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Nouvelles : Le pirate aux élastiques chapitre 15
Publié par saulot le 06-05-2023 18:56:41 ( 160 lectures ) Articles du même auteur



Chapitre 15 :

Une véritable flotte de guerre semblait pressée de se joindre à la confrontation entre les forces maritimes de Loyal et d’Armand. Depuis le pont du navire-amiral du souple, Sig scrutait l’horizon avec une longue-vue.

Sig : Quels sont tes ordres Armand ? Devons-nous viser en priorité les pirates qui veulent jouer les charognards, ou nous occuper d’abord de Loyal ?
Armand : Je pense qu’il y a une tâche plus prioritaire, je dirais même fondamentale.
Sig : Tu veux que l’on prenne la fuite ? Ce serait en effet raisonnable. Nous risquons de perdre beaucoup de plumes, de perdre de nombreux camarades si nous attaquons dans la même journée deux flottes majeures.
Armand : Non je veux que nous équipions de bouées en forme de canard, et que le seul son désormais autorisé pour communiquer entre nous soit coin, coin.
Sig : Rah mais c’est pas vrai.
Armand : Ah non il faut dire coin, coin.
Sig : Vous deux amenez Armand dans sa cabine, et veillez à ce qu’il y reste jusqu’à ce qu’il ne soit plus défoncé par la drogue.
Armand (se débat) : Coin, coin, Sig tu me le paieras, coin, coin.

Pendant qu’Armand boudait, Loyal venait pour négocier une paix temporaire. Il se présentait en semblant afficher une bonne volonté évidente, il venait avec juste des armes d’apparat, globalement inoffensives, notamment une épée sans tranchant, incapable de couper ou de déchirer quoi que ce soit, et un poignard dont l’usage servait plus pour des rituels que pour le combat, à cause d’une lame très émoussée. Il n’était accompagné que par deux hommes de confiance. Il tenait clairement à prouver qu’il ne voulait pas déclencher de conflit de son côté pour l’instant. Loyal pouvait se montrer assez rancunier, mais il possédait aussi un certain instinct de survie.
Et comme il jugeait qu’une trêve temporaire avec Armand présentait nettement plus d’avantages que d’inconvénients, il décida de faire le maximum pour mettre les chances en sa faveur. Il vint sur une barque noire sans ornement particulier, la seule fantaisie du navire consistait en sa couleur de peinture. Loyal ne craignait pas de mauvaises surprises, du genre le capturer durant les négociations. Il connaissait le caractère de Sig, et son désir de traiter avec respect les ambassadeurs.
Bien sûr Armand souffrait d’un côté instable, mais Sig préférera sans doute la mort au déshonneur d’avoir toléré qu’un négociateur soit malmené durant des tractations officielles, tant que l’envoyé du camp adverse respectait des règles de bonne conduite. Donc Loyal se montrait assez détendu, même s’il n’obtenait pas gain de cause, il ne lui arrivera rien pendant les pourparlers, avec un garant comme Sig qui n’hésitera pas braver la mort plutôt que de subir un grave déshonneur.

Ryu : Sig regarde, ce n’est pas Loyal qui approche avec un drapeau blanc ?
Sig : Si je me demande ce qu’il veut.
Loyal : Je propose de faire une trêve aujourd’hui pour s’occuper ensemble de la flotte qui essaie de profiter de notre ressentiment, qui tentera vraisemblablement de s’en prendre à nous, une fois que nous serons bien affaiblis.
Sig : D’accord, je suis d’avis de la jouer prudente, je n’ai pas envie de risquer très gros. Le combat contre vous Loyal se fera un autre jour.

