| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Afficher/Cacher la colonne
Accueil >> newbb >> Iran 3 [Les Forums - Histoire]

Parcourir ce sujet :   1 Utilisateur(s) anonymes





Iran 3
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9499
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 56842
Hors Ligne
Réélection contestée et durcissement du régime

Dans un tel contexte général de mécontentement, la réélection d'Ahmadinejad à la présidence de la République en juin 2009 semble incertaine. Face à lui se présentent trois candidats : Mohsen Rezai, ancien chef des Gardiens de la révolution, Mehdi Karoubi, un clerc réformateur, ex-président du Parlement, déjà candidat en 2005 et Mir Hossein Moussavi, ancien Premier ministre pendant la guerre Irak-Iran (1980-1988), soutenu par les réformateurs et les conservateurs modérés. Il apparaît comme le candidat capable de répondre aux aspirations de la société civile et d'engager de sensibles transformations, sans toutefois remettre en cause les fondements du régime. Les élections se déroulent le 12 juin dans une grande confusion. Alors que, lors des précédentes consultations, l'abstention était considérable, cette fois-ci la participation est très forte (85 p. 100) ; dès avant la clôture du scrutin, Ahmadinejad et Moussavi se déclarent chacun vainqueur. Pour couper court à cette incertitude, le ministère de l'Intérieur publie précipitamment des résultats donnant Ahmadinejad élu au premier tour avec une large avance : 62,6 p. 100 des voix contre 33,7 p. 100 à Moussavi, 1,7 p. 100 à Rezai et 0,85 p. 100 à Karoubi. À l'annonce de ces résultats, les opposants à Ahmadinejad, ainsi que de nombreux observateurs, dénoncent une fraude massive. Dès le lendemain et pendant les semaines qui suivent, d'immenses manifestations ont lieu à Téhéran puis dans les grandes villes du pays pour protester contre le « trucage » des élections (« Où est mon vote ? » clament les manifestants) et demander un nouveau scrutin. On n'a pas vu de mouvements de foule aussi importants en Iran depuis la révolution de 1979. Les manifestants se parent d'un ruban vert, cette couleur symbolisant le mouvement de protestation et, plus généralement, d'aspiration au changement. La répression, assurée par des bassidji en civil, armés de gourdins et se déplaçant en moto, s'accroît à partir du 19 juin, après qu'Ali Khamenei a apporté son soutien au président et exigé l'arrêt des manifestations, fomentées selon lui par les puissances hostiles à l'Iran. Lors de la manifestation du 20 juin, une jeune femme défilant pacifiquement, Neda Agha Soltan, est tuée par balle par un bassidji. Les images de cette mort tragique, filmées à l'aide d'un téléphone portable, sont diffusées sur le Web à travers le monde et font de Neda l'icône de ce mouvement de protestation. Le Conseil des gardiens confirme le résultat des élections le 29 juin, Ahmadinejad reçoit l'investiture du guide le 3 août, puis celle du Parlement deux jours après, mais plusieurs députés, dignitaires et diplomates boycottent cette cérémonie. Les opposants saisissent l'occasion des célébrations officielles ou religieuses pour manifester. Les slogans sont de plus en plus hostiles au régime (Khamenei est comparé à Yazid, le calife responsable du meurtre de Hossein, le troisième imam, comme l'était le shah en 1979) ou sont modifiés pour stigmatiser les « usurpateurs » (devant l'ambassade des États-Unis les manifestants scandent, au lieu des habituels « Mort à l'Amérique » et « Mort à Israël », « Mort au dictateur ») et la répression est de plus en plus violente, y compris à l'égard des anciens dignitaires du régime et de leurs familles. On estime que, six mois après les élections, 4 000 personnes au total ont été arrêtées et plusieurs dizaines tuées ; 65 journalistes seraient emprisonnés, alors que la quasi-totalité des journaux réformateurs sont interdits. Parmi les détenus, figurent plusieurs personnalités proches de Moussavi et de Khatami. Les conditions d'emprisonnement sont souvent épouvantables : on signale des tortures, des viols et on découvre l'existence du centre de détention de Kahrizak, au sud de Téhéran, où les prisonniers sont soumis à des traitements inhumains. La répression prend aussi la forme de grands procès collectifs, tel celui qui s'ouvre le 1er août pour « juger » une centaine de manifestants. Parmi eux, une jeune Française, Clotilde Reiss, lectrice à l'université d'Ispahan, accusée d'avoir participé aux manifestations et d'espionnage au profit d'une puissance étrangère ; après un mois et demi de détention dans la prison d'Evin, elle est placée en résidence surveillée à l'ambassade de France, puis libérée le 15 mai 2010, sa peine ayant été commuée, « par mesure de clémence », en une amende de 230 000 euros. Tout est mis en œuvre pour intimider les opposants. Les manifestants interpellés sont désormais qualifiés de mohareb (« ennemis de Dieu ») ; le 11 février 2010, jour anniversaire de la Révolution, le gouvernement et les pāsdārān font une démonstration de force, coupant court aux velléités de manifestations contestataires. Des proches des leaders (Moussavi, Rafsandjani...) sont arrêtés, la maison et la voiture de Karoubi sont attaquées par des nervis. Intellectuels et artistes ne sont pas épargnés : le cinéaste Jafar Panahi est arrêté avec sa femme et sa fille le 1er mars. Il est, en définitive, condamné à six ans d'emprisonnement et à vingt ans d'interdiction de réalisation de films et de sortie du territoire.

