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De 18290 France
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II - L’étendard, le pennon, l’armure, les chevaux et les gens de la maison de Jehanne la pucelle, bâtarde d’Orléans.
Après son examen de Poitiers et un deuxième séjour à Chinon, Jehanne était à Tours dans la deuxième quinzaine d’avril 1429. Elle logeait à l’Hôtel de Jean du Puy (1) seigneur de la Roche, de Saint Quentin. Cet homme était le Conseiller principal de Yolande d’Aragon duchesse d’Anjou. Son épouse Eléonore Lapau ou de Pau (2) était –elle, Dame d’honneur de Marie d’Anjou, fille de Yolande d’Aragon épouse du Dauphin Charles. Cette demeure se situait entre la rue des Carmes, (aujourd’hui la rue Paul Louis Couturier) où se trouvait l’entrée principale et la rue de la poissonnerie (aujourd’hui la rue Littré) (3). Ce fut en ce lieu qu’elle apprit de la bouche de Gilbert Mottier de La Fayette qui était l’un de ses meilleurs appuis dans l’entourage de Charles, qu’elle était autorisée par le Dauphin de se mettre en œuvre pour aller secourir Orléans. Ceci étant, Jehanne devait s’équiper militairement pour partir délivrer Orléans. Et comme elle avait son épée de Fierbois, il lui fallait donc un étendard, un pennon une armure des armes de mains et des chevaux.
L’étendard et le pennon. Pour confectionner l’étendard et le pennon, Jehanne fit appel à maître Hauves Poulnoir qui était d’origine écossaise et dont le vrai nom était James Power. Son échoppe tourangelle se situait rue du Boucassin (aujourd’hui rue du Président Marville) (4). Avant de faire commerce à Tours, cet artisan s’était établi en 1428 à Poitiers où il peignait et vernissait alors des lances (5). Jehanne indiqua à l’artisan la forme de l’étendard et du pennon ainsi que la nature des images pieuses qu’elle voulait y voir figurer. Pour ces réalisations, il fut choisi et coupé à leurs formes, une pièce de boucassin blanc sur lesquelles Jehanne fit représenter le jugement dernier ce qui n’avait jamais été fait en France et l’Annonciation qui déjà s’était fait en Italie. (6) Il est indéniable que l’influence iconographique franciscaine découlant de la double influence de Vincent Ferrer et de Bernardin de Sienne, prêchée en Champagne par le Cordelier frère Richard (7) en 1428, eut une influence sur le mysticisme de Jehanne.
Nul ne sait comment étaient exactement disposées les représentations iconographiques qui furent dessinées sur l’étendard et le pennon de Jehanne. Les témoignages qui nous décrivent ces enseignes sont ceux de Jehanne elle-même lors de son procès. Ceux de Jean Pasquerel et de Jean d’Alençon à qui on demandera de s’en souvenir bien longtemps après, lors du procès en annulation. Les représentations qu’on crut bon de faire de ces deux enseignes, sont de purs fantasmes qui n’ont rien à voir avec une démarche de recherche historique. Voilà ce qu’en ont dit pour l’essentiel Jehanne (8), Jean Pasquerel qui peut être considéré comme un témoin digne de foi dans la mesure où ses souvenirs sont restés fidèles à la réalité et Jean d’Alençon qui reconnaitra avoir du mal à se souvenir.
L’Etendard Il était confectionné en toile de boucassin blanc. Le pourtour était frangé de soie or. Le fond était semé de fleurs de lys héraldiques. Sur une face figurait le jugement dernier représentant le Saint Sauveur assis sur l’arc du ciel montrant ses plaies. Il y avait aussi une colombe et des Anges volants du jugement dernier. Sur une autre face figurait l’écu de France. L’inscription JHESUS MARIA y était écrite.
Le Pennon Il était fait de la même matière que l’étendard. Le fond était aussi semé de fleurs de lys héraldiques. Y figurait la représentation de Marie en Annonciation revêtue d’un manteau bleu. L’inscription JHESUS MARIA y était écrite. Le coût de cet étendard et de ce pennon fut de 25 livres tournois.
