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Nouvelles : Je vous écris...
Publié par Vadnirosta le 22-03-2023 10:20:00 ( 99 lectures ) Articles du même auteur



Je vous écris...





Je vous écris de la Feyssine grands vautours tournent autour du camp. Je vous écris de ma mère m'abandonne encore, à jamais enfant Je vous écris du cri de l'oiseau laisse son courage virevolter dans notre hiver, mi-mars . Je vous écris rêveur, ciel plein de soleils, de fruits, Femmes en fleur. Je vous écris de ma musique, danse, danse encore ! Accordéons essoufflés, violons plaintifs, cymbalums portatifs. Vous écris de ce livre, Poutine n'est toujours pas mort, entassements de cadavres en Ukraine, Géorgie. Des fois toujours. Je vous écris de ma cellule de redressement mental , pilotis, vastes lacs péruviens, Viracocha me fait la morale. Je vous écris comme on pleure, mots transpirent sous la pluie à venir. Je vous écris à dos de chameau , Egypte antique, juste parce que c'est beau, retrouver la trace d'un pharaon oublié. Je vous écris consumé, clope au bec ordonne aux orages de ne plus l'éteindre. Je vous écris du présent à soigner : toujours malade . Je vous écris avec la bave du Monstre, préciosité perdue façon Honoré d'Urfé. Je vous écris du côté de !'Etoile ô voûtes d 'ogives ! Je vous écris de la Nuit plaît tant aux feux des Gitans dansent sur cheveux fous d'une comète. Je vous écris du ventre de Brel m'a tout appris, chevaux blancs Gauguin, aparima légendaires des mers du Sud, couronnes et coraux neufs. Je vous écris en chien, langue pendante, Amour m 'abandonne marche plutôt gaiement ailleurs. Yeux pleu reurs de plaisir de bonheur. Je vous écris à l'envers, plus de choses à dire, rinçages de larmes à l'eau bénite des dieux. Je vous écris de nulle part mais je sais où je vais : trait manquant, mot en trop, à peu près, toujours. Je vous écris quand je somnole, forces me manquent, ouvrir porte, don de soi à la Vie. Je vous écris en pièces détachées, ciel que je démonte à tâtons. Je vous écris du gâteau, nouvelle bougie, fête nouvelle page de Nils Olgersson à dos d'oie sauvage ô Lagerlüf , Fête des secrets en rromani appris par cœur. Je vous écris de loin, loin, de Roumanie, de Bucarest , lautari improvisent , place de village , fête arrosée de prunes, baptême d'un nouveau venu. Je vous écris de ma dernière strate, dernier limon, tapissages des eaux , nouvelle voix éraillée, douce fumée, cabane en bois. Je vous écris même si je ne sais pas qui vous êtes, peut être pire ennemie. Je vous écris de plomb, silence plein la bouche , artères rocailleuses. Je vous écris sans arrêt, pas de réponses, mesdames. Je vous écris Je vous écris d'où je me fais l'Amnur, au menu, endorphine retrouvée, disparition des tensions et des douleurs, circulation sanguine régulée, amplitude respiratoire parfaite, tout cela, rien que pour moi !... Je vous écris d 'où j'amorce ma période des neuf mois de grossesse, suis une femme, une femme enceinte, hélas suis fatiguée psychiquement, et aussi physiquement , gavage de Phosphoricum acidum 9CH, que d'embûches en vue avant de chantonner tous les mots doux de Mannick, Celle qui parle pour toutes Celles ... Je vous écris du chien que je suis devenu, toutou pour demoiselles très belles, toutou dérisoire que les Femmes abandonnent à la Société pour la Protection des Animaux (en danger !), savez-vous que la posture du chien stimule la circulation sanguine, élimine les fatigues d'être soi et apaise le système nerveux de Celles le courtisent, par pitié, levez Vos hanches vers le ciel, former un V à l'envers, par pitié, écartez légèrement Vos jambes, tenez-moi pendant une min ute en poussant bien Votre colonne vertébrale, détendre au maximum . Je Vous écris de ]'Arbre Vous m'avez dérobé, Vous levez mes bras au-dessus de Votre tête, doigts croisés, paumes vers le haut, genévrier pousse ses branches vers le ciel. Je Vous écris de l 'Enfant joue désespérément seul, suis derrière mon Limonaire et joue pour toujours troubadours de velours, de la peinture aussi, pour barioler gris des pavés, longues nuits d'hiver ô grisaille est passée quelque chose a dû la chasser, plaies, coutures de toutes sortes ce même enfant à l'âge tendre a traînées jusque dans la carapace d'un dépravé d'aujourd 'hui, d'un pervers irrécupérable de demain, suis un enfant, Vous désirez un homme parce que Vous êtes Femme, suis un enfant, Vous refusez de me porter, caresses de mes cheveux en bataille, tentation de me blottir dans Votre giron. Je Vous écris depuis le rire m'a fui, s'est détaché de moi comme une compagne trop lassée, l 'une de mes plus belles chansons aux oubliettes n 'a jamais reconnu mon talent, talent fougueux, en relief sur des hectares et des hectares de papier Ingres, envie de ressembler aux Femmes dites « fortes » au regard des hommes tristes dits « faibles », même si muscles aident à passer des obstacles par milliers. Je Vous écris de la Satiété, Vous m'y poussez le temps trop long d'une pénurie de Baisers, le temps prolongé d'une absence de mots doux, à mon oreille. Depuis, dégustation de cigarettes entières, dévorement des liqueurs et des bouteilles d'anis, j 'en ai tout un arsenal, toute une panoplie, tout un folklore vous comprenez , je dévore, glouton cynique, ogre exaspéré par la sagesse et la bienséance , dévorements à pleines canines de tout ce qui me tombe dessus, encore deux trois ans de « travail acharné » et j'arrête, dévorements malgré tout, digestion plus ou moins facile de lourds fumigènes divers et variés, constipation obligée, grossissement à vue d'œil, Vous ne viendrez encore moins que jamais frapper à ma porte. Je Vous écris du Bonheur, me sens si bien m'est possible de Vous aimer et de tout partager , réponses enfin aux sollicitations du Plaisir, mais j 'ai peur j 'ai peur, Bonheur, tu nous fais souffrir c'est contradictoire Bonheur, tu nous fais souffrir la peur que tu te barres Bonheur, tu aimes repartir à peine à l'amarre j e comprends qu'on préfère te fuir comme chantait Gainsbarre, alors reprenons enfin en cœur, voulez-vous : « Croire aux cieux croire aux Dieux/ Même quand tout nous semble odieux/ Que notre cœur est mis à sang et à fem>

