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De Montpellier
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Le 9 février 1675 à 61 ans à Leyde au Pays-bas meurt Gérard Dou
ou Gerrit Dou ou Dow, né le 7 avril 1613 à Leyde, artiste-peintre néerlandais. Il a pour élève Frans van Mieris de Oudere, Gabriel Metsu. Il est le principal représentant de l’école de Leyde, dite de la peinture fine, Fijnschilderei, dont la technique s'apparente à la miniature (enluminure). Formé par Rembrandt, il est si proche du style de son maître que l’on attribue certaines œuvres à un travail commun entre les deux artistes. Les tableaux de Gérard Dou ont la particularité d’être toujours de petit format, dans un style extrêmement minutieux, représentations de scènes souvent surmontées d’un encadrement en forme d’arc en trompe-l'œil. Il forma Frans van Mieris de Oudere et Gabriel Metsu. Il préférait peindre sur des panneaux de bois qui offraient une surface plus lisse que la toile, et se servait d’une loupe pour le fini des détails. On possède un portrait de lui par Étienne Compardel, probablement un de ses amis. Finesse excessive, facture lisse et froide, technique trop savante et illusionniste, sujets de genre rustique insignifiants et aggravant par là le manque d'esprit d'une peinture réaliste à recettes, tout l'art de Dou porte en germe les symptômes de la décadence dont la peinture néerlandaise va être affligée à la fin du xviie s. et tout au long du xviiie. Aussi bien l'importance historique du peintre est-elle considérable, et le grand nombre de ses élèves et imitateurs suffit à en porter témoignage : on citera ainsi Metsu et Frans Van Mieris I, les plus doués, puis, à partir de 1660, Slingelandt, Schalcken, Dominicus Van Tol, neveu de Dou, Maton, Naiveu, Carel de Moor. Par ailleurs, des artistes comme Gaesbeeck, Brekelenkam, Staveren, Spreeuven, Pieter Leermans, Abraham de Pape ont tous profité des avis et des conseils, sinon des leçons, de Dou. Il lui revient la gloire d'avoir vraiment fondé l'école leydoise de la peinture fine ou précieuse — fiujschilders. Jadis trop prisé, on aurait aujourd'hui tendance à le déprécier injustement. On peut être toujours sensible aux prodigieuses qualités d'exécution de la Femme hydropique, à un métier parfait qui trouve en lui-même sa poésie lorsqu'il reste intelligent et mesuré, comme dans ce chef-d'œuvre de réalisme à la fois poétique et familier qu'est la Jeune Mère du Mauritshuis.
Sa vie
Fils d'un peintre verrier, Gérard, Gerrit en néerlandais Dou fit ses premières armes dans cette spécialité, après un stage chez le graveur Dolendo, puis chez le peintre verrier Pieter Couwenhorn, il travailla auprès de son père avant d'entrer à quinze ans dans l'atelier de Rembrandt leurs deux maisons étaient fort proches, et ce n'est qu'en 1628 qu'il passe à la peinture proprement dite, en entrant dans l'atelier de Rembrandt. Il y resta jusqu'au départ de ce dernier pour Amsterdam en 1631-32. Tout comme Lievens et Joris Van Vliet — les deux autres élèves de Rembrandt pendant la période leydoise —, ses débuts sont entièrement dominés par l'enseignement du maître, dont il pastiche littéralement les œuvres : mêmes modèles, mêmes poses et même peinture de genre minutieuse, rendue encore plus pittoresque par le charme du clair-obscur. Citons ainsi les tableaux représentant le père de Rembrandt, souvent déguisé en guerrier, en Oriental, en astronome, musée de Kassel ; Ermitage, la mère de Rembrandt, parfois en train de lire la Bible Kassel, Rijksmuseum, Berlin, Gg de Dresde, Louvre, le peintre au travail, Portrait de Rembrandt devant son chevalet, Boston, M. F. A., de saints ermites en prière Munich, Alte Pin. ; Dresde, Gg ; Londres, Wallace Coll. ; Rijksmuseum. À l'aide d'une palette sombre, d'une technique encore sobre quoique déjà fort réaliste et précise, Dou est parfaitement à l'aise dans le traitement des détails et des accessoires.