L’armure Pour ce qui fut de la fabrication de son armure beaucoup de sornettes ont été dites ! Qu’on se le dise une bonne fois pour toutes, il n’existait pas pour les chevaliers des armures prêtes à porter ! Si Jehanne eut la sienne si vite c’était : - Soit parce qu’elle fut fabriquée sur mesure par un artisan exceptionnel. Et celui qui fit celle de Jehanne l’était ! - Soit parce que les enquêteurs partis sur l’ordre du Dauphin s’instruire de la moralité de Jehanne à Domrémy, avaient ramené avec eux comme modèle, à cet artisan exceptionnel, l’armure que Jehanne se servait lors de ses entrainements au château d’Isle et qui lui avait servi, presque surement, au tournoi de Nancy organisé par le duc Charles de Lorraine. Cette dernière hypothèse qui ne peut en aucun cas être écartée aurait pu permettre à l’Armurier Haubergier de commencer à œuvrer à l’armure de Jehanne alors qu’elle était encore à Poitiers. Cet artisan Armurier – Haubergier de son état, s’appelait maître Colas de Montbazon. Il demeurait Grande Rue à Tours (aujourd’hui rue Colbert). Il confectionna pour Jehanne à ses mesures et pour son corps de femme, un harnois complet (9). Nous parlons ici de "harnois blanc", c'est-à -dire d’une armure de plus de 200 pièces faites minutieusement à la forge et assemblées sur mesure, appelée comme cela à cause du fer poli et brillant qui lui donné sa couleur. Cette armure couta 100 livres tournois. (10)
Les Chevaux Il y a de grande chance que Jehanne effectua son voyage de Domrémy à Chinon en chevauchant le cheval que lui donna le duc Charles de Lorraine lors de son départ de Nancy. Elle en reçut deux autres du duc Jean d’Alençon. L’un à Chinon après avoir couru une lance avec le duc sur le pâtis du château près de la Vienne. L’autre à Tours que le duc lui fut offrit alors qu’elle était en la maison d’Eléonore Lapau. Elle en eut plusieurs autres notamment le demi-coursier avec qui elle se fit prendre prisonnière à Compiègne.
La Maison de Jehanne Le dimanche 24 avril 1429, Jehanne ressembla sa « Maison » (11) » en vue de quitter Tours pour se rendre à Blois où déjà se formait une armée afin de secourir Orléans. Il y avait là : Pour son service domestique : - Un maître d’hôtel. - Deux valets. - Anne de Maille, épouse de Guillaume Bellier, qui sera la première Dame d’honneur de la suite de Jehanne, qui supervisera tout ce petit monde (12). Pour sa protection et son service des armes : - Guillaume Bellier (13), lieutenant- général du capitaine de Chinon sire Raoul de Gaucourt, conseiller de Charles duc d'Orléans. - Le chevalier Jean d’Aulon (14), ex-capitaine des gardes du roi Charles VI. Il sera l’écuyer de Jehanne. - Louis de Courtes (15), âgé de 15 ans, surnommé « Minguet », Il est fils de Jean dit aussi Minguet de Coutes, seigneur de Fresnay-le-Gilmer, de la Gadelière et de Mitry, chambellan du duc d’Orléans et capitaine de Châteaudun, et de Catherine Le Mercier, dame de Noviont et de Rugles. Louis sera l’un des deux pages de Jehanne. - Raymond, âgé de 14 ans. On ne sait rien de lui. Il sera le porte-étendard de Jehanne et sera tué à ses côtés lors du siège de Paris. - Bertrand de Poulengy (16), qui veillait sur Jehanne depuis son plus jeune âge, sans doute missionné à cette tâche par Yolande d’Aragon. Ce fut le chef militaire de l’escorte qui avait protégé Jehanne lors de son voyage de Vaucouleurs à Chinon. - Jean de Nouillonpont ou Novelenpont dit Jean Metz (17) qui s’attacha à Jehanne à Vaucouleurs et qui fit partie de la troupe qui conduisit Jehanne de Vaucouleurs à Chinon. - Pierre et Jean d’Arc (18) frères adoptifs de Jehanne avec lesquels elle avait grandi à Domrémy. - Enfin, une garde écossaise composée de douze cadets. Pour affirmer sa position sociale et assurer sa spiritualité : - Le sire d’Ambleville, Héraut d’armes venant de la maison de Julien des Essars, époux d’Isabeau de Vendôme. Il était l’un des deux hérauts d’armes mis à la disposition de Jehanne. - Le sire de Guyenne, héraut d’Armes venant de la maison du roi. Il était, lui aussi, héraut d’Armes mis à la disposition de Jehanne. Ils portaient tous deux les écussons "Fleur de Lys et cœur de Lys" - Le frère jean Pasquerel (19) qui était le chapelain et confident de Jehanne. - Le frère Nicolas Vouthon son cousin germain d’adoption, qui était son secrétaire. - Mathelin Raoul qui était chargé de faire ses dépenses et tenir ses comptes.
