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Accueil >> newbb >> défi du 8/11/14 au 14/11/14 [Les Forums - Défis et concours]

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défi du 8/11/14 au 14/11/14
Plume d'Or
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Pour chasser la grisaille et le mauvais temps, je vous propose d avoir la positive attitude : "la vie est belle". J espere que vous verrez la vie en rose après avoir reflechi à de nouvelles histoires .

Posté le : 08/11/2014 13:05
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Re: défi du 8/11/14 au 14/11/14
Plume d'Or
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Rigolus Jones et le village des Hurlus


Rigolus Jones arriva au siège de la prestigieuse entreprise belge HURLU, en plein centre de Mouscron. Il jeta un rapide coup d’œil à l’architecture du bâtiment, un ensemble de champignons en matière synthétique et à la texture tellement réaliste qu’il aurait cru l’entendre chanter.
Muni de sa convocation, Rigolus Jones se dirigea vers l’accueil où se tenaient quatre personnes : deux hommes et deux femmes.
— Bonjour mesdames et messieurs, dit-il. Je viens pour le recrutement des Gentils Amuseurs.
— Bonjour monsieur, répondit une très jolie blonde aux yeux bleus. Avez-vous le sésame ?
— Oui, bien sûr ! Le voici.
L’hôtesse prit le papier et le lut attentivement.
— Parfait monsieur Jones, vous êtes attendu au septième ciel. Vous pouvez prendre le cinquième tube sur la gauche. Une collègue de la direction des ressources humaines viendra vous chercher.
— Merci mademoiselle.
— Bonne chance, monsieur Jones.

Rigolus Jones se dirigea vers le lieu indiqué. Il appuya sur un bouton rose bonbon et les portes s’ouvrirent, découvrant un intérieur de la même couleur et décoré d’étoiles vertes. Il s’engagea d’un pas assuré et une voix féminine s’adressa immédiatement à lui.
— Où dois-je vous emmener ?
— Au septième ciel, s’il vous plait.
— En voiture, Simone !
Les portes se refermèrent et une douce odeur de guimauve envahit l’espace alentour. Rigolus Jones se laissa emporter par ce délice olfactif et le voyage lui sembla une merveilleuse pâtisserie. Il ferma les yeux et il savoura l’instant.
— Bonjour monsieur Jones et bienvenu parmi nous.
Rigolus Jones sortit de son rêve sucré. Une jeune femme, parfaitement identique à celle de l’accueil, se tenait en face de lui.
— Je m’appelle Barbie et je suis en charge de la sélection des candidats. Je vous invite à me suivre.

Rigolus Jones prit le pas de Barbie et ils se dirigèrent vers une grande salle multicolore. Barbie ouvrit la porte et lui montra une chaise.
— Je vous prie de vous assoir, monsieur Jones. Si vous souhaitez des boissons ou des friandises, faites signe à Ken, mon assistant.
Rigolus Jones regarda sur sa droite et il vit le prénommé Ken, un très joli garçon blond aux yeux bleus et taillé en surfer californien.
— Je prendrais bien un jus de papaye si vous avez cela, Ken, demanda-t-il.
— Je vais vous en chercher, répondit Ken. Désirez-vous des fraises Tagada ? C’est très couru à Mouscron et le mélange des deux est délicieux.
— Je n’osais pas mais si vous le proposez.
— Je vous amène un plateau.
— Merci Ken, conclut Barbie avec un sourire éclatant de mille dents dans une bouche parfaite.

Rigolus Jones scruta le reste de la pièce. Il était conscient de la concurrence, inévitable pour un poste aussi fabuleux au sein d’une entreprise de ce calibre. Barbie lui évita de se poser la grande question.
— Je vous propose de faire un rapide tour de table, dit-elle en clignant des cils.
Tout le monde se regarda en chien de fayence. Visiblement, le stress lié à l’importance de la session bloquait les autres candidats. Rigolus Jones s’étonna de ce silence car justement le rôle du Gentil Amuseur était de décontracter une ambiance coincée et de transformer une assemblée crispée en joyeuse troupe de turlurons. Il décida de prendre les devants.
— Bonjour à toutes et à tous. Je m’appelle Rigolus Jones et je viens d’Amérique, de la petite ville de Springfield dans le Colorado. J’adore la Belgique et sa grande tradition de bonne humeur. J’ai quitté ma ferme natale et ma famille pour tenter ma chance ici.
— Bonjour Rigolus Jones, répondirent en chœur les autres attablés.
— Comme vous le savez certainement si vous avez lu notre formulaire d’inscription, le processus de sélection démarre dès votre première présentation. Ainsi, Rigolus Jones va nous raconter une courte et plaisante anecdote et notre zygomatomètre va mesurer l’énergie comique dégagée par vos réactions. Vous faites donc aussi office de public test.

