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Jean de La Fontaine
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Le 13 avril 1695 à Paris meurt Jean de La Fontaine,

né le 8 Juillet 1621 à Chateau-Thierry, France, poète français de grande renommée, principalement pour ses Fables et dans une moindre mesure ses contes licencieux. On lui doit également des poèmes divers, des pièces de théâtre et des livrets d'opéra qui confirment son ambition de moraliste.
Proche de Nicolas Fouquet, Jean de La Fontaine reste à l'écart de la cour royale mais fréquente les salons comme celui de Madame de La Sablière et malgré des oppositions, il est reçu à l'Académie française en 1684. Mêlé aux débats de l'époque, il se range dans le parti des Anciens dans la fameuse Querelle des Anciens et des Modernes.
C'est en effet en s'inspirant des fabulistes de l'Antiquité gréco-latine et en particulier d'Ésope, qu'il écrit les Fables qui font sa renommée. Le premier recueil qui correspond aux livres I à VI des éditions actuelles est publié en 1668, le deuxième livres VII à XI en 1678, et le dernier livre XII actuel est daté de 1694. Le brillant maniement des vers et la visée morale des textes, parfois plus complexes qu'il n'y paraît à la première lecture, ont déterminé le succès de cette œuvre à part et les Fables de La Fontaine sont toujours considérées comme un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française. Le fabuliste a éclipsé le conteur d'autant que le souci moralisant a mis dans l’ombre les contes licencieux publiés entre 1665 et 1674.

La Fontaine est aujourd’hui le plus connu des poètes français du XVIIe siècle, et il fut en son temps, sinon le plus admiré, du moins le plus lu, notamment grâce à ses Contes et à ses Fables. Styliste éblouissant, il a porté la fable, un genre avant lui mineur, à un degré d’accomplissement qui reste indépassable. Moraliste, et non pas moralisateur, il pose un regard lucide sur les rapports de pouvoir et la nature humaine, sans oublier de plaire pour instruire.
Est-ce le plus grand poète français ou le plus français de nos grands poètes ? La célébrité de Jean de La Fontaine – indéniable – occulte souvent d'irritantes questions qu'on retrouve en filigrane, d'une époque à l'autre, dans les innombrables études qui lui sont consacrées. Par exemple, celles-ci : doit-il sa gloire à l'habitude que nous avons prise d'utiliser ses fables à l'école ou s'agit-il d'un malentendu nous cachant sa vraie grandeur, qu'il faut chercher dans la poésie pure ? Est-ce un professeur d'opportunisme ou même d'immoralité politique, comme l'ont affirmé tour à tour Rousseau, Lamartine, Breton ou Eluard, ou un opposant courageux qui s'est dressé contre l'instauration de l'absolutisme ? Faut-il regretter avec Valéry qu'il n'ait pas écrit deux ou trois fables de plus au lieu de ses contes à l'érotisme glacé ? Les douze livres de ses Fables ne sont-ils qu'un polypier de poèmes capricieusement accrochés les uns aux autres ou s'agit-il d'un jardin aux itinéraires soigneusement ménagés, comme ces bosquets à secrets que Le Nôtre dessinait à la même époque ? Comment se fait-il enfin que le mot inimitable revienne si souvent pour caractériser le ton de La Fontaine alors que la plus grande partie de son œuvre est composée – au sens exact du mot – d'imitations ?

J'aime le jeu, l'amour, les livres, la musique...

Les parents de La Fontaine sont des bourgeois aisés : sa mère est veuve d'un négociant de Coulommier. L'atmosphère familiale est perturbée par des problèmes d'intérêt qui se retrouveront tout au long de la vie du poète. L'enfant semble avoir été élevé par deux mères, la vraie, qui a trente-neuf ans à sa naissance, et une charmante demi-sœur de huit ans. Image double de la femme qui réapparaîtra souvent dans ses rêveries.
Le jeune Jean passe ses premières années à Château-Thierry dans l'hôtel particulier que ses parents, Charles de La Fontaine, Maître des Eaux et Forêts et Capitaine des Chasses du duché de Château-Thierry, et Françoise Pillou, fille du bailli de Coulommiers, ont acheté en 1617 au moment de leur mariage. Le poète gardera cette maison jusqu'en 1676. Classée monument historique en 1886, la demeure du fabuliste abrite aujourd’hui le musée Jean de La Fontaine.
On dispose de très peu d’informations sur les années de formation de Jean de La Fontaine. On sait qu’il a étudié au collège de sa ville natale jusqu’en troisième où il se lie d'amitié avec François de Maucroix et apprend surtout le latin, mais n’étudie pas le grec. En 1641, il entre à l’Oratoire. Mais dès 1642, il quitte cette carrière religieuse, préférant lire L'Astrée, d’Honoré d'Urfé, et Rabelais, plutôt que Saint Augustin.
Fut-il, comme le prétend une tradition tenace, un adolescent lourdaud, grand dormeur, indolent, voire paresseux et viveur ? Passe pour l'indolence, puisqu'il l'avoue ; mais elle est associée à une curiosité d'esprit qui le sensibilise à tous les événements importants et à tous les grands courants de pensée de son époque. Cette curiosité insatiable lui permet d'accumuler – et d'assimiler – une très vaste culture : les classiques latins, base de l'enseignement du temps, mais aussi les grecs, moins pratiqués : Homère, les Tragiques, Platon, dont il traduira un dialogue, les italiens : Boccace, Arioste, Tassoni, les espagnols. Et, bien entendu, notre littérature : les vieux conteurs, avec une prédilection marquée pour Rabelais, et encore Marot, Honoré d'Urfé, les précieux, les burlesques, les théologiens, les philosophes. Ce panorama de ses lectures, qui est aussi un aperçu de ses sources, serait bien incomplet s'il oubliait les signes d'intérêt de l'artiste pour les cultures marginales de son époque : les emblèmes, imagerie commentée qui connaît un grand succès, aussi bien chez les mal-lisants que chez les amateurs de peinture peu fortunés ; les facéties de cabaret qu'on écrit en joyeuse compagnie, sur un coin de table ; les jeux de salon, portraits, devinettes, questions d'amour, etc., créations futiles et raffinées d'une société qui cherche à se définir ; et surtout la littérature orale, les récits merveilleux, facétieux ou d'animaux, vaste répertoire très vivant au XVIIe siècle et qui lui est très familier, ne serait-ce qu'à cause de son enfance en Champagne, terre de passage où se croisent les contes du Nord, du Midi et de l'Est.
Il reprend des études de droit à Paris et fréquente un cercle de jeunes poètes : les chevaliers de la table ronde, où il rencontre Pellisson, François Charpentier, Tallemant des Réaux, et Antoine de Rambouillet de La Sablière, qui épousera la future protectrice du poète Marguerite de La Sablière. Il obtient en 1649, un diplôme d’avocat au parlement de Paris.
On retrouve l'artiste à vingt ans, novice à l'Oratoire, puis, à vingt-six ans, marié et père de famille. Il a suivi des cours de droit, mais l'office de maître des Eaux et Forêts qu'il rachète à son beau-frère en 1653 puis celui dont il hérite de son père en 1658 se révèlent peu rentables, à cause d'une succession embrouillée par les exigences d'un frère cadet, de dettes, d'une paysannerie éprouvée par les secousses de la Fronde, la répression et la guerre étrangère.
Entre temps, en 1647, son père lui avait organisé un mariage de complaisance avec Marie Héricart, à la Ferté-Milon. Marie Héricart est la fille de Louis Héricart, lieutenant civil et criminel du bailliage de La Ferté-Milon, et d’Agnès Petit. Le contrat de mariage est signé dans cette bourgade proche de Château-Thierry le 10 novembre 1647, chez le notaire Thierry François. Il est alors âgé de 26 ans et elle de 14 ans et demi. Elle lui donne un fils, Charles. Il se lasse très vite de son épouse qu’il délaisse, voici ce qu'en dit Tallemant des Réaux dans ses Historiettes :
" Sa femme dit qu'il resve tellement qu'il est quelque fois trois semaines sans croire estre marié . C'est une coquette qui s'est assez mal gouvernée depuis quelque temps : il ne s'en tourmente point. On luy dit : mais un tel cajolle vostre femmes - Ma foy ! répond-il qu'il fasse ce qu'il pourra; je ne m'en soucie point. Il s'en lassera comme j'ay fait. Cette indiférence a fait enrager cette femme, elle seiche de chagrin ".
Ses fréquentations parisiennes, pour ce que l’on en sait, sont celles des sociétés précieuses et libertines de l’époque.
En 1652, La Fontaine acquiert la charge de maître particulier triennal des eaux et des forêts du duché de Château-Thierry, à laquelle se cumule celle de son père à la mort de celui-ci. Tâche dont on soupçonne La Fontaine de ne guère s’occuper avec passion ni assiduité et qu’il revendit intégralement en 1672. C’est ainsi qu’il amorce une carrière de poète par la publication d’un premier texte, une comédie en cinq actes adaptée de Térence, L’Eunuque, en 1654, qui passe totalement inaperçue.
Au service de Fouquet 1658-1663

