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Iran 1
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Iran Histoire et politique

L'histoire moderne de l'Iran, vieil empire multiethnique, devenu au fil du XXe siècle (sous la dynastie pahlavi puis sous la République islamique) un État-nation centralisé, présente quelques constantes remarquables.
Les relations de domination puis de rejet des puissances étrangères ont rythmé les étapes de l'évolution de ce pays, fier de sa singularité et de son indépendance et qui n'a jamais été colonisé. La domination de la Grande-Bretagne et de la Russie, dès la seconde moitié du XIXe siècle, a entraîné des mouvements de protestation puis, au début du XXe siècle, une révolution constitutionnelle (1905-1911) originale. C'est encore contre la Grande-Bretagne et sa mainmise sur les richesses pétrolières que la population se révolta sous l'égide de Mossadegh, alors Premier ministre, au début des années 1950 ; les Américains ayant pris le relais des Britanniques, ils devinrent la cible de ces protestations qui atteignirent leur paroxysme lors de la révolution de 1979.
Une seconde constante de l'histoire politique de l'Iran est la place singulière qu'y tient le clergé shi’ite, force traditionnelle de cristallisation des mécontentements et volontiers contestataire des pouvoirs établis, pour des raisons doctrinales propres à ce courant de l'islam. La revendication de la gestion directe des affaires politiques, sous la forme du velāyat-e faghih (« la souveraineté du docte »), est cependant une innovation de la République islamique et de son promoteur, l'ayatollah Khomeyni, innovation qui a profondément bouleversé le paysage politique régional et international.
Une troisième constante, depuis plus d'un siècle, est le balancement entre soubresauts démocratiques et autoritarisme brutal, que traduit, dans le langage quotidien, l'opposition entre mellat (le peuple et ses aspirations) et dowlat (le gouvernement et ses pratiques). À de courts moments de liberté d'opinion et d'expression (révolution constitutionnelle, mossadeghisme, premiers mois de la révolution de 1978-1979) ont régulièrement succédé coups d'État ou répression.
Encerclé, au début du XXIe siècle, par deux pays occupés et en guerre (l'Irak et l'Afghanistan), l'Iran demeure la grande puissance de la région, assurée de la stabilité de ses frontières, exerçant une forte influence sur les pays d'Asie centrale qui faisaient autrefois partie de son empire et sur un « croissant shi’ite » qui s'étend du golfe au Liban en passant par l'Irak. Mais, depuis les événements révolutionnaires, l'Iran tend aussi à s'ériger en référence centrale pour le monde musulman, voire en puissance mondiale, orchestrant un front du refus, position affirmée avec plus ou moins de véhémence selon les conjonctures électorales et internationales.

La monarchie iranienne

La situation géographique de l'Iran entre le Proche-Orient et l'Inde d'une part, entre l'océan Indien et la Russie d'autre part a valu à ce pays, à partir de la fin du XVIIIe siècle – qui voit l'avènement de la dynastie des Qadjar (1794-1925) et l'établissement de la capitale à Téhéran – d'être l'un des théâtres de la rivalité anglo-russe ; les Russes souhaitaient, à travers l'Iran, atteindre le golfe Persique et l'océan Indien et tourner l'Empire ottoman, les Anglais entendaient protéger la route des Indes et interdire la réalisation des visées de l'empire tsariste. En outre, depuis 1795, des problèmes frontaliers opposaient la Russie à l'Iran : la Géorgie en était l'enjeu ; en 1813, les Russes finirent par obtenir cette province ainsi que le Daghestan et, en 1828, par le traité de Torkamantchaï, les Iraniens durent aussi céder les districts arméniens d'Erevan et de Nakhitchevan. Par la suite, les Russes soutinrent à plusieurs reprises les Iraniens contre les Anglais, notamment à propos des affaires d'Afghanistan qui trouvèrent leur conclusion avec le traité anglo-iranien de 1857.

La rivalité et l'influence des deux grandes puissances ne firent dès lors que s'amplifier ; à tour de rôle, Anglais et Russes obtinrent des concessions extraordinaires qui mirent pratiquement entre leurs mains toutes les ressources de l'Iran ; la plus spectaculaire fut le contrôle par les Anglais de la recherche et de l'exploitation des pétroles en Iran du Sud (1901) et la création de l'Anglo-Persian Oil Company (1909) ; à l'Imperial Bank of Persia (anglaise) s'opposait la Banque d'escompte de la Perse (russe) ; à cela s'ajoutaient la domination politique des Anglais sur le sud du pays, celle des Russes sur le Nord.

Après avoir paru favorable à des réformes, Naser od-din shah (1848-1896) se montra de plus en plus indifférent aux problèmes de ses sujets, accentua le caractère absolutiste de son pouvoir et laissa les puissances étrangères mettre la main sur l'économie du pays, attitude qui fut encore plus celle de son successeur, Mouzaffar od-din shah (1896-1907). Cette politique provoqua le mécontentement des tenants des traditions religieuses et sociales, dont les oulémas étaient les chefs, et des partisans de réformes profondes, qui ne constituaient cependant qu'une minorité. La conjonction des mécontents aboutit à la révolution de 1906, dont le résultat fut l'instauration d'un régime parlementaire (oct. 1906) et la promulgation d'une Constitution (oct. 1907) ; mais le nouveau shah, Mohammad Ali, rétablit le régime absolutiste (juin 1908) : des révoltes éclatèrent alors en de nombreux points du pays, particulièrement à Ispahan où le chef de l'importante tribu des Bakhtiyaris conduisait le mouvement : le 13 juillet 1909 le shah fut déposé et remplacé par son fils, Ahmad, âgé de douze ans, qui devait être le dernier souverain de la dynastie qadjari (1909-1925). Profitant de la situation politique trouble, Anglais, Russes et Allemands travaillèrent à accroître leur influence, notamment les Allemands, apparus à la fin du XIXe siècle et qui, avec les Turcs, essayèrent de s'imposer durant la Première Guerre mondiale ; leur défaite en Occident entraîna leur échec en Iran, et le changement de régime en Russie laissa les mains libres aux Anglais.

Le règne de Reza shah

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la situation de l'Iran était proche de l'anarchie : dans le sud du pays, les Anglais avaient étendu leur contrôle et pensaient pouvoir imposer leur autorité au gouvernement de Téhéran grâce au traité du 9 août 1919 qui visait à instituer leur protectorat sur l'ensemble de l'Iran, en profitant du retrait des troupes soviétiques. Mais cette action anglaise se heurta à l'opposition des Persans, des Américains et des Français ; les provinces d'Azerbaïdjan et du Ghilan se révoltèrent, et cette dernière se proclama même, en mai 1920, république soviétique du Ghilan. Finalement, le traité ne fut pas ratifié.

Cependant les Anglais obtinrent que les officiers russes de la division « cosaque » cèdent la place à des officiers persans ; il est probable qu'alors la diplomatie anglaise cherchait à instaurer en Perse un nouveau gouvernement, appuyé sur l'armée, et dont elle contrôlerait l'action, directement ou indirectement. De fait, de nombreux incidents éclatèrent dans la région de Téhéran au cours de l'automne et de l'hiver 1920-1921 ; des tentatives de complots eurent lieu, mais sans résultat, jusqu'à ce que l'une d'elles, dirigée par Seyyed Ziya ed-Din et soutenue par le colonel Reza khan, de la division « cosaque », réussisse à s'imposer à Téhéran le 20 février 1921 et prenne en main le pouvoir. Le shah nomma aussitôt Seyyed Ziya ed-Din Tabatabaï Premier ministre tandis que Reza khan devenait ministre de la Guerre.