L’assemblée accepta la règle imposée par le recrutement et Rigolus Jones raconta une histoire de vol commercial privé, emprunté dans les années mille-neuf-cents-vingt par cinq voyageurs de commerce venus du Mexique, des Etats-Unis, de France, d’Allemagne et de Grande-Bretagne.
— Nous rencontrons des turbulences et un de nos réacteurs vient de lâcher, prévint soudain Simpson, le commandant de bord. Je vais devoir larguer les bagages pour alléger le jet sinon nous serons rapidement à court de carburant et nous nous écraserons dans les montagnes.
— D’accord, commandant Simpson, dirent les passagers.
— Nous sommes toujours trop lourds, informa Simpson quelques minutes plus tard. Je vais vous demander un difficile sacrifice. L’un de vous doit quitter l’avion et se jeter dans le vide. Nous ouvrons le panneau latéral à cet effet. Accrochez vous aux harnais de sécurité.
— Dieu sauve la Reine ! cria l’Anglais en prenant un parachute et en se précipitant dans l’éther.
— C’est un beau geste de la part de notre client britannique, malheureusement cela ne suffit pas, précisa Simpson après quelques minutes d’attente. Un autre doit se sacrifier.
— Vive la France et vive la République ! hurla le Français en se projetant dans les nuages.
— Je dois reconnaître le courage de notre passager parisien mais c’est toujours insuffisant, avoua Simpson après un quart d’heure. Qui veut se dévouer cette fois-ci ?
— Pour le Kaiser et le Reich Eternel, aboya l’Allemand en se ruant vers l’ouverture.
— Je n’en attendais pas moins et nous y sommes presque, concéda Simpson. Toutefois, il reste encore un peu de surcharge et je dois vous demander un ultime geste héroïque.
— Pour Fort Alamo et Davy Crockett ! rugit l’Américain en jetant le Mexicain à travers l’ouverture.

Rigolus Jones termina son récit debout sur la table. Il avait mimé chacun des personnages en prenant l’accent propre à leur origine, ce qui rajoutait au charme de sa diction anglo-saxonne.
Barbie et Ken étaient tordus de rire et le reste de l’assistance avait également du mal à garder son sérieux.
— Merci Rigolus Jones pour cette fort amusante narration, conclut Barbie, les yeux encore brillants tellement elle en avait pleuré. Qui se propose pour prendre la suite ?
— Je veux bien, allez, répondit un grand garçon à l’allure gauche et habillé d’un improbable pull vert pomme sur un blue-jean aux ourlets d’un autre temps.
— Nous vous écoutons.
— Bonjour à toutes et à tous. Je m’appelle Gaston Lagaffe et je viens de Charleroi. Je me suis inscrit sous la pression de ma collègue, mademoiselle Jeanne, parce que je l’aime bien. Je vais vous raconter comment j’ai adopté et dressé une mouette rieuse.
Le Belge démarra son histoire en se tortillant dans tous les sens tel un lombric perdu dans un plat de patates. Rigolus Jones l’écouta avec attention, se demandant quand est-ce qu’il allait se marrer.

