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Accueil >> newbb >> Frédérik Chopin 2 [Les Forums - Le coin des Musiciens]

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Frédérik Chopin 2
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La chartreuse de Valldemossa

En quête de solitude, le jeune couple décide de voyager. Leur destination est les îles Baléares. Chopin décide de cacher son voyage, seuls ses amis les plus proches, Fontana et Matuszinski, sont au courant. Le couple vivra d’abord dans la maison du vent, une villa située à Establiments, pour 100 francs par mois. Désirant une retraite plus profonde et moins onéreuse, le couple ne mit pas longtemps à déménager pour un trois pièces avec un jardin dans la chartreuse même de Valldemossa.
Si l’enthousiasme pour la poésie de l’endroit domine le début de leur séjour, la mauvaise santé de Chopin, qui ne s’adapte pas au climat, ne supporte pas la nourriture du pays et n’est pas vraiment aidé par la médecine locale oblige George à lui faire la cuisine, à le soigner. La femme, pendant cette période, s’occupera énormément de l’homme qu’elle aime. Le rôle maternel de la romancière se dessine peu à peu dans cette retraite…
L’image la plus exacte à garder de cette période de la relation des deux artistes est l'étape de grand travail qu'elle représente pour chacun, Chopin compose ici ses Préludes, ainsi que l'isolement oppressant de la chartreuse. Le temps est souvent exécrable et la population peu accueillante envers le couple, leur domestique les abandonne, jurant qu’ils sont pestiférés.
La lettre que George Sand écrivit à Mme Marliani, à l’époque de leur retour en France, est une source utile pour montrer l’état des deux amoureux à la fin de leur séjour en Espagne : Enfin, chère, me voici en France… Un mois de plus et nous mourrions en Espagne, Chopin et moi ; lui de mélancolie et de dégoût, moi de colère et d’indignation. Ils m’ont blessée dans l’endroit le plus sensible de mon cœur, ils ont percé à coups d’épingles un être souffrant sous mes yeux, jamais je ne leur pardonnerai et si j’écris sur eux, ce sera avec du fiel.
Comme le dira plus tard Guy de Pourtalès sur la lune de miel des deux artistes à la chartreuse : … on pouvait se demander si la Chartreuse n’était pas une sorte de purgatoire, d’où Sand explorait les enfers tandis que le malade se sentait déjà monter vers le Ciel.

L’éloignement des explosions politiques

Chopin a en quelque sorte joué à cache-cache avec les révolutions de son temps. Son absence marquée dans les conflits de quelque ordre que ce soit, aussi bien politiques qu’idéologiques, met à jour un trait particulier de son caractère.
Le musicien avait quitté Varsovie quelques semaines avant la grande Insurrection de novembre 1830 et commencement de la guerre russo-polonaise. Varsovie résiste pendant plus de six mois, comptant sur l`applui de la France mais Louis-Philippe Ier lui refuse son aide. Chopin apprend avec douleur la prise de Varsovie par les Russes, 8 septembre 1831 ; agité de ces evénements, il écrit à sa famille restée en Pologne : Dieu, Dieu. Motion de la terre, dévorent les gens de cet âge. Soit le plus dur châtiment tourmenté les Français, que nous n'avons pas venu pour aider.
Il a composé son Étude Révolutionnaire, Étude sur le bombardement de Varsovie opus 10, no 12 et prélude op. 28 no 2 .
Chopin était, lors de ces événements, à Vienne avec son ami Tytus qui, lui, est retourné au pays prêter main forte aux résistants polonais. Un an plus tard, au printemps 1831, Chopin continue de fuir les tourments politiques en renonçant à son projet de voyage en Italie, à cause des insurrections de Bologne, de Milan, d’Ancône et de Rome.
Arrivant à Paris un an après les Trois Glorieuses, Chopin avait encore échappé aux troubles du pays et avait juste regardé du haut du balcon de son appartement de la rue Poissonnière les derniers agitements populaires.
Pour finir, c’est au début de la Révolution de 1848 que Chopin quitte la France pour sa tournée en Angleterre.

