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Accueil >> newbb >> Défi du 20-09-2014 [Les Forums - Défis et concours]

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Défi du 20-09-2014
Plume d'Or
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Bonjour joyeux Loriens,

Voici le défi de la semaine, qui m'a été soufflé par mon Jiminy Cricket : Vous vous réveillez et vous avez rapidement l’impression que quelque chose dans votre quotidien a changé, sans pour autant savoir exactement quoi.

Racontez nous tout ça, en histoire, en chanson, en poème ou en blague belge, peu importe le style.

Bonne chance.

Donald.

Posté le : 20/09/2014 01:32
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Re: Défi du 20-09-2014
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De l’autre côté

Les rayons du soleil matinal filtrent à travers les lames du store vénitien, illuminant des grains de poussière qui dansent au rythme d’une musique inaudible. Mon regard divague dans la pièce, le temps que les limbes de mon rêve s’effacent. Des bribes m’en reviennent : un décor de salle de classe et une sensation de vide sidéral devant une page d’examen d’anglais. Une prof à la longue silhouette sculpturale me nargue en récupérant ma feuille vierge. Elle finit par me proposer de l’embrasser afin de récupérer quelques points. Mais je suis petit et mes lèvres m’atteignent que le niveau de son plexus solaire. Elle part alors dans un rire sadique juste avant mon réveil.
J’observe mon poster géant du film « Star wars » et un sourire naît sur mes lèvres, encore engourdies. Je me suis goinfré de biscuits afin de collecter suffisamment de points pour l’obtenir. Mon foie s’est douloureusement vengé. J’en ai encore des maux de ventre rien que d’y penser.

Mon réveil affiche déjà sept heures quinze. Il est grand temps que je me lève. J’enfile mes petons dans la bouche d’Homer Simpson dont le visage orne mes pantoufles. Dans la cuisine, un bout de papier déchiré grossièrement trône sur la table : « Mon chéri, il y a un croissant dans le sachet et du jus d’oranges au frigo. À ce soir. Bisous. Maman. ». D’habitude, elle me prépare un cacao et des céréales. Bon… tant pis ! Je ne suis pas réfractaire au changement. En retirant la viennoiserie du petit sac blanc, une odeur délicieuse vient me caresser les narines, réveillant un appétit que je pensais encore endormi. J’ouvre l’armoire et parviens à attraper un verre sans me mettre sur la pointe des pieds. Il est donc vrai qu’il faut dormir pour grandir. Mes longues nuits semblent enfin porter enfin leurs fruits.

Repu, je me dirige vers la salle de bain où je me douche tout en me brossant les dents. Une fois séché, je découvre les vêtements que Maman a préparés sur la chaise : un pantalon en velours côtelé bleu marine et une chemise rayée à la Jean-Paul Gaultier. Je m’empresse de prendre la direction de ma garde-robe pour en tirer mon jean et mon T-shirt fétiches. Mais impossible de les enfiler. Maman les a sûrement lavés à nonante degrés afin de ne plus voir ces « loques », comme elle dit, sur mon dos. Je fouille l’armoire et trouve un denim qui me paraît énorme de prime abord. Après essayage, il me va comme un gant et la chemise rayée lui est parfaitement assortie.

J’empoigne mon cartable et sors en claquant la vieille porte de l’appartement. Mon geste génère un bruit sourd qui résonne dans la cage d’escalier. J’entends Rosaline, la voisine obèse, crier « Moins fort ! L’immeuble va s’effondrer !». Je lance un « désolé ! » en pensant que je ne pensais pas être aussi fort. Les vitamines que Maman me force à avaler semblent être efficaces finalement.

Sur la route du lycée, je pense à la nouvelle prof d’anglais. Une grande blonde avec un sourire radieux et des yeux de biche. Je l’ai croisée hier dans les couloirs. À ma grande surprise, elle m’a adressé la parole. Elle avait des soucis avec son ordinateur et cherchait un petit génie de l’informatique. On l’avait naturellement orientée vers moi. Je la trouve rock ’n roll dans sa veste en cuir avec ses talons hauts. J’ai eu grand mal à me concentrer sur la résolution de son problème tant son parfum m’envoûtait. Lorsque son dossier est enfin sorti de l’imprimante, elle m’a adressé un clin d’œil avant de sortir de la pièce. Ah, si j’avais quelques années de plus…

J’entre dans la classe et m’affale sur une chaise. Perdu dans mes pensées, je sens toutefois le regard des autres se poser sur moi, insistant. Quoi ? Mon acné aurait-elle repris du poil de la bête ? Sébastien, l’intello du groupe s’approche de moi :

« Monsieur, vous ne donnez pas cours aujourd’hui ? »

Je le dévisage avec des yeux ronds et la réalité me revient, comme une claque dans le visage, aussi forte que celle que Maman m’a assénée le jour où j’avais mis le chat dans la machine à lessiver. Mais oui, je suis prof maintenant !

