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Albert Camus
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Le 4 janvier 1960 à 46 ans meurt Albert Camus

à Villeblin dans l'Yonne, né le 7 novembre 1913 à Mondovi, près de Bône, en Algérie, écrivain, philosophe, romancier, dramaturge, essayiste et novelliste français. Il est aussi journaliste militant engagé dans la Résistance française et, proche des courants libertaires, dans les combats moraux de l'après-guerre.Il écrit dzq Roman, théâtre, essai, nouvelle, il reçoit le prix Nobel de littérature en 1957. Ses Œuvres principales sont : L'Étranger en 1942, La Peste en 1947
Le Mythe de Sisyphe en 1942, La Chute en 1956, L'Homme révolté en 1951, Caligula en 1944, Les Justes en 1949, Compléments, Morvan Lebesque, Albert Camus par lui-même en 1963, Jean Sarocchi, Camus, 1968, Alain Costes, Albert Camus ou la parole manquante, 1973Jacques Chabot, Albert Camus, la pensée de midi, 2002, Jean Daniel avec Camus : Comment résister à l'air du temps 2006.

Son œuvre comprend des pièces de théâtre, des romans, des nouvelles, des films, des poèmes et des essais dans lesquels il développe un humanisme fondé sur la prise de conscience de l'absurde de la condition humaine mais aussi sur la révolte comme réponse à l'absurde, révolte qui conduit à l'action et donne un sens au monde et à l'existence, et « alors naît la joie étrange qui aide à vivre et mourir ».
Sa critique du totalitarisme soviétique lui vaut les anathèmes des communistes et coupe les ponts avec Jean-Paul Sartre. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1957, sa réputation et son influence restent grandes dans le monde.
Selon Bertrand Poirot-Delpech, les essais sur son œuvre ont abondé juste après sa mort, tandis qu'on rendait très peu compte de sa vie. Les premières biographies ne sont apparues que dix-huit ans après sa mort. Parmi celles-ci, la plus impressionnante est celle de Herbert R. Lottman5, un journaliste américain observateur de la littérature européenne pour The New York Times et le Publishers Weekly.
Dans le journal Combat, ses prises de position sont audacieuses, aussi bien sur la question de l'indépendance de l'Algérie que sur ses rapports avec le Parti communiste français, qu'il quitte après un court passage de deux ans. Camus est d'abord témoin de son temps, intransigeant, refusant toute compromission ; il est ainsi amené à s'opposer à Sartre et à se brouiller avec d'anciens amis. D'après Herbert R. Lottman, Camus n'appartient à aucune famille politique déterminée, bien qu'il ait été adhérent au Parti communiste algérien pendant deux ans. Il ne se dérobe cependant devant aucun combat : il proteste successivement contre les inégalités qui frappent les musulmans d'Afrique du Nord, puis contre la caricature du pied-noir exploiteur. Il va au secours des Espagnols exilés antifascistes, des victimes du stalinisme, des objecteurs de conscience.

En Bref

« Une pensée profonde est en continuel devenir, épouse l'expérience d'une vie et s'y façonne. De même, la création unique d'un homme se fortifie dans ses visages successifs et multiples que sont les œuvres. » À travers la diversité de leurs formes d'expression : roman, théâtre, essai, journalisme, la pensée et l'œuvre de Camus illustrent parfaitement cette cohérence fondamentale et ce dynamisme fécond que définit Le Mythe de Sisyphe. Leur enracinement charnel, tant dans la biographie de leur auteur que dans l'histoire contemporaine, leur refus de tout dogmatisme, de tout « système » qui emprisonne ou mutile l'être humain, dont la misère et la grandeur alimentent leurs doutes et leurs certitudes, la place qu'elles font à la splendeur et à l'indifférence du monde, enfin l'exigence morale, la passion et la lucidité qui les animent, sous le classicisme du langage, sont probablement les traits les plus caractéristiques de cette pensée et de cette œuvre singulières, à la fois limpides et secrètes
L'écrivain français Albert Camus (1913-1960) fut révélé en 1942 au public métropolitain par L'Étranger, dans lequel Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir virent une sorte de manifeste de l'existentialisme.
Crédits: Hulton Getty Consulter
Traduit dans le monde entier, Camus continue par la richesse de sa réflexion, le rayonnement et les prestiges de sa création, à être présent dans la sensibilité et la conscience contemporaines.
Né à Mondovi, petit village du Constantinois, le 7 novembre 1913, c'est à Alger, dans le quartier populaire de Belcourt, qu'Albert Camus passe son enfance et son adolescence, sous le double signe, qu'il n'oubliera jamais, de la pauvreté matérielle et de l'éclat du soleil méditerranéen : « La misère m'empêcha de croire que tout est bien sous le soleil et dans l'histoire ; le soleil m'apprit que l'histoire n'est pas tout. » De son père, mort à la guerre en 1914, il ne connaîtra qu'une photographie, et une anecdote significative : son dégoût devant le spectacle d'une exécution capitale ; à sa mère qui parlait peu et difficilement, « qui ne savait même pas lire », le lie « toute sa sensibilité » ; on peut penser qu'une partie de l'œuvre s'est édifiée pour tenter d'équilibrer cette absence et ce silence, ou de leur répondre. À dix-sept ans, l'adolescent studieux et épris des joies du corps est atteint d'une tuberculose dont les rechutes seront nombreuses ; dès sa première manifestation, la maladie lui apprend qu'il est seul, et mortel. À la même période, Camus découvre la philosophie, grâce à l'enseignement et à l'exemple de Jean Grenier, et, bientôt, « l'envie d'être écrivain ». D'abord tenté par une conception idéaliste de l'art et de la vie, il reconnaît rapidement que l'écriture peut être un moyen de dire sa fidélité au monde démuni de son enfance, dont son accès à la culture l'a séparé : « Il me faut témoigner », note-t-il en 1935 dans ses Carnets. Toute son œuvre se voudra témoignage sur la condition humaine, sur et en faveur de l'homme, sans que l'artiste cesse pour autant d'être le témoin exemplaire de son temps.
L'apprentissage du réel se fait avec difficulté, comme le prouvent ses tout premiers écrits consacrés au « quartier pauvre » – dont certains ont été publiés de manière posthume – mais aussi avec la « joie profonde » d'écrire. Les récits mi-autobiographiques, mi-symboliques de L'Envers et l'endroit (1937) disent qu'« amour de vivre » et « désespoir de vivre » sont inséparables, que tout notre « royaume est de ce monde », affirment la pleine conscience de la solitude de l'homme, le tragique de son face-à-face avec la nature, et la volonté de « tenir les yeux ouverts sur la lumière comme sur la mort ». Plus lyriques, les essais de Noces (1939) orchestrent ces thèmes qu'ils inscrivent avec bonheur dans les paysages méditerranéens ; ils chantent la « gloire d'aimer sans mesure », la contemplation exaltée du monde, la vérité du soleil, de la mer, de la mort. La présence d'une subjectivité vivante, d'un « je » qui décrit ou médite, évite toute abstraction, et ouvre la voie aux personnages-narrateurs des romans, et au « je » des textes philosophiques. En revanche, La Mort heureuse, roman resté inédit jusqu'en 1971, est un échec, ou une erreur ; en dépit de fragments réussis, dont L'Étranger se souviendra, le roman manque de la nécessité interne que connaîtra toute l'œuvre à venir. Son héros, modèle d'égotisme, figure très nietzschéenne, est bien éloigné de toute préoccupation historique. Il n'en est pas de même pour son auteur. Camus milite activement au sein des mouvements qui luttent contre le fascisme, pour la paix, et pour l'avènement d'une culture populaire. D'un bref passage au Parti communiste, il gardera la défiance de l'endoctrinement, et la conviction que la morale ne doit jamais céder à la stratégie politique ; son engagement se manifeste, plus durablement, sous la forme d'activités théâtrales. Fondateur et directeur de troupe, acteur, metteur en scène, adaptateur, Camus est un homme de théâtre au sens plein ; son goût passionné du théâtre, dans ce qu'il a de plus concret, rejoint celui de la fête collective, où l'être peut dépasser sa solitude et forme une des constantes de sa vie et de son œuvre, attestée par ses créations originales, et ses magistrales adaptations, en particulier celles du Requiem pour une nonne d'après Faulkner (1956) et des Possédés d'après Dostoïevski (1959). Camus, qui revendique son statut d'intellectuel, mais qui se veut également en prise directe avec le réel, trouve dans le journalisme un autre mode d'action et d'expression qui lui convient ; entre 1938 et 1940, il publie, dans les colonnes d'Alger républicain, puis de Soir républicain, organe du Front populaire, plus de cent articles : politique locale ou nationale, chroniques judiciaires et littéraires, reportages, dont l'important « Misère de la Kabylie ». En 1940, Camus quitte l'Algérie pour la France ; mis à part un long séjour l'année suivante, il n'y reviendra plus que de loin en loin, mais les images lumineuses qu'il garde de sa terre natale continueront de vivre en lui, comme le montre L'Été (1954).

