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André Breton 1
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Le 28 septembre 1966, à Paris, meurt à 70 ans André Breton

essayiste, théoricien du surréalisme, poète, écrivain théoricien du surréalisme et dadaïsme, poète et écrivain Poésie, récit, essai, peinture, ses Œuvres principales sont Manifestes du surréalisme 1924-1930, Nadja en 1928, L'Amour fou en 1937, Le Surréalisme et la peinture entre 1928-1965, il naît à Tinchebray dans l'Orne, le 19 février 1896.
Auteur des livres Nadja, L'Amour fou et des différents Manifestes du surréalisme, son rôle de chef de file du mouvement surréaliste, et son œuvre critique et théorique pour l'écriture et les arts plastiques, en font une figure majeure de l'art et de la littérature française du XXe siècle.


En Bref

Qui suis-je ? demandait André Breton au début d'un de ses livres les plus célèbres, Nadja. C'est son œuvre tout entière qui apporte la réponse, mais la question pour lui n'a jamais été close. Homme d'une ténacité exigeante dans ses choix profonds et en même temps homme de la liberté intérieure la plus inlassable, homme du mouvement, il s'avance à la découverte des vraies valeurs de la vie et de ce qui les fonde en se cherchant lui-même. Aussi les faits et les dates de son existence sont-ils les jalons d'une aventure humaine souvent pathétique et de valeur exemplaire, dans une époque déchirée et bouillonnante, où ont été et demeurent mises en question les vieilles idées sur l'homme et le monde, ces idées reçues que Breton voulait anéantir par la force des idées à faire recevoir.
Fondateur du surréalisme, il maintient parfois avec intransigeance les principes d'origine du mouvement et une discipline collective, quitte pour cela à remettre en cause ses propres choix en matière d'hommes ou d'œuvres. La fidélité aux idées et aux émotions formées très tôt en lui, notamment une conception absolue de l'amour, n'exclut pas un sens de la quête permanente et le désir d'être toujours étonné. Il sera d'emblée attiré par la recherche de la modernité, mais vite insatisfait par les limites qu'il perçoit dans ce qu'on appellera les avant-gardes au début du siècle. Sensible à toutes les audaces esthétiques, il ne perd jamais de vue leurs implications morales, et la recherche de l'esprit nouveau ne le quittera pas. Il restera comme un remarquable rassembleur, et un éveilleur de conscience.
Jeune étudiant en médecine, puis mobilisé, il se passionne pour la psychiatrie, et fait la rencontre déterminante de Jacques Vaché en 1916, à Nantes. Avec notamment Aragon et Soupault, il fonde la revue Littérature. Les aînés Francis Vielé-Griffin, Paul Valéry, Apollinaire et la lecture de Rimbaud influencent ses débuts poétiques. Rassemblés dans Clair de terre en 1923, ses premiers poèmes désarticulent la phrase, se résument en prose ou en vers libres, privilégiant le stupéfiant image découvert avec les Champs magnétiques, ensemble de textes automatiques écrits en commun avec Philippe Soupault 1920. En outre, de 1920 à 1922, il participe aux activités parisiennes du mouvement dada, auquel il adresse un bel adieu, souhaitant que la poésie conduise quelque part. Posant en 1924 les principes du surréalisme, Breton refuse l'idéalisme absolu aussi bien que la version stalinienne du matérialisme dialectique. La Révolution surréaliste sera l'organe du mouvement, puis le SASDLR, où il tente de concilier activités artistiques et adhésion au P.C. de 1927 à 1935. Les Vases communicants font la part belle aux conceptions matérialistes révolte sociale mais tout autant à l'importance du désir. La rencontre de Trotski au Mexique en 1937 lui permet enfin de concevoir un art révolutionnaire indépendant, modèle transposable au monde entier. Exilé aux États-Unis de 1941 à 1946, il publie avec ses amis la revue VVV, et s'interroge déjà en 1942 sur le sens de l'activité surréaliste.

