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Raoul Villain
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Le 29 Mars 1919 acquittement de Raoul Villain assassin de Jean Jaurès

le 31 juillet 1914, à la veille du déclenchement de la Première Guerre mondiale, est acquitté par la cour d'assise de Paris et reçoit les compliments du président du tribunal pour s'être montré un " bon patriote ". Madame Jaurès est donc condamnée à payer les frais de justice.
Raoul Villain, né à Reims le 19 septembre 1885 et mort fusillé à Ibiza le 17 septembre 1936 est l’assassin de Jean Jaurès, le 31 juillet 1914, à la veille du déclenchement de la Première Guerre mondiale. Il avait été acquitté lors de son procès en 1919.

Sa vie

Raoul Villain est le fils de Louis Marie Gustave Villain 1854-1940, greffier en chef au tribunal civil de Reims, et de Marie-Adèle Collery 1863-, atteinte d'aliénation mentale en 1887, perturbations protéiformes des sensibilités générales et spéciales, lésion des sensations, hystéromanie très prononcée, et internée à l'asile de Châlons-sur-Marne. Sa grand mère paternelle, Émélie Françoise Claudine Irma Alba 1828-1914, a elle aussi manifesté des troubles cérébraux. C'est durant l'enterrement de cette dernière, devant sa tombe, qu'il déclara : il y a des gens qui font le jeu de l’Allemagne et qui méritent la mort ! peu avant d'assassiner Jaurès. Il a un frère aîné, Marcel Villain 1884-1972, commis-greffier, lieutenant aviateur et officier de la Légion d'honneur notamment, pour ses faits d'armes durant la Première Guerre mondiale.
Élève des Jésuites, au collège du faubourg Cérès, puis au lycée dans sa ville natale, Raoul Villain n'achève pas sa première. En octobre 1905, il s'inscrit à l'École nationale d'agriculture de Rennes, où il contracte en novembre 1905 la typhoïde, dont il manque de mourir. Sa fiche de police fait apparaître que, avant son service militaire considéré comme un jeune homme très sérieux, très doux, bien éduqué, il n'avait aucune mauvaise fréquentation, n'allait ni au café, ni aux spectacles.
En novembre 1906, il est incorporé au 94e régiment d'infanterie à Bar-le-Duc, mais est réformé en 1907. En juin 1909, il sort diplômé de l’école de Rennes classé 18e sur 448. Il travaille six semaines dans l'agriculture dans l'arrondissement de Rethel, puis revient à Reims chez son père. En septembre 1911, il va en Alsace. D'octobre 1911 au 29 juin 1912, il est surveillant suppléant au collège Stanislas, autorisé à préparer le baccalauréat. Son professeur de rhétorique, l'abbé Charles, dit de lui qu'il semblait malheureux de vivre. Dans ses compositions il manquait de profondeur, de logique et d'esprit de suite. J'exprimais un jour mes craintes devant les menaces de guerre. Villain m'écoutait. Il répondit les ennemis du dehors ne sont pas les plus redoutables. Doux et poli avec tout le monde, il ne se lie cependant avec personne et se fait congédier en raison de son manque d'autorité. En 1912, il séjourne en Angleterre, six semaines à Londres et une dizaine de jours à Loughton, où il retourne en 1913. Il demeure chez Mrs Annie Francis, qui l’a décrit, selon The Observer, le 6 juin 1915, comme un homme doux et très gentil . En mars et avril 1913, il se rend également en Grèce à Athènes et à Ephèse. En juin 1914, il s'inscrit à l’École du Louvre pour y étudier l'archéologie. Selon sa fiche de police, depuis sept ans, le père ne parle de son fils Raoul qu'avec tristesse. Celui-ci est devenu exalté, instable, atteint de mysticisme religieux. Il ne venait plus que deux fois par an à Reims et ne donnait aucun détail sur son genre de vie à Paris où il vivait seul depuis quatre ans.
Membre du Sillon, le mouvement chrétien social de Marc Sangnier, jusqu'à sa condamnation par Pie X en 1910, puis adhérent de la Ligue des jeunes amis de l'Alsace-Lorraine, groupement d'étudiants ultra-nationalistes d'extrême droite où il joue un rôle effacé, il reproche à Jaurès de s'être opposé à la loi sur le service militaire de trois ans.