Le soutien dans l’entourage amical

Les récits de la mort de Chopin sont la démonstration très forte de l’existence d’un véritable cercle de personnes qui aimaient le musicien. Ses amis lui rendaient régulièrement visite. Une liste complète est quasiment impossible à réaliser : le prince Czartoryski, Dephine Potocka, madame de Rothschild, Legouvé, Jenny Lind, Delacroix, Franchomme, Gutmann, etc.
L’importance de tels amis s'explique lorsque l’on apprend que Franchomme, accessoirement comptable de Chopin inventait un nombre incalculable de fables sur l’origine des fonds qui lui servaient à vivre. Tout cet argent venait d’avances et de dons de ses amis, mais si Chopin avait appris de tels gestes, il aurait refusé net.
Selon Ferdinand Hiller, Chopin aimait profondément la compagnie de ses amis, à l'instar de Franz Schubert. Parlant de Chopin : Il n'aimait pas être sans compagnie - chose qui ne se produisait que très rarement. Le matin il lui arrivait de passer seul une heure à son piano ; mais même lorsqu'il travaillait, de quel mot me servir pour rendre cela?, lorsqu'il restait le soir chez lui à jouer du piano, il lui fallait pour le moins un ami près de lui.

Une illustration de l’amitié : les derniers jours du musicien.

Le samedi 14 octobre 1849, Chopin est dans son lit de mort au no 12 de la place Vendôme à Paris, il a de longs accès de toux épuisants. Lors d’un de ces accès, alors que Gutmann le tient dans ses bras, Chopin reprenant son calme lui adresse la parole : Maintenant, j’entre en agonie. Et poursuit avec autorité : C’est une faveur rare que Dieu fait à l’Homme en lui dévoilant l’instant où commence son agonie ; cette grâce, il me l’a faite. Ne me troublez pas.
Chopin est entouré de ses amis de toujours et Franchomme rapportera un murmure de Chopin de cette soirée : Elle m’avait dit pourtant que je ne mourrais que dans ses bras.
Le dimanche 15 octobre : c’est l’arrivée de Delphine Potocka de Nice. Après avoir apporté le piano dans la chambre du mourant, à la demande de Chopin, la comtesse chanta. Même si tous les amis du musicien étaient présents, certainement à cause de l’émotion générale, personne ne put se souvenir quels furent les morceaux de son choix. L’image à garder de cette journée est celle du râle du mourant imposant à tous ses amis de se mettre à genoux devant son lit.
Le lundi 16 octobre, Chopin perdit la voix, la connaissance pendant plusieurs heures et, revenant à lui, mit sur papier ses dernières volontés : comme cette terre m’étouffera, je vous conjure de faire ouvrir mon corps pour que je ne sois pas enterré vif.
Il s’adressa ensuite à ses amis pour leur donner de dernières instructions : On trouvera beaucoup de compositions plus ou moins esquissées ; je demande, au nom de l’attachement qu’on me porte, que toutes soient brûlées, le commencement d’une méthode excepté, que je lègue à Alkan et Reber pour qu’ils en tirent quelque utilité. Le reste, sans aucune exception, doit être consumé par le feu, car j’ai un grand respect pour le public et mes essais sont achevés autant qu’il a été en mon pouvoir de le faire. Je ne veux pas que, sous la responsabilité de mon nom, il se répande des œuvres indignes du public. Chopin fit ses adieux à ses amis. Ses paroles ne sont pour la plupart pas connues mais il dit à Franchomme : Vous jouerez du Mozart en mémoire de moi et à Marceline et Mlle Gavard : Vous ferez de la musique ensemble, vous penserez à moi et je vous écouterai.
Ils redirent tous devant le mourant, toute la nuit, les prières des agonisants. Gutmann lui tenait la main et lui donnait à boire de temps à autre. Le docteur se pencha vers Chopin en lui demandant s'il souffrait. Plus, répondit Chopin et ce furent ses derniers mots.
Le mardi 17 octobre 1849, à 2 heures du matin, Chopin avait cessé de vivre et tous ses amis sortirent pour pleurer. Auguste Clésinger moula le visage et les mains de la dépouille mortelle, de nombreux dessins furent réalisés dont un de Teofil Antoni Kwiatkowski. Les autres amis apportèrent les fleurs préférées du musicien.

