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Anatole France
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Le 12 octobre 1924 à 80 ans, à St Cyr sur Loire, meurt Anatole France

de son nom françois, Anatole Thibault, écrivain français, considéré comme l’un des plus grands de l'époque de la Troisième République, dont il a également été un des plus importants critiques littéraires, il reçoit le prix nobel de littérature en 1921 pour l'ensemble de son oeuvre., il est né le 16 avril 1844 à Paris. Il devient une des consciences les plus significatives de son temps en s’engageant en faveur de nombreuses causes sociales et politiques du début du XXe siècle.

En bref

Adaptées pour la télévision, entrées dans la collection de la Pléiade, les œuvres d'Anatole Thibault, dit France, attirent de nouveau l'attention. Elles permettent de revivre un grand morceau de l'histoire française, tout en posant des questions devenues très pressantes pour nous. On aima leur humour et leur élégance, dont on retrouve actuellement les mérites.
Anatole France, le dilettante, ne méconnaissons pas l'importance, dans la formation de France, des sceptiques grecs, des libertins ou de Voltaire. Mais c'est surtout à l'école des penseurs modernes qu'il se forme, pour proclamer l'exigence du libre exercice de la raison, la nécessité de séparer le spirituel du temporel, et l'intérêt qu'il faut porter à une science qui replace l'homme dans la nature : au plus haut degré certes de l'échelle actuelle des êtres, mais voué à la lutte pour la vie, et enfermé dans les limites de ses sens. Pessimisme fondamental, opposé aux doctrines de Rousseau et de ses disciples ; dans notre pensée imparfaite réside pourtant notre dignité. Telle est la doctrine que France met au point dans les articles grâce auxquels il gagne sa vie jusqu'à trente ans passés, et qui importe plus que son opposition passagère au second Empire. Pas plus que celui de Renan, on n'évalue justement le « dilettantisme de France si l'on n'aperçoit les fermes convictions sur lesquelles il repose, sous des dehors d'autant plus ondoyants que France est non pas un philosophe, mais un artiste. Un poète tout d'abord : le succès du prosateur a fait oublier que, jusqu'à trente-deux ans, l'écrivain a fait partie de l'école parnassienne, dans la mouvance de Louis Ménard. Il marque une préférence, destinée à un long avenir, pour les époques ambiguës, où paganisme et christianisme s'interpénètrent. Devenu un jeune maître après des débuts difficiles, il exclut du Parnasse contemporain Verlaine et Mallarmé. Déplaisant épisode dont se souviendra Valéry, mais auquel il convient de rendre ses proportions : France allait se réconcilier avec Mallarmé, et devenir, dans les années 1880, l'un des artisans de la fortune littéraire de Verlaine...
De 1877 à 1888 environ, France est tenté par une installation conformiste dans la société et dans la littérature. Il devient sous-bibliothécaire au Sénat, se marie, fait son chemin dans les salons. Le Crime de Sylvestre Bonnard le pose comme un ennemi des naturalistes ; Le Livre de mon ami est bien accueilli. En 1887, l'écrivain devient titulaire de la chronique de La Vie littéraire, dans Le Temps. C'est le sommet de sa déjà longue carrière de critique. Opposé à tout dogmatisme, il convie son lecteur à des promenades nonchalantes d'allure, mais plus balisées qu'il ne semble. Ce journal de bord, qui n'a pas été entièrement repris en volumes, exprime un art de vivre voluptueux et inquiet. France est prompt aux interrogations : qu'est-ce que l'histoire ? où va le monde moderne, si angoissé ? le Moi peut-il trouver une unité ? Il s'interroge lui-même, et il évolue : il se rapproche des symbolistes ; il écrit dès 1892 l'éloge de Zola, qu'il avait tant attaqué. Enfin, très attentif à son temps, il s'alarme de la crise d'âme que traverse la France. Son apaisement n'a donc été que passager.

Sa vie

Il est issu d’une famille modeste originaire du Maine-et-Loire: son père, François Noël Thibault, dit Noël France, né le 4 nivôse an XIV 25 décembre 1805 à Luigné, dans le canton de Thouarcé, a quitté son village en 1825 pour entrer dans l'armée.
Sous-officier légitimiste, il démissionne au lendemain de la Révolution de 1830. Il se marie le 29 février 1840 avec Antoinette Gallas à la mairie du 4e arrondissement de Paris. La même année, il devient propriétaire d'une librairie sise 6, rue de l'Oratoire du Louvre.
Il tient ensuite une librairie quai Malaquais au no 19, d’abord nommée Librairie France-Thibault, puis France tout court, spécialisée dans les ouvrages et documents sur la Révolution française, fréquentée par de nombreux écrivains et érudits, comme les frères Goncourt ; il s'installera en 1853 quai Voltaire no 9 .
François Anatole naît quai Malaquais en 1844. Élevé dans la bibliothèque paternelle, Anatole en garda le goût des livres et de l’érudition, ainsi qu’une connaissance intime de la période révolutionnaire, arrière-plan de plusieurs de ses romans et nouvelles, dont Les dieux ont soif qui est considéré comme son chef-d’œuvre. De 1844 à 1853, il habita l'hôtel particulier du 15 quai Malaquais.
De 1853 à 1862, France fait ses études à l’institution Sainte-Marie et au collège Stanislas. Il souffre d’être pauvre dans un milieu riche mais il est remarqué pour ses compositions, dont La Légende de sainte Radegonde qui sera éditée par la librairie France et publiée en revue. Il obtient son baccalauréat le 5 novembre 1864.
À partir du début des années 1860, il travaille pour diverses libraires et revues, mais refuse de prendre la suite de son père, qu'il juge très négativement
Sa carrière littéraire commence par la poésie ; amoureux de l’actrice Élise Devoyod, il lui dédie quelques poèmes, mais elle le repoussera en 1866.Les relations de France avec les femmes furent toujours difficiles. Ainsi avait-il, dans les années 1860, nourri un amour vain pour Elisa Rauline, puis pour Élise Devoyod

Il est disciple de Leconte de Lisle, avec qui il travaillera quelque temps comme bibliothécaire au Sénat.

En janvier 1867, il écrivit une apologie de la liberté cachée sous un éloge du Lyon Amoureux de Ponsard. Il fait partie du groupe du Parnasse à partir de 1867. En 1875, il intégra le comité chargé de préparer le troisième recueil du Parnasse contemporain.
La même année, il devient commis-surveillant à la Bibliothèque du Sénat, poste qu'il conserve jusqu'à sa démission, le 1er février 1890.