Sa vie

André Breton est né le 19 février 1896, dans un village de l'Orne, Tinchebray, mais ses ascendances sont bretonnes et lorraines. Il passe sa petite enfance à Saint-Brieuc, auprès de son grand-père maternel auquel l'attachait une vive affection et qui lui a peut-être donné son goût des plantes, des insectes. En 1900, ses parents s'installent en banlieue parisienne. Fils unique d’une famille de la petite bourgeoisie catholique dont la mère impose une éducation rigide, André Breton passe une enfance sans histoire à Pantin Seine-St-Denis, dans la banlieue nord-est de Paris. Le souvenir de l'école communale de Pantin, comme celui du collège Chaptal qu'il fréquente de 1906 à 1912, se retrouve dans quelques passages de Saisons Les Champs magnétiques. De ces années, rendues moroses par le dur autoritarisme de sa mère, par l'ennui des routines scolaires, datent quelques-unes de ses aversions les plus affirmées : Qu'avant tout l'idée de famille rentre sous terre !L'Amour fou. Mais, vers sa quinzième année, une grande lumière perce la grisaille de l'existence, celle de la poésie dont il a la révélation soudaine grâce à un professeur, Albert Keim, par l'intermédiaire de Mallarmé. La passion de la poésie, désormais, l'absorbe tout entier ; il lit Baudelaire, les symbolistes, fréquente les séances poétiques du Vieux-Colombier, découvre Huysmans, un de ses grands enthousiasmes de jeunesse ; il écrit lui-même des poèmes. Dès cette époque, on est frappé chez lui par la rigueur des exigences, la fermeté d'un jugement qu'il sait approfondir et nuancer, le refus de toute facilité et le sens de la tenue dans l'expression ; un goût très vif pour la peinture et des prédilections durables, comme celle qui le tourne déjà vers Gustave Moreau, s'affirment en même temps. Inscrit à la faculté de médecine en octobre 1913, il continue à s'intéresser davantage à la poésie qu'à la chimie. Il rencontre Jean Royère et publie dans sa revue La Phalange, en mars 1914, trois de ses premiers poèmes ; l'un est dédié à Paul Valéry dont il fait alors la connaissance.
Il fait rapidement les premières rencontres décisives : Valéry, Apollinaire, Vaché
Au collège Chaptal, il suit une scolarité moderne sans latin ni grec, se fait remarquer par son professeur de rhétorique qui lui fait découvrir Charles Baudelaire et Joris-Karl Huysmans, et par son professeur de philosophie qui oppose le positivisme, ordre et progrès aux pensées hégéliennes, liberté de la conscience de soi qu’affectionne le jeune homme. Il se lie d’amitié avec Théodore Fraenkel et René Hilsum qui publie ses premiers poèmes dans la revue littéraire du collège. Au dépit de ses parents qui le voyaient ingénieur, Breton entre en classe préparatoire au PCN avec Fraenkel.
Au début de 1914, il adresse quelques poèmes à la manière de Stéphane Mallarmé, à la revue La Phalange que dirige le poète symboliste Jean Royère. Ce dernier les publie et met Breton en relation avec Paul Valéry.
À la déclaration de guerre, le 3 août, il est avec ses parents à Lorient. Il a pour seul livre un recueil de poèmes d’Arthur Rimbaud qu’il connait mal. Jugeant sa poésie si accordée aux circonstances, il reproche à son ami Fraenkel sa tiédeur devant une œuvre aussi considérable. Pour sa part, il proclame l’infériorité artistique profonde de l’œuvre réaliste sur l’autre. Déclaré bon pour le service le 17 février 1915, Breton est mobilisé au 17e régiment d'artillerie et envoyé à Pontivy, dans l’artillerie, pour faire ses classes dans ce qu'il devrait plus tard décrire comme un cloaque de sang, de sottise et de boue. La lecture d'articles d'intellectuels renommés comme Maurice Barrès ou Henri Bergson, le conforte dans son dégoût du nationalisme ambiant. Début juillet 1915, il est versé dans le service de santé comme infirmier et affecté à l'hôpital bénévole de Nantes. À la fin de l'année, il écrit sa première lettre à Guillaume Apollinaire à laquelle il joint le poème Décembre.
En février ou mars 1916, il rencontre un soldat en convalescence : Jacques Vaché. C’est le coup de foudre intellectuel. Aux tentations littéraires de Breton, Vaché lui oppose Alfred Jarry, la désertion à l’intérieur de soi-même et n’obéit qu’à une loi, l’Umour sans h. Découvrant dans un manue ce que l’on nomme alors la psychoanalyse de Sigmund Freud, à sa demande, Breton est affecté au Centre de neurologie à Saint-Dizier que dirige un ancien assistant du docteur Jean-Martin Charcot. En contact direct avec la folie, il refuse d’y voir seulement un déficit mental mais plutôt une capacité à la création. Le 20 novembre 1916, Breton est envoyé au front comme brancardier.
De retour à Paris en 1917, il rencontre Pierre Reverdy avec qui il collabore à sa revue Nord-Sud et Philippe Soupault que lui présente Apollinaire : Il faut que vous deveniez amis.Soupault lui fait découvrir Les Chants de Maldoror de Lautréamont, qui provoquent chez lui une grande émotion. Avec Louis Aragon dont il fait la connaissance à l’hôpital du Val-de-Grâce, ils passent leurs nuits de garde à se réciter des passages de Maldoror au milieu des hurlements et des sanglots de terreur déclenchés par les alertes aériennes chez les malades Aragon.
Dans une lettre de juillet 1918 à Fraenkel, Breton évoque le projet en commun avec Aragon et Soupault, d’un livre sur quelques peintres comme Giorgio De Chirico, André Derain, Juan Gris, Henri Matisse, Picasso, Henri Rousseau... dans lesquels serait contée à la manière anglaise la vie de l’artiste, par Soupault, l’analyse des œuvres, par Aragon et quelques réflexions sur l’art, par Breton lui-même. Il y aurait également des poèmes de chacun en regard de quelques tableaux.
Malgré la guerre, la censure et l’esprit antigermanique, parviennent de Zurich, Berlin ou Cologne, les échos des manifestations Dada ainsi que quelques-unes de leurs publications comme le Manifeste Dada. Au mois de janvier 1919, profondément affecté par la mort de Jacques Vaché, Breton croit voir en Tristan Tzara la réincarnation de l’esprit de révolte de son ami : Je ne savais plus de qui attendre le courage que vous montrez. C’est vers vous que se tournent aujourd’hui tous mes regards.
À la déclaration de guerre, le jeune Breton ne se laisse pas entraîner par l'enthousiasme belliqueux qui submerge le pays ; déclarations puérilement chauvines, confiance exorbitante en soi-même, note-t-il au lendemain même de la mobilisation. Appelé en avril 1915 dans un régiment d'artillerie à Pontivy, il essaie d'échapper par la lecture de Rimbaud et de Jarry à l'école des bons travaux abrutissants » qu'est pour lui l'apprentissage militaire. À Nantes, où il est versé au bout de quelques mois dans le service de santé, il fait la rencontre la plus décisive de sa vie, celle de Jacques Vaché (« La Confession dédaigneuse dans Les Pas perdus. Ce que lui apporte Jacques Vaché, à peine plus âgé que lui-même, c'est, par le moyen de l'humour, un exemple de « résistance absolue, à la guerre bien sûr, mais aussi, par-delà, aux hiérarchies et aux valeurs consacrées par une civilisation capable d'enfanter cette guerre. À ce monde dans lequel on n'arrive à se faire une place au soleil que pour étouffer sous une peau de bête, Vaché oppose un refus insolemment courtois, feutré, inébranlable, qu'il vit dans tous ses actes. Il n'épargne pas plus la mystique de l'art que le reste. Son exemple, que renforce et combat à la fois l'envoûtement de Rimbaud, dont Breton ne s'est pas dépris, de Lautréamont qu'il découvre, arrache le jeune poète à la délectation esthétique, mais ne tue pas en lui le goût de la poésie. Toutes les années de la guerre, qu'il passe successivement à Nantes, à Saint-Dizier où il fait fonction d'interne dans un centre neuropsychiatrique militaire et s'initie avec passion aux théories de Freud, à la Pitié dans le service du professeur Babinski, au Val-de-Grâce, puis à Saint-Mammès près de Fontainebleau, sont occupées par un très complexe débat qu'il soutient avec lui-même. Son premier recueil de poèmes, Mont de piété 1919, montre comment, sous l'influence de Rimbaud, Apollinaire, Reverdy, il s'éloigne des leçons de Mallarmé et de Valéry ; plus important encore est le glissement général d'orientation qui s'y révèle : à l'interrogation sur les formes de la poésie ont succédé les recherches sur sa nature. Car si Breton ne veut plus vivre pour elle, il ne peut vivre que par elle.

