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Charles Perrault
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Le 12 janvier 1628 à Paris naît Charles Perrault, homme de lettres français,

célèbre pour ses Contes de ma mère l’Oye. Auteur de textes religieux, chef de file des Modernes dans la Querelle des Anciens et des Modernes, Charles Perrault est l'un des grands auteurs du XVIIe siècle. L'essentiel de son travail consiste en la collecte et la retranscription de contes issus de la tradition orale française. Il est l'un des formalisateurs du genre littéraire écrit du conte merveilleux.

Partisan des Modernes dans la querelle qui les opposait aux Anciens, Charles Perrault se rendit célèbre grâce à ses Contes : en faisant se rencontrer la tradition orale et l'écriture mondaine et lettrée, il permit au conte de devenir un genre littéraire à part entière.
En 1697, les Histoires ou Contes du temps passé – ouvrage paru avec, en frontispice, Contes de ma mère l'Oye – rencontrent un éclatant succès. Qui ne connaît aujourd'hui Barbe-Bleue, mari sanguinaire, le Petit Chaperon rouge, qui se promène dans les bois sans se méfier du loup, la Belle au bois dormant, que seul l'amour du prince charmant peut réveiller, Peau d'âne, qui doit échapper à l'amour incestueux de son père, ou le Chat botté, image et symbole de ce que peut la ruse pour l'ascension sociale ? La rencontre de la littérature orale traditionnelle, archaïque et naïve, et de l'écriture mondaine et lettrée – combinée au didactisme moral craintes ancestrales, violence, sexualité, que les adaptations animées des studios Walt Disney édulcoreront – fait de ce recueil une des œuvres les plus populaires et les plus énigmatiques de la littérature française. La cruauté, l'effroi, le merveilleux, la familiarité et la malice y sont savamment dosés, grâce à une technique du récit qui privilégie l'évocation sur la démonstration, en rendant quotidien le fantastique.
Les Histoires, ou Contes du temps passé avec des moralités, de Charles Perrault, parurent tous les huit : La Belle au bois dormant, Le Petit Chaperon rouge, La Barbe-Bleue, Le Maître Chat, ou le Chat botté, Les Fées, Cendrillon, ou la Petite Pantoufle de verre, Riquet à la houppe, Le Petit Poucet sous le nom de son fils, Pierre Darmancour, Qui avait alors dix-neuf ans –, le 11 janvier 1697. D'abord publiés séparément, La Marquise de Salusses, ou la Patience de Griselidis 1691, Les Souhaits ridicules en 1693 et Peau d'Âne en 1694 furent ajoutés par la suite dans l'édition Lamy de 1781. L'autre titre parfois donné au recueil, Contes de ma mère l'Oye, allusion aux fées aux pieds palmés, les fées pédauques médiévales, et aux nourrices qui parlent en cacardant comme des oies, a seulement figuré sur un exemplaire manuscrit de 1695. Chef de file des Modernes, il meurt à Paris le 16 mai 1703

