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Jean-Henry Fabre 1
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Le 11 octobre 1915 meurt Jean-Henri Casimir Fabre

à Sérignan-du-Comtat Vaucluse, à 91 ans, né le 21 décembre 1823 à Saint-Léons du Lévézou en Aveyron, humaniste, un naturaliste, un entomologiste éminent, un écrivain passionné par la nature et un poète français et de langue d'oc et à ce titre félibre, lauréat de l'Académie française et d'un nombre élevé de prix.
Il peut être considéré comme l'un des précurseurs de l'éthologie, science du comportement animal, et de l'écophysiologie.
Ses découvertes sont tenues en haute estime en Russie, aux États-Unis et surtout au Japon où Jean-Henri Fabre est considéré comme le modèle accompli de l'homme de sciences et de l'homme de lettres réunis et, à ce titre, est au programme des enseignements de l'école primaire. Il est aussi mondialement connu pour ses Souvenirs entomologiques, qui ont été traduits en quinze langues.
Un grand savant qui pense en philosophe, voit en artiste, sent et s'exprime en poète , c'est ainsi que Jean Rostand5 qualifie Jean-Henri Fabre.

En bref

Entomologiste, poète, peintre, musicien, le Français Jean-Henri Fabre s’est acquis une renommée internationale avec les Souvenirs entomologiques 1879-1907, son œuvre maîtresse, traduite en de nombreuses langues.
Né le 21 décembre 1823, à Saint-Léons Aveyron, dans une famille modeste, Jean-Henri Fabre parvient à force de ténacité au statut d’enseignant : instituteur à Carpentras en 1842, il devient professeur de lycée, d’abord à Ajaccio en 1849, puis à Avignon en 1852. Marié, père de famille, il tente d’augmenter ses revenus grâce à l’industrie des colorants garance ; mais il ne réussit pas et se tourne vers la rédaction d’ouvrages d’enseignement destinés non seulement aux élèves, mais également aux adultes n’ayant pu poursuivre d’études. C’est la grande époque de la « vulgarisation », et Fabre rêve de partager la gloire des auteurs en vogue, comme Louis Figuier, dont les beaux volumes dorés sur tranche connaissent de gros tirages. Un premier petit livre de Chimie agricole (1862), qu’il édite lui-même, est épuisé en quelques semaines et suscite un véritable enthousiasme, dont la rumeur atteint le ministre de l’Éducation, Victor Duruy, qui pense à nommer Fabre précepteur du fils de Napoléon III ce qui ne se fera pas. En attendant, Duruy présente Fabre à l’éditeur Charles Delagrave ; c’est le début d’une collaboration qui durera plus de cinquante ans. Bientôt sort des presses une série de petits livres, La Science élémentaire, qui connaît aussitôt le succès, avec La Physique 1864, La Terre 1865, Le Ciel 1867, Le Livre d’histoires 1869, Les Ravageurs 1870… En tout, jusque vers 1900, Fabre fera paraître une centaine d’ouvrages didactiques, pour un tirage total dépassant le million d’exemplaires.
Cette activité se révèle rentable : Fabre quitte la fonction publique en 1870 et vit de ses droits d’auteur. En 1879, il acquiert un domaine à Sérignan-du-Comtat dans le Vaucluse : l’Harmas qui sera racheté par l’État en 1921, rattaché au Muséum national d’histoire naturelle et ouvert au public. C’est là qu’il va se livrer, jusqu’à sa mort le 11 octobre 1915, à sa passion : les insectes. Il ne les collectionne pas dans des boîtes vitrées, mais il les étudie vivants, les observant avec une extrême attention, notant et décrivant les détails de leur biologie et de leur écologie, ce qui fait de lui un précurseur, un des inventeurs d’une science nouvelle, l’éthologie. Par ailleurs, il désire vulgariser les résultats de ses recherches. Dès 1864, il propose à son éditeur un ouvrage sur les insectes. Mais ce n’est qu’en 1879 que celui-ci acceptera de publier la première série des Souvenirs entomologiques. Cet ouvrage est très remarqué : le public est conquis par ces récits étranges et barbares, dont les minuscules héros s’aiment, se combattent et s’entretuent dans nos jardins, voire nos maisons. La plupart des gens ne leur prêtent aucune attention, alors que les insectes ont beaucoup à nous apprendre, comme Fabre s’attache à le montrer. Un des chapitres les plus connus de la première série, Les trois coups de poignard, outre son intrigue dramatique, pose une question de fond : les comportements des insectes sont-ils le produit de l’évolution ? L’ouvrage de Darwin, On the Origin of Species by Means of Natural Selection L’Origine des espèces, paru en 1859, suscite d’âpres débats encore de nos jours. Fabre n’était pas convaincu : il n’a jamais cru à la théorie de l’évolution et ne cessera de la pourfendre – non sans porter ombrage à sa réputation de savant – dans les dix volumes des Souvenirs entomologiques, qu’il va publier jusqu’en 1907 et qui seront traduits et diffusés dans le monde entier.
Aujourd’hui, l’œuvre de Fabre nous paraît appartenir moins au domaine scientifique qu’à la littérature, à la poésie. La forme et le style parviennent à intéresser le lecteur à ces minuscules créatures, de prime abord rebutantes, voire inquiétantes. Mais Fabre est aussi un philosophe : il parle de la vie et de la mort, grandes questions qui concernent et passionnent les hommes depuis qu’ils ont la faculté de penser. Et c’est ce paradoxe qui a fait son succès : par le biais des insectes, Fabre est un des écrivains qui ont le mieux su nous parler de nous-mêmes.Y. Cambefort

