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Annonce : L’ombre
Publié par Vadnirosta le 10-03-2023 18:08:08 ( 80 lectures ) Articles du même auteur



L’ombre





C’est quelle nuit blanche de quel sommeil manqué
C’est quel nuage blanc de quelle pluie rouillée
C’est quel jour ombragé de quelle nuit ô feux follets
C’est quelle saison chaude de quel gris échappé
C’est quel poumon propre de quel arbre respiratoire sans plus de feuilles
C’est quelle fontaine suintante de quelle larme retenue
C’est quelle marée basse de quelle vague pyramidale
C’est quelle yeuse ordonnée de quel tronc crevassé
C’est quelle robe Gautier de quelle longue jambe fine

C’est quelle bouche de quelle cigarette brune…



Un peu plus tard dans la soirée, après deux trois verres d’abstinence, je questionnerai un passant sur la date du jour :

« -Est-ce hier ?
Demain ?
Plus tard ?
Quand ça, monsieur ?
-Maintenant, voyons !
-Ah bon…. Je croyais…. »



Y’a rien qui se passait, n’est-ce pas le titre de la chanson ? Non, alors on dira y’a rien qui se passera ou alors je passerais bien, boitant dorénavant de travers, par habitude, ou cloué à l’envers plutôt qu’à l’envers ou me mouchant à côté mais toujours près de moi…
Ou encore, par un énième poème, la voix de mon stylo ne me donnera plus jamais de mes nouvelles (car évidemment on finit par se perdre soi-même en route à force de perdre les gens) ou alors d’autres plus obscures pour changer, étalées en vitrine chez l’antiquaire de ma vie…



Il est l’heure des cars moins le quart

Un bus se traîne sous la pluie.
Il ne glisse pas ; il s’englue.
Curieux, n’est-ce pas ?




Il est l’heure des amis et demi

Un collègue me fait du mal.
Il m’offre la pluie
Pour noyer mon chagrin
Curieux, n’est-ce pas ?



Un match de football m’invite à mon salut
J’encule Lisandro en plus de Benzema…
Curieux, n’est-ce pas ?


Un bus m’attend là-bas
Il sait que mon ombre ira le prendre
Car je roule donc je suis

Une vaguelette lente menace de tapisser tout
Elle sait que je serai du voyage
Car je roule donc je suis


Une vaguelette lente menace de retapisser d’une nouvelle state les parois de mon double rocher.

Une trace sédimentaire au fond.
Pas une empreinte sur la robe du Fleuve.

Tout circule
Tout va et vient
Eternelle jeunesse

Tout s’accumule
Tout se dépose
Eternellement vieux.

Je perds là mon identité

Plus de père !
plus de mère !

plus de frères !
plus d’enfants !


Je perds-là même mon humanité
Je gagne la malchance d’être un objet hors d’usage, sans nom, sans main porteuse.

Je gagne l’abandon que ma vie a exercé sur mon corps, ce corps que cette vie avait choisi de dévêtir dans les draps moites et sales de l’inceste, ce corps qu’elle a rendu à la terre de Sienne d’une bronchite chronique…

Je suis l’ombre venue de nulle part
Je suis la retouche d’un creux exhibé au grand jour, mise à nu au grand soir, le temps d’un croquis verbal ; je suis le rehaut sombre, la cavité d’un poumon à paraître dessinée au fusain…

Je n’est pas un autre
Je est ça
D’ailleurs je n’existe pas

Ça est un fantôme : On le reconnaît facilement car il plane toujours dans son drap blanc, ce suaire sculptant le néant de sa silhouette… Ça n’est que la vitre qui permet à la tour morte de regarder le monde saigner, gronder, fulminer… Ça se tient toujours très loin derrière les deux trous de ses yeux car la mélancolie l’a asséché de ses larmes, de son sang…



J’interroge (familièrement) ma mère à mon sujet:

« Dites, mammmman, vous m’avez bien aperçu le long de cette rue, n’est-ce pas ? Etait-ce bien moi ou cette chose ou ce vagabond? D’ailleurs qui est-ce, moi ? 
-Je Vous ai vu à la salle de bain, je veux dire Votre fantôme… Il avait les fesses à l’air et se tenait accroupi au-dessus du damier du carrelage…
-A quoi jouait-il donc, mère ?
-A faire des défecs et mat… 
-Dites manma, me suis-je suicidé ?
-Non pas à ma connaissance. Sinon on m’aurait prévenu pour la facture des pompes funèbres…
-Ah bon… Viens-je de Vous ou d’autre part ?
-Vous venez du « cul filtrant » de la Gauloise… Car je connais le poème évidemment…
-Ah ! Mais lorsque j’aurais arrêté la fumée, d’où viendrai-je donc ?
-Vous n’arrêterez jamais ! Vous êtes à la Gauloise un point c’est tout puisque tout est tordu, à l’envers chez Vous….
-Et vous, qui êtes-vous donc alors?
-Je suis la châtelaine de votre manoir hanté, celle qui commande les ombres lentes de venir éteindre toutes les maisons brûlantes ; je suis la sorcière qui veille à la distribution des tortures…
-Alors c’est bien cela : vous n’êtes pas ma mère ! Où est-elle donc, dites ?
-Vous l’avez lassée. Vous l’avez fait tant pleurer qu’elle s’est noyée dans sa flaque, à ma plus grande réjouissance…
-Alors je suis seul. SEUL !
-Il vous reste la Gauloise… Et puis le verlan… Vous êtes et serez toujours à côté…
-Je crois que je me suis trompé de nuage… Je suis du côté obscur et de l’orage. Je vais commencer par arrêter de fumer et puis après je récupèrerai tout le monde…
-Ah Ah Ah ! Courez toujours mon garçon ! Ça croit pouvoir tout chambouler, déplacer monts et vaux ! Vous êtes à la clope et vous êtes né à côté et vous n’y pouvez rien changer.
(Ricanements…) Chantez plutôt Donne-moi de mes nouvelles plutôt que de vous leurrer !


Et le bus attendra d’être repris sous la pluie…
Car la flotte l’emporte toujours


Encore une strate et je saurai

Je saurai si
la pluie a noyé complètement mes papiers…
Je saurai si
je devrai porter un masque à vie,
le masque d’un carnaval qui m’a vomi…

Je suis vaincu
J’ai perdu le prénom de ma tombe, de son épitaphe et le crucifix plaqué sur mon cercueil…




Le mot de la fin : je traverse le cours intranquille de l’Encombrement comme j’écrirais élégamment le mythe de mes lentes mais sûres sédimentations…






Brignais, 22-23-24-25/02/2011.





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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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