sa vie

Lucien Auguste Camus, père d'Albert, est né le 28 novembre 1885 à Ouled-Fayet dans le département d'Alger, en Algérie. Il descend des premiers arrivants français dans cette colonie annexée à la France en 1834 et départementalisée en 1848. Un grand-père, Claude Camus, né en 1809, venait du bordelais, un bisaïeul, Mathieu Juste Cormery, d'Ardèche, mais la famille se croit d'origine alsacienne. Lucien Camus travaille comme caviste dans un domaine viticole, nommé « le Chapeau du gendarme », près de Dréan, à quelques kilomètres au sud de Bône (Annaba) dans le département de Constantine, pour un négociant de vin d'Alger. Il épouse le 13 novembre 1909 à Alger (acte de mariage no 932) Catherine Hélène Sintès, née à Birkhadem le 5 novembre 1882, dont la famille est originaire de Minorque en Espagne. Trois ans plus tard, en 1911, naît leur fils aîné Lucien Jean Étienne et en novembre 1913, leur second fils, Albert. Lucien Auguste Camus est mobilisé comme 2e classe dans le 1er régiment de zouaves en septembre 1914. Atteint à la tête par un éclat d'obus qui l'a rendu aveugle, il est évacué sur l'école du Sacré-Cœur, de Saint-Brieuc, transformée en hôpital auxiliaire, et il meurt moins d'une semaine après, le 11 octobre 1914. De son père, Camus ne connaîtra que quelques photographies et une anecdote significative : son dégoût devant le spectacle d'une exécution capitale. Sa mère est en partie sourde et ne sait ni lire ni écrire : elle ne comprend un interlocuteur qu'en lisant sur ses lèvres. Avant même le départ de son mari à l'armée elle s'était installée avec ses enfants chez sa mère et ses deux frères, Étienne, sourd-muet, qui travaille comme tonnelier, et Joseph, rue de Lyon à Belcourt, un quartier populaire d'Alger. Elle y connaît une brève liaison à laquelle s'oppose son frère Étienne.
« Il y avait une fois une femme que la mort de son mari avait rendue pauvre avec deux enfants. Elle avait vécu chez sa mère, également pauvre, avec un frère infirme qui était ouvrier. Elle avait travaillé pour vivre, fait des ménages, et avait remis l'éducation de ses enfants dans les mains de sa mère. Rude, orgueilleuse, dominatrice, celle-ci les éleva à la dure », écrira Camus dans un brouillon de L'Envers et l'endroit.
Albert Camus est influencé par son oncle, Gustave Acault, chez qui il effectue de longs séjours. Anarchiste, Acault est aussi voltairien. De plus, il fréquente les loges des francs-maçons. Boucher de métier, c'est un homme cultivé. Il aide son neveu à subvenir à ses besoins et lui fournit une bibliothèque riche et éclectique.