Sa vie

L'éveil à la nature : un autodidacte précoce
Son père, Antoine Fabre, est originaire du Puech de la Font, au lieu-dit Malaval, au nord de Saint-Léons, sur la paroisse de Vaysse. Marié à Victoire Salgues, fille de l’huissier de Saint-Léons, il s’y établit dans l’espoir de succéder à son beau-père. Jean-Henri est élevé par ses grands-parents paternels, Pierre-Jean Fabre et Élizabeth Poujade, dans la ferme du Malaval. C'est dans ce Rouergue que le petit garçon découvre très tôt les réalités d'une nature contrastée et sauvage, qui va aiguiser son esprit d'observation et sa pugnacité.
L'œil toujours en éveil sur la bête et sur la plante, ainsi s'exerçait tout seul, sans y prendre garde, le futur observateur, marmouset de six ans. Il allait à la fleur, il allait à l'insecte comme la Piéride va au chou et la Vanesse au char.
De retour au village de Saint-Léons à l'âge de sept ans, en compagnie de son frère Frédéric, de deux ans son cadet, le jeune garçon s'instruit dans de nombreux domaines avec les moyens mis à sa disposition. Son instituteur est son parrain, Pierre Ricard. Pendant trois ans, il lui apprend à lire et à écrire dans une grange transformée en classe, entouré d'animaux de basse-cour. Son plus précieux outil scolaire est alors un abécédaire illustré par des animaux que son père Antoine lui a rapporté de la ville. Dans le chapitre IV de la 6e série des Souvenirs entomologiques, sous le titre Mon école, il le décrit de la sorte : C'était une grande image de six liards, coloriée et subdivisée en compartiments où des animaux de toute sorte enseignaient la série des lettres par les initiales de leur nom .... Puis, progressant sur l'utilisation de son abécédaire et ses capacités de lecture : Comme récompense de mes progrès, on me donne les fables de La Fontaine, livre de vingt sous, très riche en images, petites il est vrai, très incorrectes, délicieuses toutefois. Il y a là le corbeau, le renard, le loup, la pie, la grenouille, le lapin, l'âne, le chien, le chat, tous personnages de ma connaissance.
Les difficultés professionnelles de son père, paysan devenu cafetier, vont interrompre sans cesse sa scolarité, obligeant Jean-Henri à être autodidacte dès l'âge de 10 ans. Dès 1833 et pendant les six années suivantes, l'exode rural va pousser la famille à Rodez, Aurillac, Toulouse, Montpellier, Pierrelatte et enfin Avignon.
À dix ans, élève au Collège royal de Rodez, il est clergeon dans la chapelle de l'établissement universitaire ce qui lui vaut la gratuité de l'externat. Quatre ans après, son père s’installe à Toulouse où Jean Henri peut suivre gratuitement les cours du séminaire de l’Esquille. Puis la famille déménage à nouveau. À Montpellier, âgé de quatorze ans, il est tenté par la médecine mais doit y renoncer pour aider ses parents. Il abandonne ses études pour gagner sa vie et se retrouve à vendre des citrons à la foire de Beaucaire puis se fait embaucher comme manœuvre pour la construction du chemin de fer Nîmes-Beaucaire.
Il y a pourtant appris assez de latin et de grec pour se passionner pour les auteurs de l'Antiquité. Il affectionne surtout Virgile, en qui il découvre un poète épris de nature. Décidé à se présenter à un examen pour obtenir une bourse, en 1840, ayant appris qu'un concours d'entrée recrutait des élèves instituteurs, il part à Avignon, sort premier de sa promotion et rentre à l'École normale d'instituteurs. Reçu en qualité de pensionnaire boursier, il est, à dix-sept ans, enfin assuré du gîte et du couvert.
Les résultats de sa première année sont passables. Au milieu de la seconde, il est déclaré élève insuffisant et médiocre. Piqué au vif, il demande et obtient de suivre son dernier semestre en 3e et obtient le Brevet supérieur en 1842, avec une année d'avance sur le cycle habituel.

Carpentras : l'instituteur érudit

Le mont Ventoux fut pour Fabre un important terrain d'étude. Âgé de dix-neuf ans, il devient instituteur à l’école primaire annexe du collège de Carpentras. Il va y rester sept ans. En cette année 1842, ses émoluments ne dépassent pas 700 F. Il reprend pourtant ses études latines en relisant Virgile et en traduisant Homère. C'est aussi en 1842 qu'il publie son premier recueil de poèmes Invocations et qu'il escalade pour la première fois le mont Ventoux.
L’installation de l’aîné attire sa famille. Son père et sa mère rejoignent Pierrelatte pour tenir un nouveau café sur la Place d’Armes, tandis que son frère est nommé instituteur à Lapalud16. Le 3 octobre 1844, il épouse Marie-Césarine Villard, institutrice originaire de Carpentras, avec qui il a eu sept enfants dont plusieurs sont morts avant d'atteindre l'âge adulte.
Étouffé par l'enseignement de l'époque, qu'il qualifie de prison, il met à profit la clémence du climat de la région pour encourager l'enseignement en plein air. Poussé par son envie d'apprendre, il consacre son temps libre à la préparation de nouveaux diplômes, tout en menant diverses recherches, notamment en entomologie. Il obtient en 1844, à Montpellier, le baccalauréat ès-lettres, en 1846 le baccalauréat en mathématiques, en 1847 la licence de sciences mathématiques enfin en 1848 la licence de sciences physiques.
C’est cette même année que son jeune fils est atteint de fièvre, son état empirant et devant l’impuissance avouée des médecins traitants, il tente de la sauver avec les méthodes prescrites par François-Vincent Raspail. L’enfant meurt et il annonce son deuil à son frère le 8 septembre 1848. Pour faire face et ne pouvant plus se contenter de son maigre salaire, il postule à un poste de professeur de mathématiques au lycée de Tournon, qui lui échappe tout comme celui d’Avignon.
Durant toute cette période, Fabre avait fait sien le précepte de Platon : Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre. Entre vingt et trente ans, il se perfectionne en mathématiques et en particulier l'ellipse, l'hyperbole, les tangentes, la mécanique analytique, le calcul infinitésimal. Lui pour qui le nombre est empreint de poésie, va jusqu'à lui consacrer une ode, Arithmos.
Séduit par la richesse botanique et entomologique de la Provence, il s'adonne à nouveau à sa passion des insectes et commence une carrière d'historien des bêtes. Mais c'est la lecture des travaux de Léon Dufour qui va le pousser vers sa nouvelle carrière.