Assassinat de Jaurès

Raoul Villain se met peu à peu en tête de tuer Jaurès. Il achète un revolver et commence à traquer le chef socialiste, griffonnant des notes incohérentes sur ses habitudes dans son portefeuille.
Le vendredi 31 juillet 1914 à 21 h 40, Jaurès soupe avec ses collaborateurs, assis sur une banquette le dos tourné vers une fenêtre ouverte au Café du Croissant, 146 rue Montmartre à Paris 2e arrondissement. Raoul Villain tire violemment le rideau, lève son poing armé d'un révolver, et tire deux fois. Une balle atteint à la tête le tribun socialiste, qui s'affaisse aussitôt.
L'auteur des coups de feu tente de s'enfuir à grands pas vers la rue de Réaumur mais il est vu par Tissier, metteur en page de L'Humanité, qui le poursuit, l'assomme avec un coup de sa canne et l'immobilise au sol avec l'aide d'un policier. Conduit au poste, il s'exclame : Ne me serrez pas si fort, je ne veux pas m'enfuir. Prenez plutôt le révolver qui est dans ma poche gauche. Il n'est pas chargé.
Cet assassinat, qui a lieu trois jours avant le début de la Première Guerre mondiale, précipite le déclenchement des hostilités, notamment en permettant le ralliement de la gauche, y compris de certains socialistes qui hésitaient, à l' Union sacrée.

Union sacrée et socialistes Le procès

En attente de son procès, Raoul Villain est incarcéré durant toute la Première Guerre mondiale. Dans une lettre adressée à son frère de la prison de la Santé le 10 août 1914, il affirme : j'ai abattu le porte-drapeau, le grand traître de l'époque de la loi de trois ans, la grande gueule qui couvrait tous les appels de l'Alsace-Lorraine. Je l'ai puni, et c'était le symbole de l'ère nouvelle, et pour les Français et pour l'Étranger. L'enquête est dirigée par le juge d'instruction Drioux.
Le procès s'ouvre le 24 mars 1919 devant la cour d'assises de la Seine dans un contexte patriotique, après cinquante-six mois de détention préventive. L'accusé a pour défenseurs Maître Henri Géraud, et Maitre Alexandre Bourson dit Zévaes, ancien député socialiste. Le dernier jour des débats, Villain déclare je demande pardon pour la victime et pour mon père. La douleur d'une veuve et d'une orpheline ne laisseront plus de bonheur dans ma vie. Le jury populaire doit répondre à deux questions 1e Villain est-il coupable d'homicide volontaire sur Jaurès ? 2e cet homicide a-t-il été commis avec préméditation? Après une courte délibération, par onze voix contre une, le 29 mars 1919, il se prononce par la négative. Raoul Villain est acquitté. Le président ordonne sa mise en liberté et l'honore d'être un bon patriote. La Cour prend un arrêt accordant un franc de dommages et intérêts à la partie civile, et condamne la partie civile aux dépens du procès envers l'État. Madame Jaurès est donc condamnée à payer les frais de justice.
En réaction à ce verdict, Anatole France adresse, de sa propriété de La Béchellerie, une brève lettre à la rédaction de L'Humanité parue le 4 avril : Travailleurs, Jaurès a vécu pour vous, il est mort pour vous. Un verdict monstrueux proclame que son assassinat n’est pas un crime. Ce verdict vous met hors la loi, vous et tous ceux qui défendent votre cause. Travailleurs, veillez !. Dès sa publication, ce billet provoque une manifestation organisée par l'Union de Syndicats et la Fédération socialiste de la Seine le dimanche 6 avril suivant de l'avenue Victor-Hugo jusqu'à Passy, où habitait Jaurès.

