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Joseph Haydn 1
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Le 31 mai 1809 meurt à Vienne, Franz Joseph Haydn, à 77 ans

— il n'utilisait jamais son premier prénom —, né le 31 Mars 1732 à Rohrau sur la Leitha en Basse-Autriche, compositeur autrichien. Il incarne le classicisme viennois au même titre que Mozart et Beethoven, les trois compositeurs étant regroupés par la postérité sous le vocable de « trinité classique viennoise.Fils d'un charron de village, second de douze enfants, Joseph Haydn naquit aux confins de l'Autriche et de la Hongrie. À six ans, il alla habiter chez un oncle qui lui apprit quelques rudiments de son futur métier. Doué d'une belle voix de soprano, il fut admis en 1740 dans la maîtrise de la cathédrale Sankt Stephan de Vienne, alors dirigée par Georg Reutter, et y resta jusque vers 1749, époque où, sa voix ayant mué, il en fut congédié.
La carrière musicale de Joseph Haydn couvre toute la période classique, allant de la fin du baroque aux débuts du romantisme. Il est à la fois le pont et le moteur qui a permis à cette évolution de s'accomplir. L'image du papa Haydn ne vient pas des titres de père de la symphonie ou père du quatuor à cordes généreusement décernés au XIXe siècle et même de nos jours. La création de ces genres relève d'une genèse un peu plus complexe, mais Haydn a très largement contribué à leur émergence et leur consolidation.
Deux de ses frères furent également des musiciens :
Michael Haydn 1737-1806 également compositeur et collègue de Mozart à Salzbourg.
Johann Evangelist Haydn 1743-1805, ténor que Joseph fit venir à Esterhaza en 1763.


En bref

Haydn est-il, comme l'a écrit Stendhal, le père du quatuor et de la symphonie ? Cette formule, si répandue soit-elle, est inexacte et donne une idée fausse de la personnalité de Haydn. En effet, les grandes formes de la musique instrumentale, sonate, quatuor, symphonie, existaient avant lui, de même que le langage qui leur est propre ; son œuvre n'est pas celle d'un novateur, d'un inventeur, mais bien celle d'un homme qui a su trouver une unité nouvelle en perfectionnant le langage et les formes créés par ses prédécesseurs, et en réalisant une synthèse de différents styles : celui des Italiens (Giovanni Battista Sammartini), celui de l'Allemagne du Nord (Carl Philipp Emanuel Bach), celui des Viennois Mathias Monn, et celui de l'école de Mannheim (Johann Stamitz). C'est une œuvre qui repose et prend son essor sur les bases solides des acquisitions d'un passé récent, assimilées par un esprit curieux, inventif, précis et organisé. Le talent de Haydn est fait d'une parfaite maîtrise de ses moyens, d'une invention constante, d'un sens aigu de l'équilibre, d'une sensibilité discrète, et aussi d'un sens dramatique résultant de son expérience théâtrale. Représentative du classicisme viennois, cette œuvre, qui couvre toutes les formes en usage à son époque, est un aboutissement des recherches des préclassiques, mais aussi un point de départ, car, tant dans le domaine de l'expression que dans celui de l'extension des formes, elle contient des éléments amorçant l'évolution vers le romantisme.
La vie de Haydn est très représentative de ce que pouvaient être la place et le rôle d'un compositeur de son temps, comme d'ailleurs du siècle précédent. Là encore, il se trouve à l'apogée d'une époque proche de sa fin : bientôt, les musiciens ne seront plus au service d'un roi, d'un prince ou d'un évêque, et ils affronteront les avantages et l'insécurité de l'indépendance, comme Mozart et Beethoven, les premiers, le feront.
Né à Rohrau en Autriche d'une famille respectée, modeste, ayant le goût de la musique, Joseph Haydn est, de huit à dix-sept ans, enfant de chœur à la cathédrale Saint-Étienne de Vienne. Peu de leçons de musique, mais un apprentissage par la pratique, et une discipline sévère. Puis, pendant dix ans, il mène à Vienne la vie hasardeuse d'un musicien indépendant, subvenant à ses besoins par des leçons et des travaux divers, et poursuivant tenacement sa formation musicale ; autodidacte, il étudie les ouvrages théoriques de Johann Joseph Fux Gradus ad Parnassum et de Johann Mattheson (Der vollkommene Kapellneister), et déchiffre avec enthousiasme les six premières sonates de C. P. E. Bach. « Je ne quittai plus mon clavecin avant de les avoir jouées et rejouées, écrit-il, et quiconque me connaît bien doit savoir que je dois beaucoup à Emanuel Bach, car je l'ai compris et étudié avec application. » C. P. E. Bach étant l'un des premiers à prendre la musique comme moyen d'expression des mouvements de l'âme, une telle référence est significative.
Haydn entre, en 1761, au service des princes hongrois Esterházy, dont il sera bientôt le maître de chapelle pour de nombreuses années, à Eisenstadt puis à Eszterháza. C'est un tournant décisif dans sa vie : le contrat qu'il a signé est fort sévère ; il s'engage entre autres à se conduire convenablement, à éviter toute vulgarité, à porter l'uniforme, à composer toute musique que le prince désire, et à travailler exclusivement pour lui, sauf autorisation spéciale, à veiller à la bonne conduite des musiciens, régler leurs différends, surveiller instruments et partitions, faire travailler les chanteuses. Haydn est un serviteur : il figurera avec ses musiciens sur la liste des officiers du prince, entre les hussards et... la meute et ses valets ! Mais les avantages de sa situation sont grands ; sécurité matérielle, stabilité permettant d'entreprendre une œuvre de longue haleine.
Les cours princières rivalisent entre elles de luxe et d'éclat ; Haydn travaille dans un milieu brillant et cultivé, mais d'une culture qui n'est pas originale ; tout comme la noblesse autrichienne, la noblesse hongroise imite les Français : le château d'Eszterháza et la vie qu'on y mène sont conçus sur le modèle de Versailles. Haydn y dispose d'un opéra, d'un théâtre de marionnettes, il a sous ses ordres un orchestre et des chanteurs. Son grand talent lui assure une position privilégiée à la cour du prince Nicolas, qui n'entravera jamais la diffusion, pour lui source de prestige, des œuvres de son maître de chapelle. Haydn a lui-même analysé les avantages de sa situation, et leur incidence sur son travail : « Mon prince était satisfait de tous mes travaux, je recevais son approbation ; placé à la tête d'un orchestre, je pouvais me livrer à des expériences, observer ce qui produit l'effet ou l'amoindrit et, par suite, corriger, ajouter, en un mot oser ; isolé du monde, je n'avais auprès de moi personne qui pût me faire douter de moi ou me tracasser, force m'était donc de devenir original. »
Liturgie ou divertissement, la musique était alors essentiellement utilitaire. Le premier devoir de Haydn est de produire suffisamment pour faire face à tous les besoins musicaux de la cour princière. Heureusement, la vie musicale à Eszterháza lui permet de réaliser avec une suffisante liberté son œuvre vocale et instrumentale, de développer dans une production surabondante les qualités qui lui sont propres, et d'élaborer son style symphonique en y incorporant un sens dramatique nouveau. Mais le côté brillant, facile et décoratif de certaines œuvres, commandes de circonstance, est évident. Autre exemple de contrainte, à la suite d'une lettre comminatoire du prince Nicolas, Haydn dut composer une quantité insolite de musique pour le baryton (ou gamba), instrument dont le prince était très amateur. Lorsque cette passion du gamba fut remplacée par celle de l'opéra italien, Haydn, devenu directeur d'opéra, délaisse quatuors et symphonies pour se consacrer, d'une part, à la composition d'opéras italiens, d'autre part, à organiser les représentations de ses propres œuvres et de celles de ses collègues. En même temps, son style d'écriture dans la musique instrumentale semble perdre la force, l'originalité et la rigueur qu'il avait acquises pour prendre un ton plus facile, mettant l'accent sur la mélodie et l'ornement. On voit ici l'impact que les nécessités de sa charge ont eu sur son évolution. Cette période de style galant s'achève en même temps que se termine la production théâtrale.
La musique de Haydn n'est jamais restée cantonnée dans les limites d'Eszterháza ; sa célébrité est grande en Europe où les éditeurs publient ses œuvres dans divers pays ; des commandes lui sont faites : de France, les six symphonies dites Parisiennes (1785-1786), d'Espagne, Les Sept Paroles du Christ en croix 1787, pour un chanoine de Cadix. Trois mois seulement après la mort du prince Nicolas, Haydn, enfin libéré des obligations de sa charge, part pour Londres, où il effectue deux séjours 1791-1792, 1794-1795 et reçoit un accueil enthousiaste. C'est pour lui une période d'expériences : son invention, son goût de la recherche, de la nouveauté se donnent enfin libre cours. Pleine maîtrise technique, maturité et curiosité d'esprit, liberté. À Londres, puis à Vienne où il habite à son retour une maison qu'il s'est achetée, Haydn écrit ses œuvres les plus personnelles, les plus accomplies, des symphonies londoniennes aux derniers quatuors, de la Messe « Nelson » 1798 aux oratorios La Création Die Schöpfung, 1798 et Les Saisons Die Jahreszeiten, 1801, illustrant plus que jamais la phrase de Mozart qui fut son ami : « Personne ne peut comme Haydn tout faire, badiner et bouleverser, provoquer le rire et la profonde émotion. »

