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Georges Bernard Shaw
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Le 2 novembre 1950, à 94 ans meurt Georges Bernard Shaw

à Ayot St Lawrence, Hertfordshire, né à Dublin le 26 juillet 1856, écrivain, critique musical et dramaturge irlandais, essayiste, scénariste, et auteur célèbre de pièces de théâtre. Irlandais acerbe et provocateur, pacifiste et anticonformiste, il obtint le prix Nobel de littérature en 1925.son oeuvres la plus connue est Pygmalion en 1912

En Bref

Issu de la gentry protestante d'Irlande, pratiquement autodidacte, journaliste, il rêve de révolution, rédige le manifeste de la Fabian Society 1884 et prêche l'évangile de l'intelligence satisfaite. L'Impossibilité de l'anarchisme 1891, le Fabianisme et l'Empire 1900 et le Guide de la femme intelligente en présence du socialisme et du capitalisme 1928 dévoilent, sous les complexités économiques et politiques, les jeux du bon sens. Ses premiers romans tournent le dos au romantisme juvénile ; Shaw se fait une réputation d'humoriste mondain. Ses pièces plaisantes le Héros et le Soldat, 1894 ; Candida, 1897 ; On ne peut jamais dire, 1899, comme ses pièces déplaisantes L'argent n'a pas d'odeur, 1892 ; l'Homme aimé des femmes, 1898 ; la Profession de Mrs. Warren, 1902, ses pièces pour puritains le Disciple du diable, 1897 ; la Conversion du capitaine Brassbound, 1900 ; César et Cléopâtre, 1901 reposent sur la même recette : la démonstration de l'hypocrisie prélude à la révolte contre la révolte, ramenant aux satisfactions de la lucidité. Paradoxes et épigrammes émaillent cette marche vers l'ordre retrouvé. L'aspiration croissante à la surhumanité et l'éloge de l'élan vital inspirent l'Autre Île de John Bull 1904, l'Homme et le Surhomme 1905, Major Barbara 1905, le Dilemme du docteur 1906, Androclès et le Lion 1912, En remontant à Mathusalem 1922, Sainte Jeanne 1923. Pygmalion créé en 1913, publié en 1916 est sans doute son œuvre la plus célèbre, qui reprend le mythe en le modernisant : un jeune et riche phonéticien transforme une jolie bouquetière à l'accent faubourien en l'initiant aux règles du beau langage. Devenue élégante et recherchée, Eliza, amoureuse de son Pygmalion, comprend qu'elle n'est pour lui qu'une expérience réussie. Cette réflexion sur le langage comme moyen de la pensée et de la conquête sociale a été popularisée par la comédie musicale My Fair Lady 1964. Bernard Shaw a reçu en 1925 le prix Nobel de littérature et a continué d'écrire jusqu'à sa quatre-vingt-dixième année.

Sa vie

Né à Dublin dans une petite famille de la noblesse protestante le 26 juillet 1856, George Bernard Shaw acquiert une culture littéraire et musicale étendue. À l'âge de vingt ans, il rejoint à Londres sa mère, séparée de son père alcoolique, et s'intéresse à l'économie politique et au socialisme. La lecture de Karl Marx est pour lui une révélation. À côté de son activité de militant politique, il devient critique d'art et de musique, puis critique dramatique et écrit de nombreux essais.
En 1882, il adhère au socialisme. Il est également intéressé par le programme eugénique de Francis Galton de 1883. En 1884, lors de l'exposition de Santé internationale de Londres, il visite le stand du Laboratoire anthropométrique de Galton. Il adhère à la Société eugénique dès 1890. Son eugénisme est de type positif mais rejette les idées hégémoniques de Francis Galton et des autres conservateurs. Le socialisme eugénique de Shaw peut en fait se résumer à deux mesures jugées par lui essentielles : la suppression de la propriété privée et la disjonction radicale du mariage et de la reproduction.
Après avoir tenté en vain de publier cinq romans, George Bernard Shaw s'intéresse à partir de 1892 au théâtre pour lequel il écrit plus de cinquante pièces. Il développe alors un style où sa verve humoristique, mieux mise en valeur, fait de lui un maître incontesté du théâtre anglophone. Dans ses premières pièces, très engagées mais peu jouées, George Bernard Shaw s'attaque aux abus sociaux. La pièce Le Héros et le Soldat, produite en 1894 aux États-Unis, marque le début de sa notoriété internationale.
George Bernard Shaw fréquente la Fabian Society, où il rencontre Charlotte Payne Townshend qu'il épouse en 1898. Atteint de maladie et de surmenage, il réduit son activité politique. Ses succès et son mariage, la même année, mettent fin à sa vie de bohème. Sans jamais cesser de s'intéresser à la politique et aux questions sociales, il se consacre désormais entièrement à ses œuvres, pièces à thèse, où il tourne en ridicule le conformisme social. Son talent et sa renommée sont récompensés par le prix Nobel de littérature en 1925. Il remporte en 1939 un Oscar pour le scénario adapté de sa pièce Pygmalion au cinéma, mais il n'aurait jamais beaucoup estimé cet honneur : on raconte que, chez lui, il se servait de la statuette pour bloquer les portes. Resté très actif tout au long de sa vie, il meurt des suites d'une chute à l'âge de 94 ans.

