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De Montpellier
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Succès mondial de Tintin années 1950-1960
Vers la fin des années 1950, Hergé voyage beaucoup : il traverse l'Italie, l'Angleterre, la Suède, la Grèce et le Danemark. Les albums de son héros Tintin voyagent aussi. À partir de 1946, les premières traductions néerlandaises sont commandées : la maison d'édition Casterman édite le Secret de La Licorne dans sa version néerlandaise Het Geheim van de Eenhoorn, suivi de L'Oreille cassée Het Gebroken Oor, L'Île Noire De Zwarte Rotsen et enfin tous les autres albums. En 1948, Casterman atteint le premier million d'exemplaires vendus. Les premières traductions étrangères 1936-1960 Album Édition originale Première édition étrangère Tintin en Amérique 1932 Casterman 1936 Portugais Tintin au Congo 1931 Casterman 1940 Néerlandais Le Secret de La Licorne 1943 Casterman 1946 Néerlandais Le Secret de La Licorne 1943 Casterman 1952 Anglais britannique Le Trésor de Rackham le Rouge 1944 Casterman 1952 Allemand Le Secret de La Licorne 1943 Casterman 1952 Espagnol Le Sceptre d'Ottokar 1939 Casterman 1959 Anglais américain Le Sceptre d'Ottokar 1939 Casterman 1960 Danois Le Sceptre d'Ottokar 1939 Casterman 1960 Suédois Quatre albums vont poser problème aux éditeurs anglophones et ces derniers de réclamer des modifications à Hergé : L'Île Noire, L'Étoile mystérieuse, Le Crabe aux pinces d'or et Tintin au pays de l'or noir. L'Étoile mystérieuse : Dans la version originale de L'Étoile mystérieuse, dessinée en pleine Occupation allemande, Hergé avait donné aux ennemis du navire l'Aurore la nationalité américaine comme le montre la case illustrant le canot se dirigeant vers l'aérolithe tombé en mer. À la suite des pressions exercées par les éditeurs anglophones, Hergé remplace en 1954 le drapeau américain par le drapeau fictif du Sao Rico. Le Crabe aux pinces d'or : Le Crabe aux pinces d'or doit aussi se conformer aux exigences d'outre-Atlantique. Le puritanisme américain réclame entre autres, pour l'édition 1958, le retrait de deux cases dans lesquelles on voit le capitaine Haddock boire du whisky au goulot pour, dit-on, ne pas inciter les jeunes à boire… L'Île Noire : En 1965, Methuen insiste pour que soit réalisée une version actualisée et plus réaliste de L'Île Noire à l'intention des lecteurs britanniques. En effet, l'éditeur londonien venait de trouver 131 erreurs de détail dans la précédente édition de 1943. Surchargé de travail, l'artiste dépêche sur place son assistant Bob de Moor qui a pour mission de croquer et de photographier les traces de Tintin en Écosse. Les changements de la nouvelle édition 1966 sont frappants : l'électrification des lignes ferroviaires, le whisky Johnny Walker devient l'insignifiant Loch Lomond, l'automobile de Müller devient une Jaguar modèle Jaguar Mark X de 1961 ou encore la voiture à bras des pompiers devient un camion moderne… Tintin au pays de l'or noir : Enfin, en 1969, Methuen fait redessiner Tintin au pays de l'or noir pour qui la version originale est obsolète : « L'album ne pouvait paraître en Grande-Bretagne dans sa version originale : il y était question de la lutte des organisations juives contre l'occupant britannique, avant l'indépendance d'Israël. De son côté, Bob de Moor se rend dans le port d'Anvers pour prendre des clichés d'un pétrolier des années 1940 qui servira de modèle au Speedol Star. Le symbole le plus édifiant de ce succès planétaire est probablement l'inauguration du nouveau siège des éditions du Lombard éditeur du Journal de Tintin, avenue Spaak à Saint-Gilles 13 septembre 1958. L'immeuble est surmonté d'une enseigne lumineuse et pivotante représentant Tintin et Milou.
Tintin sous toutes les formes
Après 1945, Hergé ne réalise pratiquement plus d'illustrations. Il se concentre avant tout sur la préparation de ses albums. En revanche, les Studios Hergé vont insérer l'image Tintin et Milou sur de nombreux supports. Les chromos : En septembre 1944, peu de temps avant la Libération de Bruxelles, Hergé et Edgar P. Jacobs décident de réaliser une série de cartes postales qui constitueraient une encyclopédie sur des thèmes précis. Chaque carte sera accompagnée par le personnage de Tintin vêtu d'un costume approprié. Le projet est reporté à l'automne 1946 au sein du Journal de Tintin et publié dans la rubrique documentaire. Entre 1946 et 1950, apparaissent les Entretiens du Capitaine Haddock sur l'histoire de la marine. À partir de 1950, les éditions du Lombard font éditer des chromos en couleurs indépendamment du journal, offerts en échange de l'achat de timbres Tintin . Sept collections sont lancées : Les chromos Tintin Concepteur Collection Edgar P. Jacobs 1946-47 L'histoire de l'Aérostation Edgar P. Jacobs 1947-48 Le chemin de fer Jacques Martin L'histoire de l'automobile Jacques Martin L'aviation en 1939-1945 Jacques Martin L'aviation des origines à 1914 Jacques Martin L'histoire de la marine des origines à 1700 Jacques Martin L'histoire de la marine de 1700 à 1850 Une dernière collection sur l'histoire des costumes et des guerriers est envisagée mais le projet est abandonné. Les cartes postales : Les Studios Hergé publient de nombreuses cartes postales mettant en scène les personnages des Aventures de Tintin. Au cours des années 1940, Hergé envoyait épisodiquement des cartes de vœux aux lecteurs. Par contre, à partir de 1950, chaque nouvel an, une carte de vœux est systématiquement dessinée. Aux cartes de style classique des premières années, les années suivantes se montrent particulièrement inventives : les personnages sont représentés sur une sorte de vitrail médiéval 1967, une mosaïque byzantine 1963 ou encore une fresque égyptienne 1978.
Le cinéma
Tintin et le Mystère de la Toison d'or et Tintin et les Oranges bleues.