En 1658, il entre au service de Fouquet, Surintendant des Finances, auquel, outre une série de poèmes de circonstances prévus par contrat - une pension poétique - il dédie le poème épique Adonis tiré d’Ovide et élabore un texte composite à la gloire du domaine de son patron, le Songe de Vaux, qui restera inachevé, le surintendant des Finances Nicolas Fouquet, alors au faîte de sa puissance, se sent en passe d’atteindre à la succession de Mazarin et à la fonction de Premier ministre. Il s’organise, non sans intention de propagande, une cour d’écrivains. Par Pellisson peut-être, ou par un oncle de sa femme, Jannart, substitut de Fouquet, La Fontaine est mis en rapport avec le nouveau mécène, qui le prend sous sa protection et lui fait une pension. À son service, La Fontaine lui dédie un roman mythologique, Adonis 1658, écrit pour lui des vers de circonstance, entreprend une description du château de Vaux-le-Vicomte alors en construction, le Songe de Vaux. Cet ouvrage restera inachevé, mais témoigne de la souplesse de La Fontaine à parler de tous les arts : il y a en lui plus qu’un amateur éclairé, un critique d’art possible. Il est possible qu’il ait déjà composé des contes dès cette époque. Il se lie avec Pellisson, Scudéry, Saint-Évremond, comme lui clients de Fouquet.
Alors commence une période heureuse et féconde où le poète – savoureuse et prophétique plaisanterie – paie une pension poétique au protecteur qui le pensionne. Fouquet intègre son nouveau protégé au petit groupe d'artistes chargés d'embellir et de célébrer son domaine de Vaux, dont la magnificence sert son crédit. La Fontaine reçoit mission de décrire ces merveilles présentes et à venir. Peut-être compose-t-il ses premières fables pour illustrer les groupes de sculptures destinés aux fontaines que projette Le Nôtre.
Mais, Mais le luxe et les intrigues du surintendant inquiètent le jeune roi qui, guidé par Colbert, amorce une autre politique : relance de l'économie, protectionnisme, recherche de nouveaux débouchés. en 1661, c’est la disgrâce du tout-puissant ministre, arrêté pour malversations sur ordre de Louis XIV Fouquet est arrêté. L’arrestation de Fouquet disperse cette cour de protégés intéressée. Parmi les rares fidèles restent La Fontaine et Jannart. Ce dernier organise la défense du surintendant par toute une campagne de publications. La Fontaine écrit alors, en hommage à Fouquet, une Élégie aux nymphes de Vaux 1661 et une Ode au roi pour M. Fouquet 1663. Il est contraint à un temps d’exil à Limoges, période qu’il évoquera en écrivant pour sa femme Voyage en Limousin, chef-d’œuvre d’allégresse, d’humour et de justesse d’observation. La Fontaine écrit en faveur de son protecteur en 1662, l’Ode au Roi puis l’Élégie aux nymphes de Vaux. Certains biographes ont soutenu que cette défense de Fouquet alors arrêté lui avait valu la haine de Jean-Baptiste Colbert, puis celle de Louis XIV lui-même, sans que l’on ne dispose de témoignages clairs à ce sujet. On ne sait pas exactement si son voyage en Limousin en 1663 est un exil ordonné par l’administration Louis XIV, ou une décision librement consentie d’accompagner l'oncle Jannart de sa femme, lui exilé et qui lui a présenté Fouquet en 1658. Il tire de ce déplacement une Relation d’un Voyage de Paris en Limousin : il s’agit d’un récit de voyage sous forme de lettres en vers et en prose adressées à son épouse, publié de façon posthume. Dans ce récit, il mentionne sa rencontre avec une servante d'auberge à Bellac, ce qui permettra à Jean Giraudoux originaire de ce lieu de s'imaginer une affiliation avec ce poète pour qui l'écrivain noue une grande passion.
Fouquet est arrêté, emprisonné. Ses amis se dispersent. La Fontaine est l'un des très rares à lui rester fidèle. Il plaide même sa cause dans L'Élégie aux nymphes de Vaux et dans une Ode au roi. Il semble aussi avoir participé activement aux Défenses de Fouquet et aux campagnes de pamphlets qui dénoncent la rage de Colbert et les irrégularités du procès.
Si la fréquentation de la cour de Fouquet n’a sans doute pas beaucoup infléchi l’art de La Fontaine, elle fut toutefois lourde de conséquences. D’abord, La Fontaine fait figure d’opposant, modestement, au roi et à son principal ministre Colbert, qui, des années durant, lui garderont rigueur de ce courage, le tenant à l’écart des honneurs et des récompenses. Les tentatives de La Fontaine pour atteindre le roi, les dédicaces de fables aux enfants royaux, à la toute-puissante maîtresse Montespan n’y feront rien. Son œuvre se développe en marge de l’organisation officielle du monde littéraire.
Surtout, il a vu, des coulisses, le théâtre politique ; il a été pris dans une débâcle ; il a constaté les reniements qui accompagnent une soudaine disgrâce. Cette expérience amère, mais enrichissante, lui communique un pessimisme souriant et méprisant, auquel les Fables doivent une amertume lucide et somme toute tonique. Mélancolique et de bon sens , a-t-on dit de La Fontaine au XVIIe s. L’affaire Fouquet ne pouvait que renforcer ces deux traits.
La vindicte du ministre s'acharne sur le poète : poursuites pour usurpation de titres, pour malversation, exil à Limoges, ce qui nous vaut les délicieuses lettres à sa femme, publiées après sa mort sous le titre Relation d'un voyage de Paris en Limousin.
Le clan opposé à Colbert récupère et protège le bonhomme : amitié de la très jeune et jolie duchesse de Bouillon pour qui il écrit ses premiers contes, sinécure auprès de la duchesse douairière d'Orléans, au palais du Luxembourg. Entre 1664 et 1667, en quatre livraisons, La Fontaine publie vingt-sept contes et nouvelles en vers, parmi lesquels Joconde, La Matrone d'Éphèse et Le Calendrier des vieillards, puis, en 1668, sous le titre modeste de Fables choisies mises en vers par M. de La Fontaine, un premier ensemble de cent vingt-six fables divisé en six livres, précédé d'une Vie d'Ésope, d'une préface et d'une dédicace où l'auteur pose sans ambiguïté sa candidature à la fonction de précepteur du Dauphin, en équipe, semble-t-il, avec le duc de La Rochefoucauld.
Le recueil obtient un succès immédiat.
L'œuvre a pu être lue comme une colbertade, et cela d'autant plus que certaines fables ont circulé sous le manteau. Mais l'artiste a délibérément dominé et dépassé la chronique. Les allusions sont gommées et intégrées à un projet plus vaste, à la fois artistique, pédagogique et philosophique. Au moment où s'édite la prestigieuse collection ad usum delphini, La Fontaine entreprend d'élargir le genre traditionnellement scolaire de la fable et d'y regrouper les symboles et les repères permettant à un jeune prince – et à tout homme – une meilleure connaissance des autres et de lui-même.
Ce succès encourage l'artiste. Dans un mouvement alterné, fables et contes se succèdent. En 1669 paraît Les Amours de Psyché et de Cupidon, sorte de roman promenade mêlé de prose et de vers, suivi d'Adonis, en 1671, d'une nouvelle fournée de Contes et nouvelles et de huit fables inédites parmi lesquelles Le Coche et la Mouche et L'Huître et les Plaideurs. En 1673, à la mort de la duchesse d'Orléans, La Fontaine est recueilli par Mme de La Sablière. Dans cette maison et dans ce salon hospitaliers, il trouve le climat d'amitié, de liberté et de culture dont il a besoin. Il y fréquente des artistes, des philosophes et des voyageurs, élargit son information au domaine du Moyen-Orient et de l'Asie et publie en 1677 une nouvelle édition des Fables en quatre volumes dont les deux derniers, parus en 1678 et en 1679, contiennent les livres VII à XI des éditions actuelles ; ils marquent un renouvellement et un approfondissement de son inspiration. Ses Nouveaux Contes, en 1674, qui mettent en scène des gens d'Église, lui valent la colère du parti dévot qui les fait interdire à la vente. Mais l'affaiblissement du clan colbertiste et l'amitié de Mme de Montespan et de Racine conjurent le danger. La Fontaine s'essaie dans l'opéra et il est reçu en 1684 – non sans difficulté – à l'Académie française où il remplace Colbert, son ancien persécuteur, et prononce – en termes sibyllins – son éloge.