Seyyed Ziya ed-Din obtint le 26 février 1921 la conclusion d'un traité soviéto-persan, par lequel les Soviétiques renonçaient aux avantages acquis autrefois par les gouvernements tsaristes, mais en échange se voyaient accorder un droit d'intervention armée en Perse, au cas où leur sécurité serait menacée par une intervention étrangère dans ce pays, et l'interdiction pour les Persans de concéder à des étrangers autres que soviétiques des concessions pétrolières dans les cinq provinces du nord. D'autre part, Seyyed Ziya ed-Din élimina du pouvoir un certain nombre de personnages importants et chercha aussitôt à restaurer l'autorité du gouvernement central. Mais sa politique heurtait trop d'intérêts en place et ne plaisait guère aux Britanniques. Trois mois après sa nomination, Seyyed Ziya ed-Din dut donner sa démission et même quitter le pays. Le shah confia alors la direction du gouvernement à Qaram os-Saltane, ancien gouverneur du Khorasan, qui revint à une politique appuyée sur les groupes traditionnels et abandonna les projets de réforme de son prédécesseur. Cependant Reza khan demeurait à la tête de l'armée et, dans la tâche primordiale de restauration de l'autorité gouvernementale, il joua un rôle prééminent. Des troupes furent envoyées pour éliminer les mouvements rebelles, les insurrections et les troubles en Azerbaïdjan, au Gilan, au Khorasan, et soumettre les Lours, les Qashqays, les Arabes du Sud. Les succès obtenus valurent à Reza khan un grand prestige et une influence croissante, qui n'était pas sans faire penser à l'action de Mustafa Kemal dans la Turquie voisine : le 28 octobre 1923, Reza khan fut nommé Premier ministre et le shah quittait alors le pays pour voyager en Europe.

Reza khan est né en 1878 dans un petit village de montagne proche de la mer Caspienne ; sa famille était de condition modeste et l'on ne sait rien sur sa jeunesse. Il entra dans la division « cosaque » vers 1900, servit à Téhéran, Hamadhan, Kermanshah, et participa aux combats de Téhéran en 1908 et 1911. En 1921, il avait le grade de colonel ; il était réputé pour la fermeté de son caractère, son courage et son esprit de détermination. On a parfois prétendu qu'il avait été assez tôt « protégé » par les Anglais, le général Ironside d'abord, sir Percy Loraine ensuite ; on n'a pas de preuves formelles de cette assertion.

Comme l'avait fait Mustafa Kemal en Turquie, Reza khan envisagea de proclamer la république en Perse en 1924 ; mais il se heurta à l'opposition des milieux traditionnels et conservateurs, en particulier des milieux religieux. Pour manifester son mécontentement et affirmer son prestige, Reza khan résigna son pouvoir au début de 1925 : il fut aussitôt rappelé par des démonstrations populaires, les démarches des militaires et d'un certain nombre de députés ; en février 1925 il regagna Téhéran et obtint du Madjlis (Parlement) des pouvoirs quasi dictatoriaux par 93 voix contre 7. L'obstacle majeur au pouvoir suprême était la dynastie des Qadjar : la monarchie était depuis longtemps le régime de la Perse et Reza khan craignait un changement brutal de système de gouvernement. Le shah ayant annoncé son retour en Iran et ses partisans s'agitant, Reza khan prit les devants et obtint la déposition d'Ahmad shah, son exil et celui des membres de la dynastie des Qadjar. Il fut nommé président du gouvernement provisoire le 31 octobre 1925 et se fit décerner la couronne royale le 12 décembre 1925 ; ainsi fut fondée la nouvelle dynastie des Pahlavi.

Sous le règne de Reza shah (12 déc. 1925-16 sept. 1941), l'Iran a subi des transformations profondes dans les domaines économique, administratif et culturel, mais en même temps le pays a été soumis à un étroit contrôle policier : bien que le régime parlementaire n'ait pas été supprimé, le Parlement n'eut pratiquement plus aucun rôle et, dans son désir d'affirmer l'autorité du gouvernement central, le shah fut conduit à supprimer les libertés individuelles ; il agit en fait comme un véritable dictateur, éliminant les opposants à sa politique, soit en les exilant, soit en les emprisonnant ou même en les faisant exécuter. Les chefs de tribu qui tentèrent de se dresser contre son pouvoir furent éliminés et remplacés par des officiers, souvent sans culture et sans pitié. La constitution d'une armée forte, aux cadres privilégiés, visait à contrôler les provinces, à assurer la fermeté du régime et à décourager toute attaque venant de l'extérieur. Les dépenses militaires, la création d'une infrastructure de communications nécessaire à l'armée, routes, voies ferrées, télégraphe, furent couvertes par les revenus tirés du pétrole. En même temps fut institué le service militaire obligatoire et l'obligation de l'usage de noms de famille, indispensables pour la conscription. C'est dans la même optique que furent développés les services médicaux et hospitaliers, l'instruction publique, par besoin d'hommes qualifiés, de techniciens, et fut mis sur pied un programme d'industrialisation. Mais il n'y eut pas de véritable programme national, pas de plan de mise en valeur du pays. Au contraire même, certains projets se révélèrent irréalisables par les seuls moyens iraniens et furent alors confiés à des Occidentaux qui trouvèrent là une possibilité de profits, sans aucune considération pour le développement économique de l'Iran. Cependant on ne peut nier que ces mesures aient contribué à déclencher un processus de modernisation du pays, qui s'est traduit par la création d'écoles et d'une université (1935), des efforts en vue de la libération de la femme (interdiction du port du voile, décrétée en 1935), la lutte contre les milieux religieux fanatiques, l'amélioration de la production agricole.
Mais ces mesures entraînèrent des oppositions : des milieux religieux, des grands propriétaires fonciers, dont les impôts avaient été accrus (mais qui avaient répercuté ces augmentations sur les paysans), et qui avaient perdu leur rôle politique au bénéfice de l'armée, des paysans eux-mêmes qui se méfiaient de la conscription et voyaient d'un mauvais œil la mise en circulation de papier-monnaie à la place des monnaies d'or et d'argent (1932). Cependant Reza shah conservait un grand prestige auprès des paysans. C'est le 31 décembre 1934 qu'un décret du shah donna officiellement au pays le nom d'Iran à la place de celui de Perse, considéré comme symbole détestable du passé. Dès 1928 Reza shah avait abrogé toutes les conventions accordant des privilèges et des capitulations aux puissances étrangères et avait récupéré certains revenus perçus jusqu'alors par des États ou des sociétés non iraniens. Pour améliorer les finances de l'Iran, il annonça en 1932 le retrait de toutes les concessions de l'Anglo-Persian Oil Company et, devant les menaces britanniques, porta l'affaire devant la Société des nations : finalement un accord fut conclu en 1933, par lequel les royalties versées au gouvernement iranien étaient accrues, tandis qu'était réduit le périmètre d'exploitation de l'A.P.O.C. (devenue plus tard l'A.I.O.C., Anglo-Iranian Oil Company) ; toutefois la compagnie voyait renouveler sa concession pour soixante ans. Vers la même époque, Reza shah eut de nouvelles difficultés avec les Britanniques à propos de leur protectorat sur l'île de Bahrein dont il revendiquait la souveraineté : il n'obtint aucun succès.
Avec l'Union soviétique, les relations furent relativement calmes : un traité de neutralité et de garanties réciproques fut signé le 1er octobre 1927 et une compagnie mixte irano-soviétique créée pour l'exploitation des pêcheries sur la côte méridionale de la mer Caspienne. Cependant le Parti communiste iranien, fondé en 1920, fut interdit en 1931 et, par la suite, des dirigeants communistes iraniens furent arrêtés et jugés, notamment au cours des procès de 1937.
Cette attitude anticommuniste est à mettre en parallèle avec le rapprochement avec l'Allemagne hitlérienne, qui tint alors le premier rang dans les échanges extérieurs de l'Iran et envoya dans le pays de nombreux techniciens : en août 1941, on en comptait plus de 2 000. Les États-Unis n'avaient alors qu'une influence réduite ; ils obtinrent néanmoins une concession d'exploitation pétrolière dans le nord-est de l'Iran.
Avec ses voisins du Proche-Orient, Reza shah entretint des relations amicales, concrétisées par la signature, en juillet 1937, du pacte de Saadabad avec l'Afghanistan, l'Irak et la Turquie, par lequel les quatre États se garantissaient mutuellement leurs frontières et s'engageaient à se défendre solidairement contre toute attaque dirigée contre l'un d'eux, et par la conclusion en 1939 du mariage du prince héritier Mohammad Reza avec la princesse Fawzia d'Égypte.