La naissance du surréalisme

Des prédilections communes, la foi dans les pouvoirs de la poésie ont rapproché de lui, dans les années 1917-1918, Louis Aragon et Philippe Soupault. En mars 1919, ils fondent une revue, Littérature, qui publie les Poésies de Ducasse, les Lettres de guerre de Jacques Vaché, mort, accident ou suicide ? en janvier 1919, et les premiers textes obtenus par Breton et Soupault au moyen de l' écriture automatique. Breton a été à la fois le découvreur et le théoricien de l'écriture automatique, dont la pratique lui a été suggérée par l'observation des états de demi-sommeil et la méthode freudienne des associations spontanées. Elle exige que l'esprit se mette en état de vacance, afin que s'abolissent les contrôles qui pèsent sur la pensée surveillée, logique, morale, goût ; la vitesse de l'écriture est une des conditions du succès, mais les difficultés n'ont jamais échappé à Breton : il sait que la voix intérieure ne se laisse pas aisément capter, que de multiples interférences se produisent, que la tentation esthétique rôde Le Message automatique, 1933, dans Point du Jour. L'écriture automatique n'en demeure pas moins, selon la formule de Maurice Blanchot, une aspiration orgueilleuse à un mode de connaissance. Mais elle est aussi agissante : mettant en mouvement des forces inconnues, des désirs profonds, en même temps qu'elle nous révèle à nous-mêmes, à notre insu elle nous libère et nous change. Les Champs magnétiques, œuvre commune d'André Breton et Philippe Soupault qui paraît au printemps de 1920, constituent ainsi la première affirmation du surréalisme. L'adhésion spontanée du groupe de Littérature aux négations de Tzara, qui retrouve parfois le ton même de Vaché, la célébrité des batailles dadaïstes en 1920 et 1921 ont masqué souvent ce fait important : la conception neuve de l'inspiration et de la poésie qui est au cœur du surréalisme s'est dégagée indépendamment de Dada. Très vite, Breton ne peut plus se satisfaire du nihilisme de ce dernier et de ses manifestations qu'il juge stéréotypées et pauvres ; dès le printemps de 1921, lors du procès symbolique intenté à Barrès pour attentat à la sûreté de l'esprit et mené par Breton aux yeux de qui les revirements de Barrès engagent le destin de toute révolte, commence la dislocation de Dada. Elle s'achève au printemps de 1922 à travers les péripéties et les polémiques que suscite la tentative de réunion d'un Congrès international pour la détermination et la défense des tendances de l'esprit moderne, dont Breton a pris l'initiative et qui se solde par un échec.
Entre 1922 et 1924, le groupe réuni autour de Littérature, auquel se sont joints entre autres Eluard, Péret, Desnos, Crevel, se livre à diverses expériences dont Breton s'attache dans ses articles à dégager l'importance pour l'exploration de l'inconscient ; à l'écriture s'ajoutent les dessins automatiques, les récits de rêves, les jeux, les paroles ou écrits obtenus dans le sommeil hypnotique. Années difficiles où le surréalisme, bien qu'il se soit déjà largement trouvé, hésite encore sur lui-même. Elles voient passer sur Breton la tentation du silence. C'est la poésie qui lui permet de la surmonter, avec le beau recueil de Clair de terre, à la fin de 1923. Désormais, une étape décisive est franchie ; la publication au printemps de 1924 des Pas perdus, recueil d'articles écrits entre 1918 et 1923, fruits d'une quête de cinq années, semble ouvrir la voie aux nouvelles entreprises ; ce sont presque conjointement, à l'automne de 1924, le Manifeste du surréalisme suivi des poèmes en prose de Poisson soluble, et en décembre le premier numéro de la revue La Révolution surréaliste, dont la couverture déclare : Il faut aboutir à une nouvelle déclaration des droits de l'homme. Ces droits, le Manifeste les affirme hautement. La célébration de la liberté, essence de l'être humain – liberté couleur d'homme, avait déjà dit Breton dans une admirable image –, accompagne ici le refus de la vie donnée. C'est par l'imagination, par le rêve qui nous découvrent avec nos vrais besoins l'immense champ du possible que la liberté se nourrit et s'exalte, défiant le vieux malheur humain.

Attirance et dangers du communisme

Ainsi, dès sa naissance, le surréalisme se déclare en état de non-conformisme absolu. Rien de surprenant à ce qu'il rencontre un autre non-conformisme, celui des jeunes intellectuels communistes ou proches du communisme de la revue Clarté, principalement à l'occasion de la guerre du Maroc, qui vers le milieu de 1925 provoque une nouvelle flambée de nationalisme. À ce contact, l'attention de Breton se tourne vers le grand bouleversement qui est en train de s'opérer à l'Est ; transporté par la lecture du Lénine de Léon Trotski, en août 1925, il désigne à ses amis le communisme comme le plus merveilleux agent de substitution d'un monde à un autre qui fût jamais. Cette orientation est pour lui la source de longues difficultés : difficultés dans le groupe surréaliste même, certains refusant le passage à l'activité politique, d'autres le voulant total ; difficultés avec la direction communiste, à qui le sens de l'activité surréaliste échappe complètement et qui la regarde avec suspicion. Mais Breton, bien qu'il ait adhéré en 1927 au Parti communiste, se refuse à renoncer aux recherches proprement surréalistes, comme l'attestent Légitime défense et Au grand jour. Aussi son activité dans les rangs du parti est-elle de peu de durée. Cependant sa rupture définitive avec le communisme officiel n'intervient qu'après plusieurs années de heurts, notamment au sein de l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires, dont il a été un membre très actif ; elle se produit en juin 1935, lors du Congrès international pour la défense de la culture, Position politique du surréalisme. Il n'en continue pas moins à mener avec ses amis une lutte sans défaillance contre le monde capitaliste, intervenant vigoureusement dans tous les combats, contre le colonialisme sous toutes ses formes, contre la montée du fascisme en 1934, contre la fausse neutralité du gouvernement français lors de la révolution espagnole, contre la guerre impérialiste. Il est de ceux qui se battent dans la position la plus périlleuse, sur deux fronts ; ennemi du monde bourgeois, il estime qu'il n'en doit pas moins dénoncer avec vigueur les erreurs et les tares du régime soviétique sous la direction de Staline et dit sa défiance à l'égard du chef tout-puissant sous lequel ce régime tourne à la négation même de ce qu'il devrait être et de ce qu'il a été. Il est un des premiers, en 1936 et 1937, à s'élever contre les procès de Moscou. Dans le domaine intellectuel, au temps où triomphe le dogme du réalisme socialiste, Breton ne cesse d'affirmer le droit pour l'artiste à une recherche libre ; l'art et la poésie, s'ils se plient à des directives et à des fins qui leur sont extérieures, s'appauvrissent et se nient. On ne peut régenter du dehors l'obscur laboratoire intérieur où l'œuvre d'art prend naissance, mais toute œuvre digne de ce nom porte en elle-même une contestation de la réalité présente, toute œuvre digne de ce nom est libératrice : Le besoin d'émancipation de l'esprit n'a qu'à suivre son cours naturel pour être amené à se fondre et à se retremper dans cette nécessité primordiale : le besoin d'émancipation de l'homme.

