| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Afficher/Cacher la colonne
Accueil >> newbb >> Proclus [Les Forums - Coin de la Philosophie]

Parcourir ce sujet :   1 Utilisateur(s) anonymes





Proclus
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9501
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3167 / 56493
Hors Ligne
Le 8 février 412 naît à Byzance Proclus dit Proclus de Lycie ou Proclos

en grec ancien Πρόκλος / Próklos, il meurt à Athènes le 17 avril 485, surnommé le Diadoque διάδοχος, successeur, fut un philosophe néo-platonicien de l'école néoplatonicienne d'Athènes. La forme Proclus, très fréquemment utilisée en français, est la forme latinisée.
Dans la condition historique qui était la sienne, le génie propre de Proclus a conduit le néo-platonisme à ce point d'équilibre qu'on peut appeler classique. Entre la puissance inventive un peu désordonnée de Plotin, qui fonde l'école néo-platonicienne au IIIe siècle après J.-C., et l'analyse critique de Damascios, qui est son dernier maître à Athènes au VIe, Proclus apparaît comme son grand architecte.


En bref

Pour construire sa doctrine, Proclus dispose de matériaux plus abondants et plus divers que ses prédécesseurs. Sa documentation est considérable. Non seulement il hérite d'une tradition philosophique de dix siècles, dominée par le platonisme, à l'intérieur de laquelle les discussions sont vives, mais il se croit obligé d'accueillir des apports religieux qui se multiplient et deviennent plus exigeants au fur et à mesure que le christianisme accentue sa pression. Porphyre, moins réservé sur ce point que son maître Plotin, a entrepris une polémique contre le christianisme. Mais Jamblique, à son tour, reproche à son prédécesseur sa timidité et tente, dans son traité des Mystères d'Égypte, de justifier les antiques traditions orientales, dont sont issus, d'après lui, le pythagorisme et le platonisme lui-même. Désormais, un néoplatonicien doit tenir compte des écrits éclectiques d'Hermès Trismégiste, composés au IIe siècle, et du recueil des Oracles chaldaïques, édité par Julien le Théurge vers la fin du Ier. Proclus lui-même est curieux de tous les mythes et rites grecs et barbares, au point de se nommer lui-même le hiérophante du monde entier. Il accueille donc une théologie, ou plutôt une mythologie très touffue, qu'il interprétera d'ailleurs librement. Il intègre la théurgie, ensemble de signes sensibles opératoires qui prétendent compléter la contemplation par une sorte d'initiation divine. Mais, tandis que Jamblique est plutôt compilateur et théologien, Proclus se préoccupe d'ordonner tous ces éléments à l'intérieur d'un système strictement rationnel.
Cette tâche est immense, si l'on songe que du seul point de vue philosophique le néo-platonisme est déjà fort complexe. Bien entendu, le grand maître, c'est Platon, et le centre du platonisme, c'est le Parménide de Platon. Mais l'école croit pouvoir assimiler sous cette loi de multiples emprunts aristotéliciens et stoïciens, surtout en physique et en logique. Il n'est pas étonnant que les néo-platoniciens soient un peu accablés par une telle richesse, et que Proclus ait de la peine à tisser ensemble tant de traditions hétérogènes. Il en résulte par moments, dans son œuvre, une certaine surabondance ou une excessive subtilité. Toutefois, quiconque aura assez de patience pour dépasser ces défauts trop apparents s'apercevra que Proclus ne manque ni d'esprit de géométrie ni d'esprit de finesse.

Sa vie

La vie de Proclos est connue essentiellement par son successeur Marinos.
Il nait le 8 février 412 dans une riche famille de Byzance, fils de Patricius et Marcella, deux Lyciens. Il est éduqué à Xanthos, en Lycie. La déesse Athéna lui apparaît en songe, et il décide d'étudier la philosophie. À Alexandrie, il devient, en philosophie, le disciple d'Olympiodore l'Ancien, et, étudie les mathématiques, avec un certain Héron. Il refuse de se marier avec la fille d'Olympiodore l'Ancien, et il restera célibataire.
À l'âge de vingt ans, il se rend à Athènes pour assister aux cours des philosophes platoniciens de l'école néoplatonicienne d'Athènes, chez Plutarque d'Athènes, dit aussi Plutarque le Jeune, fondateur et chef de cette école vers 400 ; il est condisciple de Hiéroclès d'Alexandrie ; ensuite il suit l'enseignement du successeur, Syrianos : logique, morale, politique, physique, enfin théologie. Il étudie Aristote, Platon, les écrits orphiques et les Oracles Chaldaïques. Il tient Plutarque d'Athènes pour son "grand-père", Syrianos pour son "père". La fille de Plutarque d'Athènes, Asclépigéneia, lui apprend les rites de la théurgie : conjurations, formules, rites magiques, instruments.