La personnalité de Shaw, son extraordinaire vitalité, ses écrits politiques, sociaux et philosophiques, surtout son éblouissant théâtre d'idées dominent la scène littéraire anglaise de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Tour à tour romancier, critique littéraire, musical, dramatique, vulgarisateur des idées socialistes, brillant causeur, pamphlétaire paradoxal, réformateur impénitent et surtout auteur dramatique de tout premier plan, il s'imposera à la société anglaise de son temps, à la fois divertie par son humour et son génie comique et irritée par ses prises de position politiques, son didactisme de prophète ou ses extravagances. Le masque parfois excentrique ou sarcastique de G. B. S. ses initiales sont célèbres de bonne heure dans sa carrière cache un homme généreux, secret, d'une grande intelligence, dont la vie est une lutte pour la vérité et contre les conventions, pour la justice sociale et contre tous les abus. L'auteur dramatique compte parmi les plus illustres du théâtre anglais.

Le réformateur social et le critique

George Bernard Shaw tire peu de profit des différentes écoles qu'il fréquente, mais il acquiert par lui-même, un peu au hasard, une culture littéraire et musicale étendue. Après avoir travaillé quelque temps à Dublin, puis à Londres, où il est allé retrouver sa mère désormais séparée de son mari, il végète pendant plusieurs années au cours desquelles il complète sa formation par d'innombrables lectures.
Pendant cette période, il écrit cinq romans qui ne sont pas dénués d'intérêt, mais que tous les éditeurs refusent : parmi lesquels L'Amour chez les artistes (Love Among the Artists, 1881, La Profession de Cashel Byron, Cashel Byron's Profession, 1882 et Un socialiste peu sociable, An Unsocial Socialist, 1883. Ils contiennent déjà l'ébauche de certains thèmes que Shaw reprendra dans son théâtre. Entre-temps, une conférence de l'économiste H. George en 1882 et la lecture de Marx l'ont converti au socialisme qui lui apparaît comme la seule solution possible aux problèmes sociaux. La satire sociale et la lutte pour l'amélioration de la société occuperont une grande partie de sa vie. Pendant une quinzaine d'années, 1883-1898, il déploie une intense activité dans deux directions : celle du socialisme et celle de la critique d'art.
Devenu membre de la Société fabienne, groupe d'intellectuels Sidney Webb et H. G. Wells entre autres qui souhaitaient imposer le socialisme par une lente et prudente pénétration dans tous les organes de direction de la société, il multiplie conférences, débats, articles et essais : Essais fabiens Fabian Essays, 1889. Son intérêt pour les questions sociales, économiques et politiques ne fléchira pas puisqu'il publiera, en 1928, le Guide de la femme intelligente en présence du socialisme et du capitalisme The Intelligent Woman's Guide to Capitalism and Socialism et, en 1944, Le Manuel politique pour tous, Everybody's Political What's What.
Parallèlement, Shaw devient critique d'art au journal The World, critique musical pour The Star et The World et enfin critique dramatique à la Saturday Review. Ses articles seront réunis dans plusieurs recueils. Il écrit à la même époque La Quintessence de l'ibsénisme, The Quintessence of Ibsenism, 1891 sur le grand dramaturge norvégien et Le Parfait Wagnérien, The Perfect Wagnerite, 1898, prenant aussi la défense des artistes qui renouvellent à cette époque le théâtre et la musique.