Le cinéma a toujours fasciné Hergé. Dès 1926, dans les Aventures de Totor, il inscrivait en entête « United Rovers présente un grand film comique signé Hergé moving pictures. Les premières aventures d'avant-guerre s'inspiraient, elles-aussi, largement des westerns muets des années 1920-1930. Le projet d'une adaptation au grand écran apparaît après-guerre. À la fin des années 1940, la compagnie française les Beaux Films propose une adaptation de certaines aventures en diapositives. À la même époque, sans plus de succès, Claude Misonne crée un long métrage du Crabe aux pinces d'or joué par des poupées 1947. Il faut attendre une quinzaine d'années pour voir apparaître des propositions de films live avec des comédiens au grand enthousiasme d'Hergé qui, bien entendu, participe à la mise en scène. En 1960, sort en salle Tintin et le Mystère de la Toison d'or, un film de Jean-Jacques Vierne avec Jean-Pierre Talbot dans le rôle de Tintin. Quatre ans plus tard, apparaît Tintin et les Oranges bleues de Philippe Condroyer avec Talbot au même rôle. Au grand désespoir d'Hergé, c'est un double échec, les films n'attirent pas les foules. Un projet de troisième film aurait même été abandonné en 1967.
[size=SIZE]Tintin et le Lac aux requins. [/size] Après l'échec des films, Hergé revient au dessin animé classique. En 1955, Raymond Leblanc, le directeur du Journal de Tintin, avait fondé les Studios Belvision dans le but d'adapter Les Aventures de Tintin sur grand écran. Quatre années de travail avaient été nécessaires pour qu'en 1959 sortent des dessins en couleurs pour la télévision en plusieurs séquences de 5 minutes quotidiennes : Objectif Lune, Le Crabe aux pinces d'or, Le Secret de La Licorne, Le Trésor de Rackham le Rouge, L'Étoile mystérieuse, L'Île Noire et L'Affaire Tournesol. C'est un véritable succès. Dix ans plus tard, après plusieurs années de travail aux Studios Hergé, sort en salle Le Temple du Soleil avec l'aide de Greg. Bien que l'histoire d'origine 1949 ait été fortement remaniée, le public est conquis. En 1972, Greg propose à Hergé un scénario original de long métrage qui ne reprend pas une aventure existante de Tintin. Tintin et le Lac aux requins plante le décor en Syldavie avec comme personnages principaux : Tintin, Haddock, Tournesol et Rastapopoulos. Le film est adapté en bande dessinée en 1973 par Casterman en 44 pages. Enfin, intéressé par le sujet, Steven Spielberg demandera en 1982 l'autorisation d'Hergé pour adapter Tintin, projet qu'il mettra près de 30 ans à mûrir avant la sortie en octobre 2011 sur grand écran de Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne.
Dernières années 1961-1983 Recul de l'auteur
Les Bijoux de la Castafiore et Vol 714 pour Sydney. Toutes les activités accumulées par Hergé depuis les années 1950 refonte d'albums, confections des cartes de vœux, adaptations au cinéma en font un homme fatigué qui espace de plus en plus ses nouvelles aventures. Avec sa nouvelle histoire, il veut à la fois camper Tintin chez lui à Moulinsart, sans exotisme, pour voir si j'étais capable de tenir le lecteur en haleine jusqu'au bout et d'autre part, bouleverser ses habitudes d'écriture. Les Bijoux de la Castafiore, sorte d'anti-aventure paraît à partir du 4 juillet 1961 dans le Journal de Tintin « Ce côté aventure me paraît à l'heure actuelle un peu infantile. »
— Interview d'Hergé16. Le scénario est digne d'une planche de Quick et Flupke : le récit banal est dérangé par des actions extérieures qui viennent à lui dans un cadre limité : la propriété de Moulinsart. Hergé s'amuse à dérégler ses personnages. Tintin est effrayé par une chouette, Haddock passe son temps en fauteuil roulant, les Dupondt ne cessent de se casser la figure et le paroxysme de ce dérèglement est la séance de télévision dans le laboratoire de Tournesol. Au terme des 62 planches, l'aventure se termine le 4 septembre 1962. Quatre ans après la fin des Bijoux de la Castafiore, Hergé entame sa prochaine aventure : c'est le 27 septembre 1966. Ici Tintin et ses amis sont de nouveau projetés à l'étranger sur une île indonésienne. Dans Vol 714 pour Sydney, destination d'origine des héros, le dessinateur continue dans sa lancée de démythification de la famille de papier en réglant ses comptes avec les méchants : Rastapopoulos en est l'exemple frappant : En cours de récit, je me suis rendu compte qu'en définitive Rastapopoulos et Allan n'étaient que de pauvres types. J'ai découvert ça après avoir habillé Rastapopoulos en cow-boy de luxe …. D'ailleurs, ainsi déboulonnés, mes affreux me paraissent un peu plus sympathiques : ce sont des forbans, mais de pauvres forbans!… Autre point essentiel de l'album, c'est la maquette du Carreidas 160, jet privé du milliardaire Lazlo Carreidas, caricature du constructeur français Marcel Dassault. Le Journal de Tintin présente un écorché extrêmement précis de l'avion réalisé par Roger Leloup 1966. Enfin, par le biais du personnage Ezdanitoff inspiré du journaliste Jacques Bergier, Hergé initie ses lecteurs à la parapsychologie et boucle l'histoire par l'intervention discrète des extraterrestres comme clin d'œil humoristique. La fin est proposée dans le Journal du 28 novembre 1967.
Reconnaissance internationale années 1970
Tintin est devenu un héros universel. Au fond, je n'ai qu'un seul rival international : c'est Tintin ira jusqu'à dire Charles de Gaulle. Après la fin de Vol 714 pour Sydney, Hergé décide de mettre de côté Tintin quelques années pour voyager, s'adonner à sa nouvelle passion l'art contemporain et surtout se reposer. Le 6 juin 1970, Alexis Remi le père de l'artiste, décède à l'âge de 87 ans. Grand fan des Indiens d'Amérique depuis sa jeunesse, Hergé les rencontre pour la première fois, accompagné de sa compagne Fanny Vlamynck dans le Dakota du Sud 1971. La même année, il donne une interview exclusive au jeune journaliste Numa Sadoul qui dure pendant quatre jours. Cette entrevue lui permet de se dévoiler et de brosser un tableau intime de Tintin et de sa vie. Pourtant, c'est durant cette décennie que le dessinateur va se trouver propulsé sur le devant de la scène. En effet, il reçoit de nombreux hommages et des décorations. En 1973, il est reçu par le gouvernement de Tchang Kaï-chek pour avoir soutenu la cause chinoise en 1935. Trois ans plus tard, après quarante-deux ans de séparation, il retrouve les traces de son ami chinois Tchang Tchong-Jen, le coauteur du Lotus bleu qu'il croyait mort. En 1979, Andy Warhol réalise une série de quatre portraits de l'artiste belge qui resteront mondialement célèbres. Enfin, les années 1970 sont celles de la notoriété internationale d'Hergé gagnée en plusieurs stades progressifs. Durant les années 1930, les ventes éditées par le Petit Vingtième étaient très modestes moins de 50 000 exemplaires en Belgique. Une première percée se produisit en 1941 avec la publication du Crabe aux pinces d'or favorisée par l'apparition de l'album en couleur quelques mois plus tard chez Casterman. L'apparition du Journal Tintin en 1946 stimula encore davantage les ventes pour atteindre le million d'exemplaires vendus en 1948. À partir de ce moment, la machine est en marche et il n'est plus possible de l'arrêter : un million d'exemplaires par an 1960, 10 millions d'exemplaires 1961, 26 millions 1970, 81 millions 1980 et jusqu'à 6 millions pour la seule année 1983 ! À la mort du dessinateur, Les Aventures de Tintin étaient traduites en une quarantaine de langues à travers le monde.
