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Nouvelles confirmées : Pêche lunaire
Publié par Donaldo75 le 17-05-2019 21:24:40 ( 750 lectures ) Articles du même auteur



Le vaisseau ronronnait tranquillement dans l’hyper-espace. It-I, le capitaine et l’actionnaire principal, agitait vainement ses tentacules mais ses compagnons continuaient à gloser. Go-D, l’astrobiologiste, arguait de la valeur marchande de la cargaison. Al-F, le mécanicien, demandait qu’on lui verse en avance sa part du butin.
- C’est qui, on ?
- Tu le sais bien, Go-D.
- Et comment le saurais-je ? Je ne suis qu’un pauvre actionnaire minoritaire.
- Si tu n’avais pas joué tes parts aux cartes, tu aurais droit au chapitre, décréta It-I.

Ils avaient réussi l’impensable : capturer un indigène de la planète bleue qu’ils surveillaient depuis si longtemps. Leur périple s’était déroulé autour du satellite géant dont deux autochtones étaient en train d’explorer la face cachée. Leur équipement ne les avait pas protégés de l’assaut lancé par It-I ; l’un d’eux n’avait d’ailleurs pas survécu et son corps flottait désormais dans l’espace.

***

Le général Li renifla d’un coup sec puis lâcha une bordée d’injures en plein centre de commandes. Le conseiller Zu le laissa terminer sa tirade puis reprit son explication.
- Je disais donc que notre première préoccupation est de ramener au bercail le seul survivant, le pilote de l’orbiteur.
- Et on va faire comment ? Il faut des semaines de préparation pour envoyer une mission sur la face cachée de la Lune. Vous n’avez cessé de le clamer haut et fort devant les membres du Parti.
- Nous ne sommes pas les seuls capables d’une telle opération.
- Mais nous sommes les premiers à l’avoir fait.

Le général Li n’avait pas tort. La Chine avait pris le pas sur les autres nations spatiales, trop occupées à fantasmer sur la conquête de Mars et sa possible terraformation. Leurs installations étaient théoriquement au point pour le vol lunaire et compatibles avec la technologie chinoise. Leur demander de l’aide pour récupérer un taïkonaute semblait scientifiquement réaliste mais politiquement désastreux. Le général Li tenait à sa tête. Il décida de ne rien révéler aux autres agences.

***

Go-D affichait sa mine des mauvais jours. It-I leva un tentacule et dessina un cercle lumineux dans l’habitacle. Al-F comprit qu’il valait mieux ne pas reparler de son avance sur les bénéfices. Il laissa l’astrobiologiste exposer la situation.
- On est mal.
- Définis « mal ».
- Ces indigènes sont sexués.
- Nous aussi, rigola Al-F. Ce n’est pas un problème, que je sache.
- Oui, mais eux ils doivent être deux pour se reproduire. Un mâle et une femelle.
- C’est nul.
- C’est plus que nul, précisa It-I. Cela signifie que nous ne pouvons pas vendre ce spécimen. S’il ne peut se reproduire, il ne vaut rien sur le marché.
- Alors on l’éjecte ?

It-I expliqua qu’à ce stade, il leur couterait moins cher de faire demi-tour, de trouver une femelle, quitte à passer encore du temps caché sur le côté obscur du satellite géant. Go-D acquiesça, précisant que certaines espèces étaient tellement grégaires qu’elles n’hésitaient pas à sacrifier le troupeau pour sauver l’un des leurs. Al-F n’acheta pas les arguments présentés mais accepta de revenir en arrière parce qu’il n’avait pas d’autre choix s’il voulait rentrer dans ses frais.

***

Le module Hermès se posa en douceur sur la surface lunaire. La commandante Garnier procéda aux derniers contrôle de routine avec l’orbiteur. Elle se sentit fière d’être la première femme à fouler le sol de la Lune, à en explorer la face cachée. Son second avait comme consigne de lui en laisser la primeur, un signe symbolique pour l’égalité des sexes jusque dans la conquête de l’espace. Elle avait passé brillamment les phases de sélection, affirmé sa capacité à braver les dangers de l’éther infini, à se montrer aussi courageuse que les hommes, sacrifié sa vie personnelle au nom d’une cause supérieure. Elle ouvrit lentement le panneau latéral, descendit l’échelle mécanique puis entama la descente.
- Ici, Hélène Garnier. Je me prépare à descendre.
- Tous les signaux sont au vert, commandante. La télémétrie confirme des conditions idéales. Le vent solaire est au minimum. Vous pouvez commencer.
- Passez-moi le drapeau de l’Agence. Nous prendrons une photo ensemble, une fois que vous m’aurez rejoint.
- C’est un moment historique.
- Oui. Je n’ai pas de mot assez fort pour immortaliser l’événement.
- Les images parleront d’elles-mêmes.

Hélène Garnier inspira. Elle pensa à son héroïne d’enfance, la célèbre Marie Curie, à Neil Armstrong et sa phrase légendaire, à tous les travailleurs anonymes qui avaient rendu ce moment possible. Elle remercia ses parents de lui avoir donné sa chance, de l’avoir toujours soutenue pendant ses années d’entrainement, même quand des hommes forcément supérieurs cherchaient à lui expliquer qu’elle n’aurait pas la force de réussir cet exploit. Il était temps. Elle posa son pied gauche sur le premier échelon, soupesa sa propre gravité puis recommença avec le pied droit. Ses gestes étaient précis, maintes fois répétés dans le simulateur de l’Agence. Elle se sentait forte comme jamais, investie d’une mission capitale.

***

Go-D lança le filet magnétique. Ce geste lui rappelait ses jeunes années, quand il partait à la pêche avec son père, dans les profonds océans de son monde natal. Il assura ses mouvements, mieux que la première fois avec le spécimen mâle. Il ne fallait pas abimer le second indigène, sinon tout serait perdu. Une fois la prise affirmée, il tira vers l’arrière, tandis que It-I nettoyait la surface alentour à grands coups de laser. Il remonta sa proie dans le sas, vérifia qu’elle vivait encore puis la jeta dans la benne.
- On est bon, je crois, lança-t-il à son capitaine.
- Ne nous attardons pas dans les parages. On ne sait pas si le reste du troupeau va rappliquer.
- Et une affaire qui marche, une de plus !
- Espérons qu’ils se reproduisent sans encombre, ricana Al-F. On ne sait jamais avec ces petites choses fragiles.

L’aéronef scintilla, illuminant la surface lunaire un court instant, puis se projeta dans l’espace et disparut du système solaire.

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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