Posté le : 20/09/2014 19:09
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Re: Défi du 20-09-2014
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Alors celle là je ne l'avais pas vue venir.
Je me disais bien qu'il était adulte revenu dans son monde d'enfant mais pas professeur.
Au passage, la prof d'anglais blonde me rappelle quelqu'un.
Comme d'habitude, ma chère Couscous, ça se lit d'une traite tellement c'est prenant.
Merci d'avoir démarré ce défi de si belle manière.
Bises
Donald.

Posté le : 21/09/2014 10:09
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Re: Défi du 20-09-2014
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La variante Olga


Je ne sais pas pour vous mais moi je suis plutôt lent au réveil. Ce samedi matin ne dérogea pas à la règle et je bénis le progrès technologique et tous les petits gadgets dont ma villa était truffée. Je me réveillai à côté d’une splendide nymphe blonde prénommée Olga, à moins que ce ne fût Ingrid, je ne me rappelais plus bien. Au vu du tailleur et des chaussures de marque négligemment jetés sur le sol, j’en déduisis qu’elle devait sortir d’un congrès de cadres supérieurs, le genre d’évènement passionnant, avec la présentation des résultats de l’entreprise et tout le tremblement. « Comment l’avais-je rencontrée ? » pourriez-vous me demander. Simplement au travail, vu que depuis dix ans j’animais ce type de séminaire, en tant que consultant extérieur ; alors, dans mon costume Calvin Klein, avec le look new-yorkais et l’approche ténébreuse, je me faisais fort d’emballer le canon de service pendant le cocktail. Olga, je vais finalement l’appeler comme ça, devait être une cheftaine du marketing, spécialisée dans la promotion des meubles en kit et autres merdes en pin.

Je digresse, je le sais, c’est mon défaut. Ceci dit, ça marche avec les filles, la digression. Je vous la conseille, en technique d’approche, surtout quand vous êtes plus Robert que Redford. Le gras du bide, il a besoin de pallier son manque d’abdominaux, sa calvitie naissante et ses verres renforcés, par un semblant d’excentricité. Notez bien qu’il ne faut pas en abuser sinon la princesse charmante risque rapidement de bailler, surtout si elle a pris sur elle de parler au premier crapaud venu. Je ferme la parenthèse.

Olga ronflait en fa dièse majeur. Je n’osai pas l’interrompre dans son concerto pour naseaux et larynx mais je n’étais pas fan de cette musique expérimentale, surtout quand elle tenait du barrissement. Pour cette raison et pleins d’autres, je quittai la chambre en fermant la porte derrière moi et je me dirigeai vers le salon.
— Lumière douce, température printanière s’il te plait Sharon, ordonnai-je à l’intelligence artificielle intégrée à ma villa.
Je sais, vous allez me dire que c’est un pur cliché que d’appeler son ordinateur de bord Sharon quand on aime les blondes mais, franchement, c’est autre chose que Jarvis, le domestique virtuel de Tony Stark dans le film Iron Man. Sans rire, Jarvis, ça fait Castorama ; à croire que les scénaristes de Marvel passent leurs journées à bricoler ou à repeindre leur cuisine.
— Souhaitez-vous que j’initialise la douche et que je lance la cuisson du petit déjeuner, Donald ?
— Alors là, je reconnais bien votre esprit d’initiative, Sharon.
— J’en déduis que c’est oui, Donald.
— Elémentaire mon cher Watson.
— Combien de personnes dois-je compter pour ce repas, Donald ?
— Une douzaine, Sharon. J’ai invité l’équipe de Suède de football féminin et on a tiré des penalties toute la nuit.
— Je vais devoir passer une commande expresse alors ; nous n’avons pas assez de porridge en stock, Donald.
— Je déconnais, Sharon. J’étais en petite forme hier ; du coup j’ai remplacé le triolisme par le traditionnel papa-maman. Et puis, arrêtez de ponctuer toutes vos phrases par mon prénom !
— Vous êtes maître à bord.
— Heureux de vous l’entendre dire. Je vais dans la salle de bains. Si jamais Olga se réveille, prévenez-moi parce qu’elle n’a peut-être pas l’habitude des maisons intelligentes.
— Elle ne s’appelle pas Olga.
— Non ? Comment le savez-vous ?
— Je l’ai scannée à son arrivée. Son vrai nom est Mireille Dugommeau, comptable dans le cabinet d’experts Lenul et Associés.
— Sérieusement ? Elle porte pourtant la panoplie de la grande bourgeoise.
— Ce sont des vêtements de location.
— Je l’ai quand même emballée au George V.
— C’est sa spécialité de trainer dans les grands hôtels. J’ai vérifié.
— A vrai dire, je ne me souviens pas bien de la soirée. Je suppose qu’elle s’est incrustée lors du cocktail. Ensuite, un bon coup de pipeau et je l’ai prise pour une exécutive.
— C’est fort possible. Vous êtes rentré bien éméché.
— A ce point ?
— Vous voulez le taux exact d’alcoolémie ?
— Non, ça va aller. Je vous crois.

