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Traité de Meaux annexion du Languedoc 1
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Le 12 avril 1229 Paris et Toulouse signent le traité de Meaux

Le 12 avril 1229, à Meaux, près de Paris, le comte de Toulouse Raimon VII se réconcilie avec le jeune roi de France Louis IX 15 ans. Leur réconciliation annonce la fin de la croisade contre les Albigeois par laquelle, vingt ans plus tôt, des armées venues du nord de la Loire ont envahi et saccagé le Midi toulousain.

La signature

Blanche de Castille, alors régente du Royaume de France pour son fils Louis IX, convoque une conférence à Meaux en mars 1229. Raymond VII de Toulouse s'y rend accompagné par ses principaux vassaux, notamment Bernard, comte de Comminges. Le haut clergé méridional et les seigneurs possessionnés par Simon IV de Montfort sont également présents. Les conditions sont durcies par rapport au projet, mais Raymond VII n'a d'autre choix que d'accepter le traité. Pour ce faire, il se rend à Paris en pèlerin, va chercher l'absolution en pénitent sur les marches de Notre-Dame de Paris où il est flagellé après sa déclaration publique de repentir, et enfin il signe le traité1 le 12 avril 1229. Ceci lui permet de voir sa situation régularisée auprès de l'Église et du royaume de France, au prix d'un traité dont les conditions sont très dures.

Les clauses du traité

Raymond VII, comte de Toulouse se voit contraint de prêter allégeance au roi de France Louis IX.
De plus, il doit céder près de la moitié de son territoire, principalement les anciennes vicomtés de Raimond II Trencavel. Les sénéchaussées de Beaucaire et de Carcassonne sont données au royaume de France et le marquisat de Provence, connu plus tard sous le nom de Comtat Venaissin est cédé au Saint-Siège. Le comté de Toulouse perd ainsi les territoires actuels du Gard, de l'Hérault, de la Drôme, du Vaucluse et de l'Aude. Il conserve l'Agenais, le Rouergue, le Nord de l'Albigeois et le bas Quercy ce qui représente actuellement la Haute-Garonne, l'Aveyron, le Tarn et le Tarn-et-Garonne.
Ce traité prévoit également le mariage de Jeanne de Toulouse fille et seule héritière de Raymond VII avec l'un des frères du roi, Alphonse de Poitiers, ce qui permet à plus ou moins brève échéance de rattacher les territoires restants du comté de Toulouse au royaume de France. le couple mourant sans enfants en 1271, c'est Philippe III le Hardi qui en hérite.
Pour couper court à toute révolte, il est également imposé à Raymond VII de démanteler les fortifications de plusieurs villes, dont celle de Toulouse et d'une trentaine de châteaux, le Château-Narbonnais étant livré au Roi en garantie pour 10 ans.
Il doit s'engager à poursuivre les hérétiques, à prendre la croix, combattre pendant cinq ans en Terre Sainte et rendre à l'Église ce qui lui a été pris ou à l'indemniser pour les dommages subis.
Enfin, le comte s'engage à fonder une université à Toulouse, et à effectuer le paiement des maîtres de l'Université de Toulouse pendant 10 ans.

Le terme albigeois a servi, dès le milieu du XIIe siècle, à désigner les hérétiques du Languedoc, bien que l'Albigeois ne paraisse pas, aux yeux des historiens modernes, qui ont continué à user de cette appellation devenue traditionnelle, avoir été le principal foyer de l'hérésie. Dès 1146, Geoffroy d'Auxerre signale que le populus civitatis albigensis est infesté par l'hérésie. Le concile de Tours en 1163 parle des hérétiques albigeois, haeretici albigenses et en 1183, Geoffroy de Vigeois nomme albigeois les hérétiques combattus en 1181 par le légat Henri d'Albano avant le siège de Lavaur. Pierre des Vaux-de-Cernay nomme le récit de la croisade à laquelle il a participé Historia Albigensis. Et dans le prologue de sa chronique écrite entre 1250 en 1275, Guillaume de Puylaurens dit que son œuvre est « l'histoire de l'affaire vulgairement appelée albigeoise par les Français, car elle a eu pour théâtre la Narbonnaise et les diocèses de Narbonne, Albi, Rodez, Cahors et Agen ». Certains contemporains ont fondé sur un jeu de mots philologique, Albigenses = Albanenses ; Albigeois = Albanais un rapprochement soulignant l'influence des hérétiques balkaniques sur les hérétiques languedociens.
La croisade contre les albigeois, prêchée par le pape Innocent III contre les hérétiques cathares et vaudois du Languedoc, terme qui n'apparaît qu'à la fin du XIIIe siècle dans l'administration royale et contre les seigneurs et villes qui les soutenaient, a duré de 1209 à 1229. Elle a été menée d'abord par des seigneurs de la France du Nord avec des armées internationales, puis par le roi de France Louis VIII en 1226 et officiellement terminée par le traité de Meaux-Paris 1229 entre le roi de France, Saint Louis enfant sous la régence de Blanche de Castille et le comte de Toulouse Raimond VII.
Son importance tient d'abord au fait qu'elle est la première extension de la croisade en une lutte armée contre des hérétiques, à l'intérieur de la chrétienté. Outre cette signification religieuse et idéologique, elle a eu une grande portée pour l'histoire de l'unité française : elle a entraîné le rattachement effectif de la France du Midi à la France du Nord et elle a créé ou consacré, au sein de cette unification, des disparités économiques, sociales, politiques, culturelles, psychologiques, dont le retentissement est encore sensible aujourd'hui.

