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Herbert Von Karajan
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Le 5 avril 1908 naît Herbert von Karajan

Heribert, Ritter von Karajan, à Salzbourg, chef d'orchestre autrichien, mort à 81 ans, à Anif, près de Salzbourg, le 16 juillet 1989.Formé au Mozarteum Salzbourg, il exerça son activité à Berlin, Vienne, Salzbourg de 1929 à 1989, il Collabora avec l'Orchestre philharmonique de Berlin, Orchestre philharmonique de Vienne, Opéra d'État de Vienne, Orchestre Philharmonia, Orchestre de Paris, Festival de Salzbourg, Festival de Pâques de Salzbourg, Festival de Bayreuth. Spécialiste du répertoire austro-germanique et d'Europe centrale de Bach à Bartók ainsi que de l'opéra italien, il a laissé près de six cents enregistrements chez Deutsche Grammophon, EMI et Decca, ce qui en fait le chef le plus enregistré du XXe siècle.

En bref

Homme de légende, Herbert von Karajan est certainement l'interprète qui laissera l'empreinte la plus profonde sur la seconde moitié du XXe siècle, tant il a su faire évoluer son art et l'adapter aux moyens de communication de son temps ; homme de conflit, il a construit sa carrière autour de deux phalanges prestigieuses, l'Orchestre philharmonique de Berlin (dont il était le chef permanent à vie et l'Orchestre philharmonique de Vienne, alternant brouilles et réconciliations avec les responsables de ces formations ou les institutions dans le cadre desquelles elles évoluaient pour l'essentiel de leurs activités, Opéra de Vienne, festival de Salzbourg ; le dernier acte commence au printemps de l'année 1989, lorsqu'il décide de quitter les musiciens berlinois. Quelques mois plus tard, le 16 juillet, pendant les répétitions d'Un bal masqué à Salzbourg, une crise cardiaque le terrasse ; il succombe dans sa résidence d'Anif, près de Salzbourg.
Heribert il supprimera ultérieurement le i von Karajan est le fils d'un chirurgien autrichien dont le bisaïeul, qui s'appelait alors Karajannis, émigra en 1792 de Macédoine Grèce à Chemnitz, où il fut anobli par le prince électeur de Saxe. Il voit le jour à Salzbourg le 5 avril 1908 et commence à étudier le piano en 1912 avec Franz Ledwinka. Apres un passage par le Mozarteum de Salzbourg 1916-1926, Bernhard Paumgartner, directeur du célèbre établissement, l'oriente vers l'Académie de musique de Vienne, où il travaille avec Franz Schalk et Alexandre Wunderer 1926-1929. Il suit également des cours de technologie à l'université. En janvier 1929, il donne son premier concert public, à ses frais. L'intendant du théâtre d'Ulm y assiste et l'engage immédiatement comme chef de chant. Deux mois plus tard, il fait ses débuts lyriques à Ulm dans Les Noces de Figaro et accède rapidement à un poste de chef d'orchestre permanent. L'été, il est assistant au cours de direction d'orchestre du festival de Salzbourg. En 1934, il est engagé comme chef d'orchestre à Aix-la-Chapelle et, un an plus tard, il y est le plus jeune directeur général de la musique de toute l'Allemagne 1935-1941.
En 1937, il fait ses débuts à 1'Opéra de Vienne en dirigeant Tristan et Isolde. L'année suivante, il effectue ses premiers enregistrements pour la Deutsche Grammophon Gesellschaft. Il dirige pour la première fois l'Orchestre philharmonique de Berlin et débute, avec Fidelio, à la Deutsche Staatsoper, où il est nommé à la tête des concerts symphoniques puis chef permanent à l'Opéra (1939-1945). En 1940, il signe à Aix-la-Chapelle sa première mise en scène Iyrique, Les Maîtres chanteurs de Nuremberg, qu'il dirige également.
Pendant l'occupation allemande, il se produit fréquemment à Paris. En 1941, il divorce de la cantatrice Elmy Holgerloef, qu'il avait épousée en 1938, et se marie un an plus tard avec Anita Gütermann. En 1946, il effectue ses débuts à la tête de l'Orchestre philharmonique de Vienne, mais est aussitôt interdit de direction pendant près de deux ans par les puissances occupantes en raison de son appartenance au Parti national-socialiste, auquel il avait adhéré en 1933. C'est l'époque à laquelle il rencontre Walter Legge, directeur artistique des disques Columbia, qui vient de fonder à Londres le Philharmonia Orchestra ; dès 1947, Karajan réalise avec cet orchestre, dont il sera chef permanent entre 1950 et 1959, une série d'enregistrements qui comptent parmi les plus remarquables de sa discographie. En 1948, il effectue ses débuts au festival de Salzbourg et à la Scala de Milan Les Noces de Figaro et commence à diriger en Amérique latine. Entre la fin de l'année 1947 et 1950, il est invité régulièrement par l'Orchestre philharmonique de Vienne, mais cette collaboration cesse à la suite d'un différend avec Wilhelm Furtwängler, qui était alors à la tête des