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Annonce : Marques
Publié par Vadnirosta le 12-03-2023 14:59:43 ( 88 lectures ) Articles du même auteur



lVlarques...

Voici exactement les dires de mes phases mixtes sur tous mes atomes, sur
tous mes faits et gestes mal ventilés. Des dires qui réapparaissent, disparaissent
à nouveau et qui reviendront plus fort tôt ou tard. Quant à l'oxydation sûre, elle
poursuit sa lente attaque à des endroits clé de mon pauvre cosmos... Laissez-
moi vous conter ces marques qui s'aggravent ou ressurgissent comme par
magie noire avec le même impact et tenter verbalement d'y remédier ou
inversement de m'y vautrer avec tout le p|aisir du monde...

Passage. Tout d'abord les portes de mon enfer. Elles sont rouillées. Une eau
sale et dormante y conduit la barque définitive. Le nautonier heurte de sa rame
les grilles qui descendent dans la boue. Ultime grincement des gonds à qui
l'usure prête la nostalgie du contraire.

le voudrais être la terre qui viendra manger mes traces, la terre qui détruira
l'usé, le rouillé, je serai cette autre terre qui ensuite engloutira la terre et je
serai jusqu'à la fin ce remuement renouvelé.

Dans les cimetières que l'on rêve, une flore de fer et de rouille aggrave la
végétation des tombes. Tout y blesse le regard antérieur des enterrés.

ladis. Enfant, j'écrivais sur le fer. Plumes ou poignards, qu'importe. Cahiers
immobiles, wagons échoués, les rails inutiles de ces années-là. Je reviens (pour
me lire) avant que la mort ne dispose de mes mouvements. La clairière existe
encore. Et mon texte, à peine vieilli, que la rouille a usé, que la rouille a sauvé.

Elle, morte d'être regardée, elle me dévisage dans une provisoire éternité.

Nous. Le goût des blessures dans l'enfance, l'odeur musquée des lèvres que
l'on porte aux doigts, la coupe de sang que tu bois à ma santé, le poison du
théâtre, poème.

Yeux. Agitations électriques des nerfs et grincements des muscles affolés, mal
huilés. Toiles d'araignées et désolation dans un regard ténébreux. Enfer qui se
mire dans la vase de l'Etang. Embrassades tordues par les yeux et
repoussements à tous les coups. Noyades et submersions dans les marécages.
Peur. Paniques. Fuites le plus loin possible.

Manoir hanté. Fantômes à profusion, croix gothiques tordues dans le manteau
neigeux. Nécropoles envahies par la mauvaise herbe. Lierre rebelle et tapis
encombrant de feuilles mortes prisonnières de l'absence pesante d'un grand
vent libérateur, oui c'est bien cela des strates de végétaux décomposés, tout un
humus de feuilles mortes laissé là, aux assauts lents du temps. Manoir hanté de
toiles d'araignées et de poussières résiduelles, pochettes fantastiquement
dessinées des disques du groupe suranné de heavy metal Iron Maiden. Clairs de
lune blafards, farfadets morbides des vieux cimetières médiévaux. Femmes
pâles, nocturnes, femmes-aigles aux cheveux bruns couverts de multiples
fleurs, petits oiseaux noirs malveillants sur le sol, sans doute des corbeaux tout
noirs, créatures féminines mortifères ultra-maquillées au mascara avec une
tache sombre incrustée sur le front, lingerie noire délicate, dentelles obscures à
n'en plus finir, statues oubliées d'anges déchus en marbre délavé, ailes scellées
aux dos les plus lisses, couronnes de violettes et d'épines, femmes à la passion
bée revenues du Golgotha, loups de facture très fine importés tout droit d'une
Venise moribonde, presque noyée, poitrines généreuses, sensualité et pleurs
rougeoyants marqués, le tout, façon Victoria Francés, vermine baudelairienne,
chrysanthèmes tombaux plein les pots, monstres naturels revenus des cercueils
entrouverts, chiendent éternel et mutants en décomposition.

