucoup: Molière, Victor Hugo, Alfred de Musset, Dumas père, les romantiques allemands, Shakespeare... Il écrit des pièces de théâtre, d'abord des tragédies puis des comédies. Pendant dix ans, il va ainsi rédiger une vingtaine de pièces légères pour le boulevard et la comédie lyrique. C'est de là qu'il tiendra sa maîtrise des dialogues, de l'art du récit et de la mise en scène spectaculaire.

Son oncle, Francisque de la Celle de Chateaubourg, artiste peintre introduit le jeune provincial dans les salons parisiens où il s’ennuie, mais il plaît. Il rencontre des personnalités politiques, des artistes… Il fait notamment la connaissance d’Alexandre Dumas fils, puis père à qui il fait lire une de ses pièces Les pailles rompues, un marivaudage léger. Ce dernier accepte que la pièce soit jouée le 12 juin 1850 dans son théâtre, le Théâtre Historique qui deviendra Théâtre Lyrique et lui obtient un poste de secrétaire auprès de son directeur, Jules Seveste.

En fréquentant les salons, il fait la connaissance d'Alexandre Dumas fils, sensiblement du même âge que Jules Verne et qui triomphe au théâtre avec La Dame aux camélias. Le jeune homme est ravi, il a pénétré dans les milieux monde du théâtre. Cependant, il déchante très vite, sous le poids des tâches ingrates. Il travaille surtout pour les autres. Ses pièces à lui se succèdent beaucoup plus sur le papier que sur la scène. De plus, il doit continuellement se justifier auprès de son père qui espère toujours le voir reprendre ses affaires.

En janvier 1851, Pierre Verne demande à son fils de revenir à Nantes. Jules lui répond : " quitter Paris, deux ans, c'est perdre toutes mes connaissances, annihiler le résultat de mes démarches, laisser l' ennemi réparer ses brèches". L’année 1851 annonce un tournant dans ses préoccupations : il s’attaque à l’étude des grandes réalisations de la science : l’aérostation sera son premier terrain d’étude. Il écrit Un drame dans les airs et imagine alors une série : Le roman de la science.

Pour se documenter, il passe des journées à la Bibliothèque nationale, où il croise les frères Arago.
L’aîné François (1786–1853), savant physicien et astronome contribua comme ministre de la marine à l'abolition de l'esclavage. Jean (1788-1836), le second, aventurier participa à la guerre d'indépendance du Mexique où il devint général. Il inspira à Jules Verne Les Premiers navires de la marine mexicaine. Jacques (1799-1855), explorateur, bien que âgé et presque aveugle quand il le rencontre continue de voyager à travers le monde. Il est également l'auteur du Voyage autour du monde qui connut un grand succès. Ce dernier aura une profonde influence sur Jules Verne et l’orientera dans ses recherches scientifiques.
Le plus jeune des frères Etienne (1802-1892), écrivain et homme politique fut le premier maire de Paris.

Dans le salon des frères Arago, Jules Verne rencontre des explorateurs, des géographes, des artistes des étrangers... et c’est sans nul doute dans ce salon que se dessine la formule des futurs Voyages extraordinaires. A cette époque, il rencontre également Pitre-Chevalier, directeur de la revue catholique Le Musée des familles, un magazine encyclopédique. Il y publiera entre 1851 et 1853 une dizaine de textes dont quatre nouvelles. Mais pour l’instant Jules Verne est encore au théâtre où il finit plus ou moins par s’imposer. Toutes ses pièces et celles en cours trouvent des scènes, mais pas forcément le succès.

Jules a 25 ans. Pierre Verne, son père a renoncé à voir son fils lui succéder et met son étude d’avoué à vendre, ce qui lui permet de verser quelques fonds à son fils. En 1856, il rencontre celle qui va devenir sa femme, Honorine Morel – Hébée de Fraysse de Viane, une jeune veuve de 26 ans. Elle a deux petites filles Valentine et Suzanne qui ont 4 et 2 ans. Jules Verne les élèvera. Pour mener à bien cette union, il doit travailler. Sur la suggestion de son futur beau-frère, il achète un quart de part dans une charge d'agent de change. Son père lui avance des fonds. Grace à cette activité, il fera vivre sa famille pendant 10 ans.

Ils se marient le 10 janvier 1857. Il est alors mi-écrivain, mi-agent de change. Le ménage vit au grès des fluctuations de la bourse, mais nullement de la plume de l’écrivain qui commence à se décourager. A l’été 1859, Jules fait ses premiers voyages, ce sera l’Ecosse, puis en 1861 la Norvège. Honorine est à deux mois d’accoucher, mais il s’embarque tout de même pour les pays scandinaves. Six semaines à visiter les fjords et les îles… autant d’images qui resteront graver dans se mémoire : le Maelström, au large des côtes norvégiennes, c’est celui qui engloutira le Nautilus à la fin de Vingt mille lieues sous les mers, et la banquise entraperçue sera celle du Capitaine Hatteras… Mais l’accouchement approche. Jules Verne rentre juste à temps pour déclarer son fils Michel, né le 3 août 1864 qui sera son seul enfant.

Jules Verne est proche du succès, mais il l’ignore encore. Il va faire à cette époque la connaissance de Nadar, une rencontre déterminante pour son œuvre. Il fera de ce personnage haut en couleur, le Michel Ardan (anagramme de Nadar) dans De la Terre à la Lune et Autour de la Lune.

Nadar, de son vrai nom Gaspar-Félix Tournachon (1820-1910) est soutien de famille à 17 ans. Après de vagues études de médecine, il se lance dans la vraie vie. Il sera tour à tour journaliste, romancier, feuilletoniste, agent secret, caricaturiste puis photographe. En 1858, Nadar est célèbre comme photographe. Fort de sa réputation de portraitiste, il se lance dans une nouvelle aventure : la photographie aérienne.

Les premières traductions françaises d'Edgar Poe datent de 1845. Celles de Beaudelaire seront publiées à partir de 1854, regroupées sous le titre des Histoires extraordinaires, puis les nouvelles extraordinaires de 1856 à 1857. En avril 1864, Jules Verne signe un article "Edgar Poe et ses oeuvres" dans le Musée des familles, ce qui prouve son intérêt pour cet auteur.

Jules Verne est séduit par cette forme nouvelle de littérature dont il s'inspirera pleinement sans jamais tenter de l'imiter, car il bute sur l'aspect fantastique morbide de l'auteur américain et le manque de crédibilité des scénarios, que ce soit dans L'aventure sans pareille d'un certain Hans Pfaall qui raconte un incroyable voyage dans la lune à bord d'un ballon, ou dans Le canard en ballon, une traversée de l'Atlantique en aérostat. Jules Verne cherchera toujours à rendre crédible aux lecteurs de son temps les histoires qu'il écrit.

Il inscrit ainsi son oeuvre, son projet de romans scientifiques dans toute la dimension fantastique que son imagination lui permet, tout en gardant son originalité et en délimitant parfaitement son territoire par rapport à ceux d'Edgar Poe et de Victor Hugo, autre source d'influence. C'est ainsi qu'il proposera en 1885 "Le Sphinx des glaces", une suite au célèbre roman de Poe (Les aventures d'Arthur Gordon Pym, 1838).