concerts des Wiener Philharmoniker. L'année 1950 voit sa nomination comme directeur artistique du festival de Lucerne et comme directeur à vie des Wiener Singverein Société des amis de la musique de Vienne, où il succède à Furtwängler. Au cours de la saison 1950-1951, il signe ses propres mises en scène (tout en dirigeant de Tannhäuser et de Don Giovanni à la Scala de Milan ; jusqu'en 1957, il y montera également Fidelio, Le Chevalier à la rose, I Trionfi Carl Orff, Lucia di Lammermoor, Les Noces de Figaro, Carmen, Salomé, La Flûte enchantée et Falstaff. Pour la réouverture du festival de Bayreuth, en 1951, il dirige Les Maîtres chanteurs de Nuremberg et la Tétralogie. L'année suivante, en désaccord avec Wieland Wagner, il quitte le festival après y avoir dirigé Tristan et Isolde.
En 1954, à la mort de Furtwängler, qu'il a remplacé au pied levé, il est nommé chef à vie de l'Orchestre philharmonique de Berlin. Dès 1955, il effectue avec son nouvel orchestre une tournée houleuse aux États-Unis. L'année suivante, il est nommé directeur artistique du festival de Salzbourg 1956-1960. Il succède à Karl Böhm au même poste à la tête de l'Opéra de Vienne 1957-1965, où il instaure une étroite collaboration avec la Scala de Milan et continue à réaliser ses propres productions.
En 1958, il divorce d'Anita Gütermann et épouse un mannequin français, Éliette Mouret.
À l'Opéra de Vienne, où il a remplacé le système traditionnel du répertoire par celui de la stagione, sa direction autoritaire provoque des incidents de plus en plus fréquents ; le budget s'élève à des sommes astronomiques et il rompt finalement toutes ses attaches avec la capitale autrichienne en 1964 pour rejoindre le directoire du festival de Salzbourg 1965-1988. Il se consacre alors exclusivement à l'Orchestre philharmonique de Berlin, qu'il emmène en tournée dans le monde entier et avec lequel il entreprend une impressionnante série d'enregistrements pour la Deutsche Grammophon : en 1959, il a renoué avec cette firme, pour laquelle il enregistre en exclusivité depuis 1964 il enregistrera à nouveau pour E.M.I. à partir du milieu des années 1970. On peut considérer que commence à cette époque la phase essentielle de sa carrière sur le plan médiatique. Il travaille à des projets de films musicaux, notamment avec Henri Georges Clouzot et François Reichenbach, et fonde sa propre firme cinématographique, la Cosmotel, pour laquelle il enregistre une série de huit opéras pour le grand écran, inaugurée par La Bohème, mise en scène par Franco Zeffirelli. En 1968, il crée la fondation Karajan, qui organise un concours international consacré à la direction d'orchestre et aux orchestres de jeunes, une académie d'orchestre avec les chefs de pupitres de l'Orchestre philharmonique de Berlin et un institut de recherche sur la psychologie musicale à Salzbourg.
Entre-temps, il a trouvé un nouveau terrain qui lui permet de poursuivre l'action qu'il avait entreprise à l'Opéra de Vienne : à Pâques de 1967, il inaugure un nouveau festival dans sa ville natale, où il met en scène et dirige lui-même chaque année un ouvrage lyrique qui est enregistré auparavant ; il débute avec la Tétralogie. Ce festival sera prolongé, à partir de 1973, par une série de concerts symphoniques à la Pentecôte. Entre 1969 et 1971, il succède à Charles Münch à la tête de l'Orchestre de Paris, avec le titre de conseiller artistique ; mais l'aventure tourne court, Karajan ne parvenant pas à obtenir les conditions de travail qu'il souhaite et les autorités françaises lui reprochant le peu de temps qu'il peut consacrer à un orchestre aussi jeune.
En 1977, il renoue avec 1'Opéra de Vienne, où sont reprises ses productions salzbourgeoises.
Passionné par la vidéo, il enregistre, entre 1970 et 1982, une vingtaine d'opéras pour la firme munichoise Unitel avant de fonder sa propre société, Telemondial, à Monte-Carlo, en 1983.
Mais il doit lutter contre une polyarthrite qui l'empêche progressivement de marcher ; malgré deux opérations 1975 et 1983, il doit se résoudre à diriger assis à partir de 1985. À Berlin, il entre en conflit avec les musiciens à propos de la nomination de la clarinettiste Sabine Meyer, qu'il avait engagée en 1982 et qui démissionne deux ans plus tard. Karajan menaçant de réduire ses activités aux douze concerts annuels prévus dans son contrat, les choses s'arrangent, provisoirement seulement puisque, en avril 1989, il annonce qu'il cesse ses fonctions à la tête de l'Orchestre philharmonique de Berlin. Un an auparavant, il avait choisi de se retirer du directoire du festival de Salzbourg, où il devait pourtant diriger les représentations d'Un bal masqué de Verdi. L'histoire s'est arrêtée en plein vol, quelques jours avant la première.