Formation

Albert Camus fait ses études à Alger. À l'école communale, il est remarqué en 1923 par son instituteur, Louis Germain, qui lui donne des leçons gratuites et l'inscrit en 1924 sur la liste des candidats aux bourses, malgré la défiance de sa grand-mère qui souhaitait qu'il gagnât sa vie au plus tôt. Ancien combattant de la Première Guerre mondiale, où est mort le père du futur philosophe, Louis Germain lit à ses élèves Les Croix de bois de Roland Dorgelès, dont les extraits émeuvent beaucoup le petit Albert, qui y découvre l'horreur de la guerre. Camus gardera une grande reconnaissance à Louis Germain et lui dédiera son discours de prix Nobel. Reçu au lycée Bugeaud (désormais lycée Émir Abd el-Kader), Albert Camus y est demi-pensionnaire. « J'avais honte de ma pauvreté et de ma famille … Auparavant, tout le monde était comme moi et la pauvreté me paraissait l'air même de ce monde. Au lycée, je connus la comparaison », se souviendra-t-il. Il commence à cette époque à pratiquer le football et se fait une réputation de gardien de but. Il découvre également la philosophie. Mais, à la suite d'inquiétants crachements de sang, les médecins diagnostiquent en décembre 1930 une tuberculose et il doit faire un bref séjour à l'hôpital Mustapha, évoquant cette expérience dans son premier essai d'écriture, L’Hôpital du quartier pauvre qui remonte vraisemblablement à 1933. C'est la fin de sa passion pour le football, et il ne peut plus qu'étudier à temps partiel. Son oncle et sa tante Acault, qui tiennent une boucherie dans la rue Michelet, l'hébergent ensuite, rue du Languedoc, où il peut disposer d'une chambre. Camus est alors encouragé dans sa vocation d'écrivain par Jean Grenier4 — qui lui fera découvrir Nietzsche. Il resta toujours fidèle au milieu ouvrier et pauvre qui fut longtemps le sien, et son œuvre accorde une réelle place aux travailleurs et à leurs tourments.
Stèle à la mémoire d'Albert Camus érigée en 1961 et gravée par Louis Bénisti face au mont Chenoua à Tipasa près d'Alger : « Je comprends ici ce qu'on appelle gloire : le droit d'aimer sans mesure. » (extrait de l’essai d’Albert Camus, Noces à Tipaza).

Débuts littéraires

En juin 1934, il épouse Simone Hié (1914-1970), starlette algéroise enlevée à son ami Max-Pol Fouchet : « J'ai envie de me marier, de me suicider, ou de m'abonner à L'Illustration. Un geste désespéré, quoi... ». Toxicomane, elle le trompe souvent et leur mariage s'effrite rapidement. En 1935, il adhère au Parti communiste algérien (PCA) qui, alors anticolonialiste et tourné vers la défense des opprimés, incarne certaines de ses propres convictions.
La même année, il commence l'écriture de L'Envers et l'Endroit, qui sera publié deux ans plus tard par Edmond Charlot dans la librairie duquel se retrouvent les jeunes écrivains algérois, tel Max-Pol Fouchet. En 1936, Camus fonde et dirige sous l'égide du parti le « Théâtre du Travail », mais la direction du PCA infléchit sa ligne et donne la primauté à la stratégie de l’assimilation et à la souveraineté française27. Les militants sont alors poursuivis et emprisonnés26. Camus, qui s’accommode mal du cynisme et de la stratégie idéologique, proteste alors contre ce retournement et — en connaissance de cause — se fait exclure en 193727. À la rentrée qui suit cette rupture définitive, ne pouvant se résoudre à un théâtre strictement engagé qui ne porte pas la liberté de l'artiste, il crée, avec les amis qui l'ont suivi, le « Théâtre de l'Équipe », avec l'ambition de faire un théâtre populaire.
La première pièce jouée est une adaptation de la nouvelle Le Temps du mépris (1935) de André Malraux, dont les répétitions lui donnent l'occasion de nouer une amitié avec Emmanuel Roblès. Dans le même temps, il quitte le Parti communiste français, auquel il avait adhéré deux ans plus tôt. Il entre au journal créé par Pascal Pia, Alger Républicain, organe du Front populaire, où il devient rédacteur en chef. Son enquête Misère de la Kabylie (juin 1939) aura un écho retentissant. Invité peu après à une projection privée du film Sierra de Teruel que Malraux avait tiré de son roman L'Espoir, Camus lui dit avoir lu L'Espoir huit fois.
En 1940, le Gouvernement général de l'Algérie interdit le journal. Cette même année, Camus se marie avec Francine Faure, soeur de Christiane Faure. Ils s'installent à Paris où il travaille comme secrétaire de rédaction à Paris-Soir sous l'égide de Pascal Pia. Il fonde aussi la revue Rivage. Malraux, alors lecteur chez Gallimard, entre en correspondance avec Camus et « se révèle lecteur méticuleux, bienveillant, passionné de L'Étranger30» et il en recommande la publication. Le livre paraît en 1942, en même temps que l'essai Le Mythe de Sisyphe (1942), dans lequel Camus expose sa philosophie. Selon sa propre classification, ces œuvres appartiennent au « cycle de l'absurde — cycle qu'il complétera par les pièces de théâtre Le Malentendu et Caligula (1944). Il est à noter qu'Albert Camus vint soigner sa tuberculose dans le village du Chambon-sur-Lignon en 1942-1943 et put y observer la résistance non-violente à l'holocauste mise en œuvre par la population. Il y écrivit Le Malentendu, y trouva des éléments d'inspiration pour son roman La Peste auquel il travailla sur place. En 1943, il devient lecteur chez Gallimard et prend la direction de Combat lorsque Pascal Pia est appelé à d'autres fonctions dans la Résistance. En 1944, il rencontre André Gide et un peu plus tard Jean-Paul Sartre, avec qui il se lie d'amitié ; la même année 19 mars il anime la première représentation de la pièce de Picasso : Le Désir attrapé par la Queue, cette scène est racontée avec humour par Claude Simon dans Le Jardin des Plantes. Le 8 août 1945, il est le seul intellectuel occidental à dénoncer l'usage de la bombe atomique, deux jours après le bombardement d'Hiroshima, dans un éditorial resté célèbre publié par Combat.
En 1945, à l'initiative de François Mauriac, il signe une pétition demandant au général de Gaulle la grâce de Robert Brasillach, personnalité intellectuelle connue pour son activité collaborationniste pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1946, Camus se lie d'amitié avec René Char. Il part la même année aux États-Unis et, de retour en France, il publie une série d'articles contre l'expansionnisme soviétique — qui deviendra manifeste en 1948, avec le coup de Prague et l'anathème lancé contre Tito. En 1947, c'est le succès littéraire avec le roman La Peste, suivi deux ans plus tard, en 1949, par la pièce de théâtre Les Justes.