Ryu le guerrier était partagé entre son envie de démolir Loyal, et la volonté d’apaisement prônée par Sig. Il ressentait un tel niveau de colère qu’il déplaça machinalement la main vers une épée, et se prépara à la retirer de son fourreau. Il avait récemment mis la main sur un élastique qui brillait dans le noir. Avec un tel objet à sa disposition, il n’aura aucun mal à acheter son pardon à l’égard d’Armand. Or s’il obtenait une amnistie complète auprès du chef suprême de la flotte, il n’avait absolument rien à craindre comme sanction. Il provoquera peut-être de manière indirecte la mort de certains camarades, mais il était très motivé à verser le sang de Loyal, ou du moins de le faire prisonnier.
Il savait qu’il prenait une grosse liberté vis-à-vis du code de la piraterie. Cependant il s’avérait un forban, alors à quoi bon sortir de la légalité, si c’était pour suivre des normes strictes. La vie de hors-la-loi présentait de nombreux inconvénients, alors autant profiter à fond de la liberté qu’elle pouvait octroyer en matière de moralité.
Certes Ryu regrettait de devoir fâcher Sig, cependant il se révélait certain que quelques explications suffiront à dissiper le malentendu. Ou peut-être pas. Le guerrier savait que son ami tenait en très haute estime l’honneur, et qu’il méprisait ouvertement les parjures. Or Ryu s’apprêtait à commettre une grosse infraction à propos du code. Entendu il pensait que ses raisons étaient valables, toutefois il tenait aussi beaucoup à son amitié avec Sig. Après réflexions, le guerrier subissait un véritable dilemme. Il n’arrivait pas à choisir l’action à exécuter.

Ryu : Tu crois vraiment que c’est une bonne idée de permettre à Loyal de s’en tirer une nouvelle fois ?
Sig : Moi aussi j’aimerai lui régler son compte, mais aujourd’hui on a d’autres priorités que Loyal. Par moment laisser de côté la vengeance est le meilleur moyen de survivre.
Ryu : Je sais mais cela m’énerve profondément, que des semaines de traque aboutissent sur un résultat nul.
Sig : Je suis dépité mais la prudence aide beaucoup à rester vivant dans le monde de la piraterie. Et puis Loyal n’a obtenu qu’un sursis temporaire. Encore un nouveau venu avec un drapeau blanc c’est une véritable mode en ce moment.

Après Loyal qui vint négocier, ce fut au tour de Noir de se présenter en tant qu’ambassadeur. Il était accompagné par une flotte redoutable. Il y avait bien au moins dix mille soldats et mercenaires qui naviguaient sous ses ordres. Les bateaux étaient richement décorés en matière de symboles religieux. Il y avait la traditionnelle tête de mort de la piraterie, mais aussi des épées entrecroisées avec des haches, des images de saints en rapport avec le Grand Pirate la divinité, et beaucoup de représentations de la tête et du corps d’Armand.
Il se trouvait aussi quantité de dorures, de gravures, et de peintures imperméables sur chaque navire. En prime les matériaux utilisés pour orner étaient souvent assez chers. Mais le plus impressionnant venait du vaisseau-amiral, c’était un sacré spectacle. Il s’avérait aussi rempli de faste qu’une cathédrale gothique suivant la mode décadente.
Il semblait que chaque mètre carré recelait là une sculpture, ici une parure somptueuse. Le vaisseau était impressionnant dans le mauvais sens du terme, il fut fabriqué par des artisans de talent, mais il adoptait un style exagérément grandiloquent, beaucoup trop porté sur la fioriture. Il en mettait plein la vue mais de façon négative, car il incitait les gens à mépriser ce bâtiment naval. Pourtant Noir considérait comme absolument géniaux les choix d’apparence de sa flotte. Même si beaucoup de gens affublaient son armada du surnom des bateaux prétentieux. Ainsi Noir pensait gagner de nouveaux fidèles à sa cause religieuse avec l’aspect extérieur de la flotte militaire sous ses ordres. Bien qu’il attire beaucoup plus d’antipathie que de respect.

