Faire feu de tout bois
Ils sont là qui guettent sur le bord du chemin - le fusil qui en jette à tout crin dans la main - L'oisel gorgé, Aux relents de volière, Les tartarins, Les nemrods du dimanche Au sourire carnaire, Les deux pieds dans la fange et le nez dans le vent. Sur la langue Les papilles, L'effluence du sang. Sous la dent Le canard à front blanc, La bernache, L'ortolan cher à Mitterrand*. De mauvais augure l'engoulevent Tandis que lourdement s'élève le faisan. Les fusils crépitent, La volaille panique. Au ras de l'eau les fiers tireurs, En choeur, Se piquent D'être chacun, Seul et unique, L'as de pique. Les quidams lorgnent, Emoustillés, Le tas de plumes pêche et de duvet, L'oiseau éparpillé, Consignent la prouesse Avec une rémige Et l'hémoglobine Pour le décompte. Un faisan - Un sapin. Bois létal.
*Se prononce ''e'' et non pas ''é ''
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