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Cicéron 2
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La recherche du fondamental

L'œuvre philosophique de Cicéron, toute tournée qu'elle soit vers des applications pratiques, échappe au pragmatisme par sa recherche initiale du fondamental. À cet égard, les problèmes qui se posent sont exposés dans les Académiques : Cicéron doit choisir entre les deux principaux maîtres qu'il a connus dans sa jeunesse, Antiochus d'Ascalon et Philon de Larissa. Les modernes ont eu peine à discerner les enseignements de ces deux scholarques rivaux de la Nouvelle Académie : il suffit pourtant de se référer au Lucullus en particulier et suiv.. D'une part, Antiochus s'était séparé de Philon sur les points suivants : à la différence de la Nouvelle Académie, il croyait, suivant en cela les stoïciens, qu'il existait un critère de certitude sans lequel toute connaissance serait impossible ; d'autre part, avec les péripatéticiens, il attribuait, dans sa conception du bonheur, une certaine place aux biens du corps et aux biens extérieurs. Les biens de l'âme suffisaient d'après lui à procurer la uita beata, mais non la uita beatissima, pour laquelle les autres biens étaient nécessaires aussi. Selon Antiochus, ces thèses avaient déjà été défendues par les premiers disciples de Platon, les maîtres de l'ancienne Académie, Speusippe, Xénocrate, Polémon, puis par les premiers péripatéticiens. Philon, restant fidèle à Carnéade, critiquait essentiellement la théorie du critère ; il affirmait, dans un esprit authentiquement platonicien sans doute, que nos connaissances sont seulement probables, que le vrai existe, que nous le percevons, mais seulement de manière inadéquate. Cela permettait sur tout problème, dans la tradition d'Arcésilas, une certaine suspension de jugement. Cependant Philon semble s'être inspiré du Gorgias pour rejeter la théorie de la uita beatissima et pour affirmer que le bonheur réside dans la seule vertu – affirmation seulement vraisemblable à ses yeux, notons-le bien. En somme la différence entre Antiochus et Philon résidait en ceci : le premier s'était à la fois rapproché des stoïciens, il était, disait-on, un vrai stoïcien et des péripatéticiens : il avait ainsi sacrifié le scepticisme académique et la rigueur morale du platonisme ; mais vainement, car les deux écoles dont il s'inspirait étaient en contradiction sur la morale. Cicéron préfère Philon qui, comme son maître Carnéade, utilise parfois l'enseignement des péripatéticiens, parle leur langage en rejetant par exemple la théorie stoïcienne des préférables, mais, pour la rigueur de la doctrine, s'en tient à Platon et Arcésilas : il y a une vérité, dans le monde des idées ; elle est perçue sans critère sous forme d'opinion et non de certitude ; la vertu suffit au bonheur.
Une telle doctrine accorde le doute avec la recherche du vrai, l'esprit de tolérance, déjà visible dans un discours, le Pro Murena, et fondamental chez Cicéron avec le sens de l'absolu. Cela conduit à deux grandes applications.
En matière de religion, Cicéron affiche par exemple dans le Songe de Scipion, ou encore dans une traduction du Timée de Platon, des croyances proches de celles de ce philosophe : il n'est pas nécessaire de faire intervenir Posidonius. Mais il souligne dans le De natura deorum qu'il n'y a aucune certitude sur l'existence réelle du divin. Cela ne l'empêche pas d'en concevoir la vraisemblance ou la probabilité, le Songe, après tout, n'est qu'un rêve. En revanche, cela lui permet de nier la divination et la croyance en un destin prévisible, puisqu'ici c'est de la connaissance de l'avenir, de l'adéquation des signes qui semblent l'annoncer qu'il s'agit. Du même coup, un certain nombre de superstitions, vivaces dans la vie quotidienne, s'effondrent et la religion peut subsister. Grand progrès pour la pensée.

Une sagesse pratique

En ce qui concerne la morale pratique, elle est dominée, dans le De officiis, par le conflit apparent entre l'honnête et l'utile. Cicéron déclare s'inspirer du philosophe stoïcien Panétius dans les deux premiers livres. Mais en fait, là et surtout dans le troisième livre, il se réfère directement au platonisme pour affirmer, comme les stoïciens aussi l'on fait après Platon, qu'il n'y a d'utile que l'honnête. Cela résout à la fois le conflit et donne leur sens véritable aux paradoxes de la vie philosophique.
Il faudrait encore parler, à propos du De legibus, des grands textes sur la loi naturelle qui combinent, dans l'esprit de Carnéade, les traditions platoniciennes, stoïciennes, péripatéticiennes. Ils soulignent que l'esprit des lois est la raison divine et que la loi suprême est l'amour universel du genre humain. La pointe du doute académique vient même insinuer dans cette foi religieuse la nuance de scepticisme qu'on retrouvera plus tard chez Grotius et Montesquieu : même si la nature n'était pas si bonne, il vaudrait mieux croire qu'elle l'est.
Telle est la sagesse de Cicéron. Cette partie de son œuvre est souvent la plus difficile et la plus austère, malgré le ton de conversation raffinée qu'il donne à ses dialogues, malgré l'admirable beauté d'une langue qui se cherche encore, qui se crée sous nos yeux. Pourtant la fécondité de ces livres a été et reste immense, puisque, dans sa quête profonde, ou plutôt dans sa découverte, son invention de l'humanisme, Cicéron apportait à la fois le modèle d'une recherche de l'absolu, d'une préservation de la tolérance, d'une simplification du langage – tout ce qu'il faut pour communiquer, pour se comprendre, pour affirmer à tous les plans l'universalisme de l'humain. Cicéron est un maître à la fois pour saint Augustin et pour Voltaire, pour Érasme et pour Jean-Jacques Rousseau.

Plaidoiries et discours

En près de quarante ans, Cicéron prononça environ cent cinquante discours. Parmi ceux-ci, 88 sont identifiés par leurs titres cités dans d'autres textes, ou par des fragments, et 58 ont été conservés. Ils se répartissent en discours judiciaires et en harangues politiques prononcées devant le Sénat ou devant le peuple.
Les plaidoiries composées à l'occasion de procès s'intitulent Pro xxx ou In xxx, le nom xxx étant le nom de la partie représentée par Cicéron Pro ou de la partie adverse In. Selon la loi romaine, l'avocat ne peut toucher d'honoraires, son assistance rentre dans le système de relations sociales, fait de services rendus et d'obligations en retour. Si les premières plaidoiries de Cicéron contribuent à lui constituer un réseau de soutien pour son ascension politique, les plaidoiries prononcés après son consulat sont des remerciements à ses amis : il défend son vieux maître de grec Archias pro Archia, Sulla pro Sulla qui lui avait consenti un crédit pour l'achat de sa maison du Palatin, Flaccus Pro Flacco qui l'avait soutenu contre Catilina. Plancius, Sestius et Milon qui l'ont physiquement protégé pendant et après son exil sont à leur tour défendus en justice. En revanche, certains discours sont des services imposés par les triumvirs, comme la défense de Publius Vatinius, auparavant vilipendé par Cicéron dans le In Vatinium, ou celle d'Aulus Gabinius responsable de son exil en -58. L'absence de publication ultérieure du pro Vatinio et du pro Gabinio se comprend aisément.
On sait pour plusieurs discours comme le Pro Milone que Cicéron a remis en forme et publié son texte après le procès. Dion Cassius, très critique à l'encontre de Cicéron, affirme même que tous ses discours ont été composés en chambre pour simuler une éloquence qu'il n'avait pas, point de vue repris par certains modernes comme Antonio Salieri. Stroh recentre cette vue : selon lui, Cicéron préparait ses discours par des notes, dont de rares fragments nous sont parvenus, et par un plan avec les têtes de chapitre. Seul le début du discours était rédigé puis appris par cœur. Après l'avoir prononcé, et s'il décidait de le publier, Cicéron le mettait par écrit de mémoire à partir de son plan. Selon Stroh, il est même possible que Cicéron ait fait des coupures pour la publication, si l'on considère des temps de parole sur plusieurs heures lors des audiences.