L'expérience humaine

Durant ces quelque dix ans où Breton, inlassablement, se bat pour la vérité de la révolution et pour la vérité de l'art, la grande aventure mentale qu'est pour lui le surréalisme ne s'en poursuit pas moins ; car il possède à un exceptionnel degré le pouvoir d'embrasser d'un même regard tous les niveaux de l'expérience humaine. De ce temps datent quelques-uns de ses plus importants ouvrages. Après l'Introduction au discours sur le peu de réalité, d'une rare intensité poétique, c'est en 1928 Nadja, récit et non roman ; par-delà le personnage réel de l'héroïne, riche de pouvoirs insolites et si totalement démunie, messagère du merveilleux, annonciatrice de la grande révélation amoureuse, mais elle-même vouée au désastre, un style de vie se dessine : la disponibilité, l'attente, l'ouverture à l'imprévisible qui fait éclater la croûte figée de l'existence et enfin la change. En 1928 également paraît en volume Le Surréalisme et la Peinture ; la peinture, comme la poésie, est moyen de libération et non seulement objet de délectation ; le contenu primant la forme, l'œuvre est qualifiée par référence à un modèle purement intérieur, d'un bout à l'autre de la gamme des techniques et des styles.
La Révolution surréaliste, que Breton dirige depuis 1925, meurt en 1929, avec, dans le douzième et dernier numéro, une belle enquête sur l'amour, qui s'affirme comme une des valeurs surréalistes essentielle, et le Second Manifeste du surréalisme. Son aspect polémique, sa violence – Breton y prend à partie les dissidents – tiennent, pour une part au moins, à son but, qui est de redéfinir les fondements du surréalisme, pour l'extérieur comme pour lui-même : la révolte devant ce qui est, que ne peut épuiser la seule exigence sociale, la rigueur morale devant la tentation esthétique, la volonté d'action dans tous les domaines, mais l'autonomie totale de la recherche surréaliste, la récupération par l'esprit de tous ses pouvoirs, la liberté, toujours. Les Vases communicants 1932 précisent encore le projet. Breton établit, par l'analyse de ses rêves et d'épisodes apparemment insignifiants d'un moment de sa vie, qu'un rapport étroit, le désir, unit le rêve et la veille, commandant en secret même l'action la plus éloignée de lui. Aussi la connaissance de la subjectivité n'a pas à céder le pas devant la volonté de transformation sociale ; loin de la contrarier, elle la maintient vivante, en lui apportant la sève puisée aux profondeurs : Le poète à venir surmontera l'idée déprimante du divorce irréparable de l'action et du rêve. Dans cette œuvre, comme toujours chez Breton, la réflexion théorique ne s'exerce pas aux dépens de la poésie qui, d'un coup d'aile, emporte les pages les plus abstraites, le récit le plus volontairement dépouillé. La conscience poétique du monde s'est élevée si haut que l'écrivain peut à la fois conduire une méditation ardue sur la condition de l'homme et donner quelques-uns de ses plus brûlants poèmes. Dans les textes nouveaux du Revolver à cheveux blancs 1932 comme dans L'Union libre 1931, la houle des images déferle en un mouvement ample et assuré, qui donne à cette voix un timbre unique. Les expérimentations poétiques se poursuivent aussi : en 1930, Ralentir travaux, en collaboration avec René Char et Paul Eluard, puis L'Immaculée Conception en collaboration avec Eluard.
Pourtant, durant ces années fécondes – Breton dirige aussi la revue Le Surréalisme au service de la révolution 1930-1933, où il entreprend d'intéressantes recherches sur l'objet –, il traverse une des périodes les plus sombres de sa vie. Une amitié de près de quinze ans se défait, quand Aragon rompt avec le groupe 1932 pour donner au Parti communiste une adhésion totale ; les désaveux, les atermoiements qui ont accompagné cette démarche amènent les surréalistes à la considérer comme une désertion et un abandon intellectuel et moral. D'autre part, la vie intime du poète est déchirée ; vers 1929 son mariage 1921 avec Simone est rompu. Les difficultés matérielles, toujours présentes, sont devenues écrasantes ; c'est, au sens propre, la misère. Cependant, la loi mystérieuse des compensations à laquelle il croyait, se sauvant ainsi du pessimisme auquel sa nature l'inclinait, lui apporte en 1934 la lumière d'une étoile nouvelle ; il rencontre et épouse Jacqueline ; une fille, Aube, leur naît en 1935. Après les poèmes de L'Air de l'eau 1934, L'Amour fou 1937, où l'écrit porté par l'existence même la commande à son tour, montre avec éclat un des caractères singuliers de l'œuvre de Breton : surgie tout entière de son expérience, mais aussi éloignée qu'il est possible de l'autobiographie, elle atteste que par le surréalisme s'opère la fusion du réel et de l'imaginaire, de la poésie et de la vie.

Littérature - Les Champs magnétiques - Dada à Paris

Projetée depuis l’été précédent par Aragon, Breton et Soupault les trois mousquetaires comme les appelait Paul Valéry, la revue Littérature est créée14 dont le premier numéro paraît en février 1919. Rencontré le mois suivant, Paul Éluard est immédiatement intégré dans le groupe.
Après la parution de Mont de piété, qui regroupe ses premiers poèmes écrits depuis 1913, Breton expérimente avec Soupault l'écriture automatique : textes écrits sans aucune réflexion, à différentes vitesses, sans retouche ni repentir. Les Champs magnétiques, écrit en mai et juin 1919, n’est publié qu’un an plus tard. Le succès critique en fait un ouvrage précurseur du surréalisme.
Dans Littérature paraissent successivement les Poésies de Lautréamont, des fragments des Champs magnétiques et l’enquête Pourquoi écrivez-vous ?, mais Breton reste insatisfait de la revue. Après avoir rencontré Francis Picabia dont l’intelligence, l’humour, le charme et la vivacité le séduisent, Breton comprend qu’il n’a rien à attendre des aînés, ni de l’héritage d’Apollinaire : l’Esprit nouveau paré du bon sens français et son horreur du chaos, ni du réveil de Paul Valéry, pas plus que des modernes Jean Cocteau, Raymond Radiguet, Pierre Drieu La Rochelle perpétuant la tradition du roman qu’il rejette et rejettera toujours.
Le 23 janvier 1920, Tristan Tzara arrive enfin à Paris. La déception de Breton de voir apparaître un être si peu charismatique est à la hauteur de ce qu’il en attendait. Il se voyait avec Tzara tuer l’art, ce qui lui paraît le plus urgent à faire même si la préparation du coup d’État peut demander des années. Avec Picabia et Tzara, ils organisent les manifestations Dada qui suscitent le plus souvent incompréhension, chahuts et scandales, buts recherchés. Mais dès le mois d’août, Breton prend ses distances avec Dada. Il refuse d’écrire une préface à l’ouvrage de Picabia Jésus-Christ rastaquouère : Je ne suis même plus sûr que le dadaïsme aitgain de cause, à chaque instant je m’aperçois que je le réforme en moi.
À la fin de l’année, Breton est engagé par le couturier, bibliophile, et amateur d’art moderne Jacques Doucet. Ce dernier, personnalité éprise de rare et d’impossible, juste ce qu’il faut de déséquilibre, lui commande des lettres sur la littérature et la peinture ainsi que des conseils d’achat d’œuvres d’art. Entre autres, Breton lui fera acheter le tableau Les Demoiselles d'Avignon de Picasso.
Après le procès Barrès 22 mai 1921, rejeté par Picabia et au cours duquel Tzara s’est complu dans une insolence potache, Breton considère le pessimisme absolu des dadaïstes comme de l'infantilisme. L’été suivant, il profite d’un séjour dans le Tyrol pour rendre visite à Sigmund Freud à Vienne, mais ce dernier garde ses distances avec le chef de file de ceux qu'il est tenté de considérer comme des fous intégraux.