Le règne de Mohammad Reza

Lorsque se déclencha la Seconde Guerre mondiale, l'Iran se déclara neutre et le demeura jusqu'à la fin du mois d'août 1941. L'attaque allemande contre l'Union soviétique, le 22 juin 1941, fit de l'Iran le lieu de jonction des Britanniques et des Soviétiques, pour une fois alliés dans ce pays contre un ennemi commun. En effet l'Iran était la voie la plus pratique pour faire parvenir des armes aux Soviétiques, et d'autre part les Britanniques tenaient à protéger les pétroles de l'A.I.O.C. et la route de l'Inde, menacés par l'avance allemande vers le Caucase.
Dès juillet 1941, Britanniques et Soviétiques envoyèrent à Reza shah une note diplomatique demandant l'expulsion des ressortissants allemands : devant le refus du shah, les deux puissances alliées, avec l'appui des États-Unis, se déclarèrent alors contraintes d'intervenir militairement en Iran, sans pour autant vouloir porter atteinte à la souveraineté du shah ni à l'intégrité territoriale du pays. Le 25 août 1941, les armées britanniques pénétraient dans le sud et l'ouest de l'Iran et s'installaient au Khouzistan et au Kurdistan, tandis que les armées soviétiques occupaient le Nord, notamment les provinces d'Azerbaïdjan et du Khorasan ; le gouvernement iranien s'inclina devant le fait accompli, mais les alliés voulaient davantage : l'abdication du shah dont ils n'appréciaient ni la politique présente ni la politique passée. Finalement, le 16 septembre 1941, Reza shah abdiqua en faveur de son fils Mohammad Reza ; il fut exilé à l'île Maurice, puis en Afrique du Sud où il mourut, à Johannesburg, le 16 juillet 1944.

Mohammad Reza accéda au trône iranien sans difficultés, aucune opposition n'ayant eu le temps de se manifester. Le nouveau souverain, né le 27 octobre 1919, avait fait des études en Suisse, et suivi les cours de l'École militaire de Téhéran, mais sans recevoir la moindre formation politique. Cependant, dès son arrivée au pouvoir, il distribua au peuple tous les biens fonciers hérités de son père, déclara vouloir l'amélioration du sort des paysans et des ouvriers ; il fit arrêter les policiers agents du régime précédent, libéra et amnistia les condamnés politiques ; la Constitution fut remise en vigueur, le Parlement se réunit et la presse, à nouveau libre, attaqua avec violence l'ancien shah et dénonça ses excès. Toutefois cela n'empêchait pas la situation politique de l'Iran d'être soumise aux influences étrangères et les problèmes pétroliers de prendre une acuité nouvelle.

Le 29 janvier 1942, malgré l'opposition de plusieurs députés, un traité d'alliance fut signé entre l'Iran, la Grande-Bretagne et l'Union soviétique ; ces deux dernières puissances s'engageaient notamment à défendre l'Iran contre toute agression, à sauvegarder et à respecter son intégrité territoriale et son indépendance politique, à évacuer leurs troupes du pays au plus tard six mois après la suspension des hostilités. C'est à Téhéran que se réunirent pour la première fois Roosevelt, Churchill et Staline, à la fin de novembre 1943.

La guerre a pesé sur l'Iran : par le renchérissement du coût de la vie, par l'importance énorme acquise par l'A.I.O.C., par les difficultés nées de l'occupation britannique et soviétique, chacune des deux puissances s'efforçant d'accroître son influence, sans grand succès pour les Britanniques qui, appliquant le traité de 1942, retirèrent leurs troupes d'Iran avant le 2 mars 1946. En revanche, dans leur zone d'occupation, les Soviétiques avaient facilité la création de partis politiques favorables à leur cause, le parti Tudeh (« la masse »), le Mouvement démocratique d' Azerbaïdjan et le Mouvement pour l'autonomie kurde, par l'intermédiaire desquels ils dirigeaient les provinces azéries et kurdes, interdisant toute intervention des autorités politiques et militaires iraniennes. À la fin de 1943 la compagnie Royal Dutch Shell et, en 1944, les compagnies américaines Socony Vacuum Oil et Sinclair Oil demandèrent au gouvernement iranien des concessions pétrolières : les négociations avançaient favorablement lorsque, à leur tour, les Soviétiques réclamèrent des concessions. Le gouvernement iranien décida alors de reporter à la fin des hostilités toute attribution de concession, ce qui déchaîna la fureur du gouvernement et de la presse soviétiques. Cela n'empêcha pas le Madjlis de voter, sur la proposition du Dr Mossadegh, une loi interdisant aux ministres de mener avec des États ou des compagnies étrangers des négociations sur l'octroi de concessions pétrolières : seules étaient permises des négociations sur l'exploitation et la vente du pétrole.
À la fin de la guerre, les Soviétiques favorisèrent la formation de gouvernements autonomes en Azerbaïdjan et en Kurdistan iraniens (nov. 1945), empêchant toute intervention iranienne et refusant d'évacuer leurs troupes. L'Iran présenta un recours devant le Conseil de sécurité en janvier 1946 et entama des négociations avec l'U.R.S.S. ; un accord fut conclu en avril : contre l'évacuation des troupes russes, l'Iran octroyait une concession pétrolière aux Soviétiques dans le nord du pays. Si les Soviétiques retirèrent bien leurs troupes en mai 1946, ils n'en continuèrent pas moins à exercer une pression politique et ce n'est qu'en décembre 1946 que les autorités iraniennes purent pénétrer en Azerbaïdjan.
En octobre 1947, le Madjlis rejeta l'accord sur les pétroles conclu avec l'U.R.S.S. Quant aux Américains, de plus en plus présents en Iran, ils participèrent alors au développement des forces militaires et techniques, prenant ainsi la place des Allemands.