Liste des traités de rhétorique.

Les Romains ont consacré peu d'ouvrages aux techniques oratoires avant l'époque de Cicéron, on ne connaît que celui que Caton l'Ancien rédigea pour son fils. Un autre manuel de rhétorique, également en forme de guide pratique, La Rhétorique à Herennius, fut longtemps attribué à Cicéron, et comme tel publié à la suite du De Inventione. Quoique ce traité puisse être daté de l'époque de Cicéron d'après les personnages qu'il évoque, cette paternité n'est plus retenue de nos jours en raison des opinions exprimées dans l'ouvrage qui sont fort différentes de celles de Cicéron.
Cicéron consigne des règles de l'art oratoire dans une œuvre de jeunesse datée de 84 av. J.-C., le De inventione, sur la composition de l’argumentation en rhétorique, dont deux des quatre livres qui le composaient nous sont parvenus. Se positionnant par rapport aux maîtres grecs, Aristote qu'il suit et Hermagoras de Temnos qu'il réfute, Cicéron consacre une longue suite de préceptes à la première étape de l'élaboration d'un discours, l'inventio ou recherche d'éléments et d'arguments, pour chacune des parties du plan type d'un discours : l'exorde, la narration, la division, la confirmation, la réfutation et la conclusion. Pour les autres étapes, Cicéron renvoie à des livres suivants, perdus ou peut-être jamais écrits. Toutefois, lorsqu'il atteint sa maturité, il semble regretter cette publication précoce et quelque peu scolaire, qu'il critique dans le De Oratore et la qualifie d' ébauches encore grossières échappées de mes cahiers d'école. Néanmoins, le De inventione propose une classification originale des arguments présents dans un discours politique, distinguant ce qui est utile et ce qui est moral ou beau honestum, les deux pouvant être dans le même discours. Plus tard dans sa carrière politique, Cicéron met en pratique cette approche, argumente devant le Sénat sur ce qui est utile et moral, tandis qu'il développe davantage l'utile dans ses discours au peuple.
En 55 av. J.-C. soit presque trente ans plus tard, et fort de son expérience, Cicéron reprend ses réflexions théoriques avec le célèbre Dialogi tres de Oratore, Les trois dialogues sur l'orateur. Il adopte une nouvelle approche pour en faire une œuvre philosophique et littéraire, la première du genre à Rome. Il présente son ouvrage sous forme de dialogue platonicien entre les grands orateurs de la génération précédente : Antoine, Crassus et Scævola, ce dernier ensuite remplacé par Catulus et son frère utérin César Strabon. Ils s'entretiennent avec Sulpicius et Cotta, jeunes débutants avides de s'instruire auprès d'hommes d'expérience. Leur réunion date de l'année 91 av. J.-C., période agitée qui précède la guerre sociale puis la sanglante rivalité entre Marius et Sylla, ce qui fait volontairement écho selon Levert à la situation politiquement troublée qui prévaut à la publication de cette œuvre. Le premier livre débat de la définition de la rhétorique et des qualités nécessaires de l'orateur. Dans le second dialogue, ils dissertent des différentes étapes définies par la rhétorique pour l'élaboration du discours, l'invention, la disposition et la mémorisation, et ils critiquent les règles scolaires grecques généralement admises. L'humour manipulateur a même sa place, sous forme de raillerie pour le ton du discours, ou de bons mots pour réveiller l'intérêt du public ou calmer son excitation. Le dernier dialogue porte sur l'élocution et l'action. L'ensemble forme un traité complet, sans avoir la lourdeur d'un manuel grâce au style dialogué. Cicéron présente dans cette œuvre sa célèbre théorie des trois objectifs de l'orateur : prouver la vérité de ce qu'on affirme, se concilier la bienveillance des auditeurs, éveiller en eux toutes les émotions utiles à la cause , ou avec plus de concision instruire, plaire, émouvoir.
Dans un dernier traité important sur la rhétorique, l’Orator ad Brutum Sur l’Orateur publié en 46 av. J.-C., Cicéron développe une nouvelle théorie fondamentale pour l’esthétique latine, sur les trois niveaux de style que doit maîtriser l’orateur idéal, les styles simple, médian ou élevé, à appliquer selon l’importance du sujet du discours et l’objectif de l’orateur, informer, plaire ou ébranler l’auditoire.
Cicéron revient à des exposés didactiques dans deux ouvrages techniques de portée plus limitée. Le De partitionibus oratoriis, sur les subdivisions du discours, daté de -54, est un abrégé méthodologique destiné à son fils. Le Topica est rédigé en quelques jours en 44 à la demande de son ami Trebatius Testa, qui le prie d'expliquer les règles d'Aristote sur les topoï, éléments de l’argumentation.

Lettres de Cicéron, Lettres à Atticus et Epistulae ad familiares.

La correspondance de Cicéron fut abondante tout au long de sa vie. Il nous reste quelque 800 lettres, et une centaine des réponses qui lui ont été adressées. Nous pouvons ainsi suivre mois après mois depuis novembre -68, date de la première lettre conservée, son évolution politique et philosophique, ses relations personnelles et ses projets rédactionnels. Cette correspondance, ainsi que les Discours, donnent aux historiens de nombreux témoignages sur divers aspects de la vie de l’époque, dont les activités financières et commerciales de la couche supérieure de la société formée par les sénateurs, les chevaliers, les banquiers et les grands commerçants negociatores.
La publication de ces lettres, durant l'Antiquité, se fera de manière posthume. Ces lettres sont regroupées par destinataires, son ami Atticus, ses interlocuteurs officiels et ses clients, son frère Quintus et son ami Brutus.

Poésies de Cicéron. L'art oratoire de Cicéron

Cicéron jouit d’une réputation d’excellent orateur, de son vivant et plus encore après sa disparition. Selon Pierre Grimal, nul autre que lui n’était capable d’élaborer une théorie romaine de l’éloquence, comme mode d’expression et moyen politique.
Cicéron rédige sur ce sujet de nombreux ouvrages, didactiques ou théoriques, et même historique. Parmi ceux-ci, il désigne comme ses cinq livres oratoires majeurs : Dialogi tres de Oratore Les trois dialogues sur l'orateur composés en -55, Orator ad Brutum Sur l’Orateur et Brutus sive dialogus de claris oratoribus (Brutus ou dialogue sur les orateurs illustres, deux ouvrages publiés en -46.