A l'été 1862, Hetzel prend connaissance du Voyage en l'air de Jules Verne et accepte de le publier. Un premier contrat est signé le 23 octobre 1862. Quinze autres contrats de 1862 à 1875, scelleront leur collaboration. Jules écrit à son père : "Je me marie pour la seconde fois." Et effectivement, les "deux" mariages qu'il contracte entre 1857 et 1862 le lieront jusqu'à la fin de ses jours.

Hetzel, militant républicain a le projet de fonder une librairie républicaine d'inspiration laïque. Pour mener à bien ce projet, il s'associe à l'infatigable militant de l'instruction publique, Jean Macé avec qui il fonde en 1864 son Magasin de d'éducation et de récréation, un périodique qui paraîtra jusqu'en 1906.

Hetzel, éditeur génial qui publiera les plus grands auteurs de son époque : Balzac, Stendhal, Gérard de Nerval, Georges Sand... convainc le jeune écrivain à se consacrer à une nouvelle forme de roman : "le roman de la science". "Il s'agit, selon Hetzel, de constituer une enseignement de la famille dans le vrai sens du mot, un enseignement sérieux et attrayant à la fois, qui plaise aux parents et profite aux enfants." (extrait de présentation du premier numéro)
Ainsi pendant 40 ans, vont paraître 62 romans et 18 nouvelles des Voyages extraordinaires, d'abord sous forme de feuilletons dans le Magasin, puis sous forme de volumes illustrés (65 au total).

Comme il avait titré par la Comédie humaine, l'œuvre de Balzac, Hetzel incite Jules Verne à se concentrer à son Roman de la science et à abandonner toutes les autres formes d'écriture. Le Roman de la science deviendra Voyages dans les mondes connus et inconnus, avant de se fixer définitivement en Les Voyages extraordinaires dès 1866, à l'occasion de la publication de son deuxième roman les Voyages et aventures du capitaine Hatteras. Hetzel dans sa préface fait l'apologie de son auteur : "...Conteur plein d’imagination et de feu, écrivain original et pur, esprit vif et prompt, égal aux plus habiles dans l’art de nouer et de dénouer les drames inattendus qui donnent un si puissant intérêt à ses hardies conceptions, et à côté de cela profondément instruit, il a créé un genre nouveau. Ce que l’on promet si souvent, ce que l’on donne si rarement, l’instruction qui amuse, M. Verne le prodigue sans compter dans chacune des pages de ses mouvants récits."

Le premier manuscrit, Voyage dans les airs que Hetzel tient entre ses mains est encore une histoire mal ficelée, mais on y retrouve déjà tous les ingrédients qui feront le succès des romans de Jules Verne : l'aventure, les découvertes en cours, les explorations récentes, l'utilisation dramatique de la nature et la description d'une technique, l'aérostation.

Cinq semaines en ballon raconte les aventures d'un Anglais, le docteur Samuel Fergusson, son ami écossais Dick Kennedy et son domestique Joe qui entreprennent un voyage de Zanzibar au Niger en ballon. Début 1863, quand paraît Cinq semaines en ballon, le public se passionne pour les grandes explorations africaines. De nombreuses zones du globe terrestre sont encore à découvrir. C’est le temps de la colonisation. Verne s’appuie pour écrire ce premier roman sur les cartes et les récits de ces grands explorateurs. Il sera toujours habité par un grand souci d’exactitude et de précision. Pour cela, il disposera d’une documentation impressionnantes, toujours remise à jour.

Est-ce Nadar qui inspira ce voyage en ballon ? Toujours est-il que le célèbre photographe passionné par l’aérostation espère en ce milieu de siècle à développer les clichés aériens. Depuis 1858, à bord d'un ballon, il a inventé tout un dispositif pour photographier rues, immeubles et campagnes du ciel.

En 1865, il loue une maison au Crotoy, un village de pêcheurs, niché dans l'estuaire de la Somme, avant de s'y installer définitivement en 1869. Jules Verne peut enfin aller sur la mer. En 1868, il acquiert le Saint-Michel, un bateau de pêche, dont le parrain n'est autre que son fils Michel, âgé de 5 ans. Devenu son deuxième bureau, il navigue jusqu'à Londres, et même remonte la Seine jusqu'à Paris : "Je suis amoureux de cet assemblage de clous et de planches, comme on l'est à vingt ans d'une maîtresse. Et je lui serais encore plus fidèles."

Quand il ne navigue pas, il consacre le reste de son temps à l'écriture. Honorine se plaint d'ailleurs à plusieurs reprises à Hetzel du temps excessif que son mari y passe, mais c'est surtout Michel, son fils qui souffre de l'absence de son père. A 8 ans, il est devenu "la terreur du Crotoy, pour ses bruyantes gentillesses." (lettre à Hetzel, septembre 1865). Il semble ne pas savoir quelle attitude adoptée face à son fil qui gêne sa concentration. C'est ainsi que dés l'âge de quatre ans, Michel sera envoyé en pension.

Il écrit à son père "Je travaille comme un forçat. Imagine-toi que je fais un dictionnaire ! Oui un dictionnaire sérieux; c'est une géographie de la France illustrée." En effet, en plus de son travail de romancier, Il rédige une Géographie illustrée de la France et de ses colonies pour améliorer ses revenus encore limités. Avec les gains de sa Géographie de la France, Jules Verne concrétise un vieux rêve : aller aux Etats Unis.

"Je me figurais cette masse énorme emportée par les flots, sa lutte contre les vents qu'elle défie devant la mer impuissante".

Son frère Paul a obtenu un laissé-passé sur le Great-Eastern, le plus gros bateau de son époque. Cette traversée lui inspirera plus tard deux romans : Une Ville flottante et L’Île à l'hélice. Le 9 avril 1861, ils débarquent à New-York d'où ils voyageront jusqu'au Canada pour voir les chutes du Niagara que Jules Verne décrira à plusieurs reprises dans ses romans, avant de rejoindre l'Europe par le même moyen de transport.

Une ville flottante, publiée en 1871 raconte la traversée Liverpool-New York, à bord d'un énorme navire où se trouvent plusieurs centaines de personnes, avec leur caractères différents, une vraie société. Vient se glisser une histoire romantique Fabian Mac Elwin, inconsolable à la suite d'une histoire d'amour contrariée : sa fiancée Ellen a été mariée contre son gré. Le hasard fait en sorte que Ellen, et son mari Drake se trouvent aussi sur le navire... C'est le seul récit de Jules Verne où il mêle ses propres impressions de voyage et son imaginaire d'écrivain.

Sa géographie achevée, il s'attaque à l'écriture de Vingt mille lieues sous les mers, dont le titre initial fut Voyage sous les eaux. Durant toute sa carrière, il donnera des titres provisoires à ses romans. Les titres définitifs étaient choisis pour la publication après de longues discussions avec Hetzel. Le premier tome de Vingt mille lieues sous les mers paraît le 28 octobre 1869. La guerre de 1870-1871 interrompt la publication. Le second tome ne sortira qu'en juin 1870, tandis que le grand volume illustré par Riou et Neuville ne sera publié que fin 1871. Le professeur Annorax, le narrateur de Vingt milles lieues sous les mers, ici représenté par Neuville d'après une photographie de Jules Verne imberbe. Le 19 juillet 1870, la guerre est déclarée entre la France et la Prusse. De septembre 1870 à janvier 1871, les Allemands encerclent Paris et font subir à la capitale un siège terrible. Paris capitule le 28 janvier 1871. Quand la guerre est déclarée, Jules Verne est en famille à Nantes où il est venu fêter sa légion d'honneur. Il n'y restera que trois jours. Ce sera la dernière fois qu'il verra son père. Son père décédera le 3 juin 1871, sa mère lui survivra quinze ans.