La question du pétrole

Le Premier ministre Qavam os-Saltane, qui avait réussi à manœuvrer les Soviétiques, envisagea alors de réviser l'accord conclu en 1933 avec l' Anglo-Iranian ; mais son ministère tomba et ses successeurs firent traîner les négociations, puis conclurent en juin 1949 un nouvel accord avec l'A.I.O.C. Bien que l'Iran dût en tirer des profits accrus, cet accord rencontra au Parlement une violente opposition menée par le Dr Mossadegh. Le gouvernement du général Razmara entama des négociations secrètes avec l'A.I.O.C., mais le 7 mars 1951 il fut assassiné par un membre du groupe des Fedayān-e Eslām (« les Combattants de l'islam »). En avril 1951 le Parlement vota à l'unanimité la nationalisation de l'industrie pétrolière, et le 29 avril le Dr Mossadegh, chef du Front national et leader de la campagne pour la nationalisation, devint Premier ministre.
Son programme portait sur l'exécution de la loi de nationalisation des pétroles et sur le remaniement des lois sur les élections législatives et municipales. L'A.I.O.C. ayant fait arrêter l'exploitation des puits, le gouvernement iranien voulut intervenir à Abadan, ce qui provoqua une plainte de l'A.I.O.C. et du gouvernement britannique devant la Cour internationale de La Haye (juin 1951). Le gouvernement iranien refusa de reconnaître la juridiction mais celle-ci, finalement, se déclara incompétente (juill. 1952). À la création de la Compagnie nationale des pétroles iraniens (oct.-nov. 1951) les Britanniques répondirent par le blocus du pétrole d'Iran. Tandis que l'affaire s'enlisait, au Madjlis l'opposition au Dr Mossadegh grandissait et la situation économique se dégradait ; des désordres éclatèrent, et contre Mossadegh s'unirent les anticommunistes, les militaires, les grands propriétaires et les clients ou les partisans des Anglo-Saxons ; à la suite de l'échec d'une tentative de la Garde impériale pour arrêter Mossadegh (16 août 1953), le shah quitta l'Iran après avoir confié au général Zahedi le soin de diriger le gouvernement ; le 19 août, Mossadegh et plusieurs de ses ministres furent arrêtés, la répression se déchaîna à Téhéran et en province : traduit devant la Cour martiale, le Dr Mossadegh fut condamné et emprisonné ; le Dr Fatemi, ministre des Affaires étrangères, fut condamné à mort et fusillé, de même qu'une trentaine d'autres accusés.
Le général Zahedi institua un gouvernement dictatorial et finalement conclut avec un consortium international un accord pour vingt-cinq ans sur l'exploitation des pétroles iraniens (sept. 1954) et reçut des États-Unis un don exceptionnel de 45 millions de dollars. La tentative iranienne de contrôler son pétrole se soldait par un échec relatif ; mais cet échec devait aussi servir de leçon. Par ailleurs, si la Grande-Bretagne conservait la majorité au sein du consortium, les Américains avaient désormais pénétré en force en Iran où ils prirent la relève des Britanniques. Jusqu'en 1965, le consortium domina à 95 p. 100 la production pétrolière de l'Iran ; cependant le gouvernement, surtout à partir de 1958, octroya des concessions de recherche et d'exportation à d'autres sociétés étrangères, en coopération avec la C.N.P.I. En décembre 1966, il conclut avec le consortium un nouvel accord par lequel la C.N.P.I. récupérait un quart des territoires concédés et commercialisait elle-même une partie de la production du consortium. D'autres accords conclus en 1967 et 1969 accrurent les bénéfices du gouvernement iranien.

La politique intérieure

Le gouvernement du général Zahedi était un gouvernement de répression, qui exerça son action contre les membres du Front national et du parti Tudeh : des complots vrais ou faux permirent de sévir notamment contre ce dernier, qui fut interdit, et de confier les principaux postes de l'administration à des militaires dont la brutalité entraîna le mécontentement du peuple et même certains soulèvements, au point qu'en avril 1955 le shah se sépara de Zahedi et désigna Hoseyn Ala comme Premier ministre : lui-même prit une part plus active au gouvernement. Peu après, l'Iran adhéra au pacte de Bagdad (oct. 1955) dont faisaient également partie la Turquie, l'Irak, le Pakistan et la Grande-Bretagne (ce pacte est devenu le Cento : Central Treaty Organization en 1959, après le retrait de l'Irak ; les États-Unis participaient aux commissions militaires et économiques du pacte, et conclurent avec les États membres des accords bilatéraux de coopération militaire et économique en mars 1959).

Quoique les relations avec l'U.R.S.S. aient été peu cordiales depuis la chute du Dr Mossadegh, un accord fut cependant signé en décembre 1954, portant sur le règlement des dettes de guerre de l'U.R.S.S. envers l'Iran et sur la délimitation des frontières. Le shah effectua un voyage officiel en U.R.S.S. en 1956.

Le ministère Ala n'apporta pas beaucoup d'améliorations à la situation politique et économique, en dépit d'une aide financière considérable des États-Unis ; le régime policier de répression était toujours en vigueur et le Premier ministre fut même victime d'un attentat en novembre 1955. Finalement, en avril 1957, Hoseyn Ala fut remplacé par Manoutshehr Eghbal qui instaura une politique plus souple : suppression de la loi martiale, mise sur pied d'un régime à caractère démocratique. C'est alors qu'apparurent des partis politiques dont les principaux étaient le Mardom (« le peuple ») fondé en 1957, et le Melliun (Parti national) fondé en février 1958 ; par la suite, en 1963, a été créé le Iran Novin (Parti de l'Iran nouveau) ; les uns et les autres ne représentaient que les milieux des conservateurs, des bourgeois, des fonctionnaires et donnaient l'illusion d'un système bi-partisan ; la corruption et le truquage des élections continuaient comme auparavant. En fait ces partis n'apparaissaient qu'en période d'élections pour donner une apparence de jeu démocratique entre le gouvernement et une prétendue opposition ; en dehors de ces périodes, leur rôle au Parlement – comme d'ailleurs le rôle du Parlement lui-même – était réduit au minimum. Selon la Constitution de l'Iran, le pouvoir exécutif était aux mains du shah, qui désignait le Premier ministre : celui-ci devait recevoir l'approbation du Parlement. Le Premier ministre constituait un cabinet dont les ministres étaient responsables devant le Parlement, qui pouvait être dissous par le shah. Le pouvoir législatif appartenait au Sénat et à l'Assemblée nationale. Le Sénat, constitué pour la première fois en 1950, comprenait soixante sénateurs dont trente nommés par le shah, et trente élus (15 pour Téhéran et 15 pour les provinces).

L'Assemblée nationale (Madjlis, ou Parlement) comprenait deux cents députés élus pour quatre ans au suffrage universel (les femmes ont reçu le droit de vote et ont pu être élues à partir de 1963). L'Iran est divisé en quatorze provinces (ostān) administrées chacune par un gouverneur général directement responsable devant le gouvernement central : le rôle des gouverneurs généraux est extrêmement important, car ils sont chargés de faire appliquer la politique du gouvernement et d'assurer l'ordre dans leur province.