À la différence de la plupart de nos écrivains, Anatole France n'a pas reçu la culture comme un dû. Son père, paysan illettré jusqu'à vingt ans, devint un grand spécialiste de la Révolution française ; mais sa culture demeura lacunaire. Situation très particulière que celle du jeune Anatole : il grandit dans la librairie France, le nom fut pris par son père, au milieu des documents rares ; mais il connaît une vie étroite et gênée, et bientôt l'amertume d'être méprisé par ses riches camarades du collège Stanislas. Sa scolarité, traversée de quelques réussites, est en général médiocre. Mais il acquiert grâce à la librairie une culture très personnelle sur la Révolution, sur l'occultisme et sur la latinité tardive, dont il est aisé de saisir l'importance pour son œuvre. Les livres ont pour ce solitaire une présence charnelle autant qu'intellectuelle. La bibliothèque est un lieu d'élection de ses romans, qui nous présentent souvent des personnages d'érudits, Bonnard, Coignard, Bergeret. Mais ces personnages, sans cesse poussés par l'amour ou par la politique, nous montrent bien aussi que France mesure les limites d'un monde uniquement livresque. Les humiliations ressenties dans son enfance sont pour beaucoup dans cette attitude, ainsi que les déboires amoureux du jeune homme. Il fut repoussé par la comédienne Élise Devoyod, par une jeune fille qui entra au couvent, par d'autres encore. Voilà de quoi revenir sur quelques jugements bien hâtifs concernant l'écrivain. Auteur d'autobiographies charmantes ? Mais si, dans Le Livre de mon ami ou La Vie en fleur, nous lisons des témoignages authentiques sur l'amour que France portait à sa mère ou à Paris, les blessures sont cachées systématiquement, et l'enfance n'est si délicieuse que parce qu'elle est fabriquée. À l'inverse, Les Désirs de Jean Servien nous en présente une version noircie, qui force sur l'amertume. France, homme léger, changeant ? Mais le personnage de la comédienne aimée vers 1860 traverse son œuvre. En 1904 il prend encore, sur elle, dans Histoire comique, une revanche imaginaire ! L'anticléricalisme constant de France plonge lui aussi ses racines dans sa vie personnelle, alors qu'il se justifie philosophiquement par une étude de Renan, Taine et Darwin.
En 1876, il publie Les Noces corinthiennes chez Lemerre, éditeur pour lequel il rédige de nombreuses préfaces à des classiques Molière par exemple ainsi que pour Charavay ; certaines de ces préfaces seront réunies dans Le Génie Latin.

Anatole France se marie en 1877 avec Valérie Guérin de Sauville, petite-fille du Jean-Urbain Guérin, un miniaturiste de Louis XVI, voir famille Mesnil dont il aura une fille, Suzanne, née en 1881 et qui mourra en 1918; il la confie souvent dans son enfance à Mme de Martel, qui écrivait sous le nom de Gyp, restée proche à la fois de lui-même et de Mme France.

En 1888, il engage une liaison avec Madame Arman de Caillavet, qui tient un célèbre salon littéraire de la Troisième République ; cette liaison durera jusqu’à la mort de celle-ci en 1910, peu après une tentative de suicide à cause d'une autre liaison de France avec une actrice connue pendant un voyage en Amérique du Sud. Madame de Caillavet lui inspire Thaïs, 1890 et Le Lys rouge 1894. Après une ultime dispute avec sa femme, qui ne supporte pas cette liaison, France quitte le domicile conjugal de la rue Chalgrin un matin de juin 1892 et envoie une lettre de séparation à sa femme6. Le divorce sera prononcé à ses torts et dépens le 2 août 1893.

