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Accueil >> newbb >> Théodore Agrippa d'Aubigné [Les Forums - Histoire de la Littérature]

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Théodore Agrippa d'Aubigné
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Le 8 février 1552 naît Théodore Agrippa d’Aubigné

au château de Saint-Maury près de Pons, en Saintonge, mort le 9 mai 1630 dans la république de Genève, homme de guerre, écrivain controversiste et poète baroque français, du mouvement baroque, protestantisme, ses Œuvres principales sont "Les Tragiques" poèmes héroïques racontant les persécutions subies par les protestants.
Les Armes de la famille d'Aubigné :
de gueules au lion d'hermine, armé, lampassé et couronné d'or, Source : Euraldic
Calviniste intransigeant, il soutient sans relâche le parti protestant, se mettant souvent en froid avec le roi Henri de Navarre, dont il fut l'un des principaux compagnons d'armes. Après la conversion de celui-ci, il rédigea des textes qui avaient pour but d'accuser Henri IV de trahison envers l'Église. Chef de guerre, il s'illustra par ses exploits militaires et son caractère emporté et belliqueux. Ennemi acharné de l'Église romaine, ennemi de la cour de France et souvent indisposé à l'égard des princes, il s'illustra par sa violence, ses excès et ses provocations verbales.
À sa grande horreur, son fils Constant d'Aubigné abjure le protestantisme en 1618 pour mener une vie de débauche dans le château paternel de Maillezais, avant de tuer sa première femme, qu'il surprend en flagrant délit d’adultère dans une auberge, puis de se remarier en prison à Jeanne de Cardilhac qui donnera naissance à Françoise d'Aubigné, qui devient Marquise de Maintenon et maîtresse puis épouse du roi de France Louis XIV.


En bref

Après la mort de Henri II, la poésie française s'enrichit d'accents nouveaux. On assiste au développement de la poésie sérieuse, avec Du Bartas, Le Triomphe de la foi, 1574, La Semaine ou Création du monde, 1578, et de la poésie politique et polémique. Les poètes interviennent dans le conflit qui divise la France à l'époque des guerres de Religion, comme l'attestent les poèmes patriotiques de Du Bellay, la Remontrance au peuple français, 1559 de Des Autels et enfin les Discours des misères de ce temps, 1562-1563 de Ronsard. Du côté protestant, d'Aubigné commente avec véhémence les événements contemporains.
Fils de Jean d'Aubigné et de Catherine de l'Estang, Agrippa d'Aubigné naquit à l'hôtel Saint-Maury, près de Pons, en Saintonge, le 8 février 1552. Avec un grain de vanité, il fait à ses enfants, Sa vie à ses enfants le récit édifiant de sa vie. Son père ne négligea rien pour le former aux études sérieuses, tout jeune, Agrippa lisait le grec, le latin et l'hébreu, et pour l'élever en sincère huguenot. Passant par Amboise en 1560, au lendemain de la Conjuration, il lui montra les têtes de ses compagnons attachées à une potence, et lui fit prêter serment de les venger. Après la mort de son père, Agrippa achève ses études à Genève, mais, de retour en Saintonge, il ne tarde pas à rejoindre ses compagnons d'armes. Il est à Jarnac en 1569, aux combats de la Roche-Abeille et de Pons ; partout il se distingue par sa bravoure, et il n'échappe que par hasard à la Saint-Barthélemy, 1572. C'est l'époque où il tombe amoureux de Diane Salviati, qu'il célèbre dans le Printemps ; mais le projet de mariage est rompu à cause de la différence de religion. Écuyer du roi de Navarre en 1573, il partage avec lui tous les hasards des guerres et prépare son évasion de la Cour, 1576. Ce fut une amitié fidèle, qui n'alla pas sans quelque brouille, mais que l'abjuration ne parvint pas à effacer. Après le périlleux combat de Casteljaloux, 1577, où il fut blessé, il commence à écrire Les Tragiques. En 1583, il épouse Suzanne de Lezay. On le retrouve à Coutras, 1587, à Ivry, 1590. Après la mort de sa femme, en 1596, il s'éloigne de la Cour, complète Les Tragiques et commence l'Histoire universelle. Il a la douleur de voir son fils Constant, le père de Mme de Maintenon se convertir puis mener une vie de débauche. En 1620, il s'exile à Genève pour y prendre le chevet de la vieillesse et de la mort. Il meurt le 9 mai 1630, au terme d'une existence de fierté et de droiture.
Héros exalté et généreux, absorbé par l'action, et dont le courage affecte volontiers les formes chevaleresques, Agrippa d'Aubigné aime les coups d'épée et revendique la gloire du négociateur. Malgré sa fierté ombrageuse et sa vanité, il se recommande avant tout par sa sincérité de croyant qui n'a jamais discuté sa foi. Il est nourri de la Bible, fidèle à la Cause, plein de compassion pour les humbles et impitoyable contre les tyrans. Après des années de lutte, il peut se tourner vers l'éternité de paix profonde qui l'attend.
Tour à tour poète, pamphlétaire et historien, il a produit une œuvre diverse, mais cohérente.

