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Pierre Bayle
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Le 28 décembre 1706, à 59 ans, à Rotterdam, meurt Pierre Bayle
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né au Carla-le-Comte aujourd'hui Carla-Bayle, près de Pamiers en Pays de Foix en Ariège le 18 novembre 1647, philosophe et écrivain français. Protestant installé à Genève, puis à Sedan, il gagna Rotterdam, où il enseigna l'histoire et la philosophie. En réponse à Bossuet, il affirma dans sa Lettre sur la comète 1682, remaniée et publiée en 1694 sous le titre Pensées sur la comète que, face aux superstitions, l'athéisme est plus lucide que l'idolâtrie et défendit, au nom du réalisme et de la tolérance, un protestantisme réfléchi, s'opposant ainsi à Jurieu, qui lui reprocha sa tiédeur Nouvelles de la République des lettres, 1684-1687. Ayant perdu sa chaire lors de cette controverse, il se consacra à son Dictionnaire historique et critique 1696-1697, qui annonçait l'esprit philosophique du XVIIIe s. et l'Encyclopédie.
Le Dictionnaire historique et critique de Bayle (1696) figure très souvent dans les inventaires de bibliothèques privées du XVIIIe siècle. Bayle fut en effet un des inspirateurs des Lumières. Dans cet ouvrage, l'auteur manifeste une prodigieuse érudition, mais les longues « remarques » personnelles dont il agrémente ces quatre volumes in-folio font d'eux une œuvre hautement originale et même singulière. Par l'influence qu'il a exercée, Bayle a sa place à côté d'Érasme, de Montaigne, de Voltaire, de Hume. La complexité de sa pensée oblige pourtant à le situer dans une ligne qui va de Calvin à Rousseau et à Kant
.

En bref

Fils d'un pasteur de l'Ariège, il obtient en 1675, après un séjour à Genève comme précepteur, une chaire de philosophie à l'académie protestante de Sedan, qui sera fermée sur ordre du roi en 1681. Il passera le reste de sa vie en exil en Hollande, d'où ses écrits rayonneront et influenceront considérablement la philosophie des Lumières. Sa Lettre sur la comète, écrite en 1682 à l'occasion du passage de la comète de 1680 et des terreurs populaires qu'elle inspira, veut prouver que les météores n'ont aucune influence sur notre vie et que l'homme n'est pas le centre de l'Univers. Les sujets touchent à la métaphysique comme à la politique. Bayle s'attache à dénoncer toutes les formes d'imposture nourries de superstitions : préjugés comme fabulations. Dans ses Nouvelles de la République des lettres 1684-1687, qui lui valent la notoriété, il défend un protestantisme réfléchi au nom du réalisme et de la tolérance. Le Dictionnaire historique et critique 1692-1697, dans lequel il déploie une vive raison critique aussi bien qu'une critique de la raison, est la plus importante de ses œuvres. Bayle prône une quête scientifique de la vérité guidée par un esprit résolument relativiste. Il insiste sur l'aspect parcellaire de la connaissance, mais aussi sur le dynamisme inhérent au cheminement même qui conduit à un type de vérité et non à La Vérité. Il souhaite qu'on ne confonde plus l'histoire et l'apologie, la recherche et le dogme. De même qu'il oppose raison et religion, il oppose condition humaine et perfectibilité. Le zèle religieux, au sens fort, est de tous les dangers le plus grand. Rhapsodie, compilation ou fatras, le Dictionnaire surprend par sa texture composite, où le texte et ses gloses dialoguent dans l'ensemble de l'espace typographique de la page, jusqu'à envahir les marges elles-mêmes. Les traits originaux de son étonnante machine à lire résident dans l'emploi courant de l'ironie, la méthode des renvois, l'utilisation de termes crus, l'exposé de pensées adverses et l'habitude des remarques, qui opèrent par rapport au texte central une sorte de retrait forçant la réflexion critique. Contre l'universel trompeur et oppressif qu'on retrouve dans tous les systèmes religieux et philosophiques, Bayle, le polémiste, a su imposer un attachement au relatif, à la différence, qui en fait, à sa façon, un ancêtre de ceux qui pensent plus en termes de minorités et de marginalités qu'en termes de majorités et d'orthodoxie .