Pourquoi Raoul Villain fut acquitté

L'assassin de Jaurès, âgé de 29 ans en 1914, présentait une personnalité fragile. Fils cadet du greffier en chef du tribunal civil de Reims, il souffrait d'une lourde hérédité : sa mère était internée dans un asile d'aliénés et sa grand-mère paternelle atteinte de délire mystique. Après des études secondaires inachevées et des années d'incertitude, il intégra en 1906 l'École nationale d'agriculture de Rennes, où il contracta une fièvre typhoïde qui lui laissa des séquelles nerveuses. Guéri, il fit son service militaire, acheva sa scolarité, mais renonça à rester ingénieur agricole. En 1904, séduit par le catholicisme social de Marc Sangnier, il adhéra au Sillon, où il trouva la chaleur affective qui lui avait manqué. Sa dérive semble dater de la condamnation de ce mouvement par Rome, en 1910. Obsédé par l'Alsace et la Lorraine, il adhéra, fin 1913 ou début 1914, à la Ligue des jeunes amis de l'Alsace-Lorraine, qui comptait dans ses rangs des nationalistes hostiles au régime mais aussi de fermes républicains.
Villain savait que Jaurès s'était opposé au service militaire de trois ans et qu'il avait brandi la menace de la grève contre la guerre. Il le vit dès lors comme la grande gueule à abattre. Après avoir assisté à des manifestations antimilitaristes à Paris le 29 juillet 1914, sa colère contre Jaurès s'amplifia. Il acheta un Smith et Wesson et, le 31, à 21 h 40, il accomplit l'irréparable au Café du Croissant où Jaurès dînait en compagnie d'une douzaine d'amis. Il fut aussitôt arrêté.
Initialement prévu en 1915, son procès n'eut lieu qu'en 1919. Viviani, le président du Conseil, qui craignait pour l'union sacrée, avait prié le procureur général de la Seine de signer une ordonnance de report ; tous ses successeurs agirent de même. Au terme d'une détention préventive de près de cinq ans, durée inhabituelle qui scandalisa la Ligue des droits de l'homme et certains amis de Jaurès, comme la journaliste Séverine, Raoul Villain fut jugé du 24 au 29 mars 1919. Il fut défendu par maîtres Zévaès et Géraud, tandis que Paul-Boncour et Ducos de La Haille représentaient la partie civile. Le 29 mars, les jurés - qui délibéraient alors seuls - estimèrent que Villain n'était pas coupable ; le président de la cour d'assises prononça donc l'acquittement. Les commentateurs dénoncèrent l'attitude des jurés dont ils soulignèrent l'âge tous avaient plus de 50 ans et la qualité de bourgeois. En fait, à côté d'un rentier et d'un vétérinaire, se trouvaient un employé et plusieurs artisans.
Outre son hérédité, divers facteurs peuvent expliquer le verdict. Les avocats de la partie civile ignorèrent Villain et concentrèrent leur plaidoirie sur la mémoire de Jaurès. Ils firent citer plus de 40 témoins, seuls 27 se présentèrent, ce qui allongea la durée du procès, sans doute au grand dam des jurés, retenus loin de leurs affaires. Pour démontrer que les idées de Jaurès sur la patrie et l'armée avaient été déformées, Me Paul-Boncour commit l'imprudence de lire de longs extraits de L'Action française et du pamphlétaire Urbain Gohier, au risque de donner une très mauvaise image de Jaurès. Les avocats de Villain, eux, furent particulièrement habiles. Enfin, les cas de criminels acquittés n'étaient pas rares à cette époque, Henriette Caillaux avait été acquittée en 1914, Germaine Berton le sera en 1923.
D'après la vulgate, Louise Jaurès aurait payé les frais du procès, mais aucun document officiel ne l'atteste. Le compte rendu du procès est silencieux sur ce point et les journaux contradictoires.
Le verdict fut suivi de grandes manifestations de protestation. Quant à Raoul Villain, il mena une vie aventureuse et mourut assassiné à Ibiza en 1936 par un républicain ou un anarchiste espagnol selon certains, par un Français combattant en Espagne selon d'autres. Jacqueline Lalouette