L'éloquence à Rome

À partir du iie siècle av. J.-C., la maîtrise du discours devient une nécessité pour les hommes politiques qui se font concurrence, lors des procès qui se multiplient, dans les débats au Sénat, et les prises de parole pour séduire une opinion publique de plus en plus présente. Les Romains se mettent à l'école des rhéteurs grecs, véritables professionnels de la parole. À l'époque de Cicéron, plusieurs styles sont en vogue, tous d'origine hellénique : l'asianisme, forme de discours brillante et efficace originaire d'Asie, mais tendant à l'enflure et au pathos, à l'exagération, aux effets faciles, usant de tournures maniérées et recherchées. L'école de Rhodes professe une éloquence sobre et au débit calme, dont Démosthène était le modèle.

Le style de Cicéron

Selon Cicéron, certains excès d'émotion de l'asianisme ne conviennent pas à la gravitas, le sérieux et la mesure du caractère romain. Il se range dans l'école de Rhodes, plus modérée, où il suivit les enseignements de Molon, et voua une grande admiration à Démosthène.
L'expression de Cicéron est souvent redondante, reprenant la même idée avec des mots nouveaux, multipliant les expressions redoublées. Cette abondance lui permet de composer de longues phrases en période, dont les propositions s'enchaînent pour créer l'attente de la fin et donner une impression d'équilibre concinnitas. Enfin, il accorde une grande attention à la sonorité de ses phrases, et veille au « nombre oratoire », emploi de mesures enchaînant les syllabes longues et brèves du latin classique, pour un effet identique aux pieds de la poésie. Pour la prononciation de ses périodes, Cicéron adopte une élocution lente et réfléchie, qui s’écoule sans heurt et que Sénèque compare à une eau qui se répand et forme une nappe tranquille.
Un exemple permet d'observer quelques-unes des caractéristiques du style cicéronien : ceci est l'introduction du discours que Cicéron prononce en -66, le Pro lege Manilia dit aussi De imperio Cn. Pompei. Cicéron est alors en pleine ascension politique, et s'adresse pour la première fois au peuple du forum, depuis la tribune des Rostres :

Quamquam mihi semper frequens conspectus vester multo iucundissimus, hic autem locus ad agendum amplissimus,
ad dicendum ornatissimus est visus, Quirites,
tamen hoc aditu laudis qui semper optimo cuique maxime patuit
non mea me voluntas adhuc
sed vitae meae rationes ab ineunte aetate susceptae prohibuerunt Bien que j'aie toujours le plus grand plaisir à vous revoir souvent,
que ce lieu me soit toujours apparu, pour agir, le plus puissant,
pour parler, le plus magnifique, citoyens de Rome,
ce chemin vers la gloire, toujours très ouvert aux meilleurs,
ce n'est pas délibérément que j'en suis resté éloigné jusque-là,
mais à cause des principes de vie que je me suis donnés dès ma jeunesse.
Cette longue période commence par trois propositions subordonnées, qui font monter l'attente, et redescend après le Quirites citoyens sur trois autres propositions. L'éloge du lieu est redoublé le plus puissant pour agir, le plus magnifique pour parler. La répétition des superlatifs suffixés en -issimus crée un rythme sonore homéotéleute dans la première partie, comme les agendum/dicendum, avec l'élision du um en raison de la voyelle qui suit le mot. La fin de la période reprend un autre effet d'assonance avec la répétition de quatre diphtongues ae. D'autres effets de diction font appel à la scansion poétique, avec la succession d'une syllabe longue, une brève, une longue crétiqu ou l'alternance d'une brève, une longue, une brève, une longue double trochée. La suite du discours est non moins soignée, avec un plan en trois parties, sur l'art de la guerre, la grandeur de cet art, et quel général choisir. Dans cette dernière partie, l'énoncé des qualités nécessaires en quatre points est un procédé d'énumération classique en rhétorique.
L’humour est fréquent dans la rhétorique de Cicéron, qui pratique tous les styles : ironie, dérision dans le Pro Murena qui tourne en ridicule la rigueur stoïcienne, jeu de mots dans les Verrines, exploitant le double sens du péjoratif iste Verres, ce Verrès, pouvant aussi se comprendre ce porc. Il sait ridiculiser un adversaire : il met en scène Clodius qui s'était déguisé en femme lors du scandale de Bona Dea. P. Clodius a quitté une crocota robe safran, un mitra turban, des sandales de femme, des bandelettes de pourpre, un strophium soutien-gorge, un psaltérion, la turpitude, le scandale, pour devenir soudain ami du peuple. Outre l'habituelle accumulation terminée par une chute en contraste comique, Cicéron multiplie les mots grecs, pour jouer sur le préjugé anti-grec de son auditoire.

Critique et défense de son style

Ce style d'éloquence a néanmoins des détracteurs, partisans d'une éloquence imitée des anciens orateurs attiques, particulièrement de Lysias et groupés autour de Licinius Calvus. Centrés sur la clarté d'expression, la correction du langage et un certain dépouillement, ces orateurs attiques critiquent Cicéron pour son manque de simplicité, ses figures de style, son pathétique. Ils l'ont trouvé surabondant, ampoulé inflatus, tumidus, tendant à se répéter inutilement redundans et faisant dans la démesure superfluens, se complaisant trop au balancement des périodes terminées sur les mêmes rythmes.
Cicéron répond à cette polémique en 46 av. J.-C. Il affirme dans le De optimo genere oratorum Du meilleur style d'orateur que ses compatriotes qui se disent attiques ne le sont pas. Après avoir souligné les limites stylistiques de Lysias, il étaye son point de vue par deux exemples de ce qu’il qualifie de véritable atticisme, en traduisant depuis le grec deux plaidoyers d'Eschine et Démosthène. De cette œuvre, il ne nous reste que la préface introductive de Cicéron, les traductions proprement dites sont perdues. Il poursuit par un second traité, l'Orator ad Brutum Sur l’Orateur, où il fait l'éloge d'un style abondant et soigné, quasi musical par son rythme, qu'il fait sien contre l'atticisme étriqué et monochrome. Selon lui, cet atticisme que certains rendent aride est plus propre à plaire à un grammairien qu'à séduire et convaincre la foule.
S'il prend Démosthène comme modèle dans les Philippiques, ses derniers discours, Cicéron reste plus exubérant que son maître. Quand Démosthène accuse Eschine d’être à l’origine de la guerre contre Philippe II de Macédoine, il emploie une comparaison imagée et balancée : Car celui qui a semé la semence, celui-là est aussi responsable des plantes. Cicéron la reprend contre Marc Antoine, qu’il rend responsable de la guerre civile :

Ut igitur in seminibus est causa arborum et stirpium,
sic huius luctuosissimi belli semen tu fuisti.Comme dans la semence se trouve le principe des arbres et des plantes,
ainsi tu as été la semence de cette guerre si douloureuse
Cicéron amplifie l'argument initial avec une répétition arbres et plantes, un superlatif luctuosissimi dérivé du pathétique luctus douleur, deuil, et module avec sa finale habituelle en ditrochée tū fŭīstĭ, : une longue, une brève, une longue, une brève.