Sa vie

Joseph Haydn est né le 31 mars 1732 dans une famille modeste à Rohrau sur la Leitha à la frontière austro-hongroise. Son père Mathias 1699-1763 était charron et harpiste amateur, sa mère, Anna Maria Koller 1707-1754, cuisinière chez le comte Harrach, seigneur de Rohrau. Il est le deuxième des douze enfants du couple, dont six survivront à l'âge adulte :
Anna Maria Franziska 1730-1781
Johann Michael 1737-1806 également compositeur,
Anna Maria 1739-1802 la seule ayant eu des descendants incontestés,
Anna Katharina 1741- ? dont on perd la trace après 1769,
Johann Evangelist 1743-1805 le ténor.
À l'âge de six ans, il apprend les rudiments de la musique auprès de son cousin, Johann Mathias Franck, maître d'école et maître de chœur à Hainburg, en Basse-Autriche, qui s'était engagé à le former. Dès sept ans, remarqué grâce à sa belle voix de soprano, il entre comme choriste dans la maîtrise de la cathédrale Saint-Étienne de Vienne, sous la direction de Georg Reutter le jeune, où son frère Michael vient plus tard le rejoindre. Il y apprend les rudiments de la musique, à jouer du clavecin et du violon6. Il est chassé de la chapelle à l'âge de 18 ans, sa voix ayant mué.

Débuts

Joseph Haydn mène ensuite durant quelques années une vie difficile, dans la pauvreté, livré à lui-même sur le pavé de Vienne, jouant occasionnellement de la musique lors de bals et d'enterrements. Il donne aussi quelques leçons de musique à de jeunes élèves et à la comtesse Thun. Cette période n'est connue que par la narration qu'Haydn lui-même en fera au soir de sa vie à ses premiers biographes. Il rapporte avoir été hébergé quelque temps par Johann Michael SpanglerNote 5, ténor à Saint-Michel de Vienne, avant de s'installer dans une mansarde de la Michaelerplaz. Dans la même maison habitait le poète Métastase.
En 1753, par l'intermédiaire de Métastase, il a la chance de faire la connaissance de Porpora dont il devient le secrétaire. Professeur de chant et compositeur renommé, Nicola Porpora lui enseigne la composition et l'introduit dans les milieux aristocratiques. Il se forme également en autodidacte grâce au Gradus ad Parnassum, traité de contrepoint du compositeur de la cour, Fux 1660-1741 et au Der vollkommene Capellmeister le Maître de chapelle accompli de Mattheson. Il est également influencé par la musique de Carl Philipp Emanuel Bach, deuxième fils de Jean-Sébastien. C'est au début des années 1750 que Haydn compose ses premières œuvres vocales messes brèves et instrumentales dont il est impossible de préciser la chronologie exacte. Il rédige également, en 1751 ou 1752, la partition musicale perdue de l'opéra Der krumme Teufel Le diable boiteux.
En 1757, le baron von Fürnberg 1720-1767 l'invite pendant quelques mois à participer aux séances de musique de chambre dans son château de Weinzierl, près de Melk, où Haydn compose ses premiers divertimentos ou cassations pour quatuors à cordes, qui établirent sa renommée, et sont à l'origine de la fortune de cette formation. L'année suivante, peut-être sur la recommandation de Fürnberg, il devient directeur de musique chez le comte Carl von Morzin 1717-1783, qui est donc son premier employeur. Il compose alors ses premières symphonies pour un petit orchestre de seize musiciens.
À cette époque, il tombe amoureux d'une de ses élèves, Theresa Keller 1733-1819, fille d'un ami, et la demande en mariage. Mais Theresa étant destinée au couvent, Haydn accepte alors d'épouser sa sœur, de trois années plus âgée, Maria Anna Theresia Keller 1730-1800. Les premiers biographes de Haydn, Albert Christoph Dies et Georg August Griesinger sont en désaccord pour reconnaître la qualité d'aîné entre Theresa et Maria Anna. Marié le 26 novembre 1760, le couple n'eut pas d'enfant.