Pour une surprise, c’en était une belle. Je devais vieillir ; c’était la seule explication possible. « Qu’importe le flacon tant qu’il y a l’ivresse » me disait mon mentor. Et puis, je ne risquais pas grand-chose dans ma villa sécurisée, pilotée par une intelligence artificielle dernier cri et reliée à un service d’ordre digne des films de Steven Seagal. Qu’allait faire ma nouvelle conquête ? Me voler l’argenterie ? Dans mon monde, tout était dématérialisé : les objets d’art étaient remplacés par des représentations holographiques, l’argent était virtuel, les meubles faisaient partie intégrante de l’architecture et cette dernière se reconfigurait à volonté. Je payais assez cher le loyer pour ne pas me faire emmerder par des détails du genre « Où ai-je mis mon billet de cinq cents dollars ? » et Sharon, en plus de fliquer mes retours de beuverie, veillait au grain en matière d’ordre et de rigueur.

Je reportai le mystère Dugommeau à plus tard et me vautrai dans ma baignoire ronde, programmée par Sharon en mode remous, avec force sels et vibrations. Un régal.
Une voix d’hôtesse de l’air me sortit de ma torpeur vaporeuse. « Mademoiselle Dugommeau est levée et elle prétend s’appeler madame Ghautier. » m’informa Sharon. Je réprimai une énorme envie de rire et sortis en vitesse de mon bain. « Madame Ghautier, elle est bonne celle-là ! ». J’en avais entendu des balivernes dans ma chienne de vie mais jamais de ce calibre.
En arrivant dans le salon, je vis Olga, pardon, Mireille, de plein pied, paradant dans mon intérieur telle Marie-Antoinette devant le Tiers-Etat. Une irrépressible envie de la guillotiner traversa mon esprit.
— Mademoiselle Dugommeau, avez-vous bien dormi ?
— C’est bon chéri, tu peux m’appeler Mireille. Oublie Dugommeau, c’est du passé, maintenant je suis ta régulière, ton officielle, ta moitié.
— Les blagues les plus courtes sont les meilleures. Jamais je ne me suis marié et d’ailleurs cette pensée ne peut pas effleurer mon cerveau. C’est génétique. Je suis un homo celibatus.
— Cause toujours, mon Donald. Pour me mettre dans ton lit, tu la jouais moins célibataire. Veux-tu que je te fasse écouter ta sérénade, la soupe romantique que tu m’as servie pour m’emballer ?
— Des clous. Je n’en crois pas un mot.
— Tu me fais marrer. Je savais que je touchais le gros lot avec un abruti dans ton genre. Tiens, prends cet enregistrement et demande à ta Sharon de le projeter sur grand écran et en Technicolor.
Sur ces mots, Mireille me tendit un cube holographique, le type de dispositif que même les gars comme moi n’achètent pas tous les jours tellement ça coûte les yeux de la tête. Je pris l’objet du délit, je le posai sur la console multimédia et je demandai à Sharon de le lire.
Le résultat surpassa mes pires cauchemars : j’étais bien avec Mireille Dugommeau, devant un officier municipal, en train de prêter serment de fidélité à ma désormais épouse, devant un parterre d’inconnus. J’avais déjà entendu parler de ces procédures expresses mais je les croyais cantonnées à Las-Vegas. Visiblement, la simplification administrative avait fait des émules à Paris, pourtant capitale du tout compliqué et des embrouilles franchouillardes.
Je regardai la nouvelle Madame Ghautier ; côté physique, elle assurait plutôt bien, par contre pour le fair-play elle avait encore une marge de progression. Je m’inclinai cependant devant une situation aussi désespérée et tentai, pour la forme, une réplique de circonstance.
— Un petit bisou, entre jeunes mariés ?

