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Julien Green
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Le 6 septembre 1900 à Paris 17e naît Julien Green

né Julian Hartridge Green, mort à 97 ans, le 13 août 1998 à Paris 7e, écrivain américain de langue française, un des rares auteurs à avoir été publié dans la Bibliothèque de la Pléiade de son vivant.
Ses romans Mont-Cinère, 1926 ; Adrienne Mesurat, 1927 ; Un mauvais lieu, 1977 ; les Pays lointains, 1987 ; les Étoiles du Sud, 1989 ; Dixie, 1995, son théâtre Sud, 1953 et son Journal à partir de 1938 expriment sa constante recherche de la pureté, à travers les deux fascinations de la grâce mystique et de la pesanteur charnelle. L'ensemble de son œuvre, où l'enfance tient une place privilégiée, reflète son amour de la langue le Langage et son double, 1985.Académie française, 1971.


En bref

" Courage, Green ! Votre œuvre est bonne." En 1926, Georges Bernanos, dont Sous le soleil de Satan venait d'assurer la notoriété, tenait, par cet encouragement paru dans Les Nouvelles littéraires, à faire connaître le premier roman d'un débutant, Mont-Cinère, qu'il trouvait « marqué du signe de la vérité. En 1998, le même Green est mort connu et reconnu, après une suite d'œuvres impressionnante. D'exceptionnelles consécrations ont accompagné son parcours : il fut le premier étranger à entrer à l'Académie française, où il succéda à Mauriac en 1972 ; la même année, commença la publication de ses Œuvres complètes dans la Bibliothèque de la Pléiade ; il est, de plus, le seul écrivain à avoir vu paraître l'album annuel sur lui-même que cette prestigieuse collection consacre à un de ses auteurs et à avoir pu y collaborer, quelques mois avant sa mort.
Que de données complexes déterminent la trajectoire de Julien Green ! Américain ? Oui, mais né, en 1900, à Paris, où s'étaient fixés ses parents, loin du Sud, marqués par la défaite de la guerre de Sécession, patrie perdue dont ils transmirent le culte à leurs nombreux enfants, surtout peut-être au petit Julien, le benjamin. Écrivain français ? Oui encore, et des plus grands, mais resté citoyen américain, bien qu'il n'ait vécu loin de Paris, sa patrie de naissance et de langue, que pendant huit ans : trois années, passées à l'université de Virginie, offertes par un de ses oncles, de 1919 à 1922, puis cinq années d'attente et d'angoisse pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans sa vie morale et spirituelle également, Green fut voué aux partages et aux divisions, aux dépassements et aux conciliations. Élevé dans la religion anglicane par une mère fervente, il se convertit au catholicisme quelques mois après la mort de celle-ci, survenue en décembre 1914. Après un premier livre ardent, Pamphlet contre les catholiques de France 1924, il renonça aux pratiques religieuses, dont le détournaient des hantises charnelles, de nature homosexuelle, mais en gardant en lui le besoin du divin. De la même façon, son retour à l'Église, en 1939, n'abolit pas les autres facettes de sa nature.
Ses compositions romanesques, son écriture, volontairement conventionnelles, rendent le réel sulfureux : l'angoisse surgit du quotidien, la cruauté de l'inoffensif et la grâce des ténèbres. Dans Mont-Cinère 1926, la haine et la folie mènent la danse comme dans Adrienne Mesurat 1927. Les mêmes obsessions, les mêmes soubresauts, aux confins de la psychologie et de la métaphysique, du mysticisme et de la débauche, se retrouvent dans Léviathan 1929 ou dans Épaves 1934. Ce regard d'ombre, qui mêle démence et désir, pèse sur les Histoires de vertige écrites de 1921 à 1932, parues en 1984. La mort est la réalité vraie du Visionnaire 1934, tandis que Minuit 1936 accentue le glissement du réalisme vers l'invisible et le fantastique. Varouna 1940 et Si j'étais vous 1947 font la part du bien et de la souillure. Moïra 1950 reprend le thème du combat de la chair et de la foi. La dimension pascalienne de l'œuvre se retrouve dans le Malfaiteur 1956, Chaque homme dans sa nuit 1960, l'Autre 1971, Un mauvais lieu 1977, les Étoiles du Sud 1989 : chacun de ces romans est celui d'un être jeté hors du chemin commun et contraint à la découverte de soi. Ce brûlant décapage, cette sensation de l'absurde à travers le tragique sont aussi les constantes du théâtre de Green : Sud 1953 est le drame d'un lieutenant homosexuel. Afin d'échapper à la souffrance d'une passion impossible, le héros provoque en duel l'être aimé et se laisse tuer. Folie ou noblesse de ce choix, qu'importe, semble dire l'auteur : Il a cherché la mort. Il la voulait de toutes ses forces. Il l'a trouvée. Suivront l'Ombre 1956, l'Automate 1985.
Green a publié des livres sur sa jeunesse marquée par une éducation puritaine Partir avant le jour, 1963 ; Mille Chemins ouverts, 1964 ; Terre lointaine, 1966 ; Jeunesse, 1974, tandis que les seize tomes de son Journal, des Années faciles 1976 à Pourquoi suis-je moi ? 1996, donnent une suite à ces confessions. Après vingt-cinq ans passés à l'Académie française, il la quitte et, en 1997, publie un texte, écrit en 1922, Dionysos ou la chasse aventureuse. Son œuvre, à plusieurs voix le Langage et son double, 1985, est l'évocation d'une âme étonnée d'être aussi un corps. Le style, d'une simplicité aisée, donne l'apparence de la clarté à l'expression de sentiments complexes. Sa limpidité illusoire rend sensible la profondeur des tourments affectifs et spirituels de l'écrivain.