De la rhétorique à l'Histoire

Cicéron considère que les lois de la rhétorique peuvent tout à fait s'appliquer à la composition d'ouvrages sur l'Histoire, et que celle-ci est un travail particulièrement propre à un orateur. En -46, il rédige une brève histoire de l’éloquence avec son Brutus sive dialogus de claris oratoribus, une première pour la rhétorique latine et un document précieux pour la connaissance des auteurs romains. Comme ses précédents traités, elle est présentée sous forme de dialogue. Elle fait un panorama de la rhétorique grecque puis dresse la chronologie des orateurs romains célèbres, depuis les débuts de la République jusqu'à César, dont la qualité d'expression est appréciée, et qui prononce un éloge de Cicéron ! En même temps, Cicéron retrace le lent perfectionnement de la rhétorique latine, et répond aux critiques des néo-attiques.
En -44, Cicéron exprime dans sa correspondance son désir d'écrire d'autres ouvrages historiques, et de valoriser ainsi le passé de Rome. Il commence à réunir de la documentation, mais les circonstances qui l'accaparent empêchent ce projet. L'idée demeure et est réalisée quelques années plus tard en prose par la monumentale Histoire romaine de Tite-Live et en vers par l'Énéide de Virgile.

Rôle de l'orateur dans la République

Toutefois pour Cicéron, l'exercice oratoire ne se résume pas à l'apprentissage des procédés grecs de rhétorique. Il l'insère dans une vision plus vaste, développe une théorie de l'éloquence, et répond ainsi à la critique de Platon qui n'y voit qu'un exercice qui se réduirait à un art du faux-semblant.
Pour Cicéron, l'orateur doit être la figure centrale de la vie publique romaine, affirmation qui répond à l'ambition des imperators, qui recherchent gloire et pouvoir par leurs succès militaires et leurs triomphes. Dans son Brutus, il affirme à propos de César la supériorité de la gloire de l'éloquence sur celle des armes ou selon une formule célèbre que les armes le cèdent à la toge, c'est-à-dire au pouvoir civil. L'orateur doit posséder au préalable des qualités fondamentales : une philosophie et une culture. Dans son Orator ad Brutum, Cicéron affirme que la parole repose sur la pensée, et ne saurait donc être parfaite sans l'étude de la philosophie. D'autre part, l'art de bien dire suppose nécessairement que celui qui parle possède une connaissance approfondie de la matière qu'il traite.

Liste des œuvres philosophiques de Cicéron.

La philosophie à Rome avant Cicéron
Le goût des spéculations philosophiques pour elles-mêmes était étranger aux Romains. Rome accueille les idées grecques à partir du iie siècle av. J.-C. avec une certaine méfiance incarnée par l'anti-hellénisme de Caton l'Ancien, tandis que des aristocrates comme les Scipions manifestent leur intérêt : les sénateurs ne veulent pas que le peuple et la jeunesse s’adonnent à des études qui absorbent toute l’activité intellectuelle, font rechercher le loisir, et produisent l'indifférence pour les choses de la vie réelle ; ainsi en 173 av. J.-C. deux philosophes épicuriens Alkios et Philiskos sont chassés de Rome soupçonnés de pervertir la jeunesse avec une doctrine basée sur le plaisir, et en 161 av. J.-C., le préteur est autorisé à expulser philosophes et rhéteurs. Et les trois scolarques députés auprès du sénat par Athènes en 155 av. J.-C., Carnéade, Diogène et Critolaüs, ne comprennent aucun épicurien.
C'est le stoïcisme qui pénètre d’abord à Rome, avec Panétios de Rhodes, protégé de Scipion Émilien, et qui exerce une profonde influence sur les membres de son cercle Laelius, Furius, Aelius Stilo et les jurisconsultes Q. Ælius Tubéron et Mucius Scévola. Mais les autres doctrines ne tardent pas à s’introduire aussi à Rome, et y avoir des disciples. L'épicurisme revient à la fin du iie siècle av. J.-C. Après la prise d’Athènes par Sylla en 87 av. J.-C., les écrits d’Aristote sont apportés à Rome ; Lucullus réunit une vaste bibliothèque, où sont déposés les monuments de la philosophie grecque. En même temps, les Romains voient arriver dans leur ville les représentants des principales écoles de la Grèce. Selon l'opinion commune des contemporains de Cicéron, les stoïciens, les académiciens et les péripatéticiens expriment les mêmes choses avec des mots différents. Tous soutiennent le civisme de la tradition romaine et s'opposent en bloc à l'épicurisme, qui prône le plaisir, le repli sur la vie privée, dans le cercle restreint des amis.

Son objectif : latiniser la philosophie

Si l’on met à part Lucrèce et son De natura rerum, poème qui n’a pas la forme d’un exposé dogmatique, Cicéron est le premier des auteurs romains qui rédige en latin des ouvrages de philosophie. Il le rappelle avec fierté et en débat dans ses préambules, s’opposant à ses contemporains qui dédaignent l’étude ou qui comme Varron préfèrent lire directement les ouvrages des Grecs sur cette matière.
Cicéron parle couramment le grec, son éducation à Rome et ses voyages en Grèce et en Asie lui ont fait rencontrer les maîtres grecs des diverses écoles philosophiques. Il se documente en puisant dans les bibliothèques de ses amis et voisins, comme celle de la villa du fils de Lucullus à Tusculum, ou celle du fils de Sylla, riches de livres rapportés des campagnes militaires en Grèce et en Orient. Son ami Atticus lui procure aussi des ouvrages des auteurs grecs, ou des résumés de ces ouvrages. Cicéron définit lui-même le mode de rédaction de ses synthèses philosophiques, par sélection et reformulation : Je ne fais pas office de traducteur. Je conserve ce qui a été dit par ceux dont je fais le choix et j'y applique ma façon de penser ainsi que mon tour de style. Il donne aussi une coloration romaine en parsemant ses textes de citations de poètes latins, d'anecdotes et de souvenirs personnels, d'exemples de grandes figures historiques romaines, car il exalte le passé de Rome et en tire des leçons morales.
L’expression Cicéron traducteur des Grecs montre son succès à travers les termes philosophiques qu’il a inventés en latin à partir des mots grecs et qui ont connu une grande fortune en Occident. C’est lui qui élabore un vocabulaire spécifique pour rendre compte de la philosophie grecque. Au plus simple, Cicéron reprend directement le grec ancien, par exemple ἀήρ, aêr, qui devient le latin aer l’air, un des quatre éléments, mot également tiré du grec elementa. Dans d’autres cas, il forge un néologisme latin, comme qualitas qualité équivalent du grec poiotês, ou providentia traduisant le grec pronoia providence, ce qui veille sur les astres et les hommes, formée sur videre, voir. En revanche, et Cicéron s’en fait l’écho dans ses traités, la traduction des concepts théoriques est plus délicate et requiert des périphrases, surtout pour le Stoïcisme qui emploie une terminologie qui lui est propre, qui n’est pas celle du grec populaire ni celle de Platon. Ainsi phantasia représentation mentale comprise chez Aristote comme faculté de l’esprit évolue en représentation sensorielle chez le stoïcien Zénon de Cition, ce que Cicéron rend par quod est visum , ce qui est vu. La thèse de Roland Poncelet inventorie les expressions et les procédés latins pour rendre les argumentaires grecs et traduit les difficultés et les solutions adoptées par Cicéron : par exemple, une difficulté à exprimer les raisonnements, reflétée par une surabondance de prépositions traduisant des relations concrètes de lieu vers, en venant de, etc. en place de relations modales comme en tant que, du point de vue de, conformément à ; ou encore le remplacement d'un concept général par une série d’exemples particuliers pour en extraire un comme représentatif.

