J’ai peur…





J’ai peur de la peau de mon ventre
Et de la couleur de ma peau
De l’ombre pâle par où je rentre
Aux couleurs grises du caveau

J’ai peur de ma peur de ta peur
Du Réseau à vif sous mon front
Du dessin noir de mes horreurs
Des accalmies qui le défont

J’ai peur d’un intestin qui joue
A faire des défecs et mat
En éloignant ainsi la boue
J’ai peur du chien en moi qui jappe

J’ai peur d’un ciel bleu épuré
Qui cache une plaie dans sa robe
J’ai peur de l’œil des aspirés
Pour les jets d’été qui s’y lovent

J’ai peur, j’ai peur, j’ai peur
J’ai peur

J’ai peur d’un vieux crachat tout noir
Venu des nuits qui m’enquiquinent
J’ai peur du beau goulot à boire
A désinfecter les angines

J’ai peur de l’aile des orgasmes
Des allers et venues verbales
Du rose dedans tes fantasmes
Du désir montant qui s’étale

J’ai peur des veines qui affleurent
Ou de mon corps c’est évident
Faut-il avoir peur de son cœur
Ou de l’Angoisse l’encerclant 

J’ai peur de l’agonie de l’huître
Attendant l’ultime bouchée
Et la couleur de mes dendrites
Au jeu du Crabe et des fumées


J’ai peur, j’ai peur, j’ai peur
J’ai peur


J’ai peur des bouches du métro
Et d’un quai souterrain tout court
Se jeter des mains d’un salaud
Meurtre provoqué à la bourre

J’ai peur d’un puits des mers sans fond
Toujours friands d’une noyade
Solutionner les équations
Fait peur au pas des promenades

J’ai peur du cri où je m’abîme
De la chair à vif d’un poème
Et du taureau fléché de Nîmes
Pour les bravos qu’on lui assène

J’ai peur des coups et des injures
Infligés aux cons d’assassins
J’ai peur du vide et peur des murs
Pour l’Abandon que l’on retient

J’ai peur, j’ai peur, j’ai peur
J’ai peur

J’ai peur d’une envie de fumée
Et d’un fracas sur la falaise
Et de m’écouter respirer
Si loin des mers si loin d’Éphèse

J’ai peur des peaux lisses des mômes
Et de leurs cris tout cristallins
Je crois y voir tous mes atomes
Jaunis comme l’est un félin

J’ai peur des joues de la patience
Prophétisant mélancolie
Et du Malin qui perd semence
Dans ma bouteille et dans mon lit

J’ai peur des crocs de la folie
Plantés dans tous ces hôpitaux
J’ai peur d’un bois très bien poli
Pour la sueur nageant au dos

J’ai peur, j’ai peur, j’ai peur

Brignais, 09/05/2009.