Sa vie

Julien Green est né à Paris, de parents américains, descendant du côté de sa mère du sénateur et représentant démocrate de la Géorgie au congrès américain Julian Hartridge 1829-1879 et dont Julien Green porte le nom Green a été baptisé Julian ; l'orthographe a été changée en Julien par son éditeur français dans les années 1920. Il grandit en France dans la commune d'Andrésy, dans les Yvelines.
Après la mort de sa mère, une protestante pieuse, il se convertit au catholicisme en 1916, à la suite de son père et de toutes ses sœurs, ainsi qu'il le raconte dans Ce qu'il faut d'amour à l'homme, son autobiographie spirituelle. Alors âgé de seulement 17 ans, Julian Green réussit cependant à rejoindre les rangs de la Croix-Rouge américaine puis est détaché dans l’artillerie française en 1918 en tant que sous-lieutenant. Démobilisé en mars 1919, il se rend pour la première fois aux États-Unis en septembre de la même année et effectue trois ans d'études à l’université de Virginie, où il écrit son premier livre en anglais, avant de revenir vivre en France.
À Paris, il peut vivre sa vie de couple homosexuel avec Robert de Saint-Jean et s'essaie à une carrière de peintre mais la reconnaissance obtenue en 1927 auprès de la NRF l'oriente définitivement vers celle d'un écrivain majeur de la littérature française du xxe siècle.
En juillet 1940, après la défaite de la France, il retourne en Amérique. En 1942, il est mobilisé et envoyé à New York pour servir au Bureau Américain de l'information de guerre. De là, cinq fois par semaine, il s'adressait à la France dans l'émission de radio Voice of America, travaillant entre autres avec André Breton. Green revint en France juste après la Seconde Guerre Mondiale.
Il est élu à l'Académie française le 3 juin 1971, au fauteuil 22, succédant à François Mauriac. C'est le premier étranger accédant à cet honneur. Le président de la République Georges Pompidou lui propose en 1972 la nationalité française mais l'académicien décline la faveur. La réception officielle a lieu le 16 novembre 1972.
Julien Green est le père adoptif de l'écrivain Éric Jourdan qui lui resta filialement fidèle jusqu'à sa mort. En 1994, selon Éric Jourdan, Green décide de vivre à Forlì, en Italie, mais sa santé fragile ne lui permet pas de mettre le projet à exécution.
Il est enterré le 21 août 1998 à Klagenfurt en Autriche dans l'église Saint Egid. Ému par une statue ancienne de la Vierge Marie lors d'une visite en 1990, l'écrivain avait émis le désir d'être inhumé dans une des chapelles de cette église, l’Église de France ayant refusé son inhumation en l’église d'Andrésy Yvelines.