Les élections de juillet-août 1960 pour un Parlement de transition (deux ans) donnèrent lieu à des irrégularités telles que le shah annula les élections ; Eghbal démissionna et fut remplacé par Djafar Sharif Emami, chef du parti Melliun ; aux élections de janvier 1961, ce parti obtint une large majorité, mais Emami eut à faire face à une opposition non parlementaire, qui contestait la régularité des élections, demandait une réforme de la loi électorale et réclamait la liberté d'expression pour tous. En mai 1961, les élections furent annulées et Ali Amini, chef de l'opposition parlementaire, devint Premier ministre avec les pleins pouvoirs. Il se lança dans la lutte contre la corruption, procéda à l'arrestation d'officiers compromis dans des actions de répression brutale, ouvrit une enquête sur les ressources de la presse (et en profita pour éliminer les journaux de l'opposition), annonça un programme de réforme agraire ; mais en même temps il fit arrêter et déporter dans le Sud des membres du Front national et maintint le Dr Mossadegh – qui aurait dû être libéré – en résidence surveillée.

Des tentatives de réforme

Le lancement de la « révolution blanche » en janvier 1962 avait été pour le shah et son gouvernement un acte de modernisation destiné à améliorer le sort de la population rurale qui constituait la grande majorité des Iraniens ; des lois promulguées par la suite visèrent à mettre en place des organismes d'aide aux paysans et l'on pouvait alors penser que l'Iran s'engageait dans la voie d'un progrès économique et social dont les premiers bénéficiaires seraient les paysans. Toutefois la réforme agraire avait fait aussi des mécontents parmi les grands propriétaires fonciers, laïcs et religieux. Surtout, les belles intentions n'avaient pas été suivies d'applications pratiques suffisantes, faute d'un personnel qualifié et d'une volonté de persévérance. Pourtant en 1964 le Premier ministre Hasan Ali Mansour fit voter une loi limitant les grands domaines, mais en janvier 1965 il fut tué au cours d'un attentat commis par les Fedayān-e Eslām ; un attentat manqué contre le shah, en avril 1965, entraîna de sévères répressions contre les milieux de gauche et d'extrême gauche, mais elles s'exercèrent aussi contre les réactionnaires et contre les religieux, notamment contre l'ayatollah Khomeyni ; celui-ci était connu comme l'un des principaux chefs de la communauté shī‘ite depuis 1944, date à laquelle il avait critiqué la tendance à la laïcisation du régime et ses orientations économiques ; ses critiques étant devenues de plus en plus dures, et, son audience s'accroissant, il fut arrêté plusieurs fois puis condamné à l'exil ; installé en Irak en 1965, il conduisit depuis ce pays sa lutte contre le régime du shah.

Le gouvernement iranien mena aussi une politique extérieure dynamique. La guerre israélo-arabe de 1967 avait mis en lumière les répercussions en Occident des événements du Proche-Orient, notamment en matière d'approvisionnement en pétrole ; dans ces conditions, le shah pensa pouvoir jouer un rôle déterminant dans la vie économique et politique du Proche-Orient et du monde occidental.

Le IVe plan quinquennal présenté en 1968 par le Premier ministre Amir Abbas Hoveyda prévoyait l'augmentation de la production intérieure (57 p. 100 en cinq ans), la création de deux millions d'emplois, le développement de l'industrie lourde, des industries alimentaires, des voies de communication ; l'éducation et la santé devaient être l'objet d'attributions de crédits substantielles, mais, en raison du contexte politique oriental, c'est l'armée qui reçut la meilleure part, son budget étant porté à 500 millions de dollars. L'essentiel des ressources financières devait être fourni par une augmentation constante de la production pétrolière : de fait, de 129 millions de tonnes en 1967, elle passa à 250 millions en 1972 et à 290 millions en 1973, les revenus correspondants passant de 750 millions de dollars en 1967 à 3 885 millions en 1973. De son côté, l'Union soviétique apporta une contribution importante à la construction de la voie ferrée Téhéran-Caspienne, signa un accord pétrolier et participa à la construction d'une vaste aciérie à Ispahan ; d'autres complexes sidérurgiques furent construits, notamment à Ahwaz. Les bons rapports avec l'Union soviétique furent aussi concrétisés par la construction du gazoduc transiranien qui permit la livraison aux Soviétiques de 17 millions de mètres cubes de gaz dès 1970.

La volonté de puissance montrée par le shah se manifesta sur le plan militaire par la constitution, avec l'aide des États-Unis, d'une armée sur-équipée qui devint rapidement l'une des premières du monde ; elle lui permit d'affirmer les prétentions iraniennes dans la région du Golfe, vitale pour l'exportation du pétrole iranien ; en même temps il établit des relations plus étroites avec l'Arabie Saoudite et le Koweït, un peu plus tard avec l'Égypte, tandis que les rapports avec l'Irak se détérioraient de façon sensible à cause du différend frontalier du Chatt al-Arab et du droit d'asile accordé par le gouvernement irakien à des opposants politiques iraniens ; c'est seulement en mars 1975 que fut réglé le différend frontalier ( accord d'Alger) et à cette occasion les deux gouvernements s'engagèrent à ne plus accorder de soutien à leurs opposants respectifs. L'Iran apporta son concours militaire au sultan d'Oman, aux prises avec une rébellion militaire dans le Dhofar.

Le rapprochement avec les pays arabes parut un moment menacé lorsque les troupes iraniennes, le 30 novembre 1971, occupèrent trois îlots du golfe Persique (Abou Moussa, Grande Tomb et Petite Tomb), au large des côtes des Émirats arabes dont la GrandeBretagne s'était retirée peu auparavant ; cette occupation fut l'un des épisodes de la politique pétrolière de l'Iran, marquée par la construction de plusieurs raffineries (en particulier celle d'Abadan, l'une des plus importantes du monde), par la mise en service en novembre 1972 de l'énorme terminal pétrolier de l' île de Kharg et par de nouveaux accords avec le consortium pétrolier international qui donnèrent à l'Iran un plus large contrôle de la production et de l'exploitation du pétrole. En mai 1973, toutes les installations du consortium devinrent la propriété de la Société nationale iranienne des pétroles (S.N.I.P., en anglais N.I.O.C.) ; l'exploitation de ces installations fut partagée entre la S.N.I.P. (51 p. 100) et le consortium (49 p. 100) ; la production devait être portée à 400 millions de tonnes en 1975 (elle n'atteindra en fait que 294 millions de tonnes) sur lesquelles la part de la S.N.I.P. devait être de 75 millions de tonnes.

Planification erronée et démesure

Cependant la situation politique intérieure ne donne pas les mêmes satisfactions au gouvernement iranien ; la contestation est vive parmi les intellectuels et les étudiants : une sévère répression s'abat sur eux et, à plusieurs reprises, l'université de Téhéran est fermée ; des opposants sont arrêtés, passent en jugement de façon expéditive, voire illégale ; la police politique (Savak) manifeste une activité grandissante : aux arrestations, procès et exécutions répond en avril 1971 l'assassinat du chef de la justice militaire ; mais cette opposition n'est le fait que d'une fraction limitée de la population et la toute-puissance gouvernementale apparaît dans les résultats des élections aux assemblées départementales où le parti officiel, Iran Novin, remporte 97,5 p. 100 des sièges (sept. 1970), puis aux élections législatives où il gagne 239 sièges sur 280 (juill. 1971). Ces élections confortables permettent au shah de célébrer avec un faste démesuré le 2500e anniversaire de la monarchie persane à Persépolis (oct. 1971), à l'occasion duquel l'ayatollah Khomeyni lance un appel à la désobéissance civile, appel qui reste alors sans grand écho. À cette époque, l'opposition est peu organisée, n'a pas de chef d'envergure, et sa lutte, très fragmentaire, n'est pas encore ressentie en profondeur par la population.