Ajaccio 1849-1852 : éclosion du naturaliste

Nommé professeur de physique au collège impérial d’Ajaccio11, le 22 janvier 1849, il s'installe dans l'île avec son épouse. Fabre, qui enseigne à présent la physique et la chimie dans les classes secondaires, bénéficie d'une nette amélioration de ses conditions de travail puisque ses appointements se montent à 1 800 francs. La Corse ouvre au jeune professeur un champ de recherches et d’observations qui va compléter ce qu’il a déjà entrepris sur les pentes du Ventoux.
La découverte de la nature corse et de la civilisation méditerranéenne lui offre un important champ d'investigation. Jean-Henri et Marie-Césarine multiplient les excursions, découvrent la richesse de la faune des mollusques, et récoltent de nombreuses espèces de coquillages marins, terrestres ou d'eau douce. Fabre réunit les éléments pour une Conchyliologie de la Corse. Ce travail d’inventaires et de descriptions des mollusques et coquillages, réunissant les connaissances de Linné, Lamarck et bien d'autres savants, est enrichi d'une foule de notes et d'observations personnelles. Il ne sera cependant jamais publié, la brièveté de son séjour ne lui permettant pas de l'achever.
Alfred Moquin-Tandon, joua un rôle dans le choix de Fabre pour la botanique.
Avec Esprit Requien, qui habitait Bonifacio, il amasse les plantes rares et, profitant des vacances scolaires pour herboriser, constitue un herbier imposant. Il décrit cela dans Mon école : En mes heures de liberté, je l'accompagnais dans ses courses botaniques, et jamais le maître n'eut disciple plus attentif. Leur projet commun de réaliser une flore de la Corse sera anéanti par la mort subite et prématurée du naturaliste avignonnais, emporté par une congestion cérébrale en mai 1851.
La Corse, c'est aussi pour Fabre la rencontre avec le zoologiste montpelliérain Moquin-Tandon venu y étudier la riche faune d'araignées, insectes, crustacés et reptiles. Grâce à Requien, Fabre avait déjà échangé quelques lettres botaniques et un jour où celui-ci ne trouvait aucune chambre dans les hôtels, Fabre lui offre le gîte et le couvert. Membre de plusieurs Académies, Moquin-Tandon, qui était de plus très cultivé en littérature et poète, a une influence déterminante dans le choix de la carrière naturaliste de Fabre. Il lui donna, dit-il, la seule et mémorable leçon d'histoire naturelle que j'aie jamais reçue dans ma vie en disséquant un escargot avec seulement deux aiguilles à coudre, avant de prononcer la fameuse phrase qui eut raison de ses hésitations : Laissez là vos mathématiques .... Venez à la bête, à la plante; et si vous avez, comme il me semble, quelque ardeur dans les veines, vous trouverez qui vous écoutera.
Malgré les conditions idéales que lui offrait la Corse, plusieurs raisons incitent Fabre à demander son retour sur le continent : des accès de paludisme qu'il avait contracté en herborisant exigeaient un climat plus sain ; les traitements des professeurs du collège avaient été réduits de moitié et la chaire de physique risquait d'être supprimée ; il voulait préparer un doctorat ou l'agrégation. Diminué fortement, il demande et obtient son retour sur le continent pour se soigner. Ainsi, il se rapproche de ses parents et de son frère Frédéric, durablement installés dans la banlieue d'Avignon, à la ferme de Roberty.
Dans un courrier adressé à son cadet le 3 décembre 1851, il narre les péripéties de son éprouvante traversée. Au lieu des 18 heures normales du trajet, son bateau pris dans la tempête met trois jours et deux nuits pour rejoindre Marseille dans des conditions épouvantables.