Enfance et débuts

Charles Perrault est né dans une famille bourgeoise, de Pierre Perrault, avocat au parlement, originaire de Tours et qui sera parlementaire à Paris, et Paquette Le Clerc. Il était le dernier d'une fratrie de Sept enfants dont quatre frères, et le jumeau d'un cinquième mort en bas âge.. La critique moderne, M. Soriano a vu dans cette gémellité avortée la source des choix esthétiques de l'écrivain, hanté par une incertitude fondamentale concernant son existence ou la nature même de sa personnalité.
Jean, l’aîné, avocat comme son père, meurt en 1669 ; Pierre 1611-1680, receveur général des finances, perd pour indélicatesse son crédit auprès de Colbert en 1664 ; Claude 1613-1688, docteur en médecine, membre de l’Académie des sciences et du Conseil des bâtiments, publie des ouvrages d’histoire naturelle et d’architecture ; Nicolas 1624-1662, amateur de mathématiques et théologien, est exclu de la Sorbonne pour jansénisme en 1656 ; Marie, l’unique fille, meurt à treize ans ; il aura également un frère jumeau, François, mais celui-ci meurt en bas âge, à 6 mois.
Charles Perrault est baptisé le 13 janvier 1628 en l'église Saint-Étienne-du-Mont à Paris. Son parrain est son frère Pierre et sa marraine est Françoise Pépin, sa cousine.
Charles Perrault fait des études littéraires brillantes au collège de Beauvais à Paris dont il raconte, dans ses Mémoires, qu’y étant élève de philosophie, il quitta la classe à la suite d’une discussion avec son professeur, en compagnie d’un de ses camarades. Tous deux décident de ne plus retourner au collège, et ils se mettent avec ardeur à la lecture des auteurs sacrés et profanes, des Pères de l'Église, de la Bible, de l’histoire de France, faisant de tout des traductions et des extraits. C’est à la suite de ce singulier amalgame de libres études qu’il met en vers burlesques le sixième livre de l'Énéide et écrit les Murs de Troie ou l’Origine du burlesque.
Reçu avocat en 1651 après avoir obtenu sa licence de droit, il s’inscrit au barreau mais, s’ennuyant bientôt de traîner une robe dans le Palais, il entre en qualité de commis chez son frère qui était receveur général des finances.

Au service des Académies

Bras droit de Colbert, il est chargé de la politique artistique et littéraire de Louis XIV en 1663 en tant que secrétaire de séance de la Petite Académie, puis en tant que contrôleur général de la Surintendance des bâtiments du roi. Dès lors, Perrault usa de la faveur du ministre au profit des lettres, des sciences et des arts. Il ne fut pas étranger au projet d’après lequel des pensions furent distribuées aux écrivains et aux savants de France et d’Europe.
Perrault contribua également à la fondation de l’Académie des sciences et à la reconstitution de l’Académie de peinture5. Il fit partie, dès l’origine, de la commission des devises et inscriptions qui devint l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Entré à l’Académie française en 1671, il y donna l’idée des jetons de présence, de rendre publiques les séances de réception et de faire les élections par scrutin et par billets, afin que chacun fût dans une pleine liberté de nommer qui il lui plairait.
Perrault était un touche-à-tout littéraire qui s’essaya au genre galant avec Dialogue de l’amour et de l’amitié 1660 et Le Miroir ou la Métamorphose d’Orante. Toutes ses productions littéraires se bornaient à quelques poésies légères, comme le Portrait d’Iris, lorsqu’il lut à l’Académie, le 27 janvier 1687, un poème intitulé : le Siècle de Louis le Grand. Ce poème, où Perrault, parlant avec assez peu de respect d’Homère, de Ménandre et des plus révérés d’entre les auteurs classiques, plaça pour la première fois le XVIIe siècle au-dessus de tous les siècles précédents, tient une place importante dans l’histoire des lettres en ce qu’il inaugure la Querelle des Anciens et des Modernes.
Perrault, qui sera le chef de file des partisans des Modernes, y explique l’égalité nécessaire entre les différents âges par une loi de la nature :

À former les esprits comme à former les corps,
La nature en tout temps fait les mêmes efforts ;
Son être est immuable, et cette force aisée
Dont elle produit tout ne s’est point épuisée :
Jamais l’astre du jour qu’aujourd’hui nous voyons
N’eut le front couronné de plus brillants rayons ;
Jamais dans le printemps les roses empourprées
D’un plus vif incarnat ne furent colorées.
De cette même main les forces infinies
Produisent en tout temps de semblables génies.