Posté le : 22/09/2014 22:17
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Re: Défi du 20-09-2014
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Donald,

J'adore lorsque tu digresses car tu le fais aussi bien que Bacchus et cela fait tout votre charme, sous lequel je suis( même si je ne suis pas blonde)

Un brin de futurisme, du cynisme et un final à la Hollywood. Tout bon !

Tu as encore une petite place dans ta grande baignoire à remous ? Si Sharon pouvait me couler un bain....

Merci Donald

Bises

Couscous

Posté le : 24/09/2014 17:27
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Re: Défi du 20-09-2014
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Profession : purificatrice

Je regarde mon jardin et je me sens particulièrement bien. J’ai fait un rêve bizarre, un homme marchait dans la campagne, il avait un chien et un bâton de marche. Il m’abordait et m’annonçait que j’étais un ange, pas plus pas moins ! Comme je ne le prenais pas au sérieux, il m’expliquait le plus simplement du monde les raisons qui faisaient qu’il était temps que je m’en rende compte, que j’avais une mission à accomplir sur la terre, et qu’il était là pour m’aider.

- Rendu compte de quoi ? Je n’ai pas d’ailes dans le dos, pas de pouvoirs surnaturels, et de toute façon je ne crois pas à ces bêtises.

Il a semblé contrarié.

- Tu n’as pas à croire ou ne pas croire, c’est un fait ! Comment t’appelles-tu ?
Cet illuminé me raconte que je suis un ange, mais il ne sait pas comment je m’appelle…

- Arielle, je pensais que vous le saviez !

- Bien sûr que je le sais. Mais tu es bien ignorante. Ariel est un ange, comme Raphaël. Je m’appelle Raphaël, et mon chien s’appelle Tobie. Nous devons travailler ensemble.

- Ecoutez Raphaël, j’ai assez à faire comme ça, je n’ai pas besoin de missions supplémentaires. Ma préoccupation actuelle est de m’occuper de mes enfants et de pourvoir à nos besoins, c’est une occupation à plein temps, je vous assure !

- Bien sûr, mais le temps est venu. Tu accomplis déjà beaucoup de choses sans le savoir. Connais-tu la signification de ton prénom ?

- La gardienne de l’Autel je crois.

- Oui c’est cela. Le Lion de Dieu aussi. Quel est ton signe astrologique ?

- Lion mais ça ne veut rien dire.

- Peut-être, peut-être. L’ange Ariel apparait aux gens dans un halo de lumière rose pâle. Les humains savent qu’il s’adresse à eux, quand ils aperçoivent cette teinte, ou quand ils voient des représentations de lion. La mission d’Ariel est de protéger la Terre et tous les êtres vivants qui la peuplent.

- Pas mal comme mission, et moi qui pensait adhérer à un parti politique qui défendrait l’écologie !

- Ce n’est pas un hasard.

- Ecoute Raphaël, merci pour cette révélation. Les histoires d’anges gardiens, ce n’est pas trop mon truc. C’est très sympa, mais ce n’est pas quelques coïncidences qui font que j’y croirai. Des milliers de personnes s’appellent Ariel, ils seront peut-être plus motivés que moi.

- C’est tout à fait vrai, mais tous ne sont pas comme toi. Tu ne peux rien faire contre. Je te laisse réfléchir. Nous nous reverrons, nous n’avons pas le choix. Tu verras c’est formidable.

Raphaël me sourit, il a un visage spécial, radieux, des cheveux bouclés. Il a un visage d’ange. Je rêve, c’est donc normal.

A mon réveil, le souvenir de mon nouvel ami est encore très présent. En ouvrant les volets, je me rends compte que de nouvelles fleurs sont encore apparues, c’est une explosion, de rose, rouge et mauve. Des merles ont élu domicile dans le laurier, ils doivent avoir des petits, il y a un bruit pas possible. J’ai vu un nid d’hirondelles sous le toit, et les chats du quartier semblent penser que mon carré de verdure fait partie de leur territoire. Depuis que j’habite dans cette maison, j’aurais pu adopter une dizaine de matous, ils semblent tous décidés à venir habiter chez moi. Si je me laissais faire, j’aurais aussi quelques chiens. A chaque fois que je me promène dans la campagne, je me retrouve avec un compagnon à quatre pattes sur mes talons. C’est vrai que je suis entourée de fleurs roses et d’animaux. C’est amusant. J’allume la radio :

- Lion : belle journée en perspective. Restez près de la nature, c’est votre élément. Vos amis écouteront vos conseils avisés. Qu’on est bien à vos côtés !

