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Saint-John Perse
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Le 31 mai 1887 naît Saint-John Perse

de son vrai nom Marie-René Auguste Alexis Leger, à Pointe-à-Pitre et mort, à 88 ans le 20 septembre 1975 à Hyères, poète et diplomate français.
Alexis Leger a utilisé d'autres noms de plume comme Saint Leger Leger en trois mots ou Saintleger Leger en deux, ou St L. Leger, et enfin Saint-John Perse à partir d'Anabase en 1924, recueil qui fut lui-même signé un temps St-J. Perse. On trouve une multitude d'interprétations quant à ces pseudonymes, mais, de son aveu même, la nécessité d'un pseudonyme avait pour rôle de séparer sa mission diplomatique de sa fonction plus officieuse de poète. Concernant l'origine du pseudonyme définitif de Saint-John Perse, il fut librement accueilli tel qu'il s'imposait mystérieusement à l'esprit du poète, pour des raisons inconnues de lui-même. Quant au choix que l'on a pu lier avec une admiration avouée pour le poète latin Perse, il a toujours affirmé qu'il s'agissait d'une simple coïncidence.
Il n'y a pas d'accent à son nom, le diplomate y tenait, de même qu'à la prononciation Leuger. De son vivant, il a voulu faire croire que Saint-Leger Leger était son vrai nom et Leger seulement une abréviation. D’ailleurs, dans le volume de ses Œuvres complètes son pléïade, il répète cette fiction. Dans sa vie privée, il s'est fait appeler par bien d'autres petits noms tels que Allan, Diego, Pierre Fenestre. Il reçut le prix nobel de l'ittérature en 1960.

En bref

Alexis Saint-Léger Léger est né à la Guadeloupe, cette France d'outre-mer qui n'a point connu la cure d'amaigrissement culturel et linguistique de Malherbe et de Voltaire. Les attaches européennes de la famille sont en Bourgogne, en Normandie et en Provence. Le milieu qu'il connut à Pointe-à-Pitre rappelle la France du XVIIIe siècle, stricte et un peu surannée, avec une touche espagnole, marquée entre autres par le formalisme rigoureux de la formation morale.
Alexis Léger vivait dans un très compliqué mélange et croisement de races et de langues. Seul garçon d'une famille de cinq enfants, il fut, une nuit, en ce monde évasif et chaud, le centre d'une sorte de cérémonie d'initiation śivaïque : titubant de sommeil, on lui fit imposer les mains ; il fut couronné de fleurs et de fruits, et marqué au front du signe de Viśnu. Palmes... Alors on te baignait dans l'eau-de-feuilles-vertes ; et l'eau encore était du soleil vert ; et les servantes de ta mère, grandes filles luisantes, remuaient leurs jambes chaudes près de toi qui tremblais...
Alexis Léger commença très tôt ses explorations terrestres et maritimes. Sa mère, toujours présente en l'œuvre, se profile dès l'enfance ; son père est déjà le Prince, et la calme présence évoquée en ces mots : Et la maison durait, sous les arbres à plumes. La mort d'une très jeune sœur introduit dans cette enfance un signe mystérieux, non point négatif, mais inscrit dans le tissu même de la vie. Double articulation, dès l'enfance, d'une connaissance précise des choses du cosmos et communion lyrique avec elles, sous le signe de l'émerveillement : Appelant toute chose, je récitais qu'elle était grande, appelant toute bête, qu'elle était belle et bonne.
Poète et diplomate français, Saint-John Perse, prix Nobel de littérature, fut une sorte de Claudel laïc. Ce précieux mandarin fait de laque était un découvreur de l'univers. Passionnément curieux de la flore et de la faune, lecteur de l'histoire géologique des pays où il passait, il joignait l'exploration du passé de la vieille Chine à l'embarquement de tout son être dans l'énorme mouvement du monde neuf.
Son œuvre, partiellement inspirée de celle de Victor Segalen, est découverte, présence, communion avec le cosmos, puissance de l'homme de chair et de sang, vie ; circulant librement d'un règne à l'autre, de l'inanimé au vivant : Péguy parlait de ressourcement ; Saint-John Perse parle de renouement. Renouement du passé et du présent, les mondes qui existent ensemble, d'une rive à l'autre. Articulation fragile, étroite, mais indivisée, de l'homme et de la femme, dans l'amour, au cœur de l'aventure cosmique. Tout cela, de proche en proche, laissant transparaître un enracinement cosmique et mystique, en une divinité présente et insaisissable, un Tao, au cœur du maelström universel.