Avignon 1853-1871 : l'enseignant chercheur

Ayant choisi de s'orienter vers la recherche en éthologie des insectes, science des mœurs des insectes, Fabre rentre définitivement de Corse en janvier 1853.Il loge 4rue Saint-Thomas-d'Aquin, puis 22 rue de la Masse.Il est nommé professeur, répétiteur de physique et chimie au lycée impérial d'Avignon où il enseigne pendant dix-huit ans.
L'année suivante, en juillet 1854, il est reçu à la licence ès-sciences naturelles20 avec les félicitations du jury ; réussite déterminante qui lui ouvre la voie du doctorat ou de l'agrégation. Renonçant à contrecœur à l'agrégation, qui l'aurait empêché de s'engager dans une recherche personnelle, Fabre prépare un doctorat. Son sujet de thèse principal s'intitule Recherche sur l'anatomie des organes reproducteurs et sur le développement des myriapodes, et son sujet secondaire, portant sur la botanique, Recherche sur les tubercules de l'Himantoglossum hircinum. Au cours de l’hiver de la même année, il prend connaissance des travaux de l’entomologiste Léon Dufour, qui venait d’étudier dans les Landes une grosse guêpe, le Cerceris. C’est un déclic. Fabre connaît cet insecte qui a colonisé les pentes du Ventoux. Il se remet à l’étudier, et publie le résultat de ses recherches en 1855 dans les Annales de sciences naturelles sous le titre Observations sur les mœurs des Cerceris et sur la cause de la longue conservation des Coléoptères dont ils approvisionnent leurs larve. La même année, les Fabre emménagent au 14 rue des Teinturiers.
Toujours en 1855, il soutient sa thèse à Paris devant un jury composé de deux professeurs au Muséum national d'histoire naturelle, Henri Milne Edwards et Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, et du botaniste Jean-Baptiste Payer. Sur place, il rend visite à son ami Moquin-Tandon, qu’il avait hébergé à Ajaccio. Mais les retrouvailles entre le petit professeur de province et celui qui est devenu maître de la chaire d’histoire naturelle de la Faculté de médecine de Paris manquent de cordialité.
Enfin, son Étude sur l'instinct et les métamorphoses des sphégiens obtient la mention honorable au concours pour le prix Montyon de physiologie, décerné par l'Académie des sciences. À partir de 1856, Fabre multiplie les observations et rompt son isolement en échangeant fructueusement ses notes et échantillons avec Léon Dufour. Il réfute son hypothèse d'une liqueur conservatrice à l'origine de la paralysie des proies vivantes des cerceris en démontrant la destruction sélective des centres nerveux non vitaux des buprestes, par les savants coups de stylet des hyménoptères.
En 1857, il décrit les comportements les plus intimes des hyménoptères, bembex, scolies et coléoptères avec une rigueur méthodologique et dans une langue de qualité. Il étudie la reproduction de la truffe, sujet sensible pour la prospérité économique du département et, dans une note présentée en avril à la Société d'agriculture et d'horticulture de Vaucluse, réfute la théorie de la galle du chêne.
Fabre s'étant lié d'amitié avec le botaniste avignonnais Théodore Delacour qui dirigeait à Paris les Établissements Vilmorin, celui-ci lui présente Bernard Verlot, chef des cultures au Muséum national d'histoire naturelle à Paris. Ensemble, ils explorent la flore du Mont Ventoux et instruisent Fabre des dernières techniques en horticulture.
Pensant tirer profit de ses connaissances en chimie, Fabre effectue des recherches sur la garancine, poudre de racine de garance qui permettait de teindre les tissus en rouge, fournissant notamment les fameux pantalons rouges de l'infanterie française. De 1859 à 1861, il dépose quatre brevets d'invention touchant à l'analyse des fraudes, mais surtout à l'alizarine pure, qu'il a réussi à extraire par une méthode d’une simplicité étonnante. Mais la découverte de l'alizarine artificielle, réalisée par Carl Graebe et Liebermann en 1868, sonne le glas de l'industrie tinctoriale de la garance et des ressources agricoles qu'elle représentait dans le Vaucluse, ruinant du même coup les dix années d’efforts que Fabre avait consacrées à ces procédés.
En 1862, il publie son premier livre scolaire sous le titre de Chimie Agricole;
En 1865, sur la recommandation du chimiste Jean-Baptiste Dumas, Louis Pasteur vient en personne le consulter pour tenter de sauver l'industrie séricicole française30. Les vers à soie étaient décimés par une désastreuse épidémie de pébrine, caractérisée par l'éruption de points noirs, évoquant des grains de poivre. Fabre lui explique la biologie du bombyx du mûrier et les moyens de sélectionner les œufs indemnes. Il le reçoit à son domicile, 14 rue des Teinturiers, et son hôte est étonné, qu’au milieu de leur entretien, le savant lui demande de voir sa cave. Fabre ne peut que lui montrer une dame-jeanne posée sur un tabouret de paille dans un coin de sa cuisine. Mais la leçon porte ses fruits et Pasteur réussit à enrayer la redoutable épidémie.
En 1866, la municipalité nomme Fabre au poste de conservateur du musée d'Histoire naturelle d'Avignon rebaptisé musée Requien depuis 1851, alors abrité dans l'église Saint-Martial désaffectée. C'est là que Fabre travaille aux colorants et donne des cours publics de chimie. C'est là également qu'il reçoit en 1867 la visite surprise de Victor Duruy 1811-1894. Ce fils d'ouvrier devenu normalien et inspecteur de l'enseignement avait pris en amitié le naturaliste avec qui il partageait le rêve d'une instruction accessible aux plus démunis. Devenu Ministre de l'Instruction publique, Duruy convoque Fabre à Paris deux ans plus tard pour lui remettre la Légion d'honneur et le présenter à l'empereur Napoléon III.
Duruy le charge de donner des cours du soir pour adultes qui, ouverts à tous les publics, vont connaître un franc succès. Ses leçons de botanique attirent un public attentif composé de jeunes villageoises qui lui apportent tant de fleurs que son bureau disparaissait sous les richesses des serres voisines, d'agriculteurs curieux de science, mais aussi de personnalités fort cultivées, telles que l'éditeur Joseph Roumanille et le philosophe anglais John Stuart Mill 1806-1873, directeur de la Compagnie des Indes, qui devient l'un de ses plus fidèles amis.
Mais la loi Duruy 10 juillet 1867 pour la démocratisation de l'enseignement laïque, notamment l'accès des jeunes filles à l'instruction secondaire, déclenche une cabale des cléricaux et des conservateurs, obligeant le ministre à démissionner. Accusé d'avoir osé expliquer la fécondation des fleurs devant des jeunes filles jugées innocentes par certains moralisateurs, les cours du soir sont supprimés après deux années d'existence et Fabre est dénoncé comme subversif et dangereux. Incapable de gérer une telle atteinte à son honneur, il démissionne de son poste au lycée fin 1870. Malgré ses vingt-huit ans de service, il quitte l’enseignement sans obtenir de pension.
De plus, ses bailleuses, deux vieilles demoiselles bigotes, convaincues de son immoralité, le mettent en demeure de quitter la rue des Teinturiers. À leur demande, il reçoit la visite d'un huissier pour être expulsé dans le mois avec sa femme et ses enfants. C'est grâce à l'aide de Stuart Mill, qui lui avance la somme de trois mille francs, que Fabre et sa famille vont pouvoir s'installer, en novembre, à Orange. Bien que riche sur le plan scientifique, cette période n'a pas été favorable à Fabre d'un point de vue financier puisqu'il n'a bénéficié d'aucun avancement ni augmentation de salaire en dix-huit ans.
Si la lecture était le réconfort de sa misère, c’est sa plume qui va lui permettre d'en sortir. Le succès remporté par deux de ses livres destinés à la jeunesse, Le Ciel, et Histoire de la bûche ; récits sur la vie des plantes, édités par la librairie Garnier en 1867 et largement diffusés par Hachette, l’encourage à poursuivre son œuvre de pédagogue en composant des livres scolaires. Grâce à la confiance et à l'amitié de l'éditeur Charles Delagrave, Fabre participe activement à la naissance de l'école républicaine et aux prémices d'une pédagogie universelle.

Orange 1871-1879 : écrivain pédagogue

Désormais libéré des charges et des contraintes de l’enseignement, Fabre se retrouve, à 47 ans, sans situation, sans ressources et sans toit, alors que la guerre de 1870 bat son plein. Tandis que Marie-Césarine et les enfants séjournent chez ses parents à Carpentras, Fabre loge provisoirement chez un ami, le docteur Ripert, au Castel des Arènes à Orange. Puis il trouve un logement au centre ville, place des Cordeliers, qui lui permet de réunir la famille, mais trop bruyant et trop loin de la nature pour y poursuivre des études entomologiques.
En 1872, les Fabre s'installent en location pour huit ans dans la maison dite la Vinarde, située à la sortie de la ville. La garrigue aux portes du logis lui permet de recréer, avec l'aide de son fils Jules né en 1861, un petit jardin botanique et de reprendre ses observations du Chalicodome, d'étudier le Pompile apical, les Halictes, les Chrysomèles, de récolter les champignons et d'en peindre les premières aquarelles.
Mais surtout, Fabre entreprend de très importants travaux de vulgarisation qui le préparent à sa mission d'écrivain scientifique. En plus du premier volume des Souvenirs et une étude sur les Halictes, il rédige pendant les neuf ans de son séjour à Orange plus de quatre-vingt ouvrages destinés à l'enseignement, dont des manuels scolaires et livres de lecture pour enfants qui, publiés par Charles Delagrave, vont connaître un grand succès : Arithmétique, Algèbre et Trigonométrie, Botanique et Zoologie, Géographie, Géologie, Physique, Chimie organique, Astronomie élémentaire, Cours de cosmographie, Le ménage ou causerie sur l'économie domestique, L'industrie…

John Stuart Mill.