Je Vous écris la tête dans les nuages, dans la lune toujours, émerveillements de l'enfant découvre monde des petites filles échevelées jouent dans la terre avec des souris en peluche, émerveillements de l 'enfant berce doucement les tout petits enfants de terre, tout petits morts d'amour, des fois toujours tout petits mômes tout gris fument en cachette l 'avenir qui les regrette, émerveillement de celui qui Vous écrit par cœur, Etrangère à sa circulation sanguine difficile, nuages bleus , éternels compagnons de voyage. Je Vous écris un mot sur la langue, approchez pour voir, réintroduire Le Baiser chaste et rose, entre mes dents noircies , Âme pure, Âme divinement blessée attend temps perdu des Amours en velours près du daim, des coussins pliés hélas ah Dieu que le temps passe ! Je Vous écris de Venise, Grand Canal agité, gondoliers, courtisanes très très cultivées, Pont des Soupirs rime avec Avenir la belle encore pucelle franchit dans la Nuit, retrouvailles avec le prisonnier , cachot des faux salauds, ô Venise, des Titien des Giorgione des Véronèse à foison, ah que revienne temps des masques sur la Place San Marco, Mademoiselle je sais qui Vous êtes, je Vous ai reconnue à Vos hanches je m'apprêtais à les sculpter, je Vous ai reconnue à Votre silhouette , Vous Vous penchiez à Vos persiennes, Vos gestes je les sais par cœur, emmenez-moi d'où je Vous écris, suis obéissant à toutes Vos lois, suis sans fortune sur la lagune, enlevez Votre masque, sortez Vos basques même si même si mes je t 'aime passaient toujours en Bohême. Je Vous écris de )'Orage ô Giorgione, arbres tortueux déracinés, ciels menaçant de se briser, végétation déjà trempée, villages sur le qui-vive. Je Vous écris de droite à gauche, efforts pour retranscrire sentiments nébuleux exigent tout et son contraire. Je Vous écris des Balkans, je n'ai pas bougé d'un cil. Je Vous écris non loin de!'Afflux, je ne Vous reverrai plus, Vous êtes déjà amarrée à un autre port, une autre Atlantide, une autre Terre Promise. Je Vous écris, j'arbore mes malédictions coutumières, belles brunes à surfumer, toiles égoïstement gardées à la maison, pitance volontairement restreinte, carences affectives à sublimer, surmenages à développer. Je Vous écris de l'hôpital, j'y tremble encore, temps obligé de l'abstinence, dormir en paix ne voulait plus rien dire, dos pris d'assaut me faisait très bien souffrir, sensations corporelles de manque me poussaient à m'évader, voler, voler tout un stock de vodka à la supérette la plus proche. Je Vous écris de l 'hôpital, heure prochaine de mon prochain coma, prochaine pneumopathie obstructive. Je Vous écris les mots des fantômes, à moitié là, j'ai pris des bus en route, descente un arrêt après, quelle était donc la part de moi-même s'engouffrait le mieux dans divers cars, tramways, métro , depuis Brignais jusqu 'au Centre de Jour de Décines, quel était donc le sens de ces i nterminables allers et venues en transports en commun -parfois pour un simple entretien infirmier de vingt minutes-,
« ronflements violents » du matin au soir et du soir au matin, je ne le saurai jamais. Je Vous écris cette souvenance-là commence enfin à s'évaporer, trop-plein liquide, folie aquatique en marécages, absurdité des jours de toute une vie. Je Vous écris les personnages de Beckett de Bertold Brecht me ressemblent tous à la virgule près, nonchalance et débattements u ltimes, trépas lents avant l 'heure,