Une présentation en forme de dialogue

La présentation des traités philosophiques de Cicéron suit une forme inspirée des dialogues platoniciens, habituelle pour ce type d’œuvre. Toutefois, ce sont rarement des questionnements socratiques qui enchaînent de rapides répliques, mais plutôt des conversations tenues dans des villas de campagne par des aristocrates romains, qui exposent à tour de rôle les théories des écoles philosophiques auxquelles ils sont censés adhérer. Cette mise en scène permet à Cicéron de présenter les divers points de vue, d’opposer le pour et le contre, en latin in utramque partem selon la méthode dialectique pratiquée par les philosophes de l’Académie. De surcroit, ce choix de protagonistes est une manière d'affirmer que des Romains illustres peuvent s'intéresser à la philosophie sans déchoir. Pour introduire ces conversations, Cicéron s’est constitué une série de prologues interchangeables, son liber prooemiorum dans lequel il puisse à mesure de ses rédactions. Le procédé requiert quelque attention, et par distraction, il place à nouveau le prologue du livre III des Académiques au début du De Gloria, erreur rectifiée en le republiant avec une autre introduction.
Mais en comparaison des dialogues de Platon, le philosophe Pierre Pellerin estime peu crédible ce formalisme entre, selon son expression, de solennels raseurs mondains , peu vraisemblables défenseurs de spéculations philosophiques qui les dépassent. Cicéron en perçoit lui-même le caractère artificiel et ajuste cette forme au fil de ses ouvrages : il réécrit la première version des Académiques pour changer des interlocuteurs qui ne pouvaient soutenir le ton philosophique qu’il leur prêtait. Dans ses premiers dialogues comme le De Republica, Cicéron n’intervient qu’en retrait, dans la tradition, dit-il, des traités d’Héraclide du Pont. Puis à partir de juin 45, il change de formule et déclare suivre la tradition d’Aristote : le ou les participants ne sont plus des interlocuteurs actifs, lui-même se place en acteur principal, et il s’exprime comme un maître à son disciple, dans les Tusculanes avec un jeune homme non désigné, puis dans le De fato avec Hirtius comme simple auditeur. Enfin, le dernier traité, De officiis, se présente comme une longue lettre adressée à son fils Marcus, âgé d'une vingtaine d'années : Cicéron renonce dans cet ouvrage à l'artifice de lui prêter des répliques appropriées.

Les écrits politiques

La production philosophique de Cicéron alterne avec ses activités politiques et judiciaires. Il ne publie que lorsque les événements l’éloignent de la vie politique, comme il le reconnait lui-même. Il affirme toutefois n’avoir jamais renoncé à s’adonner à la philosophie après ses études de jeunesse, ce que montre la présence diffuse de termes et de thèmes philosophiques dans les œuvres de sa période d’activité.
Après avoir traité l'art rhétorique dans le De oratore, et tandis que les affrontements dans Rome entre les bandes armées de Clodius et celles de Millon font craindre une nouvelle guerre civile, Cicéron rédige avec le De Republica publié en 54 av. J.-C., puis le De Legibus en 52 av. J.-C., ses réflexions sur les institutions politiques romaines. Pour lui, les meilleures institutions ne sont pas celles de la République de Platon, toutes théoriques, mais celles de la République romaine du début du IIe siècle av. J.-C., l'époque de Caton l'Ancien et des Scipions. Elle combinait alors le meilleur des formes monarchique, aristocratique et démocratique dans un équilibre qu'il faut rétablir, et disposait de grands hommes dont l'esprit civique n'était pas encore corrompu par les ambitions égoïstes. La crise à Rome que constate Cicéron impose de recourir à un tuteur de la République, un fondé de pouvoir de l'État, sage et expérimenté, un ancien consul doté de pouvoirs spéciaux et temporaires. Cicéron se verrait bien dans ce rôle, lorsqu'en 56 av. J.-C., il propose à Pompée d'être son conseiller politique, proposition que ce dernier rejette avec un orgueil offusqué.
Le départ de Cicéron en 51 av. J.-C. pour un proconsulat en Cilicie puis la guerre civile entre Jules César et les Républicains interrompent ces travaux rédactionnels. Cicéron publie néanmoins en 47 av. J.-C. les Paradoxes des stoïciens, petit traité inclassable dans lequel il déclare s’être amusé à reprendre quelques sentences stoïciennes pour les rendre plus accessibles au public. C’est aussi un pamphlet dirigé –sans les nommer - contre Clodius qui provoqua son exil et contre les imperatores avides de richesse et de gloire comme Jules César et Crassus.

Les écrits philosophiques

La seconde période de production de Cicéron s’étend sur environ deux ans de 46 à 44 av. J.-C., pendant sa retraite politique forcée par la dictature de César. Cicéron entame alors le vaste projet de doter la littérature latine d’un exposé de la philosophie contemporaine, essentiellement grecque jusqu’alors, en commençant par la publication de l'Hortensius, ouvrage disparu au Moyen Âge qui vante l'utilité de l’étude de la philosophie. Mais le décès soudain de sa fille Tullia en février -45 interrompt son projet et le plonge dans un profond chagrin. Il sort de cette expérience douloureuse en composant pour lui-même la Consolation, rédigée probablement entre le 7 et le 11 mars et aujourd’hui perdue.
Autant pour tromper sa douleur que pour persévérer dans son projet, Cicéron reprend son travail avec une fébrilité intense que permet de suivre sa correspondance avec Atticus. Il va répartir ses traités suivants selon la division classique de la pensée hellénistique en trois domaines majeurs, la philosophie morale guide de l’action humaine, la logique et la philosophie naturelle ou physique, quoiqu’il n’aborde cette dernière que de façon restreinte.
Pour chaque domaine, Cicéron présente par la bouche de ses protagonistes les doctrines des principales écoles philosophiques, leurs évolutions et leurs critiques. Du fait de l’absence d’œuvres écrites des maitres du stoïcisme, de l’épicurisme et de l’académisme, ces traités sont avec ceux de Plutarque et ceux de Sextus Empiricus les ouvrages qui donnent une vue d’ensemble des débats philosophiques entre le IIIe et le ier siècle avant notre ère.

Philosophie logique : la détermination du Vrai

Dans la philosophie antique, la logique, relative à la raison et à l’argumentation, est la voie qui permet de distinguer le vrai du faux, de reconnaître la cohérence et le contradictoire. Elle est donc l’instrument qui sous-tend les théories bâties dans les deux autres domaines philosophiques, la physique et la morale. En effet, toute action réfléchie exige de distinguer entre ce qu’il convient de faire et ce qu’il convient de ne pas faire, donc chercher des certitudes sur lesquelles appuyer son choix.
Cicéron commence donc par faire le point des réflexions sur cette recherche de Vérité, de la certitude ou de l'opinion avec ses Académiques. La rédaction est laborieuse, une première version faite au printemps 45 av. J.-C. en deux livres est rapidement suivie d’une seconde en quatre livres. Ces éditions ne sont parvenues à notre époque que très partiellement, plus des trois quarts de l’ouvrage sont perdus. La question est d’établir ce que l’être humain peut appréhender comme vrai au moyen de ses perceptions et de sa raison. Cicéron présente les diverses positions soutenues par les successeurs de Platon, dont celles d’Arcésilas de Pitane, qui réfute les conclusions des stoïciens sur la possibilité des certitudes, de Carnéade, qui introduit la notion de probable, de Philon de Larissa qui atténue le scepticisme d'Arcésilas et d’Antiochos d'Ascalon qui veut concilier les positions des uns et des autres. Toutefois, Cicéron refuse de s'aligner sur la doctrine d'une école particulière et rejette les conclusions trop dogmatiques : puisque à son avis la vérité absolue est hors de portée, chaque thèse a sa part de probabilité, plus ou moins grande, sa méthode est de les mettre en présence, de les opposer ou de les faire s'appuyer mutuellement.