Sa vie

Fils d'Édouard Pierre Amédée Leger, avocat-avoué à Pointe-à-Pitre à partir de 1873, et Marie Pauline Françoise Renée Dormoy, fille d'une famille de planteurs, Alexis Leger passe son enfance à Pointe-à-Pitre ainsi que dans les deux importantes demeures familiales que sont La Joséphine — une caféière sur les hauteurs de Saint-Claude au sud de Basse Terre — et Le Bois-Debout — une exploitation de canne à sucre à Capesterre — qui marqueront son imaginaire. Il fait son entrée en huitième au lycée de Pointe-à-Pitre tout récemment créé futur lycée Carnot mais suit ses parents partis pour Pau en mars 1899. Il entre en classe de cinquième au lycée de la ville, l'actuel lycée Louis-Barthou, c'est un autre lycée de Pau qui porte aujourd'hui son nom. Il fait ensuite des études de droit à Bordeaux dès 1904, puis fait son service militaire dans l'infanterie à Pau dès avant la fin de ses études.
Il rencontre assez tôt le poète Francis Jammes, en 1902, qui habite alors à Orthez, lequel le présente notamment à Paul Claudel, avec qui il entretient des relations mouvementées. Grâce à Jammes encore, il entre en relation avec André Gide et le milieu de la NRF. Gide et Jacques Rivière le poussent à publier ses premiers poèmes. Les poèmes Images à Crusoé puis Éloges paraissent dans La Nouvelle Revue française en 1909 et 1910, puis en recueil sous le titre Éloges en 1911. Valery Larbaud consacre un article très élogieux au recueil dans la revue La Phalange.

Des huîtres de Francis Jammes à l'exil 1900-1940

À la suite du tremblement de terre de 1897, qui ruina de nombreux planteurs, la famille quitta la Guadeloupe pour la France. À Pau, Alexis Léger allait trouver un monde, disparu depuis, d'exil et de légende, plein d'émigrés, de réfugiés, gravitant autour d'une ville universitaire, Bordeaux : il y rencontra Jacques Rivière, Alain-Fournier, Valery Larbaud et les huîtres énormes que Francis Jammes, à Orthez, offrait pour le goûter. À Bordeaux, il se passionne pour les Epinicies de Pindare et découvre la poésie-philosophie d'Empédocle. Il s'intéresse à la médecine, il étudie avec le professeur Régis, psychiatre de grand renom. Il s'initie à la géologie. Enfin, il se forme au droit romain.
Son père meurt subitement en 1907. Il prend en charge sa mère et ses sœurs. Sur le conseil de Claudel, il prépare le concours des Affaires étrangères, où il fut reçu 1914. Entre-temps 1911, il avait publié, sous son nom, Éloges, dans la première Nouvelle Revue française.
De 1916 à 1921, Léger séjourne en Chine, comme secrétaire à la légation de France à Pékin. Il allait découvrir un précurseur en Segalen : ce Breton essayait dans Stèles une lecture des signes géologiques et culturels de la Chine. C'est dans un petit temple taoïste désaffecté que le poète écrit Anabase, publié en 1924 sous le pseudonyme de Saint-John Perse. Au Fils du ciel dont la projection emplit l'œuvre de Segalen, il substitue le personnage du Prince, en qui il voit et la force et la tige en fleur à la cime de l'herbe ; le Prince dirige son peuple, dans les saisons, comme la moisson des orges, et dans les espaces ; en même temps, le Prince est le Poète qui chante la montée de l'humanité vers une civilisation plus haute : les quatre mois de conquête militaire deviennent les quarante saisons de l'aventure humaine, comme des pans de siècles en voyage. Le passé de l'Asie est étalé sur un espace montant.
De 1925 à 1932, Léger fut le secrétaire et le conseiller d'Aristide Briand, dont il disait : Il y avait en lui toute l'aristocratie d'un être de haute frondaison, nourri aux fortes racines de l'arbre populaire. Alexis Léger prit sa tâche au sérieux et collabora étroitement au pacte de Locarno 1927. En 1938, il s'opposa à la politique d'apaisement. L'hostilité de Hitler à son égard était connue. Aussi bien, lors de l'occupation de Paris, son appartement fut saccagé ; une cantine pleine de manuscrits littéraires fut emportée ; un billet fut placé, avec ces mots : Au diplomate le plus haï du Troisième Reich. En octobre 1940, le gouvernement de Vichy le frappa de déchéance de la nationalité française. Ne pouvant plus rejoindre sa mère – qui mourut en 1948, sans qu'il puisse la revoir –, Alexis Léger s'embarqua pour l'Angleterre et, de là, pour les États-Unis. Il a dit l'exil dans ses poèmes, où il évoque l'Europe, et sa mère, à qui il dédia le poème Neiges : Et celle à qui je pense entre toutes les femmes de ma race, du fond de son grand âge lève à Dieu sa face de douceur. C'est l'Hégire de Saint-John Perse. Le tournant majeur.