Barbie attendit patiemment la fin des présentations. A part Rigolus Jones, tout le monde avait oublié la signification du qualificatif « court » et la session consomma l’essentiel de l’après-midi. Elle ne s’en formalisa pas car ce type de sélection comportait invariablement quatre-vingt-dix-neuf pour cent de déchet. Elle avait déjà vu beaucoup de candidats qui se croyaient capables d’électriser une foule, de la dynamiser et d’en recharger l’énergie positive par des électrons comiques et des protons rigolards. Presque chaque fois, ils étaient tous recalés pour des raisons diverses et variées, allant du rire forcé digne d’un médiocre présentateur de jeux télévisés jusqu’à la stupide vulgarité des rois de la blague potache qu’on entendait trop souvent dans les bars d’Anderlecht.
— Je vous remercie de vos excellentes prestations, dit-elle à l’assistance. Ken va vous raccompagner et nous vous recontacterons pour la suite de ce recrutement car, comme vous l’avez certainement compris, nous avons dépassé l’horaire prévu et nous devons rendre la salle maintenant.
— Nous allons passer par derrière afin de visiter l’un de nos clubs pilotes, proposa Ken.
— Chic ! hurlèrent en chœur les candidats.
La joyeuse troupe, revigorée par la surprise de visiter un vrai village de Hurlus, suivit Ken en file indienne.
Barbie retint Rigolus Jones par la manche et lui intima discrètement l’ordre de rester. Elle agrémenta son geste d’un sourire à dérider un croque-mort neurasthénique.

Rigolus Jones laissa ses concurrents partir avec le joueur de flute au corps d’éphèbe. Il comprit que les choses sérieuses allaient commencer quand Barbie lui indiqua la chaise centrale. La belle blonde posa son superbe séant sur la table puis elle croisa ses longues jambes galbées.
— Je crois, mon cher Rigolus Jones, que vous avez saisi la teneur de mon prochain message.
— Je pense, oui. J’ai réussi la première étape ?
— Exactement ! Vous avez fait exploser le zygomatomètre et je peux vous confier un petit secret car vous le méritez.
— Allez-y ! Je suis curieux d’en savoir plus.
— Vous avez établi un nouveau record. Rien que ça. Félicitations !
— Merci.
— Je vais vous indiquer la suite des événements vous concernant. D’abord, je dois appeler votre coach personnel, la personne en charge de vous pendant le stage de formation.
— Parce que je suis engagé ?
— Bien entendu ! Rares sont les élus dans la sélection des Gentils Amuseurs et ils sont toujours désignés dès le premier jour. Sinon, cela signifie qu’ils ne sont pas amusants mais juste gentillets. Nous sommes Le Numéro Un du Bonheur, au niveau mondial, essentiellement grâce à notre processus de recrutement.

Barbie arrêta là son discours commercial et elle appuya sur un minuscule losange bleu. Presque aussitôt, la porte de la salle de réunion coulissa et laissa apparaitre une splendide jeune femme, identique à Barbie à l’exception de sa chevelure rousse et de ses yeux verts.
— Je vous présente Cindy, votre mentor. Elle vous accompagnera dans notre Village Fondateur, là où tout a commencé pour l’entreprise HURLU. Vous passerez trois mois sur place à apprendre nos valeurs, nos techniques et nos astuces.
— Comment travaillerons nous ensemble ? demanda Rigolus Jones, peu habitué au coaching individuel.
— Nous avons une approche originale, avoua Barbie. Elle permet d’obtenir des résultats exceptionnels et de fidéliser nos Gentils Amuseurs.
— Nous serons toujours ensemble, enchaîna Cindy. Je mangerai, je vivrai et je dormirai avec vous. Chaque jour pendant un trimestre. Vous verrez, ça paraît envahissant sur le papier mais vous adorerez passer la nuit en ma compagnie durant votre training.
— J’ai hâte d’y être, confessa Rigolus Jones subitement excité à l’idée d’une telle proximité.

Posté le : 08/11/2014 22:02
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Re: défi du 8/11/14 au 14/11/14
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Si on me demande, je suis parti au village des Hurlus.
Il est temps ici que je dise ce que j'ai voulu dire depuis lontemps. Donaldo est de par sa personnalité toujours souriante et ses textes optimistes et spirituels le Soleil de Lorée.

Posté le : 09/11/2014 02:05
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Re: défi du 8/11/14 au 14/11/14
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Un américain venu derider des petits belges ? Je pencherais plutôt pour l'inverse.

Comme j'aurais voulu voir les mimiques de Rigolus pendant sa blague. Le gars de Charleroi n'avait aucune chance. En plus, je parie qu'il s'est endormi pendant la séance.

C'est totalement délirant et j'adore cela !

Va falloir un jour que tu viennes visiter Mouscron !

Merci mon Donald. Faut que j'envoie ton texte au bourgmestre afin de mettre sur pied cette entreprise qui embauchera à tour de bras et plus de chômage ici !