Le musicien La technique pianistique

À travers des monuments comme les Cycles d'Études op. 10 et op. 25, les 4 Ballades, les Nocturnes, les 24 Préludes op. 28, les 4 Scherzos, ou encore les deux concertos pour piano, Chopin a révolutionné le piano et a inventé une véritable école avec l'apport de nouvelles sonorités, ainsi qu'une nouvelle vision de l'instrument. Sa musique mélodieuse reste une des plus atypiques et adulées du répertoire romantique.
Quand je suis mal disposé, disait-il, je joue sur un piano d’Erard et j’y trouve facilement un son tout fait ; mais quand je me sens en verve et assez fort pour trouver mon propre son à moi, il me faut un piano Pleyel, Chopin.
Le jeu de Chopin n'était, aux dires des gens qui l'ont connu, jamais immuable, jamais fixé. Le caractère spontané de ses interprétations est décrit de la même façon par les auditeurs du Polonais. Entendre le même morceau joué deux fois par Chopin, c'était, pour ainsi dire, entendre deux morceaux différents. Comme le soulignait encore la princesse M. Czartoryska : Tout comme il était sans cesse à corriger, changer, modifier ses manuscrits - au point de semer la confusion chez ses malheureux éditeurs face à la même idée exprimée et traitée parfois diversement d'un texte à l'autre -, ainsi se mettait-il rarement au piano dans le même état d'esprit et de disposition émotionnelle : en sorte qu'il lui arrivait rarement de jouer une composition comme la fois d'avant.

Le toucher pianistique

Le toucher de Chopin n’est aucunement dû au hasard. La volonté de nuancer d’une façon parfaite de ce musicien est le résultat de sa vision de la technique pianistique. Chopin développant sur ce sujet expliquait que pendant longtemps, les pianistes ont travaillé contre la nature en cherchant à donner une sonorité égale à chaque doigt. Au contraire, chaque doigt devrait avoir sa propre partie. Le pouce a la plus grande force, parce qu’il est le plus gros et le plus indépendant des doigts. Vient ensuite le cinquième, à l’autre extrémité de la main. Puis l’index, son support principal. Enfin, le troisième, qui est le plus faible des doigts. Quant à son frère siamois, certains pianistes essaient, en y mettant toute leur force, de le rendre indépendant. C’est chose impossible et vraiment inutile. Il y a donc plusieurs espèces de sonorités, comme il y a plusieurs doigts. Il s’agit d’utiliser ces différences. Et ceci, en d’autres mots, est tout l’art du doigté.
Liszt parlant du jeu de Chopin exprimait : Vapeur amoureuse, rose d’hiver ou encore ajoutait ceci : Par la porte merveilleuse, Chopin faisait entrer dans un monde où tout est miracle charmant, surprise folle, miracle réalisé. Mais il fallait être initié pour savoir comment on en franchit le seuil. En effet, Liszt avait compris que le terme rubato n’apportait rien pour comprendre le jeu de Chopin fondé sur une règle d’irrégularité : Il faisait toujours onduler la mélodie…; ou bien il la faisait mouvoir, indécise, comme une apparition aérienne. C’est le fameux rubato. Mais ce mot n’apprenait rien à qui savait, et rien à qui ne savait pas, aussi Chopin cessa d’ajouter cette explication à sa musique. Si l’on en avait l’intelligence, il était impossible de ne pas deviner cette règle d’irrégularité.
Regardez ces arbres disait Liszt à ses élèves, le vent joue dans leurs feuilles et réveille en eux la vie, mais ils ne bougent pas.

