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Juliette Drouet
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Le 11 mai 1883 meurt Juliette Drouet

née le 10 avril 1806, elle est baptisée le lendemain à l'église Saint-Sulpice de Fougères. Elle est la cadette d'une famille de quatre enfants, Renée 1800-1885, Thérèse 1802-1814 et Armand 1803-1876.
Juliette Drouet, de son vrai nom Julienne Gauvain est une actrice française, passée à la postérité pour avoir été la maîtresse de Victor Hugo pendant près de 50 ans.

Sa vie

Sa mère, Marie Marchandet, née vers 1780, est fileuse. Son père, Julien Gauvain, né en 1777 à Saint-Étienne-en-Coglès, est un ancien chouan qui exerce depuis la profession de tailleur. Marié en 1799, le couple avait établit un atelier de couture au pied du château de Fougères.
Orpheline de mère quelques mois après sa naissance, de père l’année suivante, elle est placée comme son frère et ses deux sœurs en nourrice puis dans un couvent de Fougères, avant d’être élevée par un oncle, René-Henry Drouet, qui s’établit à Paris : elle y suit sa scolarité au pensionnat religieux des chanoinesses de Saint-Augustin à Saint-Mandé de 1816 à 1821.
Elle devient, vers 1825, la maîtresse du sculpteur James Pradier, qui la représente dans la statue symbolisant Strasbourg, place de la Concorde à Paris entre 1836 et 1846.
Elle a avec lui un enfant, Claire, fille qu’il reconnaîtra deux ans plus tard.
Sur le conseil de Pradier, elle commence en 1828 une carrière de comédienne au Théâtre du Parc de Bruxelles, puis à Paris. Elle prend à cette époque le nom de son oncle. Actrice sans véritable talent, mais d’une beauté émouvante, elle séduit bien des hommes, dont le comte Anatole Demidoff avec qui elle découvre un grand train de vie l’Italie.
En 1833, alors qu’elle faisait une lecture du rôle de la princesse Négroni dans Lucrèce Borgia, Victor Hugo la remarque. Elle abandonne sa carrière théâtrale à sa demande pour vouer, victime consentante de l’imagerie d’Épinal de l’éternel féminin, le reste de ses jours à son amant qui exige d’elle une vie cloîtrée chez elle et des sorties uniquement en sa compagnie. Hugo la trompera pourtant, notamment avec Léonie d'Aunet, avec qui il entretiendra une liaison de 1844 à 1851, ou avec l’actrice Alice Ozy en 1847. Cependant, leur liaison est affichée et notoire, y compris de l’épouse du poète et de leurs enfants. À la mort de Claire, âgée de vingt ans, Victor Hugo mène le cortège funèbre avec Pradier, le père de la jeune défunte. Juliette n’a pas la force d’assister aux obsèques.
Elle dédie toute sa vie à cette écrivain.Pendant plusieurs années,ils partent en vacances ensemble,et ces voyages on été source d'inspiration pour Victor Hugo.Lors de la tourmente de 1848,Juliette Drouet Tient un journal de l'insurection que Victor Hugo retranscrira mot pour mot.
En 1833 : Victor Hugo prépare sa pièce Lucrèce Borgia. Le poète, âgé de 31 ans, s’est déjà illustré au théâtre : la fameuse bataille d’Hernani , c’est lui. Jeune, talentueux et célèbre, le déjà grand Victor a tout pour plaire. Également jeune 26 ans, l’actrice Juliette Drouet n’est, elle, ni talentueuse ni célèbre. À son palmarès : un minuscule rôle dans le même Lucrèce Borgia et un postérieur qui, dit-on, aurait inspiré son amant sculpteur pour une statue place de la Concorde. Mais les répétitions font se rencontrer le brillant auteur et l’espoir de la scène. Ils tombent amoureux et ne se quitteront plus pendant cinquante ans, jusqu’à la mort de Juliette en 1883. Entre-temps, les amants auront échangé la bagatelle de quarante mille lettres !
La liaison de Juliette et Victor ne fut en effet pas seulement un conte de fées.
Hugo était marié et ne put jamais vivre au grand jour sa liaison avec Mlle Juliette, qu’il trompa également avec d’autres femmes. Amour fou, jalousie, ruptures, tendresse, passion… Avec Juju et Totor (sic !, et oui !), la réalité dépassa la fiction.
Ne pouvant vivre ouvertement sa passion pour le poète, Juliette vécut en recluse une bonne partie de sa vie. Nous la connaissons en Pénélope, qui, à défaut de faire et défaire son ouvrage, occupait ses journées par une tâche non moins infinie : recopier les manuscrits de son génie d’amant !
Quand ils sont réunis, les amoureux en voient pourtant de toutes les couleurs, car aux absences de Victor répond la jalousie désespérée de Juliette et sa tentation continuelle de quitter cette situation intenable. Son appétit sexuel est sans cesse contrarié, et elle ne manque pas de le faire savoir ! La fascination qu’exerce Hugo sur sa maîtresse est en outre protéiforme : voici Hugo Pygmalion quand il tente de faire de Juliette une actrice reconnue, Hugo orateur enflammé, Hugo père endeuillé, Hugo exilé politique… Juliette est comme en orbite autour de ce soleil qui l’attire, mais auprès duquel elle se consume littéralement.
Malgré tout en 1851,c'est elle qui l'aide à quitter clandestinement Paris.Pendant les 19 année d’exil,elle lui reste fidèle et s'installe près de lui à Guernesey.Apres le retour à Paris en 1870,elle reste à ses côtés,sans occupant comme une épouse,poursuivant son écriture malgré la fatigue de l'âge.
À la mort d'Adèle Hugo, Juliette Drouet partagera encore plus intimement la vie du poète.
Décédée le 11 mai 1883, elle repose, dans le cimetière de Saint-Mandé, aux côtés de Claire.
Sur sa tombe figurent ces mots :