L'auteur dramatique

Depuis 1892, Shaw est attiré par un nouveau mode d'expression où il va exceller : le théâtre. De 1892 à 1950, il écrit plus de cinquante pièces, dont une trentaine d'au moins trois actes.

Les sept premières sont publiées en 1898 sous le titre Pièces plaisantes et déplaisantes, Plays, Pleasant and Unpleasant. L'Argent n'a pas d'odeur, Widower's Houses, 1892, L'Homme aimé des femmes, The Philanderer, 1893 et La Profession de Mrs. Warren, Mrs. Warren's Profession, 1893 sont des pièces de combat, s'attaquant de front aux abus sociaux : les propriétaires de taudis, la prostitution, hypocrisie générale qui masque les réalités sordides. Le pamphlet et la satire dominent, la technique dramatique est encore peu sûre. Shaw s'oriente rapidement vers des pièces plus jouables dans lesquelles la satire est portée par une verve comique et humoristique qui va se développer : Le Héros et le soldat, Arms and the Man, 1894 attaque l'idéal romantique ou romanesque, la gloire militaire, la guerre ; Candida, 1894 oppose le bonheur domestique, l'amour et la solitude de l'homme de génie ; L'Homme du destin, The Man of Destiny, 1895, pochade sur Bonaparte, et On ne sait jamais You Never Can Tell, 1895 complètent le groupe des pièces plaisantes.
Les Trois Pièces pour puritains, Three Plays for Puritans, 1901 contiennent entre autres Le Disciple du diable, The Devil's Disciple, 1896, où est abordé le problème religieux et surtout César et Cléopâtre, Caesar and Cleopatra, 1898, pièce dans laquelle éclatent le comique verbal de Shaw et son traitement irrévérencieux de l'histoire.
En 1903, Shaw termine l'une de ses pièces les plus importantes : L'Homme et le Surhomme, Man and Superman. Sur le thème de Don Juan, l'auteur qui commence à élaborer sa philosophie de la force vitale soutient que, dans le duel des sexes, c'est l'homme qui est pris en chasse par la femme, poussée par la force de l'instinct vital de la nature, qui tend à élaborer une espèce supérieure, le surhomme.
L'Autre Île de John Bull, John Bull's Other Island, 1904 donne à Shaw l'occasion d'écrire une pièce sur les Irlandais, puis il revient à ses préoccupations sociales : La Commandante Barbara, Major Barbara, 1905, Le Dilemme du Docteur, The Doctor's Dilemma, 1906, Mariage, Getting Married, 1908 abordent tour à tour les problèmes de la pauvreté considérée comme un crime social, de la puissance de l'argent, de la médecine, de l'amour et du mariage. Puis viennent deux pièces, Androclès et le lion, Androcles and the Lion, 1912 qui met en scène les premiers chrétiens et le développement du christianisme, et Pygmalion, 1912 qui conte la transformation d'une petite marchande de fleurs en duchesse grâce aux bons soins d'un professeur de phonétique.
La Première Guerre mondiale marque une étape dans la carrière de Shaw. Écrivain célèbre et penseur écouté jusqu'alors, il va s'attirer l'insulte et l'incompréhension de l'opinion par ses prises de position lucides et sans préjugés sur la politique de son pays. Commonsense about the War, 1914. Écrite de 1913 à 1916, La Maison des cœurs brisés, Heartbreak House offre un tableau pessimiste de l'Europe cultivée d'avant-guerre, qui a failli à sa mission par incompétence politique. Retour à Mathusalem, Back to Methuselah, 1918 à 1921, énorme spectacle allégorique et symbolique en cinq pièces, représente la somme philosophique de Shaw, pentateuque métabiologique montrant la force vitale et l évolution créatrice à l'œuvre dans l'univers, élaborant des surhommes, les anciens, êtres chargés d'ans qu'habite seul un tourbillon de pure intellectualité. Ici, la vigueur dramatique ne parvient plus à animer ces pièces écrasées par leur thème et par l'utopie.
En 1923 paraît un des derniers chefs-d'œuvre de Shaw, Sainte Jeanne, Saint Joan, qui étudie les relations entre la société, ses génies et ses saints, une société incapable de discerner dans l'hérésie du jour la vérité du lendemain.
Véritable figure légendaire, Shaw est maintenant l'homme de son époque, le réformateur et le prophète. Il reçoit le prix Nobel en 1925. Parmi les pièces qu'il ne cessa d'écrire jusqu'à sa mort, qui survient à Ayot Saint Lawrence, on peut citer : La Charrette de pommes The Apple Cart, 1929, satire politique ; Le Naïf des îles imprévues, The Simpleton of the Unexpected Isles, 1934 ; Genève, Geneva, 1938, extravagance politique. Il faut aussi mentionner un conte philosophique : Les Aventures d'une jeune négresse à la recherche de Dieu, The Adventures of the Black Girl in Her Search for God, 1932.