Conséquences du traité

La fin de l'autonomie par rapport au royaume d'Aragon / indépendance par rapport au roi de France occitane
Le Languedoc a été vassal du roi de France, vassal du roi d'Aragon, et en pratique quasiment indépendant.
Non seulement le comté de Toulouse cède la moitié de ses territoires, mais Jeanne de Toulouse et son époux Alphonse de Poitiers héritent de ceux qui restent. Le couple n'a pas d'enfants. En 1271, à la mort d'Alphonse, ces territoires sont rattachés au royaume de France. De plus, la cession des territoires dépossède certains chevaliers de leurs terres au profit de vassaux du roi de France. Ils sont appelés les Faydit deux ans plus tard.
Le marquisat de Provence est conservé par Alphonse de Poitiers jusqu'à sa mort, le royaume de France rechignant à céder ce territoire pourtant dû à l'Église selon les termes du traité. Cette dernière n'en prend possession qu'en 1274.

Le renforcement du dispositif de lutte anti-cathare

En avril 1229, Louis IX oblige les vassaux occitans qui lui ont prêté allégeance à s'impliquer dans la lutte contre les hérétiques cathares. Raymond VII n'a donc plus d'autre choix que de mettre ses forces au service du roi pour le seconder dans cette tâche. Désormais, les refuges pour les hérétiques se font rares. Ils sont contraints de se replier sur les premiers contreforts des Pyrénées.

Défaite ou victoire ?

Les termes du traité qui sont très durs et qui lient les mains du dernier des comtes de Toulouse issu de la maison de Saint-Gilles peuvent apparaître comme une défaite cuisante pour ce dernier. Pourtant, ce traité reconnaît aussi sa position officielle de comte de Toulouse qu'il avait perdue au profit de Simon IV de Montfort en 1216. Par ailleurs, Raymond VII n'a jamais appliqué à la lettre toutes les clauses du traité, ce qui lui valut par la suite plusieurs excommunications de la part de l'Église. Enfin, il a conservé une position ambiguë face à l'hérésie cathare et au royaume de France.

Le support du traité

Conservé au musée de l'Histoire de France, le parchemin original du traité de Meaux-Paris est rédigé en latin. Ses dimensions sont d'environ 52 x 75,5 cm (sceau exclu).

Antécédents de la croisade

Depuis le milieu du XIIe siècle, l'hérésie dualiste appelée catharisme par les historiens avait pris, comme en Italie du Nord, une extension de plus en plus grande dans le midi de la France où s'était tenu, en 1176, à Saint-Félix de Caraman, près de Toulouse, un concile qui avait précisé l'organisation du culte et d'une véritable Église cathares.
Des réformateurs catholiques, adeptes de la pauvreté, les Vaudois, déclarés hérétiques par la papauté en 1184, prirent aussi de l'importance dans ces régions et, bien qu'ils fussent très hostiles aux cathares et que les théologiens orthodoxes documentés, comme Alain de Lille, les distinguassent soigneusement, la papauté et l'Église eurent de plus en plus tendance à les englober dans une même détestation.
La lutte entreprise par l'Église contre ces hérétiques, avec des moyens traditionnels ou pacifiques, ne connut que des déboires jusqu'au début du XIIIe siècle. La prédication habituelle animée surtout par des cisterciens – saint Bernard en tête qui prêcha à Albi en 1145 – fut un échec complet. En 1181, l'abbé de Clairvaux, Henri, cardinal d'Albano, avait conduit contre la ville de Lavaur une expédition militaire sans lendemain. À partir de 1206, les efforts de l'évêque espagnol Diego d'Osma et de son collaborateur le chanoine Dominique de Caleruega, le futur saint Dominique, n'eurent pas plus de succès. Ils voulaient promouvoir en milieu hérétique un nouveau type de prédication, fondé sur l'exemple d'une simplicité de mœurs qui contrastait avec le faste des abbés cisterciens, et sur des discussions publiques, en toute égalité avec les hérétiques.
L'effort de la papauté se concentra alors sur le principal seigneur de la région, appelé à diriger la répression de l'hérésie. Devant la carence du roi Philippe Auguste, suzerain de ces terres, occupé alors à combattre les Anglais et leurs alliés dans le Nord et l'Ouest, le pape mit ses espoirs en Raimond VI. Arrière-petit-fils de Raimond IV de Saint-Gilles, comte de Toulouse et l'un des chefs de la première croisade en Terre sainte, Raimond VI étendait sa suzeraineté de la Guyenne à la Provence où il avait, en terre d'Empire, des possessions entre Durance et Isère. Mais en dehors de ses fiefs propres du Toulousain, du Lauragais, du Quercy et du comté de Nîmes, il n'avait guère de pouvoir sur les vicomtes et seigneurs, dont le principal, Raimond-Roger Trencavel, vicomte de Béziers, de Carcassonne et d'Albi, était maître d'une vaste seigneurie qui coupait en deux les terres qu'il gouvernait directement. Cette seigneurie était, au surplus, le principal foyer de l'hérésie. En 1207, Raimond VI ayant refusé d'adhérer à une ligue contre les hérétiques, le légat pontifical Pierre de Castelnau l'excommunia. De son côté, Innocent III, dans une lettre aux évêques du Midi, exposait pour la première fois les principes qui allaient justifier l'extension de la croisade en pays chrétien : l'Église n'est plus obligée de recourir au bras séculier pour exterminer l'hérésie dans une région ; à défaut du suzerain, elle a le droit de prendre elle-même l'initiative de convoquer à cette œuvre tous les chrétiens, et même de disposer des territoires contaminés en les offrant, par-dessus le suzerain, comme butin aux conquérants. Cette pratique, qu'on appela à l'époque " terram exponere occupantibus " ou " terram exponere catholicis occupandam ", livrer la terre aux occupants, ou à l'occupation des catholiques, reçut aux XVIe-XVIIe siècles le nom d'exposition en proie.
Le 15 janvier 1208, après une vaine entrevue avec Raimond VI à Saint-Gilles, le légat Pierre de Castelnau fut assassiné près d'Arles par un personnage que l'on identifia comme étant un écuyer du comte, sans que cette identification et, encore moins, la responsabilité du comte aient été jamais prouvées. Le 10 mars 1208, les velléités pontificales se changèrent en appel à la croisade. Selon les principes qu'il avait énoncés, Innocent III excommunia une fois de plus le comte, délia ses vassaux de leur serment de fidélité et offrit ses domaines à qui voudrait partir en croisade. Le même jour il canonisait Pierre de Castelnau.