France s’est orienté tardivement vers le roman et connaît son premier succès public à 37 ans, en 1881, avec Le Crime de Sylvestre Bonnard, couronné par l’Académie française, œuvre remarquée pour son style optimiste et parfois féerique qui tranche avec le naturalisme qui règne alors.
Il devient en 1887 critique littéraire du prestigieux Temps.
Elu dès le premier tour avec 21 voix sur 34 présents, à l’Académie française le 23 janvier 1896, au fauteuil 38, où il succède à Ferdinand de Lesseps, il y est reçu le 24 décembre 1896.
Devenu un écrivain reconnu, influent et riche, France s’engage en faveur de nombreuses causes. Il tient plusieurs discours dénonçant le génocide arménien et soutient Archag Tchobanian, rejoint Émile Zola, avec qui il s’est réconcilié au début des années 1890, lors de l'affaire Dreyfus.
La maison d'Anatole France, 5 Villa Said, Paris. 1894-1924.
Après avoir refusé de se prononcer sur la culpabilité de Dreyfus, ce qui le classe parmi les révisionnistes dans un entretien accordé à L'Aurore le 23 novembre 1897, il est l'un des deux premiers avec Zola à signer, au lendemain de la publication de J'accuse, en janvier 1898, quasiment seul à l’Académie française, la première pétition dite des intellectuels demandant la révision du procès. Il dépose le 19 février 1898 comme témoin de moralité lors du procès Zola, il prononcera un discours lors des obsèques de l'écrivain, le 5 octobre 1902, quitte L'Écho de Paris, anti-révisionniste, en février 1899 et rejoint le 5 juillet suivant Le Figaro, conservateur et catholique, mais dreyfusard.
Il est le modèle de Bergotte dans l'œuvre de Proust, À la recherche du temps perdu.
En juillet 1898, il rend sa Légion d'honneur après que l'on a retiré celle d'Émile Zola et, de février 1900 à 1916, refuse de siéger sous la Coupole. Il participe à la fondation de la Ligue des droits de l'homme, dont il rejoint le Comité central en décembre 1904, après la démission de Joseph Reinach, scandalisé par l'affaire des fiches. Son engagement dreyfusard se retrouve dans les quatre tomes de son Histoire contemporaine, 1897 - 1901, chronique des mesquineries et des ridicules d’une préfecture de province au temps de l’Affaire. C’est dans cette œuvre qu’il forge les termes xénophobe et trublion.
Devenu un proche de Jean Jaurès, il préside le 27 novembre 1904 une manifestation du Parti socialiste français au Trocadéro et prononce un discours. France s’engage pour la séparation de l’Église et de l’État, pour les droits syndicaux, contre les bagnes militaires.
En 1906, lors d'un meeting il proteste fortement contre la "barbarie coloniale".
En 1909, il part pour l'Amérique du Sud faire une tournée de conférences sur Rabelais. S'éloignant de Léontine Arman de Caillavet, il a une liaison avec la comédienne Jeanne Brindeau, en tournée elle aussi avec des acteurs français. Rabelais est remplacé, au cours du voyage qui le mène à Lisbonne, Recife, Rio de Janeiro, Montevideo et Buenos Aires, par des conférences sur ses propres œuvres et sur la littérature contemporaine.
De retour à Paris, le lien avec Léontine, qui avait beaucoup souffert de cet éloignement, se reforme tant bien que mal, mais celle-ci meurt en janvier 1910, sans lui avoir réellement pardonné.
Au début de la Première Guerre mondiale, il écrit des textes guerriers et patriotes, qu’il regrettera par la suite : il dénonce la folie guerrière voulue par le système capitaliste dans le contexte de l'Union sacrée en déclarant "on croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels", mais milite en faveur d’une paix d’amitié entre Français et Allemands, ce qui suscitera l’indignation et l’hostilité, et lui vaudra des lettres d’insultes et des menaces de mort. Il prend position en 1919 contre le Traité de Versailles, signant la protestation du groupe Clarté intitulée Contre la paix injuste, et publiée dans L'Humanité, 22 juillet 1919.
Ami de Jaurès et de Pressensé, il collabore dès sa création à L'Humanité, en publiant Sur la pierre blanche dans les premiers numéros. Proche de la SFIO, il est plus tard critique envers le PCF. S’il écrit un Salut aux Soviets, dans L'Humanité de novembre 1922, il proteste contre les premiers procès faits aux socialistes révolutionnaires en envoyant un télégramme dès le 17 mars.
À partir de décembre 1922, il est exclu de toute collaboration aux journaux communistes. France, tout en adhérant aux idées socialistes, s’est ainsi tenu à l’écart des partis politiques, ce dont témoignent ses romans pessimistes sur la nature humaine, tels que L’Île des pingouins et surtout Les dieux ont soif, publié en 1912 qui, à cause de sa critique du climat de Terreur des idéaux utopistes, fut mal reçu par la gauche.
En 1920 il se marie à Saint-Cyr-sur-Loire, où il s'était installé en 1914, avec sa compagne Emma Laprévotte 1871-1930; " Je n'ai jamais trouvé d'endroit qui convint mieux au climat de mon coeur".
Il est lauréat en 1921 du prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre, et le reçoit à Stockholm le 10 décembre.
Anatole France en 1919 par le sculpteur Antoine Bourdelle au musée d'Orsay de Paris.
En 1922, l’ensemble de ses œuvres opera omnia fait l’objet d’une condamnation papale, décret de la Congrégation du Saint-Office du 31 mai 1922.
Pour son 80e anniversaire, au lendemain de la victoire du Cartel des gauches, il assiste à une manifestation publique donnée en son honneur le 24 mai 1924 au palais du Trocadéro.
Il meurt le soir du dimanche 12 octobre à La Béchellerie, commune de Saint-Cyr-sur-Loire, à 23 h 26; à l'annonce de sa mort, le Président de la Chambre des députés Paul Painlevé déclare : " Le niveau de l'intelligence humaine a baissé cette nuit-là."
Selon certains, André Bourin, 1992 France aurait souhaité être inhumé dans le petit cimetière de Saint-Cyr-sur-Loire, selon d'autres, Michel Corday, 1928, le sachant souvent inondé l'hiver, il préféra rejoindre la sépulture de ses parents au cimetière de Neuilly-sur-Seine.
Son corps, embaumé le 14 octobre, fut transféré à Paris pour des obsèques quasi-nationales et exposé Villa Saïd, où le président de la République, Gaston Doumergue vient lui rendre hommage dans la matinée du 17, suivi par le président du Conseil, Édouard Herriot.
En contradiction avec ses dispositions testamentaires, des obsèques nationales ont lieu à Paris le 18 octobre, et il est inhumé au cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine auprès de ses parents.
Sa tombe, abandonnée et en piteux état, fut sauvée en 2000 par l'historien Frédéric de Berthier de Grandry, résidant alors à Neuilly-sur-Seine; cette procédure de sauvegarde sauva également la chapelle funéraire de Pierre Puvis de Chavannes, le peintre du Panthéon de Paris.
Sépulture A. France au cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine. Division 1 alignement 320, tombe 8.
Le 19 novembre 1925, l'Académie française élit au siège de France, après quatre tours de scrutin, Paul Valéry, qui, reçu dix-neuf mois plus tard, ne prononce pas une fois, contrairement à l'usage, le nom de son prédécesseur dans l'éloge qu'il doit prononcer et le qualifie de "lecteur infini", et donc lecteur se perdant dans ses lectures...