Engagement politique et littéraire

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En octobre 1951, la publication de L'Homme révolté provoque de violentes polémiques où Camus est attaqué par ses amis. La rupture avec Jean-Paul Sartre a lieu en 1952, après la publication dans Les Temps modernes de l'article de Francis Jeanson qui reproche à la révolte de Camus d'être délibérément statique. En 1954, Camus s'installe dans son appartement parisien du 4, rue de Chanaleilles. Dans le même immeuble et durant la même période, habite René Char, poète et résistant français.
En 1956, à Alger, il lance L'Appel pour une Trêve Civile, tandis que dehors sont proférées à son encontre des menaces de mort. Son plaidoyer pacifique pour une solution équitable du conflit est alors très mal compris, ce qui lui vaudra de rester méconnu de son vivant par ses compatriotes pieds-noirs en Algérie puis, après l'indépendance, par les Algériens qui lui ont reproché de ne pas avoir milité pour cette indépendance. Haï par les défenseurs du colonialisme français, il sera forcé de partir d'Alger sous protection. Toujours en 1956, il publie La Chute, livre pessimiste dans lequel il s'en prend à l'existentialisme sans pour autant s'épargner lui-même. Il démissionne de l'Unesco pour protester contre l'admission de l'Espagne franquiste. C'est un an plus tard, le 16 octobre 1957, que le prix Nobel de littérature lui est décerné. Interrogé à Stockholm par un étudiant originaire d'Algérie, sur le caractère juste de la lutte pour l'indépendance menée par le FLN en dépit des attentats terroristes frappant les populations civiles, il répond clairement : En ce moment, on lance des bombes dans les tramways d’Alger. Ma mère peut se trouver dans un de ces tramways. Si c’est cela la justice, je préfère ma mèr. Cette phrase, souvent déformée, lui sera souvent reprochée. Il suffit pourtant de comprendre, au-delà du fait que Camus vénérait sa mère qui vivait alors à Alger dans un quartier très populaire particulièrement exposé aux risques d'attentats, qu'il a toujours privilégié le respect de la vie humaine contre la notion terroriste selon laquelle tous les moyens sont bon : c’est tout le sujet développé par l'écrivain dans Les Justes.
Albert Camus était contre l'indépendance de l'Algérie et écrivit en 1958 dans la dernière de ses Chroniques Algériennes que l'indépendance nationale de l'Algérie est une formule purement passionnelle. Il dénonça néanmoins l'injustice faite aux musulmans et la caricature du pied noir exploiteur, et disait souhaiter la fin du système colonial mais avec une Algérie toujours française, proposition qui peut paraître contradictoire.
Pour ce qui est du communisme, il proteste contre la répression sanglante des révoltes de Berlin-Est juin 1953 et contre l'intervention soviétique à Budapest octobre-novembre 1956.
Une partie de la presse littéraire française, de gauche comme de droite, critique ses positions sur la guerre d'Algérie, sur la simplicité de son style et considère son prix comme un monument funéraire. Cette reconnaissance devient alors un fardeau. Blessé par ses détracteurs, notamment son ancien compagnon de route Pascal Pia, il est alors en proie au doute et écrit désormais peu.
Le chèque afférent au Nobel lui permet de s'acheter en 1958 une maison à Lourmarin. Il retrouve dans cette ancienne magnanerie la lumière et les couleurs de son Algérie natale.

De l'absurde à la révolte

Camus lui-même a séparé son œuvre, sans doute de manière trop rigide, en un « cycle de l'absurde » et un « cycle de la révolte » ; en fait, le sentiment de l'absurde, né d'une réflexion ontologique, accentué par la pesanteur de l'histoire devenue particulièrement angoissante, entraîne le mouvement de la révolte ; d'abord d'ordre individuel, elle devient collective, de son propre élan et sous la pression de l'histoire. Camus ne refuse pas cette dernière comme on a pu le lui reprocher, mais refuse de la sacraliser et ne croit pas plus en sa valeur d'absolu qu'en celle d'un Dieu ou de la raison. L'histoire, selon lui, ne peut donner un sens à la vie, qui n'en a pas d'autre qu'elle-même. Caligula, dont une première version romantique et lyrique est achevée en 1941, mais qui ne sera joué qu'en 1945, dans un texte à la fois plus amer et plus politisé, L'Étranger et Le Mythe de Sisyphe, publiés en 1942, Le Malentendu créé en 1944 explorent les fondements, les manifestations, les conséquences de l'absurde ; les pièces de théâtre et le roman ne sont pas des illustrations de l'essai, mais l'exploitation, à travers personnages et situations, d'une même expérience et d'une même réflexion, nées du divorce entre l'homme mortel et le monde éternel. La vie vaut-elle, ou non, d'être vécue ? C'est la question initiale que pose Le Mythe de Sisyphe, qui, loin d'être un bréviaire de désespoir, affirme que « le bonheur et l'absurde sont fils d'une même terre ». L'homme peut dépasser l'absurdité de son destin par sa lucidité, et « la révolte tenace » contre sa condition ; il y a une grandeur à vivre et à faire vivre l'absurde. Caligula le sait, lui qui a découvert que « les hommes meurent et ne sont pas heureux » ; ne pouvant l'accepter, il use de son pouvoir absolu pour faire vivre et mourir ses sujets dans la conscience de ce scandale ; son erreur est de nier les hommes et d'exercer à leurs dépens sa liberté et sa passion de l'impossible. Dans Le Malentendu, c'est la situation qui porte l'absurde au plus haut degré : il suffirait que le fils se nomme devant sa mère et sa sœur pour que l'accumulation tragique des morts soit évitée ; les mots les plus simples auraient pu tout sauver. Que l'absurde soit ainsi lié à une perversion du langage, c'est aussi ce que traduit l'aventure de Meursault ; dénonçant la surenchère d'absurde que les hommes imposent à l'homme par le conformisme social, les tribunaux et leur parodie de justice, enfin par la peine de mort, L'Étranger propose le mythe de l'homme fondamentalement innocent à travers l'une des figures les plus troublantes du roman contemporain ; essentiellement charnel, soucieux de ne dire que la vérité de ses sensations loin de toute introspection psychologique ou sentimentale, Meursault ne connaît que la vie immédiate, terrestre, dans son rythme quotidien et son ouverture aux forces naturelles ; en lui confiant la narration de sa propre histoire, Camus accentue son étrangeté, et cependant le rend curieusement proche du lecteur.