Le diplomate

Ayant réussi au concours des consulats en 1914, il est affecté au service de presse du ministre Delcassé, puis à la Maison de la presse du ministère des Affaires étrangères avant d'être nommé secrétaire de la légation française de Pékin où il reste de 1916 à 1921. Remarqué par Aristide Briand, il est nommé à l'administration centrale du ministère en 1922 puis devient en 1925 directeur du cabinet du ministre. En février 1933, il remplace Philippe Berthelot souffrant au poste de secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, avec le rang et la dignité d'ambassadeur de France, et ce jusqu'en 1940.
Peu de temps après avoir été nommé chef de cabinet d'Aristide Briand, Alexis Leger, alors germanophile ; Aristide Briand aura été son mentor et après sa mort en 1932, son disciple prolongera son influence au Quai d'Orsay et ce jusqu'en 1940. Ce que l'on a appelé la pactomanie lui sera reprochée par ses ennemis politiques. Toute sa vie, Alexis Leger a défendu la mémoire de Briand, comme en 1942 où il prononce un discours à sa mémoire à New York.
Secrétaire général du ministère des affaires étrangères, il a participé en avril 1935 à la conférence de Stresa. À ce poste pendant huit ans, il a assuré la continuité de la diplomatie française devant la valse des ministres plus d'un par an en moyenne, dont Pierre Laval. Ainsi, en mai 1936, au moment de son arrivée au pouvoir, Léon Blum, sur plusieurs sujets, demanda : Qu'en pense Leger ? Par exemple sur l'attitude à adopter face à la remilitarisation de la rive gauche du Rhin. S'agissant de la Guerre d'Espagne et de la politique de la non-intervention, le rôle de Leger a peut-être été déterminant. Lors des Accords de Munich, il semble moins complaisant que Daladier et surtout Georges Bonnet, son ministre, devant l'abandon de la Tchécoslovaquie : Hitler le qualifie à cette occasion de petit martiniquais sautillant. En juin 1940, Paul Reynaud le démet brutalement de ses fonctions pour marquer une rupture avec la politique de passivité pratiquée vis-à-vis du Reich pendant huit ans et, accessoirement, pour complaire à sa maîtresse. Leger, remplacé par François Charles-Roux, en est blessé, refuse les affectations qui lui sont proposées en compensation et s'exile aux États-Unis.
Non sans être d'abord passé par Londres, mais tout rapprochement avec de Gaulle était impossible : Leger lui dénie toute légitimité. Il est alors déchu de la nationalité française par le régime de Vichy, son appartement parisien est mis à sac et il est radié de l'ordre de la Légion d'honneur. À Washington, il a trouvé un emploi à la Bibliothèque du Congrès grâce à Archibald MacLeish, poète américain, qui en était le bibliothécaire. Il devient, avec Jean Monnet peut-être, le seul Français qu'accepte d'écouter le président Roosevelt, très hostile au général de Gaulle. Le chef de la France libre essaie de le rallier à sa cause, mais Leger refuse sèchement, ce que le Général ne lui pardonnera jamais : en 1960, à l'occasion de son Prix Nobel, Alexis Leger ne reçoit aucune félicitation du Général.
Après la publication de ses Œuvres Complètes dans La Pléiade, en 1972, deux anciens très importants diplomates du Quai d'Orsay, René Massigli et Léon Noël, le dénonceront comme faussaire : en effet, il y publie sa correspondance privée avec sa mère, qui annonce, entre 1917 et 1920, des prophéties politiques concernant la Chine et l'Union Soviétique, que l'on ne retrouve pas dans ses notes adressées, à cette époque, au ministère des Affaires Etrangères.