Village de mes naufragés. Campagne de Seine-et-Marne. Oxydations répétées
de toute ma tribu des sans toit et des sans droits. Décapages laborieux. Chiens
méchants aux dents de fer, tatouages désuets de mes taulards, caravanes lentes
aux moteurs mal huilés, barbes laissées là, à l'abandon et en friche en jachère.
Cigarettes vieilles comme la Gaule, treillis endommagés, troués parles attaques
des eaux, tables du midi et du soir assez mal rafistolées, banquettes crevassées
récupérées dans la déchetterie d'en face, assiettes, couverts, tasses à café et
verres de rouge délavés à l'extrême : traînées blanchâtres (ou rougeâtres ?) à
l'intérieur, incrustations précieuses dans l'inox de matières ferrugineuses
couvrantes à s'oxyder toute la tuyauterie, tartre sur les visages ravinés, porcs du

hameau voisin se vautrant dans une boue riche en ferrailles et en larmes de
crocodiles, de tyrannosaures, de mastodontes, d'ogres abîmés aux cœurs
déchiquetés. Groupe de country régulièrement dans le mois. Guitares
électriques en panne et voix éraillées, à bout de souffle. Manifestations de
fauves dans Paris. Tentes à oxygène, dans les narines, casques blanchâtres
défoncés, banderoles écrites en mauvais français. Automutilations passées et
rixes à oublier, bras manquants, sang caillé, alcool à la rouille, goulots âgés,
ridules profondes dans les étiquettes des bouteilles. Crasse orangée plein les
dos. Vieilles casquettes du Barça effilochées époque Romario, rougies par la
terre souveraine, écaillées par le gel et par les fumées stagnantes, prisonnières
de ces foutues grisailles hivernales, tristounettes comme un paysage champêtre
aHanguL

Médiévale et ensorceleuse comme dans le film en noir et blanc et muet
<< Häxan >>. Elégante comme une morbidité sublimée. Le Mal, toujours à ses
trousses, n'oubliera aucun recoin de sa peau pour y loger une jolie ride, d'une
très belle oxydation et, animé d'un fol espoir de progresser mieux de patiner un
jour jusqu'au plus près du Divin, il attendra le temps ralenti béni de
l'Efflorescence du tissu verbal pour libérer les Etoiles cousues dans le Soir
naissant. Paysage avec village moyenâgeux à l'arrière-plan. Guerrière
byzantine magnifiquement parée par Roberto Cavalli, le créatif styliste italien.
Manteau en peau de velours incrusté de paillettes, sequins et renard sur une
robe en viscose cloutée et collier en émail (Roberto Cavalli). Cuissardes de chez
Versace. Flore médiévale grimpante. Cape et jupe en tapisserie, chemisier en
popeline de coton (le tout Valentino). Collier et manchette (Lanvin), bague
(Goosens), pochette (Roger Vivier), collants de chez Falke. Murailles en
montagne. Blocs réguliers. Cape en toile de soie imprimée, pantalon en jersey
de soie imprimé et pull en résille de laine et cuir (le tout Leonard). Colliers et
manchette (Géraldine Carfield), gants (Agnelle), pochette (Bulgari), bottines
(Leonard). Femme dela Nuit adossée à un mur d'un autre âge. Body en laine et
cachemire (Salvatore Ferragamo), jupe en crêpe de soie rebrodé de strass (Guy
Laroche). Manchette (Mawi), bracelets et bague (Lanvin), besace (Laura B chez
L'Eclaireur). Tourelle en pierre. Blocs réguliers parfaitement emboîtés. Manteau
en brocart sur une robe en mousseline de soie brodée et ceinture (le tout Paul
Collier (Goosens), gants (Maison Fabre), pochette (CH Carolina Herrera),
collants (Wolford), sandales montantes (Casadei). Petit édifice religieux en blocs

de pierre. Croix chrétienne simple. Robe en crêpe de soie imprimé mosai'que à
sequins (Dolce & Gabbana). Manchette (Goosens), collants (Well), sac et
escarpins (Dolce & Gabbana). Rocher d'un autre âge, sans doute autant obscur
que moyen. Tunique en cuir matelassé (Paco Rabanne) sur un legging en cuir
Stretch (Ventcouvert). Collier et ceinture (Chanel), mitaines (Maison Fabre),
besace (Paco Rabanne) et cuissardes de chez Sartore.