La note bleue

Les témoignages qui restent des participants aux soirées parisiennes de la rue Pigalle font la description d’un salon aux lumières baissées où Chopin, entouré de ses compatriotes, leur jouait du piano. Assis devant l’instrument, il préludait par de légers arpèges en glissant comme à l’accoutumée sur les touches du piano jusqu’à ce qu’il trouve, par le rubato, la tonalité reflétant le mieux l’ambiance générale de cette soirée. Cette note bleue, terme de George Sand qui y voyait l'azur de la nuit transparente Impressions et souvenirs, 1841, était alors la base de ses improvisations, variations ou encore le choix d’une de ses œuvres dans la tonalité correspondante.
Schumann nous rapporte, non sans énervement, qu’à la fin de ce type de manifestation, Chopin avait comme manie de faire glisser rapidement sa main sur le piano de gauche à droite comme pour effacer le rêve qu’il venait de créer.

La main de Chopin

Les descriptions des mains de Chopin sont assez nombreuses pour que l’on admette qu’elles étaient remarquables. Pour l’un c’était le squelette d’un soldat enveloppé par des muscles de femme, pour un autre ami une main désossée.
Stephen Heller : Sa main couvrait un tiers du clavier comme une gueule de serpent s’ouvrant tout à coup pour engloutir un lapin d’une seule bouchée.
Le 17 octobre 1849 au matin, Auguste Clésinger moula le visage et les mains de Chopin, comme il était coutume de le faire à l'époque, et on fit plusieurs dessins de Chopin sur son lit de mort.
Le moulage d'une des mains du musicien est exposé au musée de la vie romantique au 16, rue Chaptal, Paris, 75009.

La composition musicale

Si le contexte de la production de certaines œuvres de Chopin est connu grâce aux témoignages de ses amis l'Étude Révolutionnaire, certains préludes, la Valse de l'adieu, etc., le mode habituel de composition du Polonais est tout aussi intéressant que ces situations particulières.
Selon les témoignages de ses amis, la création de Chopin était toute spontanée. Que ce soit devant le piano à raison d'une autre occasion, en promenade ou en méditation, l'étincelle initiale surgissait généralement en été. À partir de cette lueur de départ, après avoir traduit par la voix et le clavier son idée, Chopin commençait son long travail de perfection qui durait des semaines. George Sand, parlant de cet aspect de l'homme qu'elle aimait, précisait qu'à ce stade il s'enfermait dans sa chambre des journées entières, pleurant, marchant, brisant ses plumes, répétant ou changeant cent fois une mesure, l'écrivant et l'effaçant autant de fois et recommençant le lendemain avec une persévérance minutieuse et désespérée. Il passait six semaines sur une page pour en revenir à l'écrire telle qu'il l'avait tracée du premier jet.
Trois lignes raturées sur quatre. Voilà du vrai, du pur Chip-chip.

Les apports musicaux

La période musicale que Chopin a traversée a été marquée par une évolution singulière de la technique pianistique. À l'instar de ce qui avait été développé quelques années plus tôt par Paganini pour le violon, le piano a vu, dans de grands virtuoses du début XIXe, la voie du progrès. Liszt n'est pas le seul à avoir perfectionné la technique pianistique au cours des années 1830-1840 ; il affirme lui-même que de nombreuses avancées sont dues à Chopin.
Ces avancées sont notamment l'extension des accords, en arpèges, plaqués ou encore en batterie; les petits groupes de notes surajoutées à la partition tombant, comme le soulignait Liszt, comme les gouttelettes d'une rosée diaprée par dessus la figure mélodique. Cette technique directement issue des fioritures de l'ancienne grande école de chant italienne a été, au piano, teintée par Chopin d’imprévu et de variété.
Il inventa encore les progressions harmoniques permettant de masquer la légèreté de certaines pages d'un caractère indiscutablement sérieux64. Les analyses de Liszt sur l'apport de Chopin, si elles sont une référence absolue, ne doivent pas être prises en un sens dogmatique, car l'écoute de pianistes oubliés du tout début du XIXe ou encore de la Révolution française de 1789, comme Hélène de Montgeroult, dont il existe aujourd’hui un enregistrement des études permet de retrouver certains points techniques développés ultérieurement par la génération pianistique des années 1830-1840
Le XIXe siècle est l'époque des pianistes virtuoses dans leurs interprétations et improvisations. Ainsi, en passant par la mythique improvisation d'Hélène de Montgeroult sur la Marseillaise et les exploits techniques de Franz Liszt, Chopin était, d'après les témoignages de ses proches, un excellent improvisateur sur son instrument de prédilection. D'autre part, lors de sa prime jeunesse, Chopin avait eu l'occasion de s'exercer longuement dans cet art lors de ses passages au château du grand-duc Constantin, et le marquis de Custine a énormément parlé des improvisations du jeune Polonais .
Eugène Delacroix nous laisse un témoignage sur ce sujet : En revenant avec Grzymala, nous avons parlé de Chopin. Il me contait que ses improvisations étaient beaucoup plus hardies que ses compositions achevées. Il était en cela, sans doute, comme de l'esquisse du tableau comparé au tableau f