Bises

Couscous

Posté le : 09/11/2014 07:27
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Re: défi du 8/11/14 au 14/11/14
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Tout est question de point de vue

Après une nuit qui semble remplie de rêves sans queue ni tête (n’y voyez rien de pervers), j’ouvre les yeux. Mon réveil vient de me rappeler à la réalité. Il est 6 heures 30 et toute la maisonnée sommeille encore. C’est à moi de lancer le mouvement afin d’éviter des arrivées tardives.

J’entre dans la salle de bain et découvre des gouttelettes d’urine sur la lunette des toilettes. Grrr ! Ces hommes ! La douche se refuse à me délivrer de l’eau chaude. Seul un flux tiédasse sort du vieux pommeau. Mon cher et tendre n’aura pas eu le temps de se pencher sur ce problème domestique. Je termine un rinçage vivifiant à l’eau glacée. Pas de quoi me mettre de bonne humeur ! Un petit appel dans les chambres afin de réveiller les troupes. J’en profite pour ramasser les vêtements qui traînent au pied des lits. Combien de fois dois-je rappeler aux enfants l’existence d’un bac prévu à cet effet ? Amélie, 5 ans, et Michel, 12 ans, descendent tels des zombis. La table du petit déjeuner est prête. Ils dévorent comme des ogres et laissent tout en plan. Je grogne afin d’obtenir un coup de main au débarrassage mais en vain. Je souffle en levant les yeux au ciel. Là, Philippe, mon mari, descend, tout frais rasé. J’espère juste qu’il aura pensé à bien nettoyer le lavabo. Il commence à lister toutes les choses à faire. Mais je n’ai que quatre bras et il est l’heure d’aller bosser.

J’arrive au boulot un peu à la bourre car la petite a tardé à choisir sa tenue devant sa garde-robe. Elle insistait pour mettre son T-shirt préféré qui n’était pas encore lavé. Après une crise de larmes, je suis allée récupérer le vêtement dans le bac et lui ai enfilé. Tant pis, au moins elle est habillée. Ah, les gosses ! Et Michel qui ne trouvait pas sa seconde godasse. On a fouillé partout, sous les fauteuils, sous les meubles, pour la retrouver finalement dans le panier du chien. Elle est un peu mordillée mais il ne va pas pleuvoir aujourd’hui, sauf si Madame Météo se trompe pour la énième fois. Vilain Médor ! Pas de souper pour toi !

Au bureau, j’ai à peine posé mon manteau sur la patère et mes fesses sur mon siège que mon téléphone sonne déjà. Une femme bavarde m’accapare plus de vingt minutes. Elle a régulièrement besoin de me raconter ses petits malheurs. Faute d’avoir les moyens de se payer un psy, elle appelle sa pauvre assistante sociale, pleine d’empathie et de patience. Je coupe finalement court à la séance de psychothérapie au rabais car j’ai du pain sur la planche et ce dernier menace de rassir : des rapports à terminer pour hier, du courrier que je mesure désormais en centimètres, des factures à vérifier avant de les payer. Mon boulot n’est pas de tout repos. Heureusement que je l’aime !

Je suis de permanence et m’apprête à voir défiler toutes sortes de situations, souvent complexes. Tout d’abord je rencontre une femme qui a subi des violences de la part de son mari pendant des années. Après une séparation extrêmement difficile, empreinte d’humiliations et de menaces, elle est parvenue à reconquérir sa liberté. Un maigre salaire lui permet à peine d’assurer les charges de son appartement et toutes les dettes contractées pendant son mariage. Son ex s’est volontairement mué en débiteur insolvable, obligeant ses créanciers à s’adresser à la pauvre épouse et à s’attaquer à elle, tels des rapaces avides. L’un d’entre eux a programmé la vente de sa voiture samedi prochain. La dame est paniquée car elle ne pourra plus se rendre à son travail. Je prends contact avec l’huissier qui me connaît bien (professionnellement bien sûr !). Grâce à mon pouvoir de persuasion et mon bagou naturel, on trouve un arrangement convenable pour toutes les parties. La dame part rassurée et moi, heureuse de l’avoir aidée.