L'art et l'humour au service de la pensée

Les grands thèmes du théâtre de Shaw : l'art conçu comme didactique et réformateur, le socialisme iconoclaste destiné à détruire les structures présentes et à instaurer une juste démocratie dont les citoyens seront des surhommes, la philosophie de la force vitale qui anime la matière et tend vers la création d'espèces supérieures, la religion métabiologique, sorte de mysticisme naturaliste nécessaire à l'homme de demain, tous ces thèmes se trouvent développés et amplifiés dans les importantes et célèbres préfaces aux pièces, véritables essais indépendants, dans lesquelles Shaw précise sa pensée, les pièces apparaissent alors comme de simples illustrations. On peut citer Mieux que Shakespeare ?, Sur les médecins, Épître dédicatoire à A. B. Walkley, Le Demi-Siècle incroyant, L'Avenir du christianisme.
Du point de vue de la technique dramatique, l'apport de Shaw n'est pas moins important. Pour redonner vie au théâtre anglais, il substitue au conflit des passions, devenu banal et conventionnel, un conflit d'idées, tout aussi dramatique, car pour Shaw les pensées sont aussi des passions, passions intellectuelles, certes, mais aussi fortes que les autres. Ces discussions sont portées par un dialogue où l'humour, l'esprit, le paradoxe et la fantaisie sont toujours présents dans une sorte de gaieté intellectuelle. Ces dialogues mettent en lumière les jeux et les rapports entre illusions et réalité. Il faut aussi noter le soin apporté par Shaw à préciser le décor, l'attitude des personnages et leurs réactions dans des indications scéniques très développées.
Il apparaît donc comme un manieur d'idées qui cherche toujours à faire réfléchir sur le bien-fondé des opinions reçues, à rejeter ce qui est caduc ou hypocrite, et à accepter après examen critique de généreuses et bénéfiques nouveautés. Dans sa quête inlassable de la vérité, dans sa lutte pour la dignité de l'homme et dans son génie comique réside sa durable grandeur.