Philosophie Une question, l’absurde

Sisyphe, par Franz von Stuck, 1920.
« L'absurde naît de cette confrontation entre l'appel humain et le silence déraisonnable du monde ». Dans cette phrase est concentrée la puissance d'un conflit, d'une confrontation qui sous-tend et emporte l'œuvre de Camus. Deux forces s'opposent : l'appel humain à connaître sa raison d'être et l'absence de réponse du milieu où il se trouve, l'homme vivant dans un monde dont il ne comprend pas le sens, dont il ignore tout, jusqu'à sa raison d'être.
L'appel humain, c'est la quête d'une cohérence, or pour Camus il n'y a pas de réponse à ce questionnement sur le sens de la vie. Tout au moins n'y a-t-il pas de réponse satisfaisante, car la seule qui pourrait satisfaire l'écrivain devrait avoir une dimension humaine : « Je ne puis comprendre qu'en termes humains ». Ainsi les religions qui définissent nos origines, qui créent du sens, qui posent un cadre, n'offrent pas de réponse pour l'homme absurde : « Je ne sais pas si ce monde a un sens qui le dépasse. Mais je sais que je ne connais pas ce sens et qu'il m'est impossible pour le moment de le connaître. Que signifie pour moi une signification hors de ma condition ? ». L'homme absurde n'accepte pas de perspectives divines, il veut des réponses humaines.
L'absurde n'est pas un savoir, c'est un état acquis par la confrontation consciente de deux forces. Maintenir cet état demande une lucidité et nécessite un travail, l'absurde c'est la conscience toujours maintenue d'une « fracture entre le monde et mon esprit » écrit Camus dans Le Mythe de Sisyphe. Ainsi l'homme absurde doit-il s'obstiner à ne pas écouter les prophètes (c'est-à-dire avoir assez d'imagination pour ne pas croire aveuglément à leur représentation de l'enfer ou du paradis) et à ne faire intervenir que ce qui est certain, et si rien ne l'est, « ceci du moins est une certitude ».
L'homme absurde ne pourrait échapper à son état qu'en niant l'une des forces contradictoires qui le fait naître : trouver un sens à ce qui est ou faire taire l'appel humain.
Une manière de donner du sens serait d'accepter les religions et les dieux. Or ces derniers n'ont pas d'emprise sur l'homme absurde. L'homme absurde se sent innocent, il ne veut faire que ce qu'il comprend et « pour un esprit absurde, la raison est vaine et il n'y a rien au-delà de la raison »50.
Une autre manière de trouver du sens serait d'en injecter : faire des projets, établir des buts, et par là même croire que la vie peut se diriger. Mais à nouveau « tout cela se trouve démenti d'une façon vertigineuse par l'absurdité d'une mort possible ». En effet, pour l'homme absurde il n'y a pas de futur, seul compte l'ici et le maintenant.
La première des deux forces contradictoires, le silence déraisonnable du monde, ne peut donc être niée. Quant à l'autre force contradictoire permettant cette confrontation dont naît l'absurde, qui est l'appel humain, la seule manière de la faire taire serait le suicide. Mais ce dernier est exclu car à sa manière « le suicide résout l'absurde ». Or l'absurde ne doit pas se résoudre. L'absurde est générateur d'une énergie. Et ce refus du suicide, c'est l'exaltation de la vie, la passion de l'homme absurde. Ce dernier n'abdique pas, il se révolte.

Une réponse, la révolte

Oui, il faut maintenir l'absurde, ne pas tenter de le résoudre, car l'absurde engendre une puissance qui se réalise dans la révolte. La révolte, voici la manière de vivre l'absurde. La révolte, c'est connaître notre destin fatal et néanmoins l'affronter, c'est l'intelligence aux prises avec le silence déraisonnable du monde, c'est le condamné à mort qui refuse le suicide. C'est pourquoi Camus écrit : « L'une des seules positions philosophiques cohérentes, c'est ainsi la révolte ».
La révolte, c'est aussi s'offrir un énorme champ de possibilités d'actions, car si l'homme absurde se prive d'une vie éternelle, il se libère des contraintes imposées par un improbable futur et y gagne en liberté d'action. Plus le futur se restreint et plus les possibilités d'actions « hic et nunc » sont grandes. Et ainsi l'homme absurde jouit d'une liberté profonde. L'homme absurde habite un monde dans lequel il doit accepter que « tout l'être s'emploie à ne rien achever », mais un monde dont il est le maître. Et à Camus, qui fait de Sisyphe le héros absurde, d'écrire : « Il faut imaginer Sisyphe heureux. »
Bien que Camus réfute les religions parce que « on n'y trouve aucune problématique réelle, toutes les réponses étant données en une fois », et qu'il n'accorde aucune importance à l'avenir : « il n'y a pas de lendemain5», sa révolte n'en est pas pour autant amorale. « La solidarité des hommes se fonde sur le mouvement de révolte et celui-ci, à son tour, ne trouve de justification que dans cette complicité51 ». Tout n'est pas permis dans la révolte, la pensée de Camus est humaniste, les hommes se révoltent contre la mort, contre l'injustice et tentent de « se retrouver dans la seule valeur qui puisse les sauver du nihilisme, la longue complicité des hommes aux prises avec leur destin ».
En effet, Camus pose à la révolte de l'homme une condition : sa propre limite. La révolte de Camus ne se fait pas contre tous et contre tout. Et Camus d'écrire : « La fin justifie les moyens ? Cela est possible. Mais qui justifie la fin ? À cette question, que la pensée historique laisse pendante, la révolte répond : les moyens ».
Pour une analyse des cycles camusiens, voir : Albert Camus ou la Parole manquante.

