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Charles-Augustin de Sainte Beuve
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Le 13 Octobre 1868 à Paris naît Charles Sainte-Beuve. critique littéraire et écrivain français,

L'écrivain

Comment parler aujourd'hui de Sainte-Beuve sans être contre Sainte-Beuve, avec tous ceux qu'il a méconnus ou calomniés, c'est-à-dire la plupart des grands écrivains de son temps : Balzac, Hugo, Stendhal, Baudelaire..., avec tous ceux qui ont dénoncé l'étroitesse de ses vues, la petitesse de son caractère, la mesquinerie de ses enquêtes biographiques, c'est-à-dire, derrière Proust, avec une cohorte de critiques médiocres qui, forts de l'exemple proustien, dénigrent le prétendu grand maître de la critique littéraire et se défendent de lui rien devoir alors même qu'ils ne font que l'imiter.
Mais que nous importent les jalousies et les poisons de Sainte-Beuve, ses ambitions et ses maladies ?
Les définir, écrire leur histoire, c'est être pour lui, c'est marcher sur ses traces, c'est faire cette critique biographique et psychologique qu'il pratiquait mieux que personne, en portraitiste et en causeur, et l'on a cru qu'il s'agissait de critique littéraire.
Ce qui compte, c'est le poids dont ont pesé ces volumes de feuilletons et de chroniques sur l'histoire de la littérature et sur la manière dont elle s'écrit.
Essayons de relire ce Saint-Beuve-là : portraits, causeries, histoire, mais aussi recueils de vers, romans et nouvelles, et de comprendre le sort qui lui fut réservé.
De l'échec du poète de Joseph Delorme à la consécration glorieuse du critique des Lundis, se dessine un itinéraire qui va d'un effort incompris pour créer des formes poétiques et romanesques nouvelles à une pratique à la fois érudite et diserte du discours critique qui en fixera le modèle pour un siècle.
Pour ou contre Sainte-Beuve ?
mais de quel Sainte-Beuve parle-t-on ? de l'homme ? de l'Å“uvre ? et de quelle Å“uvre ?

Vie et origine

Né à Moreuil le 6 novembre 1752, le père de l'auteur, Charles-François Sainte-Beuve, contrôleur principal des droits réunis et conseiller municipal à Boulogne-sur-Mer, se marie le 30 nivôse an XII : 21 janvier 1804 avec Augustine Coilliot, fille de Jean-Pierre Coilliot, capitaine de navire, née le 22 novembre 1764.
Toutefois, atteint par une angine, il meurt le 12 vendémiaire an XIII : 4 octobre 1804.
Orphelin de père dès sa naissance le 23 décembre 1804 à Boulogne-sur-Mer, Sainte-Beuve est élevé par sa mère et une tante paternelle, veuve également.
En 1812, il entre en classe de sixième comme externe libre à l'institution Blériot, à Boulogne-sur-Mer, où il reste jusqu'en 1818.
À cette époque, il obtient de poursuivre ses études à Paris.
Placé dans l'institution Landry en septembre 1818, il suit comme externe les cours du collège Charlemagne, de la classe de troisième à la première année de rhétorique, puis ceux du collège Bourbon, où il a pour professeur Paul-François Dubois, en seconde année de rhétorique et en philosophie.
En 1822, il est lauréat du Concours général, remportant le premier prix de poésie latine.
Après l'obtention de son baccalauréat ès lettres, le 18 octobre 1823, il s'inscrit à la faculté de médecine le 3 novembre.
Puis, conformément à l'ordonnance du 2 février 1823, qui l'exige pour les professions médicales, il prend des leçons particulières de mathématiques et passe le baccalauréat ès sciences, le 17 juillet 1824.
Toutefois, alors qu'il a été nommé en 1826 externe à l'hôpital Saint-Louis avec une chambre, il abandonne ses études de médecine en 1827 pour se consacrer aux lettres. Après un article anonyme paru le 24 octobre 1824, il publie dans Le Globe, journal libéral et doctrinaire fondé par son ancien professeur, Paul-François Dubois, un article signé "Joseph Delorme" le 4 novembre.
Le 2 et le 9 janvier 1827, il publie une critique élogieuse des Odes et ballades de Victor Hugo, et les deux hommes se lient d'amitié.
Ensemble, ils assistent aux réunions au Cénacle de Charles Nodier à la Bibliothèque de l'Arsenal.
A cette époque Charles Sainte -Beuve a une liaison avec l'épouse de Hugo, Adèle Foucher.
Le 20 septembre 1830, Sainte-Beuve et l'un des propriétaires du journal Le Globe, Paul-François Dubois, se battent en duel dans les bois de Romainville.
Sous la pluie, ils s'échangent quatre balles sans résultats. Sainte-Beuve, durant le duel, conserva son parapluie à la main, disant qu’il voulait bien être tué mais pas mouillé.
Après l'échec de ses romans, Sainte-Beuve se lance dans les études littéraires, dont la plus connue est Port-Royal, et collabore notamment à La Revue contemporaine. Port-Royal entre 1837 et 1859, le chef-d'œuvre de Saint-Beuve, décrit l'histoire de l'Abbaye de Port-Royal des Champs, de son origine à sa destruction.
Ce livre résulte d'un cours donné à l'Académie de Lausanne entre le 6 novembre 1837 et le 25 mai 1838.
Cette œuvre a joué un rôle important dans le renouvellement de l'histoire religieuse. Certains historiens qualifient Port-Royal de "tentative d'histoire totale".
Élu à l'Académie française le 14 mars 1844 au fauteuil de Casimir Delavigne, il est reçu le 27 février 1845 par Victor Hugo.
En 1848-1849, il accepte une chaire à l'université de Liège, où il donne un cours consacré à Chateaubriand et son groupe littéraire, qu'il publie en 1860.
À partir d'octobre 1849, il publie, successivement dans Le Constitutionnel, Le Moniteur et Le Temps des feuilletons hebdomadaires regroupés en volumes sous le nom de "Causeries du lundi", leur titre venant du fait que le feuilleton paraissait chaque lundi.
À la différence de Hugo, il se rallie au Second Empire en 1852.
Le 13 décembre 1854, il obtient la chaire de poésie latine au Collège de France, mais sa leçon inaugurale sur "Virgile et L'Énéide" , le 9 mars 1855, est perturbée par des étudiants qui veulent dénoncer son ralliement.
Il doit alors envoyer, le 20 mars, sa lettre de démission.
Par la suite, le 3 novembre 1857, il est nommé maître de conférences à l'École normale supérieure, où il donne des cours de langue et de littérature françaises de 1858 à 1861.
Sous l'Empire libéral, il est nommé au Sénat, où il siège du 28 avril 1865 jusqu'à sa mort en 1869.
Dans ces fonctions, il défend la liberté des lettres et la liberté de penser.