Domicilié au Crotoy, Jules Verne âgé de 42 ans n'est pas mobilisé, mais fait office de garde-côte. A bord du Saint-Michel, il longe les côtes de la Manche et de la mer du Nord. Il a envoyé Honorine à Amiens où elle possède de la famille. De cette période difficile et solitaire, sortira un de ses premiers romans sombres Le Chancellor qui sera publié en 1875 profondément remanié.

Le Chancellor, navire de commerce, quitte Charleston en direction de Liverpool. Mené par un capitaine souffrant d'aliénation mentale, le navire vogue vers le sud-est au lieu du nord-est, quand le feu se déclenche dans la cale, remplie de balles de coton. Le second, Kurtis, prend les commandes, mais le navire finit par sombrer. Les passagers et membres d'équipage prennent place à bort d'un radeau de fortune. Mais la fin et la soif les font souffrir et plusieurs meurent. Ils en sont même rendus à procéder à un tirage au sort qui déterminera lequel des survivants sera sacrifié afin que les autres puissent le manger, mais c'est à ce moment qu'ils atteignent l'embouchure de l'Amazone, dont le fort courant repousse l'eau salée à plus de 20 milles au large. Ils sont enfin sauvés.

La guerre de 70 puis la Commune de Paris ont mis à mal les affaires de la maison Hetzel. Jules verne est inquiet, pourra-t-il continuer à vivre de sa plume ? Il songe même à reprendre ses activités à la Bourse, mais l'éditeur le rassure et signe un nouveau contrat. Le Tour du monde en quatre-vingt jours sont plus gros succès est en train de naître. En 1872, Jules Verne s'installe définitivement à Amiens, où Honorine possède de la famille et se plait. Et puis Amiens n'est qu'à une soixantaine de kilomètres du Crotoy où se trouve son cher Saint-Michel.

Les premiers romans, écrits entre 1862 et 1877 sont fondés sur la fascination du XIXe siècle envers le savoir et le progrès, fascination aussitôt relativisée plus tard par l'auteur lui-même qui s'interroge sur la capacité de l'homme à en mesurer le pouvoir.

" La conquête du pôle Nord " : Voyages et aventures du Capitaine Hatteras (1863-1864) raconte les aventures d'Hatteras, dont le seul but est d’atteindre envers et contre tout le Pôle Nord. Abandonné par ses hommes, il doit lutter avec quelques fidèles pour survivre au milieu de la neige, de la glace et du froid. Hatteras, devenu fou finira sa vie dans un hospice où il marche invariablement vers le Nord. Jules Verne décrit assez vraisemblablement un demi siècle avant, ce que sera la conquête du pôle Nord par Peary en 1909.

" La conquête scientifique de l’espace " : Avant lui, d'autres auteurs comme Alexandre Dumas ou Edgar Poe ont décrit des voyages lunaires assez fantaisistes. Dans De la Terre à la Lune : Trajet direct en 97 heures (1864-1865), puis Autour de la Lune, il traite ce même thème dans un savant mélange de science, de technique et de fiction qui s'appuie sur les connaissances de son époque. Jules Verne dresse de façon grossière le scénario qui sera suivi cent plus tard par les Américains... Sa vision sonne si juste, qu'ils verront en Jules Verne (à tord ou à raison) le père du roman d'anticipation, qui prendra plus tard l'appellation de "science fiction".

" La géographie planétaire " : Les enfants du capitaine Grant. Voyage autour du monde (1865-1867) Ce roman se compose de trois parties : Amérique du Sud, Australie et Océan Pacifique. Lord Glenarvan et son équipage naviguent sur le voilier Duncan. Ils trouvent à l'intérieur de l'estomac d'un requin qu'ils viennent de pêcher une bouteille contenant un message de désespoir envoyé par le Capitaine Grant. Le message est rongé par l'humidité et plusieurs détails manquent, mais il est clair que le désespéré se trouve quelque part sur le 37e parallèle. Avec les enfants du disparu, ils entreprennent un long voyage autour du monde, le long du 37e degré de latitude, ce qui les amènera à traverser l'Amérique du Sud, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

" La découverte des abysses ": Ce sera à travers Vingt mille lieues sous les mers. Tour du monde sous-marin (1866-1869). Après que leur navire eut été coulé par le Nautilus, le professeur Aronnax, son valet Conseil et le harponneur canadien Ned Land sont recueillis à bord du sous-marin. Prisonniers, ils doivent suivre le capitaine Nemo dans un tour du monde sous-marin, avec toutes les découvertes que cela implique, dont l'Atlantide et quelques trésors. Dans ce roman, Jules Verne imagine l'une de ses plus belles machines : le Nautilus dont il justifie la super-puissance par l'électricité, mais il crée surtout l'un de ses personnages les plus énigmatiques, le capitaine Nemo, qu'il fera réapparaître dans l'Ile mystérieuse. Qui est ce personnage, épris de liberté et d'indépendance qui peut se transformer en monstre froid aveuglé par son pouvoir ? Jules Verne interroge déjà ses lecteurs sur les méfaits du pouvoir de la science.

" L’exploration du centre de la Terre " : Voyage au centre de la Terre (1864) est un prétexte à une leçon de géologie et minéralogie, tout en plongeant le lecteur dans un monde de légendes mystérieux et féeriques. Le professeur Lidenbrock trouve un document dans lequel il apprend l'existence d'un volcan éteint dont la cheminée pourrait le conduire jusqu'au centre de la Terre. Accompagné de son neveu Axel et du guide Hans, il se rend au volcan Sneffels, en Islande, et s'engouffre dans les entrailles de la Terre.

Triomphe du Tour du monde en quatre-vingt jours : En 1872, paraît le Tour du monde en quatre-vingt jours qui sera sans conteste son plus gros succès. Si Vingt mille lieues sous les mers l'avaient rendu célèbre, le Tour du monde marquera son triomphe en France et dans le monde entier, et son adaptation au théâtre, ironie du sort fera sa fortune.

Tout le monde connaît l'histoire : pour le besoin d'un pari, le très flegmatique Britannique Phileas Fogg, accompagné de son valet français Passepartout entreprennent un tour du globe en moins de quatre-vingt jours. Ils sont retardés dans leur projet par l'inspecteur Fix, lancé à la trousse de Fogg, convaincu que Fogg est l'auteur d'un cambriolage, ainsi que par les évènements dans les divers pays qu'ils traversent. Pour ce roman, Jules Verne s'est fortement documenté sur les derniers développement des transports terrestres et maritimes. Il anticipe le système des fuseaux horaires qui sera officiellement adopté qu'en 1884.