Noir : Je suis venu en paix, je veux vous prêter assistance contre Loyal. Ma flotte est là pour empêcher la mort d’Armand le Sauveur débile.
Sig : Et zut on a conclu une trêve avec Loyal, si vous désirez le combattre aujourd’hui, vous agirez sans notre soutien.
Noir : C’est dommage, vous n’aurez pas forcément la chance de bénéficier d’un appui important la prochaine fois. Il faudrait peut-être que vous revoyez votre parole.
Sig : Non un accord est un accord, je ne peux pas violer les conditions d’une trêve sans un motif valable.
Noir : Libre à vous d’agir comme une personne honorable. Mais ne vous en faites pas, vous ne partirez pas les mains vides. Je vous remets ce coffre rempli d’or en hommage au Sauveur débile.
Sig : Merci beaucoup, je vous suis très reconnaissant pour votre geste.
Noir : Puis-je voir Armand ?
Sig : Il a l’esprit chamboulé, il n’est pas en état de tenir une conversation cohérente, mais je peux lui transmettre un message.
Noir : Très bien, dites lui que la construction de la cathédrale en son honneur est en bonne voie, et qu’il est invité sur le chantier.
Sig : Je transmettrai votre invitation.
Noir : Bon je vous dis à bientôt alors.

Ryu se méfiait comme la peste de Noir, il voyait en lui un dangereux individu qui élimerait peut-être un jour tous les amis proches d’Armand le souple. En effet Noir allait très loin dans la dévotion à l’égard d’Armand, il fit fouetter des camarades qui montraient un dévouement trop modéré à son goût. Et surtout il était plutôt jaloux et vindicatif. Il concevait facilement de la haine à l’égard des gens qui remettaient en cause avec éloquence ses dogmes religieux. Il agissait souvent avec hargne contre les personnes qui doutaient de manière évidente de la fiabilité de ses opinions.
Noir se comportait par moment comme un véritable fanatique assoiffé de sang. Il pouvait être raisonné dans certains cas, mais dans d’autres il devenait une bête enragée pour des broutilles. Alors Ryu voyait comme un acte franchement téméraire de venir rendre visite à Noir sans de très solides appuis armés. Certes il existait une alliance entre le fanatique et Armand qui apportait beaucoup du point de vue financier, qui générait une grosse accumulation de butin. Toutefois Ryu considérait comme prioritaire que lui et ses amis restent en vie.
Or il suffirait d’un mot mal placé pour générer une situation explosive, transformer un accueil chaleureux en un contexte catastrophique, où il faudrait lutter âprement pour ne pas subir la mort. Ryu entendit dire que Noir organisait des sacrifices humains de compagnons soit disant pour s’attirer les faveurs du dieu appelé Grand Pirate, mais qu’en fait il s’agissait de manœuvres pour écarter des rivaux, et se débarrasser d’opposants.

Ryu : Tu crois que c’est une bonne idée d’aller sur le territoire de Noir sans une solide escorte ?
Sig : Tant qu’Armand sera lui-même nous ne craindrons rien.
Ryu : Beaucoup aimerait que tu occupes la position de chef suprême de la flotte à la place d’Armand.
Sig : Tant que je n’aurais pas remboursé ma dette de vie à son égard, je serai forcé de servir Armand, et toi quel est ton point de vue ?
Ryu : Il faudrait peut-être remplacer Armand pour éviter que nos forces ne soient divisées en plusieurs factions rivales.
Sig : Cela m’étonne qu’un ami d’Armand parle ouvertement de sédition vis-à-vis de lui.
Ryu : J’éprouve de l’affection mais je suis réaliste, je désire éviter l’érosion de notre armée pirate.