À cette lecture, Boileau se leva furieux, disant que c’était une honte de la supporter. D’autres académiciens, qui y voyaient une flatterie pour eux-mêmes, applaudirent vivement. Racine félicita ironiquement Perrault d’avoir si bien mené ce jeu d’esprit et d’avoir si parfaitement rendu le contraire de ce qu’il pensait.
Ainsi naquit une des plus fameuses querelles littéraires, s’il est vrai, comme on l’a dit, que ce fut pour répondre à Racine que Perrault entreprit une démonstration méthodique de sa thèse et publia le Parallèle des anciens et des modernes, Paris, 1688-1698, 4 vol. in-12, ouvrage spirituellement écrit sous forme de dialogue entre un président savant et un peu entêté, un chevalier léger, agréable et hardi, et un abbé qui représente la modération. Son quatrième tome consacre une part importante à l’architecture, reprenant les idées que son frère Claude Perrault avait développé dans ses ouvrages, en se posant à l’encontre des canons éternels de la notion du beau.
Boileau répondit par des épigrammes et dans les Réflexions sur Longin. Dans cette discussion, où les adversaires avaient à la fois raison et tort à différents point de vue, et où, suivant chacun sa voie, ils se répliquaient sans se répondre, Perrault l'emporta en général par l’urbanité. On l’injuriait, il ripostait d’un ton spirituellement dégagé :

L’aimable dispute où nous nous amusons
Passera, sans finir, jusqu’aux races futures ;
Nous dirons toujours des raisons,
Ils diront toujours des injures.

Perrault se laissa cependant aller à quelques paroles trop vives dans son Apologie des femmes, qu’il publia en 1694, pour répondre à la satire de Boileau contre les femmes. Les deux ennemis furent réconciliés, du moins en apparence, en 1700 et leur querelle fut continuée par d’autres écrivains.
Perrault avait commencé en 1696 et termina en 1701 un ouvrage intitulé les Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, recueil de cent deux biographies, courtes, précises et exactes, accompagnées de magnifiques portraits gravés.
Mais ce qui a fait l’immortelle popularité de Charles Perrault, ce n’est ni cette riche publication, ni ses discussions littéraires, c’est le petit volume intitulé Contes de ma mère l’Oye, ou Histoires du temps passé, 1697, petit in-12, édition très rare et contrefaite la même année qu’il publia sous le nom de son jeune fils, Perrault d’Armancourt.

Critiques de l'Å“uvre de Charles Perrault

En couchant par écrit les versions de contes qu'il avait entendues et en raison de la forte légitimité accordée à l'écrit, les contes dits de Perrault ont souvent pris le pas sur la multitude des autres versions du patrimoine oral français et mondial. Ainsi, Pierre Dubois pense que Charles Perrault a considérablement modifié la perception de la fée en faisant des belles de mai mentionnées dans les anciennes croyances des femmes raffinées, délicates et élégantes fréquentant la cour dans ses contes, détruisant ainsi leur symbolisme originel lié au renouveau de la nature.
Selon lui, il détourne et dénature les fées des saisons avec l'ajout de ses morales.
Cependant, le point de vue de cet auteur, Pierre Dubois, est lié à la perception écologique que l'on a des fées en cette fin de XXe et début de XXIe siècle, bien que nombre d'auteurs de Fantasy dont il fait partie ne cite pas les fées comme étant des ordonnatrices de la Mère Nature. Pour Perrault les fées sont surtout les instruments du Destin et des magiciennes comme elles l'ont été durant tout le Moyen Âge.
Ne disait-on pas fée pour désigner un objet magique, alors que tout ce qui était lié à la nature et à son renouveau était selon Paracelse plutôt du domaine des éléments et de leurs représentants, les elfes, les lutins, les trolls. Dans la légende arthurienne de la Table Ronde, Viviane et Morgane ne sont pas des fées des saisons mais bel et bien des magiciennes.
Les fées de Perrault ne sont pas les délicates fréquentant la cour comme dit cet auteur de bandes dessinées, le conte "Les Fées" met en scène une magicienne qui tour à tour endosse l'apparence d'une vieille femme puis d'une dame pour rendre justice à la bonté, la fée de Cendrillon transforme une citrouille en carrosse mais nulle part il n'est question d'une femme de cour, elle est une marraine, une protectrice et quant à la vieille fée dans La belle au bois dormant, elle serait plus proche de la sorcière jeteuse de sorts. Perrault était un écrivain philosophe qui a laissé dans ses contes les traces d'un enseignement hermétique comme le souligne Armand Langlois dans son analyse des contes de Perrault.
Il n'était pas un auteur de Fantasy, il n'a jamais prétendu endormir les enfants avec de jolies histoires mais c'était un moraliste qui a utilisé le merveilleux pour éduquer 18et donner une direction pour l'accomplissement de la personne humaine.

