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Annonce : Extraits
Publié par Vadnirosta le 12-03-2023 14:50:53 ( 88 lectures ) Articles du même auteur



Poussées à ma Souvenance de mes trois plus grandes et chères
Chansonnettes...

Extrait : (Barbes-Clichy — Mano Solo)
Voyage à Paris avec deux amis de lycée loyaux, Pierre-Loïc et Benjamin.

Déjà des larmes retenues et le cœur ravagé secrètement par des fêlures
adolescentes.

Vacances d'été pour fuir la vacuité d'un esprit encore attaché à la faculté des
langues étrangères appliquées.

Paris enfin après deux heures de TGV. Nous remontons le boulevard
Rochechouart depuis la Goutte d'Or et ses kebabs si bons ainsi que ces
magasins qui vendent tous les moindres petits souvenirs et n'importe quoi
jusqu'à la place Clichy aux mille Chinois qui gambadent par les rues aux
estaminets pas si sûrs et aux épiceries où, avant d'entrer, l'on ne doit jamais
oublier sa haine et puis ses couteaux et puis ses chaînes et puis tous ses
blindages tout court...

Revenir pour la première fois dans la Capitale du Chanteur triste, là où il aimait
<< perdre sa vie » entre un Tati du XVIIIème en passant par Anvers et son
cinéma populaire désaffecté Le Trianon gonflé d'insultes en arabe, devenu
aujourd'hui un théâtre de grand renom. Et puis Pigalle et ses noctambules tout
roses, où la keu/ola Seena vendait de l'Amour tous les soirs de lune à l'Oubli
d'un type << un peu bourré, un peu perdu >>. Pigalle le prenait dans ses bras
alors qu'il y hurlait son malheur en poussant la chansonnette, debout sur un
trottoir sale, avec en bandoulière sa guitare aux cordes trop usées.

Revenir pour la première fois à Paris, laisser ses amis de côté pour une après-
midi, partir égoïstement en solitaire sur les pas errants de Mano
l'auteur/compositeur/interprète/, le << sale môme de France » hors norme et

puis aussi se ressouvenir sur les quais déserts du canal Saint-Martin de Mano
le |V|arinier-dessinateur délaissant Répu, la Porte de Clignancourt et Bastille
pour le Canal du Midi sous la pluie. Se ressouvenir de Mano, le Peintre au teint
fiévreusement pâle et aux teintes toutes noires qui a tant façonné ma
personnalité et puis mon désir pressant de tout recommencer, de devenir à
tout prix artiste à mon tour. Revenir au Pays, se recueillir devant les écluses et
les vieilles péniches comme autant d'ateliers pour gagner honorablement sa
croûte avec une armée de couleurs sans vert...

Revenir pour la première fois après l'Assimilation la plus profonde de la
musique flamenca et de ses plus beaux textes rabâchés des << Années
sombres >>, deuxième opus du Chanteur triste. Revenir vraiment, en espérant
trouver devant << le Sacré-Cœur gros comme ça >> la guitare espagnole allumée
de Napo le Virtuose et puis le divin violoncelle pleureur d'Anne-Gaëlle Bisquay.

Revenir pour la première fois, pendant l'Orage si possible, le plus près possible
du Bataclan 95, synthèse d'un Paris conquis par le biais de deux albums de
légendes et disques d'or...

Revenir pour la première fois, s'exiler à son tourjusqu'au théâtre du Tourtour à
Châtelet; prendre deux trois photographies du lieu et du bar d'en face où
servait la regrettée << julie >> avec ses << cheveux gras >> et << l'odeur des frites >>.
Parler encore et encore avec jean Favre, parler des heures de Mano à qui il a
offert sa chance pour la première fois, << la seule personne à qui [il a dû]
quelque chose sur cette putain de planète pourrie >>. Le Tourtour et ses images
mémorables comme autant d'archives tirées, collées de partout sur les murs.
Le Tourtour pour l'éternité, même s'il n'existe plus aujourd'hui...

Revenir pour la première fois à Montmartre, accompagné rageusement du
<< Pauv' Petit >> des banlieues périphériques chère à la misère* avec son fusil et
sa révolution encore plus petite que lui et qui qui se prépare pour l'explosion
finale, pour << le dernier show dela vie >>...

Revenir pour la première fois pour retrouver tous les chiens du Chanté et aussi
la Tristesse qui se soulève, enrubannée enfin de joute verbale.

*= Cf. les Frères Misère, le groupe de rock de Mano Solo.