Quelles leçons tirer de ces évènements post-électoraux ? Alors qu'une large partie de la population était démobilisée politiquement, ces élections contestées ont suscité une remobilisation, une mise en cause, chez beaucoup, du velâyat-e faqih, de l'association du religieux et du politique. On mesure aussi, à la faveur de ces évènements, la modernité de la société iranienne : pour préparer une manifestation, ou en rendre compte, les opposants communiquent par Internet (un tiers de la population est connectée) ou par téléphone mobile. Informations et réflexions circulent sur les blogs. Des sites sont verrouillés ou surveillés par le pouvoir, mais les internautes s'ingénient à contourner ces obstacles et interdits. Cependant, pour réussir, il manque au mouvement vert une cohérence programmatique, une organisation opérationnelle et un leader charismatique. En face, les forces qui soutiennent Ahmadinejad et le guide sont, sinon plus nombreuses, du moins beaucoup plus structurées : les bassidji, ces volontaires qui contrôlent la rue, surveillent institutions et entreprises ; l'armée des Gardiens de la révolution, qui forme un puissant État dans l'État, a ses propres services de renseignement, sa propre prison et contrôle notamment le Parlement ; les différentes institutions étatiques enfin (ministères, Conseil des gardiens, etc.). S'il dispose de la force, le pouvoir est cependant tiraillé entre différentes tendances et contesté, y compris au sein du clergé : de grands ayatollahs souhaitent limiter le velāyat-e faghih à un simple magistère moral et religieux ; Ahmadinejad serait, lui, partisan d'un islam milicien sans mollahs (il n'y a plus que deux religieux dans son gouvernement).

Au fil des mois, la politique iranienne se durcit à l'égard des jeunes, des femmes, des minorités, des grandes puissances... Alors que les défenseurs des droits de l'homme sont emprisonnés ou, calomniés et menacés, contraints de demeurer hors d'Iran, l'enseignement supérieur est mis au pas : refonte des programmes de sciences humaines et sociales, jugés trop occidentaux, contrôle des universités « libres », c'est-à-dire privées, jusque-là sous la coupe des conservateurs « modérés », etc. La tenue des femmes mais aussi les coupes de cheveux des hommes font l'objet d'une vigilance et d'un contrôle accrus ; des sanctions cruelles (coups de fouet, plus exceptionnellement amputation de la main pour vol, lapidation pour adultère) sont appliquées à ceux qui s'écartent du droit chemin tracé par la charia ; le cas de Sakineh Mohammadi Ashtiani, condamnée en 2006 à la peine de mort par pendaison pour participation au meurtre de son mari et à la lapidation pour adultère, suscite une vive émotion en Occident. Ses aveux télévisés (août 2010), sa dénonciation des médias étrangers qui ternissent l'image de l'Iran (janvier 2011) participent d'une mise en scène de « confessions » forcées qu'affectionnent les régimes totalitaires. Pour s'opposer aux lois discriminatoires à l'égard des femmes, une campagne internationale « Un million de signatures » a été lancée, dès 2006, par plusieurs personnalités iraniennes (dont Chirine Ebadi). Outre le mécontentement d'une large partie de la population, le gouvernement doit aussi affronter les mouvements de revendication religieuse et régionale, aussitôt dénoncés comme des complots fomentés de l'extérieur. Les régions périphériques (l'Azerbaïdjan, le Baloutchistan, le Kurdistan, le pays turkmène), et en particulier celles où sont localisées les minorités sunnites, demandent plus de reconnaissance. Ces revendications se traduisent par un fort activisme culturel mais aussi, au Baloutchistan et, dans une moindre mesure, au Kurdistan, par des actions violentes qui donnent lieu à de spectaculaires représailles (arrestations, pendaisons).