Ophélie Claire. Howard Philips Lovecraft. Cimetières merveilleux et parfaits,
pierres tombales parfaitement couvertes de rouille. Farfadets très très gentils
dans les cercueils joliment pourris. Blanc immaculé de taches rougeâtres. Douze
tee-shirts blancs, douze mini-textes dédiés à Lovecraft. Univers épuré parce
qu'à jamais non-corrompu, non-perverti dans sa globalité tout comme en ses
moindres interstices et en les prenant l'une après l'autre. Séances d'arbres
bienheureux et d'yeux clos à jamais. Strabismes oubliés au passage. Clairs de
lunes immanquables. Croix surchargées de ferraille blanchâtre effritée. Tombes
inviolées virginales visitées par les anges et les amours. << Commonplace book »
magnifique incrusté de cœurs amoureux et de petits visages naïfs. Sublimation
graphique d'une morbidité verbale soutenable. Dévastation pourtant,
dévastation par les deux temps les plus couramment employés dans la langue
courante. Dévastations au goutte-à-goutte, silencieusement, paisiblement.
Feuilles de littératures, automnales et vierges, tombant des arbres les plus fous,
les plus tordus. Nonchalances des soleils de magma et de laves en train de
coaguler. Encriers presque éteints ou allant à l'Essentiel.

Serge Lutens. Oscar Wilde. Parfum sublime et mystérieux De Profundis. Croix
chrétienne magistrale incrustée sur un cercueil qui sent très bon. Bas-résille
d'argent sur un reposoir géométrique parfait. Etoiles parsemant ce délicieux
outre-tombe. Deux hauts socles de différentes hauteurs et de chaque côté de la
pièce céleste principale. Préférence de l'Ambre à la Rouille même si le résultat,
bien dissimulé derrière ce faste et cette élégance solennelle, demeure le
même : l’appartenance à la terre, vorace et pugnace. Quatre cloches ambrées,
quatre flacons sculptés finement sonnent un glas à la fragrance extrêmement
agréable et plutôt mortifère. Résultat froid qui vous glace divinement bien le
sang. Envies soudaines de glisser dans la Mort et ses délices. Phase mixte écrite
avec de la distance afin de se séparer définitivement de la rouille et de ses
souillures qui rongent les sentiments et leur donnent un arrière-goût de

moisissure teintée d'affres insupportables. En finir avec sa sensibilité
désagréable et qui a l'arrière-goût passé d'un vieux terrier charriant la vermine.

Terrasses, balcons et pergolas garnis de plantes grimpantes contre les rayons
du soleil et pour la rouille verdâtre sur les parois: glycine de Chine de trente
mètres de hauteur, actinidia à fleurs blanches et à tiges volubiles, vigne pour les
raisins de table, jasmin officina aux fleurs très parfumées, lierre commun à
crampons, lierre des Canaries, lierre du Japon à ventouses, vigne vierge vraie au
feuillage devenant rouge en automne, bignone au feuillage vert clair, hortensia
grimpant à fleurs blanches et à crampons, clématite à petites fleurs roses et
blanches et à pétioles volubiles, clématite italienne à fleurs rouges et au
feuillage vert foncé de quatre mètres de hauteur, chèvrefeuille commun à fleurs
blanches et jaunes et à tiges volubiles, glycine du lapon aux tiges volubiles et
hors du vent. Entrelacs verdâtres de copeaux effrités de rouille. Portails verts et
espaces verdâtres oxydés, délavés parles pluies d‘autrefois. Entrée interdite aux
âmes non-corrompues...