À la mort de Plutarque d'Athènes, 432, Syrianos devient le deuxième scolarque, recteur, de l'école néoplatonicienne d'Athènes. Proclos, à la mort de Syrianos, 438, devient le troisième scolarque. Il entreprend alors la plus vaste synthèse philosophique de la toute fin de l'Antiquité grecque. Proclos aura pour disciples Ammonios fils d'Hermias, qui brillera à l'école néoplatonicienne d'Alexandrie dès 475, Marinos de Néapolis, qui lui succédera.
Son effort pour contrer le christianisme dominant lui vaut une année d'exil, en Lydie.
Les cinq dernières années de sa vie, Proclos souffre d'une maladie de langueur.

Il meurt le 17 avril 485, âgé de 73 ans, à Athènes. "Il fut enterré près du Lycabette, là même où repose le corps de son maître Syrianos."

Il menait une vie sociale, professionnelle et politique intense. "Le même jour, il donnait cinq classes d'exégèse, parfois même plus, écrivait le plus souvent environ sept cent lignes, puis allait s'entretenir avec les autres philosophes, et, le soir, donnait encore d'autres leçons qui, elles, n'étaient pas mises par écrit."
Les archéologues ont mis au jour la maison de Proclos.

Philosophie Néoplatonisme

Il est, comme son maître Syrianos, concordiste : il pense que les diverses théologies, Homère, Orphée, Platon... s'accordent.
Son œuvre est principalement constituée de commentaires de Platon. Le premier est le Commentaire sur le Timée, rédigé dès 439, à 27 ans, et pythagorisant. Suivent le Commentaire sur le Premier Alcibiade, le Commentaire sur les Oracles chaldaïques 442, le Commentaire sur le Parménide, les Éléments de théologie vers 480 ?. On ne sait pas situer chronologiquement la Théologie platonicienne et le Commentaire sur la République.

Commentaire sur le Timée

Dans son Commentaire sur le Timée, Proclos admet 9 niveaux de réalité : Un, être, vie, esprit, raison, animaux, plantes, êtres animés, matière première. Il pose une hiérarchie des dieux en neuf degrés : l'Un, premier dieu ; les hénades ; les dieux intelligibles ; les dieux intelligibles-intellectifs ; les dieux intellectifs ; les dieux hypercosmiques ; les dieux encosmiques ; les âmes universelles ; les anges, démons, héros Pierre Hadot.

Commentaire sur le Parménide

Le Commentaire sur le Parménide a une importance particulière, car il inaugure la tradition apophatique du néo-platonisme : l'Un est ineffable et on ne peut l'exprimer que par une dialectique négative. Proclos fait une liste de puissances négatives : dyade, infini, mouvement, altérité, dissimilitude, cycle de l'autre, devenir, matière.

Théologie platonicienne

Proclos fut également l'auteur d'une vaste Théologie platonicienne sur la théologie de Platon et de Plotin.