Plusieurs générations d'élèves ont étudié leurs matières scolaires avec ces textes à la fois scientifiques et littéraires. Fabre se voulait pédagogue et s'en explique dans les Souvenirs affirmant que s'il écrit pour les savants et pour les philosophes, il écrit surtout pour les jeunes à qui il désire faire aimer l'histoire naturelle.
Le 7 mai 1873, il est invité à la villa Mon Loisir par Stuart Mill pour déjeuner. Arrivé à Avignon, il s’arrête d’abord chez le libraire Clément Saint-Just à l’angle de la rue des Marchands et de la place du Change, et apprend qu'il vient de décéder. Le lendemain, son ami et protecteur, mort des suites d'une pneumonie, rejoint sa femme qui l'attendait au Cimetière Saint-Véran à Avignon. Fabre lui-même est frappé par une pneumonie mais finit par guérir.
Le 14 septembre 1877, à midi, son fils Jules, gravement malade, décède à l'âge de 16 ans. Fabre est très affecté par cette disparition. Non seulement son fils l'assistait dans ses travaux entomologiques mais il voyait en lui son successeur et il lui dédicaça sa deuxième série des Souvenirs entomologiques.
Loin d'être perdues, ces dix années à Orange lui permettent de préparer les neuf volumes suivants de son œuvre capitale, les Souvenirs entomologiques. Un incident va précipiter son départ. Son propriétaire ayant fait élaguer l’allée de platanes qui conduit à sa maison, sans l’avoir prévenu, il l’accuse d’acte de barbarie et décide de quitter Orange et la Vinarde.

Le maître de Sérignan 1879-1915

En mars 1879, grâce à l'argent que lui rapporte la vente de ses livres, Fabre achète une superbe propriété à huit kilomètres d'Orange sur une terre non cultivée, qu'il nomme L'Harmas41, à la sortie du village de Sérignan-du-Comtat. Il va pouvoir enfin, dans cette nouvelle demeure, se consacrer à son rêve de toujours, l'observation des insectes et faire de l’Harmas de Sérignan le premier laboratoire vivant de la nature et de l’entomologie.
Son installation marque à la fois la dislocation de sa famille, certains de ses enfants sont mariés, d’autres vont le quitter, mais aussi sa recomposition puisqu'il accueille son père. Le vieux cafetier de Pierrelatte devient même une figure familière du village où il va s’éteindre à l’âge de 96 ans.
En revanche, Fabre se retrouve veuf. Son épouse décède le 25 juillet 1885, âgée de 62 ans. Pour aider aux tâches ménagères, il décide de prendre à son service une jeune domestique, fille de la dame Daudel, l’épicière du village. Par la suite, le 23 juillet 1887, il épouse en secondes noces la jeune Marie Josèphe Daudel de 41 ans sa cadette qui va lui donner trois enfants. Le couple voit naître successivement Paul, le 14 septembre 1888, Pauline, le 30 mars 1890, et Anna, le 31 octobre 1893.
L'entomologiste se heurte à un nouveau problème, la chute de la vente de ses ouvrages à partir de 1884. L'instruction obligatoire — depuis les lois de Jules Ferry — dans le cadre de la laïcité, fait contester par bon nombre d'inspecteurs primaires ses livres considérés de support de l'autorité de l'Église pour les trop fréquentes allusions spirituelles qui s'y trouvent. Le 27 janvier 1889, dans une lettre à son éditeur, il avoue son anxiété et confie que le désespoir commence à le gagner. Il est plus ou moins sauvé de la misère par la reconnaissance de ses pairs. Membre correspondant de l'Institut depuis 1887, il reçoit deux ans plus tard le prix Le Petit Dormoy, doté de 10 000 francs. C'est un encouragement qui stimule Fabre.
L'Harmas devient rapidement son lieu privilégié d'observation des mœurs des insectes. Pour ce faire, Fabre est amené à concevoir des appareils aussi curieux que rudimentaires mais dont l'utilité est prouvée par les résultats de ses observations. Ce qui lui permet d'écrire la deuxième série des Souvenirs entomologiques. Huit autres séries vont suivre, à un rythme irrégulier jusqu'en 1907.
Pour ce faire, il s'adjoint deux jardiniers auxquels il va rendre hommage dans son œuvre. Le premier est Favier, un ancien militaire. Dans son tome II, Fabre cite une anecdote mettant en exergue ses répliques assassines, son esprit vif et son bon sens :
« Je venais de récolter une poignée de crottes de lapin où la loupe m'avait révélé une végétation cryptogamique digne d'examen ultérieur. Survient un indiscret qui m'a vu recueillir dans un cornet de papier la précieuse trouvaille. Il soupçonne une affaire d'argent, un commerce insensé.
Tout, pour l'homme de la campagne, doit se traduire par le gros sou. À ses yeux, je me fais de grosses rentes avec ses crottes de lapin.
« Que fait ton maître de ces pétourles c'est le mot de l'endroit? demande-t-il insidieusement à Favier. Il les distille pour en retirer de l'essence répond mon homme avec un aplomb superbe.
Abasourdi par la révélation, le questionneur tourne le dos et s'en va.
À la mort de Favier, l'entomologiste engage Marius Guigues, un rempailleur de chaises aveugle depuis l'âge de 20 ans. En dépit de son handicap, celui-ci va se révéler particulièrement doué pour réaliser sur les indications de son employeur tout l'appareillage cages, pièges, boîtes d'étude pour les expériences et les observations menées par celui-ci.
Ses travaux et les conditions précaires qui conditionnent ses recherches sont maintenant connus au plus haut niveau. En 1907, le préfet du Vaucluse, Belleudy, déclare publiquement être affligé de voir « un aussi grand esprit, un tel savant, un pareil maître de la littérature française aussi peu aidé. Il intervient auprès du ministre Gaston Doumergue qui accorde à Fabre une allocation de 1 000 francs sur le crédit des encouragements aux gens de lettres. Peu satisfait, le préfet revient à la charge lors de la session du Conseil Général de Vaucluse, en août 1908. L'assemblée décide de lui verser une rente annuelle de 500 francs en hommage public rendu à sa haute science et à son excessive modestie. De plus est mis à sa disposition l'appareillage du laboratoire départemental de chimie agricole qui était inemployé et qui devait être vendu.
L'académicien Edmond Rostand, qui écrivit le 7 avril 1910 à propos des ouvrages de Jean-Henri Fabre :
Ses livres ont été mon enchantement pendant une bien longue convalescence.
C'est en 1907 que des liens se créent puis qu'une amitié s'installe entre Fabre et son disciple le docteur Legros, député du Loir-et-Cher. Celui-ci décide de le faire connaître du monde entier et rédige en 1910 une première biographie illustrée de 112 pages, Jean-Henri Fabre, naturaliste, puis une seconde en 1912, richement documentée par la correspondance de Fabre : La vie de J.-H. Fabre, naturaliste, ouvrage qui va être traduit dans de nombreuses langues, la version anglaise paraissant dès 1913.
Le docteur est aussi à l'origine de l'idée de célébrer son jubilé. Pour ce faire, il réussit à réunir autour de lui des personnalités comme Henri Poincaré, Edmond Rostand, Romain Rolland et Maurice Maeterlinck, tous admirateurs de Fabre. Le jour de la cérémonie, le 3 avril 1910, Edmond Perrier, de l'Institut, lui remet une plaquette d'or sur laquelle avait été gravés au recto le portrait du maître et au verso une composition représentant son œuvre, son village de Sérignan et le Ventoux. Edmond Rostand, qui n'a pu être sur place, envoie un message :
« Empêché de venir au milieu de vous, je suis du meilleur de mon cœur avec ceux qui fêtent aujourd'hui un homme admirable, une des plus pures gloires de France, le grand savant dont j'admire l'œuvre, le poète savoureux et profond, le Virgile des insectes, qui nous a fait agenouiller dans l'herbe, le solitaire dont la vie est le plus merveilleux des exemples de sagesse, la noble figure qui, coiffée de son feutre noir, fait de Sérignan, le pendant de Maillane.
C'est justement au cours de l'année 1913 que, se rendant à Maillane pour saluer Frédéric Mistral, le président de la République Raymond Poincaré apporte l'hommage de la nation à Fabre. Devant une foule immense, il s'adresse à lui en ces termes :
« Ce n'est pas seulement par la patience de vos recherches et la consciencieuse exactitude de vos observations que vous avez donné à l'entomologie et à la science en général une gloire nouvelle. Vous avez mis dans les êtres les plus humbles une attention si passionnée, une pénétration si ardente, un enthousiasme si bienveillant et si compréhensible, que dans les plus petites choses, vous avez fait voir de très grandes et qu'à chaque pas de votre œuvre nous éprouvons la sensation de nous pencher sur l'infini.
La déclaration de la guerre en 1914, bouleverse à nouveau sa vie. Devenu une nouvelle fois veuf55, il est à la charge de sa seule fille Aglaé qui s'adjoint pour le soigner la sœur Adrienne, une religieuse de la congrégation de Viviers. Son fils Paul est sur le front, et un an plus tard, Jean-Henri Fabre apprend avec joie qu'il est sain et sauf après la victoire de la Marne.
Contraint depuis des mois de garder le lit à cause de ses crises d'urémie, Jean-Henri Fabre entre en agonie le 7 octobre et s'éteint le 11 octobre 1915, à six heures du soir, âgé de 91 ans. Il est enterré dans la tombe familiale du vieux cimetière de Sérignan. Fabre y avait fait graver deux phrases en latin : Quos periisse putamus praemissi sunt ceux que nous croyons perdus ont été envoyés en avant de Sénèque et Minime finis sed limen vitae excelsioris la mort n'est pas une fin mais le seuil d'une vie plus haute, de lui-même.