Rupture avec Dada - Naissance du surréalisme - Premier manifeste

En janvier 1922, Breton tente d’organiser un Congrès international pour la détermination des directives et la défense de l’esprit moderne. L’opposition de Tzara en empêche la tenue. Une nouvelle série de Littérature avec Breton et Soupault pour directeurs, recrute de nouveaux collaborateurs comme René Crevel, Robert Desnos, Roger Vitrac mais, définitivement hostile à Picabia, Soupault prend ses distances avec les surréalistes. Avec Crevel, Breton expérimente les sommeils hypnotiques permettant de libérer le discours de l’inconscient. Ces états de sommeil forcé vont révéler les étonnantes facultés d’ improvisation de Benjamin Péret et de Desnos. À la fin février 1923, doutant de la sincérité des uns et craignant pour la santé mentale des autres, Breton décide d’arrêter l’expérience.
Breton semble fatigué de tout : il considère les activités de journalisme d’Aragon et Desnos, pourtant rémunératrices, comme une perte de temps. Les écrits de Picabia le déçoivent, il s’emporte contre les projets trop littéraires de ses amis — toujours des romans !. Dans un entretien avec Roger Vitrac, il confie même son intention de ne plus écrire. Cependant, au cours de l’été suivant, il écrit la plupart des poèmes de Clair de terre.
Le 15 octobre 1924, paraît, en volume séparé, Le Manifeste du surréalisme initialement prévu pour être la préface au recueil de textes automatiques Poisson soluble. Instruisant le procès de l’attitude réaliste, Breton évoque le chemin parcouru jusque-là et définit ce nouveau concept, revendique les droits de l’imagination, plaide pour le merveilleux, l’inspiration, l’enfance et le hasard objectif.
SURRÉALISME, n. m. Automatisme psychique pur, par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale.
- Encycl. Philos. Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d’associations négligées jusqu’à lui, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes de la vie.
Quelques jours après, le groupe publie le pamphlet Un cadavre, écrit en réaction aux funérailles nationales faites à Anatole France : Loti, Barrès, France, marquons tout de même d’un beau signe blanc l’année qui coucha ces trois sinistres bonshommes : l’idiot, le traitre et le policier. Avec France, c’est un peu de la servilité humaine qui s’en va. Que soit fêté le jour où l’on enterre la ruse, le traditionalisme, le patriotisme et le manque de cœur !

Transformer le monde et changer la vie 1925-1938 La Révolution surréaliste

- Nadja- Adhésion au PCF - Premières ruptures

Le 1er décembre 1924, paraît le premier numéro de la Révolution surréaliste, l’organe du groupe que dirigent Benjamin Péret et Pierre Naville. Breton radicalise son action et sa position politique. Sa lecture de l’ouvrage de Léon Trotski sur Lénine et la guerre coloniale menée par la France dans le Rif marocain le rapproche des intellectuels communistes. Avec les collaborateurs des revues Clarté et Philosophie, les surréalistes forment un comité et rédigent un tract commun :La Révolution d’abord et toujours.
En janvier 1927, Aragon, Breton, Éluard, Péret et Pierre Unik adhèrent au parti communiste français. Ils s’en justifient dans le tract Au grand jour. Breton est affecté à une cellule d’employés au gaz.
Le 4 octobre 1926, il rencontre dans la rue Léona Delcourt, alias Nadja. Ils se fréquentent chaque jour jusqu’au 13 octobre. Elle ordonne à Breton d’écrire « un roman sur moi. Prends garde : tout s’affaiblit, tout disparaît. De nous il faut que quelque chose reste.... Retiré au manoir d’Ango, près de Varengeville-sur-Mer, au mois d’août 1927, en compagnie d’Aragon, Breton commence l’écriture de Nadja. En novembre, à l’occasion d’une lecture qu’il fait au groupe, Breton rencontre Suzanne Muzard. C’est le coup de foudre réciproque. Bien qu’elle soit la maîtresse d’Emmanuel Berl, elle partage avec Breton une aventure passionnée et orageuse. Elle demande à Breton de divorcer d’avec Simone, ce à quoi il consent, mais freinée dans ses désirs d’aventure, par son goût du confort et de la sécurité matérielle, elle épouse Berl, sans pour autant rompre définitivement avec Breton. La relation faite de ruptures et de retrouvailles perdurera jusqu’en janvier 1931. Pour elle, Breton ajoute une troisième partie à Nadja.
Cet amour malheureux pèse sur l’humeur de Breton : mésententes dans le groupe, détachement de Robert Desnos, altercation en public avec Soupault, fermeture de la Galerie Surréaliste pour cause de gestion négligée... La parution du Second manifeste du surréalisme décembre 1929 est l'occasion pour Breton de relancer le mouvement et, selon l'expression de Mark Polizzotti, dit tous les changements que le mouvement a connus pendant ses cinq premières années et en particulier le passage ... de l'automatisme psychique au militantisme politique. Breton est alors plongé dans la lecture de Marx, Engels et Hegel ; et la question du réel dans sa dimension politique ainsi que celle de l'engagement de l'individu occupent sa réflexion comme le précise l'incipit du livre. Ce second manifeste est aussi l'occasion pour lui de régler ses comptes, de manière violente en maniant jusqu'à l'insulte et le sarcasme, et de faire le point sur les remous qu'a connus le groupe ces dernières années. Breton justifie son intransigeance par sa volonté de découvrir, s'inspirant de la Phénoménologie de l'esprit, ce point de l’esprit d’où la vie et la mort, le réel et l’imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l’incommunicable, le haut et le bas cessent d’être perçus contradictoirement.Les exclus visés par le texte réagissent en publiant un pamphlet sur le modèle de celui écrit contre Anatole France quelques années plus tôt et en reprennent le même titre, Un cadavre. Dès lors, les adversaires sacrent ironiquement Breton « Pape du surréalisme. L'humeur sombre de Breton s'exprime pleinement dans ce que Mark Polizzotti appelle le passage le plus sinistre du manifeste et qui est selon lui le reflet d'une grande amertume personnelle, une phrase souvent citée et reprochée à Breton, notamment par Albert Camus : L'acte surréaliste le plus simple consiste, révolvers aux poings, à descendre dans la rue et à tirer au hasard, tant qu'on peut, dans la foule. Marguerite Bonnet relève qu'une phrase très proche figurait déjà dans un article publié en 1925 dans le numéro 2 de La Révolution surréaliste et qu'elle n'avait pas, en son temps, retenu l'attention. Elle avance que Breton fait allusion à la figure d'Émile Henry qui, peu après son arrestation a prétendu s'appeler Breton et suggère qu'une sorte de lent transfert, de nature presque onirique, cheminant dans les zones les plus mystérieuses de la sensibilité, aurait ainsi préparé en Breton la tentation fugitive de s'identifier à l'ange exterminateur de l'anarchie .

