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Pierre Emmanuel
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Le 3 mai 1916 naît Pierre Emmanuel

à Gan dans les Pyrénées-Atlantiques. Noël Mathieu plus connu sous le pseudonyme Pierre Emmanuel, mort le 24 septembre 1984 à Paris, poète français. Souvent perçu, par extrapolation, comme un poète d'inspiration chrétienne.
Il donne les plus hautes exigences spirituelles et le sens même de l'être pour horizons à sa méditation, à sa poésie, à ses essais. De formation scientifique, il enseigne, J.-C. Renard sera son élève, lit les mystiques, la Bible, les grands poètes dont Hölderlin, et sonde l'unité du monde le Goût de l'Un, 1963, qui a pour lui partie liée à l'incarnation du Christ. Dehors du monde et intériorité ne se séparent pas. Deux titres se répondent : Le monde est intérieur 1967 et la Vie terrestre 1976. La lecture de Jouve l'ouvre à l'érotisme et à un questionnement encore plus aigu. Tombeau d'Orphée 1942 est la liturgie d'un irréalisable amour. Dans le Poète et son christ 1942, il s'explique sur le tourment de Dieu, et dans Sodome 1944, sur le pêché de nostalgie. Chansons du dé à coudre 1947 donnent des vers plus brefs mais traversés des mêmes accents inquiets. Tu 1978 dit la seconde personne, et l'Autre 1980, cette présence de Dieu. Qui est cet homme ? 1947, 1970 retrace le parcours d'un poète pour qui la différence des sexes, les conflits entre désir et réalité sont des voies d'approche fécondes.


En Bref

Aucun poète français, depuis les grands romantiques, n'aura été aussi « engagé » dans son époque. « Écho sonore » de tous les conflits dont elle retentit et qui ont culminé en l'an 40. L'acte de naissance poétique de Pierre Emmanuel est à ce millésime.
Mais, à la différence de ses illustres devanciers, Pierre Emmanuel, si véhémentement qu'il le dénonce, ne s'en tient pas à l’évènement pour lui-même. Son lyrisme le prend au tragique – aussi bien a-t-on pu évoquer Agrippa d'Aubigné plus que Les Châtiments – comme signe accidentel d'une tragédie éternelle qui le dépasse. Il s'y appuie pour le pousser à la hauteur d'un symbole. Il l'insère – et pas seulement la guerre – dans une vision à la fois personnelle et universelle de l'histoire, de l'aventure humaine, dont le sens est chrétien.
Au commencement était le verbe. Il faut l'entendre d'abord de l'opération poétique, avant que l'identification mystique – le Verbe divin – fournisse à celle-ci un répondant et en fasse une épiphanie.
Ainsi résumerait-on un itinéraire de quarante années, jalonné par une trentaine d'ouvrages. Itinéraire spirituel et poétique, c'est tout un, gouverné par Le Goût de l'Un comme s'intitule l'essai 1963 qui le récapitule et en annonce les plus récents prolongement
Né à Gan, près de Pau, le 3 mai 1916, de mère béarnaise, fille d'un maître-maçon, et de père dauphinois, tôt émigrés aux États-Unis, Pierre Emmanuel a eu une enfance pratiquement orpheline chez les frères à Lyon. Voué au métier d'ingénieur, il songea cependant à devenir philosophe. Il eut révélation de la poésie par La Jeune Parque, grâce à son professeur de mathématiques en hypotaupe. Alors qu'il enseignait dans une institution libre de Pontoise et s'essayait à des poèmes imités de Paul Eluard, la rencontre et l'influence de Pierre-Jean Jouve furent décisives.
Son premier recueil, Élégies, édité par Les Cahiers des poètes, à Bruxelles, parut, si l'on peut dire, le 9 mai 1940.
Hormis les initiés des revues, on découvrit Pierre Emmanuel avec un volume à l'enseigne de Poésie 41, intitulé Tombeau d'Orphée, qui fit sensation. Quand même on pouvait être déconcerté par la forme abrupte, par le lyrisme torrentiel, les images violentes avec érection de majuscules – Sang, Sexe, Mort – et par ce que le thème recelait d'ésotérisme sous le tumulte éloquent, on ne doutait pas qu'un poète avait surgi, promis à la grandeur.