Extrait : (Keren Chave — Ando Drom)

Je vois un feu ardent dans la Nuit chaude du Goudron. Un feu de la Passion,
déraisonné, éternelle source d'inspiration pour le Réalisme magique de
Kusturica. Il y a là une Gitane longue dans un platz aménagé en salle de concert
gigantesque. Fine. Brune. Gracile. Elle demeure en elle tout cela. Dans le milieu
éparpillé des Rroms, on la surnomme Mitsou.

Sa voix est si frêle et pourtant si sûre qu'elle fume clope sur clope, sans
atteindre pour autant l'Eraillement fatal par le grattage des cordes vocales...
Elle fume des Gitanes sans filtres de préférence, mais accompagnées à l'envie
des Philtres d'Amour les plus secrètement enchanteurs, tant elle s'attache à se
maintenir dans une véracité vocale, joliment brute, toujours au plus près de la
musique traditionnelle pure, sans aucun ajout, sans aucun remaniement
pervers d'une quelconque modernité.

Elle connaît tout du quart-monde emmagasiné dans un bidonville, tout d'un
système D qui restera à tout jamais le meilleur du monde. Elle sait les petits
vols et puis le travail perpétuel à faire la manche chaque jour, à vendre
quotidiennement sa voix divine dans une rame du métropolitain de Budapest.
Elle sait la céleste Fioriture; elle sait la faim, le froid qu'endurent ses notes
vulnérables. Elle sait l'horrible génocide passé de son peuple martyrisé par une
bande paranoïaque de fous furieux à lier. Elle sait les bouffées à la tétine dans
un champ de papier ma'is. Elle sait que les enfants doivent faire place au vieil
homme afin que celui-là marche et danse à l'ancienne en tête du cortège, afin
qu'il tape sur des vingt et un jours*... Elle sait à jamais les nuages tout bleus qui
s'effrangent au contact de toutes les embûches rencontrées en route** dans
les roulottes d'antan. Elle sait les solos de la mandoline de jenô Zsigo, le leader
du groupe, et puis le lait enlevé que l'on frappe dans les meilleurs pots de la
paysannerie hongroise pour les percussions magistrales et les rythmes les plus
fous qui adviennent régulièrement dans chaque morceau, où foisonne toute
une avalanche condensée de multiples notes. Elle sait les transes chez tous les
musicien du groupe provoquées par le bôgô omniprésent et le fabuleux lassu-
friss qui amène comme par magie des vagues déferlantes de bruits chantés et
joués après un début plutôt plongé dans une mer calme, précise, poncée,
érodée, limpide, bercée par le velours chuchoté des petits vents les plus
imperceptibles.

Elle sait la facture ultrafine que peut porter une voix au service du Beau réel à
chercher dans une motte de foin, une voix au service de l'Harmonie juste et
délicate, reconnue vraiment par les connaisseurs et les afficionados de la
musique vocale. Oui, Mitsou doit bien savoir la facture ultrafine et modulée de
son timbre unique en son genre et ce, sans qu'elle s'égare dans la suffisance, je
le crois, du moins je le suppose en la regardant chanter sur les vidéos. Mitsou
doit bien savoir qu'elle fait fondre les cœurs de pierre rien qu'en répétant de
simples vocalises tout près de quelque bourreau fasciste malveillant.

Elle doit bien savoir le langage des Anges et le Bruissement subtil des feuilles
d'un arbre tout neuf planté doucement dans l'arrière-pays hongrois. Elle sait
l'élégance de la Guenille etla perfection du Lambeau. Elle sait l'inquiétude des
Dieux devant des cieux délavés par l'évaporation de la sueur des siens les soirs
de concerts en plein air; elle sait les courroux de tous les Dieux devant la
Grisaille hongroise provoquée par la remontée des eaux troubles, lorsque les
violons rafistolés sanglotent longuement lors d'un automne à Budapest et
laissent échapper des bribes repoussantes d'indigence et des poignées de boue
abjecte.

Elle sait la prune céleste dans les verres les soirs de fête; elle sait les
avalanches de couleurs et de sons divins trouvés avec virtuosité par le maître-
accompagnateur au cymbalum Kalman Balogh pour le parfait et très dansant
Csacso Jilo. Elle les sait par cœur et les fait parler jusqu'aux cieux en même
temps qu'elle dépose sa présence vocale, fragile mais sûre, agile et doucement
charismatique...

*= Keren savorale drom, te khelel 0 parc rom,
0 parc rom te khella ami voja ker/a.

Aj .....