Notes sur son œuvre et ses idées

Le comique de ses pièces va de pair avec la rigueur logique des idées qu'il développe. Ses préfaces parfois volumineuses sont de véritables essais où il développe ses thèmes favoris, art, pacifisme, idées politiques, conceptions philosophiques et religieuses et propose des solutions pour remédier aux maux qu'il dénonce dans ses pièces. Son œuvre est celle d'un révolutionnaire et d'un réformateur visant à détruire le capitalisme pour lui substituer un socialisme éclairé et plus élevé. Pygmalion 1912 et Sainte Jeanne 1923, œuvres de sa maturité, sont souvent considérées comme ses chefs-d'œuvre. Ayant voyagé en Union soviétique, il en nie les travers et se fait un ardent promoteur du stalinisme. Au début des années 1930, l'historien Gaetano Salvemini, réfugié en Angleterre, mena contre lui une dure polémique en raison de ses positions philofascistes.
Provocateur et anticonformiste, George Bernard Shaw dénonce le puritanisme étroit, la hiérarchie religieuse et l'hypocrisie des conventions de la religion, Disciple du diable, 1896 et Le Vrai Blanco Posnet, 1909. Dans Androclès et le lion 1912, il étudie les motivations religieuses et spirituelles de l'homme. S'inspirant des enseignements de Charles Darwin, il fonde sa philosophie sur l'évolution, force encore mystérieuse, qu'il appelle Force de la vie, puissance imparfaite qui cherche à atteindre la perfection, préface de En remontant à Mathusalem, 1920. Il s'oppose avec vigueur à la personnification de toute divinité. George Bernard Shaw a également été un ardent défenseur de la cause animale, "les animaux sont mes amis, je ne mange pas mes amis".

"J'aime un état de perpétuel devenir, avec un but devant et non derrière… "à Ellen Terry, 28 août 1896