Sa vie

Heribert, Ritter von Karajan chevalier de Karajan est né dans une famille autrichienne de Salzbourg dont un ancêtre côté paternel était originaire de Macédoine. Son arrière-arrière-grand-père, l'Aroumain Geòrgios Johannes Karajànnis, originaire de Kozani, dans l'actuelle Grèce, partit pour Vienne en 1767 puis pour Chemnitz en Saxe. Lui et son fils furent anoblis par l'Électeur de Saxe, Frédéric-Auguste III, le 1er juin 1792 en reconnaissance de leur contribution au développement de l'industrie textile saxonne ; Karajànnis devint Karajan, auquel fut ajoutée la particule « von ». Il est le second fils d'Ernst, chirurgien et directeur du principal hôpital de Salzbourg, et Martha Cosmac, issue d'une famille de notables de la région de Graz
Son père qui est clarinettiste au Mozarteum de Salzbourg, initie tôt ses enfants à la musique. Son frère aîné Wolfgang se révèle peu doué pour le piano mais Herbert, caché sous l'instrument, profite des leçons laborieuses de Wolfgang, avant même de recevoir des leçons et de devenir un interprète doué. De 1916 à 1926, il étudie au Mozarteum de Salzbourg. Le directeur du conservatoire local, le pédagogue Bernhard Paumgartner, le prend sous son aile et devient son mentor, lui conseillant de se concentrer sur la composition et la direction d'orchestre, cette conversion étant favorisée par une tendinite chronique qui affecte les doigts d'Herbert.

Il poursuit ses études musicales à l'Académie de musique de Vienne auprès du professeur Franz Schalk.