Analyse de l'œuvre

Toute l'œuvre de Green, qui fut profondément marquée tant par son homosexualité que par sa foi catholique, est dominée par la question de la sexualité et celle du bien et du mal.
La plupart des livres de ce catholique pratiquant traitent des problèmes de la foi et de la religion ainsi que de l'hypocrisie qui leur est liée. Plusieurs de ses livres ont traité des États-Unis du Sud, l'auteur se caractérisant dans ses écrits comme un Sudiste. Il a hérité ce patriotisme de sa mère, qui venait d'une famille distinguée du Sud. Quelques années avant la naissance de Julien, un choix de postes en Allemagne ou en France fut proposé au père de Julien qui était banquier. La mère de Julien appuya le choix de la France en raison du fait que les Français étaient aussi un peuple fier, récemment vaincus dans la guerre et nous nous comprendrons mutuellement, référence à la défaite française de 1871 dans la guerre franco-prussienne.
En France, de son vivant et encore aujourd'hui, la célébrité de Julien Green repose non seulement sur ses romans, mais aussi sur son journal, publié en dix-neuf volumes qui couvrent la période de 1919 à 19984 . Ce Journal offre une chronique de sa vie littéraire et religieuse, et surtout un panorama unique de la scène artistique et littéraire à Paris sur près de 80 ans. Le style de Green, austère et résolument attaché à l'emploi du passé simple – quasiment abandonné par les auteurs qui lui sont contemporains –, trouvera la faveur de l'Académie française dont il sera membre.
Son roman Si j'étais vous a inspiré la psychanalyste Mélanie Klein.

L'écriture du fantastique

Quant à son œuvre, multiforme et contrastée, la perspective chronologique reste celle qui permet le mieux de la saisir sans la trahir. Green a tant parlé de lui-même et apporté tant d'éclaircissements sur la genèse de ses romans, surtout à la fin de sa longue vie, qu'il est difficile de concevoir l'impression d'aérolithes qu'ils ont donnée lors de leur publication. Rendons aux premiers parus, Mont-Cinère 1926, Le Voyageur sur la terre 1926, Adrienne Mesurat 1927, Léviathan 1929, leur pouvoir de choc, dû à la force des situations, à la dureté du trait. Des passions forcenées y jettent implacablement les êtres les uns contre les autres et les vouent à l'autodestruction. Ensuite, la frénésie diminue, faisant place à l'insolite. Dans L'Autre Sommeil 1930 et dans Épaves 1932, situés dans un Paris envoûtant et non plus dans de petites villes d'Amérique ou de France, la rêverie l'emporte sur la réalité, l'inaccompli remplace la violence ; le héros de L'Autre Sommeil rêve sa vie et vit ses rêves, ceux du Visionnaire 1934, de Minuit 1936, de Varouna 1940, de Si j'étais vous... 1947 quittent le quotidien pour des aventures fantastiques, au sens plein du terme. Comment ne pas aimer, jusque dans certaines de leurs faiblesses, des livres si originaux ? Et comment ne pas admirer la rigueur d'un jeune auteur qui refuse d'exploiter la veine de ses premiers succès ? Pour trouver la vérité il faut travailler contre soi-même, contre sa pente, contre les facilités que donne l'habitude, contre le succès, contre le public ; il faut supprimer toutes les pages où l'amusement du lecteur est devenu le seul objet en vue. Tel est alors le credo artistique de Julien Green, consigné dans son Journal 7 février 1931.