Artiste et calculateur, bohème et avare. Méfiant jusqu'au cynisme. Pourtant toujours disponible, jamais las de prêter sa plume à toutes sortes de causes, de la vivisection au minimum income . Soutenu par une rare ténacité et une impérieuse volonté de vaincre. Donnant à quatre-vingt-douze ans une pièce pleine de chaleur, de sympathie pour la vie. Acharné travailleur, lucide critique de l'art d'écrire et aussi de penser. Ainsi apparaît Bernard Shaw, tel que le révèle sa vie, longtemps difficile, et tel que nous le montre son œuvre entière, son énorme correspondance et ses morceaux plus singulièrement autobiographiques, comme Sixteen Self Sketches ou ses Préfaces, à The Irrational Knot ou à Three Plays for Puritans par exemple. Certaines caractéristiques de son tempérament, il les doit peut-être à une enfance sans véritable affection dans un ménage mal assorti, à des études trop rapides et aux difficultés de gagner sa vie en attendant de percer. D'un passage en météore à la Wesleyan Connexional School, à la Central Model Boys' School et à la Dublin English Scientific and Commercial Day School, il garde une aversion profonde pour écoles et universités qui stéréotypent l'esprit. Autodidacte acharné, hantant la Dublin National Gallery, le Royal Theatre, puis, à Londres, le British Museum, familier des grands musiciens, il fréquente aussi assidûment réunions et meetings politiques et travaille successivement comme clerc à la Charles Uniacke Townshend, 1871, comme caissier dans une agence foncière jusqu'en 1876 et enfin à la Edison Telephone Company de 1879 à 1880. Ses premières armes dans les lettres, il les fait en qualité de critique musical, littéraire, artistique et théâtral, et, grâce à sa verve étincelante alliée à ses qualités naturelles de fantaisie et à un jugement sain, il y réussit bien mieux que dans son expérience romanesque. En 1885, en collaboration avec William Archer, 1856-1924, Shaw écrit une pièce qu'il reprendra seul en 1892, Widowers' Houses. On trouve là, avant l'heure, la totalité du programme qu'il fixe à R. Golding Bright dans sa lettre du 2 décembre 1894, où on peut lire également : Faites de l'efficacité votre unique but pour les quinze prochaines années …. Enfin … ne prenez jamais l'avis de personne. Ainsi agit toute sa vie cet original, époux de la millionnaire irlandaise Charlotte Payne-Townshend, 1898, amant plus ou moins platonique d'une foule de dames, dont deux célèbres actrices, Ellen Terry et Mrs Patrick Campbell, « vestryman » et membre du borough council de Saint Pancrace, 1897-1903. Ce personnage compte Einstein, Tagore, Staline, William Morris, Gandhi, T. E. Lawrence parmi ses connaissances ou amis et H. G. Wells ou sir Henry Irving au rang de ses ennemis intimes ; il amasse une fortune énorme avec sa plume, entreprend un tour du monde à soixante-douze ans, pourvoie allègrement de pièces le Malvern Festival, depuis sa fondation en 1929, et de ses oracles le monde entier ; prix Nobel de littérature en 1925, il assistera à la fondation de la Shaw Society 1941 et verra le cinéma s'emparer avec succès de ses pièces, comme le Pygmalion en 1938 devenu en 1964 My Fair Lady. Certes Shaw est d'une nature vraiment exceptionnelle.
"J'aime partir en guerre contre les gens installés ; les attaquer ; les secouer ; tâter leur courage. Abattre leurs châteaux de sable pour leur en faire construire en pierres …. Un homme ne vous dit jamais rien jusqu'à ce que vous le contredisiez … "
La vérité acquise, les tabous, le confort intellectuel et moral, Shaw ne prise guère cela. The Man of Destiny, Saint Joan ou Caesar and Cleopatra moquent le nationalisme anglais, et, quand W. Yeats lui demande une pièce patriotique pour l'Irish Literary Theatre, Shaw donne John Bull's Other Island, tentative de démystification du romantisme de l'Irlande. Il choque, se déclarant volontiers partisan de l'élimination des gens pour que la terre devienne plus vivable. Il sympathise avec l'Allemagne de la Première Guerre mondiale, Common Sense about the War, mais s'en prend aux politiciens et aux dictateurs qui troublent la paix, Geneva. Ennemi de la bardolatry, il sape même les bases de ce monument sacré et intouchable de la littérature anglaise, Shakspere, comme il le nomme. Et, pour graver un dernier trait à son image de marque, il lègue le plus gros de son énorme fortune à une œuvre chimérique, qui recherche un Proposed British Alphabet, pour tous les pays de langue anglaise, en au moins quarante lettres.
À cet anticonformiste viscéral, le combat politique, qui fait autant partie de la vie que le jeu ou la poésie, s'impose naturellement – comme le théâtre d'idées –, et l'économiste américain Henry George, 1839-1897 révèle à Shaw une nouvelle dimension sociale avec Progress and Poverty, 1879. Il lit le Capital de Marx, mais se détourne vite de la Social Democratic Federation de H. M. Hyndman, 1842-1921, qu'il accuse d'une incurable confusion de pensée. Le socialisme, s'il s'établit un jour, le devra à toute la classe ouvrière du pays et pas à une fédération ou société de quelque nature qu'on l'imagine. À ses yeux, la toute récente Fabian Society, à laquelle il s'affilie en 1884, œuvre dans ce sens. Shaw en devient donc, avec l'économiste Sidney Webb, l'un des piliers et aide à fonder le British Labour Party en 1906. Il défend ses convictions non seulement dans les Fabian Essays in Socialism, 1889 ou dans des tracts comme The Impossibilities of Anarchism, Tract 45, mais aussi sur la scène, tribune irremplaçable. Son premier groupe de pièces, au titre éloquent, Plays Pleasant and Unpleasant, vise, selon la Préface, à utiliser la force dramatique pour contraindre le spectateur à regarder en face des faits déplaisants. Dès Widowers' Houses, Shaw dénude la bourgeoisie. Il lui apprend que, si l'argent gagné en louant des taudis ou en exploitant de pauvres filles dans des maisons closes, Mrs. Warren's Profession, longtemps interdite peut servir à faire une demoiselle, on ne saurait se montrer trop hypocrite en refusant de l'utiliser à des fins humanitaires. La misère demeure le seul vrai péché à combattre, et ce thème, illustré par Major Barbara, pièce brillante, lui permet de décocher quelques traits acérés en direction d'une très digne et respectée institution anglaise à travers le conflit qui oppose Undershaft, riche marchand d'armes, à l'intransigeante, mais quelque peu irréaliste Barbara, sa fille, Major de l'Armée du salut. Les pièces dites plaisantes battent en brèche les valeurs les mieux assurées au regard d'une certaine société : le culte du patriotisme, le héros guerrier, tel Bluntschli dans Arms and the Man, qui lance Shaw vers le succès, ou le héros romantique tel le poète Marchbanks dans Candida.