La mort de Raoul Villain

En avril 1919, Raoul Villain doit quitter précipitamment Auxerre à la suite de manifestations hostiles organisées par les syndicats ouvriers. Il retourne à l'anonymat parisien et loge rue Jean-Lantier, no 7, sous le nom de René Alba. Il est arrêté le 19 juillet 1920 pour trafic de monnaie en argent dans un café de Montreuil, à l'angle de la rue Douy-Delcupe et de la rue de Vincennes et, pris de désespoir, tente de s'étrangler. Libéré le 23 juillet 1920, il n’est condamné, le 18 octobre 1920, par la 11e chambre correctionnelle qu’à cent francs d’amende en raison de son état mental. En septembre 1921, il se tire deux balles dans le ventre dans le cabinet de son père au palais de justice de Reims pour protester contre l'opposition de ce dernier à un projet de mariage.
Il s'expatrie à Dantzig, où il exerce le métier de croupier, puis à Memel, où il vit jusqu'en 1926. Il s'installe en 1932 dans l’île d’Ibiza, dans les Baléares, au large de l’Espagne. Recevant de l’argent grâce à un héritage, il s’installe dans un hôtel près de Santa Eulària, plus précisément cala Sant Vicenç, où les habitants le surnomment el boig del port le fou du port. Avec l’aide de quelques amis, Laureano Barrau, impressionniste espagnol, et Paul-René Gauguin, petit-fils du peintre, il entreprend de bâtir une maison bizarre au bord de l’eau. La demeure, qui existe toujours, n’a jamais été terminée.
Peu après le début de la guerre d’Espagne, le 20 juillet 1936, la garnison militaire et les gardes civils de l'île se rallient aux franquistes. Les républicains de Barcelone envoient un détachement sous la direction du commandant Bayo reprendre les Baléares. Il débarque à Ibiza le 8 août. Les 9 et 10 septembre 1936, une colonne de près de cinq cents anarchistes, sous la bannière de Cultura y Acción, arrive à Ibiza et fait cent quatorze morts. Les 12 et 13 septembre 1936, l'île est bombardée par l'aviation italienne et, dans le chaos, les anarchistes exécutent Raoul Villain.
Il est inhumé au cimetière de Sant Vicent de sa Cala à Ibiza et une messe d’enterrement est célébrée à la Basilique Saint-Remi de Reims. Au Cimetière du Nord de Reims, la tombe qui porte son nom et qui rappelle son souvenir est celle, refaite, de ses parents. Ses restes, malgré les demandes familiales, n’ont jamais été transférés à Reims.


Pourquoi Raoul Villain, a-t-il été acquitté ?


Un article de Charles Silvestre paru dans l’Humanité du 18 mars 2011
Livre : Le deuxième assassinat de Jean Jaurès. Le procès de l’assassin de Jaurès, Éditions Pagala.

Quatre cent cinquante pages pour résoudre une énigme : comment l’assassin de Jaurès, Raoul Villain, a-t-il pu être acquitté 
le 29 mars 1919 ? L’ouvrage n’est pas un roman policier, il donne à lire l’intégralité des débats qui se sont déroulés du 24 au 29 mars 1919 dans la salle d’audience 
des assises de la Seine. Ce scandaleux verdict, on peut et on a pu l’attribuer au jury composé exclusivement de bourgeois mais le mal était plus profond, plus politique, plus moral. On peut le résumer en quelques mots : puisque tous les débats tournèrent autour du patriotisme, celui de la victime et celui de l’assassin, Villain pouvait être présenté par ses défenseurs comme un patriote sujet à un moment d’égarement.


L’Humanité du 1er août 1914 – Le lendemain matin de l’assassinat de Jaurès

L’institution judiciaire elle-même a permis cette manipulation. D’abord en acceptant le report du procès prévu en 1915, à la demande de l’accusé lui-même. Et que dit Villain, dans sa lettre, qui se donne déjà, avec perversité, le beau rôle patriotique ? Que le procès risque de troubler l’union sacrée de la guerre en cours. À l’ouverture des assises, le président dira au prévenu : "Vous êtes un patriote Villain ", lui reprochant de ne pas avoir pensé aux conséquences de son geste pour un pays qui avait besoin d’union. L’idée est reprise jusque dans le réquisitoire par l’avocat général, demandant une condamnation, mais une condamnation atténuée.
Le vice du procès vint aussi, paradoxalement, du camp de Jaurès. On était en 1919, au lendemain de la guerre victorieuse contre l’ennemi allemand. René Viviani, le président du Conseil de juillet 1914, dans son témoignage, enrôle Jaurès dans l’union sacrée. Et même Pierre Renaudel, désormais à la tête de l’Humanité, dit de son prédécesseur : "Il eût fait rayonner notre politique de guerre." L’important était, face à la calomnie du traître opposé à la guerre, de rendre à Jaurès et aux siens leur honneur de Français  !

Il restait à Alexandre Zévaes, l’avocat de Villain, le  renégat socialiste , à glisser cette perfidie : si les socialistes eux-mêmes ne s’accordent pas sur 
le patriotisme de Jaurès, au titre de son refus de la guerre, pourquoi son client n’aurait-il pas eu droit, sous la pression d’une presse déchaînée contre 
le pacifisme, à sa propre interprétation ? 
Ainsi Jaurès fut-il tué symboliquement une deuxième fois. Avec cette chose incroyable : en six jours d’audience, personne pratiquement ne rappela les millions de pauvres morts. Après l’union, c’est la guerre qui était devenue sacrée. Il ne faudra pas longtemps pour que le réveil s’avère douloureux, confirmant la mise en garde de Jaurès : Si la patrie ne périssait pas dans la défaite, la liberté pourrait périr dans la victoire. Charles Silvestre.