Il en reste l'élève jusqu'au départ de ce dernier pour Amsterdam, en 1631. Ce que le jeune artiste affectionne surtout chez Rembrandt, ce sont les têtes d'étude faites d'après des vieillards, souvent les parents de Rembrandt, où le détail si pittoresque des rides et des chairs plissées est traité avec toute la virtuosité et l'insistance nécessaires. Le travail du pinceau est encore apparent, mais la spiritualité rembranesque est absente : cela est encore plus sensible dans les quelques scènes d'intérieur baignées d'une soigneuse et habile pénombre que Dou a su imiter de Rembrandt avec talent au cours de cette première période leydoise ; ainsi, chez Gérard Dou, les objets et les êtres, la lumière et les choses se juxtaposent mais ne s'interpénètrent pas, se détaillent et s'équilibrent entre eux mais ne forment pas cette profonde et vivante unité organique et narrative qui fait tout le charme humain, toute l'émotion prenante de Rembrandt ; en témoignent bien des œuvres comme Les Parents de Tobie à Londres ou l'Autoportrait au chevalet de la collection Henle à Duisburg, qui ont été l'un et l'autre très efficacement retouchés par Rembrandt lui-même, par exemple le visage si mobile et émouvant du jeune Dou dans le tableau de la collection Henle, par ailleurs soigneux, lisse et irréprochable dans le rendu des orfèvreries luisantes du premier plan. Très vite, l'absence de Rembrandt, à partir de 1631, révèle Gérard Dou à son vrai génie d'exécutant virtuose qui parvient à enclore le monde dans un parfait microcosme pictural, aux couleurs propres et harmonieuses, au métier d'émail lisse et irréprochable, au clair-obscur adouci et subtilement caressant, mais incroyablement savant et plein de tact. C'est le triomphe de la peinture fine dont Dou sera à Leyde, où il vécut toute sa vie, le chef de file incontesté, entraînant à sa suite une foule zélée de disciples, d'élèves et d'imitateurs tels que Tol et Toorenvliet, ses neveux et imitateurs les plus directs, Frans Van Mieris et bien d'autres comme Gaesbeck, Staveren, et même, jusqu'à un certain point, Steen et Metsu : pour près de deux siècles, Dou est ainsi l'artisan majeur d'une des orientations fondamentales de l'art néerlandais vers la miniaturisation réaliste des scènes de genre ou d'intérieur dans un clair-obscur délicat, la pureté d'un métier lisse et impeccable. Aussi bien Dou atteignit-il dès son vivant un très haut renom, dont témoigne la célèbre collection de Jean De Bye à Leyde, constituée à prix d'or et que l'on pouvait visiter sur demande, où resplendissait la fameuse Femme hydropique du Louvre la plupart des peintures — vingt-deux sur vingt-sept — étaient jugées si précieuses qu'elles étaient logées dans des boîtes spéciales à l'abri de la poussière. Après le départ du maître, il conquiert assez vite son originalité en renonçant peu à peu au portrait, et il se concentre sur une peinture de genre traitée avec une minutie et un perfectionnisme toujours plus poussés, qui allaient faire son immense célébrité ; il allait compter parmi ses clients Charles II d'Angleterre, la reine Christine de Suède et l'archiduc Léopold Wilhelm ; il se refusa pourtant obstinément à quitter sa ville. En 1641 déjà , le diplomate suédois Spiering allouait une riche pension annuelle à Dou pour se réserver le premier choix de ses ouvrages. En 1648, Dou entre à la gilde de Saint-Luc à Leyde ; en 1660, les États de Hollande lui achètent trois de ses tableaux, dont la Jeune Mère du Mauritshuis pour les offrir à Charles II en séjour à La Haye. Indépendamment de la littérature élogieuse contemporaine, qui le compare volontiers à Zeuxis ou à Parrhasios, l'un des plus intéressants témoignages du succès du peintre reste cette véritable exposition permanente de 29 de ses tableaux, appartenant au fameux collectionneur Jan de Bye, ouverte en 1665 dans la maison du peintre Hannot, sans doute l'une des premières expositions au sens moderne du mot. On y voyait certains des plus célèbres Dou, comme la Femme hydropique et le Trompette du Louvre, le Cellier de Dresde, l'École du soir du Rijksmuseum. Il est à peine besoin d'insister sur l'extrême hausse de prix que connurent les tableaux de Dou de son vivant et surtout aux XVIIIe et