Brasser l‘air vieux: ventilateurs brasseurs d‘air aux moteurs laborieux. Ratées à
répétition. Ventilateurs de plafond silencieux, hors d‘usage, dévorés par la
rouille et l‘lnsomnie. Distances trop petites au-dessus des ventilateurs: moteurs
qui peinent, poumons abîmés, emphysème de l‘air avarié. lnsuffisance
respiratoire des tourniquets. Cancers broncho-pulmonaires du milieu ambiant,
saturé en poussières de toutes sortes et en toiles de mygales tenaces. Cascades
de ruisseaux enfin au rendez-vous, gouttelettes d‘eau bénies à proximité,
processus de rafraîchissements face à la densité des fumées brunes venues
s‘imprégner dans nos estaminets les plus chers depuis les régions les plus
reculées de Bohême. Brumisateurs bienfaisants pour les Poumons du Soir
étoilé. Fontaines de ruissellement pour faire évaporer les rouilles, les goudrons
de tous types, les particules gênantes pour une trachéotomie qui exigerait le
confort.

Nettoyages des dépôts calcaires de rouille à l‘intérieur de l‘Enjoliveur.
Réparations d‘un évier de porcelaine émaillé, ponçages de la surface
ferrugineuse ébréchée ou écaillée à l‘aide d‘une toile émeri au grain moyen.
Faire disparaître coûte que coûte les traces de savon rougeâtre et de rouille
blanchâtre. Nettoyages de la surface à l‘aide d‘un chiffon imbibé d‘alcool (?) à

friction. Avec une brosse, faire disparaître à tout prix le vieux calfeutre ferrique,
nettoyages de la jointure avec un chiffon imbibé d‘alcool à friction pour changer
d'offre et de mélalcoolie. Raclures de bavures de silicone orangée sur la
porcelaine. Lavages et asséchements du bord de la cuvette avant d‘installer le
nouveau siège. Robinet de chasse dont la balle de caoutchouc rougeâtre et le
clapet oxydé sont probablement corrompus. Nettoyages du siège du robinet de
chasse à l‘aide de chiffons ou d‘essuie-tout afin d‘en faire disparaître les
sédiments rouillés. Entretiens du robinet à flotteur rouillé, nettoyages des
sédiments ferrugineux dela prise d‘eau à l‘aide d‘un tampon de nylon. Bordures
sans doute encrassées et sortie du siphon obstruée, sûrement par une matière
dévoreuse et cannibale. Nettoyages des orifices humains, redressages d‘un
cintre de métal musclé et insertions de son extrémité dans chacun des trous du
cul rimbaldien pour les désencrasser. Se procurer un nettoyant qui dissout les
dépôts calcaires de rouille. Par pitié, emplissez d‘eau une seringue pour l‘oreille
et rincez les saletés accumulées dans le siège oxydé. Si les altérations par les
ondées lacrymales répétées ont rongé les orifices de pulvérisation et que l‘on
souhaite remplacer la pomme rouillée de douche (?), allez donc chez un
quincaillier ou un fournisseur de matériaux de chair en tuyaux et de plomberie
humaine légiste pour s‘assurer que l‘extrémité de la nouvelle pomme a le
même diamètre que la bague de serrage. Se servir vraiment dune alêne ou de
l‘extrémité d‘une trombone que l‘on aura redressée afin de de désobstruer les
orifices. Dissoudre les dépôts calcaires oxydés avec du vinaigre. Enlèvements
des cheveux et des traces de savon rougeâtres qui obstruent le mécanisme
d‘obturation. Désengorgement de la tuyauterie humaine: ventouses, furets,
nettoyeurs chimiques très efficaces. Débouchoir à ventouse: chiffons, vaseline,
mouvements de succion, rinçages des saletés, serre-joints en C, blocs de bois.
Désengorgements d‘un évier au furet ou à la sonde spirale rouillée.
Désengorgements de la sortie de vidange d‘une cabine de douche, cheveux
agglutinés, restes de savon oxydé, crépine: le gros des saletés du corps, gants
de protection, nettoyage des rainures de la crépine avec des essuie-tout, tige
d‘une alêne, tournevis pour déloger les cheveux emmêlés. Désengorgements
de la sortie de vidange d‘une cuvette, débouchoir à ventouse doté d‘une bride,
tirage de la chasse. Diarrhées verbales depuis toujours. Dégorgeoir flexible,
capacité à se modeler aux formes du tuyau, jeter six à neuf mètres de papier
hygiénique dans la cuvette et tirer la chasse. Nettoyage des tuyaux, ponçage