À la faveur de sa réélection, Mahmoud Ahmadinejad, en accord sur ce point avec le guide Ali Khamenei, accentue son soutien militaire et financier à ses alliés proche-orientaux (mouvement sadriste en Irak, Hezbollah libanais, Hamas palestinien). Contrepartie de ce soutien, Ahmadinejad est accueilli triomphalement au Liban par les supporters du Hezbollah en octobre 2010. Il entretient également ses relations avec les présidents populistes d'Amérique du Sud (Hugo Chávez, Evo Morales). À ce cercle de pays amis d'Amérique du Sud s'adjoint le Brésil, qui accueille Ahmadinejad en novembre 2009, tandis que le président Lula se rend à Téhéran en mai 2010.

Malgré la politique de la « main tendue » lancée par le président Obama après son élection, les relations se durcissent avec les puissances occidentales et le groupe de négociateurs (groupe dit 5+1, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'O.N.U. plus l'Allemagne) du dossier nucléaire. Ce refroidissement général tient à la découverte, en septembre 2009, d'un site nucléaire près de Qom dont l'existence a été cachée aux inspecteurs de l'A.I.E.A., institution qui, en février 2010, rédige un rapport faisant état de « travaux visant à fabriquer une charge nucléaire pour un missile », alors même que l'Iran proclame qu'il réservera sa production nucléaire à des usages civils. Dans ce contexte, en septembre 2009, le groupe 5+1 propose que la Russie et la France enrichissent 1 200 kilogrammes d'uranium produit en Iran et destiné ensuite à des fins de recherche médicale à Téhéran, cette procédure garantissant que l'uranium ne servira pas à terme à des usages militaires. D'abord acceptée, cette proposition est finalement rejetée par l'Iran. En mai 2010, la même offre est faite par la Turquie et donne lieu à un accord avec la médiation du Brésil. Mais les négociateurs ne voient là qu'une nouvelle manœuvre dilatoire et un quatrième train de sanctions est voté par l'O.N.U. en juin 2010.

Ces sanctions, désormais plus précises, commencent à peser sur la vie quotidienne du pays dont l'économie se dégrade : le taux de chômage dépasse 20 p. 100 ; l'inflation annuelle, officiellement de 9,9 p. 100, est, en fait, de 16 p. 100. Les prix de l'immobilier connaissent une très forte hausse. Ahmadinejad a par ailleurs lancé, à la fin de l'année 2010, un plan de suppression des subventions aux produits de première nécessité (essence, pain, etc.), y substituant des aides directes aux familles, ce qui risque d'entraîner une inflation redoublée. Les capacités de transformation des ressources naturelles demeurent insuffisantes : l'Iran doit importer du gaz du Turkménistan et 40 p. 100 de l'essence consommée, car le pays ne dispose pas des installations de raffinage suffisantes. Les grandes compagnies pétrolières et gazières (Total, Shell, Repsol, B.P...) s'étant retirées, la mise en exploitation des réserves d'accès difficile est désormais problématique. Les pāsdārān se sont emparé de secteurs clés de l'économie (énergie, travaux publics, transports, télécommunications...), mais les compétences techniques font souvent défaut pour assurer un rendement optimal dans ces différents domaines.
Isolement renforcé et dégradation de la situation intérieure
Le vent de contestation qui souffle sur le Maghreb et le Proche-Orient à partir de décembre 2010 donne un nouvel élan au mouvement vert. D'amples manifestations ont lieu à Téhéran et dans diverses villes du pays en février 2011. Les répliques du pouvoir (répression redoublée, organisation d'une journée « de la haine et de la colère » contre les leaders du mouvement vert, dont les adversaires les plus acharnés exigent l'exécution...) attisent l'exaspération des opposants, qui réclament désormais un changement de régime.

Les événements qui ponctuent les deux dernières années de la présidence d’Ahmadinejad ne font qu’accentuer l’isolement international de l’Iran et la dégradation des conditions de vie des Iraniens. Un rapport de l’A.I.E.A de novembre 2011 fait part « de sérieuses préoccupations concernant les possibles dimensions militaires » du programme nucléaire iranien. En réaction à ce rapport, Ahmadinejad traite Yukiya Amano, le directeur de l’Agence, de « marionnette occidentale ». Dans un tel contexte de tension, une tentative de visite des sites nucléaires par l’A.I.E.A. échoue en février 2012, et les discussions entre le groupe 5+1 et les négociateurs iraniens, reprises (à Istanbul, Bagdad, Moscou) après quinze mois d’interruption, n’aboutissent à rien. Le groupe demande à l’Iran de cesser la production d’uranium enrichi à 20 p. 100 (qui peut avoir des applications militaires) et le démantèlement du site enterré de Fordow (à proximité de Qom), mais il se heurte au refus des négociateurs. Suspendues pendant huit mois, ces discussions reprendront en mars 2013, sans donner plus de résultats. Experts et diplomates considèrent alors que l’Iran disposerait de 167 kilogrammes d’uranium enrichi sur les 250 kilogrammes nécessaires à la production d’une arme nucléaire ou serait « un pays du seuil », c’est-à-dire qui possède tous les éléments pour fabriquer une arme atomique, mais ne le fait pas.