Philosophie morale : comment bien vivre

Après avoir examiné le problème de la recherche de la Vérité, Cicéron enchaine sur la question fondamentale du bonheur, but de tout homme. Rédigé en parallèle avec les Académiques et publié en juillet 45 av. J.-C., le De finibus bonorum et malorum Des suprêmes biens et des suprêmes maux, parmi les traductions proposées développe cette notion en présentant en cinq livres les réponses offertes par les écoles philosophiques grecques contemporaines de Cicéron. Chaque école a sa définition du bonheur, autrement dit du Bien suprême : le plaisir, ou bien l’absence de douleur, ou encore la conformité à la Nature, mais quelle Nature, celle du corps ou celle de l’esprit ? Cicéron au travers de dialogues fictifs va exposer la position de chaque doctrine, puis la critique de cette doctrine afin que le lecteur puisse se forger sa propre opinion. L’ordre de présentation suit les préférences de Cicéron, il commence par l’épicurisme qu’il rejette complètement, enchaîne sur le stoïcisme, et conclut par la nouvelle Académie.
La parution des Tusculanes suit en août 45 av. J.-C. Cicéron y aborde les questions existentielles traitées traditionnellement par les écoles philosophiques, mais donne une forme originale et personnelle aux cinq livres du traité, les présentant comme des conférences dans lesquelles il explique lui-même à un jeune homme anonyme les grands thèmes : la mort, la douleur physique, la douleur morale, les passions qui affectent l'âme, la vertu et le bonheur.
Après les Tusculanes et continuant de séjourner près de Rome, Cicéron rédige début 44 deux petits traités, le premier sur la vieillesse et l'autre sur l’amitié, adressés à Atticus et évocateurs d'un passé mythifié. Dans le premier traité, le Cato Maior de Senectute Sur la vieillesse, un Caton l'Ancien très âgé converse avec Scipion Émilien et son ami Laelius, alors jeunes. Il répond aux critiques que l'on formule à l'encontre de cette dernière période de la vie. Cicéron réaffirme l'utilité que peut avoir un vieillard prudent et expérimenté comme conseiller dans la gestion des affaires publiques. Il avait déjà décrit ce rôle dans le De Republica, et semble exprimer son espoir de participer ainsi à la vie publique. Face à la mort, inévitable issue de la vieillesse, il espère en la survie de l’âme, fusse-t-elle une illusion dont il ne voudrait pas être privé tant qu'il vit. On retrouve là l'argumentaire sur la mort que Cicéron exprimait déjà dans l’Hortensius,le Songe de Scipion et les Tusculanes .
Dans le traité, Laelius de Amicitia Sur l'Amitié, le même Laelius qui vient de perdre son ami Scipion s'entretient avec ses gendres de la pratique de l'amitié. La mort de Scipion Émilien en -129 marque pour Cicéron la fin de l'âge d'or de la République, auparavant gérée par un petit groupe d'hommes liés par l'amitié. Cicéron justifie par des arguments théoriques et philosophiques la pratique romaine de l'amitié et en fait un programme politique, une nécessité pour que la société retrouve cette vertu.
Le De gloria Sur la gloire, commencé vers le 26 juin et terminé le 3 juillet 44 av. J.-C, est un texte en deux livres dont il ne reste que de brèves citations dans les Nuits Attiques. Alors qu'à Rome certains parlent de diviniser le défunt Jules César, il y est question de l’évhémérisme, concept grec de divinisation des grands hommes par leurs compatriotes. Cicéron a déjà abordé le thème de la gloire dans le De Republica et les Tusculanes, et revient sur la question dans son traité suivant De officiis. Selon Pierre Grimal, Cicéron veut sans doute faire œuvre de propagande en opposant une gloire vraie et juste, traduite par l'affection des citoyens, à une fausse gloire, applaudie par des partisans mal intentionnés qui espèrent en tirer un profit personnel.

Philosophie naturelle : le refus du fatalisme

La philosophie naturelle recouvre la physique, c'est-à-dire les principes visibles et invisibles qui donnent forme, cohésion et vie à la matière. Cicéron ne s'intéresse toutefois guère aux théories explicatives du monde, l'atomistique des épicuriens ou la théorie des quatre éléments, mais se concentre sur ce qui transcende l’existence humaine, manifestations ou volontés divines, et qui peut influer sur notre liberté individuelle d’action. Une série de traités publiés en l'espace d'une année constitue une réflexion d’ensemble sur la métaphysique : les De Natura Deorum De la nature des dieux, De divinatione Sur la divination et De fato Sur le destin.
Après le De natura deorum, s'intercale à l'automne 45 av. J.-C. la traduction en latin que fait Cicéron du récit du Timée de Platon, dont il reste des fragments importants. Sa préface apprend qu'il s'est entretenu avec le néopythagoricien Nigidius Figulus lors de son voyage vers la Cilicie. Ils ont discuté de physique selon le sens antique, c'est-à-dire des spéculations sur l'Univers et les causes qui l'ont produit, et la traduction de Cicéron est présentée comme la suite de cette rencontre. Le premier passage étudie l'opposition entre l'éternel et le mouvant, entre ce qui est dans le devenir et l'immobile, entre le mortel et l'immortel, et relie l'éternel à la Beauté. La traduction expose ensuite un résumé de la genèse de tout ce qui existe, en particulier la naissance des dieux. Ce récit, dans lequel Platon comme Cicéron ne voient probablement qu'un mythe, est sa seule incursion dans la partie de la physique antique consacrée à l'histoire du Monde et sa structure.
Après l’étude des dieux, deux problèmes dérivés font l’objet d’une étude approfondie : la divination, liée à l’emploi politique et civique de la théologie, et le destin, dont l’analyse va déterminer le degré de liberté de l’action humaine.
Le De divinatione est un des seuls traités antiques consacré à la divination qui nous soit parvenu, il présente donc un intérêt historique pour la connaissance de pratiques de divinations grecque, étrusque et latine et des attitudes antiques face aux phénomènes hors de l'expérience ordinaire. Cicéron y analyse avec scepticisme les diverses formes de la divination comme les oracles et l’haruspicine étrusque. Il critique les théories des stoïciens qui la défendent et refuse d’admettre le principe que tout événement dépende d’une cause implique que les événements futurs puissent être prédéterminés. Il est néanmoins moins critique sur les augures romains, non parce qu’il est lui-même augure, mais parce que ceux-ci ne servent pas à prédire l’avenir, mais seulement à obtenir l'avis préalable des dieux lors des actes importants des magistrats. En cela ils ont une utilité politique et sociale pour la République.
Dans le De fato, Cicéron récuse à nouveau tout déterminisme et refuse la conception stoïcienne qui rendrait l’acte individuel librement choisi soit irréalisable soit totalement déterminé en dehors de la volonté humaine.