J'habiterai mon nom 1940-1957

À Washington, il vécut de son travail de conseiller de langue française à la Library of Congress. C'était vraiment l'exil, A name in which to live, dira de lui G. Vahanian ; il a vraiment habité son nom. Portes ouvertes sur les sables, portes ouvertes sur l'exil. Jamais Alexis Léger ne céda à la psychologie de l'émigré, qu'il ne fut du reste pas. Aucune amertume dans cette phase de sa vie. Des vocables neufs, seulement, disent le négatif de cette séparation : exil, abîme, épave, ossuaire ; des adjectifs comme vain, nul, trouble, etc.
Saint-John Perse accepte sa nouvelle patrie, l'épouse en quelque sorte. Vents 1946 marque une troisième phase de son œuvre. Partant du Canada et des côtes est des États-Unis, le poème évoque ces tourbillons énormes, mal domptés sous le genou, dont parlera Claudel à propos de ce monde neuf. C'est d'abord l'irrésistible course vers l'Ouest : C'étaient de très grands vents sur toutes faces de ce monde, de très grands vents en liesse par le monde, ... ah oui, de très grands vents sur toutes faces du vivant. Des gratte-ciel de Montréal, où des aigles nichèrent, à l'espèce de gigantesque moteur à réaction qu'est la Californie, Vents évoque, dans les villes, le soir, les filles, à la sortie des salles, ce mouvement encore du soir dans vos chevelures libres... Au cœur de ce monde de béton et d'acier, la neige, et la femme : Et c'est ruée encore de filles neuves à l'An neuf, portant, sous le nylon, l'amande fraîche de leur sexe.
En même temps, Vents est parcouru d'une autre gravitation, celle des États du sud des États-Unis, où chaque palme est d'abord son ombre. Étonnante vision, si l'on songe à l'œuvre d'un Green et d'un Faulkner, comme aussi à l'actuelle situation des États-Unis, partagés en l'exploration de l'espace et la perception personnelle du cosmos.
Au-delà de cette première signification, explicite, une autre se dessine, la polarité, la respiration cosmique masculine-féminine. Saint-John Perse eut toujours l'intuition de l'âme chevaline, dans l'être humain, et en même temps l'expérience du Prince sous l'aigrette. La double alternance des États-Unis est une sorte d'agrandissement photographique de l'être en face Gegenüber-sein et de l'être avec Mit-sein. Plus profondément encore, on perçoit le yin et le yang de la tradition chinoise.
Simultanément à ce travail poétique, Alexis Léger continua de s'intéresser activement à la politique comme d'explorer le monde – Mexique, Caraïbes, Bahamas, Tobago, etc. En 1957, il revient en France. Il partagera désormais ses étés et ses hivers entre la petite Polynésie et sa maison de Washington. En 1958, il épouse Dorothy Russel, Américaine de souche anglaise.
Au terme de cette troisième phase de l'œuvre et de la vie, il apparaît que les écrits de Saint-John Perse ne sont pas un discours sur les choses. Le procédé artistique, les rythmes, images, substantifs s'effacent, deviennent comme un miroir qui se fait oublier, au profit des choses, et du mouvement, dans l'espace et dans le temps, qui emporte l'univers. Qui fréquente l'homme et l'œuvre désire savoir le nom de tel arbre, de tel animal, de tel instrument marin ; non pour le mot, mais pour la connaissance, le contact qu'il crée entre la réalité et l'individu. C'est là un des facteurs qui rendent compte du style de Saint-John Perse. Sa phrase, par exemple, ne comporte que peu d'adjectifs, ce tissu adipeux, disait Gide, dont la multiplication dissimule une idée vague. Chez Alexis Léger, les adjectifs sont souvent des monosyllabes. Ils forment alors – par exemple des épithètes telles que grand, beau, fort, haut – une sorte de tissu interstitiel, invisible, totalement transparent qui, comme le ciment bleu qui met en valeur les pierres colorées de la mosaïque, forme une manière de treille légère, portant les substantifs, ou les verbes.
Les substantifs sont toujours d'une justesse telle que, compris – et souvent il faut recourir aux dictionnaires –, ils vous livrent, sans intermédiaire, la réalité. Ainsi « amure » désigne l'angle de la voile qui change lorsque le voilier vire de bord. Amers désigne ces signes qui aident le marinier, lui permettant de trouver son chemin. « Commerce » signifie d'abord l'échange de valeurs personnelles. Ce style explique, en partie, que l'on puisse tenter la traduction : si l'on trouve l'exact équivalent, on aura aussi « traduit, rendu » exactement la réalité. Certes, le rythme, les sonorités sont perdues. Mais pour Saint-John Perse, ses poèmes doivent se lire comme on lit, en silence, une partition musicale. Le rythme, intérieur, en même temps que respiré, est celui des choses de l'univers, dans l'homme et à travers lui.
Il serait faux de penser que les poèmes d'Alexis Léger sont fruit d'une surabondance facile, coulant de source. Les grands textes sont au contraire rigoureusement calculés, rythmés, au moindre détail. Ils représentent le résultat d'un travail technique long et pénible, qui ramène un texte de quelque trois cents pages à un poème de vingt à trente feuillets. Saint-John Perse est conscient de la double expérience : la visitation de l'être entier, au cœur de l'inspiration, et la nécessité d'un travail de polissage formel, sans lequel la visitation se perdrait dans la pulvérulence d'un hasard non gouverné. Mais il sait aussi combien l'expérience de cette visitation est vie véritable, tandis que l'autre est une sorte de mort inévitable, The Grey Light of Common Days.
Le cœur de l'œuvre et de la vie est l'homme et son renouement : renouement de la nébuleuse primordiale des îles sous le vent avec la vague cosmique, figée, des civilisations asiatiques. Renouement de la neige, de la pluie, du vent avec le monde de l'industrie : Neigeait-il, cette nuit, de ce côté du monde où vous joignez les mains ?... Ici, c'est bien grand bruit de chaînes par les rues, où vont courant les hommes à leur ombre. Renouement du vieux monde avec le nouveau, tourbillon social et industriel, qui laisse transparaître l'impermanence fondamentale au cœur des éléments. On est ici au seuil de la quatrième mutation de l'œuvre et de la vie.