Éléments de théologie

Les Éléments de théologie sont le premier traité de philosophie exposé selon la méthode euclidienne, à partir de théorèmes suivis de leur démonstration. Cette méthode d'exposition scientifique influencera Alain de Lille et plus tard Spinoza. Elle confère à la pensée de Proclos un ordre, une clarté, une systématicité qui faisait défaut à ses prédécesseurs. Proclos y affectionne la démonstration par l'absurde qui conclut à une hypothèse en éliminant toutes les autres, ce qui n'est pas sans analogie avec la méthode de Nagarjuna, par exemple. Selon l'idéalisme platonicien, un terme également présent à tous les termes d'une série ne peut les éclairer que s'il est non pas en l'un d'eux, ni en eux tous, mais avant eux tous. Tel se présente le théorème fondamental du traité selon lequel les choses bonnes dépendent de la bonté, les choses éternelles de l'éternité, l'unité en toutes choses de l'Un. La méthode de Proclos consiste donc à construire une métaphysique à partir d'une classification des termes d'après leur généralité décroissante, en faisant de chaque terme général la causes de tous ceux qui en dépendent. Ainsi, l'Un ou unité est cause de toutes les choses dont on peut dire qu'elles sont unes. Voici donc établi le principe de constitution des séries classées en ordre hiérarchique suivant leur degré de généralité ou de simplicité. Le sommet de toutes les séries est l'Un. Au-dessous se situe la série des unités, au-dessous celle de l'Être, puisque tout être est un, au-dessous la série de la vie, puis la série de l'âme. Chaque série ne forme pas seulement le terme d'un ordre logique, mais elle est comme un monde contenant toutes les espèces possibles d'un genre, l'Un, l'Être, la Vie sous une forme indistincte. Chaque monde contient toutes les réalités possibles. Ce qui est contenu dans la série des hénades sous forme d'hénade est contenu dans la série de l'être sous forme d'être, etc. Le développement et la distribution de la réalité est donc commun à toutes les séries : les êtres se divisent comme les unités, les êtres vivants comme les êtres, les intelligences comme les êtres vivants, les âmes comme les intelligences. Mais, tandis que le terme général s'élève dans la hiérarchie en fonction de sa simplicité, le plus simple étant l'Un, au contraire, les êtres singuliers qui participent de son unité sont d'autant moins élevés qu'ils sont plus simples. Ainsi, les êtres sont moins élevés que les êtres vivants, les êtres vivants que les êtres intelligents, etc...
Émile Bréhier, par exemple, a pu reprocher à Proclos de figer toute la réalité dans une sorte d'ordre ou de hiérarchie immuable où chaque être a sa place définie de toute éternité et ne peut en changer, y évoluer, s'élever ou s'abaisser. Pourtant, l'âme, véhicule de lumière, en revêtant diverses enveloppes, corps primordial et éternel, corps médiant durable, corps éphémère indéfiniment renouvelable se particularise au fur et à mesure qu'elle est destinée à agir dans le monde sous telle ou telle forme. À partir de là, on peut considérer l'hénologie proclusienne comme le déploiement d'un univers totalisé en chacune de ses parties, la manifestation d'une théophanie polycentrique, une monadologie holistique où chaque âme singulière n'en est pas moins le miroir de l'univers dans sa totalité.

Le maître néo-platonicien et ses œuvres

La source principale de la connaissance de Proclus est sa biographie rédigée par son disciple Marinos. C'est un panégyrique qui insère tant bien que mal les faits et gestes du maître dans la hiérarchie néo-platonicienne des vertus. Proclus n'y apparaît pas seulement comme un sage, mais comme un saint, dont la piété est illustrée par de nombreux prodiges. Proclus est né à Byzance. Mais ses parents, étant originaires de Xanthos, en Lycie, le ramènent tout jeune en leur patrie. Il y reçoit sa première formation. Il poursuit ses études à Alexandrie, et, avant sa vingtième année, il se rend à Athènes afin de parfaire sa culture philosophique. C'est là qu'il est initié à « la mystagogie de Platon » par Plutarque et par Syrianos, à qui il succédera. Devenu maître de l'école platonicienne d'Athènes, il ne quittera plus cette cité, sauf pendant une année qu'il passera en Lydie, afin d'apaiser, semble-t-il, des oppositions politiques. Il est tout dévoué à ses élèves, mais la multiplicité de ses cours ne l'empêche pas de rédiger de nombreux ouvrages. Il est resté célibataire pour consacrer plus de temps à l'étude. Au surmenage intellectuel, il ajoute les pratiques austères que lui inspire son éclectisme religieux. Il meurt âgé de soixante-treize ans et est enterré auprès de Syrianos, au pied du Lycabette.
Une partie notable de l'œuvre de Proclus est perdue. Mais ce qui reste est considérable, notamment le résumé d'un manuel abrégé de littérature, Chrestomathie, un petit traité de physique, Institutio physica, un ouvrage d'astronomie, Hypotyposis astronomicarum positionum et des Hymnes religieux ; comme ouvrages philosophiques subsistent deux traités : l'un bref et dépouillé, écrit more geometrico, comme L'Éthique de Spinoza, les Éléments de théologie ; l'autre assez étendu et récapitulant la métaphysique entière de l'auteur, la Théologie platonicienne. Viennent ensuite six commentaires : sur le Parménide, le Timée, l'Alcibiade, la République, le Cratyle, le livre Ier des Éléments d'Euclide ; enfin, quelques fragments de notes sur les Oracles chaldaïques. Ajoutons les trois opuscules sur la Providence et le mal, De decem dubitationibus circa Providentiam, De Providentia et fato, De malorum subsistentia.