Sympa cet horoscope ! J’ai bien fait de l’écouter, bon c’est un peu flippant aussi, j’ai l’impression d’entendre Raphaël me dire :

- Tu vois bien que j’ai raison !

Je prends mon caddie et je pars au marché retrouver mes copains, le maraîcher, le boulanger et un ou deux clients qui viennent à la même heure que moi. On s’échange les potins, et des recettes de cuisine. Le stand de fruits et légumes est très coloré :

- Le boulanger a perdu son chien, je préfère vous prévenir.

Ça ne fait pas longtemps que je viens sur cette place, pourtant j’ai déjà l’impression que tout le monde me connait, on me sert la main et le boulanger me tutoie et me fait même la bise ! Le papy que je rencontre chaque samedi est là aussi.

- Vous êtes radieuse ! Je suis impressionné par votre élégance ! Le rose de votre pantalon et le noir de votre blouson se retrouvent sur votre écharpe et même sur votre caddie à roulettes, bravo !

C’est vrai que je n’ai pas fait attention, mais toutes les couleurs de ma tenue sont assorties, j’aime beaucoup le rose, j’ai pas mal de vêtements et d’accessoires de cette teinte… Je vous entends, vous, lecteur, ça n’a aucun rapport !!

Je fais le plein de végétaux comestibles, mon admirateur me donne la recette de la soupe glacée aux fanes de radis et me conseille d’acheter plutôt des kiwis jaunes qui sont plus sucrés que les verts.
Le boulanger m’accueille avec les yeux rougis.

- Bonjour, tu es lumineuse. Ça me fait du bien de te voir.

Il me claque la bise. Lumineuse, hum.

- J’ai perdu mon boxer de 12 ans, elle s’est couchée sur la pelouse hier soir, et elle est morte, c’est dur.

Je compatis, le pauvre il a l’air si malheureux !

- Merci, tu vois rien que de t’en parler, je me sens déjà mieux.

Ce rêve m’a vraiment perturbée, j’ai l’impression que tout ce que m’a dit Raphaël se vérifie. Il faut que je chasse ces idioties de mon esprit.

Devant ma maison, je rencontre ma voisine.

- Vous avez le temps ?

Bien sûr que j’ai le temps, elle n’a pas l’air bien.

- Mon mari a la maladie de Parkinson, c’est insupportable. Il veut tout repeindre dans la maison, je le laisse faire. Il perd le moral quelquefois, je dois le soutenir, mais j’avoue que je n’ai pas toujours l’énergie de le faire.

Après une demi-heure de discussion sur le trottoir, elle a retrouvé le sourire, et arrive même à plaisanter.
J’ai pris du retard sur mon planning. Cet après-midi je voudrais aller me balader sur les sentiers de randonnées de la région. J’ai prévu une marche de trois heures avec pique-nique. Je prépare mon sac : le fromage de la fermière du marché accompagné de ma baguette tradition, une banane, et une petite bouteille d’eau. C’est parti ! Il y a de superbes paysages, j’ai besoin de respirer l’odeur de l’herbe et des fleurs des champs, de voir des vaches dans des prés bien verts. C’est mon côté proche de la nature, vous l’avez deviné. Beaucoup de gens sont comme moi, ça n’a aucun rapport je vous dis !

En marchant sur les chemins, je me retourne plusieurs fois. Et si je rencontrais Raphaël avec son chien et son bâton de randonneur ? Heureusement, pas d’ange à l’horizon. J’ai un peu peur de perdre la boule.
Je me sens bien après ma petite balade. Le soir, j’ai un mail d’une amie :

« Merci d’avoir pris de mes nouvelles, tu es un ange ! »

Aïe ! Ça continue ! Sur mon portable, j’ai deux messages que je n’ose pas lire jusqu’au bout :

« Bonjour mon ange »

« Tu es vraiment un ange »

Ça suffit !

Il faut que je me renseigne un peu, voyons ce qu’internet dit de ce soi-disant ange, voilà un site : http://angels.about.com/

« Dans le Livre de Salomon Ariel est décrit comme un ange qui punit les démons. Dans des textes plus récents, le rôle d’Ariel est de soigner la nature et dans La Hiérarchie des Anges, Ariel est appelé « Dieu de la Terre ».
Ariel fait partie des anges appelés les Vertus, ils inspirent les gens sur Terre, créent l’Art et inspirent les grandes découvertes scientifiques. Ariel est le patron des animaux sauvages. Certains chrétiens considèrent qu’Ariel est le saint patron des nouveaux départs. »

Le saint patron des nouveaux départs, je m’en serais bien passée de tous ces nouveaux départs que la vie m’a obligée à faire.