Quand je ne serai plus qu'une cendre glacée,
Quand mes yeux fatigués seront fermés au jour,
Dis toi, si dans mon cœur, ma mémoire est fixée,
Le monde a sa pensée. Moi j'avais son amour.

Elle mourra en 1883,Victor Hugo cessant d'écrire après sa mort; mourra 2 ans après. Pendant plusieurs année ne pouvant pas se voir ils s’envoyèrent des millier de lettres,Juliette Drouet lui envoya entre 15000 et 20000 lettres.
Il était une coutume insolite qui unissait l’écrivain français Victor Hugo et la femme qui partagea sa vie pendant cinquante ans, la comédienne Juliette Drouet : à chacun de leur anniversaire amoureux, et à chaque nouvelle année, ils s’envoyaient une lettre dans laquelle ils exaltaient leurs sentiments l’un pour l’autre, comme pour renouveler les vœux d’une passion qui ne s’est jamais officialisée. Et celle-ci ne déroge pas à la tradition ! Une nouvelle fois, Juliette clame son amour, plaçant le premier jour de cette année 1862 sous le signe du bonheur : T’aimer, t’aimer, t’aimer, voilà ma seule et unique destination .

Ma vertu c'est de t'aimer, mon corps, mon sang, mon cœur, ma vie, mon âme sont employés à t'aimer

En 1852, elle accompagne son illustre amant dans son exil à Jersey, et puis en 1855 à Guernesey, mais sans partager son toit. Il lui loue une petite maison à portée de vue.

Après le retour à Paris en 1870, Juliette demeurera aux côté de Hugo, l’aidant, l’assistant, veillant sur le foyer comme une épouse, continuant à l’adorer comme l’amante qu’elle n’a jamais cessé d’être, poursuivant son écriture malgré la fatigue de l’âge :

Paris 11 juillet 1882 mardi matin 7 h ½
(…) Je ne sais quand, ni comment cela finira, mais je souffre tous les jours de plus en plus et je m’affaiblis d’heure en heure. En ce moment, c’est à peine si j’ai la force de tenir ma plume et j’ai grand peine à garder la conscience de ce que je t’écris. Je me cramponne cependant à la vie de toute la puissance de mon amour pour ne pas te laisser trop longtemps sans moi sur la terre. Mais hélas ! La nature regimbe et ne veut pas (…)
Juliette
Elle lui écrit tout au long de sa vie plus de 20 000 lettres ou de simples mots, qui témoignent d’un réel talent selon Gérard Pouchain qui écrivit sa biographie en 1992.

Elle s’éteint le 11 mai 1883 dans son habitation au 57, rue Jean-de-La-Fontaine à Paris. Elle repose au cimetière de Saint-Mandé près de sa fille Claire.