L'année 1973 marque pour l'Iran le début d'une nouvelle politique pétrolière, mise davantage en valeur à la suite de la guerre israélo-égyptienne d'octobre 1973 et de l'utilisation par les pays arabes de l'« arme du pétrole », ce dont bénéficient les pays producteurs groupés au sein de l' O.P.E.P. qui, réunie à Téhéran à la fin de décembre 1973, fixe le prix du baril à 11,651 dollars, soit près de quatre fois son prix du mois d'octobre. À cette occasion, le shah d'Iran déclare entretenir des relations réalistes avec l'Occident, notamment avec l'Organisation de coopération et de développement économiques (O.C.D.E.).

L'augmentation considérable des revenus attendue du relèvement du prix du pétrole doit permettre de lancer en Iran des projets d'investissements dont l'Occident peut tirer des bénéfices certains. Simultanément, la mise en route du Ve plan quinquennal, revu en hausse, vise à favoriser l'agriculture, les investissements à caractère social, la lutte contre les épidémies, et à assurer une croissance démographique raisonnable. Mais le gouvernement iranien lance aussi de vastes projets d'industrialisation dans le domaine pétrochimique, dans celui de l'énergie nucléaire et dans la construction de nouvelles raffineries de pétrole ; sont également prévues la construction d'usines de montage d'automobiles et d'un métro à Téhéran, l'extension des voies ferrées et du réseau routier. Des contrats fabuleux sont passés, en 1974 et 1975, avec les États industrialisés, cependant que des millions de dollars sont consacrés à l'équipement de l'armée iranienne dont le shah et les États-Unis veulent faire le « gendarme de l'Orient ». L'abondance des pétrodollars donne au gouvernement iranien la possibilité d'acquérir 25 p. 100 du capital des usines Krupp (juill. 1974), une participation dans Eurodif et dans des sociétés industrielles diverses du monde occidental (janv.-avr. 1975).

Dans l'euphorie de la richesse, le shah et le gouvernement ne connaissent plus de bornes à la démesure ; le succès économique fait passer au second plan les problèmes politiques internes, considérés comme mineurs : le développement du pays ne doit pas être mis en cause par une quelconque opposition, même parlementaire ; aussi, en mars 1975, est institué le système du parti unique, le Rastākhiz (« Parti du renouveau »), placé sous le contrôle étroit du shah et du gouvernement. Les élections de juin 1975 ne sont qu'une formalité : le Parlement n'est qu'une chambre d'enregistrement, toutes les décisions émanant du shah ou de son entourage et de quelques personnalités, parfois extérieures au gouvernement.

Les dirigeants de l'Iran, obnubilés par leurs projets grandioses, négligent de plus en plus les problèmes immédiats, surtout les problèmes sociaux et humains ; la nouvelle fortune de l'Iran profite à une minorité : chefs d'entreprise, banquiers, intermédiaires et gens bien placés auprès des responsables de l'économie iranienne. En même temps, une vague d'occidentalisation déferle sur le pays, une occidentalisation qui ne vise qu'à satisfaire des appétits matériels et nullement des besoins primordiaux et plus profonds ; l'accaparement de la fortune par quelques privilégiés, malgré une augmentation incontestable du revenu moyen des Iraniens, la dilapidation des richesses dans des investissements trop nombreux, trop souvent mal adaptés, le renchérissement du coût de la vie, tout cela entraîne un mécontentement grandissant ; il s'y ajoute l'exode de nombreux paysans vers les villes où ils espèrent trouver emploi et meilleures conditions d'existence, ce qui n'est pas toujours le cas : le résultat le plus tangible est un accroissement énorme de la population urbaine et le développement de formes d'habitat précaire, en particulier autour de Téhéran.

La contestation s'affermit

Le shah et le gouvernement considérant comme inadmissible toute opposition à leur politique, il s'ensuit une activité grandissante de la Savak et une répression qui ne fait qu'accentuer la réaction des mouvements et des groupes contestant cette politique, tels les Moudjahidin-e Khalq, d'obédience islamo-progressiste, et les Fedā'iyān-e Khalq, de tendance marxiste ; les mouvements religieux opposés au shah n'apparaissent pas encore au grand jour. Ces groupes se manifestent par des attentats contre les personnalités du régime, des attaques contre des banques, des tentatives de manifestation politique ; la Savak les poursuit avec acharnement, et la plupart des procès engagés contre les « terroristes » se terminent par des condamnations à mort et des exécutions ; la répression est dure, mais ne décourage nullement les opposants, qui recrutent leurs adhérents dans les milieux intellectuels et les milieux ouvriers. Les dirigeants d'anciens partis politiques (tel le Front national, de Mossadegh), Karim Sandjabi, Mehdi Bazargan, Chapour Bakhtiyar, Ahmad Sadr, Darius Forouhar, ont aussi à subir les rigueurs du régime et sont à plus d'une reprise mis en prison : ils contribuent à donner une plus grande audience à l'opposition, d'autant qu'ils participent à la création d'un comité pour la défense des libertés et des droits de l'homme.

En août 1977, le remplacement, comme Premier ministre, d'Amir Abbas Hoveyda par Djamchid Amouzegar, spécialiste des problèmes du pétrole, témoigne de la volonté du shah de renforcer encore davantage sa politique par l'accroissement des revenus pétroliers, et de son désir de confier la direction des affaires à un homme sûr, qui a été successivement ministre des Finances et ministre de l'Intérieur avant de devenir le chef du parti unique Rastakhiz. L'Iran commence à connaître des difficultés économiques et techniques : les vastes projets d'équipement requièrent un potentiel énergétique et des spécialistes que le pays est loin de posséder ; aussi le shah envisage-t-il de combler progressivement les lacunes énergétiques par la construction de centrales nucléaires commandées aux États-Unis, à la république fédérale d'Allemagne et à la France, cependant que le grand barrage sur le Karoun voit son achèvement retardé, mais c'est à des spécialistes étrangers qu'il est fait appel : les millions de dollars nécessaires seront fournis par les ventes de pétrole ; cette politique se fait au détriment des équipements sociaux et de l'amélioration des conditions de vie, car l'augmentation du prix du pétrole se répercute sur les produits importés : on estime qu'en 1977 l'Iran a connu un taux d'inflation de 25 p. 100, ce dont souffrent les catégories les plus humbles de la population, alors que la corruption règne dans les milieux de la cour et des affaires.