Herbert von Karajan fait ses débuts officiels de chef d'orchestre en 1929 en dirigeant Salomé de Richard Strauss à Salzbourg et devient, jusqu'en 1934, premier maître de chapelle de l'Opéra d'État d'Ulm. En 1933, il fait ses débuts au Festival de Salzbourg en dirigeant La Nuit de Walpurgis de Mendelssohn dans une production du Faust de Goethe par le metteur en scène Max Reinhardt. La même année, il présente à Salzbourg une première demande d'adhésion au Parti Nazi, qui n'aboutit pas à cause des restrictions décidées au sein du parti nazi après l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler ; mais il y adhère finalement deux ans plus tard, en mars 1935, dans le but d'obtenir le poste ardemment convoité de chef de l'orchestre symphonique du Théâtre d'Aix-la-Chapelle. Cette année-là, il est le plus jeune directeur musical Generalmusikdirektor allemand et il est invité à diriger à Stockholm, Bruxelles et Amsterdam. En 1937, il fait ses débuts à la tête de l'Orchestre philharmonique de Berlin et de l'Opéra national dans Fidelio.
En 1938, il obtient son premier grand succès à Berlin en dirigeant Tristan et Isolde ; un critique berlinois titre ainsi son article : Das Wunder Karajan, Le miracle Karajan. Il devient alors un pion utilisé contre Wilhelm Furtwängler dans la guerre culturelle interne qui oppose Joseph Goebbels à Hermann Göring pour le contrôle du monde musical allemand, Goebbels soutenant l'Orchestre philharmonique de Berlin et Goering l'Opéra national. Le 26 juillet 1938, il épouse la chanteuse d'opérette, Elmy Holgerloef. Ils divorcent en 1942, Herbert se remariant le 22 octobre de la même année avec la jeune héritière d'une grande dynastie d'industriels allemands, Anna Maria Gutermann appelée Anita.
En 1939, Karajan s'attire l'inimitié de Hitler lors d'un concert de gala donné en l'honneur des monarques yougoslaves où, en raison de l'erreur du baryton Rudolf Bockelmann, il perd le fil des Maîtres Chanteurs du compositeur Richard Wagner — qu'il dirigeait sans partition, comme à son habitude —, les chanteurs cessent alors de chanter et, dans la plus grande confusion, le rideau tombe ; furieux, Hitler donne cet ordre à Winifred Wagner : Moi vivant, Herr von Karajan ne dirigera jamais à Bayreuth. Karajan demeure cependant à la tête de l'orchestre de la Staatskapelle de Berlin à l'Opéra national.
Après la guerre, en 1947, il est dénazifié par les Alliés et pris sous contrat par Walter Legge, pour devenir l'année suivante chef d'orchestre permanent du Philharmonia Orchestra à Londres. À la réouverture du Festival de Bayreuth en 1951, ainsi que l'année suivante, il est invité à diriger l'orchestre du festival, notamment dans un Tristan et Isolde devenu légendaire. Le chef d'orchestre Wilhelm Furtwängler meurt fin 1954. Karajan est nommé en 1955 chef à vie de l'Orchestre philharmonique de Berlin, ce qui lui permet de réaliser son rêve de toujours : devenir le successeur de l'illustre chef allemand.
Sa nomination signe le départ de Sergiu Celibidache, le chef associé du Philharmonique de Berlin. Karajan vouait une inimitié à Celibidache et raya son nom de la liste des chefs titulaires du Philharmonique. Ce dernier ne redirigera le Philharmonique qu'une seule fois, en 1992, après la mort de Karajan et son nom ne fut rétabli parmi la liste des chefs titulaires que tardivement par Simon Rattle, lors de sa prise de fonction à la tête du Philharmonique de Berlin en 1999.
Il est alors à la tête de l'orchestre qui est considéré, à l'époque, et depuis longtemps déjà, comme le plus prestigieux du monde et Karajan peut se considérer comme l'héritier de la plus grande tradition allemande de direction orchestrale Richard Wagner, Hans von Bülow, Arthur Nikisch8 et Wilhelm Furtwängler. La qualité de l'orchestre est telle que Karajan confia une fois à ses nouveaux musiciens qu’il avait l'impression de s'appuyer contre un mur épais lorsqu’il les dirigeait.
En 1955, après un premier concert à New York, il fait avec l'orchestre une grande tournée aux États-Unis, qu'il renouvelle l'année suivante. C'est dans ces années que se met en place le système Karajan très élaboré, qui consiste à faire travailler l'orchestre en studio avant d'enregistrer les opéras sur disque, de sorte qu'au moment des représentations sur scène, l'orchestre est parfaitement rodé.

Herbert von Karajan en 1940.

En 1956, Karajan prend la direction artistique du Festival de Salzbourg, qu'il ne quittera pas jusqu'en 1988. En 1957, il succède à Karl Böhm en tant que directeur artistique de l’Opéra d’État de Vienne, poste qu'il quitte en 1964 sur une brouille. En 1967 il crée le Festival de Pâques de Salzbourg, tout en restant à la tête du Festival de Salzbourg. C'est alors qu'il enregistre au disque, jusqu'en 1971, un Ring qui fait date par son parti-pris de transparence sonore et de légèreté orchestrale.
De 1969 à 1971, il est le directeur artistique de l'Orchestre de Paris. En 1977, il retrouve l'Orchestre philharmonique de Vienne pour la première fois depuis 1964 ; il n'y sera plus jamais directeur, mais chef invité. À l'orée des années 80, Karajan joue un rôle capital dans le développement de l'enregistrement numérique et apparaît dans la première conférence de presse annonçant la création du disque compact. En 1982, il entre en conflit avec son orchestre en tentant d'imposer Sabine Meyer au poste de clarinette solo, dans une formation alors quasi exclusivement masculine10. C'est le début d'une période tendue avec ses musiciens de Berlin qui le verra de plus en plus souvent diriger à Vienne. En 1987, il dirige le Concert du nouvel an au Musikverein de Vienne avec la soprano Kathleen Battle.
Il donne son dernier concert parisien en 1988 au Théâtre des Champs-Élysées, avec, au programme, La Nuit transfigurée de Schönberg et la première symphonie de Brahms. Usé par une maladie du dos et la douleur qui le contraignent à porter un corset rigide, il démissionne en 1989 de l'Orchestre philharmonique de Berlin, et réalise le 24 avril, chez Deutsche Grammophon et avec l'Orchestre philharmonique de Vienne, son dernier enregistrement, celui de la septième symphonie de Bruckner. Il meurt au mois de juillet suivant d'une crise cardiaque dans sa maison d'Anif.