Poète félibre et compositeur

Les sept membres fondateurs du Félibrige, dont Joseph Roumanille et Frédéric Mistral, que Fabre rejoignit en tant que Felibre di Tavan.
Épris de poésie depuis son enfance, on sait qu'à l'âge de dix sept ans, Fabre n'hésita pas à sacrifier ses trois francs durement gagnés pour l'achat des Poésies de Jean Reboul. L'année suivante, il publie un premier poème dans L'indicateur d'Avignon du 26 juin 1842, suivi du commentaire : Ces vers, qui annoncent d'heureuses dispositions pour la poésie, sont d'un jeune homme de dix-sept à dix-huit ans, élève de l'École normale d'Avignon. Il a vingt et un ans quand L'Écho du Ventoux du 20 janvier 1844 publie son poème Les Fleurs, puis Ce que donne l'or, bientôt suivi d'une série de poèmes sur la nature, dont Les Mondes paru dans le Mercure Aptésien le 26 février 1845, remarqué par Camille Flammarion.
En 1854, le Docteur Barjavel de Carpentras, érudit bibliophile, cherche à faire publier le poème Arytmos de Fabre, mais n'y parvient pas. Il en avait pourtant déjà rédigé un commentaire, qui devait figurer en tête du poème, dans lequel il loue les qualités littéraires du naturaliste : M. Jean-Henri Fabre, auteur de l'ode remarquable qu'on va lire, n'en est pas, comme poète, à son coup d'essai. Déjà, il y a plusieurs années, son talent littéraire, que corroborent aujourd'hui ses nombreuses acquisitions scientifiques, s'était dévoilé par diverses productions qui étincellent comme des diamants de la plus belle eau.
Dès 1868, Fabre se lie avec Joseph Roumanille, fervent admirateur de ses cours du soir, lequel lui présente ensuite son élève Frédéric Mistral. Ce dernier l'invite à rejoindre le Félibrige et à publier ses poèmes sous le nom de Felibre di Tavan le Félibre des Hannetons. En 1909, Roumanille édite un recueil de 21 poésies de Fabre en provençal, avec traduction française en regard : Oubreto Prouvençalo dóu Felibre di Tavan et dont le titre complet était : Oubreto Prouvençalo dóu Felibre di Tavan, rambaiado pèr J.H. Fabre, Œuvrettes Provençales du Félibre des Hannetons recueillies par J.-H. Fabre, Avignon, Roumanille, 1909. Il est élu Majoral du Félibrige Cigalo de Carcassouno, o de l'Amourié en 1909
Un recueil de soixante-six poésies, écrites à ses brèves heures de loisir entre 1842 et 1908, dont une série de vingt-six avec pièces musicales composées par Fabre lui-même sur le petit harmonium de l'Harmas, a été publiée pour le centenaire du félibrige chez Delagrave en 1925, puis rééditée en 1980 chez Marcel Petit, Raphèle-lès-Arles : Poésies françaises et provençales de Jean-Henri Fabre, recueillies en édition définitive du Centenaire par Pierre Julian.
Pour Revel, qui consacre une biographie à celui qu'il appelle, selon le mot de Victor Hugo, l’Homère des insectes, toute l'œuvre de Fabre, et non plus seulement ses poèmes, est imprégnée de cette humanité virgilienne qui fait frémir les Géorgiques et l’Énéide.