Cette situation favorise l'action des opposants au régime qui dénoncent les scandales financiers, la prévarication, la démesure des achats d'équipements militaires, l'échec de la politique économique et l'action répressive de la police politique. Les manifestations contestataires se multiplient de plus en plus ouvertement, certaines allant jusqu'à demander le départ du shah et le changement de régime, d'autres exigeant surtout le rétablissement des libertés, l'abolition de la censure et la suppression de la Savak. Ces manifestations se déroulent dans toutes les principales villes et réunissent des participants appartenant à tous les milieux sociaux et culturels ; à la répression sanglante par la police répondent des grèves et, pour la première fois, les commerçants du grand bazar de Téhéran (les bazaris, représentants de la moyenne et de la petite bourgeoisie, musulmans convaincus) s'y joignent pour protester à la fois contre la situation économique, les actions policières et la dégradation de la moralité : cet apparent amalgame est en fait la marque du poids grandissant des milieux religieux qui protestent contre la modernisation et l'occidentalisation effrénées du pays, contre la corruption, contre la part trop belle faite aux intérêts étrangers dans l'économie nationale ; pour beaucoup d'opposants, le recours à l'islam shī‘ite – qui, originellement et théoriquement, lutte pour la justice et contre l'autoritarisme du pouvoir – est un moyen d'attirer les masses et de donner une base plus large à la révolte contre le shah, désigné de plus en plus comme le vrai responsable de la situation du pays.

La fin du régime impérial

Durant le premier semestre de 1978, de violentes émeutes éclatent dans diverses villes notamment à Tabriz, à Qom, à Mechhed, à Téhéran ; elles reçoivent le soutien des autorités religieuses shi'ites (les ayatollahs, littéralement « signes de Dieu ») et surtout du plus célèbre et du plus populaire, l'ayatollah Khomeyni qui, de Nadjaf, en Irak, lance de virulentes attaques contre le shah, appelant la population à se révolter contre celui-ci, à le renverser et à établir en Iran un nouveau pouvoir dont les principes fondamentaux de l'islam constitueront la base. Bien que les chefs religieux shi'ites et les dirigeants des partis (illégaux) réformistes libéraux, progressistes ou marxistes ne conçoivent pas l'avenir de l'Iran de la même façon, ils unissent leurs forces pour renverser le régime impérial. De timides tentatives de libéralisation mises en œuvre par le gouvernement sont annulées par le drame d'Abadan (19 août 1978) où 377 personnes périssent dans l'incendie d'un cinéma, incendie peut-être d'origine criminelle et politique. Sur le plan extérieur, le shah reçoit l'appui, outre celui des États-Unis, de l'Arabie Saoudite et de la Chine (Hua Guofeng se rend en visite à Téhéran en août 1978). À l'intérieur, le gouvernement est désormais dirigé par Djafar Charif-Emami, musulman pratiquant et technocrate tout dévoué au shah ; mais le nouveau ministère n'a pas de politique déterminée et répond aux manifestations par la loi martiale ; l'opposition religieuse, le Front national et le parti Tudeh (communiste) déclenchent des grèves et de vastes mouvements de masses ; la population, à l'appel de l'ayatollah Khomeyni, rend hommage aux centaines de victimes de la répression policière par des journées de deuil national ; Khomeyni quitte l'Irak pour la France le 8 octobre 1978 ; de cette date jusqu'à son retour en Iran, le 1er février 1979, la petite ville de Neauphle-le-Château devient le quartier général de la lutte contre le régime impérial. Malgré la tentative de Chapour Bakhtiar, nommé Premier ministre à la fin de décembre, de promouvoir un régime à tendance social-démocrate et d'enrayer le processus de renversement du shah, celui-ci perd les uns après les autres ses appuis intérieurs, à l'exception de l'armée, et ses appuis extérieurs, les États-Unis lui retirant leur caution. La situation du pays, qui ne cesse de se dégrader, évolue inexorablement, vers l'issue attendue : le 16 janvier 1979, le shah, sa famille et quelques-uns de ses proches quittent l'Iran. Ce départ, accueilli avec enthousiasme par l'immense majorité de la population, crée un sérieux malaise politique, l'armée apportant son soutien au gouvernement Bakhtiar et cherchant à empêcher la constitution d'un gouvernement « islamique », au besoin par la force. L'arrivée de l'ayatollah Khomeyni à Téhéran, le 1er février 1979, déclenche le processus ultime : investi spontanément de l'autorité sur le pays, le 5 février il désigne Mehdi Bazargan comme Premier ministre ; en dépit d'une dernière tentative de résistance de Chapour Bakhtiar et de l'armée, en quelques jours la victoire de l'ayatollah et de ses alliés est totale. Très vite, des comités de « khomeynistes » contrôlent étroitement la vie politique, tandis que des « tribunaux islamiques » commencent à juger et à faire exécuter de façon expéditive des personnalités civiles et militaires de l'ancien régime ; l'ancien Premier ministre, Amir Abbas Hoveyda, est exécuté le 7 avril après un simulacre de procès.

La République islamique Une phase d'adaptation

Le 31 mars 1979, un référendum approuve à 98 p. 100 des votants l'institution de la République islamique, mais les abstentions ont été nombreuses parmi les Kurdes, les Turkmènes, les milieux de gauche et les classes moyennes. Le gouvernement de Mehdi Bazargan doit faire face à de graves problèmes politiques : ralliement de l'armée, durement éprouvée par les exécutions, limitation des excès des tribunaux islamiques, dissensions parmi les triomphateurs car les partis de gauche, écartés du pouvoir, se méfient de l'intégrisme des milieux shi'ites, mouvements autonomistes en Azerbaïdjan, au Kurdistan, en pays turkmène et dans les régions arabes du Sud ou du Khouzistan. Les problèmes économiques ne sont pas moindres : remise en route des diverses activités, discussions serrées avec les ouvriers d'Abadan, fortement politisés, reconsidération des plans d'investissement et d'équipement. De nombreux contrats sont annulés, en particulier, ceux qui concernent l'énergie nucléaire. Les rapports avec les États-Unis sont tendus, les relations diplomatiques avec Israël rompues ; en revanche, l'Organisation de libération de la Palestine est reconnue et Yasser Arafat reçoit à Téhéran un accueil enthousiaste. Le gouvernement iranien met fin à l'activité du consortium pétrolier international et entend gérer lui-même l'exploitation et l'exportation de son pétrole ; en juin 1979 sont nationalisées les banques, les compagnies d'assurances et les principales sociétés industrielles.
Cependant les milieux laïques s'inquiètent des excès des partisans du renouveau de l'islam qui imposent des mesures restrictives touchant certaines catégories d'individus, les femmes par exemple, ou certaines activités, notamment en cherchant à contrôler les principaux journaux. Au sein même des milieux religieux un clivage apparaît entre éléments intégristes, partisans de l'ayatollah Khomeyni, rassemblés dans le Parti de la République islamique dirigé par l'ayatollah Behechtī, et éléments progressistes qui suivent l'ayatollah Taleghani et sont proches des groupes de gauche tels les Moudjahidin-e Khalq et le Front national démocratique animé par le fils du Dr Mossadegh. Des attentats visant des religieux intégristes créent un climat tendu, aggravé par les revendications des ouvriers, conscients du rôle qu'ils ont joué dans la révolution, conscients aussi de la place qu'ils tiennent dans la vie économique du pays.
En attendant qu'une nouvelle constitution soit élaborée, l'imam Khomeyni s'attache à détruire les structures du régime impérial pour construire une république totalement islamique en s'appuyant sur la grande majorité des chefs religieux shi'ites, sur les « gardiens de la révolution » (pāsdārān, ou milice armée) et sur une grande partie de la population proprement iranienne, soit que celle-ci ait souffert du régime précédent, soit qu'elle ait participé à la lutte et aspiré à un nouvel ordre social et moral, soit encore qu'elle ne connaisse que les mots d'ordre des ayatollahs. Les partis modérés laïques ou religieux et les partisans de gauche pencheraient pour un régime démocratique, parlementaire et laïque, mais ils ne peuvent s'exprimer ou se taisent volontairement. Le gouvernement Bazargan navigue à vue entre un pouvoir islamique inconditionnel et un réformisme prudent qui n'ose pas dire son nom, mais surtout il manque d'autorité face à l'imam Khomeyni, au Conseil de la révolution installé à Qom et à quelques groupes de pression comme les « étudiants islamiques », qui en fait décident de la politique générale et de ses applications pratiques, y compris les excès dans la répression. La mort soudaine de l'ayatollah Taleghani (sept. 1979) enlève aux modérés le leader qui pouvait tenter d'infléchir le régime ; celui-ci a été conforté par les élections à l'Assemblée constituante où les représentants religieux favorables au Parti républicain islamique de Khomeyni emportent 75 p. 100 des sièges ; il est vrai que les modérés, les partis de gauche et les dirigeants des minorités ethniques avaient appelé au boycottage de ces élections.
La perspective d'une Constitution autoritaire et centralisatrice conduit les Kurdes à se rebeller : le pouvoir engage à fond l'armée contre eux (août-sept.) et se lance dans une violente campagne antiaméricaine, accentuée par le fait que le shah se rend aux États-Unis pour se soigner (22 oct.), et dont l'aboutissement est, le 4 novembre, l'occupation de l'ambassade des États-Unis à Téhéran et la séquestration de soixante otages américains par des « étudiants islamiques », ces derniers demandant, en échange de la libération des otages, l'extradition et le procès du shah. À Bazargan démissionnaire, le Conseil de la révolution ne donne pas de successeur, cependant que le ministre des Affaires Étrangères, Bani Sadr, en désaccord avec les étudiants islamiques détenteurs des otages, doit céder la place à Sayyed Ghotbzadeh, qui, plus proche de Khomeyni, sera pourtant désavoué à plusieurs reprises. Au début de décembre, un référendum – auquel ne participent que la moitié des électeurs – approuve une constitution qui donne pratiquement les pleins pouvoirs à l'imam Khomeyni et ne fait aucune allusion à l'autonomie des régions allogènes, dont les populations ont d'ailleurs boycotté le référendum.
Un voyage de Kurt Waldheim, secrétaire général de l'O.N.U., à Téhéran au début de janvier 1980 en vue de négocier la libération des otages n'aboutit à aucun résultat. Par ailleurs, le refus de toute discussion sur l'autonomie des régions provoque un soulèvement à Tabriz, capitale de l'Azerbaïdjan iranien, dont le leader, l'ayatollah Chariat Madari, prône une politique plus modérée et plus souple.