Le dernier traité, moral et politique

Le traité des Devoirs De Officiis est le dernier ouvrage à portée philosophique de Cicéron, publié à la fin de l'année 44 av. J.-C., alors qu'il reprend son activité politique avec ses premiers discours contre Antoine. L'ouvrage, volontairement concret, donne des prescriptions et des conseils à son fils et plus largement aux hommes de bien les boni viri de la classe sociale de Cicéron pour se comporter convenablement en toute circonstance au sein de sa famille, de la société et de la cité.
Cet ouvrage n'est pas seulement un traité pratique de morale, il exprime aussi les souhaits de Cicéron d'un gouvernement romain régi par la Justice, exprimée par le respect de la propriété privée et des biens publics, et par la Fides, la Bonne Foi romaine, dans l'observation des contrats et des traités, dans la protection des cités et des peuples alliés de Rome, et enfin la stabilisation de l'Empire avec la fin des guerres de conquête. Ceux qui sont à la tête de l'État doivent se comporter comme des tuteurs de la République, veillant au bien de tous et non à l'avantage d'une faction, concept énoncé dix ans plus tôt dans le De Republica. Il faut non seulement agir avec justice, mais aussi lutter contre l'injustice, et s'en abstenir revient à commettre une injustice. Cicéron est maintenant résolu à lutter contre Marc Antoine et, dit-il, à offrir sa vie pour la liberté, selon une formule grandiloquente mais prémonitoire.

Postérité de Cicéron

La notion d'éloquence développée par Cicéron a exercé une influence considérable sur la culture occidentale dans l'Antiquité, au Moyen Âge, à la Renaissance et à l'époque moderne.

Période impériale

La disparition de Cicéron et des orateurs de sa génération se traduit par le déclin de l'art oratoire de l'avis de Sénèque l'Ancien, puis de Tacite, quoique Marcus Aper estime que le goût a évolué au profit des formules brèves et brillantes ou de la précision du vocabulaire, et n'admet plus les lourdes périodes et les digressions cicéroniennes.
À la fin du ier siècle, le goût littéraire se développe pour les auteurs considérés comme classiques, dont Cicéron et d'autres plus anciens pour la langue latine, tandis que Démosthène et l'Atticisme deviennent la référence pour l'expression grecque. Les bibliothèques publiques et privées fleurissent, on copie les textes, Asconius commente dans ses éditions plusieurs discours de Cicéron les Scholies, imité par ses continuateurs pseudo-Asconius. L'enseignement de la rhétorique latine se systématise, grâce notamment à Quintilien, qui promeut Cicéron comme modèle absolu de l’éloquence dans son manuel De institutione oratoria, et qui comme lui voit dans la culture et la morale les compléments obligés de la rhétorique pour une formation complète de l'homme et du citoyen. Cicéron est mis au rang des grandes figures historiques et sa fin est prise pour sujet d'exercice de déclamation, sur le thème Cicéron délibère s'il brûlera ses œuvres, sur la promesse d'Antoine de lui laisser la vie sauve. Sénèque l'Ancien note avec humour que personne à sa connaissance n'a soutenu la thèse sauvant Cicéron et sacrifiant ses œuvres.
Si l’influence de Cicéron est patente sur l’art oratoire romain, son ambition d’implanter la philosophie dans la langue latine n’est pas couronnée d’autant de succès : le grec reste le mode d’expression privilégiée de la philosophie, même pour un Romain comme Marc-Aurèle, et des doxographes comme Sextus Empiricus ou Diogène Laërce ne font aucune mention de Cicéron.

Antiquité tardive et Moyen Âge

On continue de se référer aux textes de Cicéron au Bas Empire : au ive siècle, le grammairien Nonius y puise de nombreux exemples, tandis que Lactance copie dans les Institutions Divines des passages entiers pour argumenter contre la religion traditionnelle et les mœurs antiques, et Marius Victorinus commente le De inventione. L’Histoire Auguste suit cette mode de la citation en nommant Cicéron dix-neuf fois, et faisant une quarantaine d’allusions ou d’imitations à la manière de Cicéron, aisément reconnaissables par un lecteur cultivé de l’époque.
Au siècle suivant, Macrobe rédige un Commentaire au Songe de Scipion, et son contemporain Augustin d'Hippone doit sa passion pour la philosophie à sa découverte de l'Hortensius. Les citations que fait Augustin prouvent une connaissance approfondie des traités philosophiques et rhétoriques de Cicéron, même s'il reste réservé sur sa pensée lorsqu'il la compare à la doctrine chrétienne. Augustin apprécie hautement Cicéron, qui est pour lui le fondateur de l'art oratoire romain. L'approche rhétorique d'Augustin reprend le projet de Cicéron, de placer la sagesse sapientia au-dessus de l'éloquence, mais pour Augustin, la sagesse est la connaissance de l'écriture sainte. Il reprend la théorie que Cicéron formule dans l'Orateur en faveur de la maîtrise des trois styles, simple, moyen et élevé, pour les trois missions de l'orateur : enseigner, réjouir, émouvoir docere, delectare, movere. Dans le quatrième livre de son De Doctrina christiana, Augustin adapte ces préceptes à la prédication, nécessairement de style élevée, qui doit enseigner de façon compréhensible, plaire pour qu'on l'écoute volontiers et ébranler les auditeurs par l'exhortation morale.
Au Moyen Âge, la rhétorique est une des branches du Trivium, un enseignement qui s'appuie essentiellement sur trois traités antiques didactiques, le De inventione de Cicéron, la Rhétorique à Herennius, qui lui est attribué, et l'Institution oratoire de Quintilien. Grâce à l'enseignement, le De inventione est un des textes les plus copiés du Moyen Âge. En revanche, les discours de Cicéron, mis à part les Catilinaires et les Philippiques, et ses ouvrages philosophiques ou personnels sont négligés.
La transmission des ouvrages au fil des siècles est altérée par la détérioration des manuscrits et la corruption des textes engendrée par les recopies successives. Par exemple, un recueil de traités philosophiques groupant les De Natura deorum, De divinatione, De fato, De Legibus, Timée, Topica, Paradoxa, Lucullus est connu par sept manuscrits datés entre les IXe et XIe siècle, qui d'après leurs importantes lacunes communes sont tous issus d'un unique manuscrit inconnu, antérieur au IXe siècle et déjà mutilé par la perte de plusieurs feuillets et la permutation de cahiers de 4 pages.
Malgré la raréfaction des exemplaires, la pensée de Cicéron reste une référence. Au IXe siècle lors de la renaissance carolingienne, Hadoard, bibliothécaire du scriptorium de l'Abbaye de Corbie, dispose d'exemplaires de la plupart des ouvrages philosophiques de Cicéron, avec lesquels il constitue un florilège classique d'extraits choisis et retravaillés pour les placer dans une perspective morale et chrétienne.