Entre journalisme et engagement

Roger Quilliot appelle ce volet de la vie de Camus La plume et l'épée, plume qui lui a servi d'épée symbolique mais sans exclure les actions qu'il mena tout au long de sa vie (voir par exemple le chapitre suivant). Camus clame dans Lettres à un ami allemand son amour de la vie : « Vous acceptez légèrement de désespérer et je n'y ai jamais consenti » confessant « un goût violent de la justice qui me paraissait aussi peu raisonné que la plus soudaine des passions. » Il n'a pas attendu la Résistance pour s'engager. Il vient du prolétariat et le revendiquera toujours, n'en déplaise à Sartre; la première pièce qu'il joue au Théâtre du Travail, Révolte dans les Asturies, évoque déjà la lutte des classes.
Il va enchaîner avec l'adhésion au Parti communiste et son célèbre reportage sur la misère en Kabylie paru dans Alger républicain. Il y dénonce « la logique abjecte qui veut qu'un homme soit sans forces parce qu'il n'a pas de quoi manger et qu'on le paye moins parce qu'il est sans forces. » Les pressions qu'il subit alors vont l'obliger à quitter l'Algérie mais la guerre et la maladie vont le rattraper. Malgré cela, il va se lancer dans la résistance.
Bien qu'il écrive dans Combat et lutte pour des causes auxquelles il croit, Camus éprouve une certaine lassitude. Ce qu'il veut, c'est pouvoir concilier justice et liberté, lutter contre toutes les formes de violence, défendre la paix et la coexistence pacifique, combattre à sa façon pour résister, contester, dénoncer.
En 2013, les éditions Indigène réunissent ses « écrits libertaires » publiés dans Le Monde libertaire, La Révolution prolétarienne, Solidaridad Obrera, etc. Un recueil que sa fille, Catherine Camus défend comme « essentiel ».

Solitaire et solidaire

Cette condamnation des idéologies absolues devait entraîner d'âpres polémiques, en particulier avec Sartre et l'équipe des Temps modernes. Elle devait aussi trouver une confirmation par les faits au temps de la guerre d'Algérie, qui fut pour Camus un drame personnel ; parce qu'il se refusait à légitimer tout terrorisme, il ne pouvait approuver ni la révolution algérienne, ni les excès des « ultras ». Il est faux, cependant, d'évoquer son « silence » à cet égard : Actuelles III (« Chroniques algériennes 1939-1958 ») recueille ses prises de position, et en particulier son « appel à la trêve civile », lancé à Alger en 1956 et si mal entendu. La Chute (1956), roman insolite qui prend la forme d'un monologue dramatique, est directement inspirée par ce climat d'incompréhension et d'accusation. Mais au-delà de l'ironie et des sarcasmes de Jean-Baptiste Clamence, ce « prophète vide pour temps médiocres », cet « homme de notre temps » au « lyrisme cellulaire », qui exerce les étranges fonctions de « juge-pénitent », et, par l'aveu de sa culpabilité, veut entraîner son interlocuteur muet – ou son lecteur – à sa propre confession, Camus exprime une fois encore sa nostalgie de l'innocence et de la communion entre les êtres, dans un monde où chacun rêve de pouvoir, et où « le dialogue » a été « remplacé par le communiqué ». Les six nouvelles de L'Exil et le royaume (1957) sont centrées sur le destin de personnages exilés, chacun à sa manière, dans sa vie, et cherchant à retrouver le « royaume » perdu de la communion avec soi-même, avec l'autre, avec le monde. Si « la femme adultère » connaît l'extase dans l'union avec la nuit et le désert, où se découvre sa vérité, si D'Arrast, d'abord isolé dans un univers inconnu, accède à une fraternité où sa vie recommence, « le renégat » est renvoyé à sa folie meurtrière, l'instituteur, qui n'a pourtant pas livré son « hôte » arabe à la police, est condamné à la solitude totale, faisant entendre ainsi l'écho douloureux du drame algérien, et « les muets », en dépit de leur compassion, restent prisonniers de leur silence. Jonas, enfin, dont on ne sait s'il se dit « solitaire » ou « solidaire », offre l'image réaliste et allégorique de l'artiste qui ne peut créer que dans la solitude, mais qui ne veut pas se séparer des hommes ni de son temps ; il traduit ainsi le désarroi et les doutes de Camus, qui reprendra ce thème dans les Discours de Suède, tandis que la gloire du prix Nobel (1957) ne parviendra pas à l'apaiser. Il affirme alors : « Mon œuvre est devant moi... », et entreprend un roman, Le Premier Homme, qui devait revenir à ses sources, au « monde de pauvreté et de lumière », d'innocence aussi, de son enfance. Mais Camus meurt dans un accident de voiture le 4 janvier 1960.
L'œuvre de Camus, du vivant même de son auteur, et depuis sa mort, connaît une réception paradoxale ; célèbre et célébrée, elle est aussi déformée et dénigrée par des critiques abusés par son apparente simplicité, ou aveuglés par leurs préjugés philosophiques ou politiques ; mais son humanisme lucide et rigoureux, son effort pour ne rien nier ni de l'homme, ni du monde, la mythologie du possible qu'elle propose, tant sur le plan philosophique que politique, sa richesse morale, intellectuelle et esthétique ne cessent de confirmer que « la création authentique est un don à l'avenir ».

Albert Camus et l'Espagne

Les origines espagnoles de Camus s'inscrivent aussi bien dans son œuvre, des Carnets à Révolte dans les Asturies ou L’état de siège, par exemple, que dans ses adaptations de La Dévotion à la Croix (Calderon de la Barca) ou Le Chevalier d'Olmedo (Lope de Vega). Comme journaliste, ses prises de position, sa lutte permanente contre le franquisme, se retrouvent dans de nombreux articles depuis Alger républicain en 1938, des journaux comme Combat bien sûr mais aussi d'autres moins connus, Preuves ou Témoins, où il défend ses convictions, affirme sa volonté d'engagement envers une Espagne libérée du joug franquiste, lui qui écrira « Amis espagnols, nous sommes en partie du même sang et j'ai envers votre patrie, sa littérature et son peuple, sa tradition, une dette qui ne s'éteindra pas. » C'est la profession de foi d'un homme qui est constamment resté fidèle « à la beauté comme aux humiliés. »

Vie personnelle

Les femmes occupèrent une grande place dans la vie d'Albert Camus. Outre Francine Faure (1914-1979), qui sera son épouse et la mère de ses enfants, on lui connaît plusieurs liaisons, avec Maria Casarès «l'unique», rencontrée en 1944, son interprète de théâtre, liaison qui de par son caractère public aggrava la dépression de Francine; avec la jeune étudiante américaine, Patricia Blake, rencontrée à New York en 1946; avec la comédienne Catherine Sellers, choisie pour interpréter une religieuse dans sa pièce Requiem pour une nonne; avec Mi (de son vrai nom Mette Ivers), une jeune Danoise, artiste peintre, rencontrée en 1957 à la terrasse du Flore alors qu'il se trouvait en compagnie d'Albert Cossery et de Pierre Bénichou.