Sa vie

Noël Mathieu est le fils d'Emile Mathieu, originaire de la région de Corps en Isère et de Maria Juge Boulogne, originaire de Gan dans les Pyrénées-Atlantiques.
Tandis que ses parents émigraient aux États-Unis, il fut élevé par un oncle paternel. Après des études de lettres à l'université de Lyon, il entama une carrière d'enseignant. Venu à la poésie par la lecture de La Jeune Parque de Valéry, il se familiarisa avec les romantiques allemands Hölderlin et les auteurs anglais Hopkins, Hardy. C'est Pierre Jean Jouve, qu'il rencontra en 1937, qui devait le guider dans ses débuts poétiques : Élégies 1940, Le Tombeau d'Orphée 1941.
Réfugié dans la Drôme pendant l'Occupation, il poursuivit ses activités d'enseignant et participa à la Résistance, et écrivit : Jour de Colère, Combats avec tes Défenseurs, La Liberté guide nos pas.
En marge de ses activités de poète, Pierre Emmanuel exerça également le métier de journaliste en collaborant, comme chrétien de gauche, à Témoignage Chrétien, Réforme, Esprit. Divers textes et préfaces témoigneront aussi de ses sentiments gaulliens.
Chef des services anglais puis américains de Radiodiffusion-télévision française de 1945 à 1959, il donna plusieurs conférences aux États-Unis et au Canada, et fut visiting professor de différentes universités américaines. Engagé à plus d'un titre dans la vie culturelle de son temps, il fut encore président de l'Association internationale pour la liberté de la culture, président du PEN club français de 1973 à 1976, président de la commission des affaires culturelles pour le VIe Plan, président de l'Institut national de l'audiovisuel de 1975 à 1979 et administrateur du Festival d'automne.
Il proposa notamment la création d'un Conseil de développement culturel auquel participeront François-Régis Bastide, Jack Lang, François Billetdoux, Claude Santelli, Alfred Grosser ou encore Iannis Xenakis. Bien que peu actif ce conseil a probablement inspiré la politique d'intervention culturelle que pratiquera le futur ministre Jack Lang.