L'échec du poète

Qu'est-ce que Sainte-Beuve attendait de l'écriture ?
D'abord, la solution idéale d'une difficulté d'être qui n'était ni une angoisse métaphysique, ni, dès l'origine, un thème littéraire.
"Vie, poésies et pensées" de Joseph Delorme en 1829 racontent un mal qui, pour être aussi du siècle, n'est pas celui de René, mais celui d'un jeune plébéien sans avenir qui, pour échapper aux misères bien réelles de sa condition, rêve de la seule gloire que le règne de Charles X semble pouvoir lui offrir, Sainte-Beuve, lui-même orphelin de père, avait quitté Boulogne-sur-Mer où il était né pour venir à Paris où il connut une certaine gêne.
Il rêve de s'intégrer à une communauté étrangère aux distinctions de rang et de classe, celle des purs poètes :
" L'idée de s'associer aux êtres élus qui chantent ici-bas leurs peines et de gémir harmonieusement à leur exemple lui sourit au fond de sa misère et le releva un peu." Dans l'univers idéal où chaque poète occupe un domaine particulier, il pense obtenir le sien : si, par exemple, les vastes horizons et les hauteurs du ciel reviennent à Lamartine, il veut se réserver les aperçus terre à terre et les minuties de la vie intérieure.
Mais comment intéresser à une humble poésie domestique, toute proche de celle des lakistes, un public de privilégiés, pour qui l'élégie n'est que le luxe harmonieusement sentimental de belles âmes ennuyées ?
Passé 1830, Sainte-Beuve, Werther jacobin et carabin, saint-simonien d'un jour, a compris que, sous le régime de Juillet, il n'est pas d'Eden possible, même entre poètes.
En évoquant "le vrai des douleurs" Pensées d'août, il ne faisait qu'offenser des goûts délicats.
Ses poèmes sont rejetés comme prosaïques, dans tous les sens du mot.