Décès

Le 4 janvier 1960, en revenant de Lourmarin (Vaucluse), par la Nationale 6 (trajet de Lyon à Paris), au lieu-dit Le Petit-Villeblevin, dans l’Yonne, Albert Camus trouve la mort dans un accident de voiture à bord d'une Facel-Vega FV3B conduite par son ami Michel Gallimard, le neveu de l'éditeur Gaston Gallimard, qui perd également la vie. La voiture quitte la route et percute un premier arbre puis se disloque contre un second, parmi la rangée qui la borde. Les journaux de l'époque évoquent une vitesse excessive (180 km/h), un malaise du conducteur, une crise d'épilepsie provoquée par le défilement des arbres sur la route, ou plus vraisemblablement, l'éclatement d'un pneu. L'universitaire italien Giovanni Catelli avance l'hypothèse en 2011 dans le Corriere della Sera qu'il aurait été assassiné par le KGB sur ordre du ministre soviétique des affaires étrangères Dmitri Chepilov après que Camus lui eut reproché, dans un article publié dans le journal Franc-Tireurs en mars 1957, la répression de l'insurrection de Budapest. L'écrivain René Étiemble déclara : « J'ai longtemps enquêté et j'avais les preuves que cette Facel Vega était un cercueil. J'ai cherché en vain un journal qui veuille publier mon article... »
Albert Camus est enterré à Lourmarin, village du Luberon dans cette région que lui avait fait découvrir son ami, le poète René Char.
Depuis le 15 novembre 2000, les archives de l'auteur sont déposées à la bibliothèque Méjanes Aix-en-Provence, dont le centre de documentation Albert Camus assure la gestion et la valorisation.
Le 19 novembre 2009, le quotidien Le Monde affirme que le président Nicolas Sarkozy envisage de faire transférer les restes d'Albert Camus au Panthéon. Dès le lendemain, son fils, Jean Camus, s'oppose à ce transfert, craignant une récupération politique. Sa fille, Catherine Camus, ne se prononce pas.

Å’uvres de Camus

Révolte dans les Asturies (1936), essai de création collective
L'Envers et l'Endroit (1937), essai
Caligula (première version en 1938), pièce en 4 actes
Noces (1939), recueil de quatre essais (Noces à Tipasa, Le vent à Djémila, L'été à Alger, Le désert)
Le Mythe de Sisyphe (1942), essai sur l'absurde
L'Étranger (1942), roman
Le Malentendu (1944), pièce en 3 actes
La Peste (1947 ; Prix de la critique en 1948), récit
L'État de siège (1948) spectacle en 3 parties
Les Justes (1949), pièce en 5 actes
Actuelles I, Chroniques 1944-1948 (1950)
L'Homme révolté (1951), essai
Actuelles II, Chroniques 1948-1953 (1953)
L'Été (1954), recueil de huit essais écrits entre 1939 et 1953 (Le minotaure ou la halte d'Oran, Les amandiers, Prométhée aux Enfers, Petit guide pour des villes sans passé, L'exil d'Hélène, L'énigme, Retour à Tipasa, La mer au plus près)
La Chute (1956), roman
L'Exil et le Royaume (Gallimard, 1957), nouvelles (La Femme adultère, Le Renégat, Les Muets, L'Hôte, Jonas, La Pierre qui pousse)
Réflexions sur la peine capitale (1957), en collaboration avec Arthur Koestler, Réflexions sur la Guillotine de Camus
Actuelles III, Chroniques algériennes, 1939-1958 (1958)

Préfaces

Chamfort, Maximes et pensées : caractères et anecdotes, Incidences, 1944; réédition, Paris, Gallimard, 1982, coll. "Folio Classique", (ISBN 2070373568).
André Salvet, Le Combat silencieux, Editions Portulan, 1945.
Albert Camus, W. H. Auden, Georges Bataille, Maurice Blanchot, André Camp, Jean Camp, Jean Cassou, Robert Davée, Max-Pol Fouchet, Roger Grenier, Federico García Lorca, Ernest Hemingway, François Piétri, José Quero Morales, Albert Ollivier, L'Espagne libre, Paris, Calmann-Lévy, 1946, coll BnF 8-Z-2974866
Pierre-Eugène Clairin, Dix estampes originales, présentation de Camus sur le thème de l'art et la révolte, Paris, Rombaldi, 1946.
René Leynaud, Poésies posthumes, Paris, Gallimard, 1947.
Louis Guilloux
La Maison du peuple, publication originale Grasset 1927, réédition Les Cahiers rouges Grasset avec préface d'Albert Camus, suivi de Compagnons 1953.
Albert Memmi, La statue de sel, Éditions Corrêa, 1953
Jacques Méry, Laissez passer mon peuple, Paris, Le Seuil, 1947.
Jeanne Héon-Canonne
Devant la mort, (souvenirs de résistance), juin 1951.
Les hommes blessés à mort crient, Éditions du Chalet, Paris, 1966, Lettre préface d'Albert Camus, publication posthume.
Daniel Mauroc, Contre-amour, Éditions de Minuit, 1952.
Louis Guilloux, La Maison du peuple (1927), Caliban 1948; Paris, Grasset, 1953.
Alfred Rosmer, Moscou sous Lénine - Les origines du communisme, Paris, Horay, 1953.
William Faulkner, Requiem pour une nonne, Nrf Gallimard, 1957.
Jean Grenier, Les Îles, paru en 1933, préface d'Albert Camus, réédition, Gallimard, 1959.
Oscar Wilde, La Ballade de la geôle de Reading, préface d'Albert Camus "L'Artiste en prison", 1952; réédition Paris, Le Livre de Poche, 1973.
Herman Melville, préface d'Albert Camus, première publication in Les écrivains célébrés, T. III, édition par Raymond Queneau chez Mazenod, 1952.
Konrad Bieber, L'Allemagne vue par les écrivains de la résistance française, préface d'Albert Camus "Le refus de la haine", rééditée in revue Témoins, 1955.
Œuvres complètes de Roger Martin du Gard dans la collection de la Pléiade avec une préface d'Albert Camus (1955)
René Char, Poèmes, préface d'Albert Camus à l'édition allemande, "Une poésie d'amour et de révolte".