L'homme médiatique

Les traits essentiels du caractère de Karajan transparaissent dans sa biographie : une volonté incontournable, une autorité intraitable, une recherche constante de la perfection. Chaque étape de sa carrière lui permet de se placer pour les décennies futures : à Ulm, il songe déjà à Salzbourg ; à Aix-la-Chapelle, il trouve un tremplin pour Berlin et, pendant qu'il est interdit de direction publique à Vienne, il y enregistre quelques-uns de ses meilleurs disques. Patiemment, il attend la succession de Furtwängler, car il sait qu'elle lui est dévolue. Son passage à la Scala prépare son arrivée à l'Opéra de Vienne ; plus tard, il fera des Berliner Philharmoniker les principaux acteurs du festival de Pâques à Salzbourg, pour régler ses comptes avec les Viennois.
La personnalité de Karajan agaçait ou fascinait, mais elle ne laissait jamais indifférent. Aux antipodes du cliché traditionnel de l'artiste, il apparaissait davantage sous les traits d'un homme d'affaires qui avait soigneusement construit son empire au fil des années : en 1984, les musiciens berlinois ont cédé devant lui car ils savaient quelle masse de royalties ils perdraient si Karajan cessait d'enregistrer avec eux. Le jet privé, le yacht, les voitures de sport, Saint-Tropez font partie du personnage. Il possédait un sens inné de la communication et a été le premier interprète classique à comprendre que la musique devait sortir de son sanctuaire pour s'engager dans les différents domaines médiatiques.

Le chef charismatique

Mais Karajan est aussi l'une des figures marquantes de la direction d'orchestre. Il possédait un charisme qui envoûtait les musiciens et lui permettait de mener avec eux cette recherche constante de la perfection. Contrairement à ce que laisse entendre une certaine légende, il n'a pas bâti l'Orchestre philharmonique de Berlin : Furtwängler lui avait laissé un outil de très haut niveau. Il en a fait un orchestre moderne, probablement plus subtil dans le domaine du raffinement sonore et capable de s'adapter à tous les répertoires. Mais, surtout, il est parvenu à créer entre ses musiciens et lui une complicité proche de l'osmose et qui se traduit par une exceptionnelle homogénéité.
Karajan aimait à découvrir de jeunes solistes dont il aidait les débuts en les accompagnant Christoph Eschenbach, Gundula Janowitz, Hildegard Behrens, Agnes Baltsa, Anne-Sophie Mutter, François-René Duchâble, Evgeni Kissin.... À l'inverse, la musique contemporaine ne semblait pas l'attirer beaucoup. Parmi les quelques créations qu'il a dirigées figurent des œuvres de Rudolf Wagner-Régeny Die Bürger von Calais, « Les Bourgeois de Calais », 1939, de Gottfried von Einem Concerto pour orchestre, 1944, de Carlf Orff Trionfo di Afrodite, Le Triomphe d'Aphrodite, 1953 ; De Temporum finae comoedia, 1973, de Heinrich Sutermeister Missa da Requiem, 1953, de Fritz Leitermeyer Rhapsodische Skizzen, 1963 et de Hans Werner Henze Antifone, 1962. Mais il était surtout un homme de répertoire, qu'il n'a cessé de remettre sur le métier il a enregistré l'intégrale des symphonies de Beethoven à cinq reprises : après la profondeur des années 1950, son approche gagne en brillant et en spectaculaire, avec une certaine dureté, puis il semble s'enfermer dans un univers de vitesse mal adapté à cette alchimie du son qui s'impose sans cesse davantage chez lui. C'est ce dernier visage qui triomphera ; il saura même le pousser jusqu'à la transparence, sans jamais perdre cette vision dramatique ni cette sensualité qui permettent d'identifier ses interprétations à toute les époques de sa vie. « Il a créé un son d'orchestre qui est tout à fait représentatif de sa personnalité », a écrit Claudio Abbado, son successeur à la tête de l'Orchestre philharmonique de Berlin. Alain Pâris.