La croisade 1209-1229

Devant le danger, Raimond VI se soumit. Il fit pénitence à Saint-Gilles le 18 juin 1209 et se joignit aux croisés.

La croisade féodale 1209-1224

Les armées croisées étaient largement internationales. Elles comprenaient des Italiens, des Allemands, des Anglais, des Brabançons, des Frisons et même des « Esclavons », c'est-à-dire des Slaves du Sud. Mais la majorité était composée de Français du Nord. En l'absence du roi Philippe Auguste, et devant l'attitude effacée et prudente des principaux seigneurs croisés – le duc de Bourgogne, les comtes de Nevers et de Saint-Pol – le légat pontifical, chef théorique de la croisade, confia le commandement suprême à un petit seigneur d'Île-de-France, Simon de Montfort. Ce dernier allait bientôt faire montre de son ambition et de ses talents militaires et administratifs. La composition sociale et la tactique des armées furent très semblables dans les deux camps. De part et d'autre, l'encadrement fut féodal ; mais dans le camp des Méridionaux, il y eut des bourgeois, des artisans et des paysans, et dans celui des croisés, des indigents venus eux aussi à la curée. Des chroniqueurs croisés, comme le cistercien Pierre des Vaux-de-Cernay, soulignent la présence de ces derniers qu'ils rattachent à la tradition des « croisades de pauvres », dépourvue ici de toute dimension eschatologique. Les opérations se concentrèrent souvent autour des villes, centres de résistance et réservoirs de richesses. Les armées croisées y déployèrent des ressources techniques remarquables dans la construction et l'usage des engins de siège. La grande voie de la ruée des croisés vers le Midi fut la vallée du Rhône, qui facilitait l'acheminement des bateaux, des hommes, des bêtes et du ravitaillement, et dont l'occupation coupait les seigneurs et les hérétiques méridionaux de leurs arrières provençaux et italiens. Les opérations furent souvent hachées par le caractère féodal que conservaient ces expéditions. Une fois achevée la quarantaine de service due à leur seigneur, vassaux et hommes quittaient souvent les armées.
La croisade commença par un coup exemplaire : la prise de Béziers, suivie du massacre d'une partie de ses habitants et de l'incendie de la ville (22 juill. 1209). Le 15 août, le jeune vicomte Raimond-Roger Trencavel capitulait dans Carcassonne. Une assemblée des chefs de la croisade donna, sur proposition du légat, les terres des Trencavel à Simon de Montfort. Celui-ci s'en empara en deux ans (1209-1211). En 1211, les légats envoyèrent un nouvel ultimatum au comte de Toulouse, lui enjoignant de licencier ses routiers, de livrer les juifs et les hérétiques dont on lui fournirait la liste, d'abolir l'usure dans ses États et d'accepter un certain nombre de conditions humiliantes. Sur son refus et celui de son vassal, le comte de Foix, une nouvelle armée de croisés, sous le commandement de Simon de Montfort, leur infligea une série de défaites. Raimond VI ne gardait que Montauban et Toulouse devant laquelle Simon de Montfort avait échoué en mai-juin 1211. En novembre 1212, Simon de Montfort réunit à Pamiers une assemblée des évêques, seigneurs et bourgeois de ses nouveaux États, qui mit au point des statuts promulgués le 1er décembre 1212. Sur le modèle des Assises de Jérusalem, ces textes visaient à satisfaire les croisés.
En mentionnant le roi de France mais non le roi d'Aragon, qui revendiquait traditionnellement la suzeraineté de ces régions et avait déjà plusieurs fois tenté d'arrêter ou de modérer la croisade, ces statuts décidèrent sans doute Pierre II d'Aragon à répondre favorablement à la demande d'aide de Raimond VI. Fort de sa qualité de vassal du Saint-Siège et de sa réputation de pourfendeur d'hérétiques dans ses États, auréolé du prestige de sa participation décisive à l'éclatante victoire des chrétiens d'Espagne sur les musulmans à Las Navas de Tolosa (16 juill. 1212), il obtint d'abord d'Innocent III la condamnation des abus de Simon de Montfort et des croisés. Mais ceux-ci réussirent à influencer le pape, et Pierre II se résigna à la guerre. À Muret, le 12 septembre 1213, Simon de Montfort mit en déroute l'armée aragonaise de Pierre II, qui fut tué au début de la bataille. Cet événement confirma sans doute une évolution qui depuis faisait basculer le Languedoc vers la France : il ne serait pas espagnol.
Raimond VI ne se soumettant pas, Simon de Montfort obtint du IVe concile de Latran (1215), et à la demande d'Innocent III, la déchéance du comte dont toutes les terres, y compris Toulouse, lui furent attribuées. Le fils de Raimond VI, Raimond VII, ne conservait que Nîmes, Beaucaire et les possessions provençales de la maison de Saint-Gilles. Mais les Toulousains, oubliant leurs dissensions, se révoltèrent avec Raimond VI. Au cours d'un nouveau siège, Simon de Montfort fut tué par une pierre (25 juin 1218). Sa mort provoqua la débandade de la maison de Montfort et des croisés. Raimond VII, qui recueillit l'héritage de son père mort en 1222, reconquit tous ses États sur le fils de Simon de Montfort.