Les Contes

Chronologie des éditions
En 1691, Perrault publie une nouvelle en vers :
La Marquise de Salusses ou la Patience de Griselidis
La Belle au Bois Dormant
En 1693, il publie un premier conte en vers dans le Mercure galant :
Les Souhaits ridicules
En 1694, il réunit dans une même édition les deux œuvres précédentes et y ajoute une troisième histoire, deuxième conte en vers :
Peau d’Âne
En 1696 paraît dans le Mercure galant un conte en prose : La Belle au bois dormant.
L’année suivante, sort de chez Claude Barbin un volume intitulé Histoires ou Contes du temps passé 1697.
Ce volume contient les huit contes en prose suivants :
La Belle au bois dormant
Le Petit Chaperon rouge
La Barbe bleue
Le Maître chat ou le Chat botté
Les Fées
Cendrillon ou la Petite Pantoufle de verre, verre étant la graphie exacte utilisée dans l'édition originale de 1697,

Cendrillon
Riquet à la houppe
Le Petit Poucet
Ce recueil subit deux contrefaçons la même année : l'édition de Jacques Desbordes, à Amsterdam, Histoire ou Contes du temps passé. Avec Moralitez, et l'édition "Prince de Dombes", à Trévoux, Histoires ou Contes du temps passé. Avec des Moralitez.
La paternité des Contes
Il fait paraître son recueil sous le nom de son troisième fils, Pierre Darmancour, ou d’Armancour, Armancour étant le nom du domaine que Charles vient d’acquérir et d’offrir à Pierre. Ce dernier, né en 1678, aspirait à devenir secrétaire de Mademoiselle, nièce de Louis XIV, à qui est dédicacé l’ouvrage.
De plus, Perrault voulait éviter une nouvelle polémique entre Anciens et Modernes, il était le chef de file de ces derniers avec la publication de ses Contes.
Il s’était réconcilié avec Boileau en 1694.
Le nom de son fils lui a donc été d’une grande aide pour éviter la reprise de la querelle.
Cependant, des avis pour l'attribution des Contes en prose au fils subsistent, insistant sur le fait qu'ils étaient trop maladroits et trop immoraux pour être de la main du père.

Le chef-d’œuvre de Perrault

En 1683, Perrault, ayant perdu à la fois son poste à l’Académie et sa femme, décide de se consacrer à l’éducation de ses enfants et c'est alors qu'il écrit les Contes de ma mère l’Oye en 1697.
Il meurt le 16 mai 1703 dans sa maison de la rue de l'Estrapade sur la Montagne Sainte-Geneviève et est inhumé le lendemain en l'église Saint-Benoît-le-Bétourné en présence de son fils Charles Perrault.
Le genre des contes de fées est à la mode dans les salons mondains : les membres de la haute société assistent aux veillées populaires et prennent note des histoires qui s’y racontent. Son recueil intitulé Contes de ma mère l’Oye, où les contes sont à la fois d’inspiration orale, la Mère l’Oye désigne la nourrice qui raconte des histoires aux enfants) et littéraire, Boccace avait déjà écrit une première version de Griselidis dans le Décaméron. Le travail que Perrault opère sur cette matière déjà existante, c’est qu’il les moralise et en fait des outils à l'enseignement des jeunes enfants. Ainsi, il rajoute des moralités à la fin de chaque conte, signalant quelles valeurs il illustre.
Marc Soriano dit de Perrault qu’il est le plus méconnu des classiques : tout le monde connaît ses contes, mais très peu connaissent sa version des contes : ainsi, chez Perrault, le petit chaperon rouge et sa grand-mère finissent mangés par le loup : la version postérieure où le chasseur les sort du ventre est de Grimm. De même, c’est dans Disney que le baiser du prince réveille la Belle au bois dormant : chez Perrault, elle se réveille toute seule après que le Prince s'est agenouillé près d'elle. De même, on a longtemps eu un doute sur la fameuse pantoufle de verre : était-elle en verre ou en vair ? C'est en fait Balzac qui, pour rationaliser les contes de Perrault, modifia le conte en prétendant qu'il s'agissait d'une pantoufle de vair. Il s'agissait bien d'une pantoufle de verre. Sur le sujet, voir l'article concernant Cendrillon. Et la postérité a préféré ne garder que ce que Perrault appelait le conte tout sec, c’est-à-dire le conte de fée, en oubliant les moralités. Or, les moralités de Perrault sont tout aussi essentielles à ses contes que ne le sont les moralités des Fables de La Fontaine.