Devant l’intransigeance iranienne, un nouveau train de sanctions est adopté en 2011 (mai et novembre), non pas par l’O.N.U., où la Chine et la Russie s’y opposent, mais par les États-Unis et l’Union européenne. Ces sanctions visent le socle de l’économie iranienne (le pétrole) et les institutions financières (en particulier la Banque centrale) permettant au pays de commercer avec l’Occident. L’embargo européen sur le pétrole iranien prend effet en janvier 2012 pour les nouveaux contrats et en juillet de la même année pour l’annulation des contrats existants (parmi les États européens, l’Italie et la Grèce dépendaient principalement de l’Iran pour leur approvisionnement). Les États-Unis renchérissent en juillet 2013, avec le Nuclear Iran Prevention Act qui prévoit de sanctionner tout client des secteurs pétrolier, minier et industriel iraniens. Ces mesures visent à asphyxier l’économie du pays. La chute des exportations pétrolières est estimée à 40 p. 100 en 2012, mais, coupé des pays occidentaux, l’Iran continue d’approvisionner la Turquie, l’Inde, la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Afrique du Sud…
Aux sanctions s’ajoutent menaces, opérations clandestines et réponses symétriques de l’Iran. Israël menace de bombarder les sites nucléaires iraniens, la détention de l’arme atomique par la République islamique étant considérée par le Premier ministre Nétanyahou comme une « menace existentielle » pour son pays. À la suite de l’annonce des sanctions, l’ambassade britannique à Téhéran est attaquée (novembre 2011) et Ali Khamenei menace en janvier 2012 de fermer le détroit d’Ormuz. Des cyberattaques sont lancées contre les équipements nucléaires iraniens, auxquelles répondent des cyberattaques contre des banques, mais aussi contre les systèmes de gestion informatique d’infrastructures gazières et pétrolières américaines. Des scientifiques iraniens font l’objet d’attentats en Iran même ; ceux-ci sont attribués par le gouvernement aux « agents de l’oppression » (États-Unis, Israël). De même, en réaction, des attentats visent des diplomates israéliens en Inde, en Géorgie.
Sur le plan intérieur, la situation économique et politique se dégrade. L’inflation passe de 27,4 p. 100 en 2012 à 45 p. 100 en juillet 2013 ; de 2011 à 2013, la monnaie iranienne a perdu plus du double de sa valeur. Ce fiasco n’est pas seulement dû à la chute des exportations pétrolières à la suite des sanctions, mais aussi à une gestion privilégiant une redistribution inconsidérée de la rente pétrolière plutôt que des investissements productifs créateurs d’emplois. Ces difficultés, qui ont entraîné des troubles (entre autres, dans le bazar de Téhéran en octobre 2012), se sont ajoutées à une crise politique. Les dissensions entre le Guide et le président de la République, unis lors des élections de 2009 et de la répression qui suivit, se multiplient à partir de 2011. À l’origine de ces tensions, les prérogatives de l’un et de l’autre, et la place du clergé dans l’appareil gouvernemental. Mahmoud Ahmadinejad souhaite mettre la main sur les secteurs du pétrole et des renseignements, domaines réservés du Guide et, avec son ex-vice-président et beau-frère Esfandiar Rahim Mashaie, il promeut un Iran nationaliste et islamique, mais moins subordonné au clergé. Pour manifester son opposition et sa domination, Ali Khamenei nomme un de ses fidèles, Saïd Jalili, comme principal négociateur du dossier nucléaire, ce qui constitue un camouflet pour le président, et fait arrêter des proches de celui-ci. Ces dissensions et le médiocre bilan d’Ahmadinejad ont des conséquences électorales. Lors des élections législatives de mars 2012, les partisans du Guide, au premier rang desquels Ali Larijani, le président du Parlement, remportent les trois quarts des sièges, ceux du président de la République n’en conservant qu’une petite minorité. Celui-ci est convoqué et auditionné par le Parlement ce même mois, une première dans l’histoire de la République islamique.
Ce qui ne change pas cependant, au fil de ces événements, c’est la politique répressive. Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, les leaders du mouvement vert de 2009, sont placés en résidence surveillée en février 2011 ; l’été suivant des journaux sont interdits, des cinéastes sont arrêtés ; au début de 2013, des cafés sont fermés. On évalue alors le nombre de prisonniers politiques à huit cents.
Sur le plan de la politique internationale, les cibles demeurent les mêmes, les États-Unis et Israël au premier chef. Dans ses discours, Khamenei qualifie l’État hébreu de « tumeur cancéreuse », d’« excroissance artificielle » devant disparaître du paysage. Fait majeur, le leadership de l’Iran au sein de l’« arc chiite » se renforce à l’occasion du « printemps arabe », aussi bien par des manifestations de soutien à la population chiite de Bahreïn en révolte contre la dynastie sunnite régnante, que par une aide au pouvoir alaouite (envoi d’armes et de conseillers pāsdārān plutôt que de soldats) en Syrie pour mater l’importante rébellion qui s’est déclenchée en mars 2011 et est soutenue, entre autres, par certains régimes sunnites du Moyen-Orient. Le conflit syrien est certes un combat contre une dictature, mais il s’agit aussi d’une lutte pour l’hégémonie dans cette région du monde, laquelle oppose chiites (Iran et Hezbollah libanais, soutenus par la Russie) et sunnites (Arabie Saoudite et Qatar, eux-mêmes rivaux, soutenus par les Occidentaux).