La retraite et la mort de Mme de La Sablière le laissent sans ressources.Il songe à s'expatrier en Angleterre. Recueilli in extremis par Mme d'Hervart, il regroupe et publie en 1693 les fables du livre XII qui s'achèvent par Le Juge arbitre, l'Hospitalier et le Solitaire, poème qui est à la fois un testament et un art de vivre. Il tombe gravement malade et son confesseur, l'abbé Pouget, qui admire en lui un homme fort ingénu, fort simple, lui arrache une abjuration publique de ses contes infâmes et lui fait déchirer sa dernière œuvre à peine achevée, une comédie.

Redécouvrir les contes

Une des erreurs les plus constantes, même au XXe siècle, aura été de séparer contes et fables. Ségrégation due au moralisme né de la Contre-Réforme qui a tenté d'occulter ou de discréditer un des courants les plus vivants de notre littérature, celui des contes facétieux et érotiques. C'est d'autant plus injuste que La Fontaine choisit dans ce répertoire des histoires lestes, sans doute, mais excluant toute perversité ou vulgarité, et qu'il les raconte d'une façon savoureuse mais généralement pudique, en maniant avec art la litote et l'allusion. L'anathème jeté sur ses contes est aussi un contresens littéraire, car plusieurs fables, par exemple La Jeune Veuve ou La Femme noyée, sont, elles aussi, des contes, à peine moins licencieux que ceux qu'on voudrait proscrire. À travers quelques histoires archiconnues d'initiations au plaisir, de prêtres en goguette, de cocus complaisants ou magnifiques, on peut surprendre quelques thèmes très neufs à l'époque et qui restent actuels à la nôtre : la célébration du désir et du plaisir, l'éloge de la femme, le respect des unions bien assorties et de l'amour. La critique de l'avenir serait bien inspirée en réhabilitant ces chefs-d'œuvre inconnus du grand public, par exemple ces deux épopées burlesques de la naïveté, Comment l'esprit vient aux filles et Les Oies de frère Philippe, ou le truculent maquignonnage du Maupassant avant la lettre du conte Les Troqueurs.

L'Univers dans le discours

Pourquoi La Fontaine se sert-il d'animaux et choisit-il avec tant d'obstination d'écrire des fables, genre exclu des arts poétiques et rejeté dans le secteur déjà décrié de la littérature enfantine ? Il n'est pas impossible que cet « enfant aux cheveux gris ait trouvé du plaisir à perfectionner l'élaboration minutieuse des circonstances qu'il a apprise à l'école. L'essentiel reste qu'il ait transfiguré ces gênes exquises et qu'il soit parvenu, malgré elles, jusqu'à ce charme qui est pour lui la vraie beauté : art du moins dire et, souvent, du dire sans dire qui caractérise sa manière, insaisissable et reconnaissable entre toutes.
Un souriceau raconte à sa mère ses surprenantes rencontres, un cerf éclate de rire aux obsèques de la lionne, deux pigeons se séparent puis se retrouvent. Le conteur est adroit et nous l'écoutons avec amusement, sans nous sentir particulièrement concernés. Et voilà que, par une suite de transitions savantes – intelligemment analysées par Léo Spitzer dans Études de style – et par un subtil jeu de miroirs, nous sommes entrés dans les raisons, souvent saugrenues, d'animaux qui nous ressemblent comme des frères ; nous mesurons les limites de notre sagesse et la sagesse de certaines de nos folies.

Amants, heureux amants, voulez-vous voyager ?
Que ce soit aux rives prochaines.
Les Deux Pigeons.
La Fontaine a réussi la gageure de construire une œuvre monumentale à partir de pièces brèves et qu'on aurait pu croire futiles. Dans leur variété et leur apparente désinvolture, les Fables sont bien :

Une ample comédie aux cent actes divers
Et dont la scène est l'Univers.

Le Bûcheron et Mercure, V, 1.
L'œuvre, très élaborée, se développe suivant un ordre organique plus que selon un plan. Sa texture, très serrée, est à la fois mémoire et invention ; chaque fable contient d'autres fables et les renouvelle par un mécanisme souterrain de correspondances. Les codes se modifient imperceptiblement ou brutalement, ce qui permet au narrateur d'approfondir un thème, de le renouveler de l'intérieur, soit en juxtaposant des fables doubles, soit en faisant correspondre des contrastes aux similitudes. Aux frontières incertaines de l'oral, de l'écrit et de l'image, le récit proprement dit, tout en restant limpide, est traversé – comme le montre bien la critique « intertextuelle – de références externes et internes, d'associations d'idées, de réflexions, de facéties, de confidences, de bonheurs d'expression qui le rendent imprévisible et passionnant. Exemple particulièrement significatif, La Souris métamorphosée en fille IX, 7, où le plus usé des contes balançoire devient un étourdissant long métrage où l'on se demande avec anxiété si la Belle finira, ou non, par trouver son prince Charmant et où il est question aussi, sans qu'on ait l'impression qu'on digresse, de la philosophie hindoue, de Pilpay Bidpāï, de l'âme des animaux, de la nôtre et de la métempsycose.