Haydn et les Esterházy

En difficulté financière, le comte de Morzin doit se résoudre à dissoudre son orchestre. Joseph Haydn retrouve rapidement une place auprès d'une des plus grandes et des plus fortunées familles nobles hongroises, la famille des princes Esterházy. Le contrat signé le 1er mai 1761 reflète bien la situation sociale des musiciens sous l'Ancien régime. Outre les formules un peu humiliantes, Haydn s'engage vis-à-vis du prince à lui réserver la totale exclusivité de ses compositions. En réalité, Haydn ne sera jamais traité comme un simple laquais et le prince, grand amateur de musique, rapidement conscient du génie de son employé, ne résistera pas à la demande extérieure des éditeurs et du public au sens large. La clause d'exclusivité disparaîtra d'ailleurs du nouveau contrat signé le 1er janvier 1779 entre le prince et Haydn.
Il servira cette famille pendant plus de trente ans. D'abord au service de Paul II Anton Esterházy 1711-1762, la plus grande partie de son activité de compositeur se confondra avec le règne de son frère Niklaus Nicolas dit le magnifique, prince mécène, féru de musique, qui laissera à Haydn toute capacité de développer librement son génie. À la mort de Nicolas Ier, en 1790, son fils Paul-Anton 1738-1794 étant peu attaché à la musique, Haydn pourra s'éloigner quelques années d'Esterhaza et d'Eisenstadt, séjours principaux de la famille princière. Il reprendra un service plus régulier auprès du fils de Paul-Anton, Nicolas II 1765-1833, de son retour de Londres en 1795 à l'arrêt de sa carrière en 1802, se consacrant essentiellement, à la demande du nouveau prince, à la production de musique religieuse messes, oratorios.
Haydn est engagé comme vice-maître de chapelle de Gregorius Werner auquel il est subordonné pour ce qui a trait à la musique de chœur. En revanche toutes les autres musiques relèvent du nouveau vice-maître. Il devient maître de chapelle à la mort de Werner en 1766. À partir de 1769, Haydn et ses musiciens s'installent définitivement au château d'Esterhaza que le prince Nicolas avait entrepris d'édifier dès son avènement.
Pour assurer ses fonctions de maître de chapelle, Haydn dispose d'une troupe de chanteurs et d'instrumentistes de grand talent. Il dirige ses propres œuvres, mais aussi celles de ses contemporains, adapte de nombreux opéras italiens, compose des pièces spécifiques pour baryton, instrument favori du prince Nicolas. Durant les années passées au service des Esterházy, il écrit plus de cent symphonies - expérimentant dans ce domaine comme personne ne l'avait fait avant lui -, des quatuors à cordes, concertos, sonates et pièces diverses pour clavier, opéras, divertissements et œuvres de musique sacrée. Rayonnant à partir d'Esterháza, la célébrité de Joseph Haydn ne cessa de croître dans toute l'Europe jusqu'à faire de lui le musicien le plus fêté et admiré du continent. Dès 1770, le prince l'autorise à diriger ses propres œuvres à Vienne. Dans les années 1780, Haydn reçoit des commandes directes et propose ses compositions en édition à Vienne, Paris et Londres.

Haydn et Mozart

C'est le ténor Michael Kelly qui décrit dans ses mémoires la séance de quatuors réunissant Mozart tenant la partie d'alto et Haydn au premier violon, auxquels s'étaient joints le baron Ditters au second pupitre et Vanhal au violoncelle. La rencontre la première attestée entre les deux compositeurs eut lieu en 1784, mais il est possible qu'elle fut précédée d'autres.
Quoi qu'il en soit, les deux hommes se lient d'amitié malgré leur différence d'âge de vingt-quatre ans et cette rencontre sera suivie d'autres jusqu'au départ de Haydn pour Londres. On ne trouve pas d'équivalent dans le domaine de la musique de cette relation touchante faite de sentiments d'estime et d'admiration réciproques. Léopold Mozart, dans une lettre à sa fille Nannerl révèle les propos tenus par Haydn le 12 février 1785 à l'issue d'une séance de quatuor :
« Je vous le dis devant Dieu, en honnête homme, votre fils est le plus grand compositeur que je connaisse, en personne ou de nom, il a du goût, et en outre la plus grande science de la composition. »
De son côté, Mozart, en septembre 1785 dans la dédicace qu'il adresse à son aîné pour l'édition des six quatuors opus 10, reconnaît la part prise par Haydn dans ces nouvelles œuvres :
« À mon cher ami Haydn. Un père, ayant résolu d'envoyer ses fils dans le vaste monde, a estimé devoir les confier à la protection et à la direction d'un homme alors très célèbre, et qui, par une heureuse fortune, était de plus son meilleur ami. Ainsi donc, homme célèbre, et ami très cher, je te présente mes six fils .../... Toi-même, ami très cher, lors de ton dernier séjour dans cette capitale, tu m'as exprimé ta satisfaction. Ce suffrage de ta part est ce qui m'anima le plus. C'est pourquoi je te les recommande, en espérant qu'ils ne te sembleront pas indignes de ta faveur. Veuille donc les accueillir avec bienveillance, et être leur père, leur guide et leur ami. De ce moment je te cède mes droits sur eux, et te supplie de considérer avec indulgence les défauts que l'œil partial de leur père peut m'avoir cachés, et de conserver malgré eux, ta généreuse amitié à celui qui t'apprécie tant, car je suis de tout cœur, ami très cher, ton très sincère ami. »
À l'imitation de Mozart, Haydn adhère en février 1785 à une loge maçonnique, ce qui à l'époque est compatible avec la foi catholique du compositeur15. Mais contrairement à son jeune ami, cette adhésion ne semble avoir eu aucune influence sur ses œuvres futures.
Mozart meurt pendant le premier séjour de Haydn à Londres. Ce dernier en est profondément affligé et écrit à Johann Michael Puchberg, un ami de Mozart16 :

« J'ai été longtemps hors de moi à la nouvelle de la mort de Mozart, et je ne pouvais croire que la Providence ait si vite rappelé dans l'autre monde un homme aussi irremplaçable. »

Les tournées londoniennes

Les différents lieux où vécut Haydn avant son voyage en Angleterre
Le 28 septembre 1790 le prince Nicolas Ier Esterházy meurt à 77 ans. Son fils et successeur Anton congédie une grande partie des instrumentistes. Tout en maintenant le salaire de Joseph Haydn, il le libère de ses obligations de maître de chapelle. Le roi de Naples lui propose de le prendre à son service comme maître de chapelle, poste que Haydn refuse. Dès l'annonce du décès, Johann Peter Salomon, violoniste renommé, se précipite à Vienne et obtient l'accord de Haydn pour sa participation aux concerts londoniens qu'il organise chaque année. Depuis 1782, les organisateurs anglais espéraient une visite du compositeur. Mozart qui s'inquiétait pour son vieil ami essaya de le dissuader, alors que le baron van Swieten qui était intime avec les deux hommes, lui conseilla d'accepter. Haydn, qui n'avait jamais quitté les environs de Vienne entreprend ce long voyage et les deux hommes arrivent à Londres le 2 janvier 1791.
Haydn participe dans la salle de Hanover Square à douze concerts par souscription du 11 mars au 3 juin 1791 au cours desquels il crée quatre nouvelles symphonies 90e, 92e, 95e et 96e. En juillet, il se voit décerner par l'université d'Oxford le titre d'honoris causa2. L'année suivante, le Professional Concert, concurrent de Salomon, après avoir essayé de débaucher Haydn16, fait appel à son ancien élève Ignace Pleyel pour essayer de jouer de la rivalité entre les deux compositeurs. Les douze concerts prévus sont programmés dans la même salle du 17 février au 18 mai 1792. Contrairement aux craintes ou aux espoirs formulés ici ou là, il n'y eut pas d'animosité entre les deux compositeurs, chacun poussant la courtoisie à programmer des symphonies du « rival » dans ses propres concerts. Haydn y créera sa seule symphonie concertante pour répondre à celle de son élève.
De retour à Vienne en juillet 1792, Haydn prend comme élève Beethoven alors âgé de 22 ans. Ultérieurement les relations des deux hommes se dégradèrent au point que les leçons de contrepoint délivrées par Haydn furent dénigrées par Beethoven lui-même et certains auteurs17. Il n'en reste pas moins que Beethoven bénéficia des conseils éclairés du modèle musical que représentait Haydn à cette époque18. En janvier 1794, Haydn part pour une deuxième tournée à Londres laissant son jeune élève entre les mains d'Albrechtsberger. Il emmène avec lui son copiste Johann Elssler dont la fille Fanny fera plus tard une belle carrière de ballerine.
La première série de concerts a lieu de nouveau au Hanover Square du 10 février au 12 mai 1794. À l'issue de cette première série de concert, Haydn apprit que le prince Nicolas II Estérhazy avait décidé de reconstituer son orchestre. Haydn, qui continuait à bénéficier de son poste de maître de chapelle, prolongea son séjour d'un an en Angleterre, acte d'une indépendance nouvellement acquise. L'année suivante, les difficultés financières dues à la poursuite du conflit entre la France et l'Angleterre amènent Salomon à fusionner sa troupe avec celle de l’Opéra Concert dirigé par le célèbre violoniste Viotti. Les représentations ont lieu au King's Theatre et sont réduites à neuf du 2 février au 18 mai 1795. Mais devant le succès de ces représentations, deux séances supplémentaires sont organisées les 21 mai et 1re juin. Au cours de ces deux années, Haydn crée de nombreuses œuvres originales et notamment les six dernières symphonies londoniennes. Lorsque Haydn quitte définitivement l'Angleterre en août 1795, il est considéré comme «le plus grand compositeur vivant.