En 1834, "Volupté" représente, sous l'influence de Lamennais, une nouvelle tentative pour chercher une issue au malaise de Joseph Delorme, transposé dans celui d'Amaury.
Roman poème, fondé sur l'exploration des souvenirs, "Volupté" reste une œuvre sans lendemain : en l'écrivant, Sainte-Beuve espère moins se faire reconnaître comme romancier que modifier sa propre condition et se modeler sur le personnage, guéri et unifié par la religion, qu'il s'est proposé de créer.
Mais, ainsi abordée par la littérature, la foi n'apporte pas plus de remède que la poésie.
Ces démarches de créateur, incomprises ou avortées, sont importantes, car elles ont amené Sainte-Beuve à découvrir que la littérature pouvait être mensonge : les œuvres éloquemment généreuses de tant de poètes, tel Lamartine, ou de nouveaux prophètes, tel Lamennais, lui apparaissent comme des oripeaux colorés et trompeurs dans lesquels se drapent des hommes faibles, passionnés et mesquins.
C'est à peindre ceux-ci que son œuvre ultérieure est consacrée.

L'"avocat" et le portraitiste

Pourtant, même en tant que portraitiste, Sainte-Beuve a commencé par l'illusion.
Chroniqueur du Globe, journal modérément romantique, il s'y fait très vite le propagandiste de l'école nouvelle.
Dans son Tableau historique et critique de la poésie et du théâtre français au XVIe siècle (1828), il veut
"chercher dans nos origines quelque chose de national à quoi se rattacher" dans Lundi du 15 octobre 1855, et défendre les jeunes poètes contre l'accusation d'être les imitateurs d'une poésie étrangère.
Il pratique, selon son propre mot, une critique "avant-courrière" et devient le "héraut" du génie de Victor Hugo.
Mais les enquêtes indiscrètes et véridiques succèdent bientôt aux dithyrambes.
Peu après 1830, Sainte-Beuve déclare préférer à l'éloquence et aux effusions romantiques la rigueur de l'analyse selon la méthode des idéologues.
Il s'applique à "chercher l'homme dans l'écrivain" et remarque que, pour y parvenir,"on ne saurait étudier de trop près, tandis et à mesure que l'objet vit" (Préface des Critiques et portraits littéraires, 1836).
C'est ainsi qu'il s'attachera désormais aux moindres détails pour attraper "le tic familier, le sourire révélateur, la gerçure indéfinissable" dans "Portrait de Diderot", en 1831.
Une pareille quête semble exiger que celui qui s'y livre ne soit "ni fanatique, ni même trop convaincu ou épris d'une autre passion quelconque" (article Du génie critique et de Beyle, 1835).
Mais la critique ainsi comprise consiste beaucoup plus à décrire les particularités morales qu'à analyser des œuvres littéraires.

Le "savant" et le "juge"

C'est en enseignant, à Lausanne, en 1837-1838, l'histoire de Port-Royal que Sainte-Beuve découvre comment la critique et l'histoire littéraires pourraient servir à l'édification d'une "histoire naturelle morale" et qu'il baptise "science littéraire" la détermination et le classement, à partir de documents, littéraires ou non, des "familles naturelles d'esprits".
Cette entreprise lui paraît impossible à mener à bien dans un monde où sévit le mercantilisme littéraire.
Ce n'est donc pas assez d'observer et de classer, il faudrait aussi pouvoir juger et dénoncer la décadence d'une littérature gâtée par "l'industrie", par l'abus des couleurs, la grandiloquence et le faux.
Ce nouvel exercice d'une critique fondée sur les arrêts du bon goût apparaît clandestinement dans les Chroniques parisiennes que Sainte-Beuve écrit pour la Revue suisse de Lausanne (1843-1845).
Passés les remous et les alertes de la révolution de 1848, qui l'ont obligé à un second exil, à Liège, et lui ont donné l'occasion de dire son mot sur la fausse grandeur du "père" des romantiques dans le cours sur Chateaubriand et son groupe littéraire, Sainte-Beuve se réjouit de la victoire de l'ordre moral et social, qui rend à nouveau possible l'exercice d'une critique discréditée par l'anarchie de la littérature industrielle.
Les causeries hebdomadaires qu'il commence en 1849 et poursuit quasi officiellement au Moniteur à partir de 1852 et jusqu'à sa mort à Paris apparaissent comme une entreprise de police littéraire.
Face aux dangers de corruption : romantisme et révolution, il importe de défendre la tradition.
"Le critique, assure-t-il, n'est qu'un homme qui sait lire et qui apprend à lire aux autres."
Fausse modestie d'un critique dogmatique qui veut inculquer la supériorité d'un certain classicisme, ignorant les frontières et les préjugés, mais respectueux de la mesure et du bon sens.
Cette magistrature critique se déguise toujours derrière des alibis scientifiques, résumés dans une devise :
"le vrai le vrai seul", et dans une méthode :"l'histoire naturelle des esprits".
Sainte-Beuve se fait fort de trouver pour chacun, qu'il s'agisse d'un grand écrivain ou non, et nombreux sont les Lundis consacrés à des personnages qui ne se sont signalés par aucune œuvre littéraire le mot qui le caractérise et qui permet de le rattacher à son groupe.
Vaste entreprise descriptive qui ne saurait avoir de terme et qui n'apporte aucune connaissance véritable ni de l'homme, ni des œuvres.