Sa vie

Pierre Bayle est le second fils d’un modeste pasteur protestant. Instruit par son père, il apprend le grec et le latin. À cause de la pauvreté de sa famille il doit attendre la fin des études de son frère aîné, Jacob, pour commencer son cursus à l'Académie protestante de Puylaurens.
En 1669, il entre au collège des jésuites de Toulouse et se convertit au catholicisme. Après dix-sept mois, le 21 août 1671, il abjure et revient au protestantisme. En tant que relaps il doit s'exiler à Genève, où il entreprend des études de théologie et de philosophie et découvre notamment la pensée de Descartes. Pour subsister, il devient précepteur.
Il revient incognito en France – pendant quelques années, il signe du nom de Bêle – travaillant comme précepteur à Rouen 1674 puis à Paris. En 1675 sur les instances de son ami Jacques Basnage, il présente sa candidature à l’Académie de Sedan où, à l’issue d’un concours et grâce au soutien de Pierre Jurieu, il est nommé professeur de philosophie et d'histoire.
En 1681, Louis XIV fait fermer l’Académie de Sedan. Bayle s'exile aux Provinces-Unies. Le 8 décembre, il est nommé professeur de philosophie et d’histoire à l’École illustre de Rotterdam. Il publie en 1682 sa célèbre Lettre sur la comète, rééditée en 1683 sous le titre de Pensées diverses sur la comète – auxquelles viendront s'ajouter par la suite une Addition et une Continuation – où il dénonce les superstitions et l'idolâtrie et développe le paradoxe de l'athée vertueux. Il critique l’Histoire du calvinisme de l'ex-jésuite Louis Maimbourg.

Les Nouvelles de la République des Lettres

En 1684, Pierre Bayle crée et rédige un périodique de critique littéraire, historique, philosophique et théologique, les Nouvelles de la République des Lettres, qui rencontre dans toute l’Europe un rapide succès. Il rédige des comptes rendus de livres publiés et donne toutes sortes de renseignements sur les auteurs dans un style et sur un ton qui restent abordables. Il entre ainsi en relation avec les principaux savants de son temps. Il n'existe pas alors de distinction nette entre la littérature et la science . En 1687, Bayle, malade, doit abandonner la rédaction de ce périodique qui sera repris par la suite, mais dont le véritable continuateur est l'avocat Henri Basnage de Beauval, qui crée l'Histoire des ouvrages des savants.
En 1685, après la révocation de l’édit de Nantes, Bayle apprend la mort en prison de son frère Jacob, qui avait refusé d'abjurer. Dans son Commentaire philosophique sur ces paroles de Jésus-Christ : Contrains-les d’entrer, il dénonce l'intolérance et prône une tolérance civile de toutes les confessions chrétiennes, du judaïsme, de l'islam et même pour les athées. En 1690 paraît un Avis important aux réfugiés exhortant les protestants au calme et à la soumission politique, ce qui provoque la colère de Pierre Jurieu. Ses ennemis, à la tête desquels se trouve Jurieu, parviennent à le faire destituer de sa chaire en 1693.

Les questions politiques

En réalité, au-delà des querelles personnelles, ce sont deux conceptions politiques qui s'affrontent. Jurieu est partisan de la théorie du contrat, et affirme que le peuple est celui qui fait les rois et que quand une des deux parties vient à violer ce pacte, l'autre est dégagée. Bayle, suivant son « éthique d'historien veut se montrer fidèle à la loyauté huguenote traditionnelle. De là, deux attitudes pratiques. Jurieu pousse ses coreligionnaires à soutenir Guillaume III d'Orange contre Louis XIV pour instaurer en France une république. Bayle estime cette attitude risquée pour les protestants français qui soutiendraient les adversaires de Louis XIV engagé dans la guerre de la Ligue d'Augsbourg.