Sa vie

Théodore Agrippa est né a Saint Maury près de Pons, en Saintonge. Il est le fils du juge Jean d’Aubigné, d'origine roturière4, et Catherine de L’Estang, de petite noblesse, qui meurt en lui donnant la vie. On l’appelle ainsi Agrippa aegre partus, parce qu’il a été enfanté avec peine. Agrippa est baptisé dans la religion catholique mais est élevé dans la religion calviniste. Son père Jean, converti au calvinisme devient un activiste du soulèvement protestant. Il participe aux opérations de la conjuration d'Amboise sous les ordres de Tanneguy du Bouchet, dit Saint-Cyr, chef militaire protestant du Poitou5. En avril 1560, alors qu'il passe par Amboise avec son fils, il lui aurait fait jurer de venger la mort de ses compagnons.
Sous la férule de précepteurs calvinistes, Agrippa apprend entre autres disciplines, le latin, le grec et l'hébreu. En avril 1562, pour ses études, Jean installe Agrippa à Paris chez Mathieu Béroalde. Deux mois plus tard, la guerre est déclenchée et un arrêt ordonne l'expulsion des protestants ; Agrippa quitte la ville avec son professeur. Sur le chemin, ils sont arrêtés et emprisonnés par des pillards catholiques, mais parviennent à s’échapper grâce à un complice, et gagnent Montargis, où les accueille Renée de France. Ils séjournent ensuite à Orléans, où Agrippa est atteint de la peste mais en guérit. Il se rompt aux armes, et assiste au siège d’Orléans au cours duquel meurt son père.
Envoyé à Genève en 1565, Agrippa y poursuit ses études sous la protection de Théodore de Bèze. Un an plus tard, il est contraint de fuir la ville du fait de son implication dans une histoire de mœurs. Lorsqu'éclate la deuxième guerre de religion 1567, il s’engage sans hésiter dans l’armée protestante.
Il était, à la suite d’un duel, absent de Paris durant les massacres de 1572 mais en garda une rancune tenace contre la monarchie. Les Tragiques conservent la trace des visions d’horreur dont il fut le témoin.

Au service du roi de Navarre

À la cour des Valois

Quelque temps après la Saint-Barthélemy, Aubigné retourne à la cour de France où il se lie avec le roi de Navarre futur Henri IV et devient son écuyer août 1573. Il a vingt-et-un ans. À cette époque, Henri de Navarre est assigné à résidence à la cour et placé sous une étroite surveillance. On ignore si, comme lui, Aubigné a feint d'être catholique. Toujours est-il qu'il participe à la tentative d'évasion de son maître lors des évènements de la conjuration des Malcontents. L'affaire échoue, et Henri de Navarre doit donner des gages de sa soumission en écartant ses serviteurs les plus suspects et en envoyant ses hommes combattre les troupes protestantes. Aubigné se retrouve alors enrôlé à plusieurs reprises dans l'armée catholique. Guidon du seigneur de Fervaques, il combat les protestants en Normandie puis à la bataille de Dormans où il se lie d'amitié avec le duc de Guise.
À la cour où il côtoie les plus grands, Aubigné fait figure de courtisan accompli. Apprécié pour son intelligence et son esprit mordant, il aurait fait partie de l'Académie de musique et de poésie qui siège au Palais du Louvre. Amateur des mascarades et des joutes, il invente des divertissements de cour et se fait connaître comme expert en magie. C'est aussi un querelleur courant sans cesse après les duels. Il assista à l’exécution du Comte de Montgommery sur la place de Grève, le 26 juin 1574, qui le salua, lui et Fervaques avant de mourir. Il fait partie des compagnons du roi de Navarre lorsque ce dernier fuit la cour le 4 février 1576.