Ouvrages sur Juliette Drouet

Gérard Pouchain et Robert Sabourin, Juliette Drouet, ou la dépaysée, éditions Fayard, 1992.
Juliette Drouet, Souvenirs 1843-1854, édition établie par Gérard Pouchain, éditions des femmes, 2006.

Iconographie

1840 ca - Juliette sert de modèle pour la statue de la ville de Strasbourg par James Pradier, Place de la Concorde à ¨Paris.
1845 - Juliette est représentée nue sur le piédestal du socle du buste d'Augustin Pyrame de Candolle dans le Jardin botanique de Genève, en Suisse5
s. d. - Juliette Drouet, lithographie de Alphonse-Léon Noël
s. d. - Portrait de Juliette Drouet par Charles-Émile Callande de Champmartin.

A la fin de l’exposition, un très beau et émouvant tableau représentant Juliette Drouet au soir de sa vie (image), fait écho aux portraits de la jeune Juliette exposés au début du parcours : celui de Champmartin, représentant Juliette toute fraîche, rebondie, belle, et celui de Léon Noël qui souligne l’ovale parfait du visage, ses grands yeux noirs, ses cheveux bruns et épais, ses épaules en courbes, ses lèvres charnues.
Juliette Drouet est désormais une vieille femme, ses longs cheveux sont devenus blancs, sa peau est ridée.
Mais ses yeux noirs ont la même profondeur, expriment le même mélange de résignation, de calme, de pugnacité et d’ardeur.
Comme si son amour fidèle avait conservé son énigmatique beauté, imprimé en elle une présence passionnée à la vie, gardé intacte, visible alors dans la seule expression du regard, une éternelle jeunesse.

Quand je ne serai plus qu’une cendre glacée,
Quand mes yeux fatigués seront fermés au jour,
Dis-toi, si dans ton coeur ma mémoire est fixée :
Le monde a sa pensée, moi, j’avais son amour !

Victor Hugo. Dernière Gerbe LXIX
Épitaphe de Juliette Drouet

Juliette Drouet. Mon âme à ton cœur s’est donnée … Victor Hugo



Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo

31 mai 1857
Guernesey, 31 mai 1857, dimanche après-midi 3 h ½

C’était une offre bien tentante que celle que tu m’as faite tout à l’heure, mon bien-aimé, d’aller te retrouver à Fermain-Bay, mais le guignon veut que je ne puisse pas me tenir sur mes affreuses pattes. Je sais ce que j’ai souffert hier et ce qu’il m’a fallu de courage et de contorsions pour revenir de chez les Préveraud. Aujourd’hui le désir de prolonger le bonheur d’être avec toi m’aurait fait risquer le même martyre si ça n’avait pas été grand jour et sous les yeux des iroquois guernesiais. Ce soir si le cœur te dit de me traîner avec toi avec ma podagrerie carabinée, je serai à tes ordres. D’ici-là, je me frictionne à tour de bras et je m’inonde les pieds d’eau de Cologne.
Justement Cahaigne est venu me voir pendant que je faisais cette opération et je lui ai fait dire par Suzanne que j’étais sortie. Vous seriez bien gentil de venir voir si c’est vrai, ne fût-cea que pour me donner l’occasion d’embrasser votre cher petit museau.

Juliette

30 mai 1857
Guernesey, 30 mai 1857, samedi après-midi 3 h

Je continue de vous attendre en bec d’âne, mon cher bien aimé, cependant il me semble que vous avez eu tout le temps d’aller chez le Banquier, de recevoir la poste, de découvrir de nouveaux bahuts et même de danser la [chahu ?] pour peu que votre humeur chorégraphique, lyrique et anacréontique d’hier soir dure encore aujourd’hui. Il n’est même pas impossible que vous ayez vu chemin faisant le carabinier de Charles qui n’est pas amusant. Il serait bientôt temps et de toute justice de songer un peu à moi maintenant et de m’en donner une preuve visible et palpable entre la scie de James et le rabot de [Piters ?]. En attendant je fais bonne mine à mauvais jeu dans l’espoir de me rabibocher dans les viers coffres et dans les armoires gothiques, dussiez-vous en mourir de rage.
J’avais presque envie, le beau temps étant donné, d’aller faire ma visite obligatoire à Mme Terrier, mais ne t’en ayant pas prévenu ce matin, j’ajourne la corvée à un autre jour, telle est ma philosophie. Taisez-vous ou donnez-moi des machins pleins de poux, vilain sale.