Œuvre inachevée Tintin et les Picaros et Tintin et l'Alph-Art.
Huit ans après la fin de Vol 714 pour Sydney, l'avant-dernière aventure de Tintin apparaît le 16 septembre 1975 dans le Journal. Depuis le précédent album, Hergé ne travaille plus que pour son plaisir et il prend son temps pour bâtir l'histoire : L'idée a mis longtemps à prendre forme ; c'est comme une petite graine, un petit ferment qui prend son temps pour se développer. J'avais un cadre : l'Amérique du Sud … mais rien ne prit forme avant longtemps : il fallait que vienne un déclic. Hergé présente des personnages profondément modifiés d'une part physiquement port du jean, pratique du yoga, déplacement en cyclomoteur… et moralement extrême passivité face aux actions. Suite de L'Oreille cassée, Tintin et les Picaros reprend un certain nombre de personnages déjà connus du public : le général Alcazar, le colonel Sponsz, Pablo, Ridgewell… Des nouveaux interviennent : Peggy Alcazar, le général Tapioca qui n'était jusqu'alors que mentionné, le colonel Alvarez. L'artiste s'inspire de nouveau du contexte international instable en Amérique Latine marqué, au cours des années 1970, par l'affaire Régis Debray et des coups d'État à répétition : notamment au Chili, l'assassinat du président Salvador Allende lors du coup d'État militaire du général Pinochet en 1973. Dans Les Picaros, Hergé fait de nouveau intervenir Tintin dans les affaires de l'État fictif du San Theodoros. Enfin, par le prisme de cette bande dessinée, certains y voient le début de la fin : « Malgré les apparences, la fin de Tintin et les Picaros est la plus amère qu'ait jamais dessinée l'auteur. "Eh bien je ne serai pas fâché de me retrouver chez nous, à Moulinsart…" déclare le capitaine Haddock … "Moi aussi capitaine…" répond laconiquement Tintin. On sent … que les héros, cette fois, sont bel et bien fatigués. Le 13 avril 1976, Hergé termine Les Picaros. Il a déjà , à cette période, un projet pour le prochain album : J'ai une idée, ou plutôt, une fois encore, j'ai un lieu, un décor : j'aimerais que tout se passe dans un aéroport, du début à la fin. En 1978, l'auteur abandonne l'idée de l'aéroport pour le thème de l'art contemporain, sa nouvelle passion depuis les années 1960. Cependant, l'année 1979 est celle du demi-siècle de Tintin, ce qui occupe tout le temps du dessinateur. Par ailleurs, son état de santé se dégrade. Tintin et l'Alph-Art s'esquisse lentement, malgré l'épuisement de l'auteur. Le 18 mars 1981, Hergé retrouve Tchang, avec qui il s'était lié d'amitié lors de la réalisation du Lotus bleu. Après plus de 40 années de séparation, leurs retrouvailles sont organisées à Bruxelles, par Gérard Valet, journaliste à la RTBF, et la rencontre est retransmise en direct à la télévision. Hergé apparaît très affaibli et semble extrêmement gêné par cette hyper-médiatisation. La maladie progresse, Hergé doit s'aliter et subir régulièrement des transfusions sanguines. Courant février 1983, il est hospitalisé à la clinique Saint-Luc de Woluwe-Saint-Lambert. Après une semaine passée dans le coma, Georges Remi décède d'une leucémie le 3 mars 1983, à l'âge de 75 ans. La dernière aventure de Tintin est interrompue au niveau de la planche 42. Le défunt est inhumé, à sa demande, au cimetière du Dieweg dans la commune bruxelloise d'Uccle, et cela par dérogation spéciale car cette nécropole est désaffectée. Mais il s'y trouve un certain nombre de monuments remarquables qui plaisaient à Hergé.