La croisade royale 1224-1229

Philippe Auguste, luttant contre l'Angleterre et contre l'Empire, et le plus souvent en mauvais termes avec la papauté, n'avait pas voulu intervenir directement en Languedoc, se contentant d'y sauvegarder la suzeraineté française. Son fils, Louis VIII (roi de 1223 à 1226), après avoir repris le Poitou aux Anglais (1224), se tourna vers le Midi, auquel il s'était vivement intéressé dès le règne de son père. Après l'excommunication de Raimond VII par le concile de Bourges, le 28 janvier 1226, et le ralliement de nombreux seigneurs méridionaux, il répondit à l'appel du pape en s'emparant des terres des Trencavel et du Languedoc septentrional et oriental rattachées au domaine royal (sénéchaussées de Beaucaire et de Carcassonne) mais renonça à attaquer Toulouse. Louis VIII mourut sur le chemin du retour. Raimond VII cessa toute résistance à la fin de 1228. La conférence de Meaux, dont les conclusions furent ratifiées par le traité de Paris, rétablit la paix entre le roi de France et le comte. Raimond VII conservait le comté de Toulouse et le Lauragais. Mais, après sa mort, ces terres devaient revenir à Alphonse de Poitiers, frère du jeune roi Louis IX, qui devait épouser la fille du comte. Si le couple n'avait pas d'héritier direct, elles seraient annexées au domaine royal. Le roi de France gardait les terres languedociennes conquises en 1226. Les clauses du traité de Paris jouèrent dès le XIIIe siècle. À la mort de Raimond VII en 1249, Alphonse de Poitiers et Jeanne de Toulouse lui succédèrent. Comme ils disparurent en août 1271 sans laisser d'héritier, le comté de Toulouse fut alors réuni au domaine royal qui avait absorbé tout le Languedoc, à l'exception du comté de Foix, demeuré sous la suzeraineté royale.