29 mai 1857
Guernesey, 29 mai 1857, vendredi matin 7 h ¼

Bonjour, mon cher petit homme, bonjour, mon grand poète, bonjour, mon amour. Je ne sais pas qui vous avez rencontré hier au soir à la grille de l’avenue mais je sais que vous avez causé assez longtemps pour me faire regretter de vous avoir laissé partir si tôt puisque vous n’étiez pas plus pressé que cela d’aller trouver Mme Duverdier. Une autre fois, mon adoré, je tâcherai de vous garder tout pour moi. Sur ce, je vous permets de pioncer comme une marmotte jusqu’à l’heure du déjeuner.
Je n’ai pas encore pu parvenir à ajuster mon fameux air sur les nouvelles paroles (paroles, quel mot honteux pour désigner les plus adorables vers que tu aies faitsa. C’est absurde mais ce n’est pas tout à fait de ma faute). Je disais donc que je n’avais pas encore pu faire marcher d’accord la mesure de l’air avec la mesure de la poésie, ce qui tient probablement à mon ignorance profonde de la musique et plus encore à la vénération que j’ai pour tout ce qui vient de ton génie qui ne me permet pas d’en sacrifier le sens sous aucun prétexte. Toujours est-il que je chante par cœur la chanson sans pouvoir la chanter avec la voix. Peut-être qu’à force de désir et de patience je parviendrai à assouplir les articulations un peu rouillées de mon vieil air jusqu’à suivre dans tous ses mouvements gracieux ta poésie ailée. Je l’espère et je m’y applique en t’aimant de toute mon âme.

Juliette

28 mai 1857
Guernesey, 28 mai 1857, jeudi après-midi 3 h

J’avais apprêté hier ce bout de papier pour t’écrire, mon bien aimé, quand les soins à donner à mon petit balthazar hebdomadaire et surtout les souffrances aiguës de mes pauvres pattes m’ont empêchée de donner suite à cette douce habitude quotidienne. Depuis quelquea temps les douleurs semblent prendre mon courage à parti et il y a des moments où je crains qu’elles n’aient le dessus. Heureusement que mon amour est plus fort que tous les maux et qu’il me vient en aide au plus fort de la lutte. Hier au soir grâce à ton adorable chanson j’ai converti mes grincements en dents de scie en sourire et mon insomnie en une douce rêverie entre terre et ciel, et mes infirmités physiquesb en jeunesse immatérielle dont la poésie faisait les ailes. Aujourd’hui encore je ne touche la terre que pour voir mon bonheur de plus près et pour t’aimer à deux genoux. Cher adoré, quand la vilaine chenille qui cache mon âme sera tombée tu verrasc sa beauté parée de toutes les sublimes pierreries de ton divin génie. En attendant je te crie du fond de ma chrysalide : je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime.

25 mai 1857, lundi matin 11 h ½

Je vous attends, non pas sous l’orme, mais sous mon parapluie, quoi qu’en dise le météorologique Gruta. Du reste, quant à moi, je me fiche du déluge, étant de la grande famille de Gribouille. Aussi je vous attends imperméablement et imperturbablement mais non impatiemment et je vous bâcle ma restitus entre deux eaux pour passer le temps. Vos huit livres sont tirées, il faut les boire, mon cher petit homme, dussions-nous rester à secb le reste de nos jours. Quant à moi, je ne demande que [illis.] et coffres. Cependant, il me semble que tu es déjà bien en retard pour ton expédition. Peut-être y as-tu renoncé pour aujourd’hui. Si je savais cela je me hâterais de tirer mes pauvres pattes de la prison de St Crépin dont ils s’arrangent si mal pour les mettre en liberté dans leurs pantoufles défoncées. J’espère que tu vas bientôt venir me dire ce que tu as décidé. Jusque là, je reste sous les armes et je t’aime à feu et à sang. Il est midi d’ailleurs et tes ouvriers vont aller dîner et te laisser respirer un peu. A tout à l’heure, mon adoré. Je t’aime de toute mon âme.

Juliette

1 janvier 1862

Bonjour, mon ineffable bien-aimé, bonjour, beau jour, bonheur, sourires, tendresses, amour, je t'envoie tout cela dans un seul baiser.