L’élection de Hassan Rohani, changement de cap ou de style ?

C’est dans ce contexte intérieur et extérieur tendu que se prépare l’élection présidentielle du 14 juin 2013. Sur les quelque six cents postulants à la candidature, le Conseil des gardiens de la Constitution n’en retient que huit et, fait marquant, disqualifie Rahim Mashaie, poulain d’Ahmadinejad qui, lui, ne peut pas se représenter au terme de ses deux mandats, et Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, qui a fait acte de candidature in extremis. On prévoit la victoire d’un conservateur proche du Guide (Saïd Jalili, le maire de Téhéran Mohammad Bagher Ghalibaf, l’ancien ministre des Affaires étrangères Ali Velayati), mais, contre toute attente, c’est Hassan Rohani qui, ayant bénéficié du retrait du réformateur Mohammad Reza Aref, remporte l’élection, dès le premier tour, avec 50,68 p. 100 des voix. Les scores de ses principaux concurrents sont très faibles. Une importante partie de l’électorat, tentée jusqu’à la veille du scrutin par l’abstention, a en définitive préféré voter pour le candidat le moins éloigné de ses aspirations. Le taux de participation a été de 72 p. 100. L’élection de Rohani donne lieu à des manifestations de joie dans les grandes villes du pays, et en particulier à Téhéran. Le nouveau président apparaît, en fait, comme un candidat de compromis. Il a été soutenu, pendant sa campagne, par les anciens présidents Rafsandjani et Khatami (donc par les conservateurs modérés et les réformateurs), et il a promis la libération des prisonniers politiques ; c’est lui, alors qu’il était le principal négociateur du dossier nucléaire, qui a été l’artisan de la suspension de l’enrichissement de l’uranium en 2003 (ce qui lui valut d’être traité de « traître » et d’être écarté par Ahmadinejad lors de son arrivée au pouvoir en 2005) ; c’est un pragmatique et un diplomate, rétif aux éclats de voix et aux provocations. Mais c’est aussi un proche du Guide, avec lequel il entretient d’excellentes relations ; son passé témoigne de sa fidélité aux principaux idéaux de la République islamique. Compagnon de Khomeyni, il a été chargé, après la révolution, de superviser l’islamisation des programmes télévisés, puis a été nommé au Conseil suprême de la Défense comme représentant de Khamenei jusqu’en 2005. Ses premières déclarations et la composition de son gouvernement témoignent de la continuité, mais aussi du changement de style de la politique iranienne, changement qui laisse espérer un apaisement des tensions à l’intérieur et à l’extérieur. Signe le plus spectaculaire de cette possibilité d’ouverture, l’entretien téléphonique entre les présidents Obama et Rohani le 27 septembre 2013, à l’occasion de la soixante-huitième session de l’assemblée générale de l’O.N.U. Ce contact au plus haut niveau est une première depuis la révolution islamique.


Posté le : 25/10/2014 18:08
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer



 Haut   Précédent   Suivant




[Recherche avancée]


Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
63 Personne(s) en ligne (38 Personne(s) connectée(s) sur Les Forums)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 63

Plus ...