Redécouverte de Cicéron

Au XIIe siècle, l'intérêt renait pour les dialogues philosophiques de Cicéron, l'école de Chartres spécule sur le Commentaire au Songe de Scipion rédigé par Macrobe, et l'humaniste Jean de Salisbury perçoit des options presque chrétiennes dans le De officiis, le De amicitia et le De senectute.
Un nouvel élan est donné quand les humanistes de la Renaissance se mettent en quête dans les abbayes de manuscrits contenant des textes antiques. Dans les années 1330, Pietro di Malvezzi constitue à Vérone un recueil qui regroupe la plupart des traités philosophiques et rhétoriques de Cicéron, et plusieurs discours. Ce manuscrit est offert à Pétrarque, grand admirateur de Cicéron. Ce dernier retrouve aussi d'autres textes, et surtout reconstitue la correspondance de Cicéron. Il met en lumière grâce à elle son côté humain. À son tour, le Pogge découvre en 1416 un codex contenant les commentaires d'Asconius de cinq discours de Cicéron. Certains manuscrits originaux disparaissent après leur découverte comme le De oratore, mais leurs textes subsistent grâce aux copies des humanistes. Le développement de l'imprimerie permet enfin une diffusion large et cette fois pérenne des œuvres de Cicéron : un premier recueil des textes philosophiques de Cicéron est publié à Rome en 1471
Lorsque les Jésuites fixent en 1599 les principes fondamentaux de leur enseignement avec le Ratio Studiorum plan raisonné des études, ils prennent Quintilien et surtout Cicéron comme base de leur pédagogie. Les préceptes rhétoriques qu'enseignent ensuite leurs collèges sont presque tous repris de Cicéron. L'enseignement secondaire des XIXe et XXe siècles continue cet esprit cicéronien au travers des classes de rhétorique et des classes de philosophie. La langue de Cicéron est alors le modèle incontesté du latin classique

Jugements sur l'homme et son action

Si les biographes et les littéraires imprégnés de son œuvre lui sont généralement favorables, plusieurs historiens de renom ont émis des jugements très critiques à l'encontre de Cicéron, et de son attitude politique. Visiblement, le Cicéron des historiens du XIXe et du début du XXe siècle n’est pas celui des latinistes. Ainsi la Geschichte Roms Histoire de Rome de Wilhelm Drumann publiée entre 1834 et 1844 contient une bibliographie qui est un réquisitoire soigneusement référencé contre Cicéron. La monumentale Histoire romaine de Theodor Mommsen parue entre 1850 et 1857 le traite au fil de ses pages d'avocat à tout faire, parvenu gonflé d'orgueil, nageur entre deux eaux, girouette politique.
L'appréciation reste sévère chez des historiens français du siècle suivant : homme d'État malhabile, juriste médiocre, artiste admirable, maladroit dans ses rapports avec Pompée, manipulé par César durant son consulat et dépourvu de sens politique et de psychologie avec Octave selon André Piganiol. Le jugement est non moins critique dans l'Histoire romaine de Jérôme Carcopino, très réservé sur la sincérité de certaines attitudes de Cicéron, sur la continuité de ses vues politiques, l’efficacité de son action. En 1947, Carcopino a tiré d'une analyse à charge de la correspondance de Cicéron un portait extrêmement dépréciatif : feignant le désintéressement et l’intégrité mais obsédé par l'argent, dépensier et endetté pour satisfaire son goût du luxe, mouillé dans des montages financiers parfois douteux, capteur d’héritages, mauvais père, fantoche apeuré manipulé par les triumvirs, courtisan opportuniste avec les grands et médisant en privé, etc. L’interprétation est si négative que Carcopino avance l’idée que ces lettres auraient été sélectionnées et publiées durant le second triumvirat dans un but de propagande, pour dénigrer Cicéron et justifier sa proscription par Octave. Cette théorie a été réfutée par Pierre Boyancé dans son article Cicéron contre Cicéron ?, paru en 1949.
Pierre Grimal explique les errances politiques attribuées à l'irrésolution et la faiblesse de caractère de Cicéron par sa formation devenue une habitude de pensée, consistant à peser le pour et le contre avant de décider, en face de situations politiques complexes et mouvantes.
Les partisans de Cicéron excusent les compromissions de ses plaidoyers d'avocat, qu'ils jugent comme une adaptation au client et à la cause, ce que Cicéron revendique : on se trompe en croyant avoir dans les discours que nous avons tenus devant les tribunaux nos opinions dûment consignées : tous ces discours sont ce que veulent les causes et les circonstances. Quitte à s'éloigner de la vérité pour défendre un coupable : il appartient … à l'avocat, parfois, de plaider le vraisemblable, même s'il n'est pas le plus vrai.

Jugements sur sa philosophie

Durant la Renaissance et l’époque classique, Cicéron est un acteur reconnu dans les débats philosophiques. Mais à partir des années 1830, lorsque sont publiées les éditions savantes des auteurs grecs et latins, le point de vue change : Cicéron n’est plus considéré comme un philosophe véritable, mais juste comme un passeur de la pensée grecque, un doxographe résumant des textes sans apport qui lui soit personnel. La préface rédigée en 1928 par Jules Martha dans sa traduction du De finibus bonorum et malorum est représentative de cette dépréciation : il n’a pour bien traiter, les matières de la philosophie la tournure d’esprit qui convient. Il est rapide, superficiel. Il est trop porté à voir les choses par le coté oratoire et n’a pas assez le souci d’aller au fond. Il n’a pas la rigueur dans l’analyse et la méthode qu’exigent l’exposé ou la critique des problèmes philosophiques. Jules Martha reconnait du moins l’intérêt de son travail de vulgarisation, parfois comme seul témoin qui subsiste de certains aspects des doctrines grecques.
Considérer Cicéron comme un simple transcripteur des philosophes grecs à destination d'un public latin a pour corolaire au XIXe siècle un courant de recherche systématique dans ses traités de sources grecques pour chacun de ses énoncés, mis à part les références à la mythologie et à l’histoire romaine, et les anecdotes personnelles. Les travaux des philologues allemands comme Rudolf Hirzel ont fait longtemps autorité dans cette approche, dite du Quellenvorschung, Recherche des sources. Cette approche fondée sur un préjugé réducteur et menée trop systématiquement est aujourd'hui critiquée et rejetée, même si Carlos Lévy estime que ses études de détail sur tel ou tel aspect des ouvrages de Cicéron restent précieuses pour effectuer de nouvelles recherches.
Une certaine réhabilitation de Cicéron se dessine toutefois à la fin du XXe siècle : ainsi Pierre Boyancé définit l’humanisme cicéronien par son sens de l’humain, son sens de la culture, qui permet à l’homme de se réaliser, et son sens de la bienveillance, exprimée dans les rapports sociaux. Pierre Pellegrin rappelle que Cicéron n'a jamais été considéré comme un philosophe original, et qu'il n'a jamais prétendu l'être. S'il parle avec sympathie de la Nouvelle Académie et s'en fait le porte-parole dans certains traités, il ne s'est pas posé en successeur d'Antiochus d'Ascalon, dernier maître officiel de cette école.

Évocations artistiques Œuvres artistiques

Pierre-Henri de Valenciennes peint en 1787 Cicéron découvrant le tombeau d'Archimède
Cesare Maccari décore en 1880 le palais Madama d'une fresque dans laquelle Cicéron dénonce Catilina
Romans historiques
Florence Dupont, L'affaire Milon : meurtre sur la voie Appienne, Paris, Denoël,‎ 1987
Steven Saylor, L'énigme de Catilina, 10/18, 1999.
Robert Harris, Imperium, Plon, 2006 et Pocket, 2008
Colleen McCullough, Les Maîtres de Rome série

Œuvres cinématographiques

Alan Napier incarne Cicéron dans le film Jules César de Mankiewicz 1953.
Dans la série télévisée Rome créée en 2005, figure Cicéron en personnage secondaire, joué par David Bamber.
L'Affaire Sextus est un téléfilm historique coproduit par la BBC et Discovery Channel sorti en 2006 et inspiré du procès Pro Roscio Armerino de Cicéron.
-e et ses mains sanglantes.

Lien

http://www.ina.fr/audio/00107078/la-conversation-audio.html La conversation



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Posté le : 06/12/2014 17:10
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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