Esquisse doctrinale

On ne peut évidemment pas comprendre les démarches de Proclus sans avoir présents à l'esprit quelques présupposés communs à tous les néo-platoniciens. Ceux-ci n'étudient pas Platon comme un penseur marquant une étape dans une évolution historique, mais comme un maître inspiré dispensant une sagesse éternellement vivante. Dès lors, il ne faut pas seulement l'interroger sur les questions qu'il a posées, mais aussi sur les problèmes qu'il n'a pas explicitement envisagés. Pour répondre aux difficultés qui ont surgi en d'autres temps que le sien, on dégagera les contenus implicites de ses thèses. Mais expliquer, c'est inévitablement prolonger et reprendre en sous-œuvre. C'est ainsi que les néo-platoniciens seront amenés à faire du platonisme une création continuée, à créer en cherchant seulement à commenter. On pourrait leur prêter le mot de R. Schaerer : Le Platon des Anciens n'était que ce qu'il fut. Le nôtre est devenu ce qu'il était appelé à être.
Le néo-platonisme n'est pas n'importe quel platonisme. Il consiste essentiellement à interpréter d'une façon qu'on va préciser la seconde partie du Parménide de Platon et à assumer sous cette démarche l'ensemble de la pensée platonicienne. Le néo-platonisme mériterait dans ce sens d'être appelé néo-parménidisme. Toutes les formes d'être et de non-être sont pour lui les modalités ordonnées de l'Un. Cette exégèse semble avoir été inaugurée par Plotin et avoir été poursuivie par les maîtres de l'école jusqu'à Damascios inclus. Elle définit donc ce courant de pensée. Ne sont dès lors néo-platoniciens ni les prédécesseurs de Plotin qu'on appelle moyens platoniciens, ni les augustiniens, bien que ces philosophes aient accueilli plusieurs thèses platoniciennes ou néo-platoniciennes.

Proclus a écrit le Commentaire du Parménide le mieux construit que l'on connaisse. Malheureusement cet ouvrage s'arrête à la fin de la première hypothèse. Il faut en deviner la suite en usant des indications que l'auteur donne çà et là et des reprises de la Théologie platonicienne. Le jeu dialectique du Parménide revient à explorer toutes les manières possibles d'affirmer l'un et de le nier. Neuf fois, on part de l'un et on y revient sous des points de vue différents et complémentaires. Ce sont les neuf hypothèses, semblables à neuf chemins rayonnant à partir d'un même centre. Nier l'un, c'est aboutir à la dissolution de l'esprit et des choses. S'il n'y a plus d'unité, il n'y a pas davantage de diversité, pas davantage de contradiction. C'est ce que signifient les quatre dernières hypothèses négatives.

Mais poser l'un, c'est soulever plusieurs oppositions. Dans un sens, première hypothèse, l'un est trop un pour être affirmable, car la plus simple affirmation est relation et donc transgresse la simplicité pure, comme le répétera le Sophiste, 245 b. On est ici à l'origine de la théologie négative et du non-savoir des mystiques, devant la nécessaire ineffabilité de l'absolu. Dans un sens opposé, cinquième hypothèse, l'un n'est pas assez un pour être affirmable, car, s'il est privé de toute détermination et de toute pluralité interne, il n'a plus que l'unité négative de l'absolue pauvreté et la réalité du vide, ce qui définit la matière. Maintenant, entre ces deux extrêmes, dont l'un est inaffirmable par excès et l'autre par défaut, s'insèrent plusieurs moyens termes qui sont réalisables. On peut combiner l'un et le multiple de façon à former un système ou un tout, soit en donnant à l'un la souveraineté, et c'est le monde intelligible, deuxième hypothèse, soit en accordant au multiple la prédominance, et c'est le monde empirique quatrième hypothèse.