L'écriture du secret et de l'aveu

Ce Journal, Green a commencé à le publier dès 1938. Les pages des premiers volumes sont devenues plus nombreuses lors des rééditions, mais le tri est resté sévère, écartant surtout les aventures charnelles et, plus tard, les expériences mystiques. Dans ses pages intimes comme dans ses romans, Green reste l'écrivain du secret. Il note « la couleur du temps anecdotes, vie quotidienne, événements historiques, il savoure les heures claires où se passent tant de choses et si peu de faits, il cherche à « emprisonner avec des mots l'instant qui passe 17 février 1943. Si intéressants que soient les passages concernant les lectures, les voyages, les amitiés et l'élaboration des œuvres, les plus personnels évoquent soit l'enfance de Green, soit ses déchirements entre l'aspiration à une vie exclusivement spirituelle et les exigences du désir. « Des deux personnages qui nous habitent les deux hommes dont parle saint Paul, chacun veut accomplir sa destinée et arriver à une sorte de perfection, au plus haut point de perfection qu'il lui soit donné d'atteindre, mais il est nécessaire pour cela que l'un de ces personnages tue l'autre, car il ne peut y avoir entre eux d'accord durable 9 avril 1944.
Suppressions et réticences limitent le Journal au point que, pour dire sa vérité, pour savoir qui il est, Green, dans sa maturité, trouve plus satisfaisants les romans et les drames à partir des années 1950, il écrit aussi pour le théâtre, vers lequel Louis Jouvet souhaitait le pousser depuis longtemps. Un descellement s'y opère. L'obsession homosexuelle y déploie son cortège de fantasmagories, de frôlements, d'espoirs fous et de désespoirs sans recours. Dans Sud 1953, le lieutenant Ian, à la veille – au sens propre – de la guerre de Sécession, provoque en duel celui qu'il aime pour se faire tuer par lui ; dans ce drame, comme dans des romans aussi prenants que Moïra 1950 et Chaque homme dans sa nuit 1960, le protagoniste, à la fois obsédé et obsédant, suscite plus ou moins l'amour de tous ceux qui l'approchent, hommes et femmes. Mais on y trouve aussi des amours partagées par exemple entre Wilfred et Phœbé, dans Chaque homme dans sa nuit, séparés, il est vrai, par l'obstacle de l'adultère, des conversions salvatrices comme celle d'Élisabeth dans L'Ennemi, 1954 et, surtout, des êtres dont la vie se fonde sur l'amour pour Dieu comme Joseph Day, le protestant fanatique de Moïra, meurtrier par pureté, ou comme Wilfred, déjà nommé, fier d'être catholique romain, qui, avant de mourir, pardonne à son assassin. Les problèmes vécus par Green reçoivent une expression bouleversante ; ainsi, l'analyse du Journal citée à la fin du paragraphe précédent devient ce cri déchirant de Joseph Day dans Moïra : Je désire horriblement ce péché que je ne commets pas ... J'ai quelquefois l'impression d'être séparé d'avec ma chair, et c'est comme s'il y avait en moi deux personnes dont l'une souffrirait et l'autre regarderait souffrir.
Un écrivain aussi soucieux de se comprendre devait aboutir à l'autobiographie. Il présente sa vie jusqu'à la dix-septième année dans Partir avant le jour 1963, son engagement dans l'armée américaine en Europe de 1917 à 1919 dans Mille Chemins ouverts 1964, ses années d'études en Virginie de 1919 à 1922 dans Terre lointaine 1966, son retour à Paris, sa prise et ses crises de conscience jusqu'à sa rencontre en 1924 avec Robert de Saint Jean, la plus constante affection de sa vie, dans Jeunesse 1974. Si Green laisse le plus possible la parole à l'enfant, puis au jeune homme dans leur découverte de la vie, émerveillée et angoissée, l'adulte mûri par l'expérience écrit la quête. Les deux premiers livres veulent retracer le passage de Dieu dans la vie d'un homme, dresser parfois « une mise en accusation . Mais rien de tel dans Terre lointaine, où l'auteur prend d'innombrables lecteurs comme confidents du grand amour de sa jeunesse, alors qu'il n'avait pas osé l'avouer à l'étudiant virginien qui l'avait inspiré : Je ne le renie pas, j'en suis fier ... Quand je n'aurais écrit ce livre que pour parler de lui, je ne le regretterais pas. Dans Jeunesse, le récit l'emporte sur l'examen de conscience.
Avec L'Autre 1971, Julien Green prouve que la délivrance autobiographique ne le détourne pas de la fiction. Ce roman est même, à cette époque, le plus long qu'il ait écrit. Sa composition atteint presque la virtuosité, mais aux dépens de l'intensité. Chaleur et tremblement persistent, mais avec une coloration un peu édifiante.