Ensuite se présente une femme d’une quarantaine d’années. Elle semble à bout. Ses yeux arborent des cernes sombres et ses cheveux ébouriffés et grisonnant lui confèrent vingt ans de plus. Elle vit avec son fils de dix-sept ans qui fait l’école buissonnière pour aller taguer des bâtiments publics, voler à l’étalage et d’autres joyeusetés du même acabit. Les dialogues entre mère et fils ne sont plus constitués que de reproches et de noms d’oiseaux. Cette maman célibataire ne voit plus d’autre solution qu’un placement en internat, générant des frais importants, trop lourds pour un budget fragilisé par les frasques du jeune garçon et ses demandes incessantes de « blé », « flouze » ou autre « fric ». Je lui rappelle qu’elle reste la chef de famille et que son fils lui doit le respect. Je l’oriente vers un service d’aide adapté qui lui coutera moins cher que l’internat et devrait lui permettre de remettre l’église au milieu du village tant au niveau financier que dans la relation mère-fils. Seconde victoire contre le sort qui s’acharne !

Je fais ensuite entrer dans le local un homme aux joues creuses et au dos courbé. Je remarque une cicatrice qui part d’une oreille pour rejoindre l’autre en passant par le sommet de son crâne chauve. J’apprends, presque sans surprise, qu’il a eu une tumeur au cerveau. Il a subi une opération et doit suivre des séances de chimio. Il sort d’un sachet plastique une montagne de factures d’hôpitaux, de transports en ambulance, d’analyses médicales, etc. Fatigué par son traitement, il m’avoue ne plus savoir se pencher sur ses finances. Son regard est un appel à l’aide. Je lui adresse un sourire réconfortant et prépare les documents pour mettre en place une aide à la gestion budgétaire. Soulagé de ce fardeau, il n’aura plus qu’à se consacrer à sa guérison.

Je retourne devant mon ordinateur et me dit que je fais vraiment le plus beau métier du monde. Dix-sept heures s’affiche sur l’horloge du bureau, donnant le signal du départ. Exténuée, je rentre à la maison. Philippe a préparé le souper. Amélie court vers moi et me serre très fort dans ses bras en chuchotant « Je t’aime, Maman. » Michel m’apporte fièrement son bulletin en annonçant qu’il est le premier de sa classe en mathématiques. Je souris béatement en regardant ma petite famille. Bon, la cuisine est un vrai champ de bataille, mon pull arborant des taches de chocolat car Amélie vient d’y frotter sa bouche et Michel n’a pas la moyenne en néerlandais… à part cela, elle est pas belle la vie ?

Posté le : 09/11/2014 17:28
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Re: défi du 8/11/14 au 14/11/14
Plume d'Or
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Elle est pas belle la vie ?


Je me réveille avec mon Gogo Sexus. Je regarde mes mails, mes sms, mon Facebook. Je prends une douche, mon gel moussant Dofe sent bon et il semble doux sur ma peau. Je m’enduis de crème Nikéa, et je me lave les dents avec le nouveau Rignal. Je me sens parfaitement bien. Mon univers est conforme à tout ce dont j’ai besoin pour mon équilibre. Je vois les filles des publicités à la télévision et sur les magazines, elles sont belles, elles ont la peau douce, les dents blanches et elles sentent bon comme moi !

Dans ma cuisine Bibéa super fonctionnelle et désinfectée avec du Kif. Je me prépare un petit déjeuner léger et nourrissant pour faire le plein d’énergie : un yaourt Toplait, des Petits Vu et un grand verre de Brisemaligne pour purifier mon organisme des toxines accumulées pendant la nuit.
J’ai un jean Pevi’s, des sous-vêtements Epam et un tee-shirt Tim, je suis à l’aise et je suis prête pour affronter ma journée. Grâce à mon déodorant super efficace, je ne sentirai pas mauvais, et ce soir, je pourrai aller faire du sport dans mon ensemble Marathon, en ayant l’air de sortir de ma salle de bain !

Je saute dans ma Tiny pour aller chez Meclerc, je vais faire les courses. Mon tee-shirt reste doux grâce à Racoline et ma veste sent bon la lessive Airel.

Je dois aussi passer à la NACF pour acheter une imprimante Colt, belle et efficace et un téléviseur Pony, qui donne l’impression que la fiction est encore plus belle que la réalité.