SASDLR - Rupture avec Aragon -L'Amour fou- Rupture avec Éluard

La Révolution surréaliste fait place au Surréalisme au service de la Révolution SASDLR. Le titre de la revue est d'Aragon. Breton et André Thirion lancent l’idée d’une Association des écrivains et artistes révolutionnaires AEAR. Cette association est effectivement créée en janvier 1932 par les instances dirigeantes du parti communiste français, mais ni Breton ni Thirion n’ont été sollicités et leur adhésion ainsi que celle d’autres surréalistes n’est prise en compte qu’à la fin de 1932. Dès cette époque, les surréalistes se retrouvent au sein de l'AEAR sur les positions de l'Opposition de gauche.
Même s’il ne désespère pas de pouvoir orienter l’action culturelle du Parti et récupérer les forces psychiques dispersées, en conciliant le freudisme avec le marxisme au service du prolétariat, Breton ne cesse de se heurter à l’incompréhension et la défiance croissante venant de la direction du Parti communiste.
Quand il dénonce la censure de l’activité poétique par l’autorité politique qui frappe le poème d’Aragon Front rouge, sans cacher le peu d’estime qu’il a pour ce texte de pure propagande, Breton n’en défend pas moins son auteur Misère de la poésie, Aragon désavoue cette défense et provoque la rupture définitive et Paul Vaillant-Couturier lui reproche un texte de Ferdinand Alquié, publié dans SASDLR, dénonçant le vent de crétinisation systématique qui souffle de l’URSS.
En réponse aux violentes manifestations fascistes du 6 février 1934, devant l’Assemblée nationale, Breton lance un Appel à la lutte à destination de toutes les organisations de gauche. Sollicité, Léon Blum refuse poliment son soutien.
En 1934, Breton rencontre Jacqueline Lamba dans des circonstances proches de celles évoquées dans le poème Tournesol écrit en 1923. De cette rencontre et des premiers moments de leur amour, Breton écrit le récit L'Amour fou. De leur union naîtra une fille, Aube.
En juin 1935, Breton écrit un discours qu’il doit prononcer au Congrès des écrivains pour la défense de la culture."Transformer le monde ", a dit Marx ; "Changer la vie, a dit Rimbaud ; ces deux mots d’ordre pour nous n’en font qu’un est la conclusion de ce discours. Mais à la suite d’une violente altercation avec Ilya Ehrenbourg, ce dernier, délégué de la représentation soviétique, ayant calomnié les surréalistes, la participation de Breton est annulée. Il fallut le suicide de René Crevel pour que les organisateurs concèdent à Éluard de lire le texte. La rupture définitive avec le Parti est consommée avec le tract Du temps où les surréalistes avaient raison.
En 1938, Breton organise la première Exposition internationale du surréalisme à Paris. À cette occasion, il prononce une conférence sur l’humour noir. Cette même année, il voyage au Mexique et rencontre les peintres Frida Kahlo et Diego Rivera, ainsi que Léon Trotski avec qui il écrit le manifeste Pour un art révolutionnaire indépendant, qui donne lieu à la constitution d’une Fédération internationale de l’art révolutionnaire indépendant FIARI. Cette initiative est à l’origine de la rupture avec Éluard.

Aux quatre coins du monde

Autour de 1935, l'audience des conceptions surréalistes s'élargit ; de nouveaux esprits viennent à Breton qui anime la revue Minotaure. Avant même que se tienne à Paris la première exposition internationale du surréalisme, en 1937 Dictionnaire abrégé du surréalisme en collaboration avec Eluard, des manifestations du mouvement l'appellent en divers points du monde. Malgré son peu de goût pour les voyages, il se rend en 1935 successivement à Bruxelles, à Prague, aux Canaries, en 1936 à Londres. Une série de conférences sur l'art et la littérature, dont l'ont chargé les services culturels, l'amène en 1938 à Mexico. Il y fait la connaissance de Trotski, qu'il a toujours admiré ; de cette rencontre sort le manifeste Pour un art révolutionnaire indépendant, fruit de leur collaboration, bien qu'il ait paru signé de Breton et du peintre Diego Rivera, pour des raisons d'opportunité ; il doit servir de base à la constitution d'une Fédération internationale de l'art révolutionnaire indépendant, dont Breton met sur pied la section française, avec son bulletin Clé. Mais la cassure provoquée par la guerre coupe court à cette tentative. Une autre cassure, d'ordre personnel celle-là, était survenue peu de temps auparavant : l'amitié avec Eluard qui, durant les dix dernières années surtout, avait tenu dans sa vie une très grande place, se brise à l'automne de 1938, en raison de divergences d'appréciation que Breton juge insurmontables, de nature à la fois politique et littéraire.
Mobilisé dans les services médicaux à l'école d'aviation de Poitiers, il se replie après la débâcle de juin 1940 à Salon chez son ami le Dr Mabille, puis à Marseille où il est avec d'autres écrivains l'hôte du Comité de secours américain aux intellectuels. Le visa de censure est refusé à son poème Fata Morgana comme à son Anthologie de l'humour noir, leur auteur figurant la négation de l'esprit de révolution nationale. Privé de toute possibilité d'expression, suspect aux autorités, Breton obtient un visa pour les États-Unis ; il part au printemps de 1941, d'abord pour la Martinique. Son séjour forcé d'un mois dans l'île est doublement fécond pour la poésie : il découvre et rencontre Aimé Césaire, dont il préfacera en 1946 le premier livre, et l'éblouissante nature tropicale lui inspirera les pages de Martinique charmeuse de serpents 1948.
Les cinq ans qu'il passe à New York où il est speaker aux émissions françaises de la Voix de l'Amérique sont marqués par des activités diverses : en 1942, il organise avec Marcel Duchamp une exposition surréaliste, fonde une revue VVV Triple V, écrit un de ses très grands poèmes, Les États généraux. Sa vie, sur laquelle pèse l'échec de l'amour fou, tourne une dernière fois ; en 1943, il rencontre Élisa, l'inspiratrice d'Arcane 17. Ce livre incomparable, somme et sommet poétique, fut commencé lors d'un voyage dans la péninsule de Gaspé, au Canada, en 1944, au moment même de la libération de Paris ; comme l'indique son titre – la dix-septième lame du tarot, l'Étoile, emblème de la résurrection et de l'espoir – il célèbre le triomphe de la vie, déchirée et rebelle, sur la douleur et sur la mort ; une méditation souvent bouleversante dans son intensité retenue va et vient sans cesse du drame individuel au destin du monde, des mythes anciens – Mélusine, Osiris – au grand paysage présent de mer et d'oiseaux. Sa vie et celle d'Élisa ne se sépareront plus. Après leur mariage aux États-Unis, ils visitent les réserves des Indiens Pueblos ; Breton écrit l'Ode à Charles Fourier, d'une conception neuve, point de départ de l'actuel renouveau d'intérêt pour le grand utopiste. Une conférence qu'il donne à Haïti à la fin de 1945 provoque chez les étudiants une vive effervescence qui, par une chaîne de réactions, entraînera la chute du gouvernement.
Rentré en France au printemps de 1946 Je reviens dans Poèmes, Breton voit se constituer autour de lui un groupe surréaliste largement renouvelé. Comme avant la guerre, les réunions presque quotidiennes dans un café assurent, à travers arrivées et départs, la continuité du mouvement ; Breton en est naturellement le pivot, avec Benjamin Péret ; à partir de 1951, l'été rassemble souvent autour de lui nombre de ses amis dans un vieux village du Lot, Saint-Cirq-la-Popie, dont la beauté l'a définitivement gagné. L'activité du groupe se manifeste au cours des vingt années qui suivent par des expositions qu'il présente : Paris, 1947 Devant le rideau ; Prague, 1948 seconde Arche ; Paris, 1959 ; New York, 1960 ; Paris, 1965 sous le titre emprunté à Fourier de L'Écart absolu Générique ; par des bulletins ou revues Néon, 1948-1949 ; Médium, 1951-1955 ; Le Surréalisme même, 1956-1959 ; Bief, 1959-1960 ; La Brèche, 1961-1965. L'Archibras – encore une référence de Fourier –, no 1, avril 1967, était en projet avant sa mort; par des tracts qui constituent de vigoureuses prises de position sur tous les problèmes du monde et du temps ainsi, la religion, le Vietnam, la Hongrie. Si le surréalisme préserve son autonomie par rapport aux groupements politiques, Breton intervient toujours contre l'oppression, le crime et l'imposture, chaque fois que la liberté, la justice, la dignité humaine sont en péril ; le mouvement mondialiste, le Rassemblement démocratique révolutionnaire Sartre, Camus portent un temps son espoir d'action. Ses discours dans divers meetings, ses articles, ses déclarations montrent que, sans exclusive et sans faiblesse, il maintient sa ligne propre. Il est en 1960 un des tout premiers artisans de la Déclaration sur le droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie.