Raoul Villain, acquitté pour avoir tué Jean Jaurès


jeudi 6 octobre 2011, par Emmanuel Lemieux

Tags : altercomics , Daniel Casanave , Frédéric Chef , Jean Jaurès , Raoul Villain , Reims
Une bande dessinée retrace la biographie très mal connue de l’assassin de Jean Jaurès.
Qui connaît vraiment le destin tordu de l’assassin de Jean Jaurès ?
Des vignettes d’Epinal de Jean Jaurès 1859-1914, on retient le socialiste libéral, l’orateur, l’humaniste, le fondateur de L’Humanité, le militant de la paix et l’assassiné du café du Croissant. Qui a retenu le nom de son assassin, Raoul Villain 1885-1936 ? Et qui connait la suite de l’histoire, le procès et le destin tordu de cet homme falot ?
Une BD biographique, Villain, l’homme qui tua Jaurès, crée des surprises en chaîne sur la personnalité de l’assassin de Jaurès, mystique et oisif, mythomane, escroc et désespéré. Sous la plume nerveuse de Daniel Casanave, revivent les errements d’un homme qui mène son existence comme on avancerait dans la gadoue. Dépressive et mystique, sa mère tente de le tuer avant de perdre la tête. Son père préfère les bordels et prend son fils pour un objet encombrant. Encombré, le petit Raoul vit mal la loi de 1905 signant la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Solitaire, sans talent scolaire, il est refusé par l’armée. Seuls le catholicisme et l’ardeur patriotique anti-allemande le lestent. Il trouve en Jean Jaurès, le démon à abattre.

La veuve Jaurès condamnée aux dépens

Après l’assassinat de Jaurès, Raoul Villain macère durant toute la Première guerre mondiale, en prison. Habilement, le scénariste Frédéric Chef tisse des liens entre Villain et sa ville natale, Reims, joyau de la chrétienté incendié, bombardé, et de nouveau ravagé par les Allemands. La ville qui comptait 113 000 habitants avant-guerre, n’en dénombre plus que 10 000 en décembre 1918 pour 60 maisons qui tiennent encore debout.
Le 24 mars 1919, s’ouvre le procès Villain qui se refermera vite : les cendres de la Première Guerre à peine refroidies, le bellicisme est dans les têtes. Villain se voit acquitté, quant la veuve de Jean-Jaurès, partie civile, est condamnée aux dépens.
En attendant que la roue tourne et que ce socialiste soit transféré au Panthéon le 22 novembre 1924, l’acquitté de sa mort, lui, reprend son train-train "oisif et oiseux". Coqueluche criminelle, Il traîne les cocktails mondains. En 1920, on l’arrête en flagrant délit de trafic de fausse monnaie, mais Villain, en raison de son état mental, n’est condamné qu’à 100 francs d’amende.
On le retrouve en 1932, traînant du côté d’Ibiza. L’homme, profitant de l’héritage d’une tante, envisageait de s’établir à Tahiti, mais l’escale en terre d’Espagne l’attire comme un aimant. Il achète un lopin de terre en pente dans le petit village de San Vincente pour édifier sa maison qu’il souhaite hommage à Jeanne d’Arc. Pour son projet, Villain embrouille un architecte, René-Paul Gauguin, le petit-fils du peintre, lui commandant une retraite complètement tarabiscotée et conçue comme une forteresse d’où il peut voir l’ennemi surgir de la mer, de la plage ou de la montagne.

Escroc à Ibiza

Il aura bien du mal à payer la construction à l’architecte. Si sa ferveur religieuse extrême séduit le curé, son comportement indispose les habitants. "El francès de merda" vit en reclus, ermite et affreusement sale, perdant peu à peu la consistance de la réalité. Eclate la guerre d’Espagne. Les conditions de sa mort restent floues. Ce sont des anarchistes espagnols qui le révolvérisent sur la plage de San Vincente, le 17 septembre 1936, mais on ignore si ces combattants avaient réalisé que leur victime était celui qui avait tué Jaurès.
Repères :A lire :
Villain, l’homme qui tua Jaurès, de Daniel Casanave et Frédéric Chef, Altercomics, Montpellier. Sortie : septembre 2011.


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Posté le : 28/03/2015 19:13

Edité par Loriane sur 29-03-2015 15:15:00
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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