Le choix de l'isolement

Au cours du dernier quart du siècle, Green va se montrer étonnamment actif, bien qu'il perde les deux personnes liées à lui depuis ses débuts littéraires : sa sœur Anne en 1979 et Robert de Saint Jean, l'ami des bons et des mauvais jours, en 1987. Après cinquante-six ans de fidélité aux éditions Plon, le voici au Seuil, qu'il laisse bientôt pour Fayard, avec lequel il rompt en 1998 pour rejoindre Gallimard. Il quitte l'Académie française, songe même à abandonner la France pour l'Italie, ou pour l'Autriche où il sera enterré, ou pour quelque autre pays, car il voyage avec acharnement, désireux de connaître de nouveaux lieux, ou de revoir ceux qu'il a aimés. Plus il vieillit, plus il publie, parfois dans des genres nouveaux : par exemple, Frère François (1983, biographie détaillée de saint François d'Assise, l'homme qu'il a toujours le plus admiré, et, après quelques pièces et récits qui prolongent sans l'égaler sa production antérieure, un roman-fleuve inattendu formé par Les Pays lointains 1986, Les Étoiles du Sud 1989 et Dixie 1995, où revit toute une préhistoire familiale autour de la guerre de Sécession. Que de surprises pour ses fidèles ! Lui qui écrivait difficilement cinquante lignes par jour, il écrit facilement en peu de temps des milliers de pages ! Lui qui regrettait que l'inspiration de Dostoïevski et de Dickens baisse quand ils multiplient les personnages, il se lance dans une fourmillante chronique où pullulent bals et banquets, où une histoire de pirates se glisse entre des remariages, où le mélodramatique et la prolixité remplacent le tragique et la densité !
Green reste égal à lui-même dans son Journal, particulièrement émouvant quand il se recueille lors de l'anniversaire, chaque année plus éloigné, de la mort de sa mère, dont il dit, après quatre-vingts années de séparation, qu'elle est la personne qui a le plus compté dans sa vie. Rédigé à partir de 1919, ce Journal couvre presque la totalité du XXe siècle, ce qui lui vaut une place à part dans la littérature. Comment résumer les traits qu'il donne à la figure de Green ? Dans le paysage littéraire du XXe siècle, c'est un auteur isolé, et qui veut rester isolé. Il a fréquenté Malraux, Cocteau, Mauriac, surtout Gide, et plus encore Maritain, mais a toujours refusé de s'engager, aussi bien du côté de Gide avant 1939, que du côté des écrivains catholiques après son retour à l'Église. Green a dès sa jeunesse cherché passionnément à savoir qui il était ; à plus de quatre-vingt-dix ans, il considère toujours cette question comme la plus importante pour lui ; le dernier tome de son Journal s'intitule même Pourquoi suis-je moi ? demande déjà lancée par Ian dans Sud et, avant lui, par Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir. Hanté par le monde invisible, il est aussi infiniment touché par la beauté du monde sensible ; au titre du tome VIII, Vers l'invisible, répond le titre du tome XI, La Terre est si belle... Grave et tourmenté, il fait souvent aussi preuve d'humour : J'ai parfois le sentiment de vivre dans un roman de Julien Green et mon inquiétude croît de jour en jour 28 août 1993. Il ne cesse de se dire double ou deux, mais on peut lui appliquer une remarque de Nina Berberova dans C'est moi qui souligne : La personnalité soi-disant coupée en deux constitue en fait, au plus profond d'elle-même, une unité organique bipolaire.
Green est aussi un auteur isolé dans le domaine de la forme. La transparence de son style, sa simplicité, sa pureté indémodable le distinguent d'autres grands écrivains tels que Bernanos ou Mauriac, Malraux ou Sartre, immédiatement reconnaissables par une couleur, un accent, des partis pris. On pourrait dire que le style de Green excelle avant tout par l'absence de caractérisation, si cette formulation n'était trop restrictive et négative, alors qu'il s'agit de définir positivement une limpidité radieuse.
Dans les préfaces tardivement ajoutées à ses romans, Green tire ceux-ci, comme dans les derniers volumes du Journal, vers une interprétation autobiographique. Or Adrienne Mesurat et Joseph Day, le héros de Moïra, ses deux personnages préférés et on ne saurait lui donner tort, mais aussi ceux de Léviathan, de Minuit et de Chaque homme dans sa nuit résistent à toute interprétation réductrice, fût-elle de leur créateur. C'est d'ailleurs parce que les personnages créés par Green vivent une existence autonome que le plus profond de lui-même continue à vivre en eux. Jean Sémolué