Les dernières années

À son retour, Haydn a affaire à un nouveau prince, Nicolas II Esterhazy 1765-1833, le fils d'Antoine décédé quelques jours après le départ du compositeur pour Londres. Nicolas II n'apprécie ni l'homme, ni sa musique. Il laisse donc son maître de chapelle disposer de son temps et n'exige de lui qu'une messe par an de 1796 à 1802.
Haydn réside donc le plus souvent dans sa maison de Gumpendorf qu'il vient d'acheter et, plus disponible, participe à Vienne à des concerts par souscription, et couronne sa carrière avec une série de neuf quatuors à cordes très innovants. Impressionné par l'audition à Londres des œuvres de Haendel, il s'attache à la composition de ses deux oratorios : La Création 1798 et Les Saisons 1801.
En janvier 1804, sur la recommandation de Haydn, le prince Esterhazy confie à Hummel la direction de son orchestre, mais a la courtoisie de conserver pour Haydn le titre de maître de chapelle jusqu'au décès de ce dernier19. Hummel dédiera à Haydn l'année suivante sa sonate pour piano opus 13. En janvier 1805 sa mort est annoncée par des notices nécrologiques à Paris et à Londres avant d'être démentie.
Très affecté par le décès de ses frères Johann en 1805 et Michael en 1806, Joseph Haydn ne compose plus. Fatigué et malade, il laisse inachevé son dernier quatuor opus 103. Sa dernière apparition à un concert public a lieu le 27 mars 1808 pour une dernière audition de La Création sous la direction d'Antonio Salieri. Les dernières années, de nombreux compositeurs et musiciens font le pèlerinage jusqu'au domicile de Haydn, émus ou simplement curieux de rendre une dernière visite au vieux maître. Il décède le 31 mai 1809 pendant l'occupation de Vienne par les troupes napoléoniennes. Napoléon envoie cependant un détachement pour lui rendre hommage lors de son enterrement. Deux semaines après son décès, le 15 juin 1809, un service funèbre lui fut rendu dans la Schottenkirche, où fut joué le Requiem de Mozart.
Une plaque dans le Parc Haydn à Vienne indique que les restes du compositeur furent rapatriés à l’église du Calvaire d’Eisenstadt le 6 novembre 1820.
Le crâne de Haydn, subtilisé quelques jours après sa mort, rejoignit le reste du corps en 1954, à l’issue d’un parcours rocambolesque. Lors de l'exhumation du corps en 1820, on constata l'absence de la tête de Haydn. Nicolas II Estérhazy diligenta une enquête qui révéla qu'un fonctionnaire impérial, aidé d'un employé du prince, tous deux adeptes de la phrénologie, théorie pseudo-scientifique inventée par Franz Joseph Gall, avaient soudoyé le fossoyeur pour récupérer le crâne afin de l'étudier. Les deux hommes restituèrent un faux. Le vrai crâne de Haydn fut récupéré en 1839, à la mort du dernier possesseur, par la Société des amis de la musique et exposé dans une vitrine du Musée de la Ville de Vienne jusqu'en 1954, date à laquelle il rejoignit le reste du corps dans le mausolée édifié entre-temps en 1932.

Un cheminement tenace

Musique instrumentale

C'est dans les quatuors et les symphonies qu'on peut suivre le mieux l'évolution de la pensée de Haydn. Dans ses premières symphonies, il utilise des éléments empruntés aux formes de la musique baroque : opposition d'un petit groupe concertant et de l'ensemble de l'orchestre rappelant le concerto grosso, mouvements simples en forme de danses évoquant le divertissement, introduction lente avant le mouvement principal vif, selon le modèle de la sonate d'église ; cette dernière particularité se retrouvera, avec une singulière force expressive, dans plusieurs des dernières symphonies. Très rapidement, Haydn adopte la division en quatre mouvements qu'il gardera presque constamment : allegro, andante, menuet et allegro ou presto.
À partir de 1768, son style symphonique prend peu à peu un tour nouveau, à tel point que ses commentateurs parleront de « crise romantique ». Une expressivité beaucoup plus forte est soulignée par des modulations rapides et inattendues, qui éclairent thèmes et motifs de jours différents, par une couleur harmonique qui recourt fréquemment au mode mineur, associé aux effets dramatiques ; les contrastes se multiplient entre les mouvements, entre les thèmes, entre les parties d'un même thème, dans une écriture où alternent les éléments horizontaux (lignes mélodiques, motifs combinés avec des imitations), la verticalité de grands accords abrupts, et la combinaison de ces deux éléments. Dans le domaine de la forme, des innovations montrent le goût de Haydn pour l'asymétrie : finales interrompus par des retours fugitifs de fragments des mouvements précédents, réexposition du thème échappant à la répétition textuelle en tenant compte des éléments du développement ; les mouvements lents, qui utilisent souvent les cordes avec sourdine, prennent la forme sonate, lied, ou thème et variations enchaînées.
On s'est beaucoup interrogé sur les raisons du retour de Haydn à un style moins singulier ; ses innovations avaient-elles fini par déplaire à son « patron » ? La pause de dix années dans l'évolution de son style symphonique n'est qu'une interruption ; les dernières symphonies composées à Eszterháza, et les douze « londoniennes », sont l'aboutissement de cette évolution. L'orchestration y souligne la construction avec une diversité et une force accrues. Les silences qui coupent le discours musical en accentuent l'expression ; parfois utilisés comme ellipses, ils peuvent remplacer un accord, un motif, un refrain, que l'auditeur doit reconstituer. On trouve là, à l'échelle de l'orchestre, la volonté de construction et la maîtrise d'écriture des quatuors.
Parallèlement à son activité de symphoniste, Haydn a composé une œuvre considérable de musique de chambre : sonates pour piano, trios, œuvres avec baryton, et surtout quatuors à cordes. Nul doute que ses symphonies aient bénéficié du remarquable travail thématique accompli dans les quatuors. Il semble que Haydn y ait eu le souci constant de rattacher ce que l'oreille perçoit à ce qu'elle a déjà perçu. Le développement thématique se fait par transformation et enrichissements successifs des motifs initiaux : mutations mélodiques (amplification des intervalles, renversement), et mutations rythmiques (étalement, contraction, variation dans les durées). Le monothématisme y est fréquent. Les motifs secondaires, qui apparaissent généralement dans l'exposition, entre la première et la seconde idée, jouent un rôle très important dans le développement, où ils se prêtent à d'habiles jeux contrapuntiques. L'organisation thématique à la fois si rigoureuse et si inventive des quatuors est souvent apparentée au style fugué ; quelques mouvements d'ailleurs prendront la forme de la fugue. C'est peut-être dans les quatuors que le travail de synthèse de Haydn est le plus apparent : en utilisant avec originalité les formes déjà existantes, il crée une unité nouvelle et trouve un équilibre particulièrement heureux entre la construction et l'expression.