Contre Sainte-Beuve, "de Proust", résume assez bien par son titre même l'attitude de la pensée contemporaine à l'égard de celui qui passe encore pour le symbole de la critique littéraire.
En effet, nombreux sont les motifs du discrédit qui l'a frappé.
Mais il reste également qu'il y a aussi beaucoup de raisons pour Sainte-Beuve.
Sainte-Beuve, à différentes époques et à plusieurs reprises, a défini lui-même sa méthode.
On sait l'importance qu'il accorde à la biographie :
"En fait de critique et d'histoire littéraire, il n'est point, ce me semble, de lecture plus récréante, plus délectable et à la fois plus féconde en enseignements de toute espèce, que les biographies bien faites des grands hommes" en 1829.
Trente-cinq ans plus tard, il précise :
"Connaître, et bien connaître, un homme de plus, surtout si cet homme est un individu marquant et célèbre, c'est une grande chose et qui ne saurait être à dédaigner …. Un jour viendra …, un jour où la science sera constituée, où les grandes familles d'esprit, et leurs principales divisions seront déterminées et conçues. Alors le principal caractère d'un esprit étant donné, on pourra en déduire plusieurs autres" écrit-il en 1864.
Tel est le thème général : pénétrer par la sympathie dans l'existence d'un écrivain, c'est déjà jeter des lumières sur son œuvre ; mais il ne faut pas en rester là : il est possible de déceler des familles d'esprits parmi les écrivains, et le critique est comparable au naturaliste.
Contre Sainte-Beuve
Si la conception beuvienne paraît aujourd'hui dépassée, c'est qu'il y a déjà au départ une singulière déformation : trop souvent Sainte-Beuve a employé les œuvres à constituer des biographies. Mais surtout, et Proust l'avait bien remarqué, il méconnaît qu'un livre est le produit d'un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitudes, dans la société, dans nos vices", et, en conséquence, l'élément biographique, la connaissance personnelle des écrivains ne sont que d'un faible secours pour comprendre la genèse d'une œuvre. Cette œuvre est finalement insaisissable par la critique historique, comme le constate Valéry :
" Les prétendus enseignements de l'histoire littéraire ne touchent presque pas à l'arcane de la génération des poèmes …. Tout se passe dans l'intime de l'artiste …. Tout ce que l'histoire peut observer est insignifiant" écrit de 1920.
Les procédés de la critique beuvienne sont eux-mêmes d'une valeur douteuse.
Quand Sainte-Beuve déclare : Un écrivain, selon moi, n'est bien défini que quand on a nommé et distingué à côté de lui et ses proches et ses contraires, que fait-il d'autre, par un tel classement, sinon de se référer à un code artificiel ?
Car, et on l'a à bon droit souligné, en quoi sommes-nous renseignés sur un écrivain en apprenant qu'il ressemble à un autre avec quelque chose en plus ou en moins par exemple, Lesage est un "Molière adouci", Vauvenargues un "Pascal adouci et non affaibli", Beaumarchais égale Chamfort plus la gaieté ?
Sainte-Beuve dresse en effet une carte des grands écrivains, des têtes de file : Molière, La Fontaine, Pascal, Voltaire, Rousseau…, sortes d'astres de première grandeur qui servent de référence et autour desquels gravitent un certain nombre de talents moins puissants.
Ceux-là sont comparés à ceux-ci en fonction de critères politiques et moraux chers au critique : l'ordre, la raison, la discipline, et qui lui permettent de légiférer. De là une totale disparition de l'œuvre en soi au profit d'une entité inexistante, l'auteur.
On comprend que toute la critique actuelle se soit depuis longtemps insurgée contre cette façon de voir, ou plutôt de ne pas voir, la littérature.
Pour Sainte-Beuve
Mais il y a aussi un pour Sainte-Beuve. Il a eu l'intuition essentielle que la critique ne pouvait tout expliquer. En 1864, dans un article consacré à l'Histoire de la littérature anglaise de Taine et où il se montre plus souple que ce dernier, il écrit :
"Il reste toujours en dehors, jusqu'ici, échappant à toutes les mailles du filet, si bien tissé qu'il soit, cette chose qu'on appelle individualité du talent, du génie."
Sainte-Beuve l'a parfaitement compris : quel que soit le système, il ne peut que rester en dehors de ce miracle qu'est la naissance d'une œuvre d'art.
Ajoutons que l'auteur des Lundis a l'extraordinaire mérite de savoir éveiller les esprits. Rappellons sa formule : Le critique est un homme qui sait lire et qui apprend à lire aux autres.
Il s'est probablement trompé sur lui-même : au moins la lecture de son œuvre critique est-elle un remarquable ferment, tout comme son Port-Royal est une incessante invitation à la méditation.
Cette œuvre critique relègue quelque peu dans l'ombre, du fait de son ampleur, Sainte-Beuve poète.
Or, on est sensible à certains poèmes de Joseph Delorme, tels les "Rayons jaunes" : par sa mélancolie intimiste, ses notations familières dégagées de toute rhétorique, par le jeu des correspondances, Sainte-Beuve se révèle là un précurseur.