Les derniers soubresauts hérétiques. Montségur 1230-1244

À partir de 1229, la lutte de l'Église contre les hérétiques prit la forme de l'Inquisition, organisée par le pape Grégoire IX en 1233 et confiée aux ordres mendiants – et surtout aux dominicains. Elle se heurta à une résistance clandestine. Il y eut pourtant des violences dans les villes, à Narbonne (1233-1235), à Cordes (1233), à Albi (1234), et surtout à Toulouse d'où les dominicains furent expulsés en novembre 1235. Les victoires de Saint Louis sur les Anglais à Taillebourg et à Saintes persuadèrent le comte, qui avait repris la lutte, de faire la paix avec le roi (1242). Désormais et jusqu'à sa mort, il lui resta soumis et persécuta à son tour les hérétiques.
Un millier de cathares s'étaient réfugiés dans le château de Montségur, vaste forteresse sur un piton dans le comté de Foix. Montségur résista près d'un an, du 13 mai 1243 au 14 mars 1244. Les deux cents hommes et femmes qui y étaient restés et qui refusèrent d'abjurer le catharisme furent brûlés le 16 mars 1244. Cet épisode militaire local marque traditionnellement la fin de la résistance armée des cathares. Une auréole légendaire continue d'entourer cet épilogue héroïque et tragique de la croisade contre les albigeois.
La croisade contre les albigeois soulève interrogations et passions. Les origines de la croisade, les caractères de la lutte et la personnalité de certains protagonistes – Raimond VI surtout – les raisons de la défaite finale des Méridionaux, l'importance des conséquences du conflit pour l'Église, pour le Languedoc et l'unité française, restent sujets à contestations et même à affrontements scientifiques, idéologiques, sentimentaux.
Les origines de la croisade mettent en cause l'importance de l'hérésie d'une part, les motifs des croisés de l'autre. Il semble qu'il ne faille ni exagérer ni minimiser le nombre et l'influence des hérétiques en Languedoc. Par-delà la force de leurs convictions et le caractère radical de leur opposition à l'Église, les hérétiques furent dangereux pour leurs ennemis parce que l'hérésie avait cristallisé les mécontentements politiques et sociaux. Mais l'analyse, qui n'a pas été sérieusement tentée, de la participation des différentes catégories sociales à l'hérésie et à la lutte contre les croisés – qui ne fut pas toujours le fait des seuls hérétiques – est délicate. Une partie importante de l'aristocratie laïque – par haine de l'Église et par souci de ne pas se couper de ses sujets, et en particulier de la bourgeoisie urbaine – ainsi que des clercs gagnés à la doctrine hérétique ou indignés par le comportement du haut clergé, des bourgeois nouveaux riches surtout et des artisans urbains ou ruraux, parmi lesquels les contemporains mettent en vedette les tisserands, ont fourni à la résistance à la croisade des contingents notables.
L'hostilité aux étrangers, aux Français, qui semble ne s'être développée qu'au fur et à mesure de la conquête, a souvent uni dans la lutte des populations hétérogènes. La participation à la résistance des couches inférieures de la société urbaine et rurale paraît avoir été faible. Petits artisans, manœuvres, paysans endettés à l'égard de la bourgeoisie souvent hérétique ou opprimés par des seigneurs alliés à ces hérétiques ont même, semble-t-il, assez bien accueilli les croisés, puis l'administration royale. Les succès obtenus, pendant un temps, à Toulouse par le farouche évêque Foulque de Marseille ne s'expliquent probablement pas seulement par ses méthodes terroristes. Sa milice, la Confrérie blanche, constituée de militants orthodoxes et dirigée autant contre les usuriers que contre les cathares, a surtout recruté ses membres dans le petit peuple encadré par certains représentants de la vieille aristocratie bourgeoise, dépossédés de leur rang par les nouveaux riches.
Si les motifs proprement religieux ont pu jouer chez les croisés, il reste qu'à la différence des expéditions en Terre sainte, le souci de profiter d'une fructueuse entreprise l'a emporté au sein des deux catégories qui ont fourni la majorité des armées croisées et de leur encadrement : les petits seigneurs du Nord et les indigents de toute sorte, pauvres, déclassés et aventuriers. Les motivations économiques – essentiellement le pillage et l'acquisition de terres – ont dominé les motivations commerciales qui n'ont probablement joué, consciemment, qu'un rôle négligeable. Les avantages immédiats de la croisade protection de leurs possessions, impôts spéciaux, butin ont suffi aux quelques grands seigneurs qui se sont croisés. Ils n'ont pas été tentés par le Midi turbulent dont l'économie rurale était pauvre au sein de petits domaines morcelés en alleux nombreux, en seigneuries démantelées par les pratiques successorales, et par l'acharnement de l'Église à faire respecter les interdictions canoniques de mariages consanguins. L'activité commerciale de ces régions, situées loin des grands axes de circulation nord-sud, était médiocre. En 1209, le duc de Bourgogne, le comte de Nevers et le comte de Saint-Pol refusèrent les terres des Trencavel que Simon de Montfort accepta par la suite. Celui-ci fut abandonné par beaucoup de ses compagnons.
L'hypothèse selon laquelle des haines nationales se seraient déchaînées au cours de la croisade doit être ramenée à ses justes proportions. Certes, par leurs brutalités, les croisés apparurent de plus en plus comme des « étrangers » aux yeux des Méridionaux, sans que d'ailleurs ceux-ci les identifient à l'ensemble des Français. L'accueil reçu par Louis VIII le prouve. Il est vrai aussi que beaucoup de croisés méprisaient les Méridionaux et, dans leur incompréhension, les traitaient de menteurs et de parjures, exactement comme les croisés de Terre sainte ou d'Espagne le faisaient des musulmans, et comme les missionnaires du XIIIe siècle allaient le faire des Mongols. Enfin, le comportement des croisés, s'il ne dépassa pas en cruauté les mœurs féodales de l'époque, fut toutefois exceptionnel par la qualité et la quantité des victimes. Les habituels raids féodaux et sièges de châteaux forts n'étaient pas aussi meurtriers que le furent les opérations menées par les croisés, opérations dirigées surtout contre les villes dont les habitants étaient exterminés pour la plupart. La chrétienté n'avait pas encore connu à l'intérieur de ses frontières pareil déchaînement de férocité, masquée par le fanatisme religieux. Malgré tous ces arguments, les sentiments nationaux, les différences de civilisation et de mentalité n'étaient pas encore assez affirmés pour devenir des ressorts importants du conflit.

Les causes de la défaite des Méridionaux sont plus claires. Sauf à de rares moments, ils ne parvinrent pas à surmonter, face aux croisés, leurs dissensions sociales, politiques et religieuses. Ils étaient soumis à la pression de grandes puissances antagonistes et tentaculaires : la France au nord, l'Angleterre à l'ouest, l'Aragon au sud. Ces données rendaient difficile le jeu d'un Raimond VI, qui avait eu maille à partir avec ses bourgeois, toulousains et nîmois entre autres, avec ses vassaux aussi, et qui se méfiait de ses puissants voisins. Il ne faut pas non plus minimiser le climat psychologique qui affaiblit la résistance : une croisade était en chrétienté un événement impressionnant, et la religion des cathares, qui leur interdisait le recours à la violence, contribua à les paralyser. Enfin la faiblesse des structures économiques et sociales du Midi jouèrent contre lui. La prolifération des bourgs avait provoqué une urbanisation parasitaire qui affaiblissait l'économie rurale sans animer pour autant un artisanat et un commerce d'importance. La féodalité du Midi, mal connue, était à coup sûr trop lâche pour encadrer la société comme le faisait la féodalité du Nord. L'égale faiblesse du quadrillage ecclésiastique, qui ne bénéficia pas d'un essor monastique comparable à celui des régions voisines aux XIe et XIIe siècles, favorisa le développement de l'hérésie, mais la priva de l'organisation et de l'esprit communautaires qui auraient soutenu sa lutte.

Il reste que le bilan négatif de la croisade fut lourd pour le Languedoc et pour la chrétienté.