Musique vocale

La production théâtrale de Haydn comprend d'abord des opéras bouffes, tel Lo Speziale 1768, où le sens de l'humour du compositeur se donne libre cours dans des airs d'une spirituelle vivacité, et des opéras sérieux, tels Acide e Galatea 1762, Orfeo ed Euridice 1791, Armida 1783. Puis Haydn réussit à unir ces deux styles dans L'Infedeltà delusa 1773, et surtout dans La Vera Costanza 1779, dont les préoccupations sociales, les airs reflétant les péripéties de l'action et la psychologie des personnages, et les beaux ensembles vocaux préfigurent Les Noces de Figaro de Mozart.
Haydn, chrétien fervent, ne semble pas avoir fait de différence en musique entre son style religieux et son style profane. Ses messes font apparaître le même travail de synthèse que ses autres œuvres : éléments venus du baroque fugue, du style concertant (parties de trompette, d'orgue), de la forme sonate. Son écriture vocale y comporte de fréquentes oppositions entre le quatuor de solistes et la masse des chœurs. L'homme de théâtre et le symphoniste y sont très présents, surtout dans les six dernières messes, par les oppositions, les effets dramatiques harmoniques et orchestraux, le travail thématique, l'importance de la partie instrumentale. Ces caractéristiques ont provoqué de vives attaques, du vivant de Haydn et après sa mort, de la part des tenants d'une simplification de la musique religieuse.
Les oratorios La Création et Les Saisons, écrits par Haydn à Vienne, après son retour de voyage, sont sans doute les plus accomplies de ses œuvres vocales. Il est certain que l'audition, à Londres, d'oratorios de Haendel n'est pas étrangère à la composition de ces deux œuvres, de même que l'unité réalisée entre les différentes parties : intermèdes orchestraux, grands chœurs, ensembles vocaux, duos et airs, récitatifs, révèle une influence mozartienne. Dans La Création, apparaît un souci nouveau de simplicité, tant dans la discrétion des effets descriptifs, réservés à l'orchestre, que dans la sobriété harmonique des grands chœurs.

Forme et expression Un moment dans l'évolution

L'œuvre de Haydn s'étend sur toute la seconde moitié du dix-huitième siècle. On a vu comment il a créé son propre style en utilisant les apports des baroques et des préclassiques, tout comme il reprend et adapte les conventions de l'opéra italien dans son œuvre théâtrale. Mais on ne peut comprendre la musique de cette époque sans mentionner le problème de l'expression musicale : y a-t-il une liaison entre phénomène sonore et phénomène psychologique ? La musique peut-elle, doit-elle exprimer un sentiment précis et le susciter chez l'auditeur, ou provoque-t-elle des réactions affectives diverses, purement individuelles ? Ces problèmes sont soulevés en France par Descartes et le père Mersenne dès le XVIIe siècle. En Allemagne, à partir des années 1750 environ, une évolution chez les musiciens tend à substituer à la science sévère des maîtres du début du siècle une libération de la forme, soumise volontairement à l'inspiration. C. P. E. Bach écrit des musiques à programme, tel un trio dont le texte d'introduction explique que la musique y traduit une situation sentimentale précise. Les fantaisies, les polonaises fleurissent, le côté expressif des tonalités, les modulations étranges y sont recherchées. Sulzer écrit en 1771 : « La composition qui n'exprime pas de manière intelligible quelque passion ou mouvement de la sensibilité (Empfindung) n'est qu'un fruit superflu. » Certes l'opéra a contribué à lier consciemment l'élément psychologique à son « support » musical. Ainsi se créent peu à peu des réflexes d'associations entre harmonie ou timbre et sentiments, tel par exemple le sombre et mélancolique mode mineur. Quelle est la position de Haydn par rapport à ce mouvement de pensée ?

Un équilibre passager

Il semble que pour Haydn le problème ne se soit pas posé avec acuité ; le souci évident de la construction cohabite chez lui avec l'expression ; n'a-t-il pas écrit à son amie Mme von Genzinger, au sujet de sa quarante-neuvième sonate : « Je recommande spécialement [l'adagio cantabile] à votre attention [...]. Il possède une signification profonde que je vous expliquerai quand j'en aurai l'occasion [...]. Il est difficile, mais plein de sentiment. » La sûreté de son métier, la grande expérience acquise à Eszterháza, lui permettent de connaître plus ou moins empiriquement, plus ou moins consciemment, les effets produits par telle ou telle modulation, ou par une couleur orchestrale donnée, et de les utiliser. Ainsi ses meilleures œuvres réalisent, avant le déferlement du romantisme, un moment d'équilibre entre la forme et l'expression, moment qui se retrouve, d'une façon plus accomplie et plus intuitive, dans certaines œuvres de Mozart, et qui donne au classicisme viennois sa portée et sa signification dans l'évolution musicale de l'Europe occidentale. Nicole Lachartre

L'homme, son caractère

Physiquement, Haydn était de petite taille à cause vraisemblablement de la sous-alimentation subie dans sa jeunesse. Il avait été victime de la variole et son visage était marqué par les cicatrices habituelles de la maladie. Lui-même ne se trouvait pas beau. Il souffrit toute sa vie d’un polype nasal qui le handicapait parfois dans ses activités.
De caractère débonnaire, toujours de bonne humeur et aimable, Haydn, de par sa position, devient le médiateur entre le prince Esterházy et les membres de l'orchestre. Il s'attache à protéger ses musiciensNote 9, à réduire les tensions avec leur employeur et les assister dans leur vie privée. L'anecdote de la symphonie des Adieux 1772 est caractéristique du caractère protecteur de Haydn et de son sens des relations humaines. Au dernier mouvement, les musiciens cessent de jouer un par un et quittent la scène ne laissant que le chef d'orchestre et le premier violon terminer l'œuvre. Haydn signifiait ainsi au prince que ses musiciens fatigués avaient besoin de repos. Selon une autre interprétation, Haydn s'élevait ainsi contre l'intention du prince de dissoudre l'orchestre.
Les membres de l'orchestre l'appelèrent familièrement papa Haydn, terme affectueux qu'adopta également Mozart. La postérité gardera cette expression en faisant référence aux titres de père de la symphonie ou père du quatuor à cordes » avec plus ou moins de déférence ou de dérision selon le cas. Les relations amicales qu'il entretenait avec ses musiciens l'amenèrent à être maintes fois témoin de leur mariage ou parrain de leurs enfants, dont certains firent une carrière musicale que Haydn ne manqua pas de suivre avec intérêt, tel Joseph Weigl.
Même si sa formation générale n'a pas été poussée, Haydn eut l'intelligence d'éluder la susceptibilité et la jalousie du maître de chapelle Werner et de gagner par son génie musical, mais aussi par son entregent, le respect du prince. Au regard des premières années difficiles, il apprécia la stabilité financière que lui offrait sa position.
Sur le plan pécuniaire, il sut d'ailleurs gérer au mieux ses intérêts, obtenant de la part des princes successifs de substantielles augmentations de salaire et fit preuve d'une certaine roublardise dans les relations avec ses éditeurs. Ses deux voyages à Londres lui rapportèrent une petite fortune.
Haydn resta toute sa vie un catholique fervent. Son adhésion à une loge maçonnique, la Respectable Loge "La Vraie Concorde" à l'Orient de Vienne, le 11 février 1785, se place dans un contexte de tolérance sous l'action de Joseph II. À cette époque, elle n'était pas contradictoire avec une appartenance religieuse. Les évêques eux-mêmes fréquentaient les loges où se rendait près de 80 % de la Haute bureaucratie d'empire. Cette adhésion restera purement formelle, Haydn n'obtint que le grade d'apprenti » et ne participa jamais aux activités de sa loge. Contrairement à Mozart, Haydn n'écrivit pas de musique à destination explicitement maçonnique. Certains commentateurs estiment toutefois que la lumière dont il est question dans la Création est une allusion maçonnique.
Le service des princes Esterhazy pendant une trentaine d'année, s'il mit Haydn à l'abri de tout souci matériel, contribua à isoler le compositeur. Nicolas II s'opposa aux projets de voyage dans les années 1780 à Londres ou Paris. Il n'aimait pas Vienne et résidait le plus souvent dans son château d'Esterhaza, imposant à Haydn un relatif isolement. Ce dernier s'en plaignait parfois, mais déclarait philosophiquement dans son autobiographie de 1776 :
« Placé à la tête d'un orchestre, je pouvais me livrer à des expériences, observer ce qui provoque l'effet ou l'amoindrit et par suite, corriger, ajouter, retrancher, en un mot oser; isolé du monde, je n'avais auprès de moi personne qui pût me faire douter de moi ou me tracasser, force m'était donc de devenir original. »