Le Dictionnaire historique et critique

Ceci ne le gêne pas particulièrement pendant la préparation de son Dictionnaire historique et critique, œuvre majeure qui préfigure l’Encyclopédie. Ce Dictionnaire se veut, en première intention, la correction des erreurs des auteurs des dictionnaires précédents en particulier Louis Moréri. Mais Bayle précise son projet dans la préface :
Or voici de quelle manière j'ai changé mon plan, pour tâcher d'attraper mieux le goût du public. J'ai divisé ma composition en deux parties : l'une est purement historique, un narré succinct des faits : l'autre est un grand commentaire, un mélange de preuves et de discussions, où je fais entrer la censure de plusieurs fautes, et quelquefois même une tirade de réflexions philosophiques; en un mot, assez de variété pour pouvoir croire que par un endroit ou par un autre chaque espèce de lecteur trouvera ce qui l'accommode.
Véritable labyrinthe, ce dictionnaire est composé d’articles emboîtés les uns dans les autres, en plus des nombreuses notes et citations où se trouvent en réalité l'essentiel de la réflexion. D’une certaine façon, Bayle, dans ce dictionnaire, pratique l’hypertexte en tant que le péritexte est plus abondant que le corps du texte. À travers une pensée en apparence errante, le principal enseignement de Bayle est que le monde ne se réduit jamais à une vision manichéenne et suppose le croisement permanent des points de vue et des opinions contradictoires.
Pierre Jurieu le dénonce au consistoire comme impie et, au Prince d’Orange, devenu roi d’Angleterre, comme ennemi de l’État et partisan secret de la France. Mais grâce à la protection de Lord Shaftesbury, il échappe cette fois aux coups de ses persécuteurs. Les dernières années de Bayle sont consacrées à divers écrits, provenant dans beaucoup de cas des critiques faites sur son Dictionnaire, qu’il cherche le reste de sa vie à développer. Il meurt de la tuberculose à Rotterdam le 28 décembre 1706.
Bayle est surtout connu comme sceptique. Dans son Dictionnaire, il se plaît à exhumer les opinions les plus paradoxales et à les fortifier d’arguments nouveaux, sans toutefois les prendre à son propre compte. Il pense que l'objectivité historique est possible si on respecte les principes fondamentaux de la critique historique, mais que cette objectivité n'est pas la vérité et que l'erreur est toujours possible : elle est causée par les préventions, les préjugés de l'éducation et les passions. Avec l’incrédulité qui règne dans ses écrits, il est déjà par son souci de la tolérance un philosophe au sens du XVIIIe siècle et il a frayé la voie à Voltaire.
En 1906, une statue en son honneur a été érigée à Pamiers comme réparation d’un long oubli

Un penseur original

La singularité de l'œuvre se retrouve chez son auteur. Fils d'un pasteur du pays de Foix, Bayle est, au sens propre, un excentrique dans la littérature française : Méridional qui séjourna à peine à Paris, protestant qui vécut en Hollande à partir de 1681, semi-autodidacte, formé en homme de la Renaissance, qui resta étranger au classicisme. Boileau le trouvait pourtant marqué au bon coin : la phrase de Bayle est longue, mais sa langue est savoureuse. C'est un raisonneur à la fois serré et inventif.
Si le Dictionnaire est la plus célèbre des œuvres de Bayle, il ne se comprend bien que dans la perspective des ouvrages antérieurs, livres de controverse qui attaquent l'Église romaine sous plusieurs angles. Les Pensées diverses sur la comète 1682, sous couleur de récuser la superstition, au nom d'une physique mécaniste, visent en fait insidieusement le catholicisme. La Critique générale de l'Histoire du calvinisme de Maimbourg 1682, par le biais de considérations sur la méthode historique, réfute un ouvrage qui dépeignait les huguenots comme des rebelles en puissance. Les Nouvelles de la République des lettres, premier périodique littéraire français imprimé à l'étranger 1684-1687, fait une grande place aux ouvrages de controverse, comme aux ouvrages controversés, dont la publication était interdite en France. En 1686, le véhément pamphlet Ce que c'est que la France toute catholique sous le règne de Louis le Grand et le Commentaire philosophique sur ces paroles de Jésus-Christ : Contrains-les d'entrer » préconisent la tolérance civile.