Postérité de l'œuvre

Même si Green écrivait principalement en français, il a aussi écrit quelques ouvrages en anglais puisqu'il était parfaitement bilingue. Il a aussi traduit certaines de ses propres œuvres en anglais. Quelques-unes de ses traductions sont publiées dans Le langage et son double, en édition bilingue présentant le texte anglais en regard du texte français, ce qui facilite grandement la comparaison directe. Cependant, l'écrivain reste largement inconnu dans le monde anglo-saxon.
Jusqu'à présent, trois de ses ouvrages ont été adaptés au cinéma : Léviathan 1962, dont il a écrit lui-même le script, en est le plus connu ; Adrienne Mesurat 1953 et La Dame de pique 1965 sont également tirés de son œuvre.
L'ensemble des manuscrits et de la correspondance de Julien Green en tout cas, une cinquantaine de manuscrits autographes majeurs ont été mis en vente et dispersés par son fils adoptif le 27 novembre 2011 à Genève.

Récompenses

Son œuvre a été récompensée par de multiples prix, notamment :

Le Prix Prince-Pierre-de-Monaco, en 1951.
Le Grand Prix national des Lettres, en 1966.
Le Grand Prix de Littérature de l'Académie française, en 1970.
Le Grand Prix de littérature de Pologne, en 1988.
Le Prix Cavour, grand prix de littérature italien, en 1991.

Œuvres

Journal en dix-neuf volumes, 1919-1998, Plon, Le Seuil, Fayard, Flammarion, Paris, 1938-2006.
Pamphlet contre les catholiques de France, sous le pseudonyme de Théophile Delaporte, impr. de Darantière, Dijon, 1924.
Mont-Cinère roman, Plon-Nourrit et Cie, Paris, 1926.
Adrienne Mesurat roman, Plon, Paris, 1927.
Les Clefs de la mort, La Pléiade, Paris, 1927.
Suite anglaise, Les Cahiers de Paris, Paris, 1927.
Le Voyageur sur la terre, éditions de la Nouvelle Revue française, Paris, 1927, puis Le Livre de Poche, 1965 couverture du peintre Claude Schürr.
Léviathan roman, Plon, Paris, 1929.
L'autre sommeil roman, Gallimard, Paris, 1931.
Épaves roman, Plon, Paris, 1932.
Le Visionnaire roman, Plon, Paris, 1934.
Minuit roman, Plon, Paris, 1936.
Les Années faciles 1926-1934 journal I, Plon, Paris, 1938.
Derniers beaux jours 1935-1939 journal II, Plon, Paris, 1939.
Varouna roman, Plon, Paris, 1940.
Memories of Happy Days Souvenirs des jours heureux, en anglais, 1942
Devant la porte sombre 1940-1943 journal III, Plon, Paris, 1946.
Si j'étais vous roman, Plon, Paris, 1947.
L'Œil de l'ouragan 1943-1945 journal IV, Plon, Paris, 1949.
Moïra roman, Plon, Paris, 1950.
Le Revenant 1946-1950 journal V, Plon, Paris, 1951.
Sud théâtre, théâtre de l'Athénée, Paris, 1953.
L'Ennemi théâtre, théâtre des Bouffes-Parisiens, Paris, 1954.
Le Miroir intérieur 1950-1954 journal VI, Plon, Paris, 1955.
Le Malfaiteur roman Plon, Paris, 1956.
L'Ombre théâtre, théâtre Antoine, Paris, 1956.
Le bel aujourd'hui 1955-1958 journal VII, Plon, Paris, 1958.
Chaque Homme dans sa nuit roman Plon, Paris, 1960.
Partir avant le jour autobiographie, 1900-1916, Grasset, Paris, 1963.
Mille Chemins ouverts autobiographie, 1916-, Grasset, Paris, 1964.
Terre lointaine autobiographie, 1919-1922, Grasset, Paris, 1966.
Vers l'invisible 1958-1967 journal VIII, Plon, Paris, 1967.
L'Autre roman, Plon, Paris, 1971.
Ce qui reste du jour 1966-1972 journal IX, Plon, Paris, 1972.
Jeunesse autobiographie, Plon, Paris, 1974.
La Nuit des fantômes, Plon, Paris, 1976.
La Bouteille à la mer 1972-1976 journal X, Plon, Paris, 1976.
Le mauvais lieu roman, Plon, Paris, 1977.
Ce qu'il faut d'amour à l'homme essai, Plon, Paris, 1978.
Demain n'existe pas théâtre, 1979.
L'automate théâtre, 1979-1980.
La Terre est si belle… 1976-1978 journal XI, Le Seuil, Paris, 1982.
Frère François, Le Seuil, Paris, 1983.
La Lumière du monde 1978-1981 journal XII, Le Seuil, Paris, 1983.
Paris, Champ Vallon, Paris, 1984.
Le Langage et son double, Éditions de la Différence, Paris, 1985.
Villes, Éditions de la Différence, Paris, 1985.
Jeunes Années, autobiographie en 4 volumes, 1985.
Les Pays lointains roman, Dixie I, Le Seuil, Paris, 1987.
L'Arc-en-ciel 1981-1984 journal XIII, Le Seuil, Paris, 1988.
Les Étoiles du sud roman, Dixie II, Le Seuil, Paris, 1989.
Liberté chérie, Le Seuil, Paris, 1989.
L'Expatrié 1984-1990 journal XIV), Le Seuil, Paris, 1990.
L'Homme et son ombre, Le Seuil, Paris, 1991.
Ralph et la quatrième dimension, Flammarion, Paris, 1991.
L'Avenir n'est à personne 1990-1992 journal XV, Fayard, Paris, 1993.
On est si sérieux quand on a 19 ans journal 1919-1924, Fayard, Paris, 1993.
L'étudiant roux théâtre, 1993.
Dixie roman, Dixie III, Le Seuil, Paris, 1994.
Dionysos Édition originale, 7 eaux-fortes de Robert Clévier. 70 pages. Fayard-L’Atelier Contemporain, 1994.
Pourquoi suis-je moi ? 1993-1996 journal XVI, Fayard, Paris, 1996.
Dionysos ou La chasse aventureuse : poème en prose, Fayard, Paris, 1997.
Jeunesse immortelle essai, Gallimard, Paris, 1998.
En avant par-dessus les tombes 1996-1997 journal XVII, Fayard, Paris, 2001.
Le grand large du soir 1997-1998 journal XVIII, Flammarion, Paris, 2006.
Souvenirs des jours heureux, Flammarion, Paris, 2007.
L'Inconnu et autres récits, Fayard, Paris, 2007