La gloire d’Armand le souple s’avérait réelle dans le bon sens du terme, chaque jour des dizaines de pirates se joignaient à ses ordres. Et Armand possédait des qualités, par exemple il était plutôt tolérant, il acceptait sans sourciller des personnes venant d’horizons très divers dans ses rangs. Il ne pratiquait aucune discrimination à l’égard des femmes et des mages, du moment que ses interlocuteurs démontraient une réelle utilité. Mais d’un autre côté sans l’arbitrage de Sig le chevaleresque, sans sa dévotion constante, et son acharnement à prévenir les conséquences de certaines gaffes, l’empire pirate du souple aurait depuis belle lurette sombrer.
En outre Sig n’appréciait pas de rester dans l’ombre d’une personne qu’il affectionnait mais qu’il jugeait comme un chef mauvais. Armand avait par moment des initiatives totalement crétines, extrêmement préjudiciables. Il s’imagina par exemple que le coton-tige valait mieux comme arme que l’épée ou le pistolet. Cette attitude faillit provoquer une mutinerie gigantesque, heureusement le chevaleresque réussit à faire croire que le délire de son ami, était simplement une blague un peu lourde.
Mais Sig eut le cœur qui battit la chamade, il ressentit des palpitations intenses quand il tenta de convaincre des pirates de ne pas mener une action sanguinaire contre le souple. Il évita de justesse la catastrophe, l’embrasement général, mais il garda une certaine rancune contre Armand. Le pire venait que son ami ne sembla même pas remarquer que son idée saugrenue à propos des coton-tige était une idiotie sans pareille. Et il n’agissait que d’une péripétie parmi des centaines d’autres.

Lote : Vice-amiral un groupe de monstres marins se rapprochent de nous, il semble diriger par Siméon.
Lirnir : C’est mauvais Siméon a la capacité de sentir la magie, et de la dissiper facilement, résultat mon parchemin d’invisibilité est inutile.
Lote : Que fait-on alors ?
Lirnir : On vend chèrement notre peau, on essaie de tuer un maximum de créatures.
Siméon : J’ai rejoint les rangs d’Armand. Mais je suis disposé à vous épargner si vous vous constituez prisonniers vous et vos hommes.
Lirnir : Il est super protégé par la chance cet Armand, mais soit je veux bien remettre à plus tard sa capture.
Siméon : Autrement je dois vous prévenir que votre parchemin d’invisibilité, est en fait un artefact maléfique transformant en boudin de porc.
Lirnir : Décidément le sort s’acharne sur moi.

Lirnir eut envie de tester son parchemin pour voir si son interlocuteur ne lui mentait pas. Il avait un pressentiment l’informant que Siméon le mage ne lui racontait pas de fables. Mais il se méfiait comme de la peste de ses dires, il éprouvait un profond ressentiment contre lui. Il le voyait comme un salopard qui ne méritait aucune pitié, une ordure de la pire espèce. Il devait résister violemment à l’idée de lui envoyer son poing dans la figure. Il se retenait uniquement parce qu’il ne désirait pas de représailles contre ses hommes. Il se rendit compte que la lutte serait vaine aujourd’hui contre Siméon. En effet le mage ne réunit pas des centaines de créatures marines immenses mais des milliers, il asservit une véritable armée de poissons gigantesques.
Alors Lirnir se força à se rendre, pour préserver l’intégrité physique de ses troupes. Mais il était quand même très tenté de recourir au pouvoir de son parchemin. Il allait commettre une belle erreur, cependant il ne désirait tout de même pas renoncer. En effet il subissait une influence extérieure, Siméon s’arrangea pour titiller de façon surnaturelle la curiosité du sévère. Il décupla son envie d’user d’un papier qui le changera en un aliment à base de porc. Il lança un sort de contrôle mental de façon silencieuse. Lirnir ne s’apercevait pas du tout qu’il était dominé, qu’il s’avérait victime d’une odieuse machination. Heureusement Lote arriva à la rescousse, il prit le parchemin, et le jeta dans la mer. Ce qui causa une intense déception chez Siméon, qui aurait donné cher pour que sa vengeance contre le sévère se réalise. En effet le mage avait un terrible contentieux avec son ennemi, il désirait plus que tout lui infliger des tourments. En effet Lirnir fit interdire à Siméon la possibilité de se baigner avec un canard en plastique durant son séjour en prison. Résultat le mage en conçut un dépit monstrueux et jura sur tous les dieux qu’il vénérait d’exercer une vengeance atroce.
Il croyait que les canards en plastique étaient des objets protecteurs qui préservaient du mauvais sort, quand ils se trouvaient en contact avec de l’eau. Cela paraissait totalement siphonné, mais il y eut des massacres au nom de superstitions absurdes, alors concevoir un dépit monstrueux pour une histoire d’accessoires de bain n’était pas forcément impossible. Heureusement pour Lirnir une tempête éclata de façon très brusque, ce qui l’éloigna lui et une partie de ses subordonnés de Siméon. Par conséquent le sévère évita la capture par des pirates.
Quant à Armand et Sig, ils parlèrent de nouveau sur le pont d’un grand bateau à voiles.

