Dieu ne joue pas aux dés
Dieu ne joue pas aux dés, disait Albert, Un petit polisson nourri à la physique. Moi je compte mes pieds et use le Robert, Que c'est difficile de la jouer poétique.
Je veux sortir de mon trou, me faire éditer, Devenir un nervi et avoir pleins de potes, Sur un site à la mode qui va me publier, Quitte à baisser mon froc pour engranger les votes.
Rien ne sert de courir, chantait ma mémé, Une brave vieille pleine de confiture. Moi je n'ai pas le temps, et surtout pas l'été, Pour égaler Rimbaud et montrer ma culture.
Je cire des pompes, avale des pythons, Tout est bon pour l'ego même le ridicule. Il est fini le temps des parcours marathons, Vive le dicton, qui n'avance pas recule.
Nous sommes désolés, commence l'éditeur, Nous n'avons retenus qu'une partie infime Des œuvres envoyées, mon cher fidèle auteur, Le reste passe en libre et ce n'est pas un crime.
Je m'en vais me venger, polluer les forums, Dénoncer ces abus et avertir le monde, Rédiger des billets et des mémorandums, Jusqu'à lever le poing et diriger la fronde.
Vous n'êtes pas gentil, écrit le webmaster, Maintenant c'est malin, je suis dans la panade, Belote et rebelote sans le dix de der, Vous gagnez la partie, poète camarade.
Je me suis trouvé, plus Maxime que Gorki, Le site est déserté, ça sent la banqueroute, Un air de revanche pour Lénine et Trotski, On ne joue pas aux dés quand on n'a pas de doute.
|