D'ailleurs, Shaw se plaît à représenter les héros sans l'aura dont les pare l'histoire : Napoléon dans The Man of Destiny ou César dans Caesar and Cleopatra. Il n'oublie pas non plus les médecins, cible classique de la comédie, notamment dans The Doctor's Dilemma, mais sa satire s'étend à l'aspect social, impliquant un contrôle de la médecine pour la rendre moins chère et plus sérieuse.
Quant à l'Amour, il l'écrit amour, plutôt fonction biologique ou lutte des sexes, The Philanderer ; You never can tell… que sentiment poétique, avec l'un ou l'autre des partenaires – ou les deux – insatisfait, en guise du happy ending traditionnel.
Pêle-mêle, ainsi, il dénonce petits défauts et grandes plaies. Il voudrait une structure sociale et politique plus juste, et aussi que se réforme la mentalité satisfaite de soi que chacun porte en lui. L'esprit irrésistible de Shaw masque souvent la gravité de sa satire sociale, The Millionairess ou le célèbre Pygmalion. Il n'en fustige pas moins une bourgeoisie enfermée dans l'ouate confortable d'une situation bien assise et de pensées futiles, comme dans Heartbreak House, imprégnée de Tchekhov. Si l'on en croit son œuvre en général et The Adventures of a Black Girl in Her Search for God en particulier, sa position à l'égard de l'homme, de son pourquoi et surtout de son comment, pourrait se définir par aide-toi, le ciel t'aidera. Mais, s'il ne recherche pas l'aide de la religion, assez paradoxalement, Shaw ne l'agresse pas, Androcles and the Lion, et Saint Joan, tenu pour son chef-d'œuvre, un immense succès public, reste l'une de ses meilleures réussites par l'inoubliable portrait plein de sincérité et d'authenticité qu'il brosse d'une sainte selon son cœur. Au centre de la philosophie de Shaw s'inscrivent les mots clefs Évolution créatrice et Life Force, le second désignant finalement Dieu, la Force de vie qui règle le progrès, la lente ascension de la nature vers son but de pensée pure et qui passe par le surhomme, In Good King Charles's Golden Days. Cette Force de vie se manifeste dans la femme possédée par l'instinct de procréation. On la voit en action en particulier dans Man and Superman, tandis que Back to Methuselah illustre le thème de l'évolution créatrice, la préoccupation du devenir de l'espèce, que traduit le souci des deux sages orientaux de l'amélioration de l'espèce humaine dans The Simpleton of the Unexpected Isles.
" Les choses me viennent à l'esprit sous forme de scènes, avec action et dialogue, sous forme de moments, progressant à partir de leur propre vitalité "
Malgré le succès à la scène d'Henry Arthur Jones, 1851-1929, de sir Arthur Wing Pinero, 1855-1934, disciple de Scribe et de Sardou, des pièces de Maugham et, naturellement, de la comédie étourdissante de Wilde ou de Noel Coward, 1899-1973, l'idée de théâtre non commercial, de critique sociale suit son cours en Angleterre H. Granville-Barker 1877-1946, J. Galsworthy 1867-1933 …. Surtout quand Ibsen s'y fait connaître aux environs de 1890 et que ses pièces sociales et didactiques, se développant selon la logique réelle des choses et non des conventions, suscitent des remous et la ferme intervention de Shaw en sa faveur dans The Quintessence of Ibsenism.
Comme Auden, O'Casey, Synge ou T. S. Eliot, Shaw participe à l'évolution du théâtre contemporain. Ses écrits et ses Préfaces réaffirment sans trêve sa volonté de parvenir uniquement au réel, ce qui s'accompagne dans son esprit de la soumission stricte à la pièce des acteurs et des metteurs en scène. Il méprise le théâtre conventionnel selon lui, doctrinaire jusqu'à la plus extrême limite du dogmatisme, si bien que le dramaturge … empêtré dans les théories de conduite … ne peut même pas exprimer sa solution conventionnelle clairement, mais la laisse vaguement comprise, Lettre à H. A. Jones du 2 février 1894. Il ne cache pas son horreur des nice pièces, avec des nice robes, des nice salons et des nice gens, mais également des soi-disant pièces à problèmes qui dépendaient pour leur intérêt dramatique de conclusions prévues d'avance, Préface de Three Plays for Puritans. Pour lui, rien ne saurait remplacer l'activité et l'honnêteté intellectuelles. La nécessité de faire de son théâtre le support de ses idées et de consacrer auxdites idées tout leur développement communique aux pièces de Shaw une dimension très particulière – spécifiquement shawienne – avec, par exemple, Back to Methuselah, en cinq parties, et, le plus souvent, des Préfaces de belle longueur également. Le dramaturge sérieux reconnaît dans la discussion non seulement l'épreuve principale, mais aussi le centre d'intérêt réel de sa pièce Quintessence…, affirme Shaw. Il en découle que, dans son œuvre dramatique, tout se subordonne à la discussion, les événements et même la psychologie des personnages – ni bons, ni mauvais, en respect des principes du réalisme –, moins importante que la nécessité du discours. Ceux du troisième acte de Man and Superman, entre Don Juan et le Diable, constituent à cet égard un exemple fameux. L'étincelante et vigoureuse rhétorique de Shaw demeure un modèle du genre. Trouvez toujours de façon rigoureuse et exacte ce que vous voulez dire et ne le faites pas à la pose, écrivait-il à R. Golding en 1894. La sincérité – et nul ne met en doute la sienne – ne suffit pas à assurer la pérennité et le succès, surtout à qui bouscule idées et situations établies. Shaw trouve dans son humour, héritier du wit du xviiie s., un précieux allié à sa cause, un humour marqué de son sceau personnel, jouant brillamment de l'anachronisme parfois et du paradoxe le plus souvent, permettant à la longueur, à l'intelligence, à la critique de passer et conférant à son art, même quand il irrite, une tonicité à l'abri des modes et du temps.
Les principales Å“uvres de G. B. Shaw