Ce récit avait d'abord été écrit pour le théâtre, mais trop coûteuse à monter, l'œuvre était restée à l'état de projet. Suite au succès phénoménal rencontré par le roman, elle fut une deuxième fois adaptée au théâtre en collaboration avec le dramaturge Adolphe Dennery. Elle obtint elle-aussi un immense succès. En 1900, elle aura été jouée plus de 2000 fois à Paris.

En 1872, les Voyages extraordinaires sont couronnés par l'Académie française, mais Jules Verne ne sera jamais académicien. Longtemps, il pâtira de son image d'écrivain pour enfant, dont les réflexions dépassaient pourtant les préoccupations d'adolescent. Il s'en fera une raison. "Du reste, avouera-t-il sur le tard, le philosophe qu'il y a en moi a pris le dessus sur toutes ces ambitions et rien de tout cela ne troublera ce qu'il me reste à vivre (...). Depuis le jour où l'on a prononcé mon nom, pas moins de quarante-deux élections ont eu lieu à l'académie françaises qui s'est, pour ainsi dire, entièrement renouvelée depuis, mais on m'ignore toujours... Le grand regret de ma vie est que je n'ai jamais compté dans la littérature française."

Mais cela n'empêche pas les succès littéraires. En 1873, Jules Verne publie L’Île mystérieuse qui conclut les aventures du capitaine Nemo et des enfants du capitaine Grant. Rassemblés autour de l'ingénieur Cyrus Smith, cinq américains font naufrage sur une île déserte, après leur évasion en ballon pendant la Guerre de Sécession. Contrairement à Robinson Crusoé qui avait pu récupérer divers biens et objets de son navire, les cinq héros sont totalement dépouillés et ils n'ont que leur intelligence et leurs habiletés pour survivre. Un des personnages de Les Enfants du Capitaine Grant se joint bientôt à eux et ils passent plusieurs années sur cette île. Cependant, de mystérieux phénomènes et d'extraordinaires coïncidences demeurent inexpliqués, jusqu'à ce que le Capitaine Nemo, héros de Vingt mille lieues sous les mers, fasse son apparition.

L'argent coule à flot. En 1874, il acquiert un fin voilier rapide et élégant, le Saint-Michel II et investit également dans une belle maison au 44, boulevard de Longueville à Amiens, où il habitera pendant 8 ans jusqu'en 1882.

En 1876, Michel Strogoff annonce un tournant dans l’œuvre de Jules Verne. Il abandonne les savants, les explorateurs et les industriels et leurs extraordinaires machines pour un héros plus humain. Ce roman raconte l'histoire d'un courrier spécial du tsar de Russie, qui traverse les steppes de Sibérie, pour aller prévenir le frère du tsar de la présence d'un traître dans son entourage. Son voyage de plus de 5500 km sera compromis par les Tartares qui envahissent la Sibérie, et bien sûr, par le traître lui-même, à la solde des Tartares. C'est l'œuvre de Verne qui a le plus inspiré les cinéastes.

Après le succès théâtral du Tour du monde en quatre-vingt jours, Jules Verne n'hésite pas à adapter son nouveau roman, mais cette fois, il le fait seul. Cette nouvelle pièce va rencontrer elle aussi un énorme succès. L'écrivain est au faîte de sa notoriété. Un an plus tard, est publié Un capitaine de quinze ans (1878) qui sert sans doute de dérivation à une situation familiale tendue. En effet, ses relations avec Honorine sont orageuses et il connaît de graves difficultés auprès de son fils, Michel âgé de quinze ans. Il se plaint à Hetzel de son fils qui "ne respecte rien". Le malaise s’aggrave quand Michel est placé dans une maison de correction, puis enrolé de force "par voie de correction paternelle" sur un navire qui part, pour dix-huit mois, vers les Indes.

Dans Un capitaine de quinze ans, le fils rejeté est doté de toutes les qualités, sous les traits du jeune Dick Sand, agé lui aussi de quinze ans. Dick Sand embarque comme novice sur le brick-goélette Pilgrim. À la suite d'un accident lors d'une chasse à la baleine, le capitaine Hull et tous les membres de son équipage périssent. Dick Sand prend courageusement les commandes du navire, dans l'espoir d'en ramener les passagers sains et saufs. À la suite de manœuvres du traître Negoro, le navire suit une fausse route : croyant accoster la Bolivie, Sand et ses passagers se retrouvent en Afrique, en plein milieu de l'Angola, là où la traite des esclaves fait la richesse de quelques trafiquants et de rois indigènes. Sand et ses compagnons sont tôt faits prisonniers par les complices de Negoro. La quête de la liberté sera parsemée de nombreuses épreuves...

Ce roman est l'occasion pour Jules Verne de dénoncer l'esclavagisme. Jules Verne ne donne pas dans la dentelle quand il sonne la charge contre les négriers et contre les pays qui, à l'époque où fut écrit ce roman, pratiquaient ou toléraient l'esclavage. Certains passages sont très violents et sanguinaires.

En 1877, deux évènements marquent l'apogée de sa réussite sociale et financière. Il acquiert le Saint-Michel III, soit deux ans après avoir acquis le Saint-Michel II et donne un bal costumé de deux cent personnes qui défraya la chronique Amiénoise. Il est à l'apogée de sa réussite, se partageant entre l'écriture et les voyages, pourtant les soucis familiaux ne manquent pas : son fils toujours, puis Honorine qui connaît d'inquiétants problèmes de santé à partir de 1876. Ce qui l'empêche de participer au premier bal pourtant donné en son honneur le 2 avril 1877. Finalement, Honorine dont les médecins donnaient peu d'espoir guérira. Huit ans plus tard le 8 mars 1885, avec son mari, elle accueillera les nombreux invités dans La Grande Auberge du tour du monde. Ce nouveau bal costumé fut un énorme succès, mais le couple était déjà bien installé à Amiens, Honorine tenant salon régulièrement.

"Rien de plus gracieux que ce stem-yacht avec sa haute mâture inclinée, sa coque noire relevée d'un trait clair à sa flottaison et à sa lisse, ses claires-voies à barreaux de cuivre, ses capots de teck, et l'élégance des lignes qui se profilent du couronnement à l'étrave, écrit son frère Paul." Le Saint-Michel III est un navire métallique à vapeur avec deux mâts et une haute cheminée de 32 mètres de long. L'équipage est de dix hommes. Les représentations du Tour du monde en quatre vingt jours et de Michel Strogoff permettent la réalisation de ce rêve d'enfant : naviguer, voyager.

L'écrivain à cette période signe une histoire des explorations en trois volumes : La Découverte de la Terre publiée en 1878, Les Grandes Navigateurs du XVIIIe siècle en 1879 et Les Voyageurs du XIXe siècle en 1880. Il avait commencé ce travail avant 1870, après La Géographie de la France, mais n'avait pas eu le temps de terminer cette longue tâche

Entre 1878 et 1884, Jules et Paul Verne font de nombreux voyages à bord du Saint-Michel III en mer du Nord. Il retourne sur les lieux de ses premiers voyages : l'Irlande, la Norvège, l'Ecosse puis la Hollande et le Danemark. A bord, il trouve son inspiration et prend des notes qu'il utilise pour écrire. La croisière en Ecosse sur le Saint-Michel III en 1882 lui inspire entre autre Le Rayon Vert. C’est d'ailleurs dans les grottes de Fingal qu’il situe l’intrigue.