Postérité
Œuvre actuelle depuis 1983 Aventure post-mortem 1984-2010 Son héritière et veuve Fanny Remi sa femme depuis 1977 hésite sur le sort à réserver à L'Alph-Art : ses collaborateurs doivent-ils poursuivre l'album ? Hergé avait fait part de sa volonté avant de mourir : Il y a certes des quantités de choses que mes collaborateurs peuvent faire sans moi et même beaucoup mieux que moi. Mais faire vivre Tintin, faire vivre Haddock, Tournesol, les Dupondt, tous les autres, je crois que je suis le seul à pouvoir le faire : Tintin c'est moi, exactement comme Flaubert disait "Madame Bovary, c'est moi !". En 1986, madame Remi dissout les Studios Hergé remplacés par la Fondation Hergé. Elle décide que L'Alph-Art pourra être publié mais dans l'état laissé à la mort de son créateur153. Les adaptations se multiplient : en 1984, Johan de Moor et le studio Graphoui avaient entrepris de redonner vie à Quick et Flupke en les adaptant au petit écran. Ainsi 260 dessins animés d'une minute sont réalisés. En parallèle, les planches en noir et blanc des gamins de Bruxelles, sont reprises, modernisées, colorisées et partagées en onze albums Casterman 1984-1991. En 1991 est créée, d'après Les Aventures de Tintin, une série télévisée d'animation franco-canadienne produite par Ellipse et réalisée par Stéphane Bernasconi. Au total il y a 18 épisodes de 45 minutes chacun hormis Tintin en Amérique. La série reprend tous les albums exceptés Tintin au pays des Soviets jugé trop ancien et partial, Tintin au Congo jugé trop colonialiste et enfin Tintin et l'Alph-Art car inachevé. Diffusée sur France 3 à partir de mai 1992, c'est un véritable succès. En 2001, le Musée national de la Marine consacre une exposition à Hergé intitulée Mille sabords ! Tintin, Haddock et les bateaux. Malgré la volonté de l'auteur, des centaines d'apocryphes vont se développer après sa mort. Leur diffusion se fait de façon confidentielle car ils sont poursuivis farouchement par Fanny Remi et son nouveau mari Nick Rodwell, les héritiers des droits d'auteurs qui exploitent à présent commercialement la marque et ses très nombreux produits dérivés. En 2007, à l'occasion du centième anniversaire de la naissance de l'artiste, Hergé revient au sommet de l'actualité. Un article de Philippe Goddin, un spécialiste de Tintin, affirme qu'il pourrait être mort du SIDA. Bien qu'il soit mort officiellement de la leucémie, Hergé devait changer son sang régulièrement. Or, à cette époque, le VIH était très mal connu et encore moins détectable dans le sang. Le dessinateur aurait donc pu contracter le virus lors d'une transfusion ce qui expliquerait les fréquentes grippes, pneumonies et bronchites qu'il avait à répétition à la fin de sa vie. Au même moment, sa veuve pose la première pierre du futur Musée Hergé de Louvain-la-Neuve au parc de la Source Belgique. La structure ouvre ses portes en juin 2009. En 2007, Steven Spielberg et Nick Rodwell annoncent la réalisation d'une Trilogie Tintin, prévue pour 2010-2011. La première partie est une adaptation du Secret de La Licorne et Tintin est joué par le britannique Jamie Bell158, révélé dans Billy Elliot. Le film est relativement bien accueilli par la critique, et est un succès commercial.
Haute surveillance
Après la mort d'Hergé, ses collaborateurs, groupés autour de Bob de Moor, avaient donc espéré faire survivre l'œuvre de leur "patron". Du vivant de celui-ci, ils avaient entrepris quelques tentatives de réaliser des aventures de Tintin conçues dans une perspective d'avenir. Mais Hergé jugeait que "ce n'était pas encore ça" 159 et, finalement, il avait décidé que son œuvre s'arrêterait avec lui. Vraisemblablement, il devait craindre une dérive qui enlèverait à son héros sa spécificité incomparable, pour en faire un des multiples sujets interchangeables des bandes dessinées pullulant dans le monde. La dernière manifestation posthume d'Hergé fut la réalisation par les anciens de son atelier de la fresque décorant les quais de la station Stockel du métro bruxellois. Conçue par l'architecte Jacques Baudon, cette station est dédiée à la déclaration de l'ONU sur la protection de l'enfance. On y voit représenté tous les personnages des aventures de Tintin qui ont enchanté des générations d'enfants et d'adultes. Dans les années 2000, à une des entrées de la nouvelle gare du Luxembourg, à Bruxelles, une reproduction photographique en noir et blanc fortement agrandie représente l'entrée de Saint-Nicolas à Bruxelles dessinée par Hergé dans les années trente. Ce sont les héritiers d'Hergé qui ont autorisé la pose de cette fresque, tout comme des planches agrandies installées à la gare du midi, à Bruxelles, représentant Tintin juché sur une locomotive à vapeur en pleine vitesse extraites de la version en noir et blanc de Tintin en Amérique. Sa veuve étant remariée avec Nick Rodwell, les époux, parfois jugés trop protectionnistes, gèrent l'héritage artistique d'Hergé au travers de la société anonyme Moulinsart dans le principe d'un respect absolu de l’œuvre. Depuis 1996, les héritiers rachètent les franchises de droits à l'exploitation de Tintin. Désormais, la totalité de la légitimité de l'œuvre originale leur revient. Les produits dérivés, réalisés par des stylistes professionnels de la Fondation Hergé, doivent être réalisés suivant un cahier des charges extrêmement rigoureux : respect des couleurs, du texte, pas de montage… Fanny Rodwell refuse toute association entre l'image de Tintin et des marques d'alcool ou de cigarettes. De nombreux produits de l'univers de Tintin, se vendent uniquement dans les boutiques et espaces réservés à cet effet. Leurs prix, souvent élevés entre 50 et 800 euros pour une statuette sont la conséquence d'une production artisanale de qualité. La société anonyme Moulinsart 162 avenue Louise, 1050 Bruxelles, Belgique est titulaire exclusive, pour le monde entier, de l’ensemble des droits d’exploitation de l’œuvre d’Hergé, en particulier Les Aventures de Tintin. Le droit d’auteur protège non seulement les albums de bande dessinée et les dessins cases, strips, planches, dessins hors-textes, couvertures, scénarios, textes, dialogues, gags, mais aussi les décors, les personnages et leurs caractéristiques, les noms, titres et lieux imaginaires, les onomatopées, polices de caractères et autres éléments de l’œuvre d’Hergé.