XIXe s. : telle Cuisinière du musée de Karlsruhe passa, entre 1706 et 1768, de 770 à 6 220 florins, au moment où un Vermeer se vendait 26 florins en 1745. Depuis 1631, son registre s'est amplifié, bien que soigneusement restreint aux sujets qui permettent une peinture minutieuse et détaillée, volontiers anecdotique, mais figée dans le calme moelleux d'un clair-obscur atténué : moins de pittoresque mi-oriental mi-rapin à la Rembrandt, ateliers de peintres, ermites ou savants au travail et de plus en plus de cuisinières ou de femmes vaquant à leurs travaux ménagers, ou encore des apothicaires consultant des fioles, des femmes au miroir, le plus souvent cadrées dans le motif illusionniste d'une niche de pierre. Des motifs favoris d'exécution picturale reviennent avec insistance, comme les pans de merveilleuses draperies brochées, ainsi dans La Femme hydropique et Le Joueur de trompette du Louvre, La Femme au clavier de Dulwich ou les bas-reliefs de putti dérivés des sculptures de Duquesnoy, qui parent le rebord de ses niches peintes. Dans cette deuxième période de Dou, si éloignée de l'art de Rembrandt et où la polychromie se fait plus vive, avec une facture toujours plus nette et plus lisse — d'où une indéniable froideur qui compromet nombre de ses toiles —, on doit noter l'extraordinaire succès du thème de la niche, d'origine rembranesque d'ailleurs, mais vite devenu chez Dou un pur poncif destiné à faciliter une exécution en trompe l'œil. Par soumission à la mode, les niches sont souvent ornées d'un bas-relief de Duquesnoy, Putti jouant avec des boucs, qui est là pour donner une note classico-moderne, et l'école de Dou — notamment les Mieris — exploitera ce thème de la niche. Le plus souvent, Dou y loge une femme occupée à des tâches ménagères, cuisinière, récureuse, marchande, fileuse ou, parfois, un médecin — prétextes à autant de variations sur des natures mortes de détails, où se révèle peut-être le véritable génie de l'artiste, volets de la Femme hydropique, Louvre ; ceux du Cellier de Dresde, et qui témoignent d'un exceptionnel don pour la nature morte, mais qu'il a trop rarement cultivé pour lui-même. Parmi d'innombrables exemples de ces paysannes d'un rustique très sophistiqué — caractéristique de la préciosité de l'époque — vues en buste dans une niche, citons celles de Vienne, de Londres, Buckingham Palace et N. G., de Cambridge, de Turin, du Louvre, de Schwerin. L'autre grande spécialité de Dou, elle aussi d'origine rembranesque, mais singulièrement déviée vers un pur artifice de virtuosité, est le clair-obscur obtenu au moyen d'une chandelle. Dou en a tiré un pittoresque facile, qui met en valeur une facture nette, parfaite et lisse, surtout dans les reflets rougeâtres et les dégradés d'ombre. Le plus célèbre de ces effets de lumière, où triomphera un Schalcken après Dou, reste l'École du soir, Rijksmuseum. De bons clairs-obscurs de Dou se trouvent encore dans les musées de Dresde, la Cueilleuse de raisins, de Munich, de Leyde, l'Astronome, de Bruxelles le Dessinateur, de Cologne. Les grands chefs-d'œuvre du peintre datent des années 1650-1660, La Jeune Mère du Mauritshuis, La Haye en 1658, La Femme hydropique en 1663, L'École du soir, Rijksmuseum, Amsterdam, quoique la virtuosité et les corruptions du succès ne lui fassent pas éviter dans ses dernières années une certaine mécanisation desséchante des effets, trop d'insistance et de monotonie, des répétitions, voire des fautes de dessin jointes à l'emploi trop uniforme d'un ton brun rougeâtre, notamment dans les nocturnes. Porté aux nues dès le XVIIe siècle et encore au XVIIIe, Dou s'est vu excessivement discrédité, depuis 1850 environ, au nom de la peinture libre, du primat de l'esquisse et de la première inspiration. Le reflux de l'impressionnisme, les vertus techniques du surréalisme, Dalà nouvel et grand admirateur de Dou !, la vogue même de l'hyperréalisme, le moderne engouement pour les natures mortes, et peut-être la secrète nostalgie d'un métier désormais inaccessible ont permis, depuis la fin des années 1960, une juste réhabilitation de Gérard Dou, de son art modeste et sûr d'enchanteur pictural, finalement libre et vainqueur par la vertu même de sa technicité parfaite.