L'audience d'André Breton

Il écrit dans les revues surréalistes de ces années des textes de grand poids, Du surréalisme en ses œuvres vives, Langue des pierres, Main première, pour n'en citer que quelques-uns. Sa générosité, son ouverture à tout ce qui peut se produire de neuf et de libérateur dans le domaine de l'art et de la pensée l'amènent à préfacer livres et expositions ; bien des réputations y prennent leur départ. Il publie en 1947 Arcane 17 enté d'Ajours, en 1948 Poèmes, première anthologie, enrichie d'œuvres inédites ; Flagrant Délit 1949, né de la dénonciation du faux donné pour La Chasse spirituelle de Rimbaud, révèle la sûreté de sa connaissance du poète et de son intuition. Des conversations radiophoniques, transmises de mars à juin 1952, paraissent la même année sous le titre Entretiens, la plus riche des sources pour qui veut connaître l'homme et l'écrivain : la beauté de l'expression, un certain ton qui n'est qu'à lui font de ces pages circonstancielles une œuvre. La Clé des champs 1953 rassemble une quarantaine de textes divers. En 1957, il s'attache à élucider dans une vaste perspective historique et réflexive la notion de L'Art magique, dans un ouvrage réalisé avec le concours de Gérard Legrand. Avec les Constellations de 1959, proses parallèles à vingt-deux planches de Miró, une fraîcheur d'enfance, sous laquelle court la sourdine des notes graves, joue de la tendresse et de l'humour.
La santé d'André Breton, atteint d'asthme, va en se détériorant. Frappé d'une crise cardiaque à la fin de l'été 1966, il meurt en quelques heures le 28 septembre à l'hôpital Lariboisière. Il est enterré au cimetière des Batignolles auprès de Benjamin Péret. L'émotion soulevée par cette fin soudaine, même chez ceux qui ne partagent pas les convictions surréalistes, a permis d'entrevoir la place qu'il tient.
Sa figure en effet n'est pas seulement celle d'un très grand écrivain, foyer vivant du surréalisme. La nature de la relation qui s'établit entre lui-même et son lecteur mobilise les forces affectives, dans le rejet ou l'adhésion. Car cet aiguilleur spirituel, par la force et la constance de sa rupture avec tout ce qui fait du monde le Grand Scandale, comme par son don irremplaçable d'espérer, malgré tout, et d'aimer, toujours, propose et prépare une existence autre. Il a élargi et marqué la sensibilité de ce temps, l'ouvrant aux éclairs de l'insolite – rencontre ou coïncidence –, découvrant à l'homme qu'il peut établir avec la nature des rapports neufs de participation et de transparence dans l'interrelation parfaite du concret et de l'abstrait ; en finir avec ce qui mutile et fige, les barrières intérieures qui se dressent entre intelligence et affectivité, volonté et désir ; équilibrer dans une tension difficile et féconde ses exigences spirituelles et son refus agissant de ce qui est, par l'avènement de ce qui sera. Comme Fourier en qui il a justement reconnu un esprit frère du sien, il a embrassé l'unité il l'a montrée non comme perdue mais comme intégralement réalisable, et il l'a, pour lui-même, conquise. Parce qu'il s'écartait des dogmes et des systèmes fermés, se maintenait dans une perpétuelle alerte sans hésiter à se tourner vers tous ceux qui ont exprimé quelques-unes des aspirations profondes de l'homme – ... Et même des êtres engagés dans une voie qui n'est pas la sienne –, une vue courte aura beau jeu à relever en lui des contradictions ; elles nourrissent, au vrai, des forces convergentes. La poésie, l'amour, la liberté se sont en permanence vivifiés à leur sel, assurant la continuité organique d'une démarche née, a-t-il pu dire, d'un acte de foi sans limites dans le génie de la jeunesse. C'est ce génie de la jeunesse qu'il incarne ; et la jeunesse elle-même – deux ans après sa mort, divers signes ont autorisé à le croire –, de plus en plus largement, en reconnaîtra et en saluera en lui la pérennité.