Le rayon vert est le dernier rayon lancé par le soleil au moment où il se couche sur l'océan. Ce rayon, vert bien n'est visible que pendant une infime fraction de seconde, et encore faut-il que le ciel soit dégagé de brume et d'une pureté parfaite. Héléna Campbell promise au jeune Aristobulus Ursiclos exige pour retarder l’échéance du mariage de voir le rayon vert qui selon une veille légende highlands "a pour vertu de faire de celui qui l’a vu ne plus se tromper dans les choses de sentiment (…) de celui qui a été assez heureux pour l’apercevoir une fois, voit clair dans son cœur et dans celui des autres." Dans ce roman, le sujet est plus l’amour et la poésie que la science représentée par l’improbable Aristobulus qui voit dans la mer "une combinaison chimique d’hydrogène et d’oxygène".

En 1882, Jules Verne emménage dans un hôtel particulier. Ses seuls moments de répit sont sur le Saint-Michel III. En 1884, il entreprend cette fois une croisière en Méditerranée avec Honorine, où la renommée le poursuit d'escale en escale. Ce voyage lui inspire un de ses derniers grands personnages Mathias Sandorf, directement inspiré d’Alexandre Dumas, à qui il dédit son livre : "J’ai essayé de faire de Mathias Sandorf le Monte-Cristo des Voyages extraordinaires".

Mathias Sandorf est un comte hongrois se battant contre la domination autrichienne. Trahi, il est capturé et condamné à mort, mais réussit à s'échapper en traversant la mer Adriatique à la nage. Quinze ans plus tard, sous le nom du riche Docteur Antékirtt, Sandorf revient et se venge de ceux qui l'ont trahi dans un long périple en Méditerranée. Il retrouvera au passage sa fille qu' il croyait morte. Pour composer ce personnage adepte de philosophie orientale, explorant les confins de l’inconscients et de l’au-delà, Joules Ver ne se serait appuyé sur les découvertes du professeur Haricotà la Salpêtrer.

Jules Verne continue à travailler dure. Il se plaint dans une lettre de l' époque : "Il est quand même curieux que plus on avance en âge plus il faut travailler..". En 1884 en effet, il corrige les épreuves de Mâchais Scander, il écrit Rober le Conquérant, Un Billet de Loterie, il compose une partie de Nord contre Sud et il entame Chemin de France !

Jules Verne gagne encore gros, mais ses revenus vont diminuer de façon régulière à partir de 1885. Il a cinquante-huit ans et est en pleine forme, et pourtant... l'écrivain est inquiet. Il écrit à son frère : "Tu es gai et reste gai. Moi je ne le suis plus guère; avec toutes mes charges, l'avenir m'effraie beaucoup. Michel ne fait rien, ne trouve rien à faire, m'a fait perdre plus de deux cent mille francs et a trois garçons, et de toute évidence leur éducation va retomber sur moi. Enfin, je finis mal." Le 15 février 1886, il se sépare du Saint-Michel III dont les frais d'entretien deviennent un trop lourd fardeau.

Encore affecté de cette séparation, le 9 mars, Jules Verne est victime d'un nouveau tour du sort. Son neveu Gaston, le fils cadet de Paul l'agresse devant la porte de son jardin. Après une brève altercation, Gaston brandit un revolver et blesse son oncle au pied. Huit jours plus tard, le 17 mars, c'est à l'hôpital qu'il apprend la mort de Pierre-Jules Hetzel. Il perd un ami et un soutien. Onze mois après, viendra le tour de sa mère. Il ne pourra assister à leurs obsèques, car il souffre beaucoup, la balle n'ayant pu être extraite. Il sera de plus en plus affecté par des problèmes de santé.

A la mort de Pierre-Jules Hetzel, son fils prend la succession et laisse plus de liberté à Jules Verne. Mais aucun des romans qui seront publiés durant les vingt années suivantes, ne connaîtront jamais le succès de ces premiers voyages. Le pessimisme qui habite désormais ses romans ne convainc pas ses lecteurs habitués à plus de légèreté. Jules Verne ne cesse de modifier la vision trop optimiste dans les sciences qu'il avait laissée entrevoir dans ses premiers romans et aborde des sujets de société comme le rôle de la femme dans la société, la quête de l'identité, le rôle prépondérant de l'économie...

En s'inspirant des dessins de Léonard Vinci et de Ponton d'Amécourt, il imagine un vaisseau hélicoptère tracté par 37 hélices doubles. Robur est une sorte de frère aviateur de Nemo, mais il n'en aura jamais la consistance. Le Weldon-Institute est un club rassemblant tout ceux qui pouvaient s'intéresser à l'aérostatique, dont Uncle Prudent et Phil Evans en sont respectivement président et secrétaire du Weldon-Institute de Philadelphie, mais aussi d'intimes ennemis.

Ces "ballonistes" en sont à se disputer la meilleure manière de diriger un aérostat, lorsqu'un homme, Robur, fait irruption dans la salle de séance du Weldon-Institute : il provoque la fureur de ses membres en disant que l'avenir appartient non pas aux ballons, mais aux machines volantes. Pour prouver ses dires, il enlève Prudent et Evans et les embarque à bord de l'Albatros, une machine volante digne du Nautilus, ainsi nommée en référence au poème de Baudelaire. Robur commence un périple autour du monde, prouvant à Prudent et Evans qu'une machine volante plus lourde que l'air, et mue par l'électricité, se contrôle beaucoup mieux qu'un simple ballon.

Robur exhibe son savoir et sa force, et quitte la scène amer, un peu comme chez son créateur : "Je pars donc, et emporte mon secret. Mais il ne sera pas perdu pour l'humanité. Il lui appartiendra le jour où elle sera instruite pour en tirer profit et assez sage pour n'en jamais abuser." Dans Le Maître du monde (1902-1903), Robur réapparaît et sa folie menace la planète. Le ton et le style ont changé entre les deux oeuvres. Aucun élément d'humour ne vient pimenter le récit.

Si ses revenus ne sont plus aussi importants, il bénéficie d'une rente conséquente qui lui permette de vivre confortablement. Jules Verne décide de ne plus quitter Amiens. Il y mène une vie régulière. Il se couche tôt, travaille à ses romans et à leurs corrections, se consacre à ses recherches. Affecté par la vie et en dépit des maux dont il se plaint souvent, il est encore très actif. Il écrira la moitié de ses romans durant cette dernière partie de sa vie. Jules Verne fut toutes sa vie l'auteur régulier de milliers de pages.

Le temps a passé, Jules et son fils ont fini par se réconcilier. Ce dernier l'aide à la fin des années 1880. Ensemble, ils écrivent une ou deux nouvelles qui seront signées par le père. Puisqu'il ne veut plus voyager, il décide de s'impliquer activement à la vie de la cité. Il est élu au conseil municipal d'Amiens en 1888, où il y restera 16 ans sous l'étiquette radical-socialiste au grand dam de sa famille. Il s'implique dans les dossiers sensibles concernant les projets d'urbanisme. Préposé aux foires, il soutient les saltimbanques et fait construire un cirque en dur pour accueillir les gens du voyage.