Å’uvres
Il s’attacha à représenter les objets de la vie commune et des natures mortes. Tous ses tableaux sont d’un fini admirable ; on remarque surtout : La Femme hydropique, son chef-d’œuvre peint vers 1663, conservé au musée du Louvre, huile sur toile, 86 × 67 cm ; La Mère de Rembrandt, huile sur toile, 61 × 47 cm; La Jeune ménagère v.1660, huile sur bois, 49,1 × 36,5 cm, Gemäldegalerie, Berlin ; L’Épicière de village ; Le Trompette ; Cuisinière hollandaise ; Le Peseur d’or ; L’Astrologue ; L’École du soir ; Vieille femme en prières ; Portrait de sa famille et le sien ; La Jeune mère (1658), huile sur bois, 73,5 × 55,5 cm, Mauritshuis, La Haye. Autoportrait de l'artiste dans son atelier (1647), huile sur bois, 43 x 34,5 cm, Gemäldegalerie Alte Meister, Dresde. La Marchande de gibier, v.1670, huile sur bois, 58 x 46 cm, National Gallery, Londres;
Références dans la littérature
Dans Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne, le Nautilus est décoré de peintures dont des Vernet : « Les diverses écoles des maîtres anciens étaient représentées par une madone de Raphaël, une vierge de Léonard de Vinci, une nymphe du Corrège, une femme du Titien, une adoration de Véronèse, une assomption de Murillo, un portrait d’Holbein, un moine de Vélasquez, un martyr de Ribeira, une kermesse de Rubens, deux paysages flamands de Téniers, trois petits tableaux de genre de Gérard Dow, de Metsu, de Paul Potter, deux toiles de Géricault et de Prud'hon, quelques marines de Backuysen et de Vernet.chapitre IX Dans La Peau de chagrin de Balzac, lorsque le jeune Raphaël de Valentin flâne dans la mystérieuse boutique d'antiquaire, un vieil homme le propriétaire surgissant de nulle part lui fait l'effet d'une apparition magique c'est d'ailleurs lui qui lui remettra la terrible peau de chagrin. Dans cette atmosphère fantastique, le narrateur fait le portrait du vieillard au physique marqué : Son large front ridé, ses joues blêmes et creuses, la rigueur implacable de ses petits yeux verts dénués de cils et de sourcils, pouvaient faire croire à l'inconnu Raphaël que le Peseur d'or de Gérard Dow était sorti de son cadre. Une finesse d'inquisiteur trahie par les sinuosités de ses rides et par les plis circulaires dessiné sur ses tempes, accusait une science profonde des choses de la vie. Il était impossible de tromper cet homme qui semblait avoir le don de surprendre les pensées au fond des cœurs les plus discrets.
Lien http://youtu.be/anWIgs-9E8o Peinture
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Posté le : 08/02/2014 15:46
Edité par Loriane sur 09-02-2014 13:43:51
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