Sig : Tu vas mieux Armand ? Tu ne fais plus une fixation sur les canards ?
Armand : Non je suis guéri, j’ai cessé de délirer.
Sig : C’est bien je suis content que tu sois redevenu raisonnable.
Armand : Désormais tous mes pirates porteront un costume de poulet. Et ils devront abandonner le langage humain pour dire seulement cot, cot, cot.
Sig : Armand réagit un peu, si tu vas jusqu’au bout de ton idée, on passera pour les forbans les plus ridicules du monde.
Armand : Et moi je suis certain que nous aurons une gloire presque millénaire en agissant ainsi.
Sig : Possible mais dans le mauvais sens du terme alors.
Armand : M’en fiche, je veux dire cot, cot à longueur de journée.
Sig : Armand par ce sort ton esprit est en mon pouvoir, tu es sous mon contrôle, tu renonces à jamais à obliger d’autres personnes à enfiler un costume de poulet ou à dire cot, cot.
Armand : Je renonce c’est décidé.
Sig : Tu n’as aucun souvenir que je t’ai hypnotisé, tu as abandonné par toi-même ton projet stupide.
Armand : De quoi on discutait déjà Sig ?
Sig : On parlait de la visite à Noir.
Armand : On devrait bientôt arriver d’ailleurs, je vois un chantier non loin.

Noir très fier de lui-même, organisait une visite guidée du chantier du principal édifice religieux rendant hommage à Armand au principal intéressé. Une activité intense régnait sur le lieu des travaux, des centaines d’ouvriers travaillaient d’arrache-pied pour concevoir une cathédrale dans le style gothique flamboyant. Il existait des prêtres qui trouvaient la débauche de décorations envisagée franchement de mauvais goût, qui affirmaient que pour plaire au dieu appelé le Grand Pirate, il suffisait de se montrer pieux, et de s’adonner à une vie de guerre et de vol.
Cependant Noir était une personne qui pensait que sa divinité appréciait le clinquant, qu’il aimerait avoir un lieu de culte qui éclipse de par sa hauteur, la quantité de dorures, la débauche de matériaux de construction coûteux la majorité des autres édifices religieux. Cependant ce goût du grandiose n’était pas sans posé quelques problèmes. En effet le chantier devait être étroitement surveillé et bénéficié de l’attention de plusieurs mages expérimentés pour éviter les sabotages.
Chaque ouvrier faisait l’objet d’une fouille avant de travailler chaque matin. Un comité de gardiens surveillait avec vigilance les environs et réprimait avec férocité les fauteurs de troubles. Il était souvent sur le pied de guerre pour traquer des éléments isolés voire une foule d’émeutiers. Il ne chômait pas pour préserver la cathédrale de la démolition. Ce qui se comprenait, un édifice en hommage à un dieu des voleurs cela s’avérait très choquant pour nombre de personnes ayant une moralité stricte. Il s’agissait d’un témoignage de dévotion particulièrement horripilant pour les gens qui n’aimaient pas le crime.