Sa correspondance inspira une pièce de théâtre que l'on nomma Cher menteur Dear Liar.

Bibliographie

L'argent n'a pas d'odeur 1892
La Profession de Madame Warren 1893
L'Homme aimé des femmes 1893
Le Héros et le Soldat 1894
Candida 1894
L'Homme du destin 1896
Disciple du diable 1896
César et Cléopâtre 1898
Homme et surhomme 1903
La Commandante Barbara 1905
Le Dilemme du docteur 1906
Le Vrai Blanco Posnet 1909
Androclès et le Lion 1912
Pygmalion 1912, théâtre
La Maison des cœurs brisés 1919
En remontant à Mathusalem 1920
Sainte Jeanne 1924, 1939, théâtre
Guide de la femme intelligente en présence du socialisme et du capitalisme 1928
Les Aventures d'une jeune Négresse à la recherche de Dieu 1932
La Charrette de pommes 1929
Trop vrai pour être beau 1931)
La Vérité est bonne à dire 1932
L'Idiot des îles imprévues 1934
La Milliardaire 1934
Écrits sur la musique, Paris, Robert Laffont, 1994, coll. Bouquins,
NB : The Genuine Islam ou L'Islam originel 1936 lui est parfois attribué. Shaw n'en est pas l'auteur ; il s'agit d'une citation qui lui est attribuée sans preuve qu'il l'ait prononcée.

Filmographie comme scénariste

1917 : Masks and Faces
1938 : Androcles and the Lion
1939 : The Dark Lady of the Sonnets (TV)
1939 : Annajanska, the Bolshevik Empress (TV)
1939 : Passion, Poison and Petrifaction (TV)
1941 : La Commandante Barbara (Major Barbara) de Gabriel Pascal
1959 : Covek sudbine (TV)
1965 : Caesar und Cleopatra (TV)
1966 : Idylle villageoise (TV)
1967 : You Never Can Tell (TV)
1967 : Candida (TV)
1973 : Candida (TV)
1984 : Don Juan in Hell
1991 : The Best of Friends (TV)

comme acteur

1914 : Rosy Rapture

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http://youtu.be/l4TEy6n7grA Pygmalion film complet
http://youtu.be/g9ELYjU7qvI Film Complet Cesar et Cléotre, adaptation cinématographique du roman de Georges Bernard Shaw

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Posté le : 01/11/2014 17:04
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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