L'Å“uvre : deux images matricielles

Dans Notes sur la création poétique, Pierre Emmanuel appelle matricielles les images d'où procèdent toutes les autres. Dans sa poésie, il y en a deux qui se sont imposées à lui simultanément, à sa vingt-deuxième année. Il s'agit et d'une image du Christ, et d'une image d'Orphée. On parlerait aussi bien de mythologie personnelle, sous réserve de l'évolution religieuse du poète en ce qui concerne le Christ.
Christ au tombeau : l'image est fixée dès le « premier poème réel. Ce Christ d'entre le vendredi saint et Pâques est, mythiquement, entre la mort et la vie. C'est le Verbe qui le ressuscite, mais non pas en gloire : en douleur. Il reste « l'homme de douleur », symbole de l'angoisse humaine. L'image ne devait coïncider que trop bien avec l'événement, l'atrocité nazie, qu'elle semblait avoir pressentie. Aussi dominera-t-elle tous les poèmes de résistance écrits à Dieulefit Drôme. Jour de colère, Combats avec tes défenseurs, La liberté guide nos pas : c'est toujours la clameur horrifiée, indignée devant la Face humaine – en surimpression la Face de Dieu – qu'abîment les crimes, les dénis de justice, les tyrannies ; le Christ est omniprésent, exemplairement victime innocente et témoin implacable.
Orphée aux enfers : seconde image, elle aussi fixée tout de suite. Ici l'appropriation est plus intime : Orphée est le double du poète Pierre Emmanuel descendu aux enfers d'une passion malheureuse – et d'une connaissance ténébreuse –, pour y retrouver, grâce au verbe, son Eurydice. Il l'étreint ou croit l'étreindre ; mais il l'abandonne aux bras du Christ... qu'il n'aurait pas rencontré s'il n'avait eu la nostalgie de son absence.
Sans égard pour la chronologie, entre tous les gages de merveilleuse fécondité qu'aura donnés le poète, il convient de rattacher au mythe féminin, qu'impliquait déjà le thème d'Orphée, la superbe trilogie : Una ou la mort la vie 1978, Duel 1979, L'Autre 1980, composant Le Livre de l'homme et de la femme, histoire d'amour dans laquelle l'auteur reconstitue en soi-même le couple originel, d'avant le Paradis perdu.
Une synthèse, l'épopée de Babel : articulée sur les deux « images matricielles, Sodome 1944 remonte à l'Ancien Testament pour expliciter, dans un symbole collectif, le tourment personnel du poète, son sentiment de culpabilité et son aspiration à l'unité. Cette fois, c'est Abraham qui lui sert de truchement en prenant à son compte le mythe d'Adam, dédoublé en Ève par le Créateur et consommant sa dualité par la faute originelle. Mais Ève suscite le Verbe, donc la résurrection.
Plus ambitieux encore est le vaste, surabondant poème de Babel 1951 que le poète considère comme son livre : Je me crus de taille à bâtir une épopée spirituelle de l'histoire humaine, non point dans sa nouveauté, mais dans sa sempiternelle répétition. Non pas paraphrase, mais transposition mythique, Babel résume toutes les civilisations tôt ou tard insurgées contre leur principe et leur fin. C'est un étagement métaphysique et religieux des thèmes les plus actuels, de la mort de Dieu à l'avènement du surhumain inhumain.

L'officiant du Verbe

Le poème liminaire du premier recueil de Pierre Emmanuel, Élégies, s'intitule Naissance du verbe. Le passage de la minuscule parole humaine à la majuscule (référence divine) trace la Ligne de faîte, Choix de textes par lui-même, 1966 de l'auteur. Il a fait plusieurs fois le point de sa démarche dans des autobiographies spirituelles : à la trentaine, Qui est cet homme ? ou le Singulier universel 1948 ; vers la quarantaine, L'Ouvrier de la onzième heure 1954 ; à la cinquantaine, Le Goût de l'Un 1963 et La Face humaine 1965 qui exprime, en somme, un point d'arrivée : acte de foi positivement chrétienne.
Cette prose est à la même hauteur de langage que la poésie dont elle élucide les thèmes et les modes d'investigation. Le moins élégiaque des poètes se veut un officiant du Verbe : « Le langage n'est pas un instrument, c'est l'être même de l'homme... » Ce faisant, sa poésie est à la fois révolutionnaire et réactionnaire sur le plan de l'art. Révolutionnaire par le crédit créateur accordé aux mots, au pouvoir des métaphores inédites qui changent les apparences, renouvellent les rapports de l'homme avec les choses. Réactionnaire, par le refus du jeu, de la gratuité, par le besoin de signification intelligible, par l'opposition au détournement, à l'appauvrissement ou à l'avilissement du sens des mots.
Poésie oratoire, qui sait néanmoins se contenir dans les « cantos » de Chansons du dé à coudre, dans Visage nuage 1955, Versant de l'âge 1958 et, à l'extrême du dépouillement, dans Évangéliaire 1961. Poésie dont les défauts n'ont jamais été que des excès. Poésie qui préfère le rythme à l'incantation, la force au charme, qui en appelle plus à l'émotion intellectuelle qu'à la jouissance sensible et impose sa propre exigence : celle de l'attention au « langage vrai ». Luc Estang

Académie française

Pierre Emmanuel fut élu à l'Académie française, le 25 avril 1968, au fauteuil 4, succédant au maréchal Juin. Sa réception officielle eut lieu le 5 juin 1969. Après l'élection de Félicien Marceau, dont il dénonçait l'attitude collaborationniste, il se déclara démissionnaire de l'Académie en 1975 et cessa de siéger. Toutefois, ses confrères ne prirent pas acte de cette décision et attendirent sa disparition pour procéder à son remplacement, intervenu le 18 avril 1985 avec l'élection du professeur Jean Hamburger. Sa seconde épouse, née Janine Loo, est décédée le 23 avril 2013 à 92 ans. Elle est inhumée, avec Pierre Emmanuel, au cimetière du Père-Lachaise 57e division.