Noir : Si les délais sont respectés, la cathédrale qui vous rend hommage Armand sera finie d’être construite d’ici deux ans. Que pensez-vous des projets de sculptures et de vitraux à l’intérieur de l’édifice ?
Armand : Ils sont très beaux, mais il y a un manque de sucette.
Noir : Pardon ?
Armand : Ce serait bien d’inclure des représentations de sucette dans la cathédrale, quelques centaines ce se serait parfait.
Noir : Comme vous le voulez, vos désirs sont des ordres Sauveur débile.

Noir le pieux trouvait que s’arranger pour que la sucette soit la décoration centrale de la cathédrale jurait, était une idée qui donnera un côté ridicule à l’édifice religieux. Cependant Noir considérait comme prioritaire sur le reste les directives d’Armand, il pensait que cela constituait un péché grave de chercher à lui désobéir. Sa foi lui enjoignait de respecter les désirs de son interlocuteur quelque en soit le prix, même si cela lui apportait en retour une réputation déplorable. Et puis Noir se consola en se disant que les représentations de sucette sur des vitraux, des statues, et d’autres œuvres d’art pourraient avoir des vertus insoupçonnées.
Il se convainquit que les ordres d’Armand révélaient une signification profonde, que la sucette était un élément cosmique qui influait sur la stabilité du monde, et le bonheur des gens. Le pieux se dit que la sucette devait avoir des effets particulièrement développés sur la chance et les capacités magiques, qu’en consommer régulièrement générait longue vie, santé et prospérité. Que la sucette garantissait le succès, et plein d’autres facteurs positifs. Noir songeait sérieusement à échanger une bonne partie de son argent contre des sucettes. Il était aussi partant pour analyser les conséquences cosmiques d’autres sucreries.
Peut-être que le rouleau de réglisse avait des effets notoires sur la bonne marche du monde, qu’il causait des tremblements de terre, et des catastrophes quand il en manquait. Il n’existait aucune preuve scientifique que la sucette agisse de manière positive sur les gens, mais le pieux finit par se convaincre que l’avenir s’était la sucette, qu’il fallait investir dedans, se lever le matin en ayant une pensée pour les sucettes, remplacer le pain, la viande, le poisson, les légumes et les fruits par des sucettes, et songer à plein de sucettes le soir, pour augmenter ses chances d’en rêver.
Cependant la cathédrale fit l’objet d’une attaque, Lirnir arriva en force afin de la détruire et d’arrêter tous les pirates à l’intérieur, y compris Armand.

Lirnir : Vous êtes tous en état d’arrestation.
Lote : Résistez sales pirates et vous connaîtrez une douleur vive.
Armand : Tant que j’aurais ma super sucette je ne crains rien.
Lirnir : Comment fais-tu pour être aussi pathétique ?
Armand : Attention tu ferais bien de me craindre car je connais le cri de la dinde, le glou, glou.
Lirnir : Et alors ?
Armand : Je suis par conséquent très dangereux. Je vois que tu essaies de résister en jouant les héros mais tu trembles quand même.
Lirnir : Tu prends tes désirs pour la réalité.
Armand : Mes glou, glou, glou de dinde t’inspirent de la terreur.
Lirnir : Mais bien sûr, argh colonel Lote pourquoi m’avez-vous poignardé ?
Lote : Je suis terrifié par Armand, je peux supporter beaucoup de choses mais pas les cris de dinde. Je suis prêt à toutes les bassesses pour éviter d’entendre ce cri horrible.