Or, ces deux processus qui de façon antithétique mènent l'un au rien, et ces deux autres qui le conduisent à deux formes opposées de totalité, qui les effectue, les rassemble et les oppose ? C'est encore un autre un qui éprouve en soi-même ces deux antithèses doubles, et qui ainsi leur échappe, troisième hypothèse. Cet un qui accumule les contradictions de l'unité et, en oscillant de l'un à l'autre, les dépasse dans une sorte de point neutre, c'est leur milieu ou médiation. Récapitulant extrêmes et moyens sans les confondre, cette médiation donne cohésion et connexion à l'ensemble. Telle est justement la fonction de l'âme qui est le lien de l'univers. Ainsi se construit l'univers de Proclus. Ainsi se construit du même coup n'importe quelle partie de l'univers. L'âme est le modèle de tout être. Tout esprit est une âme enveloppée, comme toute âme est un esprit développé et pleinement manifesté. En chaque être véritable s'opposent deux extrêmes et deux moyens termes enveloppés par une médiation. L'excès du rien et du tout s'y oppose et s'y joint au défaut du tout et du rien. Tel est le sens fondamental des nombreuses triades de Proclus. Le déterminant s'oppose à l'indéterminé et s'y concentre dans le mixte. Ainsi s'ordonnent : être, pensée et vie ; substance, activité et puissance ; circulaire, linéaire et hélicoïdal. La règle universelle de constitution est la contradiction de la présence et de la procession dominée par la conversion.
Dès lors, la formation de l'univers se reproduit en chacun de ses points selon une perspective chaque fois différente. C'est le principe monadologique qui inspirera un jour Leibniz. Tout est en tout, répète Proclus, mais en chacun selon son mode propre. Mais nul être véritable ne se borne à réfléchir l'ordonnance totale. Chacun l'engendre tout entière et ainsi s'engendre soi-même, de même que dans la dialectique du Parménide chaque hypothèse revient à l'un pour en dérouler de nouveau les modes. La procession est donc totale et spontanée en chaque foyer de l'univers. Elle peut être continue ; il n'y a pas de vide entre les êtres, parce qu'entre eux la différence n'est pas de contenu, mais seulement de déploiement et d'accent.J Trouillard.

De l'Éternité du Monde

Il publie De l'Éternité du Monde ou Dix-huit arguments sur l'Éternité du Monde, contre les chrétiens. Ce texte nous est parvenu par l'intermédiaire de Jean Philopon et par celui de traductions en arabe. Jean Philopon lui répondra point à point, en 529, dans son ouvrage Sur l’Éternité du Monde contre Proclos.

Théurgie


Olympiodore le Jeune oppose chez les néoplatoniciens contemplatifs et théurgistes : "Beaucoup, comme Porphyre et Plotin, préfèrent la philosophie, d'autres, comme Jamblique, Syrianos et Proclos, préfèrent la théurgie ιερατική."
Toute sa vie il aura vécu de façon religieuse, pour ne pas dire magique. "Nuit et jour, il se livrait à des rites apotropaïques, à des ablutions et à d'autres pratiques de purification, soit orphiques, soit chaldaïques, ... il s'abstenait de la chair des êtres animés. ... Il jeûnait certains jours, à la suite d'une apparition divine . Il pensait être la réincarnation du néopythagoricien Nicomaque de Gerasa, mort en 1967. Parmi les vertus, il met au sommet les vertus théurgiques.
Chez Proclos, la philosophie se double d'une théurgie. Après avoir reçu la révélation de sa vocation de la déesse Athéna elle-même, il se proclama en tant que philosophe le hiérophante du monde entier. Toute l'œuvre de Proclos consiste à déployer le contenu de l'âme sous forme métaphysique et théologique, l'âme étant le milieu et le centre de tous les êtres. A. Sheppard propose de distinguer trois aspects dans la théurgie proclienne : pur rituel magie blanche, élévation de l'âme au degré de l'intellect et de l'intelligible, union de 'l'un de l'âme' au dieu suprême."