— Extrait de la charte Moulinsart. En mars 2008, une gouache originale réalisée en 1932 par Hergé pour la couverture de Tintin en Amérique a été vendue, aux enchères chez Artcurial à Paris, pour la somme de 780 000 euros. C'est un record pour un original de BD. En 2009, depuis 1929, plus de 230 millions d'albums de Tintin ont été vendus à travers le monde en plus de 90 langues dont 43 langues régionales : 49 Langues officielles : NB : La date signifie la première date d'édition. Afrikaans (1973) - Allemand (1952) - Anglais américain (1959) - Anglais britannique (1952) - Arabe (1972) - Arménien (2006) - Bengali (1988) - Bulgare - Chinois mandarin (2001) - Cingalais (1998) - Coréen (1977) - Danois (1960) - Espagnol (1952) - Espéranto (1981) - Estonien (2008) - Finnois (1961) - Français (1930) - Grec (1968) - Hébreu (1987) - Hongrois (1989) - Indonésien (1975) - Islandais (1971) - Italien (1961) - Japonais (1968) - Khmer (2001) - Latin (1987) - Letton (2006) - Lituanien (2007) - Luxembourgeois (1987) - Malais (1975) - Mongol (2006) - Néerlandais (1946) - Norvégien (1972) - Perse (1971) - Polonais (1994) - Portugais (1936) - Portugais brésilien (1961) - Romanche (1986) - Roumain (2005) - Russe (1993) - Serbo-croate (1974) - Slovaque (1994) - Slovène (2003) - Suédois (1960) - Taïwanais (198 ) - Tchèque (1994) - Thaï (1993) -Turc (1962) - Vietnamien (1989). 43 Langues régionales : Alghero (1995) - Allemand (Bernois) (1989) - Alsacien (1992) - Anversois (néerlandais local) 2008) - Asturien (1988) - Basque (1972) - Borain (2009) - Bourguignon (2008) - Breton (1979) - Bruxellois (2007) - Bruxellois (Néerlandais local) (2004) - Cantonais (2004) - Catalan - Corse - Créole Antillais (2009) - Créole mauricien (2009) - Créole réunionnais (2008) - Féroïen (1988) - Flamand (Ostende) (2007) - Francoprovençal (Bresse) (2006) - Francoprovençal (Gruyère) (2007) - Francoprovençal (unifié) (2007) - Frison (1981) - Gaélique (1993) - Galicien (1983) - Gallo (1993) - Gallois (1978) - Gaumais (2001) - Néerlandais (Hasselts) (2009) - Néerlandais (Twents) (2006) - Occitan (1979) - Picard (Tournai-Lille) (1980) - Picard (Vimeu) - Papiamentu (2008) - Provençal (2004) - Tahitien (2003) - Tibétain (1994) - Vosgien (2008) - Wallon (Charleroi) - Wallon (Liège) (2007) - Wallon (Namur) (2009) - Wallon (Nivelles) (2005) - Wallon (Ottignies) (2006) - Français québécois (2009).
Personnalité insaisissable Collaborateur passif
Quand certainsQui ? le comparent à Georges Simenon ou considèrent que c'était un collaborateur passif mais opportuniste, d'autres jugent qu'Hergé n'était pas un collaborateur ni un antisémite mais simplement un homme de son époque et que Tintin n'est pas une exception. Par exemple, ils avancent que Jacques Martin, le futur père d'Alix, fut un produit de Vichy en participant aux Chantiers de la Jeunesse du maréchal Pétain entre 1941 et 1943. Comme le constate Pierre Assouline : pour Hergé comme pour un certain nombre d'écrivains et d'artistes, l'Occupation a correspondu à un "âge d'or", ainsi qu'en témoignent la qualité, la richesse et l'abondance de leur travail durant cette période. À partir de l'automne 1941, les albums vendus atteignent la barre des 100 000 exemplaires sur lesquels le dessinateur touche 10 % du prix. Son salaire mensuel 10 000 francs belges pendant les années 1940-1944 sera aussi pointé du doigt, notamment au procès des journalistes du Soir en 1946. Pour certains de ses détracteurs, en passant de la rédaction du Vingtième Siècle à celle du Soir en 1940, Hergé passe d'un journal tiré à 15 000 exemplaires à un autre tiré à 200 000 puis 300 000 ; il ajoutera : De l'effondrement de 1940, date, il faut s'en souvenir, l'entrée d'Hergé dans le succès et son corollaire, la richesse… Ainsi, Hergé vendit 600 000 albums durant l'Occupation. Un jour, sous l'Occupation, le dessinateur reçoit une lettre d'un lecteur du 16 octobre 1940 : Permettez Monsieur, un père de famille nombreuse de vous dire sa tristesse et sa déconvenue de voir Tintin et Milou paraître dans le Nouveau Soir. En marge de vos amusants dessins, on leur infiltrera le venin de la religion néopaïenne d'outre-Rhin. Si vous le pouvez encore faites machine arrière. Excusez de ne pas signer mais les temps sont trop incertains.
Opinons politiques
Concernant ses opinions politiques, il est incontestable qu'Hergé a longtemps été proche des milieux catholiques d'extrême-droite. En revanche, il semble avoir été beaucoup plus réservé vis-à -vis du fascisme et de l'Allemagne nazie. Jamais il n'a exprimé publiquement sa sympathie pour le rexisme et encore moins adhéré au mouvement. Il a en outre dépeint dans Le Sceptre d'Ottokar une Belgique victime d'une tentative d'agression allemande, par l'intermédiaire des États fictifs de la Syldavie et de la Bordurie une sorte d'Anschluss raté. La tentative d'Anschluss que déjoue Tintin est perpétrée par un certain Müsstler mot-valise construit sur les noms des dictateurs italien Mussolini et allemand Hitler, chef du parti La Garde D'Acier.
Heinkel He que pilote Tintin dans Le Sceptre d'Ottokar.
Il semble aussi qu'Hergé se soit inspiré des uniformes de la Wehrmacht pour dessiner ceux de l'armée bordure, dont les avions militaires sont des Heinkels, comme l'atteste le nom écrit sur le fuselage dans la première version de 1939, et comme le lui fera sèchement remarquer un officier-censier allemand pendant la guerre. L'album est réédité en 1942, sous l'Occupation allemande : le nom de "Müsstler" est conservé dans cette version. Pour M. Benoît-Jannin, À l'approche de la Seconde Guerre mondiale, Hergé (…) appartient à un groupe informel d'individus venant de l'Action catholique belge ou de nulle part, qui va servir l'Ordre nouveau. C'est l'effondrement de 1940 (…) qui permettra à cette poignée d'idéologues fascisants et d'opportunistes de tenir tout à coup le haut du pavé. Pour Philippe Goddin, Hergé était un homme de droite imprégné de catholicisme et de scoutisme. Mais un homme de droite anticonformiste qui, dans son dernier album (…) renverra fascistes et révolutionnaires dos à dos.