« Dieu donnerait à Ariel la tâche d’éduquer ceux qui ont calomnié leur prochain. »

C’est un sacré boulot ça ! Je ne vais pas chômer !

« Pour les punir, ils sont conduits devant Yaldabaoth et ses 49 démons. Ils sont fouettés violemment pendant onze mois et vingt-et-un jours. Ensuite, ils sont jetés dans des cours d’eau et des mers bouillonnants et brûlés pendant encore onze mois et vingt et un jours. »

Joli programme !

«Après cela, ils seront amenés dans l’Ordre du Milieu où les dirigeants les châtieront à nouveau pendant onze mois et vingt et un jours. Ensuite, ils sont conduis devant la Vierge de la Lumière qui juge les vertueux et les pêcheurs. Ils sont plongés dans une eau qui se transforme en feu purifiant. Ce jugement n’est donc pas une punition mais une purification»

Quel tissus de bêtises, comment est-ce que des gens saints d’esprit peuvent croire à des âneries pareilles ! Les pauvres, ça m’étonnerait que la Vierge de la Lumière en reçoive beaucoup, ils sont morts avant d’arriver jusqu’à elle.

- Détrompe-toi, tout cela est symbolique. Ton travail est bien de purifier les personnes qui n’ont pas respecté la Terre et ses occupants. Tu dois leur enseigner la vertu.

C’est Raphaël qui a parlé, je ne sais pas comment il est entré, mais il est bien présent dans mon salon avec son chien que mon chat n’attaque même pas.

- Il y a bien des façons d’amener les gens à changer leur comportement, il faut être patient, et expliquer inlassablement. Une fois que tu t’es intéressée à eux, que le mal qu’ils font est identifié et qu’ils n’ont pas suivi tes conseils, le processus se met en branle.

- Tu plaisantes j’espère ! Je ne vais plus oser parler aux gens. De toute façon, je ne crois pas à ces fadaises.

Je dois avouer que quand même ça ne me déplairait pas de me venger de certaines personnes…

- Il ne s’agit pas de vengeance mais de purification, et je suis chargé de t’aider dans cette tâche.
Il entend tout ce que je pense celui-là ! Il me sourit malicieusement…

- Tu enseignes aux gens ce qu’il faut faire pour ne plus faire de mal, c’est ton métier je crois ? Tu vois, c’est encore un signe. Je suis le « médecin du ciel », je suis chargé de les guérir. Tu comprends ?

- Je comprends, mais si je suis déjà un ange, le travail a peut-être commencé ?

- Il a commencé en effet.

Il me tend une pile de journaux. J’y découvre des gens qui ont croisé mon chemin. Des personnes qui avaient fait du mal autour d’eux, que j’avais conseillé, mis en garde ou combattus. Ils ont tous subis des accidents ou des blessures psychologiques très graves, qui font que le cours de leur vie a complètement changé.

Tiens mon ex ! Pas mal la purification qu’il a enduré, à mon avis il a compris la leçon. C’est sympa ce boulot finalement !

Posté le : 04/10/2014 18:10
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Re: Défi du 20-09-2014
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Arielle,

Tu as bien fait de prendre ton temps pour nous proposer un texte recherché, caustique et drôle.

Non, ne vient pas me rendre visite ! Oui, j'avoue, je ne trie pas TOUS mes déchets...

Merci !

Couscous

Posté le : 05/10/2014 13:55
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Re: Défi du 20-09-2014
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COMMENT !!!!!!

Posté le : 05/10/2014 15:17
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Re: Défi du 20-09-2014
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Arielle,

C'est un cauchemar, rassure moi.
Être suivi par un ange tout le temps, c'est pire que le programme ECHELON.
Enfoncées la CIA et la NSA !
Je te conseille un petit cocktail lysergique, avec une variante dite 'de Mouscron' et composée de houblon du Hainaut. C'est roots mais ça fait du bien. Et puis si tu te promènes nue sur la place de ton quartier, tu feras aussi des heureux.

A bientôt,

Donald.

PS: J'ai appris plein de trucs sur les anges, ceci-dit.

Posté le : 07/10/2014 18:38
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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