A la cour de Nérac : entre faveur et disgrâce

Cette amitié entre le roi et son écuyer dura plusieurs années, le roi lui confiant de nombreuses missions. Mais de caractère emporté et intransigeant, Aubigné se brouilla à de nombreuses reprises avec son maître. Aubigné lui reprochait de ne pas être suffisamment attaché à la cause protestante, l'accusant de trop favoriser les catholiques de son entourage. Henri de Navarre était porté à la conciliation et ménageait la cour de France, alors qu'Aubigné appelait à la poursuite de la lutte. Après la signature de la paix de Poitiers qu'il condamne, il quitte une première fois son maître, 1577. Grièvement blessé à Casteljaloux, il se retire pendant deux ans sur ses terres aux Landes-Guinemer dans le Blaisois où il se met à écrire. Selon la légende qu’il a lui-même forgée bien plus tard, c’est à Casteljaloux que, alors qu'il était entre la vie et la mort, lui seraient venues les premières clauses de son grand poème épique sur les guerres de religion, Les Tragiques.
Aubigné retourne à la cour de Navarre en 1579. En 1582, il se met au plus mal avec la reine Marguerite de Valois qui demande à son époux de l'éloigner. Ses relations avec Diane d'Andoins, maîtresse du roi ne sont pas meilleures11. En 1588, il déconseille au roi de se séparer de son épouse légitime pour épouser sa maîtresse. Entretemps, Aubigné a épousé Suzanne de Lezay 1583.

Les dernières désillusions

Pendant les guerres de la Ligue, Aubigné s'illustre de nouveau au combat. Il participe à la bataille de Coutras que remporte Henri sur l'armée royale en 1587. Henri de Navarre le nomme maréchal de camp en 1586, puis gouverneur d’Oléron et de Maillezais, que d'Aubigné avait conquis par les armes en 1589, puis vice-amiral de Guyenne et de Bretagne.
Après l’assassinat du duc de Guise en 1588, Aubigné reprit part aux combats politiques et militaires de son temps. Il est alors le représentant de la tendance dure du parti protestant les Fermes et voit d’un mauvais œil les concessions faites par le chef de son parti pour accéder au trône. Comme de nombreux protestants, d’Aubigné ressent l’abjuration d’Henri IV, en 1593, comme une trahison. Les divergences politiques et religieuses finissent par le séparer du roi. Aubigné est peu à peu écarté de la cour, dont il se retira définitivement après l’assassinat d’Henri IV en 1610. Aubigné et Henri IV ne se doutaient pas que leurs petits-enfants respectifs, Louis XIV et Françoise d’Aubigné, s'uniraient en 1683.

Retraite et exil

En 1611, à l’Assemblée des églises protestantes de Saumur, D’Aubigné, élu pour le Poitou, ridiculise le parti des Prudents dans Le Caducée ou l’Ange de la paix.
Il semblerait que c’est à cette période qu’il se tourna vers l’écriture de ses œuvres, et en particulier des Tragiques. Mais ce n’est pour lui qu’un autre moyen de prendre les armes, en multipliant les pamphlets anti-catholiques et les attaques polémiques contre les protestants convertis.
De son premier mariage, il a un fils, Constant, père de Françoise d’Aubigné, la future marquise de Maintenon, et deux filles, Louise Arthémise de Villette 1584-1663 et Marie de Caumont d’Adde 1586-1624. Son fils Constant lui causa les plus grandes déceptions de sa vie en se convertissant au catholicisme puis en menant une vie scandaleuse de débauche et de malversation ; il le déshérita, plongeant du même coup sa belle-fille et ses petits-enfants dans la misère. Après la mort de son épouse en 1596, d'Aubigné eut un fils naturel avec Jacqueline Chayer, Nathan d'Aubigné, ancêtre de la famille suisse des Merle d'Aubigné.
Refusant tout compromis, d’Aubigné est contraint de quitter la France en 1620, après la condamnation de son Histoire universelle depuis 1550 jusqu’en 1601 par le Parlement. D'Aubigné se retire alors à Genève, où est publié l’essentiel de ses œuvres. Il y épouse en 1623 Renée Burlamacchi, petite-fille du Lucquois Francesco Burlamacchi, et y meurt le 9 mai 1630.