Un art du naturel

Tenant de ceux, les Modernes, qui revendiquaient une liberté de la littérature par rapport aux modèles antiques contre ceux, les Anciens qui en prônaient l'imitation, académicien depuis 1671, bon politique sous Colbert, chef de file et champion de la dramaturgie moderne, du nouvel art chrétien, des auteurs contemporains du siècle de Louis XIV, de la langue, de la littérature et de la nation française, Charles Perrault se lançait dans une entreprise pédagogique et mondaine. En redécouvrant les contes populaires français – où l'on pourrait retrouver l'écho de nombreuses histoires folkloriques, retravaillées par l'auteur, racontées peut-être à ses propres enfants, et certainement lues dans les salons –, en les traduisant – en collaboration, comme pour tout art de salon – en langage galant et moderne, en vers ou en prose, en leur donnant une nouvelle légitimité, Perrault démontrait qu'on peut écrire avec clarté et enjouement, tout en mélangeant les styles. Sous le couvert du divertissement léger et enfantin, il faisait aussi œuvre de théoricien.
Ce qui compte avant tout, c'est l'effet : il s'agit de donner une allure populaire, traditionnelle et naïve, naturelle en un mot, à ce qui a été longuement travaillé, et d'ajouter au canonique "il était une fois", un esprit ironique qui fasse penser et sourire, simultanément. En même temps, Perrault renvoie à une autorité traditionnelle donnée comme française le fond des âges, sa sagesse proverbiale, distincte de l'Antiquité convenue. En cela, il se place dans le sillage de L'Astrée 1607-1627 de Honoré d'Urfé, et des pratiques de salon qui lui sont bien connues. Les jeux mondains des moralités et des énigmes, voire des bouts-rimés, parcourent ces contes qui sont aussi destinés aux cercles aristocratiques et bourgeois, dominés par les femmes, et très présents à la ville : il s'agit d'y cultiver l'esprit, sans prétention ni pédantisme, de renoncer aux références antiques, d'introduire un peu de doute et de profondeur, mais sans ostentation, bref de se distinguer des partisans des Anciens, et surtout de se situer loin de la cour dévote et de son roi déclinant.