Vie privée

Le premier amour de Haydn est malheureux. Celle qui en est l'objet, Thérèse Keller 1733-1819, influencée par ses parents, prend le voile en 1755 sous le nom de sœur Josepha. Lors de la cérémonie de prononciation des vœux le 12 mai 1756, Haydn dirige sa propre musique : le concerto pour orgue Hob. XVIII.1 et le Salve Regina
Le mariage avec Anna Keller, sœur de Thérèse, est un échec. L'épouse est dominatrice, acariâtre et jalouse, mais surtout déteste la musique et ne s'intéresse pas aux activités de son mari. Sans enfant, le couple vit la plupart du temps séparé, sans s'occuper de fidélité conjugale. Anna eut, semble-t-il, une aventure avec le peintre Ludwig Guttenbrunn qui fit le portrait de son mari à Eisenstadt. Elle décédera le 20 mars 1800 à Baden près de Vienne.
Haydn a de son côté un certain nombre d'aventures avant de rencontrer Luigia Polzelli. Soprano assez médiocre, elle arrive à Esterhaza en 1779 avec son mari, violoniste, et son fils Pietro, âgé de deux ans. Entre Luigia et Haydn s'établit une relation amoureuse qui va durer dix années, jusqu'au départ de la chanteuse pour l'Italie en 179028. Cependant Haydn n'est pas dupe des qualités vocales de sa maîtresse, et en dehors de la création du rôle de Silvia dans L'Isola disabitata, il ne lui confiera que des rôles secondaires. Luigia a un deuxième fils, Antonio, né en 1783. Haydn aidera financièrement Luigia, insatiable sur ce point, et s'occupera de l'éducation musicale de Pietro et Antonio.
C'est en juin 1789 que débute l'échange de correspondances entre Haydn et Marianne von Genzinger, pianiste amateur et épouse du médecin personnel de Nicolas le Magnifique. Les Genzinger tiennent à Vienne un salon musical que Haydn fréquentait, ainsi que Mozart. Ces relations épistolaires, très émouvantes de ton laissant entrevoir une affection sincère et platonique, au moins du côté de Haydn, durèrent jusqu'au décès prématuré de Marianne en 1793. Haydn lui dédiera en 1790 l'une de ses plus belles sonates pour piano Hob. XVI/.
En juin 1791, lors de son premier séjour à Londres, Haydn fait la connaissance de Rebecca Schroeter, veuve d'un compositeur. Il engage une relation sentimentale qui se poursuivra au cours du second séjour. C'est en tout cas ce que semble démontrer la dédicace qu'il fait à son amie en octobre 1795 pour l'édition londonienne des trois trios pour piano, violon et violoncelle no 38-40, alors qu'il a quitté définitivement l'Angleterre.

Ses élèves

Haydn avait donné des leçons de clavecin dans les années difficiles pour des raisons alimentaires. Dans les années Estérhazy ses fonctions de vice-maître puis de maître de chapelle l'amenèrent à prodiguer des conseils en matière de composition aux musiciens de l'orchestre qui se hasardaient sur ce terrain. Mais il eut également quelques élèves qui devinrent célèbres. Vers la fin de sa vie, sa renommée grandissant et Haydn étant plus indépendant, les leçons furent une source de revenus appréciable. Parmi ses élèves, il faut citer :
Marianne de Martines à l'âge de dix ans dans les années 1750-51
la comtesse Maria Wilhelmine Thun (1744-1800) à la même époque
Robert Kimmerling (1737-1799) dans les années 1760/61; bénédictin, il devint directeur de musique à l'abbaye de Melk
Abund Mikysch (1733-1782) au début des années 1760; il fut chef de chœur à Vienne et Graz
Jean-Baptiste Krumpholtz, harpiste chez les Estérhazy jusqu'en 1777
Ignace Pleyel à Eisenstadt dans les années 1772-1774. Pleyel lui dédia ses six quatuors opus 2, publiés en 1784
Antonín Kraft à partir de 1777, un des plus grands violoncellistes de son temps
Paul Wranitzky à partir de 1783; il dirigea la première de l'oratorio La Création
Anton Wranitzky frère du précédent; il devint chef d'orchestre du Theater an der Wien en 1814
Francesco Tomich dans les années 1780. Il dédia trois sonates à son maître
Peter Hänsel en 1792-93 en même temps que Beethoven
Paul Struck de 1796 à 1799, membre de l'Académie royale de musique de Suède
Sigismund Neukomm de 1797 à 1804, après avoir étudié avec son frère Michael
Franciszek Lessel à partir de 1799, de nationalité polonaise; il fit une carrière de concertiste
Johann Spech vers 1800 qui fit une carrière musicale en Hongrie
Friedrich Kalkbrenner vers 1803, sans doute son dernier élève
Haydn a influencé bien d'autres compositeurs qui, à l'instar de Mozart pour les six quatuors de l'opus 10 ou de Beethoven pour les trois premières sonates pour piano, lui dédicacèrent l'une de leurs œuvres.