Généalogie

* Agrippa d’Aubigné (1552-1630)
x Suzanne de Lezay
│
│─> Louise-Artémise (1584-1663)
│ x Benjamin Le Vallois de Vilette
│
│─> Marie (1586-1624)
│ x Josué de Caumont d'Adde
│
├─>Constant d'Aubigné (1585-1647)
│ x Anne Marchant (+1619)
│ x Jeanne Isabelle de Cardillac (1611-1650)
│ │
│ ├─> Constant d'Aubigné (1628-1647)
│ ├─> Charles d’Aubigné (1634-1703)
│ │ x Geneviève Philippe Piètre (+1728)
│ │ │
│ │ ├─> Françoise d’Aubigné (1678-1739)
│ │ x Adrien Maurice de Noailles
│ │
│ ├─> Françoise d'Aubigné (1635-1719), Marquise de Maintenon
│ │ x Paul Scarron
│ │ x Louis XIV
│ │
│ ├─> Anne d’Aubigné (1630)[réf. nécessaire]
│ x Olivier de Brioul
│ │
│ ├─> …
│
x Jacqueline Chayer (1559-1636)
│
├─>Nathan d'Aubigné (1601-69) → 14 enfants dont :
x Claire de Pelissari (1600-31)
x Anne Crespin (1602-51)
│
├─> Samuel d’Aubigné (1638-1710)
│ x Elisabeth Lesage (1638-1732)
│ │
│ ├─> Georges-Louis d’Aubigné (1680-1732)
│ │ x Lucrèce Dufour (1696-1778)
│ │ ├─> Charlotte (1719-86)
│ │ │ x Georges-Daniel Argand (1711-79)
│ │ │
│ │ ├─> Élisabeth d’Aubigné (1720-80)
│ │ │ x François Merle (1703-61), ancêtres de la famille Merle d'Aubigné
│ │ │
│ │ ├─> Lucrèce (1729-93)
│ │ x Pierre Eynouf
│ ├─> 5 autres enfants
│
x Elisabeth Hubertary (1604-84)
L’œuvre littéraire

Méconnu de ses contemporains, il fut redécouvert à l’époque romantique, notamment par Victor Hugo, puis par le critique Sainte-Beuve. En 1976 dans une chanson polémique et anticolonialiste, Un air de liberté, Jean Ferrat le mentionne : "La terre n’aime pas le sang ni les ordures, Agrippa d'Aubigné le disait en son temps". Son œuvre la plus connue est son recueil Les Tragiques.

Mais d'Aubigné n’est pas l’auteur d’une seule œuvre. Le printemps est un recueil de sonnets, de stances et d’odes qui reprend la lyrique pétrarquiste sur les tons opposés de la rage du désespoir et d'une fantaisie plus légère. Le premier recueil de sonnets du Printemps, L'hécatombe à Diane, est dédié à Diane Salviati, jeune fille qu'il aimait et qu'il n'a pas pu épouser à cause de la différence de religion. À la fin de sa vie, les Petites oeuvres meslees associent Méditations sur les Psaumes et poésies religieuses.
L’essentiel de son œuvre est polémique. D'Aubigné, engagé dans les combats de son époque, cherche ainsi à discréditer les vanités de la cour royale et la religion catholique dans la Confession du Sieur de Sacy et Les aventures du baron de Faeneste . Son Histoire Universelle est aussi, malgré son titre, une œuvre engagée, destinée à justifier l'autonomie politique et militaire des protestants français. Il publie aussi de nombreux opuscules politiques.
À la fin de son existence, il écrit ses mémoires, Sa vie à ses enfants, Constant, Marie et Louise, pour leur montrer sa gloire et ses fautes et leur être par là-même un exemple profitable.

L'Å’uvre

L'œuvre poétique

Le Printemps
Pour célébrer Diane Salviati, la nièce de la Cassandre de Ronsard, dont il est un admirateur fervent, d'Aubigné reste soumis à la tradition pétrarquiste, à la manière de Du Bellay dans l'Olive (1549) et de Ronsard dans le premier livre des Amours. Il chante la beauté physique et morale de Diane, condamne ses rigueurs et plante en son honneur deux arbres dans le parc de Talcy. Il y a dans ce recueil une telle violence dans la plainte, une telle hantise du sang et de la mort, qu'il est difficile d'oublier, en lisant l'Hécatombe à Diane ou les Stances, le climat de guerre civile qui les baigne. Mieux, quand il invective et qu'il maudit, quand son esprit est transporté en extase, d'Aubigné écrit comme une préface des Tragiques, œuvre plus grave, où il ne veut « chanter que de Dieu ».