La vie pianistique professeur de piano

La période parisienne, rue Pigalle, qui suivit celle de Nohant à partir d’octobre 1839, fut une fructueuse période de professorat pour le musicien qui, malgré un état de santé toujours critique, consacrait ses matinées au défilé de ses élèves. La durée des leçons était au minimum d’une heure mais souvent davantage. Le coût des leçons était fixé à 20 francs et, en cas de déplacement, Chopin recevait paiement pour le fiacre et 30 francs pour la leçon.
Voici ce qu'a écrit Chopin sur son idée de l'enseignement de l'art de toucher le clavier : Je soumets à ceux qui apprennent l'art de toucher le piano des idées pratiques bien simples que l'expérience m'a démontré être d'une utilité réelle. L'art étant infini dans ses moyens limités, il faut que son enseignement soit limité par ces mêmes moyens pour être exercé comme infini. On a essayé beaucoup de pratiques inutiles et fastidieuses pour apprendre à jouer du piano, et qui n'ont rien de commun avec l'étude de cet instrument. Comme qui apprendrait par exemple à marcher sur la tête pour faire une promenade. De là vient que l'on ne sait plus marcher comme il faut sur les pieds, et pas trop bien non plus sur la tête. On ne sait pas jouer la musique proprement dite - et le genre de difficulté que l'on pratique n'est pas la difficulté de la bonne musique, la musique des grands maîtres. C'est une difficulté abstraite, un nouveau genre d'acrobatie. Il ne s'agit donc pas ici de théories plus ou moins ingénieuses, mais de ce qui va droit au but et aplanit la partie technique de l'art.
Chopin enseignait à ses élèves sa conception si personnelle de la musique. À titre d’exemple, citons cette phrase de Chopin à une de ses élèves à laquelle il venait de jouer par cœur quatorze préludes et fugues de Johann Sebastian Bach : La dernière chose c’est la simplicité. Après avoir épuisé toutes les difficultés, après avoir joué une immense quantité de notes et de notes, c’est la simplicité qui sort avec son charme, comme le dernier sceau de l’art. Quiconque veut arriver d’emblée à cela n’y parviendra jamais; on ne peut commencer par la fin.
Chopin n’a pas laissé de méthode, même s'il y avait songé il laisse à sa mort à ses amis une ébauche d’un travail en ce sens. Il reste malgré tout comme témoignage l’expérience de ses élèves qui n’ont pas manqué de raconter les exercices préconisés par le maître. D’après ces témoignages, Chopin avait trouvé ce qui était pour lui la position normale au piano en jetant légèrement ses doigts sur le clavier de sorte à appuyer sur le mi, le fa dièse, le sol dièse, le la dièse et le si. Chopin, sans changer de position de main, sa position de référence faisait faire des exercices destinés à donner l’égalité et l’indépendance des doigts.
La deuxième étape pour l’élève était le staccato, dans le but de donner à l’élève de la légèreté, puis le staccato legato et, enfin, le legato accentué, dans le but d’assurer une tranquillité parfaite à la main et de permettre, sans problème, de passer le pouce après le quatrième ou le cinquième doigt dans les gammes et les passages en arpèges.
Chopin recommandait à ses élèves de laisser tomber librement et légèrement leurs doigts et de tenir leurs mains en l’air et sans nulle pesanteur, puis de faire des gammes en accentuant chaque troisième ou quatrième note. Il était plus que tout intraitable avec ceux qui prenaient leur aise avec la mesure : Que votre main gauche soit votre maître de chapelle, disait-il, tandis que votre main droite jouera ad libitum.