Collectionneur d'art et bibliophile

"... Les sculptures antiques le ravissaient. Bien des fragments précieux ornent les murailles de la Béchellerie ... Son cabinet de travail de la villa Said était tout éclairé par un marbre, un torse de femme, acheté avec le comte Primoli en Italie dans un antre où l'on fabriquait de faux Botticelli ... Il avait collectionné des anges et des saints en bois sculpté, qu'il nommait plaisamment "ses bondieuseries" ... Mais il était très sévère sur l'authenticité du moindre objet .... Il connaissait tous les émois, toutes les alertes, de la chasse aux occasions. Je l'ai vu battre pas à pas le marché à la ferraille, sur les quais de Tours, soutenu par l'espoir de dénicher le gibier rare... les livres anciens le passionnaient tout particulièrement. Il sortait même de sa modestie ordinaire et il étalait complaisamment les signes originaux de ses livres rares. Il abondait toujours en anecdotes sur les amateurs "toujours, à dessein, vêtus comme des mendigots" et sur les antiquaires. Ce goût des rares et vieilles choses, il l'appliquait à l'aménagement de son logis ... son occupation préférée. Il surveillait de très près la pose des meubles et des tableaux, traquait la moindre hérésie ... accrochait lui-même des gravures, de menus médaillons.
Selon son ami et biographe Michel Corday, craignant les conséquences du climat humide de cette maison tourangelle ou celui de la région pour ses meubles et objets d'art, il fit transporter les plus précieux dans sa maison parisienne, dont hérita sa veuve. Aucun meuble, livre ou objet ayant appartenu à un écrivain quasiment vénéré de son vivant n'a subsisté dans sa dernière maison du fait que son petit-fils Lucien Psichari, employé subalterne de la maison Calmann-Lévy - éditeur de son grand'père - qui en hérita, dispersa ensuite peu à peu son contenu dont l'importante bibliothèque aménagée dans l'ancienne orangerie, par des envois ponctuels et discrets à l'hôtel des ventes de Vendôme; quant au corps de bibliothèque il tomba en morceaux dans les mains du menuisier local venu pour le récupérer... témoignage oral de Mme Michèle D., Saint-Cyr-sur-Loire, 23 septembre 2014.
"J'avais, comme tous les bibliophiles, un "Enfer" composé de volumes illustrés de gravures scabreuses. Eh bien, il ne m'en reste pas un seul. On m'a tout pris".à Michel Corday
Plusieurs ouvrages de France, dont un exemplaire d'épreuves de l'Anneau d'améthyste 1899 comportant de nombreuses corrections, avec un envoi à Lucien Guitry, et d'autres offerts au comédien ou à son fils Sacha, figurèrent dans la vente aux enchères publiques de la bibliothèque de celui-ci à Paris le 25 mars 1976 ; arch pers..
D'autres titres de l'écrivain figurèrent dans les catalogues 63, 65 et 75 du libraire Pierre Bérès arch. pers.; certains exemplaires d'éditions originales de Voltaire, que France collectionnait, et portant le cachet de cette propriété tourangelle, ont été présentés en vente publique par Sotheby's à Monaco les 13 et 14 avril 1986.
La Bibliothèque historique de la ville de Paris possède un fonds Anatole France composé de manuscrits de ses œuvres, de correspondances ainsi que de tous les livres de sa bibliothèque personnelle; ce fonds a été enrichi par dons et par acquisitions au cours du XXe siècle.

Son œuvre Thèmes et style

Les principaux thèmes de son œuvre en prose émergent du recueil Balthasar et du roman plusieurs fois remanié Le Crime de Sylvestre Bonnard. Marie-Claire Bancquart signale entre autres le personnage de l’érudit sensible, ridicule ou aimable, qui a sa vie derrière lui, la bibliothèque qui possède une présence charnelle, l’action et la justice. Ces thèmes sont particulièrement exposés dans des discours ou des conversations par des personnages tels que Sylvestre Bonnard, Jérôme Coignard et M. Bergeret. Le style de France, souvent qualifié de classique, se caractérise par une ironie amusée, parfois douce et aimable, parfois noire et cruelle, qui exprime son scepticisme foncier à l’égard de la nature humaine, de ses aspirations et de la connaissance, en particulier l’histoire.
L’œuvre de France tranche tant avec les courants littéraires de son temps, naturalisme qu’avec la politique française en matière d’éducation après la guerre franco-allemande de 1870. Contre l’éducation exclusivement scientifique prônée par Jean Macé ou Louis Figuier, il valorise la force réelle de l’imagination :
"Fermez-moi ce livre, mademoiselle Jeanne, laissez là, s’il vous plaît, " l’Oiseau bleu, couleur du temps que vous trouvez si aimable et qui vous fait pleurer, et étudiez vite l’éthérisation. Il serait beau qu’à sept ans vous n’eussiez pas encore une opinion faite sur la puissance anesthésique du protoxyde d’azote ! " M. Louis Figuier a découvert que les fées sont des êtres imaginaires. C’est pourquoi il ne peut souffrir qu’on parle d’elles aux enfants. Il leur parle du guano, qui n’a rien d’imaginaire. — Eh bien, docteur, les fées existent précisément parce qu’elles sont imaginaires. Elles existent dans les imaginations naïves et fraîches, naturellement ouvertes à la poésie toujours jeune des traditions populaires.
Il refuse le réalisme de Zola, qu’il juge brutal, et, à l’esprit scientifique en littérature, il oppose des écrivains comme Dickens et Sand, car, pour lui :
" L’artiste qui ne voit les choses qu’en laid n’a pas su les voir dans leurs rapports, avec leurs harmonies ...".
Toutefois, son attitude à l'égard de Zola évolue au début des années 1890 avec La Bête humaine, L'Argent et La Débâcle, auxquels il consacre des articles élogieux.
Ses œuvres comportent donc de nombreux éléments féériques et souvent proches du fantastique.
C’est dans le même esprit qu’il aborde l’histoire, se défiant des prétentions scientistes, non pour réduire cette discipline à une fable, mais pour souligner les incertitudes qui lui sont inhérentes. L’histoire est un thème qui revient souvent dans ses œuvres. Le style qu’il utilise pour en parler est caractéristique de l’ironie et de l’humour franciens :
"Si je confesse aujourd’hui mon erreur, si j’avoue l’enthousiasme inconcevable que m’inspira une conception tout à fait démesurée, je le fais dans l’intérêt des jeunes gens, qui apprendront, sur mon exemple, à vaincre l’imagination. Elle est notre plus cruelle ennemie. Tout savant qui n’a pas réussi à l’étouffer en lui est à jamais perdu pour l’érudition. Je frémis encore à la pensée des abîmes dans lesquels mon esprit aventureux allait me précipiter. J’étais à deux doigts de ce qu’on appelle l’histoire. Quelle chute ! J’allais tomber dans l’art. Car l’histoire n’est qu’un art, ou tout au plus une fausse science. Qui ne sait aujourd’hui que les historiens ont précédé les archéologues, comme les astrologues ont précédé les astronomes, comme les alchimistes ont précédé les chimistes, comme les singes ont précédé les hommes ? Dieu merci ! j’en fus quitte pour la peur."
France utilise plusieurs types d’ironie : il peut s’agir de faire parler naïvement des personnages en sorte que le lecteur en saisisse le ridicule ou bien d'exprimer avec loquacité l’antithèse de ce que l’auteur pense, en faisant sentir l’ineptie des propos tenus. Le premier genre d’humour est le plus léger et imprègne tout particulièrement L’Île des Pingouins, qualifiée de "chronique bouffonne de la France » par Marie-Claire Bancquart.
La seconde sorte d’humour se manifeste surtout par une ironie noire qu’illustre par exemple le conte 'Crainquebille', histoire d’une injustice sociale ; France fait ainsi dire à un personnage qui analyse le verdict inique prononcé par un juge :
"Ce dont il faut louer le président Bourriche, lui dit-il, c’est d’avoir su se défendre des vaines curiosités de l’esprit et se garder de cet orgueil intellectuel qui veut tout connaître. En opposant l’une à l’autre les dépositions contradictoires de l’agent Matra et du docteur David Matthieu, le juge serait entré dans une voie où l’on ne rencontre que le doute et l’incertitude. La méthode qui consiste à examiner les faits selon les règles de la critique est inconciliable avec la bonne administration de la justice. Si le magistrat avait l’imprudence de suivre cette méthode, ses jugements dépendraient de sa sagacité personnelle, qui le plus souvent est petite, et de l’infirmité humaine, qui est constante. Quelle en serait l’autorité ? On ne peut nier que la méthode historique est tout à fait impropre à lui procurer les certitudes dont il a besoin."