Les Tragiques

Commencés en 1577, achevés sous leur forme première en 1589, ils paraissent en 1616, au lendemain de la paix de Loudun, dans un siècle de goût et d'autorité qui a oublié les temps héroïques de la geste protestant. Ce poème de dix mille vers n'entre dans aucun genre défini : il contient de l'histoire, de l'épopée, de la satire, du lyrisme chrétien. Le poète retrouve l'indignation de Juvénal contre les fauteurs de troubles, et l'assurance du prophète biblique dans le triomphe final de l'Église réformée. C'est sans doute l'élément dramatique (mis en évidence par le titre) qui donne unité et force à l'ensemble des sept chants. Misères évoque la France déchirée et les affreux spectacles de la guerre ; Princes invective Catherine de Médicis, Charles IX et Henri III ; Chambre dorée condamne les juges sanguinaires, et décrit sous forme allégoriques les vices du Palais de justice de Paris. Plus narratifs, Feux et Fers relatent l'un l'époque des bûchers, en exaltant la constance des martyrs, l'autre les principales scènes des guerres de religion, éclairées par l'aube sanglante de la Saint-Barthélemy, « la tragédie qui efface le reste ». Vengeances et Jugement forment le dénouement du drame : le premier énumère les châtiments exercés par Dieu contre les persécuteurs de l'Église depuis Caïn ; le second nous transporte au moment du Jugement dernier, et nous fait assister à la vision apocalyptique de la résurrection des corps, à l'inéluctable séparation des élus et des réprouvés. On regrette que cette belle ordonnance soit ternie par la rhétorique et par les surcharges, et qu'un poète d'une imagination visionnaire et d'une telle force satirique ne sache pas mieux discipliner son inspiration tumultueuse.

Il n'y a pas grand-chose à glaner dans le monotone poème didactique en quinze chants, La Création, inspirée par La Semaine de Du Bartas. Tout au plus peut-on admirer quelques strophes mélancoliques et résignées de son dernier recueil, L'Hiver ; d'Aubigné est donc avant tout le poète des Tragiques.

L'Å“uvre en prose

Le pamphlétaire

La passion partisane qui caractérise certains chants des Tragiques apparaît aussi dans l'œuvre en prose. Le Caducée, ou l'Ange de la paix est une attaque contre les « prudents, ses coreligionnaires trop accommodants, sous la régence de Marie de Médicis, avec le pouvoir royal. Il met en valeur la politique noble et intransigeante des fermes. Le traité des Devoirs des rois et des sujets date de l'époque de la guerre de Louis XIII contre les protestants, et oppose le bon roi au tyran. La Confession catholique du sieur de Sancy, qui ne fut publiée qu'en 1660, est suscitée par une rancune personnelle d'Agrippa d'Aubigné contre Du Perron. L'ouvrage parodie les abjurations des protestants qui se sont convertis au catholicisme pour obtenir le profit et l'honneur. C'est déjà, pour souligner la dangereuse influence de la politique sur la religion, le ton des Provinciales. Plus savoureuses sont les Aventures du baron de Faeneste, dont deux livres parurent en 1617, le troisième en 1619, et le quatrième en 1630 à Genève, où il fit scandale. Retrouvant la verve de Rabelais, maître François, auteur excellent, d'Aubigné imagine les dialogues d'un gentilhomme poitevin, Enay, qui représente l'auteur lui-même, et d'un aventurier gascon ignorant et poltron, Faeneste, digne héritier du Miles gloriosus de Plaute : être et paraître, deux caractères qui s'opposent dans de véritables scènes de comédie. Par le souci de l'observation exacte, par les étonnantes caricatures des courtisans, par les tableaux de mœurs de la société de son temps et par les anecdotes rustiques du Poitou, d'Aubigné est un authentique précurseur du roman réaliste et du genre burlesque.

L'historien

Dans l'Histoire universelle, son œuvre maîtresse qu'il dédie à la postérité, d'Aubigné s'astreint à l'impartialité que l'on attend d'un ouvrage historique et d'une apologie lucide du protestantisme. Oubliant la fureur de ses jeunes années, il déclare maintenant : Quand la vérité met le poignard à la gorge, il faut baiser sa main blanche, quoique tachée de notre sang.Le livre mentionne les luttes soutenues de 1553 à 1602 par les protestants et les replace dans l'histoire européenne. Les deux premiers tomes étaient achevés en 1619. Traînant désormais le pesant chariot de l'histoire, d'Aubigné s'efforce de ne dire que la vérité, fait un bel éloge d'Henri IV et se montre moins injuste que jadis pour Catherine de Médicis, Charles IX ou le cardinal de Lorraine. Dans ce livre de bonne foi, écrit avec une gravité sereine, les souvenirs personnels et les minutieux récits de batailles sont les pages les plus remarquables ; elles permettent de nuancer ou de préciser certains récits trop partiaux des Tragiques.