Johan (JR.).
Notes de Référence et Bibliographie partielle :
(1) Déposition de frère Jean Pasquerel (2)Déposition de Louis de Contes, seigneur de Nouyon et de Rengles.
(3) BOSSE6BOEUF. (Abbé.). « Jeanne d’Arc en Touraine. Bulletin de la Société Archéologique de Touraine. 1899 – 1900. Pages 37 et suivantes. Bibliothèque de l’Ecole des Chartes. T90, 1929.
(4) BOISSONNOT. (Chanoine.). : « Jeanne d’Arc à Tours ». 1909.
(5) Archives Nationales KK 53 F° 84 U°.
(6) Description par Jehanne de ses emblèmes au cours de son procès : -Le 27 février 1430 - Interrogée si, lorsqu'elle vint à Orléans, elle avait une enseigne, en français étendard ou bannière, et de quelle couleur elle était ? Elle répond : « qu'elle avait une enseigne dont le champ était semé de lys, et il y avait là le monde figuré et deux anges sur les côtés, et il était de couleur blanche, de toile blanche ou boucassin, et étaient là ces devises : Jhesus Maria, ainsi qu'il lui semble, et les franges étaient de soie ». -Le 10 mars 1430 - Interrogée de nouveau, sur les représentations peintes sur cet étendard elle répond : « que sainte Catherine et sainte Marguerite lui dirent qu'elle le prit hardiment et le porta hardiment et qu'elle fit mettre en peinture le roi du Ciel... et de la signifiance elle ne sait pas autre chose ». - Le 17 mars 1430 - Interrogée encore sur les images qu’elle a fait peindre sur ses étendards elle répond : « qu'elle les a fait peindre de la même manière qu’elles sont peintes dans les églises. » - Le 17 mars 1430, dans l'après-midi. – Interrogée sur les deux anges qui étaient peints sur son étendard représentant Saint Michel et Saint Gabriel, elle répond : « qu'ils n'y étaient forts seulement pour l'honneur de Notre Seigneur, qui était figuré tenant le monde. - Interrogée sur ces deux anges, qui étaient figurés sur l'étendard elle répond : « qu’ils étaient les deux angles qui gardent le monde, et pourquoi il n'y en avait pas parce que ça lui était commandé par Nostre Seigneur. Ce qu’elle fit peindre sur cet étendard d, répond à tout ce qui lui était commandé par Nostre Seigneur ; par les voix de saintes Catherine et Marguerite qui lui dirent de peindre sur cet étendard ce que commande le roy du Ciel. Elle y fit faire ces figures de notre Seigneur et de deux angles de la couleur demandée par leur commandement ».
(7) Jehanne rencontrera frère Richard lorsqu’elle arrivera devant Troyes sur la route qui conduisait le Dauphin Charles à Reims pour son sacre. Ceci n’exclut pas qu’elle avait connaissance du Cordelier et de ses prêches.
(8) Interrogatoires de Jehanne du 27 février 1430, du 10 et 17 mars 1430.
(9) Témoignage de Jean d’Aulon.
(10) BUTTIN. « Une prétendue armure de Jeanne d’Arc. 1913.
(11) Gens attachés à sa personne soit pour son service, soit pour sa protection, soit pour sa position sociale.
(12) TOLLERON. (Robert.). : « La putain des armagnacs une Sainte – Chronologie de la vie de Jehanne d’Arc » Boën 1978. Page 68.
(13) Guillaume Bellier ou Beslier, seigneur de Chérelles, de Savary et de La Renaudière, Il fut Capitaine du château de Chinon de 1418 à 1429. Puis premier veneur du roi en1424. Il hébergera Jehanne dans son logis du Coudray durant son séjour à Chinon. Il accompagna l’armée royale au sacre de Reims. Bailli de Troyes en 1429, il gardera cette charge jusqu’à sa mort qui survient certainement en 1449. Guillaume avait épousé vers 1420 Anne (ou Marie) de Maillé, fille de Jean de Maillé, seigneur de la Rochebourdeuil, et d’Henriette Ourceau.