Accusation de racisme
Au cours des années 1930 en Europe, réapparaît la vague d'antisémitisme qui s'était déjà déclarée au tournant du xixe siècle au temps de l'affaire Dreyfus. En France et en Belgique, sans parler de l'Allemagne et de l'Italie, les milieux catholiques d'extrême-droite gagnent du terrain. Or, c'est précisément dans ce milieu qu'Hergé est né et qu'il s'épanouira. Dans l'édition originale de L'Oreille cassée 1936, on retrouve, à la 117e planche, le premier croquis d'un Juif. C'est un antiquaire à qui Tintin s'adresse pour obtenir un fétiche arumbaya. Cependant, c'est L'Étoile mystérieuse qui suscite toutes les interrogations. Contrairement à l'album précédent, celui-ci est dessiné pendant l'Occupation allemande entre octobre 1941 et mai 1942. Dans l'édition du Soir-Jeunesse, on trouvait d'abord une planche qui représentait deux Juifs au nez crochu et à la bouche lippue s'exclamer ainsi : Tu as entendu Isaac ? C'est la fin du monde ! Si c'était vrai ? Hé hé hé ! Ce sera une bonne bedide avaire Salomon ! Che tois 50 000 francs à mes vournisseurs… Gomme za che ne te frais bas bayer. Puis l'histoire se montre comme une vision manichéenne : d'un côté le groupe du Bien des pays neutres ou alliés à l'Allemagne avec Tintin en tête qui combat d'un autre côté le groupe du Mal dirigé par un banquier américain Juif du nom de Blumenstein. Pour l'édition en album couleurs 1943, Casterman exigea le retrait de la première planche, le changement du nom du banquier en Bohlwinkel et le retrait du drapeau américain planté sur le canot ennemi. Ainsi, pour M. Benoît-Jeannin L'Étoile mystérieuse est une « complaisance antisémite d'autant plus que le supplément Le Soir-Jeunesse avait une rubrique qui encourageait les lecteurs à envoyer des histoires juives. Hergé a réagi sur ces détails avec des propos qui n'ont rien d'antisémite : J'ai effectivement représenté un financier antipathique sous les apparences sémites, avec un nom juif : le Blumenstein de L'Étoile mystérieuse. Mais cela signifie-t-il antisémitisme ?… Il me semble que, dans ma panoplie d'affreux bonshommes, il y a de tout : j'ai montré pas mal de mauvais de diverses origines, sans faire un sort particulier à telle ou telle race. On a toujours raconté des histoires juives, des histoires marseillaises, des histoires écossaises. Ce qui, en soi, n'a rien de bien méchant. Mais qui aurait prévu que les histoires juives, elles, allaient se terminer, de la façon que l'on sait, dans les camps de la mort de Treblinka et d'Auschwitz ?… À un moment donné, j'ai d'ailleurs supprimé le nom Blumenstein et je l'ai remplacé par un autre nom qui signifie, en bruxellois, une petite boutique de confiserie : bollewinkel. Pour faire plus exotique je l'ai orthographié Bohlwinkel. Et puis, plus tard, j'ai appris que ce nom était, lui aussi, un véritable patronyme israélite ! Fin 1941, les massacres n'avaient pas encore touché l'Europe de l'Ouest, mais en Belgique depuis octobre 1940, les Juifs étaient déjà exclus des universités, des écoles et de l'administration.. D'ailleurs le dessinateur n'a jamais émis publiquement d'excuses au sujet de son rôle durant la guerre, mais il confiera en privé trente ans après les faits : « C'est vrai que certains dessins, je n'en suis pas fier. Mais vous pouvez me croire : si j'avais su à l'époque la nature des persécutions et la Solution finale, je ne les aurais pas faits. Je ne savais pas. Ou alors, comme tant d'autres, je me suis peut-être arrangé pour ne pas savoir Sur la question de l'antisémitisme ou du racisme supposé d'Hergé les exemples et contre-exemples abondent dans son œuvre : Concernant les Juifs, leur image ne fut pas systématiquement négative181. En effet, lorsqu'il dépeint des activistes de l'Irgoun luttant contre les Britanniques en Palestine dans la première version inachevée de Tintin au pays de l'or noir en 1939, il ne tombe pas dans la caricature. Le riche juif américain Samuel Goldwood de L'Oreille cassée, parue deux ans plus tôt, a quant à lui le beau rôle, puisqu'il restitue spontanément à Tintin le fétiche volé à la fin du récit. Dans Les Sept boules de cristal, certains lui ont reproché la grande étoile étoile de David qu'il a placée sur la scène du music-hall à une période qui ne s'y prêtait pas 1943-1944. Or, lorsque la première partie de l'histoire parut dans Le Soir, l'étoile ne figurait pas. Elle a été ajoutée après coup183. Enfin, dans l'aventure en Amérique, le dessinateur rendit plus humains les Indiens longtemps considérés comme de cruels sauvages en dénonçant notamment leurs expropriations foncières par les compagnies pétrolières. Finalement, s'interroge Pierre Béguin, Hergé est-il considéré comme raciste parce qu'il a dessiné des Japonais fourbes ? Non. L'est-il pour avoir réduit Chicago à une ville de gangsters et représenté les Américains comme des affairistes sans scrupules ? Non. L'est-il pour avoir limité sa vision de l'Amérique latine à des bandes de révolutionnaires sanguinaires et avinés ? D'ailleurs, concernant Tintin au Congo, les Congolais actuels préfèrent en sourire au point de faire de Tintin une icône : Faux ! Tintin n'était pas raciste, seulement un peu paternaliste ! Comme tous les blancs de l'époque …. Il montre bien les méfaits de la colonisation, le côté négatif des Blancs, leurs magouilles… Les aventures du petit reporter nous ont permis de sortir de notre isolement …
Affaire Tintin au Congo
Malgré le rajeunissement donné par Hergé à son deuxième album en 1946, Tintin au Congo connut à partir de la fin des années 1950, une assez longue période de disgrâce qui … le laissa fort difficile à dénicher. Le temps était désormais à la décolonisation. Il aura fallu attendre les années 1970 pour revoir l'album dans les boutiques. L'édition britannique ne fut disponible qu'en 1982. Or, Hergé avait dessiné ces planches en noir et blanc entre 1930 et 1931 lorsqu'il travaillait pour le Petit Vingtième. En 1927, on venait de fêter le cinquantenaire de la découverte du Congo belge par Stanley et ce fut donc le moment pour envoyer le jeune reporter dans cette contrée lointaine. Comme pour Les Soviets, son rôle était politique : il s'agissait de faire l'éloge d'une colonie qui n'attirait aucun Belge mais qui manquait de main d'œuvre. Pour Hergé, comme c'était le cas avec la série Flup, Nénesse, Poussette et Cochonnet 1928, le missionnaire catholique était toujours l'un des héros des aventures africaines. Le 23 juillet 2007, un Congolais étudiant en Sciences Politiques à Bruxelles porte plainte devant la justice belge contre X et contre la société Moulinsart. Il réclame l'arrêt de la vente de l'album Tintin au Congo et un euro symbolique de dommages et intérêts à l'éditeur. En parallèle, la commission britannique pour l'égalité des races CRE estima que l'album était délibérément raciste. Aux États-Unis et à Londres, certaines bibliothèques et librairies ont retiré l'ouvrage des rayons pour enfants pour le placer dans ceux réservés aux adultes. De son côté, la société Moulinsart s'est montrée étonnée que cette polémique renaisse aujourd’hui. Hergé s’était expliqué, disant qu’il s’agissait d’une œuvre naïve qu’il fallait replacer dans le contexte des années 1930, où tous les Belges pensaient faire du très bon travail en Afrique. Le débat est relancé toutes les décennies depuis un demi-siècle. Hergé était-il raciste ? Si le tableau qu'il dresse du Congo et de ses habitants l'est bien, il faut rappeler comme il le souligna lui-même, qu'il vivait à une époque où le colonialisme battait son plein. Bien entendu il y avait des anticolonialistes mais l'opinion générale y était plutôt favorable : Pour le Congo, tout comme pour Tintin au pays des Soviets, il se fait que j’étais nourri des préjugés du milieu bourgeois dans lequel je vivais… C’était en 1930. Je ne connaissais de ce pays que ce que les gens en racontaient à l’époque : Les nègres sont de grands enfants, heureusement que nous sommes là !etc. Et je les ai dessinés, ces Africains, d’après ces critères-là , dans le pur esprit paternaliste qui était celui de l’époque en Belgique. Pour Jean-Claude De la Royère, conservateur au Centre belge de la Bande dessinée : faire du politiquement correct avec de l’ancien est impossible. D'ailleurs finalement, Hergé n'avait-il pas dans beaucoup d'autres aventures insufflé d'incontestables valeurs humanistes ? Le Dalaï-lama, n'a-t-il pas déclaré lors de son passage en Belgique que : Tintin au Tibet a permis à de très nombreuses personnes de savoir que le Tibet existait ? Toutefois, les opinions restent partagées sur les valeurs véhiculées dans le numéro.