des extrémités de tous les éléments ainsi que de l‘intérieur des raccords à l‘aide
d‘une toile émeri. Ainsi, disparition de toute trace d‘oxydation qui pourrait avoir
une incidence sur l‘intégrité des joints brasés. Applications de fines couches de
décapant résistant à la corrosion sur les extrémités des tuyaux abîmés et à
l‘intérieur des raccords à l‘aide d‘un petit pinceau. Nettoyages de l‘humidité
rougeoyante. Former une boulette avec de la mie de pain et l‘introduire à
l‘intérieur du tuyau ou du tube. Ne pas trop bourrer. La mie absorbera les
gouttelettes rouillées d‘eau, de sorte qu‘elles n‘auront aucune incidence sur la
brasure. Réparation des tuyaux d‘acier galvanisé ; lorsque l‘eau oxydée ne
goutte plus du raccord fileté, nettoyages de sa circonférence à l‘aide d‘un papier
de verre, ponçages de la surface jusqu‘à ce que toute la corrosion de rouille ait
disparu et que le raccord brille comme une étoile ambrée, comme un soleil
intact revenu des grisailles. Applications d‘un dégrippant si les filets du raccord
et de la conduite sont corrodés au point qu‘il est impossible de les dévisser.
Déposer quelques gouttes vieillies de dégrippant que l‘on laissera agir avant de
disjoindre le nouveau. Le chalumeau aussi peut-être le cas échéant. Réparation
d‘un siphon d‘évier qui fuit et qui s'oxyde, corrosion du siphon métallique en
proie à l'Abandon, l‘eau commence à goutter: ruban de plastique extensible et
étanche, mais par ailleurs oxydé, fourrage d‘un chiffon dans la rallonge du tuyau
de vidange contre les gaz (rouillés !) des égouts remontant àla surface-'-

Poumons à bâbord. Bave de chien d'ivrogne, rouages malmenés, moteurs à
ratées toussotant, blessures et lésions dans la respiration, expiration du souffle,
sang dans les mains et sur le papier, cendres encore et toujours, sablier sûr,
oxydation alvéolaire lente et Nuit tombante du Goudron, fièvre cancéreuse,
tumeurs rusées bien planquées.

Vous moi, pâle lnceste parle Miroir imparfait de l'Âme, viol par ce qui reste de
mes yeux, ceux d'un monstre aquatique, d'un Léviathan qui progressera et
pourrira toujours à contre-courant de la vie de satin de Vos seins. Moi, vieux
gamin mal conservé, pollué, infesté d'insectes malfaisants et de crapauds
béants de toutes sortes. Vous qui respirez à pleins poumons les douces
fragrances d'une Féminitude qu'il s'agit de dévêtir lentement, en quittant sa
part bestiale, triviale, vile. Vous moi, affaire déjà même avortée avant d'avoir
débutée. Vous sans moi plutôt, Vous qui me ferez pleuvoir quand même sur le
palimpseste...

Dégoulinages, crevaisons de strabismes au scalpel, champs d'épandages
septiques obstruant l'Horizon, immondices plein les caniveaux, taches de vins
rouges et vomissures de tous côtés ô Sainte Marie, chercher aussi une bonne
fois pour toute l'Assomption, se laver, se nettoyer, se purger, s'astiquer à s'en
ôter même des bouts de peau, aller prier pour se peindre enfin virginal,
spirituel, sans le fardeau souillé du corps. Parler avec le vent puisqu'il ne laisse
aucune trace oui c'est cela mieux encore vouvoyer le Vent, l'Alizé. Aller au plus
près de Pierrot et son croissant chaud sur la lune, rêver à jamais d'aurores
boréales rien que pour la beauté physique du mot, cogner sa tête contre une
étoile pour rythmer la chanson du bohémien, danser sur les cheveux fous d'une
comète comme on sait si bien le faire en Roumanie.