L'anticonformiste

Cet apaisement fait place à des mises en cause d'autant plus violentes que les premiers temps de la liaison commencée en 1888 avec Mme de Caillavet sont ceux d'un épanouissement charnel, et des affres de la jalousie. Le Lys rouge en donne une transposition qui a pu paraître trop mondaine ; France y parle, en 1893, d'un amour qui a déjà perdu sa première force. C'est ailleurs qu'on en peut trouver de puissants témoignages. La correspondance des amants masochistes permet de juger combien les personnages de Thaïs et de Jahel doivent à Mme de Caillavet, mais aussi combien toute la vision du monde exposée dans Thaïs et La Rôtisserie de la reine Pédauque est tributaire d'Éros, sans cesse uni à Thanatos. Vision païenne : les forces du désir sont les seules bonnes ; mais elles sont en butte aux hasards absurdes de cette terre, et à la mort. Des simples comme Thaïs ou Jacques Tournebroche peuvent trouver le bonheur, mais jamais les raffinés, les lucides comme Nicias ou Jérôme Coignard. L'aisance de l'écrivain, l'allure pittoresque de La Rôtisserie, qui transpose au XVIIIe siècle l'occultisme à la mode, ne doivent pas tromper. Il y a là, comme dans Le Jardin d'Épicure, un malaise existentiel.
L'anticonformisme de ces livres est visible. La querelle née autour du Disciple de Bourget, en 1889, contribue à précipiter France, contre Brunetière, dans le camp des adeptes du libre examen, et d'une science conçue comme relative, mais irremplaçable pour notre esprit. Depuis longtemps, France médite sur les faux témoignages de l'histoire pris en compte par notre crédulité. Jeanne d'Arc, dont l'inspiration est discutée par lui, apparaît dès 1876 dans ses écrits. On connaît le beau conte de L'Étui de nacre 1892 où Ponce Pilate est présenté comme un haut fonctionnaire, probe et malheureux, qui a tout oublié de Jésus. Impostures de l'histoire, impostures de l'actualité : le scandale de Panamá révèle en 1893 qu'on a demandé un faux témoignage à la femme d'un suspect. France n'avait jamais jusqu'alors laissé affleurer la politique dans son œuvre publiée. Maintenant, porté par sa vieille obsession, il se lance dans la lutte : Les Opinions de M. Jérôme Coignard sur les affaires de ce temps mettent en cause, de proche en proche, à travers une transposition transparente, toutes les institutions contemporaines. France ne croit pas à l'efficacité d'une éventuelle révolution, mais il est désormais âprement réformiste. Il y paraît même dans son discours de réception à l'Académie française, en 1896. France académicien : le très actif salon de Mme de Caillavet a servi ses ambitions littéraires. On y rencontre le jeune Marcel Proust, qui doit beaucoup à France pour la formation de sa pensée, et qui va lui aussi être dreyfusard.

France est le seul académicien qui se soit violemment déclaré en faveur de Dreyfus. On voit bien que ce n'est pas là l'effet d'une conversion soudaine. Quand, ayant entrepris des nouvelles sur la France du ralliement, nommées Histoire contemporaine, l'écrivain a connaissance de cette énorme affaire de faux, il prend parti avec courage et générosité, mais tout en suivant la pente de ses anciennes méditations. M. Bergeret devient son porte-parole dans le roman désormais paru semaine après semaine, en feuilletons d'actualité. Ce qui est vrai, c'est que l'Affaire précipite France dans une action devant laquelle il hésitait encore. Devenu l'ami de Jaurès, il milite à ses côtés, appelle à combattre pour l'avènement du socialisme, tout en exprimant pleinement son anticléricalisme contre une Église en majorité antidreyfusarde. Ces deux positions paraissent conciliables pendant la période du combisme, durant laquelle France fut l'écrivain officiel de la séparation de l'Église et de l'État.
Mais, bientôt, les anciens compagnons de lutte de l'Affaire s'opposent. France, tout en demeurant le militant d'une cause qu'il estime juste, va exprimer dans ses livres doutes et amertumes. Sur la pierre blanche 1905 admet la possibilité d'une société socialiste, du reste toujours soumise aux fatalités de la nature. L'Île des pingouins 1908 présente au contraire une vision désabusée, chaotique, de l'histoire, et l'hypothèse que notre civilisation parvenue à son absurde apogée se détruira elle-même. Les années qui précèdent la guerre voient évoluer l'esprit public d'une manière contraire aux vœux de France. Il traverse en outre une grave crise personnelle après son voyage en Argentine et la mort en 1910 de Mme de Caillavet désespérée par son infidélité. C'est alors qu'il publie le très beau roman Les dieux ont soif 1912, qui, à travers une reconstitution de la vie parisienne sous la Terreur, montre qu'à vouloir gouverner les hommes par des idées on en vient à une monstrueuse oppression de la parole non fondée. La Révolte des anges, 1913, qui transpose l'actualité en opéra bouffe, proclame qu'il n'y a pas de vrai changement sans une bien hypothétique conversion intérieure, une révolution morale. Romans d'un art de vivre menacé, peut-être même miné... Cette période est celle du déchirement.
La guerre éclate. Ayant déclaré qu'il espérait, après la victoire française, une réconciliation des peuples, France reçoit de telles menaces qu'il écrit une palinodie, puis se tait. Ses lettres montrent son désarroi. Après la guerre, il se reprend à espérer un changement de société ; s'il se refuse à prendre parti entre socialistes et communistes, il se tourne avec faveur vers la jeune révolution russe, jusqu'au premier des grands procès politiques, en 1923. Il s'élève contre lui : toujours, donc, l'exigence d'un examen personnel, qui lui vaut bien des attaques ! Il n'en est pas moins considéré par beaucoup, en cet après-guerre, comme le plus grand des écrivains français. Réputation consacrée en 1921 par le prix Nobel. Des obsèques officielles lui sont faites en 1924, le Cartel des gauches étant au pouvoir. Mais cette célébrité porte ombrage à plus d'un. D'autre part, il apparaît à juste titre comme un porteur éminent des valeurs de l'humanisme, qu'on veut croire dépassées. Cela explique et le pamphlet des surréalistes, et la désaffection de beaucoup d'intellectuels.
Les raisons contingentes de cette désaffection se sont éloignées, et nous avons connu trop de situations d'urgence pour que la méditation constante de France sur la nature et les périls du pouvoir ne nous semble pas singulièrement actuelle. Il a pratiqué sans cesse le scepticisme au sens philosophique, c'est-à-dire l'examen lucide de toutes les faces d'un problème. Cette attitude n'exclut pas les prises de parti ; elle les relativise, et les remet toujours en question. Elle n'est pas une attitude de facilité. On aimera chez France un écrivain très ouvert à son temps, sur le qui-vive, dans des limites qu'il refusa de transgresser : celles de l'humaine raison. On aimera encore, certains aimeront surtout, l'artiste très raffiné, le créateur de personnages qui resteront, et d'un mot : Trublion ..., l'écrivain au style pur et au rythme personnel. Ce sont des qualités qui attirèrent vers son œuvre Jules Renard, Huxley, Queneau et Supervielle.