Œuvre Théoricien de la « ligne claire »
La manière de dessiner d'Hergé varia considérablement entre les années 1920 et les années 1970. Au début de sa carrière, le jeune dessinateur n'a pas encore son propre style et comme beaucoup de débutants il commence par imiter d'autres artistes. On connaît l'existence de caricatures de souverains français Louis XIII, Louis XIV et Louis XV) ou de croquis de militaires Joffre et Foch qu'il a repris dans le Larousse vers 1922. Au cours des années 1920, il est frappé par les techniques de plusieurs artistes comme Benjamin Rabier 1864-1939 célèbre pour ses croquis d'animaux Fables de La Fontaine, La vache qui rit fondée en 1921 : On retrouve son influence au début des Soviets quand mes dessins partent d'une décorative, une ligne en "S". À partir de Tintin et les Picaros, Hergé commence à intégrer l'art contemporain dans ses albums vpor la sculpture de Miró, 1968. Ses premières aventures sont marquées par le peu de clarté dans les cases, les contrastes de noir et blanc qu'il commence à maîtriser à la perfection et enfin le milieu cinématographique qui a marqué son enfance. Au milieu des années 1930, il prend conseil auprès du maître de la bande dessinée française, Alain Saint-Ogan. Les Aventures de Quick et Flupke sont un véritable laboratoire pour Hergé qui se lâche sans contrainte : les lignes vibratoires des notes de musique, les directions, les pirouettes. Un tournant s'amorce dans le dessin de l'artiste avec Le Lotus bleu. En effet, son ami chinois Tchang Tchong-Jen lui apprend l'art de la calligraphie chinoise tout en approfondissant sa philosophie et son observation de la nature : Cet arbre que tu regardes, il a une âme comme toi. Le souci principal d'Hergé est de rendre visible, clair, vivant et précis son dessin ce qu'il commence à maîtriser avec le Sceptre d'Ottokar. Pendant la guerre, il travaille beaucoup et selon ses mots dessine deux cases exceptionnelles : la première dans le Crabe aux pinces d'or et la seconde dans le Trésor de Rackham le Rouge. Après 1945 il renforce progressivement en place sa méthode graphique qu'il approfondit au fil des années. Contrairement à ses débuts notamment lorsqu'il était illustrateur il y a une absence d'ombres et de hachures. Pour mettre en page son aventure, le père de Tintin commence par écrire un synopsis de deux ou trois pages avant d'effectuer un découpage sur de petites feuilles où il griffonnera des croquis. Puis il passe aux planches de grand format et enfin il fait un calque de tous les croquis qu'il juge satisfaisants les plus clairs, qui marquent le plus le mouvement. La ligne blanche est particulièrement bien visible dans les albums de la fin des années 1950 et des années 1960. C'est le temps où les objets, les personnages et les décors sont systématiquement tracés à l'encre de même épaisseur. L'aplat de couleurs est un dégradé de couleurs simples et vives. Durant les années 1960, Hergé commence à se piquer d'art moderne d'abord par Joan Miró puis par Lucio Fontana. Lors de l'exposition Tintin à Rotterdam 1977, le dessinateur Joost Swarte fut le premier à parler du style d'Hergé comme d'une ligne claire Klare lijn. Depuis, le père de Tintin est considéré comme le pionnier et le théoricien de cette nouvelle conception du dessin.
Collectionneur et peintre abstrait
Hergé nourrissait des fortes affinités avec la peinture. Parmi les maîtres anciens, il aimait beaucoup Bosch, Breugel, Holbein et Ingres, dont il admirait les traits et les lignes pures. Il s'intéresse également de près aux artistes contemporains comme Liechtenstein, Warhol ou Miro, au sujet duquel il confiera à son conseiller en art et ami Pierre Sterckx qu'il a provoqué chez lui un véritable choc. Hergé commence à acquérir des œuvres dans les années 1950, principalement des toiles d'expressionnistes flamands. Au début des années soixante, il fréquente la galerie Carrefour de Marcel Stal et, au contact des artistes, critiques, collectionneurs qu'il y croise, entreprend d'acheter des œuvres de Fontana, Poliakoff et bien d'autres. En 1962, Hergé franchit le pas, il veut peindre. Il va choisir Van Lint, qui était un des peintres abstraits les plus en vue de l'époque et qu'il appréciait beaucoup, pour être son professeur particulier. Durant un an, Hergé apprend, sous la tutelle de Van Lint, et 37 toiles en sortiront, influencées par son professeur, mais aussi par Miro, Poliakoff, Devan ou Klee. Toutefois, Hergé en restera là , ayant senti qu'il ne pouvait plus avancer, qu'il ne pouvait s'exprimer dans cette voie. Ces toiles ont néanmoins atteint une cote élevée, due à l'attraction exercée sur les collectionneurs pour tout ce qui se rapproche d'Hergé, mais aussi pour leur qualité intrinsèque .