Exil américain et mort

Aux États-Unis, en Argentine et en France, il publie successivement Exil en 1942, Pluies et Poème à l'étrangère en 1943, Neiges en 1944. À la Libération, depuis les États-Unis, il publie Vents chez Gallimard en 1946, puis Amers en 1957. À cette date, il revient chaque été faire de longs séjours en France, sur la presqu'île de Giens où des amis américains ont acquis pour lui une propriété, Les Vigneaux. Il se marie avec une Américaine, Dorothy Russel, dédicataire de Poème à l'étrangère, qu'il appelle Dot et surtout Diane, de vingt ans plus jeune que lui. Il publie son poème Chronique en 1960, année où lui est attribué, grâce à ses amis américains et à Dag Hammarskjöld, secrétaire général des Nations-Unies, le Prix Nobel de littérature. Son allocution au banquet Nobel du 10 décembre 1960 est consacrée aux rapports entre science et poésie. Il publiera encore le recueil Oiseaux, inspiré par Georges Braque en 1963, et encore quelques poèmes dans la Nouvelle Revue Française : Chanté par Celle qui fut là en 1969, Chant pour un équinoxe en 1971, Nocturne en 1973 et Sécheresse en 1974. Il meurt le 20 septembre 1975, sur la presqu'île de Giens, dans le Var, où il repose désormais. Ses quatre derniers poèmes paraissent peu après en recueil sous le titre Chant pour un équinoxe. Peu avant sa mort, il avait légué tous ses manuscrits, papiers et objets personnels, ainsi que les livres de sa bibliothèque, à la Ville d'Aix-en-Provence, qui aujourd'hui encore abrite la Fondation Saint-John Perse. Son épouse Dorothy est décédée en 1985.

Œuvres poétiques

Alexis Leger fut certes un diplomate de premier plan. Mais in fine, l'homme a reconnu son unité dans une vocation de poète consacrée en quelque sorte dans le volume de ses Œuvres complètes. Au-delà des approches tronquées et des polémiques régulièrement réitérées à propos de son parcours diplomatique, c'est bien sa poésie, et sa poésie seule qui dit la substance d'un itinéraire à la fois personnel et esthétique. Cette substance se décline en une parole considérable qu'il importe d'appréhender avec soin, pour qui veut y apprécier l'une des grandes œuvres de l'esprit en langue française.

Esthétique littéraire

La poésie de Saint-John Perse est couramment réputée pour sa difficulté d'accès. Le vocabulaire, parfois technique, peut rebuter les lecteurs, mais pour certains, son appréhension n'est pas indispensable pour une première imprégnation de la puissance des images et de la richesse du rythme qui caractérisent le poème persien. De ce qu'on a pu nommer le cycle antillais, Éloges au cycle provençal les derniers poèmes, l’œuvre de Saint-John Perse institue dans la poésie française du XXe siècle des accents de conciliation entre les avancées de la modernité rimbaldienne et mallarméenne, avec les sources les plus archaïques de la parole poétique. André Breton voyait en 1924 en Perse un surréaliste à distance, et c'est dire les volontés diverses d'appropriations de cette esthétique singulière, par les écoles de la modernité littéraire. Les premiers poèmes d’Éloges surtout Images à Crusoé laissent entrevoir une empreinte encore symboliste, mais ce modèle sera dépassé au gré du recueil et dès Anabase, s'impose un style déclamatoire reconnaissable entre tous, qui pousse souvent l'œuvre vers des accents lyriques prononcés, Exil, Vents et Amers notamment. Pour autant, les rythmes parfois saccadés de certains moments d'Exil, l'écriture souvent resserrée des poèmes provençaux et une certaine tension vers l'autotélisme déjoué néanmoins n'en apparaissent pas moins çà et là. Même par le prisme de cette variété stylistique, la parole poétique se déploie chez Saint-John Perse comme une rhapsodie accordée à l'intériorité ainsi qu'à un élan fondamental vers le monde.
C'est à partir d'une analyse sémantique et sémiologique que l'évidence d'une unicité fondamentale de l'œuvre nous est apparue souligne Elisabeth Coss-Humbert. Les récurrences lexicales et les thèmes qu'elles sous-tendent parcourent l'œuvre entière depuis Écrit sur la porte jusqu’à Sécheresse, sans qu'il y ait la moindre rupture dans leur utilisation sémantique et cratylienne.