Divers

Lettres à un ami allemand, chroniques initialement parues dans Combat, puis à Paris, Gallimard, 1945.
Le témoin de la liberté, Albert Camus, allocution publiée in revue La Gauche, décembre 1948.
La dernière fleur, de James Thurber, traduction d'Albert Camus, Paris, Gallimard, 1952.
Désert vivant, album de Walt Disney contenant un texte d'Albert Camus, Paris, Société Française du Livre, 1954.
Pluies de New York, impression de voyage, Paris, Gallimard, 1965. Pluies de New York, en ligne.
Discours de Suède, Paris, Gallimard, 1958; réédition, Paris, Gallimard, 1997, (ISBN 2-07-040121-9). Réunit le discours du 10 décembre 1957 prononcé à Stockholm et la conférence du 14 décembre 1957 "L'artiste et son temps" prononcée à l'Université d'Upsal.
Albert Camus, écrits libertaires (1948-1960) rassemblés et présentés par Lou Marin, Indigène éditions, 2013, (ISBN 979-10-90354-37-1). Notice de Albert Camus, écrits libertaires (1948-1960) chez l'éditeur.

Parutions posthumes

La Postérité du soleil, photographies de Henriette Grindat. Itinéraires par René Char, Genève, Edwin Engelberts, 1965, ASIN B0014Y17RG; rééditions : Vevey, L'Aire, 1986; Paris, Gallimard, 2009.
Carnets I, mai 1935-février 1942, Paris, Gallimard, 1962.
Carnets II, janvier 1942-mars 1951, Paris, Gallimard, 1964.
Carnets III, mars 1951-décembre 1959, Paris, Gallimard, 1989.
Journaux de voyage, texte établi, présenté et annoté par Roger Quilliot, Paris, Gallimard, 1978.
Les Cahiers Albert Camus, Paris, Gallimard, coll. "Blanche" et "Folio" pour tomes I et VII.
Tome I : La Mort heureuse (1971), roman .
Tome II : Paul Viallaneix, Le premier Camus suivi de Écrits de jeunesse d'Albert Camus
Tome III : Fragments d'un combat (1938-1940) -articles d'Alger-Républicain, mars 1978,
Tome IV : Caligula, version de 1941, théâtre, La poétique du premier Caligula, Albert Camus et A. James Arnold, juin 1984, 189 pages,
Tome V : Albert Camus, œuvre fermée, œuvre ouverte ?, actes du colloque de Cerisy, Raymond Gay-Crosier et Jacqueline Lévi-Valensi, juin 1982, Gallimard, février 1985, 386 pages, Présentation
Tome VI : Albert Camus éditorialiste à L'Express (mai 1955-février 1958), Albert Camus et Paul-F. Smets, septembre 1987,
Tome VII : Le Premier Homme (Gallimard, 1994 ; publié par sa fille), roman inachevé ;
Tome VIII : Camus à Combat, éditoriaux et articles d'Albert Camus (1944-1947), Jacqueline Lévi-Valensi, éditions Gallimard, 2003, 745 pages, Présentation
Les Quatre Commandements du journaliste libre, manifeste censuré en 1939, publié pour la première fois par le quotidien Le Monde le 17 mars 2012, après avoir été retrouvé par Macha Séry aux Archives d'Outre-mer à Aix-en-Provence.
L'Impromptu des philosophes (1947), pièce en un acte signée du pseudonyme d’Antoine Bailly (publiée dans Albert Camus, Œuvres complètes : Tome II (1944 - 1948), Gallimard,‎ 2006, 1390 p. .

Correspondances

Albert Camus-Jean Grenier, Correspondance 1932-1960, notes de Marguerite Dobrenn, Paris, Gallimard, 1981, .
Albert Camus-Pascal Pia, Correspondance, 1939-1947, présentation et notes de Yves-Marc Ajchenbaum, Paris, Fayard/Gallimard, 2000.
Albert Camus, Jean Grenier, Louis Guilloux : écriture autobiographique et carnets, Actes des Rencontres méditerranéennes, 2001, Château de Lourmarin, Éditions Folle Avoine, 2003.
Hamid Nacer-Khodja, Albert Camus-Jean Sénac ou le fils rebelle, Paris Méditerranée-Edif, 2000, 2004, .
Albert Camus-René Char, Correspondance 1949-1959, présentation et notes de Franck Planeille, Paris, Gallimard, 2007.
Albert Camus-Michel Vinaver, S'engager ? Correspondance 1946-1957, Paris, L'Arche, 2012, .

Adaptations théâtrales

Albert Camus adapta différentes pièces de théâtre étrangères.
1944 : Animation de la lecture chez Michel Leiris de Le Désir attrapé par la queue de Pablo Picasso68
1953 : Les Esprits de Pierre de Larivey, comédie en 3 actes, adaptation et mise en scène Albert Camus, Festival d'Angers, éditions Gallimard
1953 : La Dévotion de la croix de Pedro Calderón de la Barca, pièce en 3 'journées', mise en scène Marcel Herrand, Festival d'Angers, éditions Gallimard
1955 : Un cas intéressant de Dino Buzzati, pièce en 2 parties et 11 tableaux adaptée par Albert Camus, mise en scène Georges Vitaly, Théâtre La Bruyère, éditions l'Avant Scène
1956 : Requiem pour une nonne de William Faulkner, pièce en 2 parties et 7 tableaux, adaptation et mise en scène Albert Camus, Théâtre des Mathurins, éditions Le Manteau d'Arlequin
1957 : Le Chevalier d'Olmedo, comédie dramatique en 3 journées de Lope de Vega, traduction et adaptation d'Albert Camus, éditions Gallimard, adaptation et mise en scène Albert Camus, Festival d'Angers
1959 : Les Possédés69, pièce en 3 parties adaptée et mise en scène par Albert Camus du roman de Fiodor Dostoïevski, Théâtre Antoine, éditions Le Manteau d'Arlequin, réédition février 2010 chez Gallimard/Folio, 274 pages,
En 1975, le régisseur et acteur Nicou Nitai a traduit et adapté pour un one man show La Chute qui a été jouée sur les scènes du Théâtre de la Simta et Théâtre Karov à Tel Aviv, plus de 3 000 fois.


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Posté le : 04/01/2015 23:03
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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