Et pourtant. Et pourtant la Nuit étoilée est si vieux elle doit être rouillée elle
aussi...

Moisissures sous l'évier obstrué de cheveux, salpêtre, tuyauterie constipée,
jointure déficiente, fissures du paysage en mosai'que, empâtements maladroits,
bavures de la glu, senteurs profondes de renfermé, rats à l'affût du moindre
fromage hors d'âge, amas confus de viscères nauséabonds, séances de
rattrapage de dissections ultra-professionnelles, funérariums dans chaque
recoin de l'espace, morgues au sortir d'une mélancolie qu'on n'aura pas su
soigner à temps, médecins légistes au-devant de toutes les scènes et que l'on
aura toujours préférés aux sages-femmes, crémation d'intestins grêles à chaque
seconde, pans de viande pulmonaire avariée, pendaisons à répétitions de noyés
dépecés, petits caillots de marne rousse rimbaldienne, glouglous incessants si
chers à << l'homme à tête de chou >>, occlusions des poches anales, terre ô terre
qui se nourrie de cadavres en état de putréfaction avancée et de charognes à
chair encore fraîche et qui ne laisse que des os terre ô terre royaume de l'lmpur
à bannir et de la Fumure bienvenue terre ô terre tu me nourris je te nourrirai,
même rouillé dela tête aux pieds...

Palenque. Quelques-unes de mes Fibres tentaculaires touchées. Avec joie
naturellement. Nécropole des fers croisés, des guerres qui se reposent.
Escaliers verdâtres et moussus. Descente vertigineuse vers la rouille la dépouille
du roi Pacal. Ossements d'étoiles et d'astres superbes. Souvenance sculptée de
dieux de la pluie ancestraux très joliment advenus. Parchemin délavé des
soleils. Cieux ferreux et laiteux. Altérations magistrales de glyphes et de pierres

emboitées à la perfection. Possession secrète des lieux par un lierre rebelle et
des lianes entremêlées. Echeveau confus pour maintenir stables les diverses
strates d'oxydations. lade fade sans scintillements comme au temps jadis.
Epuisements des changements de saisons. Atonie des fièvres sacrificielles.
Légers reliquats délicats à peine perceptibles de polychromie sur toutes les
bâtisses sacrées de la cité. Rouille des pigments naturels, des poutrelles et des
étoiles assises juste au-dessus. Marques du temps à la surface des cenote et
dans l'Essence même des jungles d'hostilités aux alentours. Echouages
magiques de bâtiments espagnols aux quatre coins les plus livrés à l'abandon.
Traces de luttes dans la végétation millénaire. Plus d'espoir de viol fort
heureusement. Désormais, la rouille est en paix pour toujours. Elle se suffit à
elle-même, à la pluie exclusivement. Aux chagrins salés des cieux et à leurs
caprices. Elle n'est plus menacée par la sueur, par l'odeur forte, polluée et à
jamais étrangère des conquistadores, avides d'or, de jade, de splendeurs
précieuses. Par chance, ceux-là n'ont jamais eu le privilège de grouiller dans ces
pyramides-là et d'y tenter coûte que coûte une ascension pénible par manque
de souffle juste pour une effigie presque corrodé, un masque serti de jade mat;
ils n'ont jamais pu se fondre dans les dédales comme les touristes bienvenus
d'aujourd'hui et ils n'ont jamais pu développer ainsi des oxydations avant
l'heure des sols, des couloirs, des parois et des escaliers par une transpiration
malvenue et intrusive, par un rejet de greffe du tissu maya face à cet ennemi
juré qui voulait anéantir toute la civilisation précolombienne. Désormais, oui
désormais, la rouille est en paix à jamais à Palenque et elle magnifie même le
Lieu comme un papyrus précieux. Il est même conseiller d'y dormir à la belle
étoile et d'un profond sommeil et ainsi d'accompagner la mémoire de tout un
peuple bâtisseur de merveilles et de minéraux ferrugineux...

Yohann GARDON, Brignais, Saint Genis Laval, mars et avril 2015, atelier
<< Autobiographie/ Ecriture de soi >>.

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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