Analyse de ses œuvres majeures

Le Crime de Sylvestre Bonnard

"Sylvestre Bonnard, membre de l’Institut, est un historien et un philologue, doté d’une érudition non dénuée d’ironie : « Savoir n’est rien – dit-il un jour – imaginer est tout."
Il vit au milieu des livres, la cité des livres, mais se lance à la recherche, en Sicile et à Paris, du précieux manuscrit de La Légende dorée qu’il finit un jour par obtenir. Le hasard lui fait rencontrer la petite fille d’une femme qu’il a jadis aimée et, pour protéger l’enfant d’un tuteur abusif, il l’enlève. La jeune fille épousera par la suite un élève de M. Bonnard. Ce roman, qui fut jugé spirituel, généreux et tendre, fit connaître Anatole France.

Balthasar

Balthasar est le premier recueil de nouvelles publié par Anatole France.

Thaïs

Ce roman est considéré comme une étape importante dans l’art d’Anatole France.

Histoire contemporaine

À partir de 1895, France commença à écrire des chroniques pour L'Écho de Paris, sous le titre de Nouvelles ecclésiastiques. Ces textes formeront le début de Histoire contemporaine.
Autour d’un enseignant à l’université de Tourcoing, une tétralogie satirique de la société française sous la Troisième république, du boulangisme au début du xxe siècle.

L’Île des Pingouins

Il s’agit d’une histoire parodique de la France constituée de nombreuses allusions à l’histoire contemporaine.
Maël, un saint homme, aborde une île des mers hyperboréennes où l’a poussé une tempête. Trompé par sa mauvaise vue, Maël baptise des pingouins qu’il a pris pour des hommes. Dieu, après avoir consulté les docteurs de l’Église pour résoudre le problème théologique de savoir si les Pingouins baptisés sont de ce fait des créatures de Dieu, décide de transformer les pingouins en hommes. France décrit alors leur histoire, les origines, les temps anciens, le Moyen Âge, la Renaissance, les temps modernes et les temps futurs. Reflet de l’histoire de la France, l’histoire des Pingouins n’est qu’une suite de misères, de crimes et de folies. Cela est vrai de la nation pingouine comme de toutes les nations. L’affaire des quatre-vingt mille bottes de foin est ainsi une parodie de l’affaire Dreyfus. L’Histoire future décrit le monde contemporain et sa fuite en avant, un monde où le goût s’était perdu des jolies formes et des toilettes brillantes, où règne une laideur immense et régulière… La condition humaine alterne alors entre constructions démesurées, destructions et régressions : On ne trouvait jamais les maisons assez hautes... Quinze millions d’hommes travaillaient dans la ville géante... C’est l’histoire sans fin, cycle infernal qui, pour France, rend improbable l’idée d’une société future meilleure.

Les dieux ont soif

Les dieux ont soif est un roman paru en 1912, décrivant les années de la Terreur à Paris, France, entre l’an I et l'an II. Sur fond d’époque révolutionnaire, France, qui pensait d’abord écrire un livre sur l’inquisition, développe ses opinions sur la cruauté de la nature humaine et sur la dégénérescence des idéaux de lendemains meilleurs.
Le personnage principal, Évariste Gamelin, un révolutionnaire fanatique, et les autres personnages sont tous entraînés par la mécanique tragique d’un pouvoir absolu altéré de sang, et France les peint avec leurs soucis et leurs plaisirs quotidiens, avec parfois un sens du détail sordide qui révèle la perversité des instincts humains. Les acteurs et responsables de la Terreur, dirigeant le pays avec des idées abstraites, veulent faire le bonheur des hommes malgré eux. Évariste Gamelin, peintre raté, devient un juré du Tribunal révolutionnaire, condamnant à mort avec indifférence. Il sera victime lui aussi de cette logique terroriste. À côté de ce jeu du pouvoir et de la mort, la vie et la nature poursuivent leur cycle, incarné par la maîtresse de Gamelin, Élodie.
C’est un grand analyste d’illusions. Il en pénètre et en sonde les plus secrets replis comme s’il s’agissait de réalités faites de substances éternelles. Et c’est en quoi consiste son humanité : elle est l’expression de sa profonde et inaltérable compassion. Joseph Conrad

La Révolte des anges

"La révolte des anges" adopte un mode fantastique pour aborder un certain nombre de thèmes chers à Anatole France : la critique de l'Église catholique, de l'armée, et la complicité de ces deux institutions. L'ironie est souvent mordante et toujours efficace. L'histoire est simple : des anges rebellés contre Dieu descendent sur terre, à Paris précisément, pour préparer un coup d'État si l'on peut dire qui rétablira sur le trône du ciel celui que l'on nomme parfois le diable, mais qui est l'ange de lumière, le symbole de la connaissance libératrice... Les tribulations des anges dans le Paris de la IIIe République sont l'occasion d'une critique sociale féroce. Finalement, Lucifer renoncera à détrôner Dieu, car ainsi Lucifer deviendrait Dieu, et perdrait son influence sur la pensée libérée...