La Fontaine est un poète moraliste, et non pas moralisateur. Son œuvre n’exprime pas une pensée systématique, mais une attitude de pensée, avec ses évolutions, variations, contradictions même. Aussi réduire l’explication à une seule rubrique est-il vain. Il est de toute évidence ridicule de voir dans l’œuvre une simple description de la nature et d’y noter du même coup des erreurs de zoologie : les cigales ne survivent pas en hiver, sauf dans les Fables où l’imagination est reine.... D’une autre façon, s’il est vrai que La Fontaine prend certains de ses sujets dans l’actualité en particulier, la façon dont Colbert a manigancé la chute de Fouquet trouve des échos dans son livre), il ne faut pas faire non plus de la Cigale et la Fourmi une allégorie du conflit entre les deux ministres.
Il convient au contraire de saisir cette œuvre comme un regard qui se veut lucide, et constater que la pensée s’y interroge autant ou plus qu’elle ne répond. Il est certain que La Fontaine est nourri de philosophie épicurienne épicurisme, de libertinage, qu’il déteste les superstitions l’Astrologue, l’Horoscope. Mais il est certain aussi qu’il a éprouvé des sympathies pour les jansénistes jansénisme. De même, en matière de politique, il a critiqué les monarques absolus, victimes de leurs ambitions, de leurs conseillers flatteurs, de la facilité de la violence les Animaux malades de la peste. S’il témoigne de l’intérêt et de la pitié à l’égard du peuple, il le perçoit aussi comme un enfant, incapable de se conduire seul, et qui a donc besoin d’être dirigé et protégé, par un pouvoir donc nécessairement fort et si possible juste.

Une dénonciation des rapports de pouvoir

Jean de La Fontaine, l'Âne et ses Maîtres
La rédaction et la publication des Fables s’étendent sur trente années, et la situation du poète a changé, aussi bien que le contexte sociopolitique, au fil des décennies. Aussi voit-on parfois La Fontaine soutenir la politique royale au moment d’une guerre la Ligue des rats, et d’autres fois, en des temps où la politique de puissance risque de ruiner l’économie, et singulièrement l’agriculture, rappeler les mérites du travail, contre les spéculations et les visées de prestige le Marchand, le Gentilhomme, le Pâtre et le Fils de roi.
Il y a cependant, dans son attitude, quelques constantes. Tel qu’il le voit, le monde est impitoyable : y règnent seuls les rapports de force. Contre la raison du plus fort le Loup et l’Agneau, les faibles ne peuvent rien, à moins d’être capables de contrebalancer la force par la ruse. Souvent, d’ailleurs, La Fontaine conçoit des situations redoublées, où un fort s’incline devant un plus faible mais plus adroit, et où ce dernier trouve à son tour son maître : cette structure complexe peut aussi bien montrer les apparences vaines des rapports de pouvoir le Lion et le Moucheron que des jeux où un trompeur est pris par un trompeur et demi le Renard et la Cigogne. La vision n’est pas alors moins noire, mais elle a l’avantage de prêter à des effets comiques.
Sans cesse attaché à dénoncer les illusions de tous ordres, La Fontaine est proche de La Rochefoucauld, qu’il cite élogieusement l’Homme et son image. Pourtant, on n’entend ni cri de révolte, ni plaintes de ressentiment. Parfois, le je omniprésent se laisse aller à la mélancolie Ai-je passé le temps d’aimer ? , les Deux Pigeons. Plus profondément, il laisse deviner le désir latent du repos, d’une retraite en marge de ce monde violent, et parfois il l’avoue plus ouvertement le Songe d’un habitant du Mogol, les Deux Amis. À défaut, il suggère de s’accommoder de son sort et de son état, en renonçant aux ambitions et aux chimères le Berger et la Mer, la Laitière et le Pot au lait, le Savetier et le Financier.

L'opposant

Homme sincère, fidèle en amitié, émerveillé par la force de la vie et de l'amour, viscéralement hostile à l'hypocrisie et à la violence, La Fontaine s'est retrouvé pour ainsi dire tout naturellement dans l'opposition. C'est là, sans doute, une autre raison de la convenance complexe qui existe entre son talent et le conte d'animaux, répertoire traditionnel de la contestation politique et sociale.

Selon que vous serez puissant ou misérable... Les Animaux malades de la peste, VII, Sa peinture de la cour et des injustices sociales est souvent féroce. Doit-on pour autant voir en lui l'apôtre masqué de la démocratie ? Ce serait à la fois une erreur et un anachronisme, comme le montrent sans équivoque plusieurs fables, et en particulier Démocrite et les Abdéritains. Dans le milieu historique qui est le sien, le poète ne peut concevoir d'autre régime que la monarchie, qu'il souhaite sans doute plus éclairée, à l'exemple de l'Angleterre. Ce qui est sûr, c'est que cet homme généreux et sans illusion rêve d'un monde plus juste et plus tolérant, tout en sachant que le chemin pour y parvenir est long et que les meilleures intentions peuvent être détournées de leur but et récupérées, comme il le laisse entendre avec une mordante subtilité dans Le Paysan du Danube XI, 7.

On a souvent cherché à préciser sa philosophie et on y a décelé de multiples contradictions. Mais ce sont celles de la vie elle-même, saisies et exprimées au plus près, dans un registre imagé, bref et savoureux qui rappelle la facture des proverbes populaires et qui débouche sur elle. Son discours ne s'enferme jamais dans l'univers du discours ni dans le jargon. La transparence de son œuvre ne doit pas nous cacher qu'il est l'un de nos plus authentiques philosophes, dans la ligne de Platon et de Lucrèce, de Montaigne et de Pascal. Il a rendu accessibles à tous, et souriantes, les observations les plus profondes sur la vie, l'amour et la mort. Enfin, La Fontaine est aussi un très grand poète lyrique qui a su rendre cette méditation bouleversante par le frémissement de son accent personnel, combinaison subtile d'intelligence et de bonté qui donne à sa voix – toujours perceptible – une résonance inouïe, au sens exact du mot.

L’apogée de l’activité littéraire 1664-1679

En 1664, il passe au service de la duchesse de Bouillon et de la duchesse douairière d’Orléans. La Fontaine partage alors son temps entre Paris et Château-Thierry en qualité de gentilhomme - ce qui assure son anoblissement. C’est le moment où La Fontaine fait une entrée remarquée sur la scène littéraire publique avec un premier conte, tiré de l'Arioste, Joconde. Cette réécriture suscite en effet une petite querelle littéraire, sous forme d’une compétition avec la traduction qu’en a proposée Bouillon peu de temps avant ; le débat porte sur la liberté dont peut disposer le conteur par rapport à son modèle : là où le texte de Bouillon est extrêmement fidèle, voire parfois littéral, celui de La Fontaine s’écarte à plusieurs reprises du récit du Roland furieux. La Dissertation sur Joconde, qu’on attribue traditionnellement à Boileau, tranche le débat magistralement à l’avantage du conte de La Fontaine.
Deux recueils de contes et nouvelles en vers se succèdent alors, en 1665 et 1666, dont les canevas licencieux sont tirés notamment de Boccace et des Cent Nouvelles Nouvelles. Continuation de cette expérience narrative mais sous une autre forme brève, cette fois de tradition morale, les Fables choisies et mises en vers, dédiées au Grand Dauphin, paraissent en 1668.
En 1669, La Fontaine ajoute un nouveau genre à son activité en publiant le roman Les amours de Psyché et de Cupidon, qui suscite une relative incompréhension au vu de sa forme inédite : mélange de prose et de vers, de récit mythologique - cette fois tiré d’Apulée - et de conversations littéraires, le texte contrevient à des principes élémentaires de l’esthétique classique.
C’est à partir de la fiction des quatre amis que met en scène ce roman qu’on a spéculé sur l’amitié qui unirait La Fontaine, Molière, Boileau et Racine, sans grande preuve : si La Fontaine est lié de façon éloignée à la famille de Racine, leurs relations sont épisodiques ; les rapports avec Molière ne sont pas connus si tant est qu’ils existent ; quant à Boileau, il n’y a guère de trace d’une telle amitié.
Après sa participation à un Recueil de poésies chrétiennes et diverses édité en 1670 par Port-Royal, La Fontaine publie successivement, en 1671, un troisième recueil de Contes et nouvelles en vers, et un recueil bigarré, contenant des contes, des fables, des poèmes de l’époque de Fouquet, des élégies, sous le titre de Fables nouvelles et autres poésies.
En 1672, meurt la Duchesse d’Orléans : La Fontaine connaît alors de nouvelles difficultés financières ; Marguerite de La Sablière l’accueille et l’héberge quelques mois après, probablement en 1673.