Si la croisade favorisa le rattachement du Languedoc à la France du Nord, cette intégration du Midi à un ensemble national ne lui apporta pas que des avantages. Plus que les destructions et les aspects d'exploitation coloniale qui accompagnèrent l'installation des gens du Nord en Languedoc, c'est la pétrification, par la croisade, de faiblesses autochtones séculaires qui accrut sa stagnation économique et sociale. La lutte victorieuse contre l'usure supprima des abus, mais stérilisa aussi beaucoup d'activités précapitalistes englobées par l'Église dans sa réprobation de l'usure. L'installation de l'administration française augmenta le parasitisme urbain au détriment du développement des campagnes et provoqua la prolifération d'un secteur tertiaire envahi par toute une catégorie de rentiers, d'hommes de loi, de fonctionnaires, et par un clergé triomphant et pullulant.

Cette perversion de l'idéal de la croisade il y faut ajouter l'antisémitisme importé par les croisés dans le Midi et les abus de l'Inquisition qui la prolongea jetèrent, dès le XIIIe siècle, le discrédit sur la chrétienté. Ce discrédit contribua à saper l'unité morale d'un monde où, à l'image du destin du Languedoc, l'évolution historique tendait, certes, à constituer de plus grands ensembles nationaux, mais au détriment de l'unité chrétienne. Jacques Le Goff

Une capitulation ruineuse et l’origine languedocienne de l’Inquisition

Par la signature du traité de Meaux-Paris entre Raymond VII de Toulouse et le Roi de France Louis IX, la capitulation du comté de Toulouse est définitivement décidée. Le 12 avril 1229, au pied des tours de Notre-Dame de Paris, en présence du roi, de nombreux dignitaires de l’Eglise et de la cour, Raymond VII, en chemise et en chausses, implore le pardon, promet fidélité au roi et son engagement sans retenue contre les dissidents cathares. Si la démilitarisation de la région, le démantèlement des fortifications de la cité toulousaine et de lourdes sanctions pécuniaires marquent profondément la noblesse languedocienne, cette dernière conserve néanmoins ses terres malgré la promesse de mariage de Jeanne, fille de Raymond VII, avec Alphonse de Poitiers, frère de Louis IX. Cette union, profondément voulue par la Couronne, s’inscrira surtout comme la sombre promesse d’un rattachement futur des terres toulousaines aux possessions capétiennes, une grande partie du Languedoc entrant déjà officiellement sous administration royale. La dure capitulation de 1229, tout en installant dans un apaisement relatif le pouvoir royal en Languedoc, contraint dans un même temps le comte de Toulouse à s’intéresser au problème du catharisme. Ce dernier se voit en effet obligé de poursuivre les hérétiques sur ses terres, de les priver de leurs biens et de les anéantir sous peine d’en payer le prix fort vis-à-vis du roi de France. Il est admis comme un fait acquis pour la Couronne que la défense de l’orthodoxie et le soutien aux ordres mendiants - installés à Toulouse depuis 1216 - sont des impératifs en Languedoc sur lesquels aucune concession ne peut être faite. La lutte contre l’hérésie cathare - encore bien vivante dans les contrées languedociennes - devient donc non seulement une nécessité mais un impératif politique pour Raymond VII.
Le concile de Toulouse, réuni la même année au mois de novembre, prit acte de cette volonté, décrétant dix-huit canons concernant la lutte contre les hérétiques. Quant au catharisme, son recul à Toulouse et dans les environs à partir de 1229 - les parfaits quittant la cité dès les lendemains de la signature du traité - résultera de ce manque de sécurité, renforcé par la présence dominicaine et la construction des églises des Jacobins et des Cordeliers. Les cathares, devenus clandestins mais soutenus par des seigneurs dépossédés et hors-la-loi, les faydits, n’auront qu’une seule solution : organiser des réseaux, une résistance et trouver des soutiens parmi les seigneurs rebelles encore maîtres de leurs châteaux. Si la paix avec la Couronne semblait définitivement faite, la paix de l’Eglise devenait une autre affaire ...
Les années charnières 1229-1271