Bibliographie critique

Carole Auroy, Julien Green : le miroir en éclats : étude sur l'autobiographie, Paris, Cerf, coll. Litterature,‎ 30 septembre 2000, 173 p.
Philippe Derivière, Julien Green : les chemins de l'errance, Le Roeulx, Talus d'approche,‎ 1994
Marc Eigeldinger, Julien Green et la tentation de l'irréel, Éditions des Portes de France, Paris, 1947.
Jean-Laurent Prévost, Julien Green ou l'âme engagée, Vitte, 1960
Yves Floucat, Julien Green et Jacques Maritain. L'amour du vrai et la fidélité du cœur, Paris, Éditions Pierre Téqui, 1997.
Jean-Claude Joye, Julien Green et le monde de la fatalité, Arnaud Druck, Berne, 1964.
Melanie Klein, "L'identification" Sur un roman de Julien Green : Si j'étais vous. in "Envie et gratitude". Paris, Gallimard-Tel, 1978.
(en) Michael Dwyer, Julien Green : a critical study, Dublin, Ireland Portland, OR, Four Courts Press,‎ 1997 .
Annette Tamuly, Julien Green à la recherche du réel : approche phénoménologique, Naaman, Sherbrooke Canada, 1976.
Wolfgang Matz, Julien Green, le siècle et son ombre. Traduit de l'allemand. Gallimard-Arcades, 1998.
Louis-Henri Parias, Julien Green, corps et âme. Fayard, 1994
Valérie Catelain, Julien Green et la voie initiatique, Bruxelles, Le Cri Académie royale de langue et de littérature françaises,‎ 2006.
Anne Green, Mes jours évanouis, Paris, le Livre de poche,‎ 1974.
Noël Herpe, L’irrationnel chez François Mauriac et chez Julien Green, no 15 des "Cahiers Mauriac", Grasset, 1988. “François Mauriac et Julien Green, biographes de leur enfance”, no 17 des "Cahiers Mauriac", Grasset, 1990. “Moïra de Julien Green ou l’Enfer de la pureté”, no 20 de "La Licorne", Université de Poitiers, 1991. “Julien Green et le théâtre”, La Nouvelle Revue française, avril 1995.

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Posté le : 04/09/2015 17:20
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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