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De Montpellier
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Légende de l'image : Sexe-ratio par pays en 2006. En rose : plus de femmes que d'hommes ; en vert : autant de femmes que d'hommes ; en bleu : moins de femmes que d'hommes ; en gris : données non disponibles. - Tout le monde connait la disparition des espèces dues à la violence des hommes , mais connaissiez-vous celle-ci ?:
7 milliards d'êtres humains, mais combien de femmes ?
Depuis le 30 octobre 2011, la Terre est officiellement peuplée de 7 milliards d'habitants. Cependant, les hommes, pour des raisons culturelles, économiques ou sociales, y sont de plus en plus nombreux, au détriment des femmes, ce qui pourrait conduire, à terme, à une catastrophe démographique.
Une du quotidien québécois Le Devoir en date du 31 octobre 2011 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir. ©Le Devoir 01.11.2011 Par Thomas Hajdukowicz Le 7 milliardième Terrien serait en fait une Terrienne. La petite Danica, née à Manille, Philippines, a créé la liesse dans son pays, fier de pouvoir se targuer d’abriter le 7 milliardième habitant officiel de notre planète bleue. Cependant, statistiquement, il eut été plus probable qu’un petit Bayani ou Dakila (prénoms masculins tagalog populaires aux Philippines) ait vu le jour.
Le sexe-ratio (taux comparé du nombre d’hommes et de femmes pour une génération donnée) mondial est de l’ordre de 1,01 en 2011 d’après le World Factbook de la CIA. A savoir : pour 1000 Terriennes, on compte 1010 Terriens. Si on prend ce taux à la naissance, l’écart s’accentue, avec 1070 garçons nouveau-nés pour 1000 filles.
Le monde commence à faire face à une « carence » de femmes, qui peut conduire à terme à de graves déséquilibres démographiques, a fortiori avec une population globalement vieillissante (en particulier dans les pays dits développés), mais toujours croissante (d’ici à 2050, la Terre devrait compter 9 milliards d’habitants). Cependant, ces déséquilibres ne sont pas les mêmes en fonction des régions du monde.
Dans des pays comme la Chine, l’Inde ou le Pakistan, le nombre de garçons dépasse celui des filles de plus de 10%. On estime que d’ici 2030, on pourra compter jusqu’à 1200 garçons pour 1000 filles dans ces pays. On assiste bel et bien à une génération féminine perdue en Asie, puisque cette tendance frappe aussi dans une moindre mesure des pays comme la Corée du Sud ou la Thaïlande.
Les raisons de ces rapports déséquilibrés sont diverses. Pour la Chine, la politique natale de l’enfant unique a bien évidemment fait beaucoup de tort au genre féminin, les parents préférant bien souvent donner naissance à un fils (les « enfants-empereurs »). De plus, dans les pays de tradition confucéenne, seul le fils peut succéder aux parents et perpétuer le culte des ancêtres. En Inde et au Pakistan, la pauvreté de nombreuses familles pousse ces dernières à préférer les garçons aux filles ; lors des mariages, la famille de l’épouse doit verser une dot à celle du marié, un coût que tous ne peuvent pas se permettre. Par ailleurs, on estime que les hommes sont plus productifs que les femmes, et en cela plus « rentables » pour les familles les plus démunies. Par ailleurs, dans les pays du Golfe (Emirats Arabes Unis, Qatar, Bahreïn, Koweït) où une grande partie de la main d’œuvre est d’origine étrangère, les travailleurs migrants n’ont bien souvent pas la possibilité de faire venir leurs familles. Aussi, on assiste à des déséquilibres statistiques de fait, avec parfois plus de 2000 hommes pour 1000 femmes.
Sexe-ratio par pays en 2006. En rouge : plus de femmes que d'hommes ; en vert : autant de femmes que d'hommes ; en bleu : moins de femmes que d'hommes ; en gris : données non disponibles. - Cliquez sur l'image pour l'agrandir. ©Wiki Commons Des solutions à long terme
Si un temps l’infanticide au féminin – la mise à mort des nouveau-nés filles – était pratiqué, la science a depuis progressé, rendant ce que certains appellent un « gynécide » plus facile et contrôlable. Le développement de l’insémination artificielle permet de sélectionner avant la naissance le sexe de l’enfant. Les échographies déterminent de plus en plus tôt si le bébé à naître est un garçon ou une fille (pouvant conduire ou non à l’avortement). Or, généralement, les familles de ces pays, pour les raisons culturelles et/ou sociales évoquées plus haut font le choix d’avoir un ou plusieurs garçons.
En 2005, on estimait à 32 millions le nombre de Chinoises « manquantes ». En Inde, ce chiffre des Indiennes « non nées » atteindrait les 15 millions. A terme, si la proportion de filles par rapport aux garçons continue d’être aussi déséquilibrée, c’est toute une frange de la population qui ne pourra pas être renouvelée. Des études chinoises montrent déjà que 94% des célibataires de 28 à 49 ans en Chine sont des hommes, qui pour la plupart n’ont pas terminé leurs études secondaires. Certains craignent qu’une masculinisation trop importante de la société chinoise pourrait entraîner une hausse nette de la violence et du crime. On assiste aussi à une augmentation des mariages par correspondance (mariages forcés avec des femmes venant de l’étranger), notamment en Chine.
Par ailleurs, d’un point de vue strictement socio-économique, il faut s’attendre à voir un ralentissement net du taux de natalité dans les pays concernés pour une durée allant de 20 à 40 ans. Cela aura pour conséquences un vieillissement de la population, et à terme un net ralentissement de ces économies pour l’instant très dynamiques.
Certaines mesures ont été prises. La Corée du Sud, qui au début des années 1990 connaissait un des sexe-ratio les plus déséquilibrés du monde (près de 1200 hommes pour 1000 femmes) a pu rétablir un équilibre similaire à celui des pays de la Triade, grâce à une importante campagne de communication autour du danger d’une disproportion hommes/femmes trop importante, afin de replacer les filles et les femmes au cœur de la société. Des campagnes similaires ont été lancées dans les provinces d’Inde les plus frappées par le « gynécide ». En Chine, un assouplissement de la politique de l’enfant unique, notamment dans les campagnes, pourrait amener à rétablir un semblant d’équilibre des sexes dans le pays. Cependant il faudra attendre au moins près de 20 ans avant que les premiers effets sensibles de ces politiques se fassent sentir.
Posté le : 24/03/2013 16:44
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