Le concertiste à succès

Comme il le confiait à son ami Franz Liszt, Chopin n’appréciait pas, contrairement à son ami de donner des concerts, préférant de loin l’ambiance feutrée des salons où, le soir, entouré de ses amis, il emplissait d’émotion le cœur des gens qu’il aimait. Chopin l’expliquait à Liszt en ces termes : Je ne suis point propre à donner des concerts. La foule m’intimide; je me sens asphyxié par ces haleines précipitées, paralysé par ces regards curieux, muet devant ces visages étrangers. Mais toi, tu y es destiné, car quand tu ne gagnes pas ton public, tu as de quoi l’assommer.
Au-delà, le témoignage de Liszt est précieux, car le musicien est l’auteur d’un compte rendu de la Gazette musicale à propos d’un concert donné par Chopin au printemps 1841 chez Camille Pleyel. Liszt s’exprime ainsi : lundi dernier, à huit heures du soir, les salons de M. Pleyel étaient splendidement éclairés : de nombreux équipages amenaient incessamment, au bas d’un escalier couvert de tapis et parfumé de fleurs, les femmes les plus élégantes, les jeunes gens les plus à la mode, les artistes les plus célèbres … Un grand piano à queue était ouvert sur une estrade ; on se pressait autour ; on ambitionnait les places les plus voisines ; à l’avance, on prêtait l’oreille, on se recueillait, on se disait qu’il ne fallait pas perdre un accord, une note, une intention, une pensée de celui qui allait venir s’asseoir là. Et l’on avait raison d’être aussi avide, attentif, religieusement ému, car celui que l’on attendait, que l’on voulait voir, entendre, admirer, applaudir, ce n’était pas seulement un virtuose habile, un pianiste expert dans l’art de faire des notes ; ce n’était pas seulement un artiste de grand renom, c’était tout cela et plus que tout cela, c’était Chopin. L’ambiance des concerts parisiens de Chopin était donc celle de la mode raffinée de la première moitié du XIXe siècle.

Les principaux concerts

Outre ceux exécutés dans les salons parisiens ou dans l'intimité de Nohant, tout au long de sa vie, Chopin donna plusieurs concerts dont voici les principaux :
11 août 1829 au théâtre de l'Opéra Impérial et Royal de Vienne. Chopin y joua ses variations sur Là ci darem la mano, puis des improvisations sur le thème de l'opéra de Boieldieu La Dame Blanche. Le bis du concert était une variation sur le Houblon, pièce d'essence purement polonaise, qui électrisa les Viennois, pour reprendre les termes de Chopin ;
17 mars 1830 à Varsovie, en plus de la musique d'Elsner, Chopin y joua son Concerto en fa mineur et un pot pourri sur des airs nationaux polonais ;
fin mars 1830 à Varsovie, à la suite du succès du précédent ;
11 octobre 1830 à Varsovie où Chopin joua le Concerto en mi mineur qu'il venait de terminer et une Fantaisie sur des airs polonais. Constance Gladkowska dont Chopin était épris y assista ;
26 février 1832 dans les salons Pleyel : premier concert de Chopin à Paris, qui fut organisé par Friedrich Kalkbrenner ;
7 décembre 1834 au théâtre Italien organisé par Berlioz au profit de son épouse, Henriette Smithson ;
Noël 1834 salle Pleyel. Chopin y joua avec Liszt un grand duo de son ami composé sur un thème de Mendelssohn ;
15 février 1835 chez Erard à Paris ;
4 avril 1835 au profit des réfugiés polonais, concert dont Berlioz écrit la célèbre critique dans Le Rénovateur ;
octobre 1839 à Saint-Cloud avec Moscheles, devant le roi Louis-Philippe ;
2 décembre 1841 au Tuileries devant la famille royale ;
un lundi de printemps 1841 salle Pleyel, pour lequel Liszt fit un éloge dans la Gazette musicale ;
21 février 1842 salle Pleyel. Lors de ce concert, Chopin interpréta trois mazurkas, la Ballade no 3, trois études, quatre nocturnes, le Prélude no 15, ainsi que l'Impromptu en sol bémol majeur qu'il venait de terminer. Le violoncelliste Auguste Franchomme et la mezzo-soprano Pauline Viardot participèrent à ce concert où furent interprétés des airs de Haendel et Le chêne et le roseau d'un auteur inconnu ;
16 février 1848 chez Pleyel: dernier concert parisien ;
7 juillet 1848 chez Lord Falmouth, à Saint James's Square, Londres.