En fait Lote ne ressentait pas de peur face à des cris de dinde, mais il était un traître. Il reçut une somme d’argent considérable pour s’en prendre à Lirnir son chef. Problème son supérieur hiérarchique était trop bien protégé, il ne trouva pas d’occasion de le neutraliser avant la grande bataille contre Armand. Il était accro aux jeux de hasard comme la roulette, il misait souvent des sommes mémorables. L’ennui venait qu’il n’avait pas de quoi payer ses dettes, alors il céda aux sirènes de la corruption financière. Il se lia avec des pirates, au début ses missions pour l’ennemi se limitaient à du renseignement, mais petit à petit, les enchères montèrent. Lote dut se livrer à des actes toujours plus répréhensibles.
Il voulut des centaines de fois arrêter de servir d’agent pour des pirates, mais il n’arrivait pas à se débarrasser de sa passion pour les jeux de hasard. Résultat il entra dans un cercle vicieux, il était forcé de trahir de manière grandissante, sinon ses créanciers se jetteraient sur lui sans pitié.
Sa dernière sommation de mission lui donna des sueurs froides, le plongea dans un abîme moral, mais il accepta tout de même de remplir sa tâche d’assassin en échange d’un effacement total de ses dettes. Ainsi il assassina Lirnir, en saisissant le prétexte débile des cris de dinde pour justifier son meurtre, il écopa de l’étiquette de fou.
Cependant ce qualificatif lui allait mieux que celui de traître. Lote préférait inspirer une immense pitié plutôt que véhiculer l’étiquette de renégat. Il parvint à échapper aux poursuites des autorités grâce à l’aide discrète de Sig.
La mort de Lirnir apporta une victoire assez facile aux pirates. Il était le pilier des forces marines. Sans lui les représentants de la loi furent écrasés par les boules de feu, les lames et les tirs des pistolets ennemis. Des milliers de marins furent écrasés par des dizaines de milliers de pirates et de fanatiques religieux. L’assaut dans la cathédrale et ses environs finit rapidement à l’avantage des forbans. Une fois de retour sur le pont de son vaisseau-amiral, Armand conçut d’autres projets.

Armand : Bon maintenant que Lirnir est neutralisé, c’est au tour de Loyal.
Sig : Je suis contre cette idée, Loyal nous a fait une offre très avantageuse ce serait dommage de ne pas en tenir compte.
Armand : Il nous a trahi une fois, pourquoi pas deux.
Sig : Loyal est intelligent, il ne s’en prendra pas à nous, si nous restons vigilants.
Armand : Je suis le chef suprême de la flotte, je décide ce qui est fait. D’ailleurs j’ai une autre idée, tu dis que la drogue fait planer mais je n’arrive pas à voler, montres moi comment faire Sig.
Sig : Je ne peux pas faire cela.
Armand : Obéis moi ou je te mets une balle dans la tête.
Ryu : Arrêtes Armand, ce n’est pas drôle
Armand : Ma décision est ferme, je ne reviendrais pas là-dessus.
Ryu : Dans ce cas je te démets de tes fonctions.
Armand : Mettez aux fers Ryu. Un silence opaque et un manque de bonne volonté répondent à Armand. Vous êtes sourds ou quoi ? J’ordonne que Ryu soit transporté dans la cale.
Ryu : Tu n’as plus aucune autorité Armand, les gars amenez le à sa cabine, agissez avec douceur.