« aton ie électrique » de mes Nuits au sole.il manquant, aux cumulonimbus déjà retrouvés. Je Vous écris tendrement , tempêtes passées, isolements parfaits, recueillement encore certes, mais souffle nouveau, devoir de Vous conquérir enfin, petits oiseaux gazoui llent, jusque dans mon Ecriture, instants d'éternité, calme, relecture de mes azurs, sagesse éternelle, mes yeux ne louchent plus, plénitude, équilibre fragile et fugace, bonheur d 'écrire même si je suis seul, Vous serrer dans mes bras coûte que coûte, linge patient sur le fil, entrée précieuse dans la paix, je n'en crois pas mes yeux mon nez ma bouche. Je Vous écris tout neuf, au loin les flamants roses font la sieste. Je Vous écris, Adoration de la Femme et ses mille secrets, cœur tendre éclairé par les Etoi les, bercement par mouvements des feuilles, clapotis des eaux. Je Vous écris et c'est inespéré, alors pourquoi se taire, exaltation supprimée, hypomanie disparue, rêves virevoltent au gré des alizés, je su is heureux . Je Vous écris comme on danse, penser surtout à ce que je pourrais faire pour Vous. Je Vous écris et c'est bien là !'Essentiel, Verbe chantant, Verbe jeune et vif, Verbe aimant, Verbe à cueillir délicatement, Verbe aux grandes pattes palmées, magnifique pl umage rose, long cou, gros bec lamelleux, Verbe du Soir, sans fumée ni liqueur, Verbe à nu, Verbe attend doucement mais ne s'inquiète, Verbe fait prouesses pour Vous éblouir, pas de mouvements secs, juste une esquisse d'un dessin complet, juste une ébauche, un sourire, une perle de rosée, berceau muet, sans vacuité. Je Vous décris ma Renaissance, Beauté universelle , plafonds magistraux de la Sixtine de Michel Ange, Beauté de la Vierge dans !'Annonciation de Fra Angelico, douce, éternellement douce, Beauté et grâce du Corrège, Vierge à la Corbeille, la Beauté, partout, attendre la Rencontre, tout se passe avant, Beauté des mosaïques de Ravenne ô Galla Placidia ô Saint-Apollinaire le Neuf ô Saint­ Vitale ô Saint-Apollinaire in classe, ô Baptistère des Orthodoxes, Beauté en toutes choses vit aujourd 'hui, au travers de mes écrits, suis aujourd'hui l'indice de valeur de toutes ces merveilles, alors ne cessons pas d'écrire. Je Vous écris ma belle Vous Vous reposiez à mes côtés, tous deux étendus sur un lit majestueux. Je Vous écris de la poitrine aux cheveux, du sexe diamanté à ( 'Enfance de Vos yeux. Je Vous écris comme on supplie les dieux, comme on prie la Sainte Vierge. Je Vous écris en mélangeant toutes les couleurs sur ce nu aux pastels. Je Vous écris en m'accolant à Vous, ne serait-ce que de façon spirituelle, je chante Votre corps, goû t dans la contemplation , dans toutes choses extra physiques plutôt, veut que mes mots Vous enlacent, le fasse à la place de mes bras, que !'Envolée lyrique ne retombe, de la montagne très très érodée en son sommet, n 'ai jamais aimé personne d 'autre que Leny Escudero, lyrisme inimitable, extraordinaire. Je Vous écris, j 'en perds mes mots, et même mon enthou siasme ô cruel Absol u fugace, en « chambre d'un moment », le tout d'avoir été là, de pouvoir se relire se dire que ça existe...

Je leur écris d'une anormalité « banale », je m'électrocute un peu plus chaque jour, ne suis pas triste mais « pathologique », ne suis pas en porcelaine fine, suis de terreau, j'ai le Néant dans le portefeuille, trouverai quand même moyen de payer la facture, glisser peut-être u ne cartouche de Gitanes brunes. Je les relis , l 'œil de travers dedans la pochette surprise d 'Electricité De France, mâchements voraces de mots retournés : affaires qui roulent , commerce « pur », je veux dire inéquitable, capitalisme effréné, car j 'ai quand même besoin de reconnaissance vous savez, rien que pour avoir écrit aujourd'hui, rien que pour avoir tendu une seule main à cette petite Rrom hier. ..
Je leur écris du Monstre.

Yohann Gardon , « Traverse », Saint Genis Laval , mars 2014.
























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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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