Science

Proclos se consacra aussi à l'astronomie. Dans son Hypotypose, il exposa les hypothèses du système de Ptolémée. Il composa un résumé d'astronomie : La Sphère où il expose la théorie des cinq zones climatiques. Il a laissé des petits traités sur Hipparque et Ptolémée dont nous n'avons gardé qu'une traduction latine.
Pierre Duhem le rapproche de Simplicios de Cilicie, pour qui l'astronomie n'a pas tant la prétention d'atteindre la réalité intime du monde supralunaire, hors de portée de l'entendement humain, que celle de "sauver les phénomènes" - i.e. de décrire ou représenter au mieux les apparences célestes.
Il a écrit un commentaire sur le premier livre d'Euclide.

Poésie

C'est par le codex 239 de la Bibliothèque de Photios que nous connaissons sa Chrestomathie, qui était un cours de littérature grecque dont Photius résume deux livres consacrés aux différents genres de la poésie grecque de l'Antiquité. L'attribution de cette œuvre est sujette à controverse, certains commentateurs estimant qu'il s'agit là d'un Proclos différent.
On doit à Proclos des poèmes de structure orphique.

Influence

L'influence de Proclos est énorme. Sa pensée agit sur ses successeurs immédiats à l'école d'Athènes : Ammonios, fils d'Hermias, Marinos de Néapolis, Isidore de Gaza, Damascios. Sa métaphysique inspire directement le Corpus Aréopagitique Pseudo-Denys l'Aréopagite qui influence toute la théologie négative chrétienne et s'étend, à travers la diffusion exceptionnelle du Livre des Causes faussement attribué à Aristote et restitué à Proclos par saint Thomas d'Aquin, à toute la tradition néo-platonicienne de l'islam cosmologie d'Avicenne, par exemple, à la scolastique chrétienne Alain de Lille, aux commentaires d'Albert le Grand et de Thomas d'Aquin, à Maître Eckart, et au néoplatonisme de la Renaissance Nicolas de Cues, Marsile Ficin, Pic de la Mirandole, Giordano Bruno. Sa traduction en latin par Guillaume de Moerbeke en 1273, 1280 a beaucoup fait pour sa diffusion.

Sources

Marinus, Proclus ou sur le bonheur 486, trad. du grec, Les Belles Lettres, 2001, 235 p.