En 1897, survient la mort de son frère Paul, dont l'amitié ne s'était jamais démentie. Jules Verne dira quelques mois après à son neveu Maurice : "Je n'aurais jamais cru pouvoir survivre à mon frère". En 1900, à la mort de leur fidèle gouvernante, le couple quitte leur hôtel particulier devenu trop grand pour la maison boulevard de Longueville qu'ils avaient habitée de 1874 à 1882. C'est là que mourra Jules Verne.

Le dernier roman l’écrivain est un récit d’une très grande noirceur : Le phare du bout du monde. Ce manuscrit a été remis à Hetzel fils, peu de temps avant sa mort. Ce sera le premier des romans posthumes. En effet, à la mort de l’écrivain, le 24 mars 1905, Michel son fils obtient la restitution du manuscrit. Il le conservera trois semaines et y fera quelques retouches avant de le rendre, mais Le phare sera le moins retouché des cinq autre romans non parus du vivant de l’écrivain que Michel Verne n’hésitera pas à remanier…

Jules Verne meurt le 25 mars 1905, terrassé par une crise de diabète. Il a soixante-dix sept ans.

Certains de ses détracteurs lui firent des reproches mais on note que comme la grande majorité des publicistes le faisaient à l'époque, l'œuvre de Jules Verne marque quelquefois une condescendance voire un parfait mépris envers les sauvages , ou naturels :
Quelques minutes après, le Victoria s’élevait dans l’air et se dirigeait vers l’est sous l’impulsion d’un vent modéré. – En voilà un assaut ! dit Joe. – Nous t’avions cru assiégé par des indigènes. – Ce n’étaient que des singes, heureusement ! répondit le docteur. – De loin, la différence n’est pas grande, mon cher Samuel. – Ni même de près, répliqua Joe.
— Cinq semaines en ballon, chapitre XIV
Cependant, Jean Chesneaux et Olivier Dumas, ont remarqué chacun de leur côté que : "Ce racisme de Jules Verne, son attitude méprisante, s'applique davantage aux couches dirigeantes et aux aristocraties tribales qu'aux peuples d'Afrique et d'Océanie dans leur ensemble. Ce qu'il dénonce le plus volontiers, comme typique de la barbarie africaine, ce sont les hécatombes rituelles à l'occasion des funérailles d'un souverain, tel le roitelet congolais dans Un capitaine de quinze ans (seconde partie, chapitre 12) ou les immolations massives de prisonniers en l'honneur de l'intronisation du nouveau roi du Dahomey auxquelles met fin Robur du haut de son aéronef ".
Et il est vrai que ce genre de remarque reste occasionnelle; on trouve davantage de personnages de couleur présentés sous un angle positif, à l'instar de Tom, Austin, Bat, Actéon et Hercule dans Un capitaine de quinze ans (…on pouvait aisément reconnaître en eux de magnifiques échantillons de cette forte race… . Il faut ajouter les sauvages de la Papouasie dans Vingt mille lieues sous les mers à propos desquels le capitaine Nemo, retiré d'une civilisation composée de Blancs s'exclame "Et d'ailleurs sont-ils pires que les autres ceux que vous appelez les sauvages ? ".
Il repoussera par des charges électriques inoffensives la menace qu'ils font peser sur son équipage. Il se montrera en revanche sans pitié pour un navire européen on saura dans L’île mystérieuse qu'il était anglais qui a fait périr toute sa famille. On apprendra dans L'île mystérieuse que le capitaine Némo était un Hindou -donc un Asiatique-, qui participa à la Révolte des Cipayes en 1857. Enfin le colonialisme britannique en Océanie est plusieurs fois fustigé dans Les Voyages extraordinaires : Les Enfants du capitaine Grant, La Jangada, Mistress Branican.
De plus, dans ces romans, Jules Verne prend nettement position contre l'esclavage, position qu'il a réaffirmée à plusieurs reprises, notamment à propos de la guerre de Sécession. C'est un militant de cette cause, ayant constamment applaudi à l'abolition de 1848. Dans ce domaine, il est de surcroît sans concession quant aux responsables et profiteurs de l'esclavage. Ainsi, notamment dans un Un capitaine de quinze ans, il s'en prend aux roitelets africains qui s'adonnent à de ravageuses guerres et à de fructueuses captures suivies de mises en esclavage de leurs frères de race, tournant souvent au drame, mais aussi à l'esclavage pratiqué dans les pays musulmans en rappelant :
"l’Islam est favorable à la traite. Il a fallu que l’esclave noir vînt remplacer, dans les provinces musulmanes, l’esclave blanc d’autrefois"

Des tiroirs de son père, Michel Verne en retire des manuscrits accumulés pendant quatorze années de travail et encore jamais publiés. Ce sont les romans dits "posthumes". Il corrige ces manuscrits inédits plus ou moins avancés. Louis-Jules Hetzel fait paraître à titre posthume, encore dix romans et un recueil de nouvelles. Ainsi les deux fils achèvent l'œuvre de leurs pères.

En 1919, la société Hachette qui a racheté la maison Hetzel en 1914 publie le dernier Voyage extraordinaire, mais le monde a bien changé depuis le premier roman de Jules Verne.


SON OEUVRE


Voici la liste complète des romans et nouvelles de Jules Verne, dans l'ordre chronologique, avec mes commentaires. Je n'ai pas tenu compte des pièces de théâtre, des poèmes et autres écrits.

Cette bibliographie commentée a été reproduite avec mon autorisation dans le numéro 57 du Journal littéraire, "Spécial Jules Verne", en mai 2005. On y trouve d'excellents articles sur Jules Verne, de même que quelques-uns de ses textes.

1. Les romans

Un prêtre en 1835
Ce roman de jeunesse, resté inachevé, a été publié sous le titre Un prêtre en 1839. Il s'agit d'un roman noir mettant en scène un avocat et un prêtre maudit dans la ville de Nantes.

Jédédias Jamet ou L'Histoire d'une succession (1847)
Ce roman de jeunesse est resté inachevé. Seuls les trois premiers chapitres ont été écrits, mais le canevas joint au manuscrit nous permet de nous faire une idée sur l'histoire : Jédédias Jamet apprend le décès de l'oncle de sa femme, un riche négociant, et doit partir à la recherche du frère du défunt, ce qui mènera le cupide héros à Rotterdam et en Amérique.

Voyage à reculons en Angleterre et en Écosse (1859)
Jacques et Jonathan, deux Parisiens, veulent visiter l'Angleterre et l'Écosse. Le chemin pour s'y rendre sera long, car ils devront transiter par Nantes et Bordeaux, d'où le qualificatif "à reculons", ce qui ne veut pas dire que les Parisiens ont marché à reculons ! Le titre original de ce roman est d'ailleurs Voyage en Angleterre et en Écosse. Le manuscrit de ce roman inédit, qu'Hetzel avait refusé de publier en 1862, a été retrouvé dans les archives de la Ville de Nantes. Il s'agit en fait d'un récit de voyage dans lequel l'action et le côté scientifique manquent, mais où il y a de l'humour et de l'ironie. Plusieurs pensent que ce roman raconte le voyage de Verne aux mêmes endroits, en 1859. C'est le premier roman "écossais" de Verne, avec Le Rayon Vert et Les Indes noires. Là encore, Verne peut démontrer toute son admiration pour l'écrivain Walter Scott.