Orientations musicales

Karajan a exploré un très vaste répertoire allant du baroque jusqu’à la musique du XXe siècle. Il a déclaré à l’occasion de la parution de son enregistrement de l’opéra Pelléas et Mélisande de Claude Debussy, qu’il n’a enregistré qu’une seule fois après l’avoir plusieurs fois dirigé à la scène, qu’il s’agissait de son ouvrage préféré. Il a confié lors d’un entretien à la radio France Musique qu’il était en osmose avec cette œuvre comme s’il l’avait écrite, et qu’avant de l’enregistrer pour EMI, il avait dit aux musiciens de l’Orchestre philharmonique de Berlin que tout ce qu’ils avaient fait avec lui jusque-là n’était qu’une préparation à l’enregistrement de Pelléas.
Toutefois, son nom reste surtout attaché aux piliers du répertoire germanique. Son répertoire est en fait celui des autres chefs de sa génération, voire plutôt de la génération précédente. S’il montre dans Mozart, surtout dans les années 1950, un naturel assez nouveau, ni Schubert ni Schumann ne font vraiment partie de son univers. Ses interprétations de Haydn, et plus encore de Bach, ne sont pas de sa spécialité. Les œuvres du xxe siècle qu’il a dirigées étaient soigneusement choisies : le Concerto pour orchestre de Bartók, Le Sacre du printemps de Stravinski, la symphonie no 10 de Chostakovitch et quelques autres Honegger, Nielsen. Dans les années 1970, il ajoute à son répertoire quelques œuvres de l’École de Vienne et de Gustav Mahler les symphonies nos 4, 5, 6, 9 et Le Chant de la terre. Avec Anton Bruckner également, il entretient la même relation que des chefs nés quinze ans avant lui : si ses 4e, 5e, 7e, 8e et 9e symphonies font partie du cœur de son répertoire, il ne s’aventure que rarement dans les autres, qui semblent moins bien lui convenir. En définitive les compositeurs qu’il a le plus pratiqués, le plus exhaustivement et dans lesquels il est le plus reconnu sont Beethoven, Brahms, Tchaïkovsky, Sibelius, Puccini, Wagner et Richard Strauss. Il faut toutefois souligner l'importance qu'il a accordée à la musique de Sibelius, au point qu'il exigea contractuellement que sa 4e symphonie figure au programme de son premier concert avec le Berliner Philharmoniker.
Concernant son style de direction, il appartient à une génération de chefs germaniques de culture et d’école, mais influencés par quelques chefs latins, italiens surtout : tout particulièrement Toscanini et De Sabata. Par rapport à des chefs d’une génération antérieure, cela se traduit par des tempos plus stables et une plus grande transparence, tout en conservant un son orchestral de culture germanique, large et puissant. Même si le style de Karajan a évidemment évolué au cours de sa carrière, on peut dire que ces caractéristiques se sont maintenues, avec toutefois une prédilection croissante pour le legato et le son.