Le salon de Mme de La Sablière 1673-1693

Jean de La Fontaine, le Pot de terre et le Pot de fer
La Fontaine se place alors auprès de grands seigneurs un peu en marge de la Cour Conti, Bouillon et de financiers. Il obtient un emploi de gentilhomme au palais du Luxembourg, au service de la vieille duchesse d’Orléans. Après la mort de celle-ci, il devient en 1673 l’hôte, à la fois secrétaire et ami personnel, de Mme de La Sablière. Celle-ci tient un salon que fréquentent des médecins, des hommes de science et aussi un philosophe voyageur, François Bernier, qui a été secrétaire de Gassendi, traducteur de son monumental Syntagma, et qui a fait un très long séjour en Inde comme médecin du Grand Moghol.
Ce salon est sans aucun doute l’endroit où se brassent le plus d’idées nouvelles. La crise de conscience, ou au moins la prise de conscience qui annonce le siècle des Lumières y est plus sensible qu'ailleurs. Avec l’affaire Fouquet, La Fontaine avait connu une grande expérience humaine ; la fréquentation du salon de Mme de La Sablière, jusqu’à la mort de celle-ci en 1693, lui apporte un grand enrichissement intellectuel.

En 1674, La Fontaine se lance dans un nouveau genre : l’opéra, avec un projet de collaboration avec Jean-Baptiste Lully, qui avorte. C’est l’occasion d’une violente satire de La Fontaine contre Lully, registre rare dans son œuvre, dans un poème intitulé Le Florentin, Lully était originaire de Florence.
La même année, un recueil de Nouveaux Contes est publié - mais cette fois-ci, sans qu’on sache très bien pourquoi, l’édition est saisie et sa vente interdite : si La Fontaine avait chargé le trait anticlérical et la licence, reste que ces contes demeuraient dans la tradition du genre et dans une topique qui rendait relativement inoffensive leur charge.
Après deux recueils de Contes, c’est à nouveau un recueil de Fables choisies et mises en vers que publie La Fontaine en 1678 et 1679, cette fois-ci dédié à Madame de Montespan, maîtresse du Roi : ce sont les livres actuellement VII à XI des Fables, mais alors numérotés de I à V.
En 1680, est une période moins faste, où les productions sont quantitativement moins importantes, mais non moins diverses : ainsi, en 1682, La Fontaine publie un Poème du Quinquina », poème philosophique dans la manière revendiquée de Lucrèce à l’éloge du nouveau médicament, et accompagné de deux nouveaux contes.
L’activité littéraire des années 1665-1679 se solde en 1684 par une élection, néanmoins tumultueuse, à l’Académie française, sans qu’on puisse préciser les exactes raisons de cette difficulté : on a pu faire l’hypothèse que l’administration louis-quatorzième gardait rancune au poète qui avait publié deux poèmes en faveur de Fouquet lors du procès de celui-ci ; le discours des opposants à cette entrée de La Fontaine à l’Académie s’appuie quant à lui sur l’accusation d’immoralité lancée contre les recueils de Contes et nouvelles en vers. Toujours est-il que La Fontaine, après une vague promesse de ne plus rimer de contes, est reçu le 2 mai 1684 à l’Académie, où, en sus du remerciement traditionnel, il prononce un Discours à Madame de La Sablière où il se définit, en une formule fameuse, comme « papillon du Parnasse.
L’année suivante, l’Académie est encore le cadre d’une nouvelle affaire dans laquelle est impliqué La Fontaine : Antoine Furetière, qui en composant son propre dictionnaire a passé outre le privilège de la compagnie en cette matière, est exclu, et lance une série de pamphlets notamment contre La Fontaine, son ancien ami, qu’il accuse de trahison et contre lequel il reprend l’accusation de libertinage.
C’est une autre vieille amitié, elle sans rupture, qui donne jour, la même année, aux Ouvrages de prose et de poésie des sieurs de Maucroix et de La Fontaine ; le recueil contient des traductions de Platon, Démosthène et Cicéron par François de Maucroix et de nouvelles fables et de nouveaux contes de La Fontaine, qui aura peu attendu pour trousser quelque nouvelle licencieuse.
Nouveau scandale, de plus grande ampleur, à l’Académie : la lecture du poème Le siècle de Louis Le Grand de Charles Perrault déclenche la Querelle des Anciens et des Modernes, dans laquelle La Fontaine se range, non sans ambiguïtés, du côté des Anciens, par une Épître à Monsieur de Soissons, prétexte à une déclaration de principes littéraires, dont la plus fameuse reste Mon imitation n’est point un esclavage.

Les dernières années et les dernières fables 1689-1695

Une série de fables est publiée en revue entre 1689 et 1692, qui est rassemblée en 1693 avec des inédites et celles de 1685, dans un ultime recueil, notre actuel livre XII, dédié au duc de Bourgogne, fils aîné du Grand Dauphin, et à ce titre héritier présomptif de la Couronne.
La Fontaine tombe gravement malade fin 1692, vraisemblablement de la tuberculose. Il demande alors à voir un prêtre, et le curé de l'église Saint-Roch lui envoie le jeune abbé Pouget, qui vient d'obtenir son doctorat de théologie. Celui-ci s'applique à lui faire abjurer sa vie épicurienne et ses écrits anticléricaux, et le soumet quotidiennement à des exercices religieux. Il reçoit l'extrême-onction le 12 février 1693. Sont présents des membres de l'Académie française, des amis, et des prêtres. La Fontaine annonce renoncer à l'écriture et à la publication de ses contes et fables. Cet événement est en particulier rapporté par un récit de l'abbé Pouget, en 1718, mais ne figure pas sur les registres de l'Académie. Il promet également de n'écrire que des ouvrages pieux. Il traduira ainsi le Dies Irae, qu'il fera lire devant l'Académie le jour de l'introduction de Jean de La Bruyère.

Il meurt le 13 avril 1695, et est inhumé le lendemain au cimetière des Saints-Innocents.

On trouve sur son corps un cilice, pénitence que l'abbé Pouget jure ne pas avoir ordonnée. Sa dépouille sera transférée en 1817 avec celle de Molière au cimetière du Père-Lachaise.