Paris au XXe siècle (1860)
Ce roman se passe à Paris, en 1960. La Technique et la Finance ont pris le contrôle, au détriment des Arts et de la Culture. Les artistes et les intellectuels sont d'inutiles bouches à nourrir. Michel Dufrénoy est un artiste intellectuel et doit faire son chemin dans cette société qui ne veut pas de lui et de ses semblables. Verne fait une critique de la société française du milieu du 19e siècle et la transpose cent ans plus tard. Pour bien apprécier, il faut bien sûr connaître la France de 1860, d'où l'importance de se procurer une édition avec des explications visant à faciliter la lecture et la compréhension. On avait aucune trace de ce volume, sauf quelques indices, comme par exemple la lettre par laquelle l'éditeur Hetzel expliquait à Verne son refus de publier ce roman. Les spécialistes de Verne en venaient même à se demander si ce livre avait vraiment existé. Ce n'est que bien des années après la mort de Verne que son arrière-petit-fils retrouva le manuscrit dans son coffre-fort.

L'Oncle Robinson (1861)
Ce roman raconte comment la famille Clifton et le franco-américain Flip échouent sur une île déserte. Contrairement au Robinson Suisse de Wyss, ils sont totalement dépourvus d'objets matériels et n'ont que leur intelligence et leur débrouillardise. Il s'agit d'un roman inédit et inachevé, car refusé par Hetzel vers 1870. Verne l'a plus tard utilisé pour rédiger la première partie de L'Île mystérieuse.

Le Comte de Chanteleine (1862)
Un roman politique qui se passe pendant la Guerre de Vendée (1793-1796), une insurrection anti-révolutionnaire. Le comte de Chanteleine voit sa famille se faire décimer par des révolutionnaires, menés par le méchant Karval. Avec son fidèle Kernan, il fuit et entreprend de se venger. C'est un bon cours d'Histoire, dans lequel on évoque notamment La Terreur, Robespierre, Danton, etc.

Cinq semaines en ballon : Voyage de découverte en Afrique par trois Anglais (1862)
Le Docteur Fergusson, son ami Kennedy et son domestique Joe entreprennent la traversée en ballon du continent africain, sur les traces des explorateurs du continent noir. Le roman qui a lancé la carrière de Verne en 1863. Le lecteur apprend la géographie de l'Afrique et l'histoire de ses principaux explorateurs et suit au passage un cours d'aérostation.

Voyages et aventures du Capitaine Hatteras (1863-1864)
La première partie s'intitule Les Anglais au Pôle Nord ; la seconde, Le désert de glace. Il est donc aisé de savoir où se déroulent les aventures d'Hatteras. Le Capitaine John Hatteras a un seul rêve : atteindre le Pôle Nord, pour la plus grande gloire de l'Angleterre. Malheureusement pour lui, son équipage l'abandonne en chemin et, avec quelques fidèles, il doit lutter pour survivre, au milieu de la neige, de la glace et du froid. Il rencontre un explorateur américain, Altamont, et doit lui concéder, à lui et aux États-Unis, une partie de sa gloire. Dans son manuscrit, Verne faisait mourir Hatteras dans un volcan, mais Hetzel préférait le voir survivre, quitte à ce qu'il soit fou.

Voyage au centre de la Terre (1864)
Le professeur Lidenbrock trouve un document dans lequel il apprend l'existence d'un volcan éteint dont la cheminée pourrait le conduire jusqu'au centre de la Terre. Accompagné de son neveu Axel et du guide Hans, il se rend au volcan Sneffels, en Islande, et s'engouffre dans les entrailles de la Terre. Ils ne tarderont pas à faire d'étonnantes découvertes.

De la Terre à la Lune : Trajet direct en 97 heures (1864-1865)
Trois hommes prennent place à bord d'un gigantesque obus devant être projeté vers la Lune par un non moins gigantesque canon, la Columbiad. Les Américains Barbicane et Nicholl et le Français Ardan réussiront-ils à vaincre l'attraction terrestre ? Le nom du personnage Ardan a fait couler beaucoup d'encre : il s'agit de l'anagramme de Nadar, qui était un aéronaute et photographe français, ami de Verne. Le cinéaste français Georges Méliès a fait l'adaptation cinématographique la plus célèbre de ce roman, Le voyage dans la Lune, en 1902.

Les enfants du capitaine Grant. Voyage autour du monde (1865-1867)
Ce roman se compose de trois parties : Amérique du Sud, Australie et Océan Pacifique. Lord Glenarvan et son équipage naviguent sur le voilier Duncan. Ils trouvent à l'intérieur de l'estomac d'un requin qu'ils viennent de pêcher une bouteille contenant un message de désespoir envoyé par le Capitaine Grant. Le message est rongé par l'humidité et plusieurs détails manquent, mais il est clair que le désespéré se trouve quelque part sur le 37e parallèle. Avec les enfants du disparu, ils entreprennent un long voyage autour du monde, le long du 37e degré de latitude, ce qui les amènera à traverser l'Amérique du Sud, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, où ils seront faits prisonniers par des cannibales. Ce n'est bien sûr que dans les dernières pages que sera retrouvé le Capitaine Grant. Un des personnages les plus drôle de l'univers de Verne est le professeur Jacques Paganel, un Français très distrait au point de s'embarquer sur le mauvais navire et d'apprendre le portugais en pensant que c'était de l'espagnol. Ce savant se fait le porte-parole de Verne lors de conversations portant sur la géographie et l'histoire des pays visités. Plusieurs des personnages reviennent dans L'Île mystérieuse, dont le méchant Ayrton.

Vingt mille lieues sous les mers. Tour du monde sous-marin (1866-1869)
Qui n'a jamais entendu parler du Capitaine Nemo et de son sous-marin, le Nautilus !? Après que leur navire eut été coulé par le Nautilus, le professeur Aronnax, son valet Conseil et le harponneur canadien (il vient de Québec !) Ned Land sont recueillis à bord du sous-marin. La cage est dorée, mais ils sont prisonniers et doivent suivre le capitaine Nemo dans son périple autour du monde sous-marin, avec toutes les découvertes que cela implique, dont l'Atlantide et quelques trésors. C'est par l'électricité que Verne justifie la super-puissance et l'autonomie du Nautilus. Ce roman a été porté plusieurs fois à l'écran, le film mettant en vedette Kirk Douglas en étant la plus célèbre adaptation cinématographique. Le Capitaine Nemo revient dans L'Île mystérieuse et bien des choses sont alors expliquées.

Autour de la Lune (1868-1869)
La suite de De la Terre à la Lune. Après avoir placé des hommes sur orbite lunaire, Verne se devait de les faire revenir sur Terre. Cette suite, écrite en 1870, n'est pas très convaincante. Bien sûr, le lecteur pourra approndir ses connaissances lunaires et balistiques, mais sans plus. On aurait dit que Verne se sentait obligé de faire revenir sur Terre les héros de De la Terre à la Lune. Était-ce nécessaire ?

