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De 18290 France
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Jehanne de France, la bonne duchesse
Jehanne de France avait dit-on, un visage difforme, une bosse dans le dos et un pied-bot. Louis XI son père, qui l’aime pourtant beaucoup, la faisait dit-on aussi, cacher derrière les dames d’honneur pour lui parler, tellement sa vue l’indisposait. Mais la beauté qui avait fui le corps de « Jehanne » avait envahi son âme. Cette princesse était naturellement douce, aimante, et fidèle. Enfant, elle fut élevée d’abord au château d’Amboise jusqu'à l’âge de cinq ans où son handicap commença à se voir. On l’envoya alors au château de Lignières en Berry où elle fut élevée avec beaucoup de tendresse par Anne de Culan et son époux François de Beaujeu. Elle ne quittera Lignières que pour se marier en 1476, puis elle le regagnera presque aussitôt après. Car son époux Louis d’Orléans volage et coureur de jupons, ne voulait pas la voir car disait-il, « c’est contraint et forcé qu’il a épousé ce laideron ». Pourtant lorsque ce même « Louis d’Orléans », après avoir comploté avait été capturé à la bataille de Saint Aubin du Cormier en 1488, puis emprisonné pendant trois ans par la régente Anne de France dans la grosse Tour de Bourges, abandonné de tous ; qui croyez-vous venait le réconforter en sa prison, l’aider dans ses démarches pour être pardonné, et plaider sa libération ? Eh oui, c’était la laide et bonne Jehanne qui, pendant trois longues années, va soutenir son époux en sa prison et va implorer l’indulgence de sa sœur la régente et de son neveu le roi. Et quand enfin sa persévérance fit libérer son époux, celui-ci se détourna de nouveau d’elle.
Jehanne de France, la reine de France répudiée
Lorsqu’en 1498, le roi Charles VIII se fracassa la tête sur un linteau de porte au château d’Amboise, l’ingratitude de Louis d’Orléans qui devint alors roi de France sous le nom de Louis XII, va jusqu'à le conduire à répudier son épouse Jehanne, pour pouvoir épouser Anne de Bretagne, la veuve du défunt roi son prédécesseur. Pour assurer un revenu décent à l’épouse répudiée dans un procès humiliant, mais aussi pour l’éloigner de la cour, Louis XII donna à Jehanne de France les terres du Berry. Cette donation faite à Jehanne de France, fut pour le Berry un cadeau inestimable. Jehanne par sa bonté et sa justice s’attira la vénération du petit peuple berrichon, qui dans toute la province l’appela « la bonne duchesse ». Pour la première fois dans son histoire, le Berry, qui avait déjà connu la prospérité, connut en plus avec cette femme, une certaine douceur de vivre. Jehanne s’installa à Bourges et fonda l’ordre religieux des « Annonciades ». Elle meurt en 1505, à l’âge de 40 ans. En Berry, cette femme, dont la seule beauté était celle de son âme, fut honorée comme une sainte, bien avant qu’elle soit béatifiée (1) et canonisée (2).
Mais une histoire en cache souvent une autre !
Pour pouvoir obtenir l’annulation de son mariage avec Jehanne, Louis XII avait dû se plier aux exigences du Pape Alexandre VI. Ce dernier avait exigé, en échange de cette annulation, que le roi de France donne une épouse et un titre à son fils César Borgia dont l’actuelle soutane d’archevêque de Valence qu’il portait, devenait bien indécente, au regard du fratricide dont il était soupçonné et de ses relations incestueuses avec sa sœur Lucrèce. Quoique, César Borgia ne fit que suivre l’exemple de son père, qui cardinal avant d’être Pape, eut huit enfants de sa maîtresse officielle Giovanna de’Cattanei. Louis XII trouva la future épouse de César Borgia en la personne de Charlotte d’Albret fille du duc d’Aquitaine et sœur du roi de Navarre. Puis il donna à ce même César Borgia le titre de duc de Valentinois.
César Borgia, en France, à la cour de Louis XII
En 1498, César Borgia vint donc en France, à Chinon, pour apporter à Louis XII l’annulation de son mariage avec Jehanne de France. En retour Louis XII le fit, comme convenu, duc de Valentinois » et, en prime, lui attribua la seigneurie d’Issoudun. L’année suivante, César Borgia épousa la jolie Charlotte d’Albret en pleure d’avoir été ainsi vendue par le roi et sa famille à un si triste sire. Fort heureusement pour la douce Charlotte, le séjour de César Borgia en notre beau pays de France ne dura que jusqu'au lendemain de son mariage. Pourquoi partit-il si vite ? En voilà l’histoire ! (3) César Borgia entretenait sa réputation d’homme viril pour ainsi impressionner les Dames de la cour de France, qui sans médisance, avaient moult instruction et pratique en la matière. Sans douter du fondé de la réputation du beau César, elles lui firent savoir que c’est au pied du mur qu’on voit le maçon et qu’elles attendaient le lendemain de son mariage avec Charlotte, afin d’estimer, si son art de faire était aussi prometteur que celui de son paraître, et que de ce bilan, naîtraient ou point d’elles des vocations. Au-devant d’une telle attente intéressée du beau sexe, le majestueux César commença à douter de lui-même. D’autant que le peuple de France venait lui crier son hostilité tous les matins sous les fenêtres du château où il logeait. César Borgia eut très peur de cette hostilité populaire qui lui fit perdre de sa belle assurance. Au matin de son mariage, César, en grand secret, demanda à l’apothicaire des pilules à rendre l’ardeur pour festoyer sa Dame. L’homme se trompa et lui donna des pilules laxatives qui transformèrent la nuit de noce en incessants allers-et-retours effrénés, entre chambre nuptiale et latrines. En apprenant cette mésaventure - que les femmes de chambre ne manquèrent pas de colporter à tous vents - les Dames de la cour de France railleuses, en firent gorge chaude. César Borgia couvert de honte quitta alors Chinon et le royaume, abandonnant sa femme Charlotte d’Albret pour ne jamais revenir. Epilogue
Après cet événement, Charlotte d’Albret vécut à La Motte- Feuilly, en Berry et y meurt en 1514. Charlotte d’Albret dont le mariage avait permis l’annulation de celui de Jehanne de France, rendit souvent visite à Bourges à la bonne duchesse. Il semble même qu’une amitié lia ces deux femmes bafouées et délaissées. Issoudun ne vit sans doute jamais ce trouble personnage que fut César Borgia (4) qui devait se contenter, le temps de sa présence en France, de toucher les revenus de cette seigneurie.
Johan (JR.).
Notes de références :
(1) Jehanne de France, fille de Louis XI, fut béatifiée en 1743 (2) Jehanne de France, fille de Louis XI fut canonisée en 1950 (3) d’après le récit de Pierre de Bourdeille seigneur de Brantôme (1540- 1614 ) « Vie des Dames Galantes » (4) César Borgia a servi à Machiavel de modèle pour son ouvrage « Le Prince » 1513.
Posté le : 22/04/2018 16:57
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