La Fontaine avait composé lui-même son épitaphe, où il s'attribue un caractère désinvolte et paresseux. Cette paresse revendiquée peut être associée à la facilité de ses œuvres, qui n'est pourtant qu'apparente :

Jean s'en alla comme il étoit venu,
Mangeant son fonds après son revenu ;
Croyant le bien chose peu nécessaire.
Quant à son temps, bien sçut le dispenser :
Deux parts en fit, dont il souloit passer
L'une à dormir, et l'autre à ne rien faire.

Chronologie de la vie et de l'oeuvre de Jean de la Fontaine

1617 : Mariage des parents du fabuliste. Charles de La Fontaine, d’origine champenoise, et Françoise Pidoux, d’origine poitevine. Assassinat de Concini et fin de la régence de Marie de Médicis.
1621 : Le 8 juillet, Jean de La Fontaine est baptisé à Château-Thierry, où il est né le jour même ou la veille dans l’hôtel particulier de ses parents. Son père porte le titre de Conseiller du Roi et Maître des Eaux et Forêts du duché de Chaury Château-Thierry. Il est aussi capitaine des chasses. Soulèvements protestants ; mort de Charles d'Albert, duc de Luynes.
1623 : Le 26 septembre, baptême de Claude, frère du fabuliste.Publication à Paris de l’Adonis du Cavalier Marin,avec préface de Jean Chapelain.Procès de Théophile de Viau.
1624 : Richelieu devient chef du Conseil du roi.
1627 : Publication des deux derniers volumes d’Astrée.
1628 : Mort de Malherbe.
Vers 1630 : Les études de La Fontaine restent mal connues. Probablement les commence-t-il au collège de Château-Thierry, établissement réputé, pour aller vers 1635 les achever dans un collège parisien, où il a Antoine Furetière pour condisciple.
1633 : Le 26 avril, baptême de Marie Héricart, fille du lieutenant civil et criminel au bailliage de La Ferté-Milon, apparenté à la famille Sconin-Racine.
1636 : Naissance de Boileau. Le Cid de Corneille.
1637 : Discours de la méthode de Descartes.
1639 : Naissance de Racine.
1641 : La Fontaine entre à la maison mère de l’Oratoire à Paris le 27 avril, puis se rend peut-être à Juilly et revient à Paris à la maison de Saint-Magloire pour étudier la théologie. Son frère Claude le rejoint à l’Oratoire.
1642 : La Fontaine quitte l’Oratoire, au bout de 18 mois. Mort de Richelieu.
1643 : La Fontaine est rentré à Château-Thierry. Sa vocation poétique s’éveille alors, semble-t-il. Le 15 mai, mort de Louis XIII. Le 19 mai, victoire de Rocroi.
Vers 1646 : La Fontaine vient étudier le Droit à Paris ; il acquiert le titre d’avocat en la Cour du Parlement. Avec d’autres jeunes poètes, habitués du Palais, il fait partie d’une petite académie littéraire et amicale dite de la "Table Ronde". Ces palatins sont Pellisson, Furetière, Maucroix, Charpentier, Cassandre. Il fait la connaissance d’autres hommes de lettres: Conrart, Chapelain, Patru, Perrot d’Ablancourt, les Tallemant, Antoine de La Sablière…
1647 : Le 10 novembre, signature du contrat de mariage entre le poète et Marie Héricart à la Ferté-Milon. "Son père l’a marié, et lui l’a fait par complaisance". La mère du poète, vivante en 1634, est morte à la date du contrat. En avril, Maucroix avait acheté une prébende de chanoine à Reims. Il restera l’ami de La Fontaine jusqu’à la mort de celui-ci. Gassendi : De Vita et Moribus Epicuri.
1649 : Claude, confrère de l’Oratoire, renonce en faveur de Jean à sa part d’héritage, moyennant pension. La fronde a éclaté en 1648.
1652 : La Fontaine achète la charge de Maître particulier triennal des Eaux et Forêts.
1653 : En août, vente d’une propriété sise à Oulchy-le-Château. Le 30 octobre, baptême à Château-Thierry du fils de La Fontaine, Charles, qui a Maucroix pour parrain. Le père ne s’occupera jamais beaucoup de son fils. Fin de la Fronde.
1654 : En août, première œuvre publiée de La Fontaine : l’Eunuque, comédie en vers imitée de Térence.
1658 : Mort du père de La Fontaine, qui laisse à son fils ses charges, peu lucratives et une succession embrouillée comportant de lourdes dettes. Par mesure de prudence, La Fontaine et sa femme demandent la séparation de biens. Le ménage lui-même n’est guère uni, par la faute probable du poète, mari indifférent. Après juin, La Fontaine offre à Fouquet son Adonis. Jannart, oncle de Marie Héricart, est substitut de Fouquet au Parlement et Pellisson, ami de La Fontaine, est au service du surintendant.
1659 : Jusqu’en 1661, La Fontaine va recevoir de Fouquet une pension en espèces, moyennant une "pension poétique". Il doit aussi composer un ouvrage en l’honneur de Vaux-le-Vicomte : il entreprend le Songe de Vaux. Il habite tantôt à Paris, chez Jannart, avec sa femme, tantôt à Château-Thierry pour les devoirs de ses charges, mais il fréquente le château de Fouquet, se lie avec Charles Perrault, Saint-Evremond, Madeleine de Scudéry. Paix des Pyrénées.
1660 : Les Rieurs de Beau Richard sont joués au carnaval de Château-Thierry. Dans cette ville existe une Académie à laquelle s’intéresse La Fontaine et encore plus sa femme. En 1660-1661, La Fontaine se lie avec Racine débutant, cousin de Marie Héricart. En juin, mariage du roi. En août, entrée de la reine Marie-Thérèse à Paris.
1661 : Le 17 août, fête de Vaux, au cours de laquelle La Fontaine assiste à la première représentation des Fâcheux par Molière. Le 5 septembre, arrestation de Fouquet à Nantes. La Fontaine tombe gravement malade. Guéri, il revient à Château-Thierry, où il est poursuivi par un traitant en usurpation de noblesse. Début de construction de Versailles.
1662 : Environ en mars, publication anonyme de l’Élégie aux Nymphes de Vaux. Août : le Duc de Bouillon, seigneur de Château-Thierry épouse Marie Anne Mancini, nièce de Mazarin. La Fontaine devient "gentilhomme servant" de la Duchesse Douarière d'Orléans au Luxembourg, mais il loge toujours chez Jannart. Le 10 décembre, achevé d'imprimer les Nouvelles en vers, contenant les deux premiers Contes de La Fontaine.
1665 : Le 10 janvier, achevé d'imprimer des Contes et Nouvelles en vers. Le 30 juin, achevé d'imprimer d’une traduction de la Cité de Dieu de Saint Augustin, dont les citations poétiques ont été rendues en vers français par La Fontaine ; le deuxième tome paraîtra en 1667.
1669 : Les Amours de Psyché et Cupidon, roman suivi de l'Adonis, imprimé pour la première fois.
1671 : Le 21 janvier, La Fontaine quitte ses charges rachetées par le Duc de Bouillon, et perd cette source de revenus. Publication du Recueil de Poésies Chrétiennes et Diverses, dédié à Monseigneur le Prince de Conti. La Fontaine a beaucoup contribué à la préparation de ce recueil janséniste achevé d'imprimer le 20 décembre 1670. Le 27 janvier, Troisième partie des Contes. Le 12 mars : Fables nouvelles et autres poésies huit fables. En janvier a été représentée la Psyché de Molière et Corneille, Quinault et Lulli, inspirée du roman de La Fontaine.