Traductions françaises

De l'art hiératique in Catalogue des manuscrits alchimiques grecs CMAG, Bruxelles, 1924-1932, t. VI : Les manuscrits d'Athènes, 1928, p. 148-151, trad. par André-Jean Festugière, La révélation d'Hermès Trismégiste, Les Belles Lettres, t. 1., p. 134-136.
Commentaire sur 'La République' date ?. Tome 1, Livres 1-3 ; tr. André-Jean Festugière. Paris : J. Vrin-CNRS, 1970. Bibliothèque des textes philosophiques. 224 p. ISBN 2-7116-0632-5. Tome 2, Livres 4-9 ; tr. André-Jean Festugière. Paris : J. Vrin-CNRS, 1970. Bibliothèque des textes philosophiques. 196 p Tome 3, Livre 10 ; tr. André-Jean Festugière. Paris : J. Vrin-CNRS, 1970. Bibliothèque des textes philosophiques. 384 p.
Commentaire sur le 'Parménide' de Platon vers 470 ?. Ancienne trad. par Chaignet, Leroux, 1900, 3 t. Nouvelle trad. : Tome 1 deux parties ; éd. et tr. Alain Philippe Segonds, Carlos Steel et Concetta Luna. Paris, Les Belles Lettres, 2007. Collection des universités de France. dxlvi-547p.
Commentaire sur le 'Phédon'. Édi. et trad. an. L. Westerink : The Greek Commentaries on Plato's Phaedo, vol. II : Damascius, Amsterdam, 1977. "Probablement le résumé d'un commentaire perdu de Proclus, avec un grand nombre de notes ajoutées par Damascius", selon Westernink p. 18.
Commentaire sur le 'Premier Alcibiade' de Platon v. 440. Tome 1 ; éd. et tr. Alain Philippe Segonds. Paris : les Belles Lettres, 1985. Collection des Universités de France. cxlix-337p. Tome 2 ; éd. et tr. Alain Philippe Segonds. Paris : les Belles Lettres, 1985. Collection des Universités de France. vii-424p.
Commentaire sur le 'Timée' 439. Tome 1, Livre I ; tr. André-Jean Festugière. Paris : J. Vrin-CNRS, 1966. Bibliothèque des textes philosophiques. 264 p. ISBN 2-7116-0626-0. Tome 2, Livre II ; tr. André-Jean Festugière. Paris : J. Vrin-CNRS, 1967. Bibliothèque des textes philosophiques. 344 p.Tome 3, Livre III ; tr. André-Jean Festugière. Paris : J. Vrin-CNRS, 1967. Bibliothèque des textes philosophiques. 362 p. Tome 4, Livre IV ; André-Jean Festugière. Paris : J. Vrin-CNRS, 1968. Bibliothèque des textes philosophiques. 204 p. Tome 5, Livre V ; tr. André-Jean Festugière. Paris : J. Vrin-CNRS, 1969. Bibliothèque des textes philosophiques. 264 p. ISBN 2-7116-0630-9. Proclos, encore jeune, à la façon de Jamblique et Syrianos, tient le Timée pour une œuvre pythagoricienne I, 15.
Commentaire sur les 'Oracles chaldaïques' extraits dès 442, in Oracles chaldaïques, trad. É. des Places, Les Belles Lettres, 1996, p. 202-212.
Commentaires sur le premier livre des 'Éléments' d'Euclide, trad. P. Ver Eecke, Bruges, 1948, rééd. 1959. Influencé par Jamblique Collection des dogmes pythagoriciens, III : Sur la science commune des mathématiques. Proclos fait d'Euclide un platonicien qui veut construire les figures géométriques du Timée et suit les raisonnements mathématiques de la République de Platon.
Éléments de théologie assez tôt, tr. Jean Trouillard. Paris : Aubier-Montaigne, 1965. Bibliothèque philosophique. 192 p.
Hymnes et prières ; trad. Henri-Dominique Saffrey, 1994.
Théologie platonicienne vers 480 ?. Tome 1, Introduction. Livre I ; éd. et tr. Leendert Gerritt Westerink & Henri Dominique Saffrey. Paris : les Belles Lettres, 1968.(Collection des Universités de France Universités de France Tome 3, Livre III ; éd. et tr. Leendert Gerritt Westerink & Henri Dominique Saffrey. Paris : les Belles Lettres, 1978. Collection des Universités de France. cxix-261 p Tome 4, Livre IV ; éd. et tr. Leendert Gerritt Westerink & Henri Dominique Saffrey. Paris : les Belles Lettres, 1978. Collection des Universités de France. xcix-Tome 5, Livre V ; éd. et tr. Leendert Gerritt Westerink & Henri Dominique Saffrey. Paris : les Belles Lettres, 1987. Collection des Universités de France. ciii-376p. Tome 6, Livre VI. Index général ; éd. et tr. Leendert Gerritt Westerink & Henri Dominique Saffrey. Paris : les Belles Lettres, 1997. Collection des Universités de France. cxxxiii-224p
Trois études. Tome 1 : Dix questions concernant la Providence ; éd. et tr. Daniel Isaac. Paris : Les Belles Lettres, 1982. Collection des Universités de France Tome 2 : Providence, fatalité, liberté ; éd. et tr. Daniel Isaac. Paris : Les Belles Lettres, 1979. Collection des Universités de France. 230 Tome 3 : De l'existence du mal ; éd. et tr. Daniel Isaac. Paris : Les Belles Lettres, 1982. (Collection des Universités de France. 296 p.