Comme s'il était conscient de la vanité de son ambition de naturaliste des esprits, Sainte-Beuve donne parfois une autre définition de sa critique.
Elle serait le prolongement de l'œuvre poétique interrompue, et, de portraits en portraits, le causeur des Lundis va en quête d'émotions nouvelles et se métamorphose en tous ceux qu'il cherche à faire revivre.

Quoi qu'il en soit, plaisir de dilettante ou devoir de moraliste, cette pratique de la critique est apparue comme un modèle.
Impressionnisme et nomenclatures pseudoscientifiques, tels sont bien les deux aspects principaux de la critique d'inspiration beuvienne.
Substituer à ce monde imaginaire de la littérature – où l'on ne rencontre que des individus : l'auteur, le lecteur, et le critique, guide du lecteur – la réalité plus complexe d'un monde où ni les œuvres littéraires ni les individus n'existent comme des entités absolument distinctes et "naturellement" définies, telle est la conversion que la critique et l'histoire littéraires n'ont pas fini d'accomplir pour atteindre leur objet véritable : ni pour, ni contre Sainte-Beuve, mais après Sainte-Beuve et ses imitateurs.

Å’uvres

Poésie

Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme (1829)
Les Consolations (1830)
Pensées d'août (1837)
Livre d’amour (1843)
Poésies complètes (1863)

Romans et nouvelles

Volupté (1835)
Madame de Pontivy (1839)
Christel (1839)
Le Clou d’or qu'il dédia à Sophie de Bazancourt, femme du général François Aimé Frédéric Loyré d'Arbouville.
La Pendule (1880)

Critiques

Tombe de Sainte-Beuve au cimetière du Montparnasse, à Paris.
Tableau historique et critique de la poésie française et du théâtre français au xvie siècle (1828), 2 volumes
Port-Royal (1840-1859), 5 volumes
Portraits littéraires (1844 et 1876-78), 3 volumes
Portraits contemporains (1846 et 1869-71), 5 volumes
Portraits de femmes (1844 et 1870)
Causeries du lundi (1851-1881), 16 volumes
Nouveaux lundis (1863-1870), 13 volumes
Premiers lundis (1874-75), 3 volumes
Étude sur Virgile (1857). Texte de cette étude annoté par Henri Goelzer en 1895.
Chateaubriand et son groupe littéraire (1860), 2 volumes
Le Général Jomini (1869)
Madame Desbordes-Valmore (1870)
M. de Talleyrand (1870)
P.-J. Proudhon (1872)
Chroniques parisiennes (1843-1845 et 1876)
Les cahiers de Sainte-Beuve (1876)
Mes poisons (1926)

Correspondance

Lettres à la princesse (Mathilde) (1873)
Correspondance (1877-78), 2 volumes
Nouvelle correspondance (1880)
Lettres à Collombet (1903)
Correspondance avec M. et Mme Juste Olivier (1904)
Lettres à Charles Labitte (1912)
Lettres à deux amies (1948)
Lettres à George Sand
Lettres à Adèle Couriard
Correspondance générale, 19 volumes

Liens

http://youtu.be/I-_PtQXSQbg Ste Beuve dans le Boulonnais
http://youtu.be/HA_FwbuYgIA Portraits de femmes de Ste Beuve INA
http://youtu.be/th8SCHSM5Bg Un livre Un jour. Le siècle du progrès
http://youtu.be/KKUVd1_tGHQ Les rayons jaunes (Poème)
http://youtu.be/c98EW2MxDdU Dans ce cabriolet (Poème)
http://youtu.be/fu2aPUXfJ1M Mon âme (poème)


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Posté le : 12/10/2013 14:08

Edité par Loriane sur 13-10-2013 16:04:55
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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