Une ville flottante (1869)
La ville flottante, c'est le Great-Eastern, un énorme navire faisant la traversée Liverpool-New York, à bord duquel se trouvent plusieurs centaines de personnes, avec leur caractères différents. Une vraie société. Le personnage principal du récit en est le narrateur, dont nous ignorons le nom. Son rôle consiste surtout à décrire ce qu'il voit, comme tout bon narrateur ! Fabian Mac Elwin prend place à bord du navire. Il est inconsolable à la suite d'une histoire d'amour qui a mal tourné : celle qui avait été sa fiancée, Ellen, a été mariée contre son gré au méchant Harry Drake. Le hasard fait bien sûr en sorte que Drake et Ellen se trouvent aussi sur le navire. À la suite d'un prétexte futile, Drake et Mac Elwin se battront en duel à l'épée, dont l'issue sera déterminée par un vrai coup de foudre, l'un des duellistes ayant malencontreusement levé bien haute son épée métallique pendant un orage. Arrivé à New York, le narrateur et l'excentrique Dean Pitferge se rendent jusqu'aux chutes du Niagara, avant de rembarquer à bord du Great-Eastern à destination de Liverpool. Ce livre est tiré des notes du voyage que fit lui-même Jules Verne en 1867. C'est d'ailleurs pourquoi je me permets de qualifier Une ville flottante de "notes de voyages romanisées".

Le Chancellor (1870-1874)
Le Chancellor, navire de commerce, quitte Charleston en direction de Liverpool. Mené par un capitaine souffrant d'aliénation mentale, le navire vogue vers le sud-est au lieu du nord-est. Et quand le feu prend dans la cale, remplie de balles de coton, rien ne va plus. Le second, Kurtis, prend les commandes, mais le navire finit par sombrer. Les passagers et membres d'équipage prennent place à port d'un radeau de fortune. Mais la fin et la soif les font souffrir et plusieurs meurent. Ils en sont même rendus à procéder à un tirage au sort qui déterminera lequel des survivants sera sacrifié afin que les autres puissent le manger, mais c'est à ce moment qu'ils atteignent l'embouchure de l'Amazone, dont le fort courant repousse l'eau salée à plus de 20 milles au large. Ils sont enfin sauvés. Il semble que la première version de ce roman ait été beaucoup plus atroce que la version finalement publiée, l'éditeur Hetzel trouvant que le roman était d'un "réalisme répugnant", ce qui n'est pas peu dire.

Aventures de trois Russes et de trois Anglais dans l'Afrique australe (1870)
Afrique du Sud, 1854 : trois savants russes et trois savants anglais ont pour mission de mesurer un arc de méridien. Si une amitié profonde unit William Emery et Michel Zorn, une grande rivalité sépare Mathieu Strux et le colonel Everest, co-dirigeants de la mission anglo-russe. Une mauvaise nouvelle vient cependant agrandir le précipice entre eux : le déclenchement de la Guerre de Crimée, opposant notamment la France et l'Angleterre à la Russie. Pour survivre, ils devront s'unir. Verne fait dire au colonel Everest, à la fin du chapitre 18 : "(...) ici, il n'y a plus ni Russes, ni Anglais ! Il n'y a que des Européens unis pour se défendre !" Réussiront-ils leur opération de triangulation ? Telle est l'intrigue de ce roman qui nous fait marcher sur les traces du docteur David Livingstone.

Le pays des fourrures (1871-1872)
En 1859, des officiers de la Compagnie de la Baie d'Hudson sont chargés d'aller fonder un fort au nord du 70e parallèle, au-delà du cercle polaire. Le fort est établi sur le Cap Bathurst, qui semble être le lieu parfait. Malheureusement, ce cap n'est pas fait de terre, mais de glace, et lors d'une éruption volcanique, le cap se détache du continent et part à la dérive, emportant tous ses occupants avec lui. Ça se gâte encore plus quand arrive le printemps et que le glaçon commence à fondre...

Le tour du monde en quatre-vingts jours (1872)
Pour les besoins d'un pari, le très flegmatique Britannique Phileas Fogg et son valet français, le débrouillard Passepartout, entreprennent le tour du monde et doivent le compléter en moins de 80 jours. Ils sont retardés dans leur projet par l'inspecteur Fix, lancé aux trousses de Fogg, convaincu que celui-ci est l'auteur d'un cambriolage, ainsi que par les événements dans les divers pays qu'ils traversent. Pensez-vous qu'ils réussiront ? Ce roman, l'un des plus célèbres de Verne, a inspiré plusieurs films.

L'Île mystérieuse (1873-1874)
Trois parties composent ce chef-d'oeuvre : Les Naufragés de l'air, L'Abandonné et Le Secret de l'île. La première partie a été rédigée d'après le manuscrit de L'Oncle Robinson, roman écrit vers 1861 et rejeté par Hetzel. Rassemblés autour de l'ingénieur Cyrus Smith, cinq américains font naufrage sur une île déserte, après leur évasion en ballon pendant la Guerre de Sécession. Contrairement à Robinson Crusoé qui avait pu récupérer divers biens et objets de son navire, les cinq héros sont totalement dépouillés et ils n'ont que leur intelligence et leurs habiletés pour survivre. Un des personnages de Les Enfants du Capitaine Grant se joint à eux bientôt à eux et ils passent plusieurs années sur cette île. Cependant, de mystérieux phénomènes et d'extraordinaires coïncidences demeurent inexpliqués, jusqu'à ce que le Capitaine Nemo, héros de Vingt mille lieues sous les mers, fasse son apparition.

Michel Strogoff. De Moscou à Irkoutsk (1874-1875)
Ce roman raconte l'histoire d'un courrier spécial du tsar de Russie, qui doit traverser les steppes de Sibérie, pour aller prévenir le frère du tsar de la présence d'un traître dans son entourage. Son voyage de plus de 5500 km sera compromis par les Tartares, qui envahissent la Sibérie, et, bien sûr, par le traître lui-même, à la solde des Tartares. Ce roman était originalement intitulé Le Courrier du Tzar. C'est l'oeuvre de Verne qui a le plus inspiré les cinéastes.

Hector Servadac. Voyages et aventures à travers le monde solaire (1874-1876)
Hector Servadac et quelques autres terrestres, dont le professeur Palmyrin Rosette, se retrouvent sur une comète après que celle-ci eut frôlé la Terre, lui arrachant au passage quelques habitants, un peu d'atmosphère, de l'eau, etc. Ils entreprennent alors un long voyage de deux ans dans le système solaire. Un des personnages du roman est le commerçant juif Isac Hakhabut : tous les défauts de l'humanité semblent s'être retrouvés dans cet homme. Hakhabut est un personnage méprisant, ne pensant qu'à faire de l'argent, même sur une comète se trouvant à plusieurs millions de lieues de la Terre. Je ne crois pas que Verne aurait pu se permettre un tel personnage s'il avait écrit son roman à l'époque actuelle : rectitude politique oblige... Il a d'ailleurs reçu une lettre de protestation du rabbin Zadoc Khan. Et en passant, qu'obtenez-vous en lisant "servadac" de droite à gauche ?

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Posté le : 24/03/2013 13:03
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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