Le train



A V.










Laisse-moi prendre enfin un train pour la capitale de ton corps, là où les flux se mêlent à l’enfance des étoiles.
J’espère être alors le dernier des passagers, celui qui ira fonder une nouvelle contrée en ton ventre rond. Ce sera l’Aime-ma-nue-Elle, le prénom composé d’un archipel de quatre îles brunes avec une source au milieu que se disputeront tous les petits garçons d’aujourd’hui. Dans une vingtaine d’années, tous seront matelots et prieront les dieux de devenir l’heureux élu, celui qui foulera le premier sa plage de froufrou, celui qui se verra apparaître aussitôt au miroir de ses yeux ultramarins…
Je voudrais dynamiter ce train-train à vapeur mortelle, sauter de ma vie, de mon fumier. Il ne restera alors de tout ceci que la perle rare, la sainte âme en plein vent dénuée de toute souillure…