Les débuts de l’Inquisition

La répression de l’hérésie et le rappel d’une méthode

La fondation de l’université de Toulouse, sur l’initiative du cardinal Romain de Saint-Ange mais financée par Raymond VII pour une période de dix ans, est décidée pour contribuer à cette lutte anti-hérétique, en se chargeant de la formation de prédicateurs professionnels issus de l’ordre dominicain. Dans cette orientation répressive, le concile de Toulouse de 1229 avait entrepris de régler les détails des enquêtes contre les suspectés d’hérésie, reprenant les décrétales de la conférence de Vérone de 1184 et les canons anti-hérétiques du IVe concile œcuménique de Latran de 1215. L’Inquisition dite épiscopale en est son aboutissement avec l’élaboration d’une procédure accusatoire appelée procédure d’office. Mise progressivement en place dans le Toulousain, elle est appliquée par l’évêque ou le juge ecclésiastique, secondé en théorie par le pouvoir civil. Fondée sur la délation, le soupçon et rumeur notoire - la fama publica -, cette procédure permet dans un second temps de provoquer un procès sans que l’accusé soit l’objet d’accusations précises, le juge procédant lui-même à la recherche et à la preuve du délit. Les sanctions prévues par les juges ecclésiastiques se veulent en général sévères et sans appel : arrestation des suspects et de leurs proches, destruction des maisons ayant abrité des hérétiques, confiscation des biens des hérétiques et de leurs protecteurs au profit de la Couronne, exclusion des hérétiques arrêtés de toute fonction civile.
Si l’ordonnance royale Cupientes reprend et confirme ces décisions judiciaires, et si un climat de crainte s’installe sur les terres languedociennes menacées par ces premières actions inquisitoriales, il faut attendre les bulles du pape Grégoire IX 1227-1241 pour voir la création officielle de l’Inquisition pontificale en avril 1233 par les bulles Ille humani generis. Cet instrument, confié dans un premier temps à l’Ordre des Frères Prêcheurs de Dominique de Guzman, est en fait une mise en pratique des nouvelles techniques judiciaires forgées depuis Latran IV dans un contexte d’urgence, doublée d’un contrôle bureaucratique nouveau et systématique des populations languedociennes. Chargés de "l’affaire de la foi", les nouveaux inquisiteurs disposent rapidement de pouvoirs spéciaux. Ils sont choisis par le pape et ne rendent compte qu’à celui-ci, tout en détenant un pouvoir dit d’exception délégué par ce dernier. Un tribunal d’Inquisition se crée, ayant en charge de juger souverainement les crimes d’hérésie, sans appel possible et sans contrôle du pouvoir temporel. Un véritable code pénal appuie cette décision par la bulle Excommunicamus de Grégoire IX de 1231, bulle prévoyant l’abandon de l’accusé au bras séculier, la prison perpétuelle et l’interdiction pour le déposant de recourir aux services d’un notaire ou d’un avocat. Dès 1234, des tribunaux fixes s’installent à Toulouse et à Carcassonne dans l’hostilité générale, tribunaux auxquels sont rattachés des inquisiteurs dominicains, dont Guillaume Arnaud, puis franciscains comme Etienne de Saint-Thibéry, associés à cette date avant d’être définitivement intégrés dans l’institution en 1242.
Par cette toute puissance pontificale, les pouvoirs des notables et des religieux locaux -les évêques jugés peu compétents ne conservent que leur pouvoir ordinaire - sont brutalement bridés ; l’Inquisition devenant dans un même temps très impopulaire. La nouvelle institution adopte de plus des méthodes et des moyens contestables, avec notamment les exhumations de cadavres des suspects de catharisme afin de les brûler, zèle provocateur ne pouvant attirer que la vindicte populaire. Dans un même temps, elle outrepasse les franchises urbaines par une souveraineté qui dérange de plus en plus, allant jusqu’à demander au concile de Béziers, présidé par l’évêque de Tournai, le concours des curés pour établir des listes de suspects. Contre les inquisiteurs parfois maladroits et un activisme frénétique des Dominicains et de leurs maîtres, les révoltes urbaines plus ou moins provoquées par les élites citadines ne tardent guère. Narbonne en 1233, Albi en 1234, Toulouse en 1235 sont les principales cités qui prennent parti contre l’Inquisition. Leurs populations conspuent et malmènent les hommes du Saint-Office, chassent l’ordre dominicain de leurs murs et détruisent les premiers dépôts d’archives constitués. Ces réserves de registres de déposition, documents compromettants pour des familles entières, seront assez souvent et dans les années suivantes la cible des insurgés, que ce soit à Narbonne ou encore à Caunes en Minervois en 1236. Les premiers conflits avec l’Inquisition sont d’une grande violence selon les sources. Dans la cité d’Albi, les excès de l’inquisiteur Arnaud Cathala provoquent des troubles dans lesquels ce dernier échappe de peu à la mort. À Cordes, on affirme à qui veut l’entendre que trois inquisiteurs ont été massacrés par la populace. Dans Toulouse, l’hostilité contre les dominicains et contre l’inquisiteur Pierre Sellan amènera Grégoire IX à intervenir auprès du comte de Toulouse afin qu’ils rétablisse ces derniers dans leurs couvents. À Narbonne, ce furent les populations du bourg qui se soulevèrent contre l’inquisiteur Ferrer et les Dominicains. Ces mouvements hostiles à l’Inquisition restent cependant éphémères . De nouvelles enquêtes sont lancées par l’institution dès l’année 1237. Désignés par l’archevêque de Narbonne et légat du pape Jean de Bernin, les inquisiteurs du Toulousain Guillaume Arnaud, ancien vaudois de Montpellier, et Jean de Saint-Thibéry, franciscain de Narbonne, condamnent ainsi sans retenue les suspectés d’hérésie et leurs protecteurs dans leur première campagne inquisitoriale 1237-1238. En juillet 1237, le viguier et les consuls de Toulouse seront même excommuniés par les inquisiteurs, tout comme l’avaient été des habitants de Toulouse quelques mois auparavant. Mais les sentences restent légères et leur application peu suivie d’effets. La majorité des punitions inquisitoriales concernent en fait des hérétiques décédés et connus dans les années précédant la création de l’Inquisition, hérétiques qui seront exhumés et brûlés. Quant aux croyants cathares, ils ne sont pas véritablement inquiétés par les inquisiteurs qui craignent par-dessus tout les représailles populaires. Un des dignitaires cathares, Guilhabert de Castres, a cependant compris la nécessité d’organiser un repère fort pour leur dissidence, sanctuaire qui serait à la fois religieux et militaire. La forteresse redoutable de Montségur s’impose et sera choisie par les dignitaires cathares dès 1232.
Les révoltes des Trencavel 1240 et de Raimond VII 1242