Sig se demandait quel rôle il devait jouer dans la mutinerie opérée par Ryu le révolté. Il était partagé entre sa loyauté envers Armand l’amiral et son amitié à l’égard de son vieux compagnon. Sig admettait que le révolté possédait des arguments de poids, qu’il ferait un excellent chef suprême pour la flotte. D’un autre côté soutenir Ryu reviendrait à aggraver les dissensions au sein de l’armada. En effet le révolté eut beau se montrer héroïque à de nombreuses occasions, il ne pouvait pas faire taire les personnes dévorées par l’ambition. Or sa mutinerie constituera un excellent prétexte pour des gens cupides de révéler leur jeu, d’inciter des individus peu scrupuleux à se draper d’un voile de morale pour faire valoir leurs exigences. Cependant maintenir Armand en place ne sera pas sans conséquences négatives non plus.
L’amiral voudra se venger de tous ceux qu’il soupçonne d’avoir soutenu la rébellion, s’il arrive à retrouver son commandement. Il fera sans doute des centaines de victimes peut-être même des milliers, s’il exprime pleinement ses désirs de représailles. Il ne se limitera pas à quelques têtes, s’il s’avérait dans un mauvais jour. Il avait tendance à entrer dans des colères terribles quand il était contrarié, et qu’il se laissait submerger par l’influence de la drogue.
Sig ne savait absolument pas quel camp choisir, il pensa à un moment confier son destin à une pièce de monnaie, et opter pour un camp en fonction du résultat. Puis il se dit qu’une décision importante méritait mieux une réflexion intense, plutôt que de se remettre à un jeu de hasard.

Sig : Que veux-tu faire maintenant Ryu. Tu prends le commandement de la flotte ?
Ryu : Je suis un bon guerrier, mais pas un chef génial, je te confie la direction des opérations, du moment que tu ne cherches pas à remettre tes pouvoirs de décision à Armand.
Sig : Il y a peu de chances, j’aime beaucoup Armand, mais je n’ai pas envie de provoquer la dissolution de notre flotte.

Armand le souple eut beau tempêter, et trépigner de toutes ses forces, il perdit quand même son droit de commandement. Mais il ne s’en tira pas si mal, il était bien traité par Sig. Il eut le droit à une prison dorée, il fut déporté sur une île comportant un magnifique château, des domestiques attachés à son service personnel, et il recevait quotidiennement de magnifiques cadeaux. En outre il disposait d’un large espace de promenade, par contre il était très surveillé.
Deux cents gardes veillaient quotidiennement à épier ses faits et gestes. Armand ne pouvait même pas aller aux toilettes seul. Il avait le droit de s’isoler dans certaines pièces du château, mais il y avait une condition à respecter, il fallait accepter que des sentinelles soient présentes dans les alentours pour parer à tout risque d’évasion. Le souple n’aurait pas été contre balancer un élastique sur les gardes, même si cela ne servait plus à grand-chose. Ses pouvoirs se révélaient scellés au moyen d’un sort quotidiennement renouvelé.
Armand eut bien l’idée d’essayer de corrompre ou de séduire une partie du personnel du château, mais il perdait son temps. En effet Sig ne choisit que des hommes et des femmes gagnés à sa cause pour être aux côtés du souple. Il ne voulait pas qu’une évasion se produise, ou qu’une division s’opère dans sa flotte. Même si Armand possédait par moment un côté ridicule, il était capable de fédérer autour de lui des ambitieux qui désiraient des promotions. Ce qui signifiera une guerre entre des milliers de pirates appartenant autrefois au même bord. Or Sig voulait maintenir l’union de sa flotte, car il espérait bien un jour détrôner Singe le tsar des pirates.
Quant à Noir il ne causait pas de problème, car il croyait Armand mort, victime d’une indigestion de sucettes. En effet Sig pour décourager la vengeance au nom du souple, eut l’idée de véhiculer le mensonge selon lequel, Armand décéda à cause du fait de s’être goinfrer avec des centaines de sucettes au cours d’une seule journée. D’ailleurs Noir avait beaucoup d’autres soucis à gérer que d’honorer la mémoire du souple, il subissait une vague de contestation très vive de la part de nombreuses personnes de son culte. Aussi il n’était pas en mesure d’opérer des représailles contre Sig.
Même si Armand regrettait par moment d’être prisonnier, il apprit à apprécier au fil du temps sa condition. Il avait un train de vie confortable, et il se découvrit une passion pour la lecture qui l’aidait efficacement à passer le temps. Mener une existence tranquille dans le luxe possédait un côté séduisant pour certaines personnes.


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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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