Homme de sciences fin de sa vie.

Jean-Henri Fabre entretient une correspondance avec Stuart Mill, Joseph Roumanille et Frédéric Mistral, mais surtout avec Charles Darwin, dont il n'admet pas la théorie de l'évolution. En effet, ce concept trop nouveau va à l'encontre des idées véhiculées par la religion encore très présente à cette époque. Fabre lui-même sera influencé dans ses analyses et ses écrits par la religion.
En 1859, soit vingt ans avant la parution des Souvenirs, Darwin, qui avait déjà pressenti son génie, le cite dans l’Origine des espèces et le sacre inimitable observer » observateur incomparable.
On trouve au chapitre VII de la série II des Souvenirs, intitulé Nouvelles recherches sur les chalicodomes, un témoignage de l'estime que Fabre avait pour Darwin :
Ce chapitre et le suivant devaient être dédiés, sous forme de lettre, à l'illustre naturaliste anglais qui repose maintenant à Westminster, en face de Newton, à Charles Darwin. Mon devoir était de lui rendre compte du résultat de quelques expériences qu'il m'avait suggérées dans notre correspondance, devoir bien doux pour moi, car si les faits, tels que je les observe, m'éloignent de ses théories, je n'ai pas moins en profonde vénération sa noblesse de caractère et sa candeur de savant. Je rédigeais ma lettre quand m'arriva la poignante nouvelle : l'excellent homme n'était plus ; après avoir sondé la grandiose question des origines, il était aux prises avec l'ultime et ténébreux problème de l'au-delà. Je renonce donc à la forme épistolaire, contresens devant la tombe de Westminster. Une rédaction impersonnelle, libre d'allures, exposera ce que j'avais à raconter sur un ton plus académique.

Fabre, une référence

Au début des années 1920, Étienne Rabaud, professeur à la Faculté des sciences de Paris, dans un livre intitulé Fabre et la science, l'accusa d'avoir refusé le transformisme, manqué d'originalité et eu une trop grande tendance à généraliser. Lui reprochant par la même occasion des observations assez approximatives, il alla jusqu’à affirmer que des dix volumes des Souvenirs entomologiques, il ne restait que quelques dizaines de pages utiles.
De nos jours, Fabre a été à nouveau mis en cause par Patrick Tort dans son ouvrage : Fabre le miroir aux insectes, un livre qui se veut démystificateur de la légende de celui que Victor Hugo avait surnommé l'Homère des insectes. L’auteur, spécialiste du darwinisme, est aussi le fondateur en 1998 de l'Institut Charles-Darwin international. L’accueil de cet ouvrage a été très mitigé. Pour un critique, cet auteur donne l'impression de fouiller partout pour systématiquement tout dénigrer. Il constate que ce livre commence avec peu d'élégance — personne ne pouvant défendre Fabre dans ses attaques contre la théorie de l'évolution — car en définitive Patrick Tort ne relève pas tant que cela d'incorrections et d'erreurs volontaires ou involontaires de l’entomologiste. Quant à Alain Prevot, auteur d'un suivi éditorial du livre de Tort, il dénonce, avec l'auteur de Fabre, le miroir aux insectes, la sainteté supposée de Fabre, et s’étonne de constater que l’homme des insectes conserve pourtant ses adeptes enthousiastes, ses cultes régionaux et ses célébrations jubilaires — en Aveyron, en Provence, à Paris, au Japon et ailleurs. Il salue dans cet ouvrage le premier livre consacré à une analyse scientifique et critique de l’œuvre et de la doctrine naturalistes de celui qu’il appelle le savant occitan.
L’étude d’Eileen Crist, professeur assistant au Centre des Études interdisciplinaires de l’Institut polytechnique de Virginie, mérite également d'être mentionnée, tout d’abord parce qu’elle est écrite dans un pays, les États-Unis d'Amérique, où le néo-créationnisme connaît un très fort succès sous le camouflage de l’Intelligent Design le dessein intelligent. Elle met l'accent sur la vision des naturalistes de la fin du XIXe siècle Jean Henri Fabre et George et Elizabeth Peckham face au monde animal.