J'attendais le jour depuis bien longtemps pour avoir ma chère petite lettre, enfin, je la tiens ! Je la lis, je la baise et je l'adore ! Mais j'entends que tu ouvres ta fenêtre, je quitte ma lettre pour courir à toi…
C'est fait, je t'ai vu ! Mes yeux se sont remplis de ton regard, mon cœur de tes baisers, mon âme d'extase ! Merci, mon doux adoré, merci, que toutes les bénédictions de Dieu soient sur toi et sur tous ceux que tu aimes et qu'il vous accorde ce que tu lui demandes, à travers mon ardente et incessante prière, de ne nous séparer jamais une minute en cette vie ni dans l'autre. J'espère qu'il nous exaucera, mon adoré bien-aimé, et qu'il nous épargnera la douleur, j'allais dire la honte, car pour moi il me semble que je serais déshonorée si j'avais le malheur de te survivre un jour.
Aussi j'espère que Dieu nous donnera le bonheur et nous fera l'honneur de nous appeler à lui en même temps et qu'il soudera nos deux âmes l'une à l'autre pour l'éternité.
Cher adoré, je suis toute troublée, comme il m'arrive toujours chaque fois que je reçois une lettre de toi. Ton amour sous cette forme est un élixir divin qui enivre tout mon être.
Cependant, à travers mon éblouissement, je sens que je ne mérite pas tout ce que tu penses de moi, car je ne vaux que par ce que je t'aime.
En dehors de mon amour, je suis une pauvre femme bien ordinaire, bien inculte et bien imparfaite, je le sais, je le sais, je le sais. Et je pourrais presque dire que cela m'est égal, en tant que tu n'en souffres pas.
Ma vertu c'est de t'aimer, mon corps, mon sang, mon cœur, ma vie, mon âme sont employés à t'aimer. En dehors de mon amour, je ne suis rien, je ne comprends rien, je ne veux rien. T'aimer, t'aimer, t'aimer, voilà ma seule et unique destination. Je n'en pourrais et ne saurais en avoir d'autres, quand bien même je le désirerais, parce que toutes mes forces et toute volonté tendent à t'aimer uniquement.
Sois béni pourtant, mon généreux bien-aimé, pour tous les rayons que tu mets autour de mon amour et que ma reconnaissance et mes bénédictions soient pour toi autant de bonheur et de félicité de plus dans ta vie.
Je te dis toutes ces choses dans une sorte de fièvre d'âme qui ne me permet pas de distinguer ce que je t'écris, mais le fond, du premier mot jusqu'au dernier, c'est que je t'aime, que je suis bien heureuse, que je te bénis et que j'associe ton ange et le mien à mon amour et à mes bénédictions.

3 juin 1839, matin

Je sens couver en moi la la maladie du voyage et je suis sûre même que ce que j’attribue à l’effet de la vaccine vient de la fièvre périodique du voyage. Et je ne crois pas qu’il y ait d’autre ordonnance pour ce genre de maladie qu’un passeport, d’autre pharmacie que des auberges, d’autres émollients ou cataplasmes que les banquette de diligence ou de cabriolet. Qu’en dites-vous ? Moi j’en dis que je vous adore.
Juliette
Viendront ensuite les combats politiques : lors de la tourmente de 1848, Juliette Drouet tient un journal de l’insurrection que Hugo retranscrit parfois mot pour mot.
Puis, en 1851, c’est elle qui l’aide à quitter clandestinement Paris.
Durant les 19 années d’exil, elle restera fidèle à son amour, le suivant partout, s’installant près de lui à Guernesey.
Elle lui apportera un soutien sans faille :

Guernesey. 24 février 1870 jeudi matin 8 h

Bonjour, mon cher grand bien-aimé adoré, et salut à la République dont le 22ème anniversaire se lève aujourd’hui. Puisse-t-il te rendre à ta chère France cette année, afin que tu lui apportes tout ce qui lui manque depuis que tu l’as quittée : Lumière, Honneur, Paix et Bonheur. C’est le voeu héroïque et désintéressé de mon mon coeur (
Juliette

L’homme infidèle aura été pour Juliette le poète fidèle :

Quand deux coeurs en s’aimant ont doucement vieilli,
Oh ! quel bonheur profond, intime, recueilli !
Amour ! hymen d’en haut ! ô pur lien des âmes !
Il garde ses rayons même en perdant ses flammes.
Ces deux coeurs qu’il a pris jadis n’en font plus qu’un.
Il fait, des souvenirs de leur passé commun,
L’impossibilité de vivre l’un sans l’autre.
Juliette, n’est-ce pas, cette vie est la nôtre !
Il a la paix du soir avec l’éclat du jour,
Et devient l’amitié tout en restant l’amour !