De l’exil à l’insoumission 1939-1966 Marseille - Martinique - New York

Mobilisé dès septembre 1939, Breton est affecté en janvier 1940 à l’école prémilitaire aérienne de Poitiers comme médecin. Le jour de l’armistice 17 juin, il est en Zone non-occupée et trouve refuge chez Pierre Mabille, le médecin qui a accouché Jacqueline, à Salon-de-Provence Bouches-du-Rhône, puis il est rejoint par Jacqueline et leur fille Aube, à la villa Air-Bel, à Marseille, siège du Comité américain de secours aux intellectuels créé par Varian Fry. Dans l’attente d’un visa, les surréalistes reconstituent un groupe et trompent l’ennui et l’attente par des cadavres exquis dessinés et la création d’un tarot de Marseille. À l’occasion d’une visite à Marseille du maréchal Pétain, André Breton, dénoncé comme anarchiste dangereux, est préventivement emprisonné sur un navire pendant quatre jours, tandis que la censure de Vichy interdit la publication de l’Anthologie de l’humour noir et de Fata morgana.
Breton embarque à destination de New York le 25 mars 1941 avec Wifredo Lam et Claude Lévi-Strauss. À l’escale de Fort-de-France Martinique, Breton est interné puis libéré sous caution. Il rencontre Aimé Césaire. Le 14 juillet, il arrive à New York.
Avec Marcel Duchamp, Breton fonde la revue VVV et Pierre Lazareff l’engage comme speaker pour les émissions de la radio la Voix de l’Amérique à destination de la France. Jacqueline le quitte pour le peintre David Hare.
Le 10 décembre 1943, Breton rencontre Elisa Bindorff. Ensemble, ils voyagent jusqu'à la péninsule de la Gaspésie, à l'extrémité sud-est du Québec. Dès son retour à New-York, il publie Arcane 17 né du « désir d’écrire un livre autour de l’Arcane 1742 en prenant pour modèle une dame que j’aime... »
Pour régler les questions pratiques de divorce et de remariage, Breton et Élisa se rendent à Reno dans le Nevada. Il en profite pour visiter les réserves des indiens Hopis et Zuñis, emportant avec lui des ouvrages de Charles Fourier.

Haïti- Retour en France - Nouvelles polémiques et nouvelles expositions

En décembre 1945, à l’invitation de Pierre Mabille, nommé attaché culturel à Pointe-à-Pitre, Breton se rend en Haïti pour y prononcer une série de conférences. Sa présence coïncide avec un soulèvement populaire qui renverse le gouvernement en place. Accompagné de Wilfredo Lam, il rencontre les artistes du Centre d'Art de Port-au-Prince et achète plusieurs toiles à Hector Hyppolite, contribuant à lancer l'intérêt pour la peinture populaire haïtienne. Le 25 mai 1946, il est de retour en France.
Dès le mois de juin, il est invité à la soirée d’hommages rendus à Antonin Artaud. C’est d’une voix vive et ferme que Breton prononce enfin les deux mots d’ordre qui n’en font qu’un : "transformer le monde" et "changer la vie".
Malgré les difficultés de la reconstruction de la France et le début de la guerre froide, Breton entend poursuivre sans aucune inflexion les activités du surréalisme. Et les polémiques reprennent et se succèdent : contre Tristan Tzara se présentant comme le nouveau chef de file du surréalisme, contre Jean-Paul Sartre qui considérait les surréalistes comme des petits-bourgeois, contre des universitaires, en démontant la supercherie d’un soi-disant inédit d’Arthur Rimbaud, contre Albert Camus et les chapitres que celui-ci consacre à Lautréamont et au surréalisme dans L’Homme révolté.
Il retrouve Georges Bataille pour une nouvelle Exposition internationale du surréalisme dédiée à Éros, donne fréquemment son concours pour nombre d’artistes inconnus en préfaçant les catalogues d’exposition, et participe à plusieurs revues surréalistes comme Néon, Médium, Le Surréalisme même, Bief, La Brêche...
À partir de 1947, André Breton s'intéresse de près à l’Art brut. Avec Jean Dubuffet il participe à la création de la Compagnie de l'Art brut, officiellement créée en juillet 1948, qui aurait pour objet de rassembler, conserver et exposer les œuvres des malades mentaux.
En 1950, il cosigne avec Suzanne Labin une lettre circulaire datée du 8 mars 1950, proposant de créer un foyer de culture libre face à l'obscurantisme envahissant, en particulier l'obscurantisme stalinien, et proposant la constitution d'un comité de patronage :
« Des intellectuels français qui n'entendent pas abdiquer et qui ne disposaient jusqu'ici d'aucune tribune, alors que d'innombrables publications staliniennes déshonorent chaque jour la culture, se proposent de relever le défi dans le secteur de la civilisation dont ils ont la charge. Ils veulent fonder à cet effet une revue littéraire et idéologique où les grandes traditions du libre examen seraient reprises et revivifiées.
— Projet pour une revue culturelle, document dactylographié, fonds Alfred Rosmer, Le Musée social,
Parmi les personnalités pressenties pour le Comité de patronage on trouve Albert Camus, René Char, Henri Frenay, André Gide, Ernest Hemingway, Sidney Hook, Aldous Huxley, Ignazio Silone et Richard Wright. D'après Suzanne Labin : Tous les membres du Comité de patronage ont répondu positivement à nos propositions. Aucun n'a formulé de désaccord. Le projet n'a finalement pas abouti en raison de difficultés financières, pas du tout en raison de divergences idéologiques.
En 1954, un projet d'action commune avec l'Internationale lettriste contre la célébration du centenaire de Rimbaud échoue lorsque les surréalistes refusent la phraséologie marxiste proposée par les lettristes dans le tract commun. Breton est alors pris à partie par Gil Joseph Wolman et Guy Debord qui soulignent dans un texte sur le mode allégorique sa perte de vitesse au sein du mouvement. De 1953 à 1957 il dirige, pour le Club français du livre, la publication des 5 volumes de Formes de l'Art, dont il rédige lui-même le premier tome : L'Art magique.

En 1960, il signe le Manifeste des 121 déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie.
En 1965, il organise la 9e Exposition internationale surréaliste intitulée L’Écart absolu en référence à l’utopie fouriériste.
Le 27 septembre 1966, souffrant d’une insuffisance respiratoire, André Breton est rapatrié de Saint-Cirq-Lapopie, le village du Lot dans lequel il avait acheté une maison en 1951.

Il meurt le lendemain à l’hôpital Lariboisière à Paris.
Sur sa tombe, décorée simplement d'un octaèdre étoilé, au cimetière des Batignolles, à Paris 17e, est gravée l’épitaphe : Je cherche l’or du temps.

Pape, mage, héros du monde occidental, place forte, les substantifs ne manquent pas pour désigner André Breton, dont la personnalité fut le point de ralliement de tous ceux qui, après l'une des plus grandes hécatombes de l'histoire, refusèrent de s'en tenir à l'idéologie humaniste. Créateur du mouvement surréaliste, dont il fut le théoricien et l'animateur, Breton a cependant suivi une voie qui lui est propre.
Il n'a pas été tout de suite possédé par le démon de la littérature. Objet d'un appel diffus dont il ignore la nature et encore davantage le moyen d'y répondre, il entreprend à l'âge de dix-sept ans des études de médecine pour satisfaire les ambitions familiales, mais la sollicitation est ailleurs. La même année, il noue des relations suivies avec Valéry. Il voue une grande admiration à Mallarmé, Huysmans, Baudelaire, Barrès : le jeune Breton a des goûts quasi classiques, et, si ce n'était cet appel qui le dérange et cet ailleurs qui le préoccupe, on pourrait penser qu'il est sur le point de devenir un écrivain professionnel. Il en présente tous les symptômes : intérêt pour la littérature, amitiés littéraires, légère inquiétude. Dès 1919, il fait paraître son premier recueil de poèmes, Mont de piété, nettement influencé par Mallarmé.

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Posté le : 27/09/2014 17:12
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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