La garance des teinturiers

Appliquant une méthode que les spécialistes des sciences sociales appellent Verstehen, ils n’ont, d'après elle, vu à travers l'action de l'animal qu’un moyen de justifier et prouver leurs opinions subjectives. Leurs présuppositions naturalistes sont analysées sans complaisance et leurs effets sur la description comportementale des animaux dénoncés clairement. On peut reprocher beaucoup de choses à Fabre, mais pas sa solitude, sa pauvreté, son labeur quotidien et ses épreuves. Vivant dans un département qui subit simultanément trois graves crises agricoles, la disparition de la culture du ver à soie et de la garance, ainsi que la destruction de son vignoble par le phylloxéra, sa vie de chercheur reflète ce marasme économique. De plus, comme l’explique Jean-Marc Drouin, professeur au Muséum national d’histoire naturelle, il est à l’articulation de deux époques : par son refus du darwinisme, il clôt une époque révolue, celle où le dogme de la fixité des espèces pouvait encore se glisser dans les interstices de l’histoire naturelle ; par ses observations de terrain, il participe à la construction d’une approche scientifique des comportements animaux, et contribue à ouvrir une époque nouvelle.
Une période où tout le monde se cherche. Charles Darwin est persuadé que la démonstration de la génération spontanée sera favorable à sa théorie de l’évolution. Quant à Louis Pasteur, il ne se réfère jamais à Lamarck et ne cite qu’une seule fois les travaux de Darwin en 1879. Par ailleurs, tous les grands pastoriens d’alors — Flourens et Milne Edwards en particulier — sont anti-darwiniens.
Déjà, en 1973, un entomologiste comme Lucien Chopard considérait que l’œuvre de Fabre avait été très injustement attaquée : Ce que l’on peut reprocher à Fabre, c’est d’avoir, sous le mauvais prétexte de l’isolement, voulu ignorer systématiquement ce qui avait été fait avant lui. Mais son œuvre reste pleine d’observations exactes, et il semble bien que ce soit lui qui, le premier, a signalé les hypermétamorphoses. Quant à son style, qui lui a bien souvent été reproché, il oblige le naturaliste, qui ne cherche que le fait brutal, à lire quelques pages qui lui paraissent inutiles, mais il a aussi permis à des milliers de lecteurs d’entrer agréablement dans le monde des insectes.
Aujourd’hui plus que jamais, certains ne peuvent pas comprendre l’opposition de Fabre à la théorie de l’évolution, du fait de sa popularité d’auteur naturaliste et de pédagogue des sciences. Tout en regrettant ou pas, le climat religieux qui a entouré la glorification de son œuvre depuis le début du XXe siècle, d’autres lisent encore ses ouvrages avec toujours autant de plaisir en découvrant un merveilleux conteur de la vie des insectes et en lui pardonnant sa mauvaise foi et son parti-pris évidents. C’est à ces interrogations que répond Jean-Marc Drouin : Les Souvenirs entomologiques occupent une place centrale dans les textes de langue française sur les insectes. Tout d’abord parce que, dans ces dix volumes, se croisent une tradition littéraire informée sur la science et une tradition scientifique soucieuse du bien dire. Rétrospectivement, il est significatif que ceci se fasse à propos des insectes, qui, par leur nombre et leur rôle dans les écosystèmes, constituent une pièce maîtresse de la biodiversité. Enfin la popularité des Souvenirs entomologiques oblige à nous interroger sur la fascination — mêlée de répulsion — qu’exerce sur beaucoup de lecteurs le monde des insectes. Peut-être parce que les insectes, à la fois proches et étranges, constituent les plus petits acteurs dans lesquels nous pouvons être tentés de projeter nos rapports sociaux et affectifs, nos tâches et nos peines.
Fabre demeure donc encore, près d'un siècle après sa mort, une référence en matière d'observation du monde des insectes, tant pour le spécialiste que pour l'amateur. On comprend pourquoi en 1911, Edmond Rostand lui consacra une série de huit sonnets : Fabre des insectes. Pourquoi aussi, toujours en France, Henri Diamant-Berger en 1951 a réalisé Monsieur Fabre, qu'un timbre-poste de France à son effigie à la valeur faciale de 12 f. gravé par Robert Cami a été mis en vente le 7 avril 1956 ou encore que le dessinateur Gotlib l'a représenté dans son œuvre, mais c'est au Japon, où de nombreuses publications81 et des expositions lui ont été consacrées qu'il connaît une grande popularité. La visite de l'Harmas de Sérignan semble faire partie de l'itinéraire culturel de certains touristes nippons. En URSS, l'entomologiste Nikolaï Plavilchtchikov a popularisé son œuvre pour des générations de lecteurs.
Le docteur Legros, dans sa première biographie, écrit que sa devise aurait pu être De fimo ad excelsa, du bas vers la perfection. C'est peut-être cette attitude de Fabre, alliant la rigueur de la morale confucianiste, à la souplesse quasi-shintoïste de la conscience des lois de la nature, qui explique l'admiration dont il est l'objet en Extrême-Orient et particulièrement au Japon.
2007 a été l'année du centenaire des Souvenirs entomologiques. Pour célébrer cet anniversaire particulier, la maison d'édition sud-coréenne Hyeonamsa a entrepris la traduction de l'œuvre intégrale de Jean-Henri Fabre ainsi que de la biographie d'Yves Delange.

Thèses et publications scientifiques

Docteur ès-Sciences, ses recherches touchent à l'entomologie, la botanique, la chimie organique, la mycologie et la biologie :
Thèse de Doctorat présentée à la Faculté des Sciences de Paris en 1855 Imprimerie de L. Martinet, Paris, 1855:
Sujet principal en zoologie: Recherche sur l'anatomie des organes reproducteurs et sur le développement des myriapodes ;
Sujet secondaire en botanique : Recherche sur les tubercules de l'Himantoglossum Hircinum.

Botanique

La botanique occupe une place non négligeable dans l'œuvre de Fabre. Son fameux carnet de notes, qui ne le quitte pas, est émaillé de diagrammes de fleurs et d'observations originales, notamment sur les aspects dynamiques des végétaux et leur écologie : il étudie les mouvements des étamines des Opuntia, ceux des vrilles des Cucurbitacées, la germination des Ophrys (orchidées et les parties hypogées souterraines des Vesces.
Observations sur les fleurs et les fruits hypogés de Vicia amphicarpa, Paris 1855, Bulletin de la Société Botanique de France 1;
Sur la nature des vrilles des Cucurbitacées, Paris 1855, Bull. Soc. Bot. France 2;
Recherches sur les tubercules de l'Himantoglossum Hircinum, Paris, L. Martinet,‎
De la germination des Ophrydées et de la nature de leurs tubercules, Paris 1857, Annales des sciences naturelles et de zoologie, 4e série, tome V

Mycologie

Fabre s'intéressa aux champignons dès son plus jeune âge, comme le montrent de nombreuses anecdotes rapportées dans les Souvenirs.

Publications

Les truffes noires du Ventoux dont Fabre étudia la reproduction.
En tant que naturaliste, il publia les travaux suivants :
Sur la phosphorescence de l'agaric de l'olivier; Note de M. Fabre présentée par M. Ad. Brongniart, Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, juillet-décembre 1855, Tome XLI p. 1245 ;
Recherche sur les causes de la phosphorescence de l'agaric de l'olivier, Annales des sciences naturelles et de zoologie, 4e série, tome IV, Cahier no 3, Paris 1856 ; réédition Imprimerie de L. Martinet ;
Notes sur le mode de reproduction des truffes, Bulletin de la Société d'Agriculture et d'Horticulture de Vaucluse, Avignon séance du 6 avril 1857 ;
Essai sur les Sphériacées du département de Vaucluse, Annales des sciences naturelles, Botanique, 6e série, 9: 66-118 1878 ;
Insectes et champignons, Souvenirs entomologiques, Xe série, chapitre XX 1907;

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Posté le : 09/10/2015 22:38

Edité par Loriane sur 10-10-2015 21:47:20
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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