La rébellion occitane et le massacre d’Avignone

Les événements déclencheurs de cette rébellion contre l’Inquisition et le pouvoir royal sont en fait provoqués et contrôlés par la noblesse languedocienne. Si la politique versatile de Raymond VII, qui a abandonné le parti de l’Empereur Frédéric II et qui s’est rallié à Grégoire IX, provoque l’arrêt de l’activité inquisitoriale en Languedoc en 1238, le Languedoc n’en reste pas pour autant calme. Les révoltes épisodiques des seigneurs languedociens, la brève excommunication de Raymond VII en 1240 mais surtout l’insurrection et le siège de Raymond Trencavel devant Carcassonne la même année, amènent l’Inquisition à relancer d’anciennes procédures à partir de mai 1241. Une grande enquête "sur la perversité hérétique" dans le Castrais, le Lauragais et le Vaurais se déclenche ainsi dès 1241 avec Guillaume Arnaud et Jean de Saint-Thibéry. Dans le Quercy, c’est l’inquisiteur Pierre Sellan, ancien prieur de Toulouse, qui enquête en 1241-1242, prononce des pénitences mais condamne à des peines relativement peu sévères, freiné semble-t-il par les interventions du comte de Toulouse y mandatant son bayle. Pierre Sellan n’en rassemble pas moins à lors de cette campagne plus de six cent soixante-dix dépositions – dont une majorité concernant des suspects vaudois - entreprenant, fort de cette expérience, la rédaction du premier livre de sentences que connaît l’Inquisition. Durant cette période, les documents que les inquisiteurs archivent prennent progressivement une importance capitale dans la procédure, notamment pour tous les suspectés d’hérésie. Dans la majorité des cas, une convocation ou une arrestation entraînait désormais une inquisitio très serrée de la part des juges pontificaux. Des dépositions parfois anciennes permettaient de rechercher des preuves de culpabilité antérieures, confondant ainsi plusieurs années après des suspects ou leurs héritiers qui se croyaient oubliés par l’institution. Les livres contenant les dépositions, conservés avec soin dans les dépôts d’archives, contenaient de fait toutes les informations nécessaires aux poursuites et aux condamnations, informations restant résolument secrètes sous peine d’excommunication en cas de divulgation.
Dans la nuit du 28 mai au 29 mai 1242, un brutal coup d’arrêt - en lien avec les rébellions récentes des aristocrates languedociens - est mis au zèle inquisitorial dans le Languedoc. Les inquisiteurs Guillaume Arnaud et Jean de Saint-Thibéry, lors d’une enquête qui les mène à Avignonet, sont assassinés, ainsi que leur suite, par un commando venu de Montségur. L’assassinat, bien préparé, aurait été commis avec l’accord de Toulouse et avait pour objectif d’enrayer l’action inquisitoriale dans la région. Afin de contrer les enquêtes en cours, les registres récupérés par les membres du commando seront remis à des parfaits cathares. La réponse de Rome est cinglante : le pape prononce l’excommunication du comte de Toulouse Raymond VII et de tous ses alliés parmi lesquels figurent les comtes de Comminges et de Rodez, Raymond Trencavel et Olivier de Termes. Si les Dominicains restent dans leur ensemble effrayés par cet acte – refusant même un temps de poursuivre leur mission - la prise de position du souverain pontife les rassure. Dans un même temps, les défaites du roi d’Angleterre Henri III à Taillebourg et à Saintes devant les armées royales ruinent les espoirs du comte de Toulouse qui avait mis la main sur Albi et Narbonne. La paix de Lorris de janvier 1243 oblige en effet Raymond VII à se soumettre définitivement au Roi de France. Non seulement le comte s’engage à faire prêter serment au roi par tous ses barons, châtelains, chevaliers, et aux consulats mais il livre aussi au roi, pour cinq ans, différentes villes dont Penne d’Agenais, Najac, Laurac et Penne d’Albigeois. De Lorris, Raymond VII écrivit à Blanche de Castille et lui promit de purger ses états de la dissidence cathare. Cette paix permet aux Frères Prêcheurs de répondre à l’attentat et de relancer avec détermination les enquêtes inquisitoriales en Languedoc, avec le soutien du nouveau pape Innocent IV (1243-1254). En novembre 1243, malgré l’hostilité de l’évêque d’Agen et du comte de Toulouse, Bernard de Caux et Jean de Saint-Pierre prennent ainsi en charge les diocèses d’Agen et Cahors, ainsi que la partie Nord du Toulousain, organisant des enquêtes jusqu’en 1247. Guillaume Raimond et Pierre Durand les rejoignent l’année suivante, avec l’inquisiteur de Carcassonne Ferrer qui se chargera en partie des interrogatoires des assiégés de Montségur. Ce dernier avait déjà sévi dès 1242 dans le Lauragais où les interrogatoires qu’il avait laissés apportaient les informations les plus complètes sur le catharisme connues à cette époque. L’assassinat d’Avignonet n’a pas servi la dissidence cathare comme beaucoup l’auraient souhaité. L’Inquisition quadrille désormais les diocèses languedociens, les derniers nids d’hérétiques sont connus par l’Eglise, ainsi que ses défenseurs. Isolés, ils ne reste désormais plus qu’à les détruire. Le sénéchal de Carcassonne en est conscient : le danger vient de Montségur ; c’est donc cette forteresse, considérée par Rome comme le grand sanctuaire de l’hérésie, qui doit être réduite de force.

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Posté le : 11/04/2015 17:13
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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