Faux

Le Livre des causes Liber de causis arabe, antérieur à 987. La version latine de ce petit traité apparaît pour la première fois dans la liste des ouvrages traduits de l’arabe à Tolède par Gérard de Crémone 1114-1187, sous le nom de Liber Aristotelis de expositione bonitatis purae. Cette traduction et nombre d’autres ont été faites à partir de 1150 à la demande de Raimond de Bourgogne Raimondo de Borgoña archevêque de Tolède, notamment par Dominicus Gundisalvus Domingo González et Abraham Ben Levi Ibn David dit Ibn Daoud ou Jean de Séville ou Jean de Luna 1110-1180. Ce livre est commenté par Albert le Grand, Roger Bacon, Siger de Brabant, Gilles de Rome, le Pseudo Henri de Gand, puis saint Thomas d'Aquin (qui comprend qu'il s'agit d'une adaptation des Éléments de théologie de Proclos. Texte latin et trad. par P. Magnard, O. Boulnois, B. Pinchard, J.-L. Solère, in La demeure de l'être. Autour d'un anonyme, Vrin, 1990.

Études par ordre chronologique

Jean Philopon, De l'éternité du monde contre Proclos Contra Proclum. De aeternitate mundi, 529. Trad. an. M. Share, J. Wilberding : Philoponus, Against Proclus on the Eternity of the World, Londres, Duckworth and Cornell University Press, Ancient Commentators on Aristotle, 2005, 2006.
Festugière André-Jean, "Proclus et la religion traditionnelle", Mélanges d'archéologie et d'histoire offerts à André Piganiol, III, Paris, 1966, p. 1581-1590.
Festugière André-Jean, "Contemplation philosophique et art théurgique chez Proclus", Studi di storia religiosa della tarda antichità, Messine, 1968, p. 5-19.
Trouillard Jean, L'Un et l'âme selon Proclos, Paris, Les Belles lettres, Collection d'études anciennes, 1972, X-194 p.
Saffrey Henri-Dominique, "Allusions antichrétiennes chez Proclus, le diadoque platonicien", Revue des Sciences philosophiques et théologiques, 59 1975, p. 553-563.
Trouillard Jean, La Mystagogie de Proclos, Paris, Les Belles lettres, Collection d'études anciennes, 1982, 256 p.
Charles-Saget Annick, L'Architecture du divin. Mathématique et philosophie chez Plotin et Proclus, Paris, Les Belles lettres, Collection d'études anciennes, 1982.
Proclus et son influence, éd. G. Boss et G. Seel, Zurich, Éditions du Grand Midi, 1987.
Proclus lecteur et interprète des anciens, Actes du colloque international du CNRS, Paris, 2-4 octobre 1985, publiés par Jean Pépin et Henri Dominique Saffrey, Paris, Éditions du CNRS, 1987, 400 p.
Lernould Alain, "La dialectique comme science première chez Proclus", Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques, Paris, 71, 1987, p. 509-536.
Lernould Alain, "L'interprétation par Proclus du Timée de Platon : physique et dialectique", Philosophie, 26, Paris 1990, p. 19-40.
Proclus et la théologie platonicienne, Actes du colloque international de Louvain 13-16 mai 1998 en l'honneur de H. D. Saffrey et L. G. Westerink, éd. par Alain Philippe Segonds et C. Steel, Louvain : Leuven university press, Ancient and medieval philosophy, 2000, 26, XLI-695 p.
Lernould Alain, « La divisio textus du Timée dans l'In Timaeum de Proclus Sur la physique pythagoricienne du Timée selon Proclus in Le Timée de Platon. Contributions à l'histoire de sa réception / Platos Timaios. Beiträge zu seiner Rezeptionsgeschichte, éd. A. Neschke-Hentschke, Louvain-Paris, 2000, p. 63-93.
Lernould Alain, Physique et théologie. Lecture du Timée de Platon par Proclus, Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2001, 405 p.


Cliquez pour afficher l



Cliquez pour afficher l



Cliquez pour afficher l



Cliquez pour afficher l



Cliquez pour afficher l



Cliquez pour afficher l



Cliquez pour afficher l



Cliquez pour afficher l



Cliquez pour afficher l




Posté le : 07/02/2015 14:51
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer



 Haut   Précédent   Suivant




[Recherche avancée]


Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
44 Personne(s) en ligne (26 Personne(s) connectée(s) sur Les Forums)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 44

Plus ...