Compositeurs enregistrés

Karajan et la soprano Germaine Lubin, le 17 mai 1941.
Le legs discographique de Karajan est considérable. Karajan a enregistré jusqu'à quatre ou cinq fois certaines œuvres le Canon de Pachelbel, des symphonies de Beethoven, la Missa Solemnis de Beethoven, Un requiem allemand de Brahms.
En 1972, lorsque le Conseil de l'Europe fit de lʼHymne à la joie de Beethoven 9e symphonie son hymne officiel, il demanda à Herbert von Karajan d'en écrire trois arrangements, pour piano, instruments à vent et orchestre symphonique. En 1985 lʼHymne à la joie devint, également, l'hymne officiel de l'Union européenne. Dans l'ordre alphabétique
liste exhaustive / en gras ses compositeurs de prédilection :
Tomaso Albinoni ;
Johann Sebastian Bach, Mili Balakirev, Béla Bartók, Ludwig van Beethoven, Alban Berg, Hector Berlioz, Georges Bizet, Luigi Boccherini, Alexandre Borodine, Johannes Brahms, Benjamin Britten, Anton Bruckner ;
Frédéric Chopin, Dmitri Chostakovitch, Arcangelo Corelli ;
Claude Debussy, Léo Delibes, Antonín Dvořák ;
César Franck ;
Edvard Grieg ;
Joseph Haydn, Paul Hindemith, Arthur Honegger, Johann Nepomuk Hummel, Engelbert Humperdinck ;
Franz Lehár, Ruggero Leoncavallo, Franz Liszt, Pietro Locatelli ;
Gustav Mahler, Vincenzo Manfredini, Pietro Mascagni, Felix Mendelssohn, Modeste Moussorgski, Wolfgang Amadeus Mozart ;
Carl Nielsen ;
Jacques Offenbach, Carl Orff ;
Johann Pachelbel, Ildebrando Pizzetti, Amilcare Ponchielli, Sergueï Prokofiev, Giacomo Puccini ;
Sergueï Rachmaninov, Maurice Ravel, Ottorino Respighi, Emil von Reznicek, Nikolaï Rimski-Korsakov, Gioachino Rossini, Albert Roussel ;
Camille Saint-Saëns, Franz Schmidt, Arnold Schönberg, Franz Schubert, Robert Schumann, Jean Sibelius, Bedřich Smetana, Johann Strauss père, Johann Strauss fils, Josef Strauss, Richard Strauss, Igor Stravinski, Franz von Suppé ;
Piotr Ilitch Tchaïkovski, Giuseppe Torelli ;
Ralph Vaughan Williams, Giuseppe Verdi, Antonio Vivaldi ;
Richard Wagner, Carl Maria von Weber et Anton Webern.

Côte d'Azur

Karajan avait ses habitudes sur la Côte d'Azur. C'est d'ailleurs à Saint-Tropez, début 1957, qu'il rencontre Éliette Mouret, un mannequin de 17 ans, originaire de Mollans-sur-Ouvèze Drôme, qui devient sa troisième épouse le 18 octobre 1958, le jour des 19 ans de cette dernière. Il acquit la villa La Palme en bord de mer au Cap de Saint-Tropez, à l'entrée de la baie des Canoubiers, où ses voiliers successifs étaient amarrés : les Helisara sur lesquels il participa à de nombreuses régates.
La complicité entre le musicien et la mer remonte à sa prime enfance et, dès 1938, il faisait l’acquisition de son premier voilier, Karajanides. En 1967, il lançait le premier des six Helisara qui marqueront sa vie. Ce nom est en fait un acronyme fabriqué à partir des initiales de son propre prénom, de celui de son épouse et de ses deux filles : Herbert, Eliette, Isabel et Arabel. Cinq voiliers porteront ce nom jusqu'à Helisara VI, un maxi de 24 mètres, à bord duquel Karajan remporta de nombreuses régates.

Il installa à Monaco sa maison d'édition, Télémondial, qui réalisa les premiers vidéo-disques importants de l'histoire de la vidéo contemporaine13.

Distinctions

Docteur Honoris Causa de l'Université Wased

Bibliographie

Pierre-Jean Rémy, Karajan, la biographie, Odile Jacob.
Richard Osborne, Une vie pour la musique, L'Archipel,‎ 1999 .
Bruno Streiff, Karajan, le chef d'orchestre, Paris, Éditions Complicités,‎ 2003.
Peter Uehling, Karajan. Une biographie, Éditions Hermann,‎ 2008.

Vidéographie

Herbert von Karajan in rehearsal and performance 1965 Schumann, 1966 Beethoven, réalisation Henri-Georges Clouzot, DVD Unitel, 2006.
Franck Chaudemanche, Karajan intime, documentaire TV, 55 min, France, 2008.

Articles connexes

Orchestre philharmonique de Berlin
Orchestre symphonique de Vienne
Opéra d'État de Vienne
Philharmonia Orchestra
Orchestre de Paris

Liens externes

Herbert von Karajan, sur Wikimedia Commons
Dossier en français centenaire d'Herbert von Karajan sur ResMusica.com
Page dédiée en anglais avec liste exhaustive des concerts donnés et des orchestres dirigés
Centre Herbert von Karajan
Centenaire d'Herbert von Karajan sur Symphozik.info


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Posté le : 03/04/2015 18:00
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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