Le Dictionnaire

On retrouve le même plaidoyer passionné pour les droits sacrés de la conscience dans le Dictionnaire, derrière l'ironie feutrée ou vengeresse qui stigmatise les fanatiques et les persécuteurs. De longs articles y sont consacrés aux minoritaires, calomniés de l'histoire, aux pauliciens, aux manichéens et autres hérétiques. C'est à leur propos que Bayle entame la question de l'origine du mal – insoluble énigme dans la création d'un Dieu supposé à la fois tout-puissant et tout-bon – ce qui incitera Leibniz à tenter de lui répondre dans sa Théodicée ; Bayle poursuivra la discussion jusqu'à sa mort dans sa Réponse aux questions d'un provincial, où il défend les thèses fidéistes du Dictionnaire contre l'optimisme déiste.
L'ouvrage, dont l'entrée fut interdite en France, souleva un scandale : on reprocha à Bayle son scepticisme, sa bienveillance pour les hérétiques, son manque de respect pour l'Écriture, en la personne du roi David dont il souligne impassiblement les crimes. Le consistoire de l'Église wallonne de Rotterdam, dont Bayle était membre, lui demanda des explications, en reçut et s'en contenta.
Une des causes de ce paradoxe qu'un ouvrage interdit en France, comme trop favorable au protestantisme, fût suspect aux autorités réformées tient à la querelle qui, depuis 1691, avait opposé Bayle au théologien huguenot Pierre Jurieu, son ami de naguère ; le prétexte en fut un Avis aux réfugiés dont Bayle nia la paternité et qui n'est peut-être pas entièrement son œuvre, mais qu'il s'employa à faire imprimer et qui reflète ses idées politiques. Bayle voyait dans la révocation de l'édit de Nantes un abus déplorable qui, cependant, n'infirmait pas la valeur du système absolutiste, à ses yeux le moins mauvais qui fût. Jurieu, lui, retrouva la vieille notion de droit des peuples et en vint à présenter la guerre de la ligue d'Augsbourg comme une croisade légitime contre le despotisme démoniaque du Roi-Soleil.
Le débat reste ouvert sur l'interprétation à donner aux œuvres de Bayle. Pour les uns, sa pensée apparaît comme influencée par le calvinisme, son souci d'objectivité et de tolérance n'implique aucune mécréance, et le fidéisme abrupt qui l'oppose aux premiers déistes n'est pas une feinte précautionneuse. Selon eux, quand les écrivains des Lumières ont salué en Bayle un précurseur, c'est qu'ils se sont attachés à certaines de ses thèses favorites – l'incompatibilité de la foi et de la raison, par exemple – mais qu'ils en ont négligé d'autres : la philosophie de l'histoire pessimiste et statique, le moralisme rigoriste. Une autre interprétation, traditionnelle, rapproche Bayle de Fontenelle et de Voltaire : il aurait masqué de formules orthodoxes ironiquement outrées et parfaitement insincères un scepticisme religieux radical. Les uns et les autres voient cependant en Bayle un chaînon essentiel entre le XVIIe et le XVIIIe siècle et le représentant le plus significatif de la « crise de la conscience européenne ».Élisabeth Labrousse.

Publications

Une édition condensée du Dictionnaire historique et critique datée de 1780.
Pensées diverses écrites à un docteur de Sorbonne à l’occasion de la Comète qui parut au mois de décembre 1680 (1682). (édition Paris : GF, 2007).
Critique de l’histoire du calvinisme du Père Maimbourg (1683) ;
Ce que c'est que la France toute catholique sous le règne de Louis Le Grand 1685 ;
De la tolérance 1686;
Commentaire philosophique sur ces paroles de Jésus-Christ : « Contrains-les d’entrer 1686
Dictionnaire historique et critique 1re édition en 1697, 2 volumes in-folio, édition de 1702, 3 volumes in-folio, édition de Adrien-Jean-Quentin Beuchot, 16 volumes in-8, 1820-1824


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Posté le : 27/12/2014 19:38
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A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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