Jérôme Coignard

C'est le personnage central des roman la Reine Pédauque et des Opinions de Jérôme Coignard.

Influence et postérité

Anatole France fut considéré comme une autorité morale et littéraire de premier ordre. Il fut reconnu et apprécié par des écrivains et des personnalités comme Marcel Proust on pense qu'il fut l'un des modèles ayant inspiré Proust pour créer le personnage de l'écrivain Bergotte dans À la recherche du temps perdu, Marcel Schwob et Léon Blum. On le retrouve a contrario dans Sous le soleil de Satan, croqué à charge par Georges Bernanos dans le personnage de l'académicien Antoine Saint-Marin. Il était lu et exerçait une influence sur les écrivains qui refusaient le naturalisme, comme l’écrivain japonais Jun'ichirō Tanizaki, il fut la référence pour Roger Peyrefitte.
Ses œuvres furent publiées aux éditions Calmann-Lévy de 1925 à 1935. Anatole France fut également, de son vivant et quelque temps après sa mort, l'objet de nombreuses études.
Mais après sa mort, il fut la cible d'un pamphlet des surréalistes, Un cadavre, auquel participèrent Drieu La Rochelle et Aragon, auteur d'un texte intitulé : Avez vous déjà giflé un mort ? dans lequel il écrivait : Je tiens tout admirateur d'Anatole France pour un être dégradé. Pour lui, Anatole France était un exécrable histrion de l’esprit, représentant de l’ignominie française. André Gide le jugea un écrivain sans inquiétude qu'on épuise du premier coup.
La réputation de France devint ainsi celle d’un écrivain officiel au style classique et superficiel, auteur raisonnable et conciliant, complaisant et satisfait, voire niais, toutes qualités médiocres qu’incarnerait principalement M. Bergeret. Mais nombre de spécialistes de l’œuvre de France considèrent que ces jugements sont excessifs et injustes, ou qu’ils sont même le fruit de l’ignorance, car ils en négligent les éléments magiques, déraisonnables, bouffons, noirs ou païens. Pour eux, l’œuvre de France a souffert et souffre encore d’une image fallacieuse.
Reflétant cet oubli relatif et cette méconnaissance, les études franciennes sont aujourd’hui rares et ses œuvres, hormis parfois les plus connues, sont peu éditées.

Œuvres

Catalogue des œuvres d’Anatole France
Les œuvres d'Anatole France ont fait l'objet d'éditions d'ensemble :
Œuvres Complètes, Calmann-Lévy, 1925-1935
Marie-Claire Bancquart éd., Anatole France Œuvres, Gallimard, coll. La Pléiade , 1984-1994

Poésies

Les Poèmes dorés, 1873
Les Noces corinthiennes, 1876. Drame antique en vers

Romans et nouvelles

Jocaste et le Chat maigre, 1879
Le Crime de Sylvestre Bonnard, membre de l’Institut, 1881. Prix Montyon de l’Académie française
Les Désirs de Jean Servien, 1882
Abeille, conte, 1883
Balthasar, 1889
Thaïs, 1890, PG. Cet ouvrage a fourni l’argument au ballet Thaïs de Jules Massenet.
L'Étui de nacre, 1892, recueil de contes
La Rôtisserie de la reine Pédauque, 1892
Les Opinions de Jérôme Coignard, 1893
Le Lys rouge, 1894
Le Jardin d’Épicure, 1894 2e édition revue et corrigée par l'auteur : 1922 PG;
Le Puits de Sainte Claire, 1895
Histoire contemporaine en quatre parties :
1. L'Orme du mail, 1897
2. Le Mannequin d'osier, 1897
3. L'Anneau d'améthyste, 1899
4. Monsieur Bergeret à Paris, 1901 PG
Clio, 1899 réédition sous le titre Sous l'invocation de Clio, 1921
L'Affaire Crainquebille, 1901
Le Procurateur de Judée, 1902
Histoire comique, 1903
Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables, 1904
Sur la pierre blanche, 190533, PG
L’Île des Pingouins, 1908, PG
Les Contes de Jacques Tournebroche, 1908
Les Sept Femmes de Barbe bleue et autres contes merveilleux, 1909
Les dieux ont soif , 1912
La Révolte des anges, 1914

Souvenirs

Le Livre de mon ami, 1885
Pierre Nozière, 1899
Le Petit Pierre, 1918
La Vie en fleur, 1922

Théâtre

Au petit bonheur, 1898. Pièce en un acte
Crainquebille, 1903
La Comédie de celui qui épousa une femme muette, 1908. Pièce en deux actes
Le Mannequin d'osier, 1897. Comédie adaptée du roman homonyme première représentation le 22 mars 1904

Histoire

Vie de Jeanne d'Arc, 1908

Critique littéraire

Alfred de Vigny, 1868
Le Château de Vaux-le-Vicomte, 1888. Préface de Jean Cordey. Rééditions : Calmann- Lévy, 1933 ; Presses du Village, 1987 ; archives pers. ;
Le Génie latin, 1913. Recueil de préfaces
La Vie littéraire, Paris, Calmann-Lévy, 1933. La préface de la "quatrième série" est datée de mai 1892.

Critique sociale

Crainquebille par Steinlen.
Opinions sociales, 1902
Le Parti noir, 1904
Vers les temps meilleurs, 1906. Recueil de discours et lettres en 3 tomes ; 3 portraits par Auguste Leroux
Sur la voie glorieuse, 1915
Trente ans de vie sociale en 4 tomes :
I. 1897-1904, 1949, commentaires de Claude Aveline
II. 1905-1908, 1953, commentaires de Claude Aveline
III. 1909-1914, 1964, commentaires de Claude Aveline et Henriette Psichari
IV. 1915-1924, 1973, commentaires de Claude Aveline et Henriette Psichari ; seconde édition.
Préface du livre de : Dr Oyon, Précis de l'affaire Dreyfus, Paris, Pages libres, 1903

Adaptations Théâtre

Crainquebille

Musique

Thaïs de Jules Massenet

Filmographie

Des adaptations au cinéma35 d'œuvres d'Anatole France ont été réalisées dès son vivant.
Il apparaît aussi dans un documentaire de Sacha Guitry, Ceux de chez nous 1915.