Le cas Beethoven

Haydn fait la connaissance de Beethoven en juillet 1792 à Bonn à l'occasion de son premier retour de Londres. Beethoven lui présente sa Cantate sur la mort de l'empereur Joseph II, et sur la recommandation du Prince-Électeur de Cologne, alors employeur du jeune compositeur, accepte de le prendre comme élève. Il est souvent fait référence au mot que le comte Waldstein écrivit dans l'album d'hommages remis à Beethoven la veille de son départ pour Vienne en octobre 1792 :
« Vous allez maintenant à Vienne réaliser des souhaits depuis longtemps exprimés. Le génie de Mozart est encore en deuil et pleure la mort de son disciple. En l'inépuisable Haydn il a trouvé un refuge, mais non une occupation ; par lui, il désire encore une fois s'unir à quelqu'un. Par une application incessante, recevez l'esprit de Mozart des mains de Haydn.
En dehors de l analyse des relations entre les deux hommes qui devinrent, selon l'expression de Marc Vignal quasi freudiennes, ou selon celle de Robbins Landon ambivalentes et morbides, c'est non seulement la qualité, mais aussi la réalité de cet enseignement qui furent l'objet de longues controverses. Celles-ci reposent essentiellement sur les propos tenus par le compositeur Johann Schenk dans son autobiographie parue après la mort de Beethoven. Schenk aurait pallié les défaillances du maître en donnant secrètement des leçons de contrepoint à Beethoven32. En réalité, Haydn était très occupé par la composition des symphonies qui devaient être prêtes pour son deuxième voyage à Londres. Dans le cadre d'une relation classique de maître à élève, lorsque le premier encore actif n'a pas vocation à enseigner à plein temps, Haydn a dû prodiguer ses directives et conseils à grands traits laissant à l'élève le soin de traduire ceux-ci dans la mise en œuvre. Eu égard à la qualité artistique des deux hommes, il ne s'agissait pas d'étudier la grammaire musicale. Il est certain que Beethoven, présent à Eisenstadt auprès de Haydn pendant l'été 1793, a plus bénéficié de l'exemple direct sur la façon de générer un processus créatif. Haydn entreprend son deuxième voyage à Londres en janvier 1794, et après avoir hésité à emmener Beethoven avec lui, confie son élève à son vieil ami Albrechtsberger.
En réalité les relations entre Haydn et Beethoven s'embrouillèrent au retour de Londres lorsque les deux compositeurs furent perçus comme des rivaux. Dès 1796-97 ils furent programmés dans les mêmes concerts. Selon l'habitude de l'époque, les élèves de Haydn apportaient au maître quelques compensations à l'enseignement direction des œuvres, transcriptions pour piano ou petit ensemble, ce que Beethoven refusa toujours. De même qu'il refusa d'inscrire la mention élève de Haydn dans les éditions de ses premiers ouvrages. Si à travers de nombreux billets et lettres de Beethoven lui-même, ce dernier estima ne rien avoir appris de Haydn en termes de composition, il témoignera plus ouvertement de ses liens avec le maître lorsque celui-ci cessera de composer, et bien davantage après sa mort en 1809.

Contexte politique, social et musical

Le statut social du musicien, compositeur ou interprète au XVIIIe siècle est une position ancillaire. Il est le plus souvent au service d'une chapelle princière ou ecclésiastique. Il porte la livrée et se trouve soumis au bon plaisir du prince. Le grand Johann Sebastian Bach fit de la prison au début du siècle pour avoir voulu quitter son employeur.
C'est la situation dans laquelle se trouve Haydn et la plupart de ses contemporains. Mozart, musicien indépendant après ses démêlés avec l'archevêque Colloredo et Beethoven soutenu financièrement par des aristocrates mécènes font figures d'exception.
Toutefois diverses tendances du siècle vont ébranler les strates sociales et conférer à l'artiste en général une position plus indépendante :
Le foisonnement intellectuel du siècle des lumières remet en cause le principe du monarchisme dominant des siècles précédents. Les chapelles d'aristocrates sont d'un coût élevé et vont peu à peu disparaître.
L'avènement de classes moyennes bourgeoises crée un nouveau public friand de divertissements. L'enseignement de la musique se généralise auprès de ces nouvelles couches sociales entraînant la multiplication d'amateurs éclairés. Entre 1775 et 1815, une nouvelle culture musicale bourgeoise remplace progressivement l'ancienne culture de cour et d'église. Haydn profitera de cette évolution pour acquérir l'indépendance artistique sans avoir à couper, comme Mozart, les liens matériels avec ses anciens maîtres.
Ainsi se créent des nouveaux lieux de diffusion de la musique où un public payant vient écouter des œuvres qu'il n'a pas lui-même commandées : Collegium Musicum de Telemann en 1701, le Concert spirituel de Philidor à Paris en 1725, les concerts Abel-Bach à Londres en 1764. À Vienne, ville plus conservatrice, la Société des Musiciens Tonkünstler-Societät ne fut fondée qu'en 1771 par Gassmann
L'édition musicale se développe permettant une diffusion des œuvres qui sont jouées dans des salons musicaux créés sur le modèle des salons littéraires ou dans l'intimité des maisons bourgeoises du fait de l'accessibilité des instruments produits en plus grand nombre et notamment le pianoforte.
Ces évolutions ne seront pas sans effet sur le style et les formes de musique. L'intérêt porté à la musique de chambre en est la démonstration.

Relations avec la famille impériale

Toute l'existence de Joseph Haydn, hormis son double séjour à Londres se déroule autour de Vienne dans un État plurinational dominé par la maison des Habsbourg-Lorraine. Il connaîtra quatre monarques successifs :
Marie-Thérèse, impératrice de ce qui est alors le Saint Empire romain germanique dont le règne s'étend sur 40 ans 1740-1780
Joseph II, son fils qui lui succède de 1780 à 1790 après avoir été associé précédemment au pouvoir
Léopold II, frère du précédent pour un court règne (1790-1792), mais qui passa l'essentiel de sa vie en Italie en tant que grand-duc de Toscane
François II, le fils du précédent, qui survécut à Haydn.
Comme toute maison aristocratique, les membres de la maison impériale avaient eu une éducation musicale, certains jouant d'un instrument en amateur, et se comportaient en mécène officiel en consacrant des moyens au développement de la chapelle impériale. Leurs goûts en matière de musique avaient donc une certaine importance.
Politiquement Marie-Thérèse se méfiait de l'émergence de la Prusse de Frédéric II. Elle est plus attentive à ses possessions italiennes. La culture italienne est donc omniprésente à Vienne où séjournent de nombreux compositeurs, musiciens et chanteurs. Que ce soit sous la forme de l'opéra seria, puis de l'opéra buffa, le style et la langue italienne dominent les scènes viennoises. En dépit d'une symphonie intitulée Marie-Thérèse (no 48) qui est dédiée à l'impératrice et d'une invitation de cette dernière à la troupe de Haydn de se produire à Vienne, sa préférence allait vers les compositeurs italiens34.
Joseph II apprécie l'opera-bouffa; mais il est plus germanophone et son influence permettra l'adoption à Vienne du Singspiel qui était déjà en usage en Allemagne du Nord. Toutefois, si le nouvel empereur offrit à Mozart un poste très subalterne, il semblait peu goûter sa musique, ainsi que celle de Haydn. Il faut noter que les réformes en matière religieuse de Joseph II l'amenèrent à préconiser une musique d'Église dépouillée et plus austère. Haydn interrompit de fait la composition de ses messes de 1782 à 1796.
Les deux autres empereurs, plus préoccupés par les guerres napoléoniennes n'eurent que peu d'impact sur l'évolution musicale. Toutefois c'est à François II que fut dédié l'hymne autrichien Gott erhalte composé par Haydn en 1797. La femme de François II, Impératrice Marie-Thérèse fit par ailleurs représenter en privé les deux derniers oratorios du compositeur qu'elle chanta elle-même.