Mémorable dernier concert à Paris Contexte de l'évènement

L’exceptionnel dernier concert de Chopin à Paris eut lieu le mercredi 16 février 1848. Tous les billets furent vendus en une semaine à des amateurs de musique de la France entière. Chopin écrivait quelques mots montrant son peu d’entrain à l’idée de cet ultime concert quelques jours avant celui-ci : Mes amis m’ont dit que je n’aurai à me tourmenter de rien, seulement de m’asseoir et de jouer… De Brest, de Nantes on a écrit à mon éditeur pour qu’il retienne des places. Un tel empressement m’étonne et je dois aujourd’hui me mettre à jouer, ne fût-ce que par acquit de conscience, car je joue moins bien qu’autrefois. Je jouerai, comme curiosité, le trio de Mozart avec Franchomme et Allard. Il n’y aura ni programmes, ni billets gratis. Le salon sera confortablement arrangé et peut contenir trois cents personnes. Pleyel plaisante toujours de ma sottise et, pour m’encourager à ce concert, il fera orner de fleurs les escaliers. Je serai comme chez moi et mes yeux ne rencontreront pour ainsi dire, que des visages connus.

Programme du dernier concert de Chopin à Paris

Première partie :
Trio de Mozart pour piano, violon et violoncelle, par Chopin, Allard et Franchomme
Airs chantés par Mlle Antonia Molina di Mondi
Nocturne et Barcarolle op. 60 composés et joués par Chopin
Air chanté par Mlle Antonia Molina di Mondi
Étude et Berceuse op. 57 composés et joués par Chopin

Seconde partie :

Scherzo, Adagio et finale de la sonate en sol mineur pour piano et violoncelle composée par Chopin et jouée par l’auteur et Franchomme
Air nouveau de Robert le Diable, de Meyerbeer, chanté par M. Roger
Préludes, Mazurkas et Valses celle du petit chien composés et joués par Chopin
Le Nocturne, l’Étude, les Mazurkas et le Prélude choisis pour le concert ne sont pas connus.
Comme l’imprimait la Gazette musicale, Le sylphe a tenu sa parole. Le commentaire de ce concert par la presse permet d’éclairer autant que possible l’expérience qu’a été pour l’auditoire un tel cadeau musical : Il est plus facile de vous dire l’accueil qu’il a reçu, les transports qu’il a excités, que de décrire, d’analyser et divulguer les mystères d’une exécution qui n’a pas d’analogue dans notre région terrestre. Quand nous aurions en notre pouvoir la plume qui a tracé les délicates merveilles de la Reine Mab, pas plus grosse que l’agate qui brille au doigt d’un alderman… c’est tout au plus si nous arriverions à vous donner l’idée d’un talent purement idéal, et dans lequel la matière n’entre à peu près pour rien. Pour faire comprendre Chopin, nous ne connaissions que Chopin lui-même; tous ceux qui assistaient à la séance de mercredi en sont convaincus autant que nous.
Si Chopin n’a pas souvent donné ses œuvres en concert, ses œuvres, quant à elles, étaient dès les années 1830 jouées dans de nombreux concerts par les plus célèbres virtuoses du temps : Liszt, Moscheles, Field, Kalkbrenner ou encore Clara Wieck.

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Posté le : 28/02/2015 15:34
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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