L'ultime messagère

Une lettre à Archibald Mac Leish dit bien la vision de l'auteur : Mon œuvre, de recréation, a toujours évolué hors du lieu et du temps : aussi attentive et mémorable qu'elle soit pour moi dans ses incarnations, elle entend échapper à toute référence historique aussi bien que géographique ; aussi vécue qu'elle soit pour moi contre l'abstraction, elle entend échapper à toute incidence personnelle. De plus en plus transparaît la présence des éléments : l'air, la terre, la mer, le feu. Au-delà de tout système, cette intuition est recherche de l'expérience indifférenciée des présocratiques. Vents est la charnière entre la thématisation du Nouveau Monde et la présence des éléments du monde. Au centre se perçoit, s'entend, se concentre et se rue le souffle. Au tourbillon américain vers l'ouest se superpose progressivement, s'incorpore, comme en étant la substance, la respiration abyssale de la vie. Les gratte-ciel, les aigles sur les toits et les filles aux longues jambes y dansent, y vibrent, y tournent, dans le Tao, le point immobile qui accélère par son immobilité même la giration de l'univers. Venu du chaos, allant vers le chaos et l'indéterminé, l'air, le souffle, les vents prennent forme, se gonflent, forment les civilisations, et les détruisent. Eâ, dieu de l'abîme, ton bâillement n'est pas plus vaste.
Le poème Amers 1957 est d'abord une célébration de l'Océan et de ses balises. C'est ensuite l'épopée de l'aventure humaine, qui osa, un jour, traverser ces étendues que la Bible associe à l'image du chaos. C'est aussi, au creux de la vague millénaire, la jointure fragile et indestructible de l'homme et de la femme. Elle se livre, nue, abîme dans un abîme, hasard dans un hasard, car, au matin, l'amant se lèvera de la couche nuptiale et partira pour les négoces, pour le grand commerce des hommes. En même temps, métamorphosant l'aventure marine, amoureuse, affleure l'élément liquide, l'Océan, l'Okeanos d'Homère, et la surface des eaux sur laquelle planait l'Esprit. Comment ne pas penser ici à l'ode de Claudel, L'Esprit et l'Eau ?
Saint-John Perse retrouve les premiers penseurs grecs, à la fois philosophes, théologues et poètes. Il découvre aussi, en Heidegger, surtout le second, celui des Holzwege et de l'exégèse de Hölderlin, ce divin, ce theion, insaisissable mais omniprésent, dont l'homme est le berger – Wacht am Sein. Alexis Léger regrette l'absence de dimension métaphysique dans la poésie moderne. Il n'entend point, par là, une systématisation poétique, du genre du De natura rerum, mais une présence de ce renouement, de cette presque identité avec le tissu secret de l'univers.
Dans les dernières années, le poète travaillait des chants sur la terre, Chanté par celle qui fut là, 1968 ; Chant pour un équinoxe, 1971, sujet mêlé au thème de la femme, selon, du reste, une tradition presque aussi vieille que le monde. Alexis Leger voulait couronner son œuvre par le thème du feu. Une maquette, en bronze, d'une sorte de victoire de Samothrace, vêtue de feu – une œuvre d'un artiste hongrois –, était pour Saint-John Perse l'ultime messagère. Comment ne pas rappeler les incidences religieuses du thème, et sa présence dans le monde des symboles bibliques ?
On considère à présent les premiers penseurs grecs comme valant par eux-mêmes, et pas seulement en ce qu'ils annonçaient Socrate et Platon. Nietzsche a dit la nécessité de retrouver cette immédiateté première, de la vie qui danse, dans le maintenant, le now qu'aime la jeune génération des États-Unis. La culture occidentale est un retour à l'élémental. Par exemple, dans la musique on redécouvre le son, comme substance sonore, miracle permanent, au sortir du silence – de l'abîme du silence disaient certains gnostiques. Ce retour aux quatre éléments rejoint, d'une part, les intuitions de Mircea Eliade et, d'autre part, les problèmes de l'environnement, de l'écologie. Enfin, plus profondément que la célébration, que la contre-culture, l'œuvre d'Alexis Léger, en sa phase présente, n'est pas sans rapport avec la somatic culture, forme de conscience, où le toucher par exemple serait le sens le plus spirituel. L'actualité de Saint-John Perse n'est pas poursuite du dernier train, derrière lequel s'exténuent tant de clercs; elle est dans un éternel concret, qui demeurera, tant qu'il y aura des hommes. Claudel a dit que cette œuvre taisait religieusement le nom de Dieu. On entrevoit pourquoi, de ces mots, c'est l'adverbe religieusement » qui retint l'attention de l'ami de Claudel que fut toujours Alexis Léger. Saint-John Perse vivant parmi les oiseaux, les arbres, les sextants et les instructions nautiques, aux côtés de sa compagne, attentive, est un ami de l'homme, et de l'univers. Mais cette amitié si fragile, si profonde, il ne l'a jamais dite qu'à mi-voix, comme un écho, un filigrane dans la pâte de la terre des hommes : Grand âge, nous voici – et nos pas d'hommes vers l'issue. C'est assez d'engranger, il est temps d'éventer et d'honorer notre aire, Grand âge, nous voici. Prenez mesure du cœur d'homme. Et encore dans le fragment publié dans la Nouvelle Revue française, du 1er janvier 1969 : Écoute, écoute, ô mon amour, le bruit que fait un grand amour au reflux de la vie. Charles Moeller