Son influence

On ne peut pas toujours, comme le fait Mathurin Régnier, laisser aller la plume où la verve l'emporte. Agrippa d'Aubigné fut méconnu par les classiques, parce qu'il s'était trop affranchi des scrupules du goût. Sainte-Beuve le réhabilite et voit dans son œuvre l'image abrégée de la Renaissance. Sa vie de droiture et de générosité, sa loyauté nous charment, même s'il s'éloigne de nous par son fanatisme. Homme racine et souche de poètes, plutôt que grand poète affirme Barbey d'Aurevilly. Son œuvre poétique est dominée par les Tragiques, dont l'autorité et le prestige sauront retenir le Victor Hugo des Châtiments. Il fait penser à Corneille par son goût des vers sentencieux ; il est tout proche de Claudel par son assurance à découvrir les desseins de la Providence. Son œuvre en prose et sa correspondance attestent la variété de ses dons, mais aussi sa fidélité constante à la cause protestante. S'il est un représentant incontesté du baroque littéraire, il nous propose partout une noble conception de la dignité humaine. La résistance absolue au réalisme sordide, le refus de la prudence intellectuelle, la sauvegarde de l'idéal, voilà l'essentiel de l'humanisme que nous transmet ce champion de la Réforme, ce témoin de l'époque des guerres civiles, ce compagnon des héros qui ont lutté sur un terrain marqué de leur sanG.J Bailbe.

Histoire Universelle, 1616

Hécatombe à Diane, recueil de sonnets Textes en ligne
Les Tragiques, Éd. Frank Lestringant, Paris, Gallimard, 1995
Les Tragiques 1616, retravaillé sur manuscrit jusqu'en 1630, éd. Jean-Raymond Fanlo, Paris, Champions Classiques, 2006.
Histoire universelle 11 vol., 1616-1630, Éd. André Thierry, Genève, Droz, 1981-2000
Les Aventures du baron de Faeneste 1630, Éd. Prosper Mérimée, Nendeln, Liechtenstein, Kraus Reprint, 1972
Petites œuvres meslées du sieur d’Aubigné 1630 Genève, Aubert, 1968
Mémoires de Théodore Agrippa d’Aubigné publiés pour la première fois d’après le ms. de la bibliothèque du Louvre par M. Ludovic Lalanne, suivis de fragments de l’histoire universelle de d’Aubigné et de pièces inédites, Éd. Ludovic Lalanne, Paris, Charpentier, 1854
Sa Vie à ses enfants, Paris, Nizet, 1986 il s’agit d’une édition plus récente du texte publié par Lalanne sous le titre de Mémoires
Le Printemps : l’hécatombe à Diane et Les stances, 1873-1892, éd. H. Weber, Paris, Presses universitaires de France, 1960
Œuvres, Henri Weber, Jacques Bailbé, Paris, Gallimard, 1969
La Responce de Michau l’aveugle, suivie de La replique de Michau l’aveugle : deux pamphlets théologiques anonymes17 publiés avec des pièces catholiques de la controverse, éd. Jean-Raymond Fanlo, Paris, Honoré Champion, 1996
Petites oeuves meslees, Éd. Véronique Ferrer, Paris, Champion, 2004
Écrits politiques, éd. Jean-Raymond Fanlo, Paris, Champion, 2007

Distinction

Dans le 4e arrondissement de Paris, une rue Agrippa-d’Aubigné située entre le boulevard Morland et le quai Henri-IV lui est dédiée.
À Genève, une promenade, située derrière la cathédrale à l’emplacement de l’ancien château épiscopal, porte aussi son nom. 46° 12′ 06″ N 6° 08′ 56″ E Terrasse Agrippa-d’Aubigné, 1204 Genève, Suisse.
À La Rochelle, dans le quartier de La Genette, une rue Agrippa-d’Aubigné.


[img width=600]http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/f8/Agrippa_d'Aubign%C3%A9.jpg/220px-Agrippa_d'Aubign%C3%A9.jpg[/img]

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Posté le : 07/02/2015 14:48
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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