** :Ando Drom en rromani.

Extrait : (La Planète des Fous (version album du même nom) — Leny Escudero)

Ecoute et réécoute à l'infini en hôpital psychiatrique, à Saint-jean de Dieu,
service du secteur << Osiris >>.

Au programme de la journée attachée : haine débordante calmée à la camisole
chimique; besoin irrépressible d'un mot d'Amour, d'un mot d'Espérance
toujours plus vert que le verdâtre du petit parc d' << Osiris >>. Besoin d'une
chanson au service de l'Absolu à couver et un Amour de son Prochain à
reconquérir...

Et puis la voix chaleureuse de Leny le Gitan qui, malgré les naufrages, est sauvé
par la Main tout court d'un Enfant, devenu Femme, le ventre mis à nu. La
Femme, la Femme et l'Enfant avec des majuscules de partout pour nimber sans
aucun rapport divin ces deux Êtres magistraux, emplis de la plus superbe des
simplicités, et à jamais intemporels, éternels au regard du Fanage et de la plus
cruelle des décompositions si répandus dans tous les cycles effrayants de la vie
(terrestre !)

Besoin pressant d'en finir avec les égarements de toutes les croyances
religieuses advenues; besoin urgent de renouer avec une Spiritualité intime
sans limites qui n'aurait absolument rien à voir avec l'Immaculée Conception,
avec le Zen, avec la Mecque et le Ramadan, avec Viracocha et Hercule. Une
spiritualité à portée de soi—méme, très loin et beaucoup plus profonde que
l'humanisme et la dévotion à la lettre. Une spiritualité qui détruirait << temples
et cathédrales >>. Une spiritualité qui aurait baigné dans la Capsule d'une simple
tasse de café-crème avant de naître et dont l'Efflorescence dépasserait les lois
restrictives de la mémoire et ne serait transmise féeriquement que parles Vers
d'une Poésie aimante...

S'en remettre à la Femme, simplement salvatrice, anonymement rayonnante ô
Enchantements de Ses Lieux conquis noblement, de Son ventre de Son Port
d'où sont partis de nombreux bâtiments avides d'Or insaisissable et de Bijoux
impondérables...

S'en remettre à l'Enfant chéri venue de la terre la plus limpide où s'est allongé
le Poëte de la Planète des Fous. S'en remettre à l'Enfant pur qui prendrait la
Nuit rouge-sang de l'Angoisse pour un bouquet de Fleurs que l'on ne sait pas
encore mais qui apparaitra d'un coup tendre dès l'Envolée lyrique de Leny. S'en
remettre à l'Enfant debout << hors des espaces verts >>, hors de toute
matérialité, même aux teintes les plus espérantes. S'en remettre à l'Enfant le
plus clair, le plus étoilé, le plus interplanétaire, le plus précieux et le plus banal

à la fois. S'en remettre à l'Eternité sans nom, à l'Âme en plein vent la plus lisse
et polie ô sfumato de Rodin et de Claudel dépassé ô Esprit horizontal
semblables à ses frères ô Esprit plus longuement gai que nos fêtes ô Espaces
transformés par la magie des Mots... S'en remettre à l'Enfant de l'Univers, à
l'Enfant tout court, qui aimera malgré tout << la terre aux Fleurs coupées >>, la
terre aux Fleurs taillées comme des arbres encombrants trop tortueux...

Aimer, aimer, ne plus hai'r, ne plus cultiver son raisin sans eau*, ne plus cultiver
sa rancœur du Soir au Matin. Se réveiller libéré de ses chaînes, de ses boulets
massifs. S'extirper de la pire des méchancetés plausibles et gratuites. Fuir à
jamais la perversion ô affreux Nid de de la Souffrance. Fuir à jamais le
masochisme peu gratifiant. Aimer, aimer, même si le cœur est trop gros. Aimer,
aimer pour avoir enfin l'alcool gai et serein, toujours au plus près du Jardin
d'Artifices. Aimer aimer, même à la terrasse d'un bar, aimer quand même
parmi tous ces gens qui rigolent. Aimer aimer, même si une déchéance pesante
nous ronge lentement tout près des lassitudes. Aimer aimer, remonter vers
l'Enfant la Femme pour rebondir sur le ventre d'un Eléphant dela littérature de
jeunesse...

Aimer pour sortir du mauvais rêve, du cauchemar de toute une vie...

*= Cf. l'expression << mettre de l'eau dans son vin >>.

Yohann Gardon, juin 2015, Brignais, atelier << Autobiographie/ écriture de soi.

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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