Durcissement du régime et problèmes extérieurs

La politique iranienne, suivie à ses débuts avec une certaine sympathie par les pays musulmans, surtout les plus progressistes, suscite ensuite, par ses excès et son intransigeance, des réserves quasi unanimes ; par ailleurs, la situation économique, assez profondément bouleversée, pose des problèmes que le gouvernement ne peut ou ne veut pas résoudre, au nom d'un idéal religieux rejetant les contingences matérielles du monde moderne.

En janvier 1980, Bani Sadr est élu président de la République par 75 p. 100 des votants, mais la réalité du pouvoir demeure entre les mains de l'imam Khomeyni ; rapidement, Bani Sadr, qui est partisan de la séparation de la religion et de la politique, se trouve isolé ; ses efforts pour résoudre le problème des otages américains, sa tendance au réformisme le marginalisent de plus en plus et le font classer parmi les « contre-révolutionnaires pro-occidentaux », alors qu'en revanche s'affirme l'importance politique de l'ayatollah Behechti, président de la Cour suprême, qui place ses fidèles aux postes clés du pouvoir. La situation économique s'aggrave tout comme la situation politique, en raison des jugements et des exécutions sommaires et de la guerre au Kurdistan où les peshmerga kurdes s'affrontent à l'armée régulière et aux pasdarans. L'échec de la tentative américaine en vue de libérer les otages (Tabas, 24-25 avr. 1980) renforce la position des intransigeants qui, aux élections législatives d'avril 1980, remportent une victoire écrasante. Cependant, la mort du shah, à la fin du mois de juillet, relance les négociations indirectes avec les États-Unis, mais sans résultat immédiat.

Estimant la situation favorable, le président irakien, Saddam Hussein, rompt le 17 septembre 1980 l'accord de 1975 et lance ses troupes à l'attaque de l'Iran (le 17 septembre) en vue de reconquérir les territoires cédés en 1975 et surtout de provoquer la chute du régime iranien dont la propagande antibaassiste en direction de la population shī‘ite d'Irak (40 p. 100 de la population) peut constituer une menace. Cette propagande indispose également les États du Golfe et même l'Arabie Saoudite qui vont dès lors apporter leur soutien à l'Irak. L'avance des troupes irakiennes est rapide au début, mais est bientôt bloquée dans le Khouzistan : les pertes en hommes et les destructions sont considérables. La guerre a comme conséquence le rassemblement des Iraniens autour du régime de Khomeyni qui repousse toute tentative de médiation. En revanche, par l'intermédiaire des Algériens, les otages américains sont libérés le 20 janvier 1981.
N'ayant pratiquement plus ni pouvoirs ni autorité, Bani Sadr, qui a essayé de redresser son image de marque et sa popularité en s'intéressant de près à la guerre irako-iranienne, est finalement destitué le 21 juin 1981 : il réussit à échapper à ses adversaires et finit par trouver refuge en France en juillet, en compagnie de Masoud Radjavi, chef des Moudjahidin-e Khalq. À Téhéran, des attentats coûtent la vie à l'ayatollah Behechti (28 juin), au nouveau président de la République Mohammad Ali Radjai et au Premier ministre Mohammad Javad Bahonar (30 août) ainsi qu'à l'ayatollah Madani (11 sept.). Ces attentats entraînent de nouvelles vagues d'exécutions, notamment parmi les Moudjahidin-e Khalq. L'hodjatoleslam Ali Khamenei est élu président de la République (2 oct.) et Mir Hossein Moussavi devient Premier ministre.

L'année 1982 est marquée, sur le plan intérieur, par plusieurs faits : la répression s'accentue contre la communauté bahā'i, contre les Moudjahidin-e Khalq, considérés comme les opposants les plus dangereux ; Seyyed Ghotbzadeh est arrêté, sous prétexte de complot contre l'imam Khomeyni, condamné à mort et exécuté (15 sept.) ; ce prétendu complot permet aussi d'écarter l'ayatollah Chariat Madari, chef spirituel des Azéris, de tendance modérée ; cette action manifeste la radicalisation du régime qui par ailleurs poursuit ses attentats contre les autonomistes kurdes.

Sur le plan extérieur, l'armée iranienne prend l'offensive contre les Irakiens, qui se voient contraints d'abandonner les parties du territoire d'Iran qu'ils avaient occupées. La propagande antibaassiste des Iraniens ne reçoit pas d'écho en Irak où la population, y compris les shi'ites, se regroupe autour de Saddam Hussein. Cette propagande prend également un aspect anti-arabe et antisunnite par des manifestations de pèlerins iraniens à La Mecque et par des menaces lancées contre les émirats du Golfe.

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Posté le : 25/10/2014 18:12
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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