Un regard nouveau sur l'enfance

Les gens de goût sont donc les lecteurs des Contes. Ils savent que les bagatelles apparentes ne sont pas de pures bagatelles, Préface aux Contes, que la pédagogie et le récit enjoué sont aussi agréables à l'esprit qu'utiles à la réflexion, ne serait-ce que par la morale louable et instructive qu'ils développent au travers d'une simplicité retrouvée. Le traité de Fénelon, De l'éducation des filles en 1687, puis Les Aventures de Télémaque. Parallèlement, la dévotion à l'Enfant Jésus se déploie avec toute l'ardeur possible, comme si l'on aspirait à une image nouvelle de l'homme et de Dieu. Après la fable, les contes sont donc à la mode, grâce à l'abbé de Villiers et à ses Entretiens sur les contes de fées en 1669, grâce à Perrault peut-être, mais aussi aux écrivains féminins : les Contes des fées de Mme d'Aulnoy, 1697, premier conte publié en 1690, entre autres textes qu'on relit de nos jours, Mlle Lhéritier, 1695 ; Catherine Bernard, 1696, montrent qu'on veut alors un style de la douceur, capable d'introduire un point de vue critique sur la littérature consacrée qui précède. Sous la douceur, sous le désir d'instruire et de former, sous la pudeur, la bienséance et l'honnêteté, s'élabore l'idée que la nature peut révéler des vérités ou des conduites bien éloignées des morales admirables et convenues. La célèbre formule "Il était une fois" permet d'imaginer des lieux, des fées, des situations, de faire la part belle à l'idéal moral et de terminer par une fin heureuse où l'on se marie, et où l'on a beaucoup d'enfants. Mais elle met aussi en scène pour le lecteur tout le fond archaïque de ces récits : dévorations fantasmatiques, incestes et vengeances, injustices familiales : Le Père et la Mère les menèrent dans l'endroit de la Forêt le plus épais et le plus obscur, et dès qu'ils y furent, ils gagnèrent un faux-fuyant et les laissèrent là. Le petit Poucet ne s'en chagrina pas beaucoup, parce qu'il croyait retrouver aisément son chemin par le moyen de son pain qu'il avait semé partout où il avait passé ; mais il fut bien surpris lorsqu'il ne put en retrouver une seule miette ; les Oiseaux étaient venus qui avaient tout mangé. Les voilà donc bien affligés, car plus ils marchaient, plus ils s'égaraient et s'enfonçaient dans la Forêt. La nuit vint, et il s'éleva un grand vent qui leur faisait des peurs épouvantables. Ils croyaient n'entendre de tous côtés que des hurlements de Loups qui venaient à eux pour les manger. Ils n'osaient presque se parler ni tourner la tête. Entre ces deux pôles, l'ironie complice permet de jouer et de déchiffrer. Car Perrault ne se perd pas dans le merveilleux : il l'utilise et le met en distance. Au dénouement, le Petit Poucet fait ses comptes : il se met au service du roi, fait fortune en jouant les messagers de guerre, la double en servant des dames qui veulent avoir des nouvelles de leurs amants et, de retour au pays, établit sa famille avec tout son argent.

Longtemps considérés comme des ouvrages pour la jeunesse et presque dissociés de leur auteur, parce que donnés comme objets de folklore, les Contes de Perrault ont pu, depuis les années 1960, être réinvestis par la critique historique, psychanalytique et symbolique. Ils ont également donné lieu à de nombreuses illustrations et transcriptions cinématographiques, de Walt Disney, Cendrillon, 1950 ; La Belle au bois dormant, 1959 à Jacques Demy, Peau d'Âne, 1970.

1653 : Les Murs de Troie ou l’origine du Burlesque
1659 : Portrait d’Iris
1660 : Ode sur la paix
1663 : Ode sur le mariage du Roi
1668 : Dialogue de l’amour et de l’amitié, Discours sur l’acquisition de Dunkerque par le Roi
1669 : Le Parnasse poussé à bout
1674 : Courses de têtes et de blagues faites par le Roi et par les Princes et Seigneurs, Critique de l’Opéra
1679 : Harangue faite au roi après la prise de Cambrai
1683 : Épître chrétienne sur la pénitence
1685 : Ode aux nouveaux convertis"
1686 : Saint-Paulin, évêque de Nole
1687 : Le Siècle de Louis le Grand
1688 : Ode de Mgr le Dauphin sur la prise de Philisbourg, Parallèle des Anciens et des Modernes en ce qui regarde les Arts et la Science
1691 : Au Roi, sur la prise de Mons
1692 : La Création du Monde
1693 : Ode du Roi, Dialogue d’Hector et d’Andromaque
1694 : L’Apologie des Femmes, Le Triomphe de sainte Geneviève, L’idylle à Monsieur de la Quintinie
De 1696 à 1700 : Les Hommes illustres qui ont paru en France…
1697 : Histoires ou contes du temps passé ou Conte de ma mère l’Oye, Adam ou la création de l’homme
1698 : Portrait de Bossuet
1699 : Traduction des Fables de Faërne
1701 : Ode au Roi Philippe V, allant en Espagne
1702 : Ode pour le roi de Suède
1703 : Le Faux Bel Esprit
1755 : Mémoire de ma vie posthume
1868 : L’Oublieux posthume, Les Fontanges posthume