Totor 1926
Totor ou Totor, CP Chef de Patrouille des Hannetons, est un héros de bande dessinée créé par Hergé pour le journal Le Boy-Scout belge, en 1926. C'est un chef scout très débrouillard, qui apparaît pour la première fois dans Les extraordinaires aventures de Totor, CP des Hannetons. Dessiné par Hergé à ses débuts, ce personnage est graphiquement très approximatif, et ne durera pas très longtemps, bientôt remplacé par Tintin. On peut ainsi considérer Totor comme l'ancêtre de ce dernier, à la fois graphiquement et historiquement.
Les Aventures de Tintin 1929
La série est publiée pour la première fois le 10 janvier 1929 dans Le Petit Vingtième, supplément pour enfants du journal belge Le Vingtième Siècle. La série est également publiée assez rapidement dans Cœurs vaillants à partir du 26 octobre 1930. Les Aventures de Tintin se déroulent dans un univers reproduisant minutieusement le nôtre, fourmillant de personnages aux traits de caractère bien définis. Cette série est plébiscitée depuis plus de 70 ans par les lecteurs et les critiques. Le héros de la série est le personnage éponyme Tintin, un jeune reporter et globe-trotter belge. Il est accompagné durant ses aventures par Milou, son fidèle chien. Au fil des Aventures, plusieurs figures récurrentes sont apparues comme le Capitaine Haddock — au point de devenir incontournable — les détectives incompétents Dupond et Dupont, ou encore le professeur Tournesol. Hergé lui-même apparaît dans chacun de ses albums, en tant que personnage secondaire. Cette série à succès, publiée sous la forme d'albums 24 au total, dont 1 inachevé, est à l'origine d'un magazine à grand tirage Le Journal de Tintin, et a été adaptée à la fois au cinéma et au théâtre. Les Aventures de Tintin ont été traduites dans environ cinquante langues et vendues à plus de 200 millions d'exemplaires.
Quick et Flupke 1930
Quick et Flupke est une série d'albums de bande dessinée créée par Hergé. Les séries sont publiées dans les pages du journal Le Petit Vingtième à partir du 23 janvier 1930. Les deux héros sont des enfants des rues de Bruxelles, et sont nommés Quick et Flupke, Petit Philippe en brabançon. Les deux garçons causent de sérieux problèmes par accident, ce qui leur amène des ennuis avec leurs parents et la police, en particulier l'Agent 15. Ils aiment fabriquer toutes sortes d'engins aussi inutiles que dangereux comme des avions à roulettes ou des planeurs. Après la Seconde Guerre mondiale, les planches sont regroupées par séries. Les deux premières sont éditées en janvier 1949, la onzième et dernière série en janvier 1969. Six recueils des mêmes histoires sont ensuite tirés sous le nom Les exploits de Quick et Flupke de 1975 à 1982. Le Triomphe de l'Aigle Rouge 1930 Le Triomphe de l'Aigle Rouge est une histoire de Far-West parue en 1930 dans 5 numéros de Cœurs vaillants Les illustrations sont signées Hergé ; le texte a priori également. Elle raconte les aventures de Tim Cobalt et chacun des 5 épisodes est accompagné de une à deux grandes illustrations 12x14 cm.
Popol et Virginie au pays des Lapinos 1934
Popol et Virginie au pays des Lapinos est un album à part dans l'œuvre d'Hergé, c'est le résultat d'une longue chaîne de transformations. La première mouture de cette histoire est publiée sous le titre Tim l'écureuil au Far West dans un petit journal de quatre pages distribué à l'automne 1931 dans le grand magasin bruxellois L'Innovation. Deux ans plus tard, Les Aventures de Tom et Millie sont publiées dans Pim et Pom, encart jeunesse de Pim - Vie heureuse, le supplément hebdomadaire du journal belge La Meuse. Ensuite en 1934 Les Aventures de Popol et Virginie au Far West sont publiées dans Le Petit Vingtième, avant de finalement reparaître en 1948 dans l'hebdomadaire Le Journal de Tintin sous le titre que nous connaissons aujourd'hui.
Jo, Zette et Jocko 1936 Jo, Zette et Jocko.
Jo, Zette et Jocko raconte une histoire sous forme de bande dessinée réalisée par Hergé. Elle a été créée en 1936 pour le journal Cœurs vaillants, dont les éditeurs catholiques un peu réservés devant le personnage de Tintin, auraient demandé à Hergé de créer de nouveaux héros, avec une famille. 1re planche de Le Rayon du mystère ou Les Aventures de Jo, Zette et Jocko dans le no 3 de Cœurs vaillants du 19 janvier 1936. Publié ensuite dans Le Petit Vingtième, à partir d'octobre 1936. Il s'agit d'un frère et d'une sœur, Jo et Zette, âgés d'une douzaine d'années, et de leur singe Jocko. Ils vivent en famille avec leur mère et leur père, l'ingénieur Legrand. Jocko est un chimpanzé apprivoisé, qui les accompagne librement. Très intelligent, il lui arrive de soliloquer, mais il ne parle pas aux humains. La particularité des aventures de Jo et Zette Legrand réside dans le fait qu'il s'agit d'une action se situant dans le cadre d'une vraie famille avec des personnages ayant un prénom et un nom. On est donc de ce point de vue loin de Tintin du même auteur qui, lui, n'a pas de parents connus. Si les enfants vivent loin de leurs parents des aventures peu ordinaires, ils restent néanmoins dépendants de l'intervention d'adultes pour les sauver. Ils ne possèdent pas de pouvoirs particuliers mais leur seule intelligence et volonté pour se sortir de mauvais pas. Ceci fait d'eux des personnages très réalistes et proches de leurs lecteurs.
Distinctions et décorations
1971 : Prix Adamson du meilleur auteur international 1972 : Prix Yellow Kid pour l'ensemble de son œuvre 1973 : Grand Prix Saint-Michel 17 janvier 1979 : « Mickey d'honneur » pour l'ensemble de son œuvre de la Walt Disney Company. 1999 : Temple de la renommée Jack Kirby à titre posthume 2003 : Temple de la renommée Will Eisner à titre posthume
Posté le : 21/05/2016 15:17
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