Victor Hugo, Toute la lyre, VI, 64 1ère publication en 1897

A la fin de l’exposition, un très beau et émouvant tableau représentant Juliette Drouet au soir de sa vie (image), fait écho aux portraits de la jeune Juliette exposés au début du parcours : celui de Champmartin, représentant Juliette toute fraîche, rebondie, belle, et celui de Léon Noël qui souligne l’ovale parfait du visage, ses grands yeux noirs, ses cheveux bruns et épais, ses épaules en courbes, ses lèvres charnues.
Juliette Drouet est désormais une vieille femme, ses longs cheveux sont devenus blancs, sa peau est ridée.
Mais ses yeux noirs ont la même profondeur, expriment le même mélange de résignation, de calme, de pugnacité et d’ardeur.
Comme si son amour fidèle avait conservé son énigmatique beauté, imprimé en elle une présence passionnée à la vie, gardé intacte, visible alors dans la seule expression du regard, une éternelle jeunesse.

Quand je ne serai plus qu’une cendre glacée,
Quand mes yeux fatigués seront fermés au jour,
Dis-toi, si dans ton coeur ma mémoire est fixée :
Le monde a sa pensée, moi, j’avais son amour !

Victor Hugo. Dernière Gerbe LXIX
Épitaphe de Juliette Drouet

Juliette Drouet. Mon âme à ton cœur s’est donnée … Victor Hugo

Victor Hugo

"Quand tu liras ce papier, mon ange, je ne serai pas auprès de toi, je ne serai pas là pour te dire : pense à moi !Je veux que ce papier te le dise. Je voudrais que dans ces lettres tracées pour toi tu puisses trouver tout ce qu’il y a dans mes yeux, tout ce qu’il y a sur mes lèvres, tout ce qu’il y a dans mon cœur, tout ce qu’il y a dans ma présence quand je te dis : je t’aime ! − Je voudrais que cette lettre entrât dans ta pensée comme mon regard, comme mon souffle, comme le son de ma voix pour lui dire à cette charmante pensée que j’aime : n’oublie pas !

"Lettres de Victor Hugo A Juliette Drouet"

"Tu es ma bien-aimée, ma Juliette, ma joie, mon amour depuis trois ans bientôt ! Ecris-moi quand je ne suis pas là, parle-moi quand je suis là, aime-moi toujours ! Il est deux heures du matin, j'ai interrompu mon travail pour t'écrire, je vais le reprendre. C'est que j'avais besoin de te parler, de t'écrire, de m'adresser à toi, de baiser en idée tes beaux yeux endormis, de te faire ma prière ! C'est que j'avais besoin de reposer mon esprit sur ton image et mes yeux sur un papier que tu verras !
Dors bien. J'espère t'aller voir dès que j'aurai fini dans quelques heures. Il me semble que c'est bien long. Quelques heures ! ce sera bien court quand je serai près de toi.
Vois-tu, ma juju, ils ont encore été bien beaux ces jours d'automne mêlés de pluie et de vent dont nous allons sortir.
Ne nous plaignons pas de cette année. Elle a été bonne radieuse et douce. Je pense seulement avec tristesse que tu as eu souvent tes pauvres pieds mouillés et froids. Tu es une noble créature aimante, dévouée et fidèle. Je t'aime plus que je ne puis le dire. Je voudrais baiser tes pieds. Je veux que tu penses à moi. A bientôt. T'aimer, c'est vivre."

Victor Hugo, Lettre à Juliette Drouet automne 1835

Je t’en supplie mon pauvre adoré ne te fais pas de mal et accepte avec résignation et avec confiance la destinée que ta fille veut se faire elle-même avec plus de connaissance de cause que toi, c’est-à-dire avec les chances de bonheur qui plaisent à son cœur et à son esprit. Te rendre malade ne remédierait à rien. 18 décembre

Liens

http://youtu.be/cSmYYjn8pig Poèmes à Juliette
http://youtu.be/uRq6SaC1lTc Juliette Drouet


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Posté le : 09/05/2014 20:18

Edité par Loriane sur 10-05-2014 16:00:11
Edité par Loriane sur 10-05-2014 16:29:51
Edité par Loriane sur 11-05-2014 23:29:10
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Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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