Thématiques

Une histoire de l'âme semble dessiner, au gré des poèmes, un recours suprême aux éléments du monde, neiges, pluies, grands vents, souffles océaniques, mobilisés pour atteindre le renouement de l'homme vers son élan vital. Du souffle épique d'Anabase au style volontairement dépouillé des textes du Grand âge, les poèmes de Saint-John Perse construisent, en une langue somptueuse, un édifice unique dans la littérature française moderne. L'œuvre entière, en une profonde cohérence, propose au lecteur de parcourir le réel humain comme, Une seule et longue phrase sans césure à jamais inintelligible. Le regard porté sur le monde entier des choses y demeure de bout en bout, empreint d'une volonté d'intégralité qui s'accorde à la recherche en tout, d'une plénitude existentielle, Épouse du monde ma présence !, d'une quête de l'unité. C'est sans doute en ce tribut d'une restitution à l'homme certes, mais plus intimement, à tout un chacun, du souffle premier d'une présence exaltante au monde, que l'on peut certainement considérer la richesse de cette œuvre exigeante et rare.

Å’uvres

Pour certains recueils Éloges, Exil est mentionné le détail de leur composition.

Cycle Antillais
Éloges 1911
Écrit sur la porte
Images à Crusoé
Pour fêter une enfance
Éloges
La gloire des rois
Récitation à l'éloge d'une Reine
Histoire du Régent

Cycle Asiatique

Anabase 1924,
La gloire des rois
Amitié du Prince,
Chanson du Présomptif
Berceuse,

Cycle Américain

Exil 1942
Exil , Buenos-Aires, éditions les Lettres Françaises, 1942
Pluies
Neiges,
Poème à l'étrangère
Pluies Éditions Lettres françaises, 1944
Vents 1946
Amers 1956
Étranger 1948
Midi, ses fauves, ses famines 1952
Mer de Baal, Mer de Mammon... 1955
Étroits sont les vaisseaux... 1956

Cycle Provençal

Chronique 1960
L'ordre des oiseaux 1962, réédité en 1963 sous le titre Oiseaux
Chant pour un équinoxe 1971
Nocturne 1973
Sécheresse 1974
Des villes sur trois modes
L'incertain
L'animale
Cohorte ou Pour fêter des oiseaux
L'animale
Dernier aveu
Désir de créole
Poème pour Valéry larbaud ou Valéry Larbaud, ou, l'Honneur littéraire
Œuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1972, volume entièrement conçu par le poète lui-même sous anonymat, y compris la Biographie, les notes et notices, la bibliographie, la correspondance coupures, réécriture, voire écriture, etc.. Réédition augmentée en 1982.
Lettre sur Jacques Rivière, 1925
Silance pour Claudel, 1955
Hommage à Rabindranath Tagore, 1961

Divers

Briand discours prononcé à l'Univerisité de New York le 28 mars 1942 pour la commémoration du 80e anniversaire de la naissance d'Aristide Briand
Pour Dante discours prononcé à Florence le 20 avril 1965 pour l'inauguration du congrès international pour le 7e centenaire de Dante
Poésie (allocution prononcée à Stockholm le 11 décembre 1960 à la cérémonie de remise du Prix Nobel
Croisière aux Îles Éoliennes notes personnelles prises en juillet 1967 lors de la 5e et dernière croisière effectuée à bord de l'Aspara, 1re édition, 1987 dans les Cahiers Saint-John Perse no 8-9, nouvelle transcription présentée at annotée par Claude Thiébaut en 2012 dans Souffle de Perse, hors-série no 2