Parcours artistique Les influences

En dehors des quelques leçons glanées auprès de Porpora, Haydn est un autodidacte de la musique. Il étudie dans le Gradus ad Parnassum de Fux et le « Der Vollkommene Kapellmeister de Mattheson. Ses premières compositions datent de 1750 (année de la mort de Bach) et le jeune Haydn baigne dans le milieu musical viennois du baroque finissant, imprégné par les œuvres de Fux et Caldara. Les musiciens en vogue à Vienne sont alors Bonno, Holzbauer, Gluck, Wagenseil, Monn. Ils sont à la recherche d'un nouveau style se substituant au baroque et versant plus ou moins dans la galanterie. Haydn se retrouve dans ce courant en concurrence avec ses exacts contemporains Aspelmayr, Gassmann, Ordoñez, Albrechtsberger, Ditters et quelques autres.
Des musicologues du XIXe et XXe siècles évoqueront les compositions préclassiques de Johann Stamitz et l'École de Mannheim, plus en relation cependant avec Paris que Vienne, ou encore l'influence de Sammartini et des nombreux compositeurs italiens présents alors dans la capitale autrichienne35. L'approfondissement de l'opéra-bouffe italien sera également essentiel dans la formation du style classique.
Il ne faut surtout pas oublier l'influence certaine qu'ont pu exercer les œuvres de Carl Philipp Emanuel Bach, influence reconnue par Haydn lui-même.

L'expérimentation

Les décennies 1750 et 1760 constituent une phase transitoire entre le dernier baroque et le style classique de maturité. C'est la période au cours de laquelle l'absence de style intégré et les incertitudes rythmiques amènent le jeune Haydn à expérimenter dans des genres très divers, et notamment dans la musique instrumentale.
Si les deux premières œuvres que Marc Vignal situe dès 1748-49 sont des messes brèves, la musique religieuse échappe à Haydn jusqu'au décès de Werner en 1766. L'essentiel des opéras programmés à Eisenstadt sont des œuvres d'autres compositeurs qu'Haydn adapte ou modifie en incorporant quelques-unes de ses mélodies. Trois seuls opéras sont de son cru : Acide, La Canterina et Lo Speziale.
C'est donc surtout dans des formations de musique de chambre que s'exerce la recherche d'un style : divertimentos, notamment pour instruments à vent, trios ou duos pour cordes, trios pour claviers. Haydn composera toute sa vie des trios pour clavier, mais abandonnera rapidement les autres genres. Les œuvres pour baryton, composées pour le plaisir du prince, sont aussi un moyen pour Haydn d'assimiler et transformer le contrepoint baroque.
De nombreuses sonates pour clavier voient aussi le jour dans un style proche de Wagenseil, ainsi que les seuls concertos pour violon ou violoncelle de la main du compositeur. Mais c'est dans le domaine de la symphonie que Haydn va le plus expérimenter. Une quarantaine de symphonies datent d'avant 1770, dont quelques-unes sont des symphonies d'église. Le seul cycle du compositeur concerne les symphonies Matin, Midi et Soir 1761 encore proches des concertos grossos par la présence continue d'instruments solistes. Ce cycle est considéré comme le premier chef-d'œuvre de l'histoire du genre.
Haydn a abordé très tôt 1757-1760 le quatuor à cordes : les dix dits de Fürnberg. Ils sont proches du divertimento avec cinq mouvements intercalant un double menuet. Haydn ne reprendra ce genre qu'après 1770.

Sturm und Drang

Il n'y a pas de réelle rupture entre les deux périodes. Dans les dernières années 1760, le style de Haydn se consolide. La structure en quatre mouvements des symphonies et les relations entre ceux-ci sont déjà maîtrisées.
Le Sturm und Drang Orage et Passion est d'abord un mouvement littéraire allemand pré-romantique prônant la supériorité des sentiments à la rationalité. Il est transposé sur le plan musical dans certaines œuvres de Gluck et des fils Bach et deviendra un phénomène typiquement viennois dans la période 1768-1772, qui culmine dans les années 1770-72. Outre Haydn, il apparaît notamment chez Vanhal et Mozart no 25 en sol mineur. Il n'aura toutefois pas la même attractivité que le mouvement littéraire.
Au cours de cette période le style de Haydn devient d'une âpreté dramatique et d'une impétuosité émotionnelle sans la moindre sensiblerie. Il compose alors les seules cinq symphonies dont les mouvements extrêmes sont en mode mineur : la 26e Lamentations, la 39e, la 44e Funèbre, la 49e La Passion et la 52e. Même dans ses œuvres en majeur le discours pré-romantique est soutenu par des procédés de clair-obscur, de sonorités voilées sourdine ou par des rythmes farouches, de grands intervalles etc.
Abandonnés depuis dix ans, Haydn compose aussi trois séries de six quatuors à cordes entre 1770 et 1772 : les opus 9, 17 et 20. S'éloignant du divertimento, il utilise la coupe en quatre mouvements expérimentée dans les symphonies et y perfectionne la forme sonate. Haydn signe là la naissance du quatuor classique. Ces œuvres ne sont pas le résultat d'une commande du prince ou de quelque éditeur éclairé. Ils correspondent à une exigence propre du compositeur de développer de tels moyens d'expression. Cette place particulière du quatuor à cordes sera une constante dans la carrière de Haydn.
Haydn ne compose qu'un seul opéra Le Pescatrici au cours de ces années, de rares sonates pour clavier, mais aucun concerto, ni trio pour clavier. En revanche, en tant que maître de chapelle il composa des œuvres religieuses, notamment la Missa Sanctae Caeciliae connue aussi sous le nom de Missa cellensis, messe-cantate, la plus vaste des messes du compositeur et qui conserve des traits archaïsants du style d'église.

Retour à l'opéra

Après 1772, Haydn met fin brusquement à cette expérience pré-romantique. Plus porté sur la musique pure, il a pu estimer que ses œuvres récentes conduisaient à une impasse. Il est certain que la volonté de Nicolas II Esterhazy joua un rôle. Sa passion pour le baryton se reporta sur l'opéra-bouffe italien. L'ouverture du palais d'Estérhaza date de 1769 et le prince y organise des saisons de plus en plus prolongées. Il exige de son maître de chapelle une centaine de représentations chaque année. Outre ses propres ouvrages, Haydn doit employer une grande activité pour adapter, monter, voire remplacer des airs par d'autres de son cru, comme l'admet la coutume de l'époque, des opéras de ses contemporains : Anfossi, Traetta, Sarti, Piccinni, Grétry, Paisiello, Cimarosa.
Sans mettre en cause sa qualité musicale, certains musicologues pensent que le chant n'est pas chez Haydn un mode d'expression naturel. La musique reste rebelle à l'émotion selon la conception romantique. Toutefois Haydn fit jouer à Vienne avec succès son vaste oratorio Il ritorno di Tobia qu'il modifia pour les reprises quelques années plus tard.
Haydn réduit sa production instrumentale : peu de symphonies, aucun quatuor, ni trio pour clavier. Sous l'influence de l'opéra et pour plaire au prince, ses œuvres symphoniques et ses sonates pour piano adoptent un style plus simple, une ligne plus mélodique avec des variations ornementales. Cette expérience galante ne sera pas inutile pour la synthèse que réalisera Haydn lors des deux décennies suivantes. À noter que le compositeur ne compose aucun concerto, pourtant considéré comme un genre typiquement galant et virtuose.


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Posté le : 30/05/2015 17:33

Edité par Loriane sur 31-05-2015 17:25:45
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
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Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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