Liste des œuvres Œuvres en français

Elégies 1940
Tombeau d'Orphée, Éd. Poésie 41, Pierre Seghers, 1941
Jour de colère 1942
Combats avec tes défenseurs, Éd. Poésie 42, Pierre Seghers, 1942
Sodome 1944
Vercors 1944
Cantos 1944
La liberté guide nos pas 1945
Le Poète fou
Mémento des vivants
Poésie, raison ardente 1947
Le Poète et son Christ
Qui est cet homme 1947
Car enfin je vous aime
Babel 1951
L'ouvrier de la onzième heure 1953
La Colombe
Visage Nuage
Versant de l'Âge
Evangéliaire
Le Goût de l'un
La Nouvelle Naissance
La Face Humaine
Le monde est intérieur 1967
Jacob 1970
Sophia 1973
La Vie Terrestre
Tu 1978
Le Livre de l'Homme et de la Femme, trilogie : Una ou la Mort la Vie, Duel, L'Autre
L'Arbre et le Vent
Les Dents serrées
Le Grand Å“uvre, Cosmogonie 1984
Œuvres poétiques complètes, Lausanne, L'Âge d'homme, 2001, t. I, 1940-1963.
Œuvres poétiques complètes, Lausanne, L'Âge d'homme, 2003, t. II, 1970-1984.
Tombeau d'Orphée suivi de Hymnes orphiques, édition établie et préfacée par Anne-Sophie Andreu, Lausanne, L'Âge d'homme, coll. Amers, 2001.
Lettres à Albert Béguin : correspondance 1941-1952 (édition établie et annotée par Aude Préta-de Beaufort). Lausanne, Paris : L'Âge d'homme, coll. Cahiers Pierre Emmanuel no 2, 2005.

Å’uvres en anglais

The Universal Singular: The Autobiography of Pierre Emmanuel traduit par Erik de Mauny, Grey Walls Press, London, 1950.

Bibliographie sélective

Alain Bosquet, Pierre Emmanuel, Paris, Seghers, coll. Poètes d'aujourd'hui, 1959.
Pettigrew, Damian et Christian Berthault. Les dernières interrogations de Pierre Emmanuel, Le Monde, 7 octobre 1984.
Olivier Clément, Le Grand œuvre de Pierre Emmanuel. Un point de convergence, in Les visionnaires, Paris, Desclée de Brouwer, 1986, p. 129-151.
Évelyne Frank, La naissance du oui dans l'œuvre de Pierre Emmanuel, Paris, PUF, 1998.
Anne-Sophie Andreu, Pierre Emmanuel, Paris, Les Éditions du Cerf, 2003.
Irène Grünberg-Bourlas, Pierre Emmanuel ou la Matière Spirituelle, Paris, Publibook, 2004.
Anne Simonnet, Pierre Emmanuel, poète du Samedi saint, Parole et Silence, 2010.
Nunc no 24, Dossier Pierre Emmanuel, Éditions de Corlevour, 2012.

Discographie

Le jour Louange des heures , poèmes de Pierre Emmanuel mis en musique par Louis Thiry pour le chœur des moniales de l'Abbaye Sainte-Marie de Maumont aux Éditions Abbaye de Maumont.

Décorations

Officier de la Légion d'honneur
Grand officier de l'ordre national du Mérite
Commandeur des Arts et des Lettres

Honneurs posthumes

Il existe depuis 1985 une place Pierre-Emmanuel à Paris quartier des Halles, 1er arrondissement.




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Posté le : 01/05/2015 18:48
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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