(14) Jehan d’Aulon naquit vers 1390 à Fezansac dans le Languedoc. Il est le fils d'Arnaud-Anson d’Aulon. En 1415, il épouse Michelette Juvénal des Ursins fille de Jean Jouvenel des Ursins Président du parlement de Poitiers. Devenu veuf, il épouse en 1428 Hélène de Mauléon, dame de Caudeval. Quand il devient écuyer de Jehanne Jean d’Aulon est un combattant reconnu par l’entourage du Dauphin Charles pour son courage. Lors de la rescousse de Montargis ou il était sous les ordres du Bâtard d’Orléans il eut quatre chevaux tués sous lui. Il sera fait prisonnier à Compiègne, en même temps que Jehanne, il sera un temps emprisonné avec elle dans la forteresse de Clairoix.
(15) Louis de Coutes, dit Minguet, deviendra seigneur de Noviont, de Rugles et d’Herbécourt. Présent à Chinon, comme page de Raoul de Gaucourt, il fut désigné pour passer dans la maison militaire de Jehanne qu’il suivra jusqu’en août 1429. Il fut panetier du roi en 1436. Il épousa Guillemette de Vattetot. Il faut noter qu’à cause de mauvaises transcriptions d’actes et documents, il fut faussement appelé par certains historiens Louis de Contes, dit Muguot.
(16) Bertrand de Poulengy, Poulangy ou Polongy, dit « Pollichon » seigneur de Gondrecourt. Bertrand de Poulengy fut un gentilhomme champenois, né vers 1392. Il aurait été le fils de Jean de Poulengy anoblit en 1425. Il Fut être écuyer de la maison du roi. Bertrand fut l'un des deux chevaliers à qui Baudricourt confia Jehanne pour la mener à Chinon. Il fut aux côtés de Jehanne durant toute son épopée. Mais on sait peu de choses sur cet homme qui avait la confiance de Baudricourt, de Yolande d’Aragon et de son fils René d'Anjou, ses suzerains.
(17) Jean de Metz ou Mès, seigneur de Nouillonpont ou Novelenpont était né vers 1398. Jean de Metz fut l'un des deux gentilshommes à qui Robert de Baudricourt confia Jehanne par Robert pour l'accompagner à Chinon. Il accompagnera Jehanne durant toute son l'épopée. Certain historiens affirment que Jean de Metz n'aurait été anobli, qu'en 1448 ? Ce que nous doutons fortement !
(18) Jehan et Pierre d’Arc sont les deuxième et troisième fils de Jacques d’Arc et d’Isabelle de Vouthon dite Romée. - Jehan, dit Petit Jehan, deviendra Jehan du Lys et sera nommé en 1452 bailli du Vermandois et capitaine de Chartres. En 1457, il sera Capitaine de Vaucouleurs pendant dix ans. - Pierre, accompagnera Jehanne jusqu’à Compiègne où il fut fait prisonnier avec elle. Il se ruina pour payer sa rançon, et termina sa vie à Orléans. Le duc d’Orléans lui donna, en amont d’Orléans l’île aux Bœufs et ses pâturages. Le roi Charles VII lui attribua les revenus provenant d’un droit de péage dans le bailliage de Chaumont. Pierre fut fait chevalier de l’ordre du Porc-épic créé par Charles d’Orléans. Il eut un fils, curieusement surnommé "la Pucelle".
(19) Frère Jean Pasquerel fut lecteur au couvent des Augustins à Tours. Alors qu’il se trouvait pour un pèlerinage au Puy-Notre-Dame en même temps que Bertrand de Poulengy et de Jean de Metz, ainsi qu’un frère de Jeanne (et non sa mère), qui étaient venus prier devant la ceinture de la Vierge conservée dans l’église de cette localité, à dix lieues de Chinon, Il apprit de ces hommes l’existence de Jehanne et de sa mission. De retour à Tours, Frère Pasquerel devint le chapelain de Jeanne et la suivit dans toute son épopée, jusqu’à Compiègne.
Posté le : 24/03/2018 17:47
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