Films

1914 : Thais de Constance Crawley et Arthur Maude
1920 : Le Lys Rouge de Charles Maudru,
1922 : Crainquebille de Jacques Feyder, avec Françoise Rosay
1926 : Les dieux ont soif de Pierre Marodon
Téléfilms
1981 : Histoire contemporaine de Michel Boisrond, avec Claude Piéplu dans le rôle de Monsieur Bergeret,série de 4 téléfilms

Hommages


De nombreuses voies publiques, transports publics, établissements d'enseignement portent le nom d'Anatole France, parmi lesquels une station du métro de Rennes.
En 1937, la Poste française émet un timbre-poste à son effigie.$
Une statue de lui assis devant une petite colonnade orne le parc de la préfecture d'Indre-et- Loire.
Dans le cadre des 31èmes Journées Européennes du Patrimoine, la municipalité de Saint-Cyr-sur-Loire, l'association "Saint-Cyr; hommes et patrimoine" et le Conseil Général d'Indre-et-Loire ont organisé ces manifestations :
- le 19 septembre 2014, installation du buste de France en 1919 par Antoine Bourdelle le bronze du musée d'Orsay reproduit sur cette page, exemplaire en pierreinauguré en 1955 puis restauré, dans le parc du manoir de la Tour, espace à vocation littéraire qui honore les hommes de lettres illustres ayant séjourné dans la commune;
- le 20 septembre 2014, évocation musicale de sa vie et de son oeuvre avec musiques de Paul-Henri Busser et de Massénet dans le parc de La Perraudière mairie;
- du 20 au 28 septembre 2014, présentation dans la mairie de l'exposition "Anatole France, sa vie son oeuvre et ses dix ans à Saint-Cyr-sur-Loire" le magazine municipal Saint-Cyr présente... de septembre-décembre 2014, Anatole France "Pourquoi m'avez-vous oublié ?".

Citations

Monument aux morts de Mazaugues avec la phrase de Marx citée par Anatole France.
La langue française est une femme. Et cette femme est si belle, si fière, si modeste, si hardie, touchante, voluptueuse, chaste, noble, familière, folle, sage, qu'on l'aime de toute son âme, et qu'on n'est jamais tenté de lui être infidèle. Les Matinées de la Villa Saïd, 1921 ;
"Ah ! c'est que les mots sont des images, c'est qu'un dictionnaire c'est l'univers par ordre alphabétique. À bien prendre les choses, le dictionnaire est le livre par excellence". La Vie littéraire;
"Je vais vous dire ce que me rappellent, tous les ans, le ciel agité de l'automne, les premiers dîners à la lampe et les feuilles qui jaunissent dans les arbres qui frissonnent ; je vais vous dire ce que je vois quand je traverse le Luxembourg dans les premiers jours d'octobre, alors qu'il est un peu triste et plus beau que jamais ; car c'est le temps où les feuilles tombent une à une sur les blanches épaules des statues. Ce que je vois alors dans ce jardin c'est un petit bonhomme qui, les mains dans les poches et sa gibecière au dos, s'en va au collège en sautillant comme un moineau..." Le Livre de mon ami, chapitre X : Les humanités ;
"Le lecteur n'aime pas à être surpris. Il ne cherche jamais dans l'histoire que les sottises qu'il sait déjà. Si vous essayez de l'instruire, vous ne ferez que l'humilier et le fâcher. Ne tentez pas l'éclairer, il criera que vous insultez à ses croyances ... Un historien original est l'objet de la défiance, du mépris et du dégoût universel". L'Île des pingouins, préface ;
"De tous les vices qui peuvent perdre un homme d'État, la vertu est le plus funeste : elle pousse au crime" La Révolte des anges, chapitre XXI ;
"La guerre et le romantisme, fléaux effroyables ! Et quelle pitié de voir ces gens-ci nourrir un amour enfantin et furieux pour les fusils et les tambours ! " La Révolte des Anges, chapitre XXII ;
"Je ne connais ni juifs ni chrétiens. Je ne connais que des hommes, et je ne fais de distinction entre eux que de ceux qui sont justes et de ceux qui sont injustes. Qu'ils soient juifs ou chrétiens, il est difficile aux riches d'être équitables. Mais quand les lois seront justes, les hommes seront justes." Monsieur Bergeret à Paris, chapitre VII ;
"L'union des travailleurs fera la paix dans le monde, cette citation, faussement attribuée à France c'est une traduction de Marx, se trouve notamment sur le Monument aux morts pacifiste de Mazaugues dans le Var ;"
"On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels." Lettre ouverte à Marcel Cachin, L'Humanité, 18 juillet 1922 ; cité par Michel Corday das sa biographie 1928;
"Ma faiblesse m'est chère. Je tiens à mon imperfection comme à ma raison d'être". Le Jardin d'Épicure, 1894 ;
" Monsieur Dubois demanda à Madame Nozière quel était le jour le plus funeste de l'histoire. Madame Nozière ne le savait pas. C'est, lui dit Monsieur Dubois, le jour de la bataille de Poitiers, quand, en 732, la science, l'art et la civilisation arabes reculèrent devant la barbarie franque." La Vie en Fleur, 1922;
"Bénissons les livres, si la vie peut couler au milieu d'eux en une longue et douce enfance !" La Vie littéraire, tome 1, préface ;
"Mais parce que mes passions ne sont point de celles qui éclatent, dévastent et tuent, le vulgaire ne les voit pas." Le Crime de Sylvestre Bonnard, membre de l'Institut, 1881.
"C’était le seul homme de valeur à avoir accédé, durant la guerre, à un poste de haute responsabilité; mais on ne l’a pas écouté. Il a sincèrement voulu la paix et c’est la raison pour laquelle on n’eut pour lui que du mépris. On est ainsi passé à coté d’une splendide occasion". lettre de 1917 à propos de Charles 1er de Habsbourg.

Liens

http://youtu.be/r-ecpqBwn9 Anatole France par Guitry
http://youtu.be/FiOl6Ibt8cw 1 livre 1 jour; Anatole France dans la pléïade
Anatole France : Histoire contemporaine Histoire contemporaine .


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Posté le : 11/10/2014 14:48

Edité par Loriane sur 12-10-2014 14:35:13
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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