Correspondance

« Lettres de Saint-John Perse à Pierre Guerre 1, de 1951 et à Yvan Goll 8, de 1942-1943, Roger Little éd., in Cahiers Saint-John Perse, no 2 1979.
« Lettres de Saint-John Perse à Roger Caillois , 2 lettres, de 1956 et 1971, Henri Colliot, in Cahiers Saint-John Perse, no 3 1980.
« Lettre de Saint-John Perse à André Gide , de 1949, Roger Little, in Cahiers Saint-John Perse, no 5 1982.
« Annotations, Saint-John Perse à Friedhelm Kemp , 1956-1974, Friedhelm Kemp , in Cahiers Saint-John Perse, no 6 1983.
Lettres à l'étrangère, Mauricette Berne , Gallimard 1987
Lettres d'Alexis Léger à Philippe Berthelot, in Jean-Luc Barré, Le Seigneur-Chat / Philippe Berthelot, 1866-1934, Plon 1988
Correspondance Saint-John Perse / Jean Paulhan 1925-1966, Joëlle Gardes-Tamine, Cahiers Saint-John Perse, o10 1991
Lettres d'Alexis Léger à Gabriel Frizeau 1906-1912, Albert Henry, Académie royale de Belgique 1993
Correspondance avec Jean Ballard ou A ceux des cahiers du sud, 1993
Correspondance Alexis Leger / Dag Hammarskjöld 1955-1961, Marie-Noëlle Little, Cahiers Saint-John Perse, no 11 1993
Correspondance avec André Breton, Europe, no 799-800 1995
Correspondance Saint-John Perse / Roger Caillois 1942-1975, Joëlle Gardes-Tamine, Cahiers de la NRF, série Saint-John Perse, no 13, Gallimard 1996.
Lettre à Auguste et Yvonne Boppe", Revue d'histoire diplomatique, no 1, 1999
Courrier d'exil / Saint-John Perse et ses amis américains / Archibald MacLeish, Francis et Katherine Biddle 1940-1970, Carol Rigolot, Cahiers de la NRF, série Saint-John Perse, no 15, Gallimard 2001.
Lettres à une dame d'Amérique, Mina Curtiss 1951-1973, Mireille Sacotte, Cahiers de la NRF, série Saint-John Perse, no 16, Gallimard 2003
Correspondance Saint-John Perse / Alain Bosquet 1942-1975, Michèle Aquien et Roger Little, Gallimard 2004, Cahiers de la NRF.
Lettres atlantiques Saint-John Perse / T.S. Eliot, A. Tate 1926-1970, Carol Rigolot, Cahiers de la NRF, série Saint-John Perse, no 17, Gallimard 2006.
Correspondance Saint-John Perse / Henri Hoppenot 1915-1975, Marie-France Mousli, Cahiers de la NRF, série Saint-John Perse, no 19, Gallimard 2009
Correspondance Saint-John Perse / Calouste Gulbenkian 1946-1954, Vasco Graça Moura (éd.), Cahiers de la NRF, série Saint-John Perse, no 21, Gallimard 2013

Honneurs et distinctions

Commandeur de la Légion d'honneur.
Prix Nobel de littérature en 1960.
Un monument de bronze, Hommage à Saint-John Perse, du sculpteur Patrice Alexandre commande passée par le Ministère de la Culture en 1985 a été inauguré en 1992 dans le jardin du Muséum national d'histoire naturelle à Paris. Il s'agit de trois états du manuscrit du poème Nocturne agrandis à l'échelle monumentale.
Un musée lui est en partie consacré à Pointe-à-Pitre, sa ville natale.
Son nom a été donné à diverses voies ne allée à Pointe-à-Pitre et une autre à Paris près des Halles, une avenue à Aix-en-Provence et à Billère dans les Pyrénées-Atlantiques, une rue à Dijon et Fort-de-France, etc., à des établissements scolaires un lycée de Pau, un collège à Grand-Camp/Les Abymes, Guadeloupe, plusieurs écoles à Paris, etc., à des médiathèques à Aubervilliers, à Aurillac, à Hyères en janvier 2013,
à un parc à Reims et même un camping dans le Var, à 300 m du cimetière de Giens.
La promotion 2007 des conservateurs du patrimoine de l'Institut national du patrimoine porte son nom.

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Posté le : 30/05/2015 19:17
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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