Je suis une femme de mon temps, belle, en bonne santé, connectée, efficace et souriante. Mon sourire hypnotise les gens, mes dents brillent, des étincelles en jaillissent. Quand on me serre la main, ma peau est tellement douce qu’on ne veut plus la lâcher. Même chose pour mes vêtements, l’autre jour je faisais la queue chez Meclerc et trois clients caressaient les manches et le dos de ma veste. Ils me reniflaient aussi, l’un deux avait des hallucinations, il se croyait dans un champ au milieu des papillons. C’était excessivement gênant, j’ai dû partir en courant vers ma voiture qui était entourée de badauds, j’ai eu du mal à les écarter pour entrer dans ma toute nouvelle Tiny bourrée d’options. Je dois faire très attention en conduisant, les gens s’arrêtent au milieu de la route pour regarder ma voiture. Ils restent là, à m’observer, comme si j’étais irréelle. Une fois, j’ai failli écraser une famille entière en rentrant chez moi, je perds un temps fou, ils ne comprennent pas qu’il faut dégager le passage.

Au bureau, je ne peux plus me servir de mon imprimante, mon secrétaire trouve toujours un prétexte pour l’utiliser, je dois passer par lui pour le moindre document. Il me regarde avec un sourire béat, et je ne dois pas l’approcher de trop près, autrement il caresse sa joue sur mon tricot. Il est aussi obligé de porter des lunettes de soleil quand je suis là, il paraît que mes dents l’éblouissent.

Heureusement le soir je peux me reposer, enfin, presque. L’autre soir, confortablement installée sur mon canapé minimaliste -j’ai rajouté des coussins, les gens du nord n’ont pas la même notion du confort que nous ; j’ai eu très peur, j’ai eu l’impression qu’un troupeau d’éléphants sortait de mon téléviseur, ils avaient l’air tellement réels que je suis sortie en courant de la maison.

Je ne vous parle même pas de mon smartphone qui sonne sans arrêt. Bip un email, Dring, un sms, Dong un message FB. Sans compter les infos diverses et variées, les recettes de cuisine qui arrivent continuellement via internet. Je ne peux plus faire de sieste dans la journée.
Enfin ! La vie est quand même beaucoup plus belle avec toutes ces innovations qui nous facilitent la vie. Imaginez pouvoir manger ce qu’on veut, ne pas faire de sport, traîner au lit sans rien faire et s’habiller n’importe comment …Imaginez…

Posté le : 09/11/2014 19:55
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Re: défi du 8/11/14 au 14/11/14
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Hello Couscous,
Tant que les assistantes sociales trouveront la vie belle, la société tiendra sur ses bases.
Merci pour cette lecture positive d'une vie pas toujours facile.
Tu as bien colorié notre quotidien.
Bises
Donald

Posté le : 10/11/2014 07:35
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Re: défi du 8/11/14 au 14/11/14
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Hello Arielle,
Eh bien, la société de consommation et les publicités n'ont pas de secret pour toi. Si tout ce qu'on voit dans les spots publicitaires était vrai, je choisirai la MAAF parce que ça danse et que c'est vert pomme.
Mais, j'ai bien choisi, j'ai chois BUT car c'est castoche.
Bises (j'ai lavé mes dents au PEPSODYNE)
Donald

Posté le : 10/11/2014 07:42
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Re: défi du 8/11/14 au 14/11/14
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Arielle,

Aurais-tu été sponsorisée par de grandes marques ? La vie comme dans des publicités, j'en rêve !

Une pointe d'ironie qui nous fait passer un bon moment de lecture.

Merci Airelle, warf warf !

Je vais aller ouvrir une boîte de cassoulet Willian Sauret, le réchauffer dans mon four whirlpiscine et le manger avec un verre de Coco.

Couscous

Posté le : 10/11/2014 11:06
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Re: défi du 8/11/14 au 14/11/14
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Arielle,

Aurais-tu été sponsorisée par de grandes marques ? La vie comme dans des publicités, j'en rêve !

Une pointe d'ironie qui nous fait passer un bon moment de lecture.

Merci Airelle, warf warf !

Je vais aller ouvrir une boîte de cassoulet Willian Sauret, le réchauffer dans mon four whirlpiscine et le manger avec un verre de Coco.

Couscous

Posté le : 10/11/2014 11:06
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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