Autres Å“uvres de Perrault

Poème de la peinture
Parallèles des Anciens et des Modernes (1688)
Adaptations chorégraphiques

Les contes de Perrault inspirèrent plusieurs chefs-d'œuvre du ballet classique, comme :
Cendrillon
La Belle au bois dormant
Adaptation cinématographique

Il existe de très nombreuses adaptations cinématographiques de ses contes, parmi lesquelles :
Le Petit Chaperon rouge, film français d’Alberto Cavalcanti en 1929
Cendrillon, dont la version la plus connue est le dessin animé de 1950 par les studios Disney
La Belle au bois dormant, entre autres par les studios Disney en 1959
Le Petit Poucet, réalisé par Olivier Dahan et sorti en 2001.
Représentations actuelles de l’œuvre de Perrault

le Bois des contes du parc d'attractions Efteling où les contes les plus connus prennent vie.
les Scènes animées des Contes, automates créés par Armand Langlois, sont exposées depuis 2005 au château de Breteuil.


Charles Perrault, le Petit Poucet

En 1697, les Histoires ou Contes du temps passé – ouvrage paru avec, en frontispice, Contes de ma mère l'Oye – rencontrent un éclatant succès. Qui ne connaît aujourd'hui Barbe-Bleue, mari sanguinaire, le Petit Chaperon rouge, qui se promène dans les bois sans se méfier du loup, la Belle au bois dormant, que seul l'amour du prince charmant peut réveiller, Peau d'âne, qui doit échapper à l'amour incestueux de son père, ou le Chat botté, image et symbole de ce que peut la ruse pour l'ascension sociale ? La rencontre de la littérature orale traditionnelle, archaïque et naïve, et de l'écriture mondaine et lettrée – combinée au didactisme moral craintes ancestrales, violence, sexualité, que les adaptations animées des studios Walt Disney édulcoreront – fait de ce recueil une des œuvres les plus populaires et les plus énigmatiques de la littérature française. La cruauté, l'effroi, le merveilleux, la familiarité et la malice y sont savamment dosés, grâce à une technique du récit qui privilégie l'évocation sur la démonstration, en rendant quotidien le fantastique.

Classiques par leur élaboration formelle, par leurs préoccupations pédagogiques et par leur orientation rationaliste, baroques par leurs thèmes merveilleux, par leur art de l'implicite et de l'ironie, permettant ambiguïté et doubles lectures, les Contes apparaissent comme une parfaite illustration de la théorie de la modernité professée par leur auteur : la tradition orale contre l'imitation de l'antique. Ils portent également à son apogée le genre du conte de fées, alors en vogue à la fin du xviie siècle. En 1976, le psychanalyste Bruno Bettelheim verra dans ce genre littéraire un moyen d'atteindre les couches obscures de l'inconscient Psychanalyse des contes de fées. Enfin, le succès des Contes dans les programmes scolaires a été et reste aussi grand que celui des Fables de La Fontaine.

Lien

http://www.ina.fr/video/LXD09006060/jean-claverie-video.html Illustration des contes par Claverie
http://youtu.be/JpGPAgYsEqA Extrait de la belle au bois dormant
http://youtu.be/4cHycj7_nh0 Extrait du chat botté
http://youtu.be/Y5cZvQwLsws Ma mère L'Oye de Ravel
http://youtu.be/4vnS55MI-Vs Peau d'âne la chanson du film
http://youtu.be/3FQeQIMrQO0 Cendrillon inspiré du conte de Perrault

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Posté le : 11/01/2014 19:56
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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