1672 : Mort de la Duchesse Douarière d'Orléans. La Fontaine perd ainsi sa dernière charge. Publication séparée de deux fables Le Soleil et les Grenouilles, Le Curé et le mort. Invasion de la Hollande. Discours de la connaissance des bêtes par P. Pardies.
1673 : C'est sans doute à partir de 1673 que Marguerite de La Sablière héberge Jean de La Fontaine. Jusqu’à ce qu'elle meure en 1693, elle pourvoira à ses besoins. Dans son hôtel, il peut rencontrer Charles Perrault, Bernier, médecin et disciple de Gassendi, qui a longuement séjourné en Inde, et bon nombre de savants tels que Roberval et Sauveur. Publication du Poème de la Captivité de Saint Malc, sujet sans doute suggéré par des amis jansénistes. Le 17 février, mort de Molière, pour qui La Fontaine rédige une épitaphe.
1674 : La protection de Madame de Montespan et de sa sœur Madame de Thianges vaut à La Fontaine la mission d'écrire un livret d'opéra sur Daphné, pour Lully, qui le refuse : d'où la satire du Florentin, restée manuscrite pendant 17 ans. Publication des Nouveaux Contes, très licencieux. Epîtres, à Turenne, membre de la famille de Bouillon, qui tient personnellement La Fontaine en amitié. En juillet, l'Art poétique de Boileau n'accorde aucune mention à la fable, ni à La Fontaine.
1675 : Interdiction de la vente des Nouveaux Contes par ordonnance de La Reynie, lieutenant de police. Le 27 juillet, Turenne est tué à la bataille de Salzbach. Bernier publie l'Abrégé de la Philosophie de Gassendi.
1676 : La Fontaine vend à son cousin Antoine Pintrel sa maison natale et achève de payer les dettes paternelles.
1677 : La Duchesse de Bouillon, protectrice de La Fontaine et son frère le Duc de Nevers cabale contre la Phèdre de Racine.
1678-1679 : Nouvelle édition des Fables choisies, dédiées à Madame de Montespan. La paix de Nimègue (août 1678) est célébrée par La Fontaine dans plusieurs pièces.
1680 : Exil à Nérac de la Duchesse de Bouillon compromise dans l'affaire des poisons. Mort de La Rochefoucauld. Mort de Fouquet à Pignerol. Conversion de Marguerite de La Sablière qui, veuve, ayant marié ses trois enfants, abandonnée par La Fare, son amant, se consacre au soin des malades et va loger rue Saint Honoré, elle installe La Fontaine près de sa nouvelle demeure.
1681 : Le 1er août, achevé d'imprimer des Épîtres de Sénèque les lettres à Lucilius traduites par Pierre Pintrel, cousin de La Fontaine qui lui-même a traduit en vers les citations poétiques et qui a fait publier l'ouvrage.
1682 : En janvier, Poème du Quinquina, dédié à la Duchesse de Bouillon, suivi de deux contes, de Galatée, et de Daphné, livrets d'opéra. Vers cette époque, La Fontaine entreprend une tragédie, Achille, restée inachevée. Naissance du Duc de Bourgogne.
1683 : Le 6 mai, première représentation à la Comédie Française, du Rendez-vous comédie de La Fontaine qui n'a aucun succès et dont le texte est perdu. Le 6 septembre, mort de Colbert. La Fontaine brigue son siège à l'Académie française, alors que Louis XIV souhaite voir élire Boileau, son historiographe. Le 15 novembre, l'Académie, en majorité hostile au satirique, propose La Fontaine par seize voix contre sept. La séance a été agitée, en raison de la colère manifestée par Toussaint Rose, secrétaire du roi. Louis XIV en prend prétexte pour refuser l'autorisation de "consommer" l'élection.
1684 : Le 17 avril, Boileau est élu à l'unanimité ; le roi accorde l'autorisation de recevoir La Fontaine. Le 2 mai, réception du fabuliste, lecture du Discours à Madame de La Sablière. La Fontaine écrit La Comparaison d'Alexandre, de César et de Monsieur le Prince de Condé, à la demande du Prince de Conti. Condé lui-même estime La Fontaine et le voit volontiers à Chantilly. Mort de Corneille.
1685 : En janvier, l'Académie exclut Furetière, coupable d'avoir obtenu par surprise un privilège pour son Dictionnaire, achevé avant celui de l'Académie. La Fontaine vote l'exclusion et subit les virulentes attaques de son ancien ami, auquel il réplique par des épigrammes. Le 28 juillet, achevé d'imprimer des Ouvrages de Prose et de Poésie des Seigneurs de Maucroix et de La Fontaine en deux volumes, dont le premier contient de nouveaux contes, et le second de nouvelles fables et d’autres pièces. Révocation de l’Edit de Nantes. Mort du Prince Louis-Armand de Conti.
1686 : Mort de Condé. Ligue d’Ausbourg. Perrault lit son poème du Siècle de Louis Le Grand, protestation de Boileau. La Querelle des Anciens et des Modernes éclate. En février, l’Epître à Huet est imprimé en plaquette à tirage restreint. En juillet, Marie-Anne, Duchesse de Bouillon, doit se réfugier en Angleterre auprès de sa sœur Hortense, amie de Saint-Evremond. Correspondance suivie de La Fontaine avec eux et quelques amis du groupe de Londres, qui comprend, entre autres, les diplomates Bonrepaux et Barrillon.
1688 : Marguerite de La Sablière se retire aux Incurables mais continue à assurer le logement de La Fontaine. Le poète devient le familier du Prince François-Louis de Conti, dans le milieu très libre du Temple des Vendôme, chez qui il retrouve Chaulieu. Il chaperonne un moment la scandaleuse Madame Ulrich. Les caractères de la Bruyère; le portrait de La Fontaine n’y entrera qu’à la 6e édition, en 1691.
1691 : Le 28 novembre, première représentation à l’Opéra d’Astrée, tragédie lyrique de La Fontaine, avec musique de Colasse, gendre de Lulli : échec complet.
1692 : En décembre, gravement malade, La Fontaine est converti par l’abbé Pouget, jeune vicaire de St Roch.
1693 : Le 12 février, il renie les Contes devant une délégation de l’Académie et reçoit le viatique. Il se rétablit néanmoins. Marguerite de La Sablière est morte en janvier, Pellisson le 7 février. Les amis d’Angleterre essaient en vain de décider La Fontaine à venir s’installer à Londres. Il devient l’hôte d’Anne d’Hervart, Maître des Requêtes au Parlement de Paris, fils de banquier et extrêmement riche, marié à Françoise de Bretonvilliers. Le 1er septembre, achevé d’imprimer des Fables choisies, portant la date de 1694, et constituant le livre XII. En octobre-novembre, remarques adressées à Maucroix sur sa traduction d’Astérius.
1694 : Naissance de Voltaire.
1695 : Le 9 février, La Fontaine est pris de faiblesse en revenant de l’Académie. Il meurt le 13 avril, chez les d’Hervart, dans l’hôtel du même nom, situé dans la rue de la Plâtrière, actuelle rue Jean-Jacques-Rousseau. En procédant à la toilette mortuaire, on trouve sur lui un cilice. La Fontaine est enterré le 14 avril au cimetière des Innocents. Par suite d’une erreur commise sur ce point par d’Olivet dans l’Histoire de l’Académie, les commissaires de la Convention exhumeront en 1792, pour leur élever un mausolée, des ossements anonymes, au cimetière du Père-Lachaise.
1696 : Œuvres posthumes, avec dédicace signée par Madame Ulrich.
1709 : Mort de Marie Héricart, veuve du poète.
1723 : Mort de Charles, fils unique du poète.

Regards sur l’œuvre

Fables de La Fontaine et Liste des Fables de La Fontaine.
Ses Fables constituent la principale œuvre poétique de la période classique, et l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française.
Le tour de force de La Fontaine est de donner par son travail une haute valeur à un genre qui jusque là n’avait aucune dignité littéraire et n'était réservé qu'aux exercices scolaires de rhétorique et de latin.

Les Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine ou plus simplement Les Fables est une œuvre écrite entre 1668 et 1694. Il s’agit, comme son nom l’indique, d’un recueil de fables écrites en vers, la plupart mettant en scène des animaux anthropomorphes et contenant une morale au début ou à la fin. Ces fables furent écrites dans un but éducatif et étaient adressées au Dauphin.
Le premier recueil des Fables publié correspond aux livres I à VI des éditions actuelles. Il a été publié en 1668, et était dédié au dauphin. La Fontaine insiste sur ses intentions morales : je me sers d’animaux pour instruire les hommes.
Le deuxième recueil des fables correspond aux livres VII à XI des éditions modernes. Il est publié en 1678, et était dédié à Madame de Montespan, la maîtresse du roi.
Le dernier recueil publié correspond au livre XII actuel. Il est publié en 1693, mais daté de 1694. Il est dédié au duc de Bourgogne, le petit-fils du roi.
Travail de réécriture des fables d’Ésope par exemple La Cigale et la Fourmi, de Phèdre, Abstémius, de Pañchatantra Pilpay, mais aussi de textes d’Horace, de Tite-Live les Membres et l’estomac, de lettres apocryphes d’Hippocrate Démocrite et les Abdéritains , et de bien d’autres encore, elles constituent une somme de la culture classique latine et grecque, et s’ouvrent même dans le second recueil à la tradition indienne.
Les Contes
Le fabuliste a éclipsé le conteur. La crispation religieuse de la fin du règne de Louis XIV, et plus tard la pudibonderie du XIXe siècle, ont mis dans l’ombre ces contes licencieux dont le défi poétique consiste à jouer de l’implicite pour ne pas nommer la sexualité, à dire sans dire, dans un jeu de dérobade et de provocation reposant sur la complicité du lecteur. La Fontaine a mené simultanément ces deux activités, jusqu’à joindre des contes à l’ultime recueil de fables de 1693 : bien plus qu’un laboratoire de la narration enjouée des Fables, les Contes pourraient bien participer d’une même entreprise, celle d’une narration poétique sous le signe d’une gaieté sans illusions.
L’œuvre de La Fontaine offre la figure, exemplaire, d’une sagesse désabusée : elle choisit, comme le Démocrite de la fable Démocrite et les Abdéritains, la retraite méditative plutôt que la vie de la cité d’Abdère soumise aux pensers du vulgaire, et, face à la violence forcenée du réel elle préfère, contre l’Héraclite de l’Histoire, le rire plutôt que les pleurs.
Quelques vers de Jean de La Fontaine devenus proverbes
Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. Le Corbeau et le Renard
La raison du plus fort est toujours la meilleure. Le Loup et l’Agneau
Si ce n’est toi, c'est donc ton frère. Le Loup et l’Agneau,
Plutôt souffrir que mourir, c’est la devise des hommes. La Mort et le Bûcheron
Garde toi, tant que tu vivras, de juger les gens sur la mine. Le Cochet, le Chat et le Souriceau
Je plie et ne romps pas. Le Chêne et le Roseau
Il faut autant qu’on peut obliger tout le monde : On a souvent besoin d’un plus petit que soi. Le Lion et le Rat
Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. Le Lion et le Rat
Est bien fou du cerveau qui prétend contenter tout le monde et son père. Le Meunier, son Fils et l’Âne
Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats. Le Renard et les Raisins
La méfiance est mère de la sûreté. Le Chat et un vieux Rat
Petit poisson deviendra grand. Le Petit Poisson et le Pêcheur
Un tiens vaut, ce dit-on, mieux que deux tu l’auras. Le Petit Poisson et le Pêcheur
Le travail est un trésor. Le Laboureur et ses Enfants
Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. Le Lièvre et la Tortue
Aide-toi, le Ciel t’aidera. Le Chartier embourbé
Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. Les Animaux malades de la peste
Tel est pris qui croyait prendre. Le Rat et l'Huître
Amour, Amour, quand tu nous tiens / On peut bien dire: Adieu prudence. Le Lion amoureux
Mais les ouvrages les plus courts sont toujours les meilleurs… Discours à M. le duc de La Rochefoucauld
Que de tout inconnu le sage se méfie. Le Renard, le Loup et le Cheval
Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours / Qu’on ne l’ait mis par terre L'Ours et les deux Compagnons
Qu’on me rende impotent, cul-de-jatte, goutteux, manchot, pourvu qu’en somme je vive, c’est assez, je suis plus que content. "Ne viens jamais, ô Mort; on t’en dit tout autant." La Mort et Le Malheureux
Les délicats sont malheureux : rien ne sauroit les satisfaire. Contre Ceux Qui On Le Goût Difficile
Si Dieu m’avait fait naître propre à tirer marrons du feu, certes marrons verraient beau jeu. Le Singe et le Chat

Œuvres

L’Eunuque 1654
Adonis 1658, publié en 1669
Les Rieurs du Beau-Richard 1659
Élégie aux nymphes de Vaux 1660
Ode au roi 1663
Contes 1665, 1666, 1671, 1674
Fables 1668, 1678, 1693
Les Amours de Psyché et de Cupidon 1669
Recueil de poésies chrétiennes et diverses 1671
Poème de la captivité de saint Malc 1673
Daphné 1674
Poème du Quinquina 1682
Ouvrages de prose et de poésie 1685
Astrée 1691

Iconographie, filmographie

1953 fresque peinte dans l'école maternelle Bel Air à Saint-Servan, aujourd'hui Saint-Malo, par l'artiste peintre Geoffroy Dauvergne,(1922-1977) partiellement recouverte de toile de verre.
2007 : Jean de la Fontaine, le défi, réalisé par Daniel Vigne.
Galerie
Statue de Jean-Louis Jaley au Louvre à Paris
La cigale et la fourmi, par Gustave Doré
Grandville : Le loup et le chien
La grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf 1936
Le lièvre et la tortue 1936
Le loup devenu berger
Statue de Pierre Julien au musée du Louvre à Paris
Statue de Charles-René Laitié à Château-Thierry

Liens

http://youtu.be/aXyIHlFZvHo Les fables de La fontaine avec F. Luchini
http://youtu.be/Qs3OcybtqiI Variations sur La fontaine par F. Luchini
http://youtu.be/IYtHBvELXlM Deux amis
http://youtu.be/S_PUFlB4t78 Les animaux malades de la peste
http://youtu.be/GVRUUZFMa_4 Paroles de Socrate de La Fontaine
Le corbeau et le renard (Rap)
http://youtu.be/XENxfCkMCEA La cigale et la fourmi Pierre Péchin
http://youtu.be/L3TNJHjYpTU Fables de La Fontaine par Pierre Repp
http://youtu.be/y-N8Rc4dy9k Le lièvre et la tortue par Pit et Rik
http://youtu.be/9ss1wTbq7ds Le rat des villes et le rat des champs Pit et Rik
http://youtu.be/xpJF_PDsK-o La cigale et la fourmi Pit et Rik
http://youtu.be/yEdW_-aq8Sw Le corbeau et le renard et Pit et Rik
http://youtu.be/-gScHT2fzhM